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Vitesse réelle et vitesse subjective
Des machines de plus en plus puissantes mises à disposition des développeurs ont malheureusement des
effets pervers. À l'époque des processeurs « lents » des années 1980 et 1990, les développeurs
investissaient beaucoup de temps pour optimiser les programmes et chaque ligne de code que l'on pouvait
économiser permettait de gagner des cycles d'horloge et donc d'aller plus vite. Les ordinateurs actuels
offrent un confort de travail qui a pour effet de diminuer la vigilance des développeurs.
En outre, les contraintes économiques obligent à toujours produire dans l'urgence, et le temps passé
autrefois optimiser le code a été sacrifié. Ainsi est-on confronté aujourd'hui à un paradoxe : les ordinateurs
sont de plus en plus rapides, mais les logiciels de plus en plus lourds et de plus en plus lents ! Au final,
l'utilisateur n'a pas la sensation d'une réelle augmentation de la vitesse, surtout pour des tâches
élémentaires comme le traitement de texte. Nombre d'utilisateurs regrettent même les ordinateurs plus
«rustiques » qui, privés de tous les gadgets dont les systèmes sont chargés aujourd'hui, étaient beaucoup
plus performants en terme de productivité.
Contrainte économique
La loi de Moore pourrait également présenter un intérêt économique de contrôle de la demande par
répartition distillée de l'offre.
En effet, la miniaturisation progresse en principe grâce à des découvertes et à des optimisations
ponctuelles, réalité peu conforme à la régularité de l'évolution exponentielle spécifiée par la loi de Moore. En
maîtrisant dans le temps la diffusion des applications technologiques nouvelles, il est possible que les
géants des semi-conducteurs définissent eux-mêmes un modèle stable de consommation, [réf. nécessaire]
et s'assurent ainsi d'une correspondance entre leurs efforts d'innovation et les désirs de renouvellements de
leur clientèle. L'autolimitation de l'offre obligerait ainsi les consommateurs à mettre à jour régulièrement leur
matériel.
Pour être effective, il faudrait néanmoins qu'une telle autolimitation de l'offre puisse s'appuyer sur une
cartellisation forte du marché.
Dans ce cas, assez inédit dans l'histoire du capitalisme, les lois du marché obligeraient à brider l'innovation
pour assurer une rente à l'ensemble du secteur concerné.
"The Wall"
En 1965, Gordon Earle Moore, constatait l'évolution exponentielle de la capacité des mémoires et de la
performance de calcul des puces microprocesseur (On rappellera qu’en 1965, le circuit le plus performant
comportait 64 transistors). Cette augmentation exponentielle fut nommée compte tenu de l'ajustement
ultérieur, première Loi de Moore. En 1980, Moore énonce une seconde loi selon laquelle le nombre de
transistors des microprocesseurs cette fois (la loi initiale s’appliquait aux circuits intégrés moins complexes
puisque formés de composants indépendants) sur une puce de silicium, double tous les deux ans. Bien que
simple loi empirique, cette prédiction s'est révélée étonnamment exacte et est toujours réaliste aujourd'hui.
Et elle pourrait en principe le rester jusque vers 2015 avant qu'on ne soit réellement confronté aux effets
quantiques. En 2015, ces processeurs devraient donc contenir plus de 15 milliards de transistors.
En 1999 le transistor CMOS dit « ultime » développé au Leti à Grenoble a poussé à ses limites le principe
du transistor MOSFET avec une section de 18 nm (la dimension d’environ 70 atomes mis côte à côte), c’est
7 fois plus petit que le plus petit transistor industriel de 2003 (130 nm en 2003, 90 nm en 2004,
65 nm fin 2005). Il permettrait un degré d’intégration théorique de 7 Milliards de jonctions sur une pièce de 1
Euro. Mais il ne s’agissait-là que d’une simple expérience de recherche pour étudier le fonctionnement des
technologies CMOS lorsque l’on s’approche de la taille moléculaire. On serait encore incapable à ce jour de
maîtriser l’assemblage coordonné d’un très grand nombre de ces transistors sur un circuit et encore moins
de réaliser cela sur un plan industriel.
Le coût de la technologie permettant la réalisation de puces intégrant de plus en plus de transistors
augmente dans des proportions vertigineuses - une autre loi empirique de la Silicon Valley, la loi de Rock,
stipule ainsi que le coût de fabrication d’une puce double tous les 4 ans- car le procédé de fabrication, la
photolithographie, utilisé depuis une quarantaine d’année se rapproche toujours plus de ses limites
physiques. Ainsi en 2004, Intel a annoncé un investissement de plus 2 milliards de dollars dans son usine
Fab12 en Arizona pour la fabrication de puces à partir de wafers de 300 mm de diamètre, qui ont remplacé
les wafers 200 mm vers la fin 2005.