Université Paris1- Panthéon Sorbonne : Commerce International

publicité
Université Paris1- Panthéon Sorbonne : Commerce International
Professeur Philippe Martin
Partiel Septembre 2004 CORRIGE
Partie 1: Questions à choix multiple (8 points : 1 point chacune)
Reporter sur votre copie le numéro de la question et la lettre de la réponse juste (une seule réponse juste
par question ; pas de points négatifs)
Les réponses justes sont en gras
1) Seule une des caractéristiques suivantes du modèle de Ricardo est correcte :
a) Les pays se spécialisent seulement dans les secteurs où ils sont les plus productifs
b) Deux pays trop différents en terme de productivité gagneront peu à l’ouverture du commerce
c) Si un pays a une productivité trop faible, il ne pourra pas gagner à l’ouverture au commerce
d) Un pays se spécialisera dans le secteur où le prix relatif est plus élevé en situation de
commerce qu’en situation d’autarcie.
e) Si un pays a des salaires trop élevés il ne peut pas gagner à l'ouverture au commerce
2) Seule une des caractéristiques suivantes du modèle HOS est correcte :
a) Les pays se spécialisent dans le secteur où ils ont la technologie la plus compétitive
b) L’accroissement du prix relatif d’un bien baisse la rémunération du facteur de production intensif
dans la production de ce bien et augmente la rémunération du facteur de production non intensif
c) les pays tendent à exporter les biens pour lesquels la production est intensive dans les
facteurs dont ils sont dotés avec plus d’abondance
d) Tous les facteurs de production dans tous les pays gagnent à l’échange
e) Les pays tendent à exporter les biens des secteurs où ils ont des économies d’échelle
3) Dans le graphique suivant PLE est le prix en libre échange, PT est le prix prévalant sur le marché
local quand le pays impose un tarif sur ses importations.
P
S
PT
PLE
A
B
C
D
D
Q1
Q2
Q3
Q4
Q
L'une des propositions suivantes n'est pas correcte
a) Le gouvernement reçoit un revenu égal à C grâce au tarif
b) Si le pays est suffisamment petit, son partenaire commercial n'aura à subir aucun changement dans
les prix
c) L’augmentation du surplus du producteur est de (A+B)
d) -(A+B+C+D) représente le changement dans le surplus du consommateur
e) Si le pays est grand, le tarif pourrait améliorer le bien être du pays.
4) Considérez un pays qui impose un tarif. L'une des réponses suivantes est correcte
a) Le prix du producteur national différera du prix du consommateur seulement si le pays est grand
b) Si le pays est petit, le gouvernement ne retirera aucun revenu de l'imposition d'un tarif.
c) Les effets sur la quantité et le prix seront les mêmes que ceux produits par un quota équivalent
seulement si le pays est petit
d) Le consommateur ne sera pas pénalisé si le gouvernement lui reverse le revenu du tarif
e)
Pour un grand pays, l’imposition du tarif peut faire chuter la demande mondiale
5) Le graphique suivant représente la situation de Nation avant et après qu'elle se soit ouverte à
l'échange
Nourriture
E
E
B
D
A
C
Biens manufacturés
B'
E'
A'
D'
C'
L'une des propositions suivantes est correcte
a) La distance horizontale B’C’ représente la consommation de Nation en biens manufacturés en
situation de libre-échange
b) La distance horizontale E’C’ représente les importations de Nation en biens manufacturés
produits par Etranger
c) La distance horizontale E’C’ représente les exportations de biens manufacturés de
Nation à Etranger
d) La distance horizontale A’B’ représente les importations de Nation en biens manufacturés de
Etranger
e) La distance horizontale A’D’ représente les exportations de biens manufacturés de Nation vers
Etranger
6) Une entreprise qui a un monopole national et qui exporte sur un marché en concurrence parfaite
a) Choisira ses productions pour les marchés national et étranger de manière à égaliser les
revenus marginaux sur les deux marchés
b) N’a aucun intérêt à exporter
c) Egalisera les prix sur les deux marchés
d) A intérêt à faire du dumping sur son propre marché
e) Conduit une politique de prix défavorable au pays étranger
7) L'une des propositions suivantes n'est pas correcte
a) L’argument en faveur d’une politique commerciale stratégique est fondé sur la présence de « surprofits » dans l’industrie
b) Un subside pour l’industrie n’est bénéficiaire pour le pays que s’il induit le producteur concurrent
de l’autre pays à se retirer du marché
c) L’objectif d’une politique commerciale stratégique est de diminuer le prix du bien pour les
consommateurs.
