
La citoyenneté européenne: projet politique pour une union fédérale
PE 299.342
iii
Préface
Sommes-nous ou ne sommes-nous pas des citoyens européens à tous les effets? À ces questions et
aux autres questions de fond que se posent - consciemment ou non - les citoyens de tous les États
membres de l'Union, l'auteur répond de façon attentive et approfondie. Je le remercie de m’avoir
aimablement autorisé à présenter son œuvre qui, enfin, aborde un des problèmes les plus
épineux de l'identité communautaire sous le profil essentiel des relations entre citoyen et
territoire.
J'estime qu'il est important, tant en général qu'en particulier, de souligner avec clarté que la
souveraineté de l'État tire ses origines, à travers l'histoire, de l'identité commune d'un peuple, de
ses batailles pour l'indépendance des territoires, de la richesse de ses traditions, des us et
coutumes qui le caractérisent, de sa langue et de ses dialectes qui font partie d'un patrimoine
culturel et moral bien déterminé qui en constitue le principal point de référence.
Il s'agit d'une souveraineté qui, justement parce qu'elle se fonde sur ces principes et ces bases,
n'est pas et ne pourra jamais être remise en question ou "divisée" en deux ou plusieurs parties.
Les affirmations contraires à l'identité unitaire d'un pays, même observées à travers ses
différences stimulantes et inévitables, ne pourront jamais être acceptées ni trouver l'assentiment
de la population, ou du moins de son écrasante majorité. Heureusement, nous sommes
convaincus et prêts à défendre l'unité de l'Italie et son esprit religieux et sensible à ces valeurs.
La souveraineté de l'Union européenne quant à elle n’est pas née d'un négoce juridique,
cependant, étant issue d’un contrat, elle peut tout de même être considérée comme un dérivé.
C'est donc une souveraineté contractuelle et toutefois négociée qui a comme présupposé l'accord
unitaire de tous les États membres. J'ai voulu clarifier la position de départ d'un voyage dans
lequel nous sommes entièrement impliqués.
Les citoyens de tous les États membres sont aujourd'hui également des citoyens d'Europe et, en
tant que tels, jouissent de droits, mais ont aussi bien sûr des devoirs.
On ne peut par ailleurs parler d'une citoyenneté complète puisque les États membres n'ont pas
encore délégué ou voulu déléguer à l'Union européenne des pouvoirs forts qui en sont
l'expression fondamentale. Je pense ici au fameux troisième pilier qui, comme on le sait, touche
certains domaines essentiels non seulement pour l'institution, mais aussi et surtout pour les
citoyens qui ne peuvent être considérés comme tels s'ils ne jouissent pas de l'intégralité de
certains droits. L'Union ne peut pas encore garantir certains droits aux citoyens parce qu'elle
n'en a ni la légitimation, ni le pouvoir.
L'Union européenne, en effet, ne peut légiférer en matière de droit pénal, prérogative nationale
parmi les plus délicates. L'Union européenne, ne peut aujourd'hui que "recommander" aux États
membres d'insérer dans leur éventail juridique des normes pénales envisagées au niveau
communautaire (l'Italie, par exemple, a rapidement transposé l'indication sur les fraudes
commerciales dans les articles 640 bis et ter, etc.), mais ne peut pas "dicter" de lois en
garantissant en premier lieu certains droits aux citoyens face aux "nouveaux" crimes et aux
risques communautaires. Le même discours peut être tenu en matière de politique étrangère et
de sécurité intérieure, vis-à-vis desquelles les citoyens européens ne peuvent rester longtemps
démunis des droits relatifs à revendiquer "directement" à l'UE.