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Le 18 mai 2017
ANALYSE ÉCONOMIQUE MONDIALE
| LA SEMAINE EN BREF
RENSEIGNEMENTS
Derek Holt , VP et chef des Études économiques
sur les marchés des capitaux
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Études économiques de la Banque Scotia
derek.holt@scotiabank.com
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Réunion de la BdC : trop tôt trop court
À l’issue de sa réunion de mercredi, la Banque du Canada se contentera d’une
simple déclaration à 10 h, sans mettre à jour ses prévisions ni donner de conférence
de presse. Tous s’attendent à ce que le taux de financement à un jour reste fixé à
0,5 %, si l’on s’en remet au consensus des économistes et aux probabilités dérivées
des marchés. La grande question est de savoir si cette orientation sera modifiée
graduellement, surtout dans le contexte des positions de plus en plus courtes
accumulées sur le dollar canadien (graphique 1) et des positions longues sur le
premier tronçon de la courbe des rendements du Canada, du moins jusqu’à une
époque toute récente. On s’attend en effet à ce que les nouvelles soient
progressivement meilleures pour l’économie et le système financier — et à ce que la
Banque du Canada emboîte éventuellement le pas.
À notre avis, ces attentes risquent d’être déçues cette semaine. D’abord,
M. Poloz, gouverneur de la BdC, a déjà essentiellement balayé l’importance
donnée aux difficultés d’Home Capital en affirmant qu’elles sont
« exceptionnelles » et « idiosyncratiques », et qu’elles ne correspondent pas du
tout à des effets de contagion sur l’ensemble du système. En dévoilant son jeu
avant le grand jour, il signale très clairement que bien que la BdC s’inquiète
toujours des risques pour la stabilité financière, surtout le logement, la conjoncture
récente n’a pas avivé ces inquiétudes depuis tous les communiqués publiés le
12 avril, ce qui est logique.
Puis, la croissance, météorique, gravite aujourd’hui autour d’un taux annualisé de
4 %, ce qui cadre avec les attentes révisées de la BdC le mois dernier et ce qui
est nettement supérieur à sa prévision de 2,5 % en janvier. Par rapport au début
de l’année, la croissance répond donc largement aux attentes de tous au T1. Il
s’agirait ainsi du troisième taux de forte croissance trimestrielle d’affilée, malgré
les fortes distorsions des importations. C’est déjà beaucoup mieux qu’en 2015 : à
l’époque, l’économie ne cessait de décevoir, et le taux de croissance s’était, de
peine et de misère, hissé à plus de 1 % (graphique 2). On peut donc dire que la
définition traditionnelle du « filtre multivarié élargi » du déficit de production n’est
probablement plus d’actualité et que l’indicateur du « cadre intégré » laisse
toujours entrevoir beaucoup de points faibles.
Enfin, la BdC répétera probablement que la faible croissance de l’économie
américaine au T1 était transitoire et que « les moteurs de la croissance sont
toujours aussi solides ». Encore faut-il le constater; or, selon les premières
données sur la croissance du T2, l’économie se porte beaucoup mieux, elle qui
avait inscrit un dérisoire taux de croissance annualisé de 0,7 % au T1. À
l’évidence, les risques politiques et stratégiques américains assombrissent l’avenir
des marchés et de l’économie américaine, à tel point que la BdC ne se montrera
guère plus optimiste à un moment charnière aussi incertain. Il faut aussi dire que
la dépréciation de près de quatre cents du dollar canadien par rapport au billet
vert depuis la déclaration du 12 avril est un risque atténuant pour la conjoncture
financière.
-2
-1
0
1
2
3
4
5
T1-15 T3-15 T1-16 T3-16 T1-17
Durcissement de la politique
En données annuelles
désaisonnalisées, évolution en % en
glissement trimestriel
Sources : Études économiques de la Banque
Scotia, Statistique Canada.
PIB réel
canadien
Prévisions
économiques de
la Banque Scotia
0
20
40
60
80
100
120
140
160
93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17
Rising Short Positions In CAD On
Housing Headlines
contracts,
thousands
Canadian Dollar
Non-Commercial
Short Contracts/
Futures Only
Sources: Scotiabank Economics, Commodity
Futures Trading Commission.
Graphique 1
Graphique 2
Hausse des positions courtes en $CA
dès publication des statistiques
globales sur le logement
contrats, en milliers
Dollar canadien :
contrats à court terme
non commerciaux/
contrats à terme
seulement
Sources : Études économiques de la Banque Scotia,
Bloomberg, Commodity Futures Trading Commission.