Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications I désigne un intervalle de R, non vide et non réduit à un point. f désigne une fonction définie sur I, à valeurs dans R. 1 Définition et caractérisation Définition 1.1 f est convexe sur I si ∀x, y ∈ I, ∀t ∈ [0; 1], f (tx + (1 − t)y) 6 tf (x) + (1 − t)f (y). On dit que f est concave si −f est convexe. Figure 1 – Illustration de la définition Proposition 1.2 f est convexe si et seulement si son épigraphe est convexe dans R2 . Preuve. On rappelle que l’épigraphe de f , noté Epi(f ), est défini de la manière suivante : Epi(f ) = {M (x; y), x ∈ I, f (x) 6 y}. Supposons f convexe. Soient M1 (x1 ; y1 ) et M2 (x2 ; y2 ) deux points de l’épigraphe de f . Soit N (xN ; yN ) un point du segment [M1 M2 ]. Il existe alors un unique réel t ∈ [0; 1] tel que xN = tx1 + (1 − t)x2 et yN = ty1 + (1 − t)y2 . f étant convexe, on a : f (xN ) = f (tx1 + (1 − t)x2 ) 6 tf (x1 ) + (1 − t)f (x2 ) 6 ty1 + (1 − t)y2 = yN . N appartient donc à l’épigraphe de f donc Epi(f ) est convexe. Supposons maintenant Epi(f ) convexe. Soient x1 , x2 ∈ I, t ∈ [0; 1]. Soient y1 = f (x1 ), y2 = f (x2 ), M1 (x1 ; y1 ), M2 (x2 ; y2 ) et N (tx1 + (1 − t)x2 ; ty1 + (1 − t)y2 ). Epi(f ) étant convexe, on a : f (tx1 + (1 − t)x2 ) 6 ty1 + (1 − t)y2 = tf (x1 ) + (1 − t)f (x2 ). Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications f est donc convexe. Théorème 1.3 Les assertions suivantes sont équivalentes : (i) f est convexe ; (ii) Pour tous x, y, z ∈ I tels que x < y < z, on a : f (y)−f (x) y−x 6 f (z)−f (x) z−x 6 f (z)−f (y) z−y (inégalité des trois pentes) ; (iii) Pour tout a ∈ I, la fonction x 7→ f (x)−f (a) x−a est croissante sur I \ {a}. Figure 2 – Illustration de l’inégalité des 3 pentes (ii) Preuve. (i) ⇒ (ii) Supposons f convexe sur I. Soient x, y, z ∈ I tels que x < y < z. Il existe un unique t ∈]0; 1[ tel que y = tx + (1 − t)z. f étant convexe, on a : f (y) = f (tx + (1 − t)y) 6 tf (x) + (1 − t)f (y). On en déduit : f (y) − f (x) 6 (1 − t)(f (z) − f (x)). y − x = (1 − t)(z − x) donc en divisant l’inégalité précédente par y − x > 0, on a : f (y) − f (x) f (z) − f (x) 6 , y−x z−x ce qui prouve la première inégalité. f (y) 6 tf (x) + (1 − t)f (z) donc −f (y) > −tf (x) − f (z) + tf (z) et donc f (z) − f (y) > t(f (z) − f (x)). z − y = z − tx − z + tz = t(z − x). En divisant l’inégalité précédente par z − y > 0, on a : f (z) − f (y) f (z) − f (x) > , z−y z−x ce qui démontre le deuxième inégalité. (ii) ⇒ (iii) On suppose que f vérifie l’inégalité des trois pentes. Soit a ∈ I. Notons fa la fonction définie sur I \ {a} par x 7→ f (x)−f (a) . x−a Soient x, y ∈ I \ {a}, avec x < y. f (y)−f (x) . y−x f (y)−f (x) 6 fa (y). y−x Si a < x < y, l’inégalité des trois pentes donne : fa (x) 6 fa (y) 6 Si x < a < y, l’inégalité des trois pentes donne : fa (x) 6 S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 2/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications Si x < y < a, l’inégalité des trois pentes donne : f (y)−f (x) y−x 6 fa (x) 6 fa (y). (iii) ⇒ (i) On suppose que pour tout a ∈ I, fa est croissante sur I \ {a}. Soient x, y ∈ I. Soit t ∈]0; 1[. Notons z = tx + (1 − t)y. On a x < z < y donc fz (x) 6 fz (y), c’est-à-dire f (x)−f (z) x−z 6 f (y)−f (z) . y−z En multipliant par (x − z)(y − z) < 0, on obtient (y − z)(f (x) − f (z)) > (x − z)(f (y) − f (z)). En regroupant les termes en f (x), f (y) et f (z), on a : (x − y)f (z) > (x − z)f (y) − (y − z)f (x). En divisant par x − y < 0, on obtient : f (z) 6 x−z y−z f (y) − f (x). x−y x−y Or x − z = x − tx − y + ty = (1 − t)(x − y) donc y−z − x−y x−z x−y = 1 − t et y − z = y − tx − y + ty = t(y − x) donc = t, d’où f (z) 6 tf (x) + (1 − t)f (y), c’est-à-dire f (tx + (1 − t)y) 6 tf (x) + (1 − t)f (y). L’inégalité étant trivialement vérifiée pour t = 0 et t = 1, f est donc convexe. Proposition 1.4 (inégalité de Jensen) Soit n ∈ N, n > 2. Soit f unefonction convexe sur I. Alors pour tous (ak )16k6n ∈ n n n P P P ak = 1 et (xk )16k6n ∈ I n , on a : f a k xk 6 Rn+ tels que ak f (xk ). k=1 k=1 k=1 Preuve. On suppose f convexe sur I. Pour n ∈ N, n > 2, notons Hn la propriété : ! n n n X X X n+1 n ak f (xk ). ak = 1, ∀(xk )16k6n ∈ I , f ak xk 6 ∀(ak )16k6n ∈ R+ , k=1 k=1 k=1 H2 est vérifiée (c’est la définition d’une fonction convexe). Soit n ∈ N, n > 2. Supposons Hn vérifiée. Soit (ak )16k6n+1 ∈ Rn+1 tel que + n+1 P ak = 1. Soit (xk )16k6n+1 ∈ k=1 I n+1 . 1er cas : si n P k=1 On a alors : ak = 0. Les ak étant tous positifs, on en déduit que ak = 0 pour tout k ∈ J1, nK, puis an+1 = 1. f n+1 X ! ak xk = f (xn+1 ). k=1 L’inégalité est alors trivialement vérifiée. n n P P 2ème cas : si ak 6= 0. Notons a = ak . Soit x = k=1 M = max(xi )16i6n , on a ma 6 n P k=1 1 a n P ak xk . x ∈ I. En effet, si m = min(xi )16i6n et k=1 ak xk 6 M a donc x ∈ [m; M ] ⊂ I. On a alors : k=1 f n+1 X ! ak xk = f (ax + an+1 xn+1 ) k=1 6 af (x) + an+1 f (xn+1 ) d’après H2 n 1X 6 a. ak f (xk ) + an+1 f (xn+1 ) d’après Hn a k=1 6 n+1 X ak f (xk ) k=1 donc Hn+1 est vraie. D’après le principe de récurrence, on en déduit que Hn est vraie pour tout entier n > 2. S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 3/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications 2 Convexité et dérivation Proposition 2.1 Soit f une fonction convexe sur I. Alors : (i) f admet une dérivée à gauche et à droite en tout point a intérieur à I et fg0 (a) 6 fd0 (a) ; (ii) f est continue sur ˚ I; (iii) ∀a, b ∈ ˚ I, a < b, fd0 (a) 6 f (b)−f (a) b−a 6 fg0 (b) ; (iv) fg0 et fd0 sont croissantes sur ˚ I. Preuve. Soit f une fonction convexe sur I. (i) Soit a ∈ ˚ I. On note fa la fonction définie sur I \ {a} par x 7→ f (x)−f (a) . x−a f étant convexe, fa est croissante (paragraphe précédent). Soient x < a et x0 > a. fa est croissante sur I∩] − ∞; a[ et majorée par fa (x0 ) sur cet intervalle donc fa admet une limite lorsque x → a− . f est donc dérivable à gauche en a et on a fg0 (a) 6 fa (x0 ). De la même manière, on montre que f est dérivable à droite en a. On a donc fa (x0 ) −−−−−→ fd0 (a). Par + x0 →a passage à la limite lorsque x0 → a+ dans l’inégalité fg0 (a) 6 fa (x0 ), on obtient fg0 (a) 6 fd0 (a). (ii) f étant dérivable à gauche et à droite en a ∈ ˚ I, f est continue en a. ˚ (iii) Soient a, b ∈ I. Soit x ∈]a; b[. D’après l’inégalité des trois pentes : f (x) − f (a) f (b) − f (a) f (x) − f (b) 6 6 . x−a b−a x−b En faisant tendre x vers a dans la première inégalité, on obtient : fd0 (a) 6 b dans la deuxième inégalité, on obtient : f (b)−f (a) b−a fd0 (a) 6 6 fg0 (b). f (b)−f (a) . b−a On en déduit : f (b) − f (a) 6 fg0 (b). b−a f (b)−f (a) 6 fg0 (b) d’après (iii). D’après b−a I. fd0 (b). fg0 et fd0 sont donc croissantes sur ˚ (iv) Soient a, b ∈ ˚ I, avec a < b. Alors fd0 (a) 6 fg0 (b) 6 fd0 (b) donc fg0 (a) 6 fd0 (a) 6 fg0 (b) 6 En faisant tendre x vers (i), fg0 (a) 6 fd0 (a) et Proposition 2.2 On suppose f continue sur I et dérivable sur ˚ I. Alors f est convexe sur I si et seulement si f 0 est croissante sur I. Preuve. Soit f une fonction continue sur I et dérivable sur ˚ I. Si f est convexe, alors f 0 est croissante sur ˚ I d’après la proposition précédente. Supposons maintenant f 0 croissante sur ˚ I. Soient x, y ∈ I, avec x < y. Soit g la fonction définie sur [0; 1] par t 7→ tf (x) + (1 − t)f (y) − f (tx + (1 − t)y). f étant continue sur I, il en résulte que g est continue sur [0; 1]. f étant dérivable sur ˚ I, il en résulte que g est dérivable sur ]0; 1[. De plus, g(0) = g(1) = 0. D’après le théorème de Rolle, il existe t0 ∈]0; 1[ tel que g 0 (t0 ) = 0. On a : ∀t ∈]0; 1[, g 0 (t) = f (x) − f (y) − (x − y)f 0 (tx + (1 − t)y). t 7→ tx + (1 − t)y est décroissante sur [0; 1] et f 0 est croissante sur ˚ I donc g 0 est décroissante sur ]0; 1[. Comme g 0 (t0 ) = 0, on en déduit que g 0 est positive sur ]0; t0 [ et négative sur ]t0 ; 1[. g est donc croissante sur [0; t0 ] et décroissante sur [t0 ; 1]. Comme g(0) = g(1) = 0, g est donc positive sur [0; 1] donc : ∀t ∈ [0; 1], f (tx + (1 − t)y) 6 tf (x) + (1 − t)f (y). S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 4/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications f est donc convexe sur I. Proposition 2.3 Si f est dérivable sur I, alors la tangente en tout point est en dessous de la courbe représentative de f . Preuve. On suppose f dérivable sur I. Soit x0 ∈ I. L’équation cartésienne de la tangente à la courbe représentative de f en x0 est y = f 0 (x0 )(x − x0 ) + f (x0 ). Soit g la fonction définie sur I par x 7→ f (x) − f 0 (x)(x − x0 ) − f (x0 ). On veut montrer que g est positive, ce qui prouvera la proposition. f est dérivable sur I donc il en est de même pour g et on a pour tout x ∈ I, g 0 (x) = f 0 (x) − f 0 (x0 ). f 0 est croissante sur ˚ I (car f est convexe) donc g 0 est croissante sur ˚ I. g 0 (x0 ) = 0 donc g 0 est négative sur I∩] − ∞; x0 [ et positive sur I∩]x0 ; +∞[. g est donc décroissante sur I∩] − ∞; x0 [ et croissante sur I∩]x0 ; +∞[. g admet donc un minimum global en x0 . g(x0 ) = 0 donc g est positive sur I, ce qui achève la démonstration. 