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La cellule eucaryote
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La cellule est la plus petite unité de la matiÚre vivante. Nous allons donc commencer par
décrire la composition chimique de cette matiÚre vivante.
I. c
oMPoSItIoN cHIMIQue De La MatIÈre VIVaNte
Les composés chimiques constituant la matiÚre vivante peuvent se répartir en deux grandes
catégories :
 Les composĂ©s organiques, c’est-Ă -dire constituĂ©s d’atomes de carbones. Il s’agit des
glucides (voir chapitre 7, p. 197), des lipides (voir chapitre 8, p. 225), des protides (voir
chapitre 9, p. 257) et des composés nucléiques (voir chapitre 3, p. 57).
 Les composĂ©s inorganiques, c’est-Ă -dire sans atomes de carbones. Il s’agit de l’eau (H2O)
et des minéraux.
A. L’eau
Chez l’Homme, l’eau reprĂ©sente environ 65 % du poids corporel (c’est-Ă -dire Ă  peu prĂšs 40 l
pour une personne de 70 kg), un peu plus chez un enfant (environ 70 %), et un peu moins
chez la personne ùgée (environ 50 %). Selon les tissus considérés, on la retrouve dans des
proportions différentes :
 Sang : 83 %
 Cerveau : 80 %
 Muscle : 75 %
 Tissu osseux : 40 à 60 %
 Tissu adipeux : 15 à 35 %
Il en est de mĂȘme pour les aliments :
 Melon : 95 %
 Laitue : 95 %
 Carotte : 85 %
 Pomme de terre : 78 %
 BlĂ© : 70 %
 Jaune d’Ɠuf : 75 %
 Poisson : 80 %
1. Structure et polaritĂ© de l’eau
L’eau est composĂ©e de 2 atomes d’hydrogĂšne et un atome d’oxygĂšne. Elle est globalement
neutre, mais Ă©galement polaire. C’est-Ă -dire qu’elle prĂ©sente une charge Ă©lectrique partielle
nĂ©gative, notĂ©e ή–, sur l’atome d’oxygĂšne, et une charge Ă©lectrique partielle positive, notĂ©e
ή+, sur chaque atome d’hydrogùne (Figure 1).
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Biologie
À cause de cette polaritĂ©, Ă  l’état liquide, les molĂ©cules d’eau adjacentes peuvent former des
liaisons hydrogÚne, liaisons entre deux charges opposées (Figure 1).
HH
ÎŽ
+
OÎŽ
–
HÎŽ
+
HÎŽ
+
OÎŽ
–
HÎŽ
+
HÎŽ
+
ÎŽ
+
O
ÎŽ
–
OÎŽ
–
HÎŽ
+
HÎŽ
+
HÎŽ
+
OÎŽ
–
HÎŽ
+
une molĂ©cule d’eau polaire
liaison hydrogÚne entre charges partielles opposées
Figure 1 Structure de l’eau, une molĂ©cule polaire
À l’état liquide, ces liaisons varient constamment, car les molĂ©cules d’eau se dĂ©placent.
Par contre, Ă  l’état solide lorsque l’on baisse la tempĂ©rature (0 °C), les molĂ©cules d’eau ne
peuvent plus se dĂ©placer, les liaisons hydrogĂšne se stabilisent, et la structure se ïŹ ge en posi-
tion cristalline. EnïŹ n, lorsque l’on augmente la tempĂ©rature (100 °C), l’énergie thermique
entraßne une forte agitation des molécules. Celle-ci va alors provoquer la rupture des liaisons
hydrogĂšnes ; l’eau est alors Ă  l’état gazeux sous forme de vapeur.
2. RĂŽles biologiques
Solvant biologique
L’eau assure la dissociation et la dispersion de certaines substances. Ces substances qui
se dissolvent facilement dans l’eau sont dites hydrophiles. Elles sont composĂ©es d’ions ou
de molĂ©cules polaires, qui attirent les molĂ©cules d’eau par l’effet de leur charge Ă©lectrique.
Les molĂ©cules d’eau vont alors entourer chaque ion ou molĂ©cule polaire Ă  la surface d’une
substance solide, et les mettre en solution. Ces ions ou molécules sont dits solubles en
solvant aqueux.
Prenons l’exemple du sel de cuisine, le chlorure de Sodium (NaCl). Les molĂ©cules d’eau vont
entourer les ions sodium (Na+) et chlorure (Cl–) provoquant leur dissociation, et donc leur
mise en solution (Figure 2).
