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ETUDE
ENVIRONNEMENT
ETUDE ENVIRONNEMENT
ETUDES REGIONALES
ETUDE SUR L'ÉVOLUTION DU SECTEUR DE L'INFORMATION, LA SENSIBILISATION ET L'ÉDUCATION À L'ENVIRONNEMENT ET AU
DÉVELOPPEMENT DURABLE VERS L'ÉCOCITOYENNETÉ EN RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR.
Pilotage : Service Education à l'Environnement et Démarches Ecocitoyennes - DDS-SEEDE
Organisme(s) réalisant l'étude : VIVIANE HAMON CONSEIL
Auteur de l'étude : HAMON (Viviane);CLOZEL (Cécile)
Date : 01/2014
Domaine : IR ENVIRONNEMENT-POLLUTION-RISQUE
Dans un monde en mutation, dans lequel l'articulation des champs de l'environnement, du social et de l'économique est profondément interpelée, le
secteur de l'EDD se trouve particulièrement traversé par des interrogations relatives à son rôle, sa place dans les mutations en cours. La Région
Provence-Alpes-Côte d'Azur, particulièrement concernée par ces réflexions, a souhaité conduire une démarche spécifique sur "L'évolution du secteur de
l'information, la sensibilisation et l'éducation à l'environnement et au développement durable vers l'écocytoyenneté en région Provence-Alpes-Côte
d'Azur" avec la volonté d'y impliquer largement l'ensemble des acteurs régionaux de ce secteur, qu'ils soient du côté de l'offre ou de la demande. La
présente synthèse vise à rendre compte des conclusions du processus de réflexion collective, animé par le cabinet et nourri d'investigations
complémentaires et de terrain et à exposer les principales propositions qui en découlent pour les acteurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Le présent document de synthèse a pour objectif de conclure l'ensemble de cette démarche, dont la méthodologie est présentée de manière graphique
en annexe 1.
La liste des participants au processus de réflexion collective fait l'objet de l'annexe 2.
La liste des productions intermédiaires sur lesquelles il est fondé est proposé en annexe 3.
HAMON (Viviane) ; CLOZEL (Cécile) REGION PACA ; Etude sur l'évolution du secteur de l'information, la sensibilisation et l'éducation à l'environnement et au
développement durable vers l'écocitoyenneté en Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. 6
Réf. : DOC00092283
Service Documentation Régionale
« ÉTUDE SUR L’ÉVOLUTION DU SECTEUR DE
L’INFORMATION, LA SENSIBILISATION ET L’ÉDUCATION À
L’ENVIRONNEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ EN RÉGION PROVENCE-ALPESCOTE D'AZUR »
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR
Marché n° 2013-088
RAPPORT FINAL - SYNTHÈSE DE LA MISSION
Janvier 2014
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
2
SOMMAIRE
1. EN ARRIERE-PLAN, UN CONTEXTE EN PROFONDE MUTATION................................................ 4
1.1. UNE QUESTION POSEE DANS UN FOISONNANT CONTEXTE DE REFLEXION ................................................ 4
1.2. LA PLACE ET LE ROLE DE L’EEDD : UNE QUESTION D’ORDRE SOCIETAL ................................................ 4
1.3. UNE INTRODUCTION EN FORME DE CONCLUSION : ACCOMPAGNER UNE MUTATION DE SOCIETE................ 5
2. CINQ ENJEUX ESSENTIELS A PRENDRE EN COMPTE................................................................ 8
2.1. ACCOMPAGNER LA TRANSITION : DES POSTURES PEDAGOGIQUES A RENFORCER ................................... 8
2.1.1. DE LA SENSIBILISATION DE MASSE A LA DIVERSITE DES DEMARCHES.................................................... 8
2.1.2. DES APPROCHES « ELEMENTAIRES » AUX APPROCHES SYSTEMIQUES ................................................. 9
2.1.3. DU GUIDAGE A L’ACCOMPAGNEMENT ................................................................................................. 9
2.2. PENSER L’ACTION, ACTER LES IDEES ................................................................................................. 10
2.2.1. ÊTRE LE CHANGEMENT QUE L’ON SOUHAITE VOIR AU MONDE ............................................................ 10
2.2.2. COMMUNIQUER PAR LA PRAXIS ET DANS LA PRAXIS ET NON COMMUNIQUER SUR ; COMMUNIQUER AVEC
ET NON « A »........................................................................................................................................... 11
2.3. S’APPUYER SUR LES CAPACITES D’INITIATIVE ET LA FORCE DES « MINORITES ACTIVES » ...................... 12
2.3.1. PRENDRE DES RISQUES, SORTIR DES SENTIERS BATTUS................................................................... 12
2.3.2. ÊTRE DES « VEILLEURS »............................................................................................................... 12
2.4. DEMULTIPLIER ET TRANSFERER......................................................................................................... 13
2.4.1. TRANSMETTRE SON EXPERIENCE D’EDUCATEUR .............................................................................. 13
2.4.2. ESSAIMER ..................................................................................................................................... 13
2.4.3. SE RECENTRER ............................................................................................................................. 14
2.5. COMMUNIQUER ET SUSCITER LA CONFIANCE DANS LES COMPETENCES DES ASSOCIATIONS D’EEDD .... 14
3. DES OBJECTIFS ET DES MOYENS POUR REPONDRE A CES ENJEUX................................... 15