3 Applications 3.1 Comparaison de moyennes Définition 3.1 Soient x1 , . . . , xn ∈ R∗+ . On définit les moyennes suivantes : (i) Moyenne arithmétique : Ma = x1 +···+xn n ; √ n (ii) Moyenne géométrique : Mg = qx1 . . . xn ; x21 +···+x2n (iii) Moyenne quadratique : Mq = ; n (iv) Moyenne harmonique : Mh = 1 x1 n +···+ x1n . Proposition 3.2 On a : Mh 6 Mg 6 Ma 6 Mq . Preuve. Soit f la fonction définie sur R+ par x 7→ x2 . f est dérivable sur R+ et on a pour tout x > 0, f 0 (x) = 2x. f 0 est croissante sur R+ donc f est convexe sur R+ . D’après l’inégalité de Jensen, on a : x1 + · · · + xn 1 f 6 (f (x1 ) + · · · + f (xn )) n n √ c’est-à-dire Ma2 6 Mq2 . x 7→ x est croissante sur R+ donc Ma 6 Mq . ln est dérivable sur R∗+ et on a pour tout x > 0, ln0 (x) = x1 . ln0 est décroissante sur R∗+ donc ln est concave sur R∗+ . L’inégalité de Jensen donne x1 + · · · + xn 1 ln > (ln(x1 ) + · · · + ln(xn )) n n c’est-à-dire ln(Ma ) > 1 n ln(Mgn ) = ln(Mg ). La fonction exponentielle étant croissante sur R, on en déduit Mg 6 Ma . En appliquant à nouveau l’inégalité de Jensen à la fonction ln : 1 1 1 1 1 ln + ··· + > ln + · · · + ln nx1 nxn n x1 xn c’est-à-dire ln M1h > n1 ln M1n = ln M1g . On en déduit alors M1h > M1g , puis Mg > Mh . g S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 5/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications 3.2 Obtention d’inégalités Première inégalité : ∀x ∈ [0, π/2], π2 x 6 sin x 6 x. En effet, sin est dérivable et sin0 = cos. sin0 est donc décroissante sur [0; π/2] donc sin est concave sur [0; π/2]. La courbe représentative de sin est donc située au dessus de ses cordes et en dessous de ses tangentes. La tangente en 0 a pour équation y = x. La corde joignant (0; sin x) et (π/2; sin(π/2)) a pour équation y = 2 π x, d’où l’encadrement. Deuxième inégalité : ∀a, b, c ∈ R+ , a3 + b3 + c3 > 3abc et (a + b + c)3 > 27abc. Nous allons utiliser les comparaisons des différentes moyennes. √ 3 et donc abc 6 (a+b+c) (x 7→ x3 étant croissante sur R). Mg 6 Ma donc 3 abc 6 a+b+c 3 27 En appliquant à nouveau l’inégalité Mg 6 Ma aux trois nombres a3 , b3 et c3 , on a : √ 3 a3 b3 c3 6 a3 +b3 +c3 3 donc a3 + b3 + c3 > 3abc. Proposition 3.3 K désigne R ou C. Soient n ∈ N∗ , p, q ∈ R avec p > 1, q > 1 et p1 + n p1 n q1 P P p q on note kxkp = |xk | et kxkq = |xk | . Alors : k=1 k=1 n p1 n q1 n P P P (inégalité de Hölder) ; (i) |xk yk | 6 |xk |p |yk |q k=1 1 q = 1. Pour x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn , k=1 k=1 (ii) ∀x, y ∈ Kn , kx + ykp 6 kxkp + kykp (inégalité de Minkowski). Preuve. ap p Montrons d’abord que pour tous a, b > 0, ab 6 + bq q . Remarquons d’abord que si a = 0 ou b = 0, l’inégalité est clairement vérifiée. Supposons maintenant a et b non nuls. La fonction exponentielle, notée exp, est convexe sur R donc : ∀x, y ∈ R, ∀λ ∈ [0; 1], exp(λx + (1 − λ)y) 6 λ exp(x) + (1 − λ) exp(y). Soient a, b ∈ R∗+ . Appliquons l’inégalité de convexité avec x = ln(ap ), y = ln(bq ) et λ = exp c’est-à-dire ab 6 ap p + ln(ap ) ln(bq ) + p q 6 1 p (donc 1 − λ = 1q ) : exp(ln(ap )) exp(ln(bq )) + p q bq q . (i) Montrons l’inégalité de Hölder : Soient x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn et y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Kn . Si x = 0 ou y = 0, l’inégalité est clairement vérifiée. Supposons x 6= 0 et y 6= 0. Dans ce cas, au moins une coordonnée de x est non nulle donc kxkp 6= 0. De même pour y. Pour tout k ∈ J1, nK, notons