d) L’argument en faveur d’une politique commerciale stratégique repose sur l’hypothèse que le
gouvernement possède beaucoup d’information sur les coûts du producteur étranger
e) Si tous les gouvernements appliquent une politique commerciale stratégique l’équilibre qui en
résulte peut être négatif pour tous
P, Coût moyen
DPVD
DMonde
C
A
B
CM pays industrialisé
CM PVD
Q
8) Le graphique ci-dessus représente le contexte de l’argument d’ industrie naissante d’un pays en voie
de développement. L’une des propositions suivantes est correcte :
a) Le point C représente le prix et le niveau de production lorsque le PVD protège l’industrie
naissante contre la concurrence étrangère
b) Le point A représente le prix et le niveau de production en autarcie
c) Le point B représente le prix et le niveau de production lorsque le PVD protège l’industrie
naissante contre la concurrence étrangère
d) Le point B représente le prix et le niveau de production en libre échange
e) Le point A représente le prix et le niveau de production du PVD lorsque le pays industrialisé a
protégé son industrie
Partie 2: Exercice (6 points)
Les Etats-Unis imposent un quota sur leurs importations de sucre. Les chiffres donnés ci-après sont les
chiffres réels mais arrondis pour rendre vos calculs plus simples. Ce quota a fait passer la production
nationale de 5 à 6 millions de tonnes et la consommation nationale de 9 à 8 millions de tonnes. Le prix
pour le consommateur américain est de 480 $ la tonne contre 280 $ la tonne au niveau mondial.
a) quel est le montant du quota ? (1 point)
Le montant du quota est de 2 millions de tonnes, la différence entre la consommation nationale (8)
et la production nationale (6) en situation de quota
b) faire un graphe montrant les effets du quota. Pourquoi le quota fait il augmenter le prix du
sucre aux Etats-Unis ? (2 points)
Prix ($)
S
480
280
A
C
B
D
D
Quantité (M
5
6
8
9
tonnes)
Le prix du sucre augmente car si il restait à 280 $, une demande excédentaire existerait puisque la
demande serait de 9 millions de tonnes et la production nationale serait de 5 millions de tonnes. Il
y aurait une demande excédentaire de 2 millions de tonnes.
c) Quel est la perte (en millions de $) pour les consommateurs américains ? (1 point)
La perte des consommateurs est la différence de surplus qui est de A+B+C+D=
8x200+0,5x1x200=1700 millions de $
d) Quel est le gain (en millions de $) pour les producteurs de sucre américains ? Que seraient-ils
prêts à payer (en terme de lobbying, contributions électorales etc…) pour garder le bénéfice
du quota ? (1 point)
Le gain est donné par l’augmentation du surplus du producteur qui est de : A= 200x5+0,5x1x200=
1100 millions de $
Au maximum ils sont prêts à payer ce montant pour préserver ce bénéfice
e) Quel est le montant de la « rente » du quota et qui la reçoit ? (1 point)
La rente est la différence entre le prix mondial et le prix payé par les consommateurs multiplié par
la quantité importée (le montant du quota) donc C= 2x200=400 millions de dollars. Dans le cas
d’un tarif l’Etat reçoit cette rente. Ici, c’est soit les détenteurs des licences d’importations (qui
n’ont qu’à acheter au prix mondial et revendre au prix national pour percevoir cette rente), soit
l’Etat (si ces licences sont vendues aux enchères), soit les producteurs étrangers si les licences
d’importations leur sont données.