3.1. GARDER SA PLACE D’INNOVATEUR ET DE PIONNIER ............................................................................ 15
3.1.1. « FAIRE ECOLE » ........................................................................................................................... 15
3.1.2. ÊTRE DANS L’INVENTION/INNOVATION SOCIETALE ET CITOYENNE....................................................... 15
3.2. CULTIVER L’ANCRAGE TERRITORIAL POUR DES DEMARCHES GLOBALES, INTEGREES ............................ 15
3.3. S’ADAPTER A LA DIVERSITE DES ATTENTES ET A LA SEGMENTATION DU PUBLIC ................................... 16
3.4. SORTIR DE L’ECONOMISME ET DU TOUT MARCHE ................................................................................ 16
3.5. ÉVALUER SON ACTION POUR COMMUNIQUER PAR LA PRAXIS ............................................................... 17
3.6. PENSER LE COLLECTIF ET LES RESEAUX EN TERMES HORIZONTAUX .................................................... 18
3.7. SAVOIR CAPITALISER SUR SES ATOUTS ET CORRIGER SES FAIBLESSES ............................................... 18
3.7.1. PRINCIPALES FORCES REPEREES.................................................................................................... 19
3.7.2. PRINCIPALES FAIBLESSES REPEREES .............................................................................................. 20
GROUPE DE TRAVAIL
Rapport final - Synthèse de la mission
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3
4. DES PISTES POUR AGIR................................................................................................................ 22
4.1. DES PISTES POUR L’ACTION DE LA REGION ET DE SES DIFFERENTS SERVICES EN MATIERE D’EEDD,
D’ENGAGEMENT ECOCITOYEN ET DE MODALITES DE PARTENARIAT AVEC LES ACTEURS DE L’EEDD ............. 22
4.1.1. AGIR SUR LE « FLECHAGE » DES FINANCEMENTS ............................................................................. 22
4.1.2. EXPLICITER SES CRITERES ET LES OUVRIR AU DEBAT ....................................................................... 24
4.1.3. ŒUVRER AU SEIN DU CONSEIL REGIONAL POUR QUE L’EEDD DEVIENNE UNE DEMARCHE TRANSVERSE,
PARTAGEE PAR TOUS ............................................................................................................................... 25
4.1.4. S’ENGAGER DANS UNE DEMARCHE DE CONCERTATION ET DE CONTRACTUALISATION AVEC LES
TERRITOIRES ........................................................................................................................................... 25
4.2. DES PISTES POUR LE REPOSITIONNEMENT STRATEGIQUE DES ACTEURS DE L’EEDD (INDIVIDUELLEMENT
ET/OU PAR LE BIAIS DE LEURS ORGANISATIONS COLLECTIVES ET FEDERATIONS)......................................... 26
4.2.1. S’ENGAGER DANS UNE STRATEGIE DE FORMATION DE SES SALARIES ET BENEVOLES .......................... 26
4.2.2. ORGANISER COLLECTIVEMENT LA VEILLE ET L’INNOVATION ............................................................... 27
4.2.3. CONSOLIDER SES PARTENARIATS ET SES ANCRAGES TERRITORIAUX ................................................. 27
4.2.4. DEVENIR PLUS PRESENTS DANS LE SECTEUR DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE,.......................... 28
4.2.5. ET CELUI DE LA RECHERCHE EN EDUCATION .................................................................................... 28
4.2.6. MIEUX EVALUER, MIEUX VALORISER, A TOUS LES NIVEAUX OPERATIONNELS ....................................... 28
4.2.7. PENSER LES CONDITIONS STRUCTURELLES DE LA MUTATION ............................................................ 29
ANNEXE 1. METHODOLOGIE GENERALE........................................................................................ 30
ANNEXE 2. PHILOSOPHIE ET COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL .................................... 31
ANNEXE 3. LISTE DES PRINCIPALES PRODUCTIONS INTERMEDIAIRES ................................... 32
GROUPE DE TRAVAIL ............................................................................................................................... 32
ÉTAT D’ESPRIT DU SECTEUR .................................................................................................................... 32
EXPLORATION DE LA DEMANDE ................................................................................................................ 32
ANALYSE D’INITIATIVES REMARQUABLES .................................................................................................. 32
ANNEXE 4. LES DIVERSES ATTENTES DE L’ECOCITOYEN .......................................................... 33
GROUPE DE TRAVAIL
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1. En arrière-plan, un contexte en profonde mutation
1.1. Une question posée dans un foisonnant contexte de réflexion
Dans un monde en mutation, dans lequel l’articulation des champs de l’environnement, du
social et de l’économique est profondément interrogée, le secteur de l’EEDD se trouve
particulièrement interpelé.
Précurseur de ce mouvement sociétal, qu’il a largement contribué à nourrir et à faire évoluer,
ce secteur ne manque pas d’être aujourd’hui traversé par des interrogations relatives à son
rôle, sa place dans les mutations en cours, et aux conséquences à prendre en compte pour son
action.
