Direction des Affaires Economiques 1
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LE TAUX DE CHANGE
1. Qu’est-ce que le taux de change ?
Dans l’économie actuelle, mondialisée, les agents écono-
miques s’échangent des biens et services, malgré le fait
qu’ils disposent de monnaies différentes. Les pays hors de
la zone euro ont ainsi représenté 54,1 % des exportations
françaises et 52,5 % des importations en 2015
1
. En outre,
certaines marchandises sont libellées dans une monnaie
spécifique. Le baril de pétrole s’échange ainsi exclusive-
ment en dollars.
Dès lors, pour permettre les échanges,
les agents recourent au taux de change.
Il s’agit d’exprimer le prix d’une devise
(ou monnaie) par rapport à une devise
étrangère. L’échange a alors lieu sur le
marché des changes.
Aussi, le taux de change est-il variable
dans le temps. Entre différentes dates, la
valeur d’un euro en devises étrangères
peut fortement évoluer (voir figure 1).
Les fluctuations de plus de 5 % sur un
mois ne sont pas rares. Après la décision par referendum
du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne, la livre
sterling a ainsi chuté de 10 % en l’espace d’une séance.
L’incertitude liée aux fluctuations du taux de change est
par conséquent source d’inquiétudes pour les dirigeants
d’entreprises.
Fig. 1 : Valeur d’un euro en devises étrangères
(moyenne mensuelle)
2
Août 2008 :
163,6 ¥ 1,50 $ 0,79 £
Août 2016 :
113,5 ¥ 1,12 $ 0,86 £
1
Données Douanes.
2. Quicide du taux ?
Dans certains pays, le taux de change est fixe. Il est alors
déterminé, soit par une devise de référence (dollar US ou
euro généralement), soit par un ensemble de devises. Les
fluctuations sont décidées par les banques centrales des
pays. Celles-ci peuvent alors dévaluer la monnaie (elle
perd de la valeur par rapport aux devises étrangères) soit
la réévaluer (elle gagne de la valeur). Le régime de change
est cependant sous la menace de la spéculation.
La plupart des pays, dont ceux utilisant
l’euro, ont opté pour un taux de chan-
ge flexible. Le rôle de la Banque cen-
trale est alors moins décisif, puisqu’elle
n’est plus la seule à influer sur le taux
de change. Celui-ci évolue librement,
en fonction de l’offre et de la demande
sur le marché des changes. Cet équili-
bre entre l’offre et la demande dépend
en partie de la balance des transactions
courantes.
Toujours dans le cas d’un taux de change flexible, si la
balance d’un pays est déficitaire, l’offre de monnaie de ce
pays excèdera la demande. En effet, les agents économi-
ques devront fournir davantage de devises, pour payer les
importations, qu’ils n’en recevront, suite aux exporta-
tions. En raison d’un excès d’offre, la valeur de la monnaie
aura alors tendance à diminuer. Aussi, tant que l’équilibre
entre offre et demande ne sera pas rétabli, soit tant que
le pays n’aura pas équilibré sa balance des paiements, la
devise sera-t-elle considérée comme surévaluée.
3. La devise européenne est-elle surévaluée ou
sous-évale ?
Les pays de la zone euro, pris dans leur globalité, affichent
un solde des transactions courantes excédentaire de 330
milliards d’euros en 2015, soit 3,2 % du PIB de la zone. A
l’inverse, d’autres pays, tels que le Royaume-Uni et les
Etats-Unis, enregistrent des déficits conséquents. Pour le
pays outre-Manche, le solde est déficitaire de 96 milliards
de livres, soit 5,2 % de son PIB. Quant au second pays, les
2
Données Banque de France.
- 10 %
La perte de valeur de la livre
sterling, suite au referendum
au Royaume-Uni en juin.
Septembre 2016
# 06
Le point sur
2 Direction des Affaires Économiques
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DEFINITIONS
- Agent économique : Personne physique ou morale
prenant des décisions d’ordre économique (entre-
prises, administrations publiques, ménages).
- Balance des transactions courantes : Elle regroupe
les échanges de marchandises, les échanges de ser-
vices, les flux de revenus (salaires, dividendes, etc.)
et les transferts courants (dons, aides, etc.) entre
un pays et le reste du monde.
- Compétitivité - prix : Capacité d’une entreprise, ou
d’un pays, à gagner des parts de marché, en raison
d’un niveau de prix plus faible que les concurrents.
