l’intégration européenne. En outre, la part du le commerce intrabranche (commerce de biens
similaires à double sens au sein d’un même secteur) a augmenté et est devenue dominante
dans le commerce intra-européen (surtout après la phase d’intégration à partir du milieu des
années 1980) par rapport au commerce inter-branche impliquant la spécialisation des pays
dans des secteurs différents. Cela a conduit les économistes à utiliser plutôt les outils
théoriques de la « nouvelle théorie du commerce international » fondée sur la concurrence
imparfaite (concurrence monopolistique avec libre entrée mais monopole de chaque firme sur
une variété) et les économies d’échelle pour comprendre les effets de l’intégration. Dans ce
cadre, le commerce se fait entre pays industrialisés similaires et l’échange porte sur des
variétés différenciées d’un même bien (des voitures par exemple). Les gains du commerce ne
viennent pas dans ce cas des avantages comparatifs mais de la production à plus grande
échelle permise par l’intégration d’un grand marché européen ainsi que de la concurrence
accrue. En poussant à une baisse des prix, celle-ci oblige à une rationalisation de la
production au niveau européen et à la disparition de certaines firmes (voir les vagues de
fusions et acquisitions qui ont suivi le processus d’intégration en Europe). Celles restantes
produisent à plus grande échelle et il y a donc diminution du coût moyen de production (du
fait par exemple de coûts fixes). Au final, le prix payé par les consommateurs baisse (du fait
des économies d’échelle et de la concurrence) et le nombre de variétés consommées augmente
(même si le nombre d’entreprises au niveau européen diminue). Graphe, voir cours
- Sur le plan théorique encore, l’intégration commerciale en Europe pose la question de la
localisation des activités économiques qui ne se fait pas selon les avantages comparatifs. En
effet, en présence d’économies d’échelle et de coûts de transport, les entreprises peuvent avoir
intérêt à concentrer leur production (pour exploiter les économies d’échelle) près des grands
marchés c’est-à-dire dans les pays ou régions les plus riches. On peut donc craindre dans ce
cas un phénomène de divergence entre pays ou régions qui s’intègrent en Europe, ce qui n’est
pas possible dans le modèle classique.
- Sur le plan empirique, on a de fait observé une forte augmentation du commerce en Europe
et en particulier du commerce intra-branche en particulier dans les secteurs
manufacturiers. Les estimations empiriques montrent cependant que les frontières
économiques n’ont pas complètement disparues : l’effet « frontière » mesuré par les
équations de gravité montre que deux pays européens (à taille, distance… égales) commercent
beaucoup moins (certaines estimations vont jusqu’à 20 fois moins) que deux régions d’un
même pays. On est donc pas encore dans un marché parfaitement intégré.
- Le scénario possible de divergence entre pays ne s’est pas produit (il y a eu un phénomène
marqué de convergence entre les pays les plus pauvres et les plus riches en Europe). En
revanche, l’intégration européenne a été suivie, à l’intérieur des pays, d’un scénario de non
convergence ou même de divergence entre régions.