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"déviationniste", est arrêtée et condamnée à cinq ans de travail forcé dans un "camp d'amélioration", à Karaganda, dans
les steppes du Kazakhstan sibérien. Un "geste d'amitié" de Staline à Hitler, en 1940, lui vaut d'être livrée à la Gestapo,
avec d'autres prisonniers allemands et autrichiens, à Brest-Litowsk. Margarete sera internée au camp de concentration
pour femmes de Ravensbrück, d'août 1940 jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontrera Milena Jesenská,
célèbre journaliste tchèque à qui, au début des années vingt, Kafka avait adressé les magnifiques Lettres à Milena. En
1963, Margarete consacrera à son amie un bouleversant témoignage d'amour, Milena, tenant ainsi la promesse qu'elle
avait faite à Milena, alors que celle-ci, en mai 1944, agonisait à l'infirmerie du camp. Après la guerre, le témoignage de
Margarete Buber-Neumann au procès Kravchenko devait faire sensation. C'était la première fois qu'un témoin digne de
foi venait attester l'existence des camps de déportés politiques en Sibérie.
Le présent livre est une réédition de l'ouvrage publié en 1949 par les Cahiers du Rhône (La Baconnière et Editions du
Seuil), avec une postface d'Albert Béguin. En 1948, l'Allemagne et la Suède avaient déjà publié ce document dans un
gros livre qui regroupait à la fois ce récit et celui concernant la déportation à Ravensbrück, sous le titre unique :
Déportée sous Staline et Hitler
Buber-Neumann, Margarete . - Déportée à Ravensbrück . - Seuil. – 1988.
Margarete Buber-Neumann, née en 1901 à Potsdam, elle fut la compagne de Heinz Neumann, l'un des
leaders du Parti communiste allemand dans les années 20. A Moscou, où ils se sont réfugiés pour fuir le
nazisme, Heinz est arrêté et porté disparu. Margarete est envoyée en Sibérie puis, en 1940, livrée à la
Gestapo par Staline. Libérée en 1945, Margarete Buber-Neumann vivra à Francfort où elle décédera le 6
novembre 1989.
En 1940, Margarete Buber-Neumann est internée au camp de Ravensbrück où elle survivra jusqu'en
avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontre Milena Jesenskà, dont elle veillera l'agonie sur une
paillasse de l'infirmerie en mai 1944, et à qui elle consacrera une admirable biographie, Milena. A la
sortie du camp, épuisée, enfin libre, elle entreprend un extraordinaire périple à travers l'Allemagne exsangue. La
précision du témoignage sur Ravensbrück a fait de ce livre un document capital sur la déportation, second volet de son
ouvrage Prisonnière de Staline et de Hitler.
Delbo, Charlotte . - Le convoi du 24 janvier. - Minuit. – Grands documents. - 1998.
Venues de toutes les régions de France et de tous les horizons politiques, issues de toutes les couches
sociales, représentant toutes les professions, d'âges mêlés mais où dominait la jeunesse, deux cent trente
femmes quittaient Compiègne pour Auschwitz, à trois jours et trois nuits de train dans les wagons à
bestiaux verrouillés, le 24 janvier 1943.
Sur deux cent trente, quarante-neuf reviendraient, et plus mortes que vives.
La majorité d'entre elles étaient des combattantes de la Résistance, auxquelles était mêlée la proportion
habituelle de “ droit commun ” et d'erreurs judiciaires.
Nous disons “ proportion habituelle ” parce qu'il est apparu que deux cent trente individus constituaient
un échantillon sociologique, de sorte que ce livre donne une image de tous les convois de déportés, montre tous les
aspects de la lutte clandestine et de l'occupation, toutes les souffrances de la déportation.
Charlotte Delbo, comme Picasso (Guernica), comme Alain Resnais (Nuit et brouillard), comme Claude Lanzmann
(Shoah), a choisi de rendre compte des camps nazis par la distance particulière de l’art – cette fois l’écriture.
Charlotte Delbo fut l’une des quarante-neuf rescapées du camp d’Auschwitz sur les deux cent trente femmes déportées
“ politiques ” que comptait le convoi du 24 janvier 1943.
Elle est décédée le 1er mars 1985.
Edelman, Marek. - Mémoires du ghetto de Varsovie : un dirigeant de l'insurrection raconte. -
Liana Levi. – Piccolo. - 2002.
Marek Edelman, né en 1921, militant au Bund, membre de l'état-major de l'insurrection du ghetto,
prend part à l'insurrection de la ville de Varsovie en 1944. Après la guerre, il fera des études de
médecine, et dirigera un service de cardiologie à l'hôpital de Lodz. Membre de Solidarnosc dans les
années 80, il est aujourd'hui une figure incontournable de la vie publique polonaise.
Varsovie, 19 avril 1943 : la Wehrmacht attaque le ghetto pour liquider ses derniers occupants. Ceux-ci
ripostent par les armes. Marek Edelman, vingt ans, fait partie de l'état-major de cette insurrection qui
tiendra vingt jours. Le 10 mai, alors que le ghetto est en flammes, il parvient à s'échapper par les
égouts. En 1945, il fera le récit sobre de ce combat désespéré et de cette "vie à la frontière de la mort".
C'est ce témoignage d'exception qui est présenté ici.
"Il ne s'agissait pas pour eux de vaincre l'adversaire, le nazi, mais de l'emporter sur le silence, l'indifférence, l'oubli."