HH
O
O
Na+
HH
H
H
O O
H
H
Chlorure de sodium
(en solution)
HH
O
Cl–
Na
Chlorure de sodium
(solide)
eau
Cl ÎŽ
–
ÎŽ
+
ÎŽ
+
H
HO
ÎŽ
+
ÎŽ
+
H
H
O
ÎŽ
+
ÎŽ
+
ÎŽ
–
ÎŽ
–
Figure 2 Exemple d’une substance hydrophile et soluble en milieu aqueux, le NaCl
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La cellule eucaryote
Les molécules qui contiennent une prépondérance de liaisons non polaires (non électrosta-
tiques), comme par exemple un groupement aliphatique (groupement composé uniquement
d’atomes de carbone et d’hydrogùne), sont insolubles dans l’eau. Elles sont dites hydro-
phobes.
GrĂące Ă  cette propriĂ©tĂ© de l’eau, l’eau biologique est utilisĂ©e comme milieu de transport
pour les molĂ©cules solubles (par exemple, l’eau contenue dans le sang permet le transport
du glucose).
RĂ©actif dans les rĂ©actions biochimiques d’hydrolyse
L’eau va ĂȘtre utilisĂ©e comme rĂ©actif dans les rĂ©actions d’hydrolyse permettant de rompre
une liaison entre deux composĂ©s d’une substance telle que :
A—B + H2O → A—OH + B—H
Par exemple, lors de la digestion, il va y avoir hydrolyse d’un glucide, le saccharose, tel que :
Saccharose + H2O → glucose + fructose
Protection mĂ©canique
Elle joue le rĂŽle de lubriïŹant dans les mucus, ou bien encore d’amortisseur mĂ©canique. Par
exemple, le liquide céphalorachidien protÚge le cerveau et la moelle épiniÚre des chocs.
ThermorĂ©gulateur
Par exemple, lors d’un effort physique, les muscles libĂšrent de l’énergie thermique. L’eau va
la rĂ©partir dans tout l’organisme, et l’évacuer au niveau cutanĂ© grĂące Ă  la sudation.
B. Les minéraux
Dans l’organisme, les minĂ©raux sont prĂ©sents sous forme d’électrolyte, c’est-Ă -dire sous
forme ionique, dans les liquides biologiques ou sous la forme de cristaux, comme par
exemple le phosphore et le calcium au niveau du tissu osseux.
On distingue trois grands types de minĂ©raux en fonction de leur quantitĂ© dans l’organisme :
Les macro-Ă©lĂ©ments
Un macro-élément est un minéral qui, chez un homme de 70 kg, représente plus de
10 grammes. Il s’agit du :
 Calcium (Ca), 1 000 g
 Phosphore (P), 780 g
 Potassium (K), 200 g
 Soufre (S), 200 g
 Sodium (Na), 100 g
 Chlore (Cl), 100 g
 MagnĂ©sium (Mg), 20 g
(Moyen mnémotechnique : « Catherine PÚse 50 Kg Sans sel (NaCl) et sans Manger »).
Les micro-Ă©lĂ©ments
Un micro-élément est un minéral qui, chez un homme de 70 kg, représente entre 1 mg et
10 g. Il s’agit de l’iode (I), du ïŹ‚uor (F), du fer (Fe), du zinc (Zn) et du brome (Br).
(Moyen mnémotechnique : « Ils font faire un zinc en brome »).
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Biologie
Les oligoĂ©lĂ©ments
Un oligoélément est un minéral qui, chez un homme de 70 kg, représente moins de 1 mg.
Il s’agit de MolybdĂšne (Mo), du manganĂšse (Mn), du chrome (Cr), de l’étain (Sn), du cuivre
(Cu), du cobalt (Co) et du silicium (Si).
(Moyen mnĂ©motechnique : « Monsieur ManganĂšse Croit avoir Ă©teint la Cuisine Comme d’habi-
tude, Six fois aujourd’hui »).
Tous ses Ă©lĂ©ments jouent des rĂŽles importants dans l’organisme sous forme d’électrolytes.
Par exemple :
 Le Ca2+, dans de la contraction musculaire,
 Le Fe2+, dans le transport du dioxygùne,
 Le Na+, K+ et Cl-, dans la transmission nerveuse,
 Le Fe2+, Mg2+, Cu2+ et Zn2+, comme cofacteur enzymatique.
II. L
a ceLLuLe eucaryote
La cellule est donc la plus petite unitĂ© de la matiĂšre vivante, c’est-Ă -dire la plus petite
unitĂ© structurale et fonctionnelle du monde vivant. Elle est donc dotĂ©e d’un mĂ©tabolisme
(Ensemble des transformations moléculaires et énergétiques permettant le fonctionnement
cellulaire) permettant sa croissance, et est capable de se reproduire.