x0k = k ∈ J1, nK : |x0k yk0 | 6 xk kxkp p et yk0 = yk . kykqq Appliquons l’inégalité précédente. Pour tout |x0k |p |y 0 |q |xk |p |yk |q + k = . p + p q pkxkp qkykqq En sommant, on obtient : n X k=1 |x0k yk0 | 6 1 X 1 X 1 1 k = 1n |xk |p + k = 1n |yk |q = + = 1. p pkxkp qkykqq p q Or, on a n X k=1 S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr |x0k yk0 | = n X 1 |xk yk | kxkp kykq k=1 6/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications d’où n X ! p1 n X |xk yk | 6 k=1 n X |xk |p ! q1 |yk |q . k=1 k=1 L’inégalité de Hölder est ainsi démontrée. (ii) Montrons maintenant l’inégalité de Minkowski. Soient (x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn et y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Kn . Si kx + ykp = 0, l’inégalité est évidente. Supposons maintenant que kx + ykp 6= 0. Soit q tel que n X |xk + yk |p = k=1 n X 1 p 1 q + = 1 (c’est-à-dire q = |xk + yk ||xk + yk |p−1 6 k=1 n X p p−1 ). |xk ||xk + yk |p−1 + k=1 On a : n X |yk ||xk + yk |p−1 . k=1 On applique l’inégalité de Hölder aux deux termes de droite : n X p |xk + yk | 6 k=1 n X ! p1 p |xk | n X ! q1 |xk + yk | (p−1)q + k=1 k=1 6 (kxkp + kykp ) n X n X ! p1 n X p |yk | ! q1 (p−1)q |xk + yk | k=1 k=1 ! q1 |xk + yk |(p−1)q . k=1 Sachant que q(1 − p) = p, on a donc : n X p |xk + yk | 6 (kxkp + kykp ) k=1 n X ! q1 |xk + yk | p . k=1 On multiplie chaque membre de l’inégalité par n P p |xk + yk | − q1 − q1 = kx + ykp : k=1 n X !1− q1 p |xk + yk | 6 kxkp + kykp k=1 c’est-à-dire kx + ykp 6 kxkp + kykp . Remarque 3.4 L’inégalité de Minkowski permet de montrer que k.kp définit une norme. 3.3 Intégrabilité Exemple 3.5 La fonction x 7→ 1 est intégrable sur [0; +∞[. 1 + sin2 x x3 1 . f est positive sur [0; +∞[. f est continue sur 1 + sin2 x Z x [0; +∞[ donc localement intégrable sur cet intervalle. Soit F la fonction définie sur [0; +∞[ par x 7→ f (t)dt. 0 Z (n+1)π On cherche à montrer que F admet une limite finie en +∞. Pour n ∈ N, notons un = f (t)dt. nπ P P un est une série à termes positifs. F admet une limite finie en +∞ si et seulement si la série un Z (n+1)π 1 est une série convergente (comparaison série-intégrale). Soit n ∈ N∗ . un 6 dt. Or, 3 π 3 sin2 x 1 + n nπ Soit f la fonction définie sur [0; +∞[ par x 7→ S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr x3 7/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications x 7→ 1 1+ n3 π 3 sin2 x est π−périodique et paire donc on en déduit : Z un 6 2 0 π 2 1 dx 6 2 1 + n3 π 3 sin2 x π 2 Z 0 1 1+ 4n3 π 3 2 π2 x dx. √ √ Effectuons le changement de variable u = 2n3/2 πx (la fonction x 7→ 2n3/2 πx est un C 1 difféomorphisme sur [0; π/2]) : Z π 2 1 1 dx = 2 × 3/2 √ 1 + 4n3 πx2 2n π 2 0 Z (nπ)3/2 0 √ 1 1 π 1 3/2 du = 3/2 √ arctan((nπ) ) 6 . 1 + u2 2 n3/2 n π √ P 1 1 Pour tout entier naturel non nul n, on a un 6 2π n3/2 . est une série de Riemann convergente donc n3/2 P un est une série convergente et donc f est intégrable sur [0; +∞[. 