Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2015 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
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« J’ai l’honneur de faire hommage à l’Académie de la
part de M. Jacques Paviot qui en a été l’éditeur avec
le concours de MM. Baloup et Jourdiou, du recueil
intitulé Les projets de croisade. Géostratégie et
diplomatie européenne du XIVe au XVIe siècle,
Toulouse, Presses universitaires du Mirail, éditions
Méridiennes, 2014, 346 pages, qui forme le premier
volume d’une collection “Croisades tardives”. Il
s’agit d’une réunion d’articles présentés à divers
colloques, ici même, à Toulouse et à Prague, entre
2007 et 2009, ce dernier ayant été précédé d’une
introduction de notre secrétaire Jean Leclant, à
laquelle fait suite une présentation du sujet par
M. Paviot.
Nous partons du traité écrit par l’Anglais Radulfus
Niger au lendemain de la prise de Jérusalem par
Saladin. Cet auteur envisage la croisade sous un
double aspect, l’un spirituel – une préparation qui
exclut la notion de “guerre sainte” au profit de celle
d’une “guerre juste” –, l’autre militaire, comportant les aspects stratégiques de la
campagne. Passons sur un aperçu de ce que fut le rôle effectif de ce qui apparaissait
comme une base d’opérations et qui le fut moins : le royaume de Chypre. Nous en
venons au célèbre traité de Pierre Dubois qui attribuait au royaume capétien la place
essentielle dans la future croisade et dans la reconstruction de l’Europe chrétienne. La
croisade visait aussi – et cela dès 1145 – l’extension de la chrétienté dans l’Europe de
l’Est, (qui comprit aussi la défense des royaumes de Pologne et de Hongrie contre les
dynastes schismatiques, comme l’a montré M. Tanase) et elle prend une importance
particulière dans les perspectives du royaume de Bohême qui mène en Prusse des
opérations qui comportent la fondations de places fortes dont celle de Königsberg qui
doit son nom au roi tchèque. Le développement des connaissances géographiques joue
ici son rôle, et c’est alors qu’interviennent les ordres missionnaires qui contribuent à ces
progrès. Une étude est spécialement consacrée aux dominicains Guillaume Adam et
Raymond Etienne, qui font entrer dans la perspective de la lutte contre les Turcs une
hostilité à l’égard des Grecs regardés comme favorables à ceux-ci.
C’est ici que nous aurions fait place à un épisode : le rapprochement du pape et des rois
d’Occident avec les Mamelouks d’Égypte, intervenu entre 1325 et 1332, qui vit Jean XXII
envoyer une ambassade au sultan et mettre fin à l’interdiction du commerce avec
l’Égypte. Ce qui rejetait au second plan la revendication de la Terre Sainte par les Latins.
La croisade d’Orient prenait ainsi une autre tournure ; elle devenait une guerre contre
les Turcs d’abord regardés comme acteurs de la piraterie qui sévissait en Méditerranée,
puis comme ennemis déterminés des chrétiens, y compris en Europe ; la ligue que
Georges de Podebrady proposait de créer entre les souverains européens, où l’on a
voulu voir une forme d’entente internationale sous la prédominance du roi de France,