Il existe deux types de cellules : les cellules eucaryotes, « avec noyau » et les cellules proca-
ryotes, « sans noyau » (voir chapitre 17, p. 439).
Les organismes peuvent ĂȘtre unicellulaire (une cellule) ou pluricellulaire (des milliers voire
plus, de cellules. L’Homme possùde 6.1013 cellules). Dans ce dernier cas, les cellules sont
alors différenciées, et spécialisées dans une fonction biologique particuliÚre. Les cellules spé-
cialisĂ©es dans une mĂȘme fonction forment un tissu (Exemple : les ostĂ©oblastes, ostĂ©ocytes
et ostéoclastes forme le tissu osseux), et un ensemble de tissus dont les fonctions sont
complĂ©mentaires forme un organe. EnïŹn, les organes concourant Ă  une mĂȘme fonction (de
nutrition, de reproduction, ou de communication) sont rassemblés en systÚme (Exemple :
la bouche, l’Ɠsophage, l’estomac, le pancrĂ©as, le foie, la vĂ©sicule biliaire, l’intestin et le
cÎlon forment le systÚme digestif). Il en existe 11 principaux : les systÚmes tégumentaire,
squelettique, musculaire, nerveux, endocrinien, cardiovasculaire, lymphatique, respiratoire,
digestif, urinaire et reproducteur.
A. Ultrastructure de la cellule eucaryote
La cellule est limitée par une membrane, la membrane plasmique ou cellulaire, qui constitue
une frontiÚre physique, mais également un médiateur des échanges entre le milieu extracel-
lulaire et le compartiment intracellulaire.
Elle contient le noyau, « ordonnateur » de toutes les fonctions biologiques, qui contient le
matĂ©riel gĂ©nĂ©tique, et le cytoplasme, « salle des machines » de l’activitĂ© cellulaire. Ce dernier
est constituĂ© d’une substance fondamentale, le cytosol ou hyaloplasme, siĂšge du mĂ©tabo-
lisme, dans lequel baignent les éléments de la cellule, les organites, structures spécialisées
dans des fonctions particuliÚres, délimitées du reste de la cellule par un systÚme membra-
naire, et des inclusions inertes (produits de réserve comme par exemple, les rosettes de
glycogÚne, déchets).
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La cellule eucaryote
L’ultrastructure de la cellule eucaryote, avec ses principaux organites et les diffĂ©renciations
typiques, est prĂ©sentĂ©e dans la Figure 3, Ă  l’aide d’une reprĂ©sentation schĂ©matique de la
cellule Ă©pithĂ©liale (cellule composant le tissu Ă©pithĂ©lial, tissu oĂč les cellules sont jointives).
cytosol
ribosome
vésicule golgienne
glycocalix
microvillosité
vĂ©sicule d’exocytose
espace intercellulaire
cil vĂ©sicule d’endocytose
hémidesmosome
jonction communicante
rosette de glycogĂšne
(inclusion de réserve)
desmosome
polysome
réticulum
endoplasmique
rugueux (RER)
appareil de Golgi
mitochondrie
noyau
jonction serrée
réticulum
endoplasmique
lisse (REL)
centriole
cytosquelette
lysosome
peroxysome
lame basale
Figure 3 Ultrastructure de la cellule eucaryote ; exemple de la cellule épithéliale
B. La membrane plasmique
1. Structure
Lorsqu’on l’observe au MET, il apparaüt une structure tripartite. On visualise deux feuillets
sombres de 2 nm séparés par un espace clair. Cette structure tri-feuilletée repose sur son
constituant principal, le phospholipide (voir chapitre 8, p. 225). La membrane plasmique est
en fait une bicouche phospholipidique (Figure 4). Ce lipide possÚde deux régions distinctes
par leur comportement par rapport Ă  l’eau. Il prĂ©sente une rĂ©gion hydrophile, que l’on nomme
« tĂȘte hydrophile » et une rĂ©gion hydrophobe, que l’on nomme « queues hydrophobes ». De
par cette propriĂ©tĂ©, les tĂȘtes vont donc s’orienter vers les milieux extra- et intracellulaire
(milieux aqueux), et les queues, vers l’intĂ©rieur de cette structure, au centre, pour Ă©viter au
maximum le contact avec l’eau. Les deux feuillets sombres correspondent donc aux tĂȘtes, et
l’espace clair aux queues des phospholipides (Figure 4).
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