En témoigne le foisonnement de rencontres et de réflexions qui a marqué les derniers mois,
parmi lesquelles on peut plus particulièrement noter : les Assises Nationales de l’EEDD
(Mars 2013) et les nombreux travaux préparatoires qu’elles ont suscités ; la mobilisation de
l’Espace National de Concertation, en vue de préparer sa participation à la Conférence
environnementale (Septembre 2013) ; la saisine du Conseil Économique Social et
Environnemental1 (Juillet 2013)2 ; et, en région, les Assises de la Plateforme régionale de
concertation (Novembre 2013).
La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, particulièrement concernée par ces débats, a souhaité
conduire une réflexion spécifique sur « L’évolution du secteur de l’information, la
sensibilisation et l’éducation à l’environnement et au développement durable vers
l’écocitoyenneté en région, Provence-Alpes-Côte d'Azur », avec la volonté d’y impliquer
largement l’ensemble des acteurs régionaux de ce secteur, qu’ils soient du côté de l’offre ou
de la demande (existante ou potentielle).
La présente synthèse vise à rendre compte des conclusions du processus de réflexion
collective, animé par notre cabinet et nourri d’investigations complémentaires —
documentaires et de terrain — et à exposer les principales propositions qui en découlent pour
les acteurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
1.2. La place et le rôle de l’EEDD : une question d’ordre sociétal
Compte tenu des enjeux sociétaux qui sous-tendent les interrogations relatives à la place et au
rôle de l’EEDD, il a été décidé, pour conduire cette mission, d’adopter une démarche basée
sur l’approche et les outils du marketing sociétal, avec plus particulièrement :
• un état des lieux de la demande sociétale : celle des citoyens d’une part, mais
surtout celle des acteurs intermédiaires — publics ou privés —en situation de
médiation avec les citoyens et de partenariat potentiel avec les structures
d’EEDD, en Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
• la prise en compte des caractéristiques du secteur, son histoire, ses valeurs, sa
culture, ses modes d’action, en Provence-Alpes-Côte d'Azur ;
1
« Le gouvernement a fait de l'éducation et de la formation une priorité de son action. Dans un tel cadre, l'éducation à
l'environnement doit accompagner cette ambition pour renforcer la capacité de notre société à mieux prendre conscience d'un
destin commun planétaire, à comprendre les interdépendances entre les grands enjeux contemporains et à agir,
individuellement comme collectivement, pour mener à bien la transition écologique ; celle-ci doit être comprise par chacun à
la fois comme une condition nécessaire pour un développement soutenable et comme une opportunité d'adaptation des
activités économiques à ces enjeux. »
2
A ces débats sur la scène nationale et régionale, nous aurions pu également ajouter les travaux conduits dans le cadre
international : UNESCO, 7e World Environmental Education Congress (WEEC)…
GROUPE DE TRAVAIL
Rapport final - Synthèse de la mission
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•
5
une démarche réflexive et participative de cadrage de la mission, de validation
des enjeux perçus, de co-construction des objectifs et d’ouverture des pistes
d’action.
Le présent document de synthèse a pour objectif de conclure l’ensemble de cette démarche,
dont la méthodologie est présentée de manière graphique en annexe 1. La liste des
productions intermédiaires sur lesquelles il est fondé est proposée en annexe 3. La liste des
participants au processus de réflexion collective fait l’objet de l’annexe 2.
1.3. Une introduction en forme de conclusion : accompagner une mutation de société
On peut aujourd’hui légitimement parler d’une crise du secteur de l’EEDD, celle-ci étant très
largement amplifiée par un contexte économique tendu et une remise en question de ses
assises financières. Il s’ensuit un contexte peu favorable au nécessaire temps serein d’un
repositionnement du secteur, basé sur une vision prospective partagée traduite dans quelques
visées et directions claires et partagées. La multiplicité des acteurs, des collectifs, des réseaux,
des prises de position et la démultiplication des propositions, des appels au changement, des
interpellations nuisent à la lisibilité globale du secteur et du projet qu’il est en mesure de
proposer et d’accompagner.
Pourtant, à l’issue de notre mission et du travail collectif qu’elle a suscité, quelques solides
points d’ancrage apparaissent clairement et constituent une base robuste pour le
repositionnement du secteur. Nous retiendrons tout particulièrement les quatre suivants :
1) Après quelque trente années, voire plus, d’engagement et d’actions de terrain, on peut dire
que les objectifs initiaux de l’éducation à (par, pour, avec…) l’environnement, puis de
l’éducation à l’environnement et au développement durable, sont aujourd’hui atteints : un
large public, les citoyens, est aujourd’hui réellement sensibilisé à l’environnement et au
développement durable ; bon nombre d’enquêtes en attestent3, ainsi que l’ensemble des
acteurs qui ont été consultés dans le cadre de cette mission4. Même si l’on peut encore douter
de la qualité et de la profondeur de cette sensibilisation et de la pertinence des représentations
qui habitent le citoyen, il s’agit donc aujourd’hui de franchir une nouvelle étape, qui au-delà
de la sensibilisation, permettra d’engager un pas de plus vers le changement ; les attentes des
citoyens (de « l’écocitoyen5 ») se font aujourd’hui à la fois plus précises et plus diverses (voir
annexe 4).
