Discussion
Les résultats préliminaires de cette nouvelle stratégie
« DOTBUR » auprès des malades en traitement ambulatoire
d’UB dans une zone de santé rurale en RDC, dans un système
décentralisé des soins, ont été satisfaisants.
Les avantages pour cette nouvelle stratégie « DOTBUR »,
comme dans le traitement de la tuberculose ont été
nombreux : surveillance directe du traitement, contrôle
journalier des effets secondaires des médicaments
administrés, contrôle et prévention des effets indésirables,
soutien moral et psychologique quotidien de l’infirmier
auprès du malade (sensé pour un adulte prendre au moins 112
comprimés de rifampicine à 300 mg pour le traitement de sa
maladie), prévention de multi résistance de la rifampicine
chez les malades tuberculeux dans une zone endémique. Cette
stratégie empêche également un emploi abusif à domicile
pour une autre maladie d’un proche que l’on considère
similaire à l’UB. Elle évite ainsi les automédications en cas de
possession d’un stock de rifampicine à la maison.
Les inconvénients ont été : l’esprit d’infantilisme évoqué par
certains malades surtout âgés, difficultés pour les patients qui
habitaient à plusieurs heures de marche du centre de santé,
indisponibilité de l’infirmier en cas de multiples urgences
médicales simultanées, présence quotidienne et fréquente au
Centre de Santé de l’accompagnant quand il s’agit d’un
enfant.
Certains confrères nous ont fait remarquer que les malades
atteints de sida sont capables de prendre correctement, tous
seuls, leurs antirétroviraux. Mais ce sont deux situations de
maladies différentes et non comparables. Pour les patients VIH,
c’est une question de vie ou de mort, ce qui n’est pas le cas
pour les malades UB porteurs d’une affection guérissable.
L’expérience de l’utilisation des téléphones portables est
difficilement réalisable dans des populations rurales pauvres
comme les nôtres, vivant dans des situations précaires.
Conclusion
Si la stratégie « DOTS » semble être la plus efficace pour
prévenir le développement de la tuberculose à bacilles multi
résistants ou TB-MR, la stratégie « DOTBUR » parait
également être la mieux adaptée pour les malades porteurs
d’UB, en traitement ambulatoire, dans un système décentralisé
de traitement afin de prévenir les résistances vis-à-vis de ce
médicament « précieux » antimycobactérien de première ligne
qu’est la rifampicine, surtout dans un pays à forte prévalence de
tuberculose comme le nôtre.
*Directy Observed Treatment of Buruli ulcer with
Rifampicin : « Traitement de l’ulcère de Buruli par la
rifampicine, sous le contrôle direct de l’infirmier »
**Département de Chirurgie (Université de Kinshasa, RDC),
Programme National de Lutte contre l’Ulcère de Buruli (Ministère
de la Santé/RDC), Institut de Médecine Tropicale
(Antwerpen/Belgique)
***Hôpital Général de Référence Evangélique de Nsona-Mpangu,
Bas-Congo (RDC)
****Bureau Central de la Zone de Santé Rurale de Nsona-
Mpangu, Bas-Congo (RDC)
U l c è r e d e B u r u l i
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Bull. de l’ALLF n° 22, janvier 2008
Figure 3. Après la prise de rifampicine selon la stratégie
« DOTBUR », le patient recevra son injection de streptomycine.
(Centre de Santé de Songololo CBCO, ZSR de Nsona-Mpangu,
RDC)
Figure 4. Patient, atteint d’ulcère de
Buruli de la jambe droite, traité par
rifampicine sous surveillance directe de
l’infirmier (stratégie « DOTBUR »).
(Centre de Santé de Songololo CBCO,
ZSR de Nsona-Mpangu, RDC).
Figure 2. Cet enfant avec un pansement sur
un UB de la cuisse gauche venait d’être
préalablement informé sur les objectifs, les
avantages et les inconvénients de la
stratégie « DOTBUR ». Elle supporte ainsi,
aisément, le traitement sous le contrôle de
l’infirmière.
(Hôpital Général de Référence Evangélique
de Nsona-Mpangu, ZSR Nsona-Mpangu,
RDC).