Partie 3 : Question de synthèse (6 points).
Expliquez à la fois sur le plan théorique et empirique les principaux effets économiques de l’intégration
entre les pays européens. (La réponse à cette question ne devrait pas dépasser une page recto-verso,
soyez donc très synthétique) Mots clés en gras
-
-
Principales étapes de l’intégration européenne : 1957 (Traité de Rome instituant la CEE) ;
Marché Unique de 1992 (liberté de mouvements pour les biens, services, personnes et capital)
avec en particulier harmonisation et reconnaissance mutuelles des normes techniques et
réglementations.
Sur le plan théorique, la libéralisation du commerce entre des pays industrialisés assez
similaires en termes de productivité et de dotations factorielles implique que la théorie
classique du commerce (avantages comparatifs) ne peut pas bien expliquer les gains de
-
-
-
l’intégration européenne. En outre, la part du le commerce intrabranche (commerce de biens
similaires à double sens au sein d’un même secteur) a augmenté et est devenue dominante
dans le commerce intra-européen (surtout après la phase d’intégration à partir du milieu des
années 1980) par rapport au commerce inter-branche impliquant la spécialisation des pays
dans des secteurs différents. Cela a conduit les économistes à utiliser plutôt les outils
théoriques de la « nouvelle théorie du commerce international » fondée sur la concurrence
imparfaite (concurrence monopolistique avec libre entrée mais monopole de chaque firme sur
une variété) et les économies d’échelle pour comprendre les effets de l’intégration. Dans ce
cadre, le commerce se fait entre pays industrialisés similaires et l’échange porte sur des
variétés différenciées d’un même bien (des voitures par exemple). Les gains du commerce ne
viennent pas dans ce cas des avantages comparatifs mais de la production à plus grande
échelle permise par l’intégration d’un grand marché européen ainsi que de la concurrence
accrue. En poussant à une baisse des prix, celle-ci oblige à une rationalisation de la
production au niveau européen et à la disparition de certaines firmes (voir les vagues de
fusions et acquisitions qui ont suivi le processus d’intégration en Europe). Celles restantes
produisent à plus grande échelle et il y a donc diminution du coût moyen de production (du
fait par exemple de coûts fixes). Au final, le prix payé par les consommateurs baisse (du fait
des économies d’échelle et de la concurrence) et le nombre de variétés consommées augmente
(même si le nombre d’entreprises au niveau européen diminue). Graphe, voir cours
Sur le plan théorique encore, l’intégration commerciale en Europe pose la question de la
localisation des activités économiques qui ne se fait pas selon les avantages comparatifs. En
effet, en présence d’économies d’échelle et de coûts de transport, les entreprises peuvent avoir
intérêt à concentrer leur production (pour exploiter les économies d’échelle) près des grands
marchés c’est-à-dire dans les pays ou régions les plus riches. On peut donc craindre dans ce
cas un phénomène de divergence entre pays ou régions qui s’intègrent en Europe, ce qui n’est
pas possible dans le modèle classique.
Sur le plan empirique, on a de fait observé une forte augmentation du commerce en Europe
et en particulier du commerce intra-branche en particulier dans les secteurs
manufacturiers. Les estimations empiriques montrent cependant que les frontières
économiques n’ont pas complètement disparues : l’effet « frontière » mesuré par les
équations de gravité montre que deux pays européens (à taille, distance… égales) commercent
beaucoup moins (certaines estimations vont jusqu’à 20 fois moins) que deux régions d’un
même pays. On est donc pas encore dans un marché parfaitement intégré.
Le scénario possible de divergence entre pays ne s’est pas produit (il y a eu un phénomène
marqué de convergence entre les pays les plus pauvres et les plus riches en Europe). En
revanche, l’intégration européenne a été suivie, à l’intérieur des pays, d’un scénario de non
convergence ou même de divergence entre régions.
Téléchargement