2) La conviction qu’un changement de paradigme, qu’une transition majeure
s’impose(ro)nt nécessairement et progressivement à l’ensemble de notre société est
largement partagée par tous les acteurs que nous avons rencontrés au cours de notre mission.
Bien sûr, ce sont des personnes engagées et impliquées dans le développement durable — au
sein de leur entreprise, de leur collectivité locale, de leur institution… En ce sens, ils
pourraient constituer une exception, une niche, un groupe marginal, ce qui est le lot de toutes
les avant-gardes6.
Mais ce sont aussi des partenaires actuels ou potentiels et donc de précieux alliés du secteur
de l’EEDD. La conviction dont ils sont globalement porteurs offre une visée commune
partagée dont le secteur doit se saisir.
3
Voir diaporama - document annexe
Voir document de synthèse relatif à l’exploration de la demande
5
Dont une définition robuste et partagée resterait vraisemblablement à donner.
6
Une avant-garde qui porte des valeurs humanistes de croyance en un progrès humain possible, ce qui constitue le socle de
base de l’éducation populaire, affrontée aujourd’hui à une ligne mouvante de rapports de force et de directions possibles et à
une incertitude quant à l’interprétation possible des signaux faibles constatés aujourd’hui.
4
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3) Les questions du changement, et du rôle de l’EEDD par rapport à celui-ci, sont posées à
plus d’un niveau, que ce soit :
§ nationalement :
- inscription de l’EEDD dans la Charte de l’environnement (art 8) adossée à la
Constitution française ;
- les diverses circulaires du Ministère de l’éducation nationale sur l’intégration du
développement durable dans les programmes et de démarches de développement
durable dans les établissements ;
- le projet politique de transition énergétique et écologique ;
- la table ronde EEDD lors de Conférence environnementale de 2013 et ses
propositions.
§ ou internationalement :
- Sommet de la Terre de RIO (et RIO+20) ;
- travaux du GIEC,
- accord de Kyoto… .
Même si certains de ces événements sont restés sans effets significatifs et peuvent conduire à
s’interroger sur les volontés réelles qui les sous-tendent, ils traduisent néanmoins la vitalité
d’un questionnement général.
4) À la clarté de cette visée commune œuvrant pour la transition sociétale, s’ajoute une autre
conviction partagée, celle de la nécessaire transformation des outils de pensée et d’action. Les
vieux modèles ne marchent plus. La pensée analytique dominante doit être remplacée par une
éducation à la complexité et à la pensée systémique7. Aux démarches prescriptives
descendantes et comportementalistes doivent se substituer le respect de l’expertise d’usage et
l’éducation à la participation pour que le citoyen trouve sa place dans le débat public : « nous
préparer ensemble à décider ensemble8 ».
« Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot "complexus", "ce qui est
tissé ensemble". Les constituants sont différents, mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure
d’ensemble. Le vrai problème (de réforme de pensée) c’est que nous avons trop bien appris à séparer.
Il vaut mieux apprendre à relier. Relier, c’est-à-dire pas seulement établir bout à bout une connexion,
mais établir une connexion qui se fasse en boucle. Du reste, dans le mot relier, il y a le "re", c’est le
retour de la boucle sur elle-même. Or la boucle est autoproductive. À l’origine de la vie, il s’est créé
une sorte de boucle, une sorte de machinerie naturelle qui revient sur elle-même et qui produit des
éléments toujours plus divers qui vont créer un être complexe qui sera vivant. Le monde lui-même s’est
autoproduit de façon très mystérieuse. La connaissance doit avoir aujourd’hui des instruments, des
concepts fondamentaux qui permettront de relier. »
Edgard Morin, « Science avec conscience », 1982
Pour comprendre la complexité du monde actuel, dans ses interrelations multiples, Edgard
Morin nous invite à substituer au mode dominant de pensée analytique un mode de pensée
complexe systémique, qui apprend à relier. Mais quels sont les lieux, quelles sont les
expériences où sont développés des outils et des méthodes d’éducation à la pensée complexe
et planétaire ? Ne faudrait-il pas les recenser, les fédérer, les mettre en relation pour tirer les
meilleurs enseignements de leurs pratiques ?
7
Voir tout particulièrement l’audition de Michel Hortolan, au CESE : http://www.lecese.fr/content/audition-de-michelhortolan-president-de-lifree
8
Michel Hortolan, opus cité. Au-delà du changement sociétal, cette position appelle également une profonde mutation des
fonctionnements politiques et économiques actuels.
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Dans ces domaines, il apparaît que les acteurs de l’EEDD peuvent partir particulièrement bien
armés — d’autant plus qu’ils en ont été à la fois les défricheurs et les promoteurs au cours des
décennies écoulées — pour peu qu’ils sachent eux aussi, sans perdre leurs valeurs, leur
culture et la puissance de leurs outils pédagogiques, opérer les transitions nécessaires qui
leur permettront de garder leur position innovatrice de précurseurs et conserver l’avance
acquise9.