échanges extérieurs accusent une perte de 473 milliards
de dollars en 2015 (2,6 % du PIB)
3
.
Dès lors, au regard des performances économiques des
principales économies, la monnaie européenne est sous-
évaluée. Pour garantir une stabilité financière au niveau
mondial, l’euro devrait par conséquent s’apprécier face à
la devise américaine. De ce fait, la quantité de dollars pour
un euro s’accroîtrait.
Cependant, au sein de la zone euro, tous les pays ne sont
pas à la même enseigne. Avec un déficit de 4,4 milliards
d’euros en 2015 (0,2 % du PIB), la France n’affiche pas la
même performance que son voisin outre-Rhin. Le solde
des transactions courantes de l’Allemagne est en effet
excédentaire de 258 milliards d’euros, équivalant à 8,5 %
de son PIB. De plus, notre pays n’a pas affiché d’exercice
excédentaire depuis 2006.
Dès lors, pour convenir aux spécificités économiques des
différents pays, la devise européenne est jugée trop forte
pour la France mais trop faible pour l’Allemagne.
4. Est-il préférable d’avoir une monnaie forte
ou faible pour les entreprises ?
La valeur de la monnaie, qu’elle soit jugée forte ou faible,
comporte des avantages et inconvénients pour les entre-
prises.
Une monnaie faible favorise les exportations car les entre-
prises ont une meilleure compétitivité - prix. Elles peuvent
alors exporter plus facilement leurs produits. De même,
elles peuvent gagner des parts sur le marché national, en
concurrençant les produits importés devenus moins com-
pétitifs. Parallèlement, le secteur du tourisme est avanta-
car les prix deviennent plus attractifs pour les touristes
étrangers, par rapport aux autres pays.
En revanche, une monnaie faible a pour effet d’accroître
la valeur des importations. Le coût des marchandises qui
ne sont pas produites localement augmente. C’est le cas,
pour la France, des produits énergétiques ainsi que ceux
de faible valeur ajoutée (textiles, jouets, etc.).
Recourir à une dévaluation de sa devise afin d’accroître la
compétitivité de ses entreprises et diminuer ses déficits
extérieurs n’est, de ce fait, pas chose évidente pour un
pays.
Spécialisées essentiellement dans les services financiers,
soit des produits à haute valeur ajoutée, les exportations
du Royaume-Uni sont peu sensibles à une baisse des prix.
Par conséquent, le volume des ventes ne devrait augmen-
ter que légèrement à la suite d’une dévalorisation de la
livre sterling. En revanche, du fait de sa désindustrialisa-
3
Données FMI.
4
Données Coe-Rexecode.
tion ces dernières décennies, le pays pourrait ne pas offrir
d’alternatives aux importations de marchandises, dont les
prix auront alors mécaniquement progressé.
Les avantages apportés par une monnaie forte ou faible
ne se limitent pas seulement aux échanges commerciaux.
Dans le cas d’une monnaie forte, les entreprises détien-
nent un pouvoir d’achat accru en devises étrangères. Dès
lors, il est plus facile, pour elles, de créer ou d’acquérir une
filiale dans un pays la monnaie est faible. A l’inverse,
les entreprises dont la devise nationale est sous-évaluée
peuvent devenir des proies car leur valeur aura reculé.
5. Quelles sont les solutions pour effacer les
déséquilibres intra zone euro ?
Afin de parvenir à une situation plus homogène au sein de
la zone euro, l’Allemagne se doit de réduire ses excédents.
A l’inverse, la France doit baisser son déficit commercial.
La modération salariale opérée en Allemagne au début
des années 2000 a laissé place à de fortes augmentations
salariales depuis 2012
4
et à l’instauration d’un salaire
minimum en 2015. Avec la hausse du pouvoir d’achat des
ménages, la croissance du pays reposera davantage sur la
consommation intérieure, ce qui favoriserait intrinsèque-
ment une augmentation des importations. La demande
inrieure apporterait ainsi 2,2 points de croissance au PIB
en 2016, tandis que le commerce extérieur contribuerait
négativement de 0,5 point
5
.
Pour la France, les difficultés du pays à résorber son déficit
commercial résultent d’un coût du travail élevé et d’un
positionnement des produits trop centré sur le moyen de
gamme. En diminuant le poids des charges et en jouant la
carte de l’innovation, les entreprises seraient plus armées
pour exporter davantage. Plus compétitives, les entrepri-
ses seraient également moins dépendantes du taux de
change.
5
Données INSEE.
1 / 2 100%