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ceux qui ont le malheur de le connaître »
. Le dossier s’arrête avec la nouvelle de sa mort
dans le journal parisien ‘Le Matin’ du 29 Ottobre 1936 : « Nouvelles en trois lignes. Le
comte Sarmiento, qui offrit cette année, au Petit Palais, une importante collection
d’œuvres modernes, est tué dans un accident d’auto »
Partiellement reconstruite la figure d’Emanuele Sarmiento, on peut imaginer les raisons
qui l'ont poussé à donner des œuvres d'art d’une valeur si élevée. Si sa mégalomanie est
certainement soulignée dans les documents de l'État Italien, il y a un grain de vérité: sans
doute le don des tableaux italiens aurait pu être une excuse pour obtenir une certaine
reconnaissance ou une position officielle de l'Etat italien, étant donné que selon les
témoignages qu’on a, sa générosité ne semble pas désintéressée.
L’image de Sarmiento décrite par Maximilien Gauthier dans son discours pour l’ouverture
de la salle du Musée de Grenoble dédiée aux tableaux donnés par Sarmiento est
complètement différent. Le collectionneur-donateur paraît être bien aimé « dans le milieu
artistique de Paris, pour (…) la facilité de ses gestes de brave homme et de mécène à
l’égard des artistes méritants. »
. Gauthier ne pouvait pas affirmer le contraire, bien sûr et
Sarmiento de son côté a vraiment comme principal souci, « de travailler à nous faire aimer
l’Italie autant qu’il aime, lui, la France »
, mais ce que nous ne saurons jamais est la réelle
motivation qui a poussé Sarmiento à la donation, son ambition ou sa générosité. On sait
cependant que c’est Gauthier qui lui a suggéré le Musée de Grenoble comme destination
pour les tableaux : « Il me confiait son intention de faire don à un grand Musée français
d’une collection d’art italien moderne. Je lui conseillai Grenoble »
Les Musée de Grenoble a été le premier et le plus ancien musée d’art moderne de
France. Son histoire commence à la fin du XVIII siècle, mais c’est dès 1920, grâce à
l’action du conservateur Andry-Farcy
que sont entrées dans ses collections des œuvres
Riservata A S.E. il Capo della Polizia / A S.E. il Capo dell’Ufficio Stampa del Capo del Governo, sans
datation, Archivio centrale dello Stato, Ministero Interno divisione Polizia Politica, busta n°1212, dossier
Emanuele Sarmiento
Archivio centrale dello Stato, cit., Dal quotidiano parigino “Le Matin” del 29 Ottobre 1936.
Discours de M. Maximilien Gauthier, Fiche Filippo de Pisis, archives Musée de Grenoble R248.
Ivi., Discours de M. Maximilien Gauthier
Ivi. Discours de M. Maximilien Gauthier
Pierre-André Farcy est un artiste et conservateur du musée français, né à Charleville le 18 mai 1882,
décédé à Grenoble le 5 juillet 1950. Il étudie à Paris, l'École nationale des Arts décoratifs , l'École Nationale
des Beaux-Arts où Fernand Cormon est son maître. Il expose au Salon d'automne en 1905 et au Salon de
Lyon. Il devient journaliste, critique, et dessinateur au Petit Dauphinois à la même époque et il s’intègre dans
les milieux d'avant-garde à Grenoble. Il est nommé conservateur au Musée de Grenoble en 1919 (succédant
à Jules Bernard) aux dépens de Tancrède Bastet. Ayant tissé des relations fortes avec les artistes de son
époque, il fait entrer au musée une importante collection d'art moderne (Picasso, Bonnard, Matisse), en