Les développements qui vont suivre vont aborder successivement :
• les grands enjeux sociétaux auxquels les acteurs de l’EEDD doivent répondre ;
• les principaux objectifs qu’ils doivent se fixer pour y faire face, les atouts à
cultiver et les faiblesses à corriger pour poursuivre et atteindre ces objectifs ;
• les principales pistes d’action proposées aux acteurs de l’EEDD, au secteur dans
son organisation collective, et à la puissance publique.
Ces développements se veulent volontairement synthétiques et concis. En effet, face au
foisonnement parfois illisible que nous avons décrit plus haut, il nous semble important
d’organiser cette restitution autour de quelques idées essentielles.
9
Fidèles à notre culture du marketing sociétal, nous pouvons risquer un rapprochement avec la stratégie du groupe Apple, qui
sur un marché arrivé en phase extrêmement concurrentielle de maturité, continue de conserver son avance par une posture
d’innovation constamment renouvelée.
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2. Cinq enjeux essentiels à prendre en compte
Nous venons de voir qu’il s’agit de passer de la situation actuelle — où désormais tous ou
presque se préoccupent des questions environnementales, et plus généralement de
développement durable — à une situation où chacun s’en occupe, c’est-à-dire où les attitudes
profondes et les comportements évoluent de façon significative, et où les organisations
collectives, sociétales, s’inscrivent dans cette mutation.
C’est évidemment un cap essentiel, et difficile à passer. Cette transition représente un enjeu
central pour le secteur de l’EEDD, qui s’articule en quelques points forts.
2.1. Accompagner la transition : des postures pédagogiques à renforcer
À partir du moment où l’on considère que le mouvement vers la transition — même ténu,
erratique, émergent, objet de polémiques — est engagé, les acteurs de l’EEDD ont
aujourd’hui un rôle essentiel d’accompagnateur à jouer. Il se s’agit plus de susciter un éveil
des consciences mais bien d’entraîner une mutation sociétale vers la transition.
2.1.1. De la sensibilisation de masse à la diversité des démarches
La problématique de passage de la sensibilisation de masse à la transformation des attitudes et
des comportements est aussi, nécessairement, celle de l’ancrage des projets éducatifs dans la
diversité des situations particulières, des parcours, des attentes, des ressources propres et des
contraintes des « publics ».
En dehors des enjeux propres à l’éducation à l’environnement et au développement durable,
on constate aujourd’hui que c’est toute la « société de masse », indifférenciée, qui fait place à
une société extrêmement plurielle, dans laquelle chacun s’inscrit dans des appartenances et
des identités diverses, parfois contradictoire, circule de l’une à l’autre (entre lieu de vie, lieu
de travail, lieu de loisirs, entre activité professionnelle et bénévolat, entre diverses attitudes de
consommation, entre vie solitaire, couple, famille, collectifs de vie…)
Ce « citoyen caméléon », qui adapte ses représentations, parfois même ses valeurs, aux
situations successives où il se trouve, par choix ou par obligation, doit faire à chaque fois
l’effort de retrouver un lien entre ses pratiques, ses valeurs, ses conceptions. Comment
économiser l’énergie alors que l’on est contraint par des systèmes sociotechniques qui
s’imposent à soi ? Comment améliorer la récupération et le traitement des déchets ménagers
dans ce lotissement, dans cet immeuble ? Comment réfléchir et agir ensemble, ici entre
voisins, là dans l’entreprise ? Il ne peut se contenter de référer ses comportements à des
normes générales, standardisées. Il ne peut pas non plus (parce qu’il est « sensibilisé »,
concerné) s’abandonner à l’anomie, passer sans boussole d’un comportement à un autre en
fonction des situations.
On sent bien qu’il n’est plus possible d’inscrire ce citoyen (cet écocitoyen ?) dans des
« cases » standard en fonction de son âge, de son statut scolaire ou professionnel, ou de sa
« CSP ».
Et qu’il n’est pas non plus possible de l’appréhender comme un individu « moyen ». Dès lors
que l’enjeu est de transformer des pratiques, des « rapports au monde », c’est au regard de ces
pratiques, de ces situations, de ce « monde vécu » qu’il faut comprendre « à qui l’on a
affaire » et s’y adapter. On touche là à la nécessité de partir des représentations mentales des
publics auxquels on s’adresse, en lien étroit avec leurs réalités vécues au quotidien :
territoriales, sociales, professionnelles, culturelles…
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2.1.2. Des approches « élémentaires » aux approches systémiques
Changement de paradigme, prise en compte de la complexité, approches systémiques… Ce
n’est pas seulement en termes de « contenus », de « savoirs », que l’enjeu est important. Les
organismes d’EEDD eux-mêmes, pour être en phase avec ces enjeux de société, et plus
profondément avec le message dont ils sont porteurs sur une conception écologique des
interactions « nature/société », doivent s’appréhender et se développer comme des systèmes
complexes, vivants, ouverts sur leur environnement, partout « en contact » avec celui-ci,
porteurs en interne d’une variété (de fonctions, de compétences, de visées, de désirs…) qui
leur permet d’évoluer, de s’adapter, d’interagir avec un environnement en mutation, de
participer à l’invention de son devenir.