3.4 Méthode de Newton Théorème 3.6 Soit f : [a; b] → R une fonction de classe C 2 sur [a; b], strictement croissante et convexe, avec f (a)f (b) < 0. Alors : (i) f admet un unique zéro dans ]a; b[, noté α ; (ii) Pour tout x0 ∈ [α; b], la suite (un ) définie par u0 = x0 et pour tout entier n, un+1 = un − f (un ) f 0 (un ) est définie, décroissante et converge vers α ; n n (iii) ∀n ∈ N, |un − α| 6 k1 k 2 (b − α)2 , avec k = M2 2m1 , m1 = min |f 0 (x)| et M2 = max |f 00 (x)|. x∈[a;b] x∈[a;b] Preuve. Soit f : [a; b] → R une fonction de classe C 2 sur [a; b], strictement croissante et convexe, avec f (a)f (b) < 0 (i) f est continue sur [a; b] et f (a)f (b) < 0 donc il existe α ∈]a; b[ tel que f (α) = 0 (théorème des valeurs intermédiaires). f étant strictement croissante sur [a; b], f est bijective sur cet intervalle et α est unique. (ii) Soit x0 ∈ [α; b]. L’équation de la tangente au point de coordonnées (x0 ; f (x0 )) est y = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ). Elle coupe l’axe des abscisses au point d’abscisse u1 vérifiant f (u0 ) + f 0 (u0 )(u1 − u0 ) = 0, d’où u1 = u0 − f (u0 ) f 0 (u0 ) (f 0 ne s’annule pas sur [a; b] car f est strictement croissante). On répète l’oparation et c’est ainsi qu’est construite la suite (un ). Soit g la fonction définie sur [α; x0 ] par x 7→ x − ∀x ∈ [α; x0 ], g 0 (x) = 1 − f (x) f 0 (x) . g est de classe C 1 sur [α; x0 ] et on a : f 0 (x)2 − f (x)f 00 (x) f (x)f 00 (x) = . f 0 (x)2 f 0 (x)2 f est strictement croissante sur [α; x0 ] et f (α) = 0 donc f est positive sur [α; x0 ]. f est de classe C 2 et convexe donc f 00 est positive sur [α; x0 ]. g 0 est donc positive sur [α; x0 ] donc g est croissante sur cet intervalle. g(α) = α − f (α) f 0 (α) = α donc pour tout x > α, g(x) > α. g(x0 ) = x0 − f (x0 ) f 0 (x0 ) 6 x0 donc pour tout x ∈ [α; x0 ], g(x) 6 x0 . [α; x0 ] est donc un intervalle de stabilité pour g et donc la suite (un ) est bien définie. g étant croissante, la suite (un ) est monotone, le sens de monotonie étant donné par le signe de u1 − u0 . u1 − u0 = u0 − f (u0 ) f (u0 ) − u0 = − 0 60 0 f (u0 ) f (u0 ) donc la suite (un ) est décroissante. (un ) étant minorée par α, cette suite converge. Notons ` sa limite. g est continue donc g(`) = `, c’est-à-dire − ff0(`) (`) = 0. ` est donc un zéro de f sur [α; x0 ]. Par unicité, on a alors ` = α. (un ) converge donc vers α. S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 8/9 Fonctions convexes d’une variable réelle. Applications (iii) Soient k = M2 2m1 , avec m1 = min |f 0 (x)| et M2 = max |f 00 (x)|. Soit x ∈ [α; b]. f est de classe C 2 donc, x∈[a;b] x∈[a;b] d’après le théorème de Taylor-Lagrange : ∃cx ∈]α; b[, f (α) = f (x) + (α − x)f 0 (x) + (α − x)2 00 f (cx ). 2 sachant que f (α) = 0, en divisant par f 0 (x) > 0 et en réordonnant les termes, on a : (α − x)2 f 00 (cx ) 2 |g(x) − α| = f 0 (x) 6 k(α − x) . 2 n n Pour n ∈ N, notons Hn la propriété |un − α| 6 k1 k 2 (b − α)2 . Pour n = 0, u0 − α 6 b − α donc H0 est vraie. Soit n ∈ N. Supposons Hn vraie. |un+1 − α| = |g(un ) − α| 6 k|un − α| (d’après ce qui précède) 6k n+1 1 2n+1 |b − α|2 (hypothèse de récurrence) k 2 k Hn+1 est donc vraie. D’après le principe de récurrence, Hn est vraie pour tout entier naturel n. S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 9/9