Le botulisme - Une urgence médicale

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Le botulisme
Une urgence médicale
Le botulisme est une maladie grave, mais relativement rare,
provoquée par une toxine extrêmement puissante synthétisée
dans les aliments par une bactérie, Clostridium botulinum. Il n’y
a pas de contagion interhumaine.
O
n connaît sept types de botulisme. Quatre d’entre eux (les
types A, B, E et, rarement, F) sont
pathogènes pour l’homme et les
autres (C, D et E) le sont pour les
mammifères, les oiseaux et les
poissons. On trouve couramment
les spores de la bactérie dans le
sol, les sédiments marins et les
poissons. Les spores sont résistantes à la chaleur et germent dans
des conditions d’anaérobie. Les
bactéries peuvent ensuite se développer et synthétiser la toxine.
Symptômes
C’est la toxine et non la bactérie
elle-même qui provoque les symptômes. Ceux-ci apparaissent en
général entre 12 et 36 heures après
l’ingestion, avec un minimum de
4 heures et un maximum de
8 jours. Le traitement doit être immédiat. Les premiers symptômes
sont caractérisés par une asthénie
marquée, une sensation de faiblesse et des vertiges. Les troubles
visuels, la sécheresse buccale et les
troubles de l’élocution et de la déglutition apparaissent ensuite. Des
vomissements, de la diarrhée ou
de la constipation et un ventre ballonné peuvent s’observer. La maladie évolue vers une faiblesse du
cou et des bras avant de toucher
les muscles respiratoires et ceux
du bas du corps. La paralysie peut
rendre la respiration difficile.
Il n’y a pas de fièvre, ni de perte de
conscience. En général, des symptômes identiques apparaissent
chez les personnes ayant partagé
les mêmes aliments. La plupart des
cas guérissent s’ils sont traités
immédiatement et correctement.
On a établi différents types d’intoxication à la toxine botulique :
– le botulisme alimentaire par
l’ingestion de légumes peu acides
en conserve, de poisson, de produits carnés. Une cuisson normale (5 minutes à 85 °C ou
quelques minutes d’ébullition)
détruit la toxine ;
– le botulisme par inhalation
survient après inhalation de la
toxine (dans un aérosol) chez des
personnes travaillant en laboratoire. Dans ce cas, les symptômes
neurologiques peuvent être identiques à ceux du botulisme alimentaire, mais avec une incubation éventuellement plus longue ;
– le botulisme à transmission hydrique résulte également de l’ingestion de la toxine. Le risque est
faible grâce au traitement des
eaux inactivant la toxine ;
– le botulisme infantile est rare.
Il survient quand un nourrisson
ingère des spores qui germent et
donnent des bactéries se reproduisant dans l’intestin et libérant
la toxine.
Le botulisme peut être d’origine
inconnue, touchant en général des
adultes, sans que l’alimentation ou
une plaie puisse en expliquer la
cause. On a émis l’hypothèse que
ces cas pouvaient survenir en raison des modifications de la flore
intestinale provoquées par une
chirurgie ou une antibiothérapie.
Le botulisme par inoculation,
rare, est dû à la contamination
d’une plaie ouverte par des spores
pouvant ensuite germer en milieu
anaérobie.
Ces derniers temps, la toxine botulique a été le sujet de discussions. En effet, la bactérie en
cause, Clostridium botulinum, est
la même que celle utilisée dans les
injections de Botox®, qui vient
d’être autorisé en France, mais
dans les applications cliniques et
cosmétiques. Il s’agit d’une neurotoxine A purifiée et diluée. Le
traitement doit être administré en
milieu médical, ajusté aux besoins
du patient et il est en général bien
toléré. Cependant, on a observé
des effets indésirables de la toxine
purifiée après son utilisation.
Prévention
La prévention du botulisme repose
sur la bonne préparation des denrées alimentaires (notamment des
conserves) et sur l’hygiène. Cette
maladie peut être évitée en inactivant les spores bactériennes dans
les produits en conserve stérilisés
à chaud et en inhibant la croissance dans tous les autres produits. Si l’on soupçonne une exposition par l’intermédiaire d’un
aérosol, le patient doit enlever ses
vêtements, les mettre dans des sacs
en plastique où ils resteront jusqu’au moment du lavage au savon
et à l’eau, afin d’éviter à lui-même
et aux agents soignants de nouvelles expositions. Il doit également se doucher soigneusement.
Il faut prélever immédiatement
des échantillons d’eau et d’aliments en relation avec les cas suspects, les conserver dans des sacs
ou récipients hermétiquement fermés, puis les envoyer à un laboratoire de référence pour éviter de
nouveaux cas. Une fois le diagnostic clinique posé, l’administration d’antitoxine est indiquée
aussi rapidement que possible. Les
cas graves requièrent un traitement symptomatique, notamment
la ventilation assistée, qui peut
s’avérer nécessaire pendant des semaines, voire des mois. Les antibiotiques sont inutiles (sauf dans
le cas de botulisme par inoculation). Il existe bien un vaccin antibotulique, mais il est très rarement utilisé : son efficacité n’a pas
été complètement évaluée et des
effects secondaires existent.
A.-L.P.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 46 - mai 2003
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