Les exemples sont nombreux, dans le mouvement social actuel, de ces formes complexes
d’organisation — souvent, d’auto-organisation — dans lesquelles le projet collectif (dans sa
diversité, ses contradictions) est la ligne de force autour de laquelle se règle l’action
commune, la prise de décision, les normes et les usages. Cela va de pair avec des
organisations « horizontales », en réseaux, en collectifs peu formalisés, peu institués, parfois
éphémères car elles s’inscrivent dans des situations passagères, dans des projets de
changement. Dans le même temps, le secteur associatif s’est parfois laissé enfermer dans des
organisations plus rigides, plus pyramidales, moins ouvertes, souvent contre son gré et en
réponse à une demande de ses partenaires. En effet, ses relations avec les pouvoirs publics
(contrats, statuts, programmes, appels à projets et rapports d’activité standardisés, lignes de
financements « sectorisées », etc.) ont renforcé cette tendance, qui creuse l’écart avec les
collectifs citoyens.
Pour rester en prise avec les évolutions sociales, les structures d’EEDD doivent renforcer et
développer des approches globales, systémiques et engager des partenariats multiples et
divers, dans la nature des partenaires (nouvelles clés d’entrée, nouveaux publics,…) comme
dans les formes de coopération. Des entrepreneurs, des élus, des artistes, des sportifs ou des
chercheurs, des artisans ou des ingénieurs, des jardiniers ou des bricoleurs parfois rassemblés
dans des collectifs citoyens « informels », parfois éparpillés aux quatre coins du web, peuvent
être, tout aussi bien, des partenaires de projet ou de réflexion, des publics en attente
d’accompagnement éducatif, ou des financeurs (pourquoi pas « participatifs), devenir, ou pas,
des membres actifs des associations… Dans cet apparent désordre, derrière ces signaux
faibles, se trouve le substrat permettant à des désirs, des énergies, des compétences d’interagir
et de se mobiliser pour des actions communes.
Outre, la richesse qu’ils peuvent produire, ces partenariats multiples sont une des conditions
nécessaires à une approche globale et systémique des territoires. Ils permettront de
décloisonner les différents champs disciplinaires (biologie, géologie, botanique, pédagogie…)
et de faire participer une large palette d’acteurs (entreprises, collectivités, associations, …)
aux projets d’éducation et de développement durable des territoires. Une attention particulière
devrait être apportée à l’harmonisation de ces partenariats dans le respect de leur diversité. En
effet, il ne suffit pas de mettre des acteurs autour d’une table pour que naisse la synergie
espérée ; l’élaboration d’un sens et d’un discours communs constitue une étape qui peut
prendre du temps mais qui est indispensable à la réussite d’un projet.
2.1.3. Du guidage à l’accompagnement
Ce changement de paradigme s’accompagne, dans le champ politique comme dans le champ
de l’éducation d’une attente forte, de la part des citoyens, d’un changement de posture des
éducateurs, comme de l’ensemble des acteurs sociaux. Des politiques comme des médecins,
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des travailleurs sociaux comme des agents de développement, on attend désormais qu’ils
jouent moins le rôle de « guide », de « sachant » montrant la voie, que de médiateurs et
d’accompagnateurs, participant à l’invention des « buts », à la mise en commun des
connaissances, des moyens, des énergies, au transfert et à la circulation des compétences
nouvelles, depuis les solutions pratiques et utiles jusqu’aux façons d’appréhender les
problèmes. Ce paradigme n’est pas nouveau (il baigne toute la pensée et l’action de Célestin
Freinet, par exemple), mais il fait aujourd’hui un retour en force.
Lorsqu’il s’agit de sensibiliser un public peu et mal informé, indifférent souvent et même
parfois réfractaire, on peut aisément se retrouver dans une posture de guide « éclairant les
ténèbres »… qui n’est plus tenable lorsque il s’agit d’avancer vers des changements de
comportements, et de conceptions de la société, pour lesquels tout ou presque reste à inventer,
ensemble. Là, il devient essentiel pour les acteurs de l’EEDD de retrouver, bien vivace, leur
enracinement dans les postures de l’éducation populaire, ses valeurs de participation et de
démocratie, et d’y inscrire des innovations pédagogiques adaptées à l’époque actuelle (outils
techniques, niveau culturel, modes de vie…) ; et de convaincre les collectivités partenaires du
bien-fondé de cette posture.
2.2. Penser l’action, acter les idées
"La nouvelle écologie appelle une praxis qui s’oppose
au déferlement techno-manipulateur. […]
Elle tend même à susciter, en chacun, via la conscience écologique, un examen de soi et une action sur
soi. Ce n’est pas par hasard si la conscience écologique a pu prendre souvent un caractère existentiel,
incitant à manger, boire, se déplacer, habiter, travailler différemment.
C’est qu’elle suscite d’elle même l’aspiration à changer de voie, changer de vie.
Répétons-le : l’action écologique ne se déduit pas de la conscience écologique, et la conscience
écologique de ne se déduit pas de la science écologique. Mais il n’y a plus l’infranchissable fossé entre
le « fait » et la « valeur », entre « science » et « conscience »."
Edgar Morin, La méthode, tome 2 La Vie de la Vie. Première édition Seuil 1980. Éd. Points Seuil 1985 p. 92
2.2.1. Être le changement que l’on souhaite voir au monde
S’il y a bien un principe « inscrit dans les gènes » du secteur de l’EEDD, c’est la recherche
d’une cohérence entre ses pratiques et les valeurs/organisations/actions qu’il entend
promouvoir.
Massivement inscrites dans « l’économie solidaire », soucieuses de l’environnement
(pollution, sobriété énergétique…) dans leurs pratiques, les structures d’EEDD sont pourtant
prises dans un contexte sociétal qui pousse chacun à la croissance non maîtrisée, à la
marchandisation de toute activité humaine, aux structures de pouvoir pyramidales, à des
actions parcellaires, déconnectées de leur sens et réduites à des objectifs élémentaires — telles
que « communiquer pour communiquer ».
Face à cette pression sociale, on peut repérer l’émergence d’un fort mouvement social,
porteur d’un désir de changement « là et maintenant ». Des AMAP (Associations pour le
maintien d'une agriculture paysanne) aux SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif), des
jardins partagés aux FabLab, de l’open-source aux monnaies solidaires, pour ne prendre que
quelques exemples, c’est l’ensemble des rapports de production, de consommation,
d’échange, de partage qui sont aujourd’hui diversement explorés, interrogés, expérimentés par
une grande diversité de citoyens.
Un point commun à toutes ces démarches : mélanges d’idéalisme et de pragmatisme, elles
s’attachent toutes à « penser global, agir local », à préparer « l’avenir de la planète » en
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11
inventant le quotidien. Elles suggèrent également qu’il est utile de puiser dans les réalités
locales pour comprendre les enjeux globaux10.
Cet enjeu sociétal d’inscription du changement dans le quotidien, le fonctionnement, les
organisations est aussi un enjeu pour les acteurs de L’EEDD. Les modèles qui ont dominé les
dernières décennies sont usés.
Le mot d’ordre de « professionnalisation » des acteurs associatifs11 a souvent abouti à
privilégier des statuts plus que des compétences, à dévaloriser le bénévolat, et à faire des
associations des prestataires de services plutôt que des collectifs de militants diversement
engagés dans un projet commun.
La vieille distinction entre les associations et les coopératives de production a limité
l’évolution du statut des salariés du secteur associatif, mais aussi celle du rôle des
clients/adhérents dans l’élaboration du projet associatif et des actions. Alors que parfois des
organismes publics ou associatifs se sont enfermés dans des intérêts particuliers, privés et
dominés par des objectifs de rentabilité, nombre de professionnels du secteur lucratif se
revendiquent, parfois légitimement, comme attachés au « bien public » tout autant qu’à leur
propre pérennité. Toutes ces questions traversent le secteur, comme elles traversent
l’ensemble du champ social. Elles sont loin d’être secondaires.
2.2.2. Communiquer par la praxis et dans la praxis et non communiquer sur ;
communiquer avec et non « à »
Comment le terme de « communication » a-t-il dérivé pour devenir, aujourd’hui,
essentiellement porteur du sens de « publicité », « propagande » ? Comment son étymologie
(« mettre en commun ») s’est-elle perdue, pour faire place à l’image d’un discours déversé de
façon unilatérale sur un récepteur passif ?
Au minimum on peut retenir que cette dérive s’inscrit dans une tendance à
l’instrumentalisation du discours, à la parcellisation de l’agir, y compris de « l’agir
communicationnel », à sa réduction à des objectifs de rentabilité et à un souci d’efficacité
immédiate (économique, ou politique, ou encore narcissique..). Discours déconnecté de tout
« monde vécu », et fermé à toute rencontre, cette « communication » est condamnée à la
surenchère et au simplisme… voire au mensonge.
Les attentes actuelles de citoyens de plus en plus instruits et informés sont tout autres.
Nombre d’entre eux sont lassés des messages « déversés » sur eux, qu’il s’agisse des
politiques, des entreprises, du « charity-business » ou du « mangez cinq fruits et légumes par
jour ». Ils attendent des discours plus modestes, plus proches de leur expérience.
De nos enquêtes auprès des divers partenaires actuels ou potentiels de l’EEDD, ressort
nettement l’idée que ce sont les rencontres, en particulier les rencontres personnelles qui
véhiculent le mieux l’image des acteurs associatifs. Parce qu’un contact a été cordial,
intéressant, a soulevé des pistes d’action, a laissé une impression forte, une opportunité
permettra peut-être, un jour ou l’autre, d’engager une action commune.
Il est un autre domaine où la communication s’est sclérosée, empoussiérée, au point de
n’avoir plus ni couleur ni saveur, c’est celui de la communication institutionnelle, avec sa
10
Ainsi, en explorant les nécessaires solidarités locales et régionales autour de l’eau, on peut transposer la problématique à
l’échelle de la planète.
11
Cette évolution résulte vraisemblablement d’un glissement “gestionnaire” effectué à la demande des financeurs en quête de
garanties techniques et de bonne gestion, et d’une carence d’outils d’évaluation adaptés.
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cohorte d’appels d’offres et d’appels à projets, de propositions, de rapports d’activité. Pétris
de « copié collé » et de tournures standardisées, inévitablement monologues, tous ces
documents finissent par encombrer autant l’esprit que le temps (de rédaction ou de lecture),
sans jamais pouvoir remplacer la rencontre, si possible « sur le terrain », et le dialogue.
Innover dans leur production, contenir leur expansion, les limiter au strict minimum serait
probablement profitable.
2.3. S’appuyer sur les capacités d’initiative et la force des « minorités actives »
Le passage à une société durable demande, et va demander plus encore dans les années qui
viennent, la mise en mouvement d’une grande capacité d’invention collective dans tous les
domaines — de la technologie aux relations humaines, de la politique aux façons de
communiquer.
Sont appelés à évoluer le rapport au savoir, à son développement et à sa transmission, les
représentations sociales, l’imaginaire collectif, les systèmes de valeurs, les comportements,
les rapports entre théorie et pratique…
L’accès à une « épistémologie de la complexité » et aux méthodologies qui l’accompagnent
va devenir un réel enjeu d’éducation populaire. Dans le même temps, se développe le désir,
pour de nombreux citoyens, de relations « horizontales », en réseau, en coopération, là où les
relations pyramidales demeurent bien présentes — comme souvent encore dans la relation
éducative.
Sur toutes ces questions, et bien d’autres que cette période de mutation posera, le secteur de
l’EEDD a un rôle moteur à jouer.
2.3.1. Prendre des risques, sortir des sentiers battus
Pour l’EEDD comme pour l’ensemble des citoyens, la période actuelle est une période
d’innovation, d’expérimentation. Si la nécessité d’une mutation profonde est de plus en plus
reconnue, les formes qu’elle doit prendre sont encore largement à inventer. Cette capacité à
créer du neuf passe par le tâtonnement, l’incertitude : elle ne peut se déployer à l’intérieur de
programmes bien établis, aux objectifs et aux méthodes éprouvés et calibrés ; elle comporte
un risque d’échec — toujours relatif, toujours riche d’enseignements. Cette part
d’expérimentation et d’imprévisible doit être au cœur des relations avec les partenaires, en
particulier les financeurs.
2.3.2. Être des « veilleurs »
Les acteurs de l’EEDD ont été des « lanceurs d’alerte » à l’égard des risques
environnementaux. Ils le restent, sont dans bien des domaines des experts avertis, à même de
prendre la mesure de certains dommages, de certains risques. Ils sont aussi, et doivent devenir
de plus en plus, des « veilleurs » capables de percevoir tous les frémissements de la mutation
en cours, les signaux faibles, les expériences limitées mais prometteuses, les tendances qui
émergent dans les attitudes des citoyens. Pour s’en nourrir eux-mêmes, et en nourrir leur
capacité d’innovation, mais aussi pour les répercuter et les faire partager.
C’est, au demeurant, un des enjeux critiques de la « société de l’information » : dans le
foisonnement de l’information accessible à tous, partout, tout le temps, il est essentiel que se
dégagent des capacités à « travailler » cette information, à la suivre et à la faire circuler, non
comme un flux dénué de sens et de but, mais au contraire en usant de son expertise pour la
rendre intelligible et utile.
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2.4. Démultiplier et transférer
La formation (et la mobilisation) d’ambassadeurs, de médiateurs, de passeurs12 du
développement durable est un enjeu essentiel en cette période.
Dans l’entreprise, cette compétence peut correspondre à une création de poste spécifique
(surtout dans les entreprises pour lesquelles le développement durable est au cœur de la
relation clients), ou venir en complément d’autres missions, pour des cadres intermédiaires en
particulier.
Ces fonctions sont aussi amenées à se développer dans les collectivités territoriales, pour
lesquelles la « simple » expertise environnementale ne suffit pas à répondre aux enjeux
d’éducation et de mobilisation citoyenne, de refondation de la démocratie et de restauration de
l’action citoyenne, d’action transversale au sein des services.
2.4.1. Transmettre son expérience d’éducateur
Face à l’enjeu de changement profond des attitudes, des comportements, des organisations
collectives dans lesquelles ils s’inscrivent, tous les acteurs concernés par des démarches
d’éducation, d’accompagnement, de mobilisation témoignent de la nécessité de partager le
plus largement possible les expériences acquises par les uns ou les autres.
Au questionnement citoyen sur le « comment faire pour devenir un écocitoyen ? » fait écho le
questionnement des éducateurs (au sens le plus large du terme) : comment faire pour
accompagner cette mutation citoyenne ? Les acteurs (professionnels ou bénévoles)
expérimentés de l’EEDD ont, à cet égard, une responsabilité et une mission : devenir des
experts formateurs, transmettre leurs acquis en matière d’éducation, de pédagogie du
développement durable, transmettre ces savoir-faire/ces savoirs à tous ceux qui vont devenir
des ambassadeurs/acteurs du DD.
2.4.2. Essaimer
Cet enjeu de « démultiplication » de l’intervention EEDD s’accompagne, nécessairement,
d’une diversification des champs et des postures d’intervention. Ici, une SCIC mobilisée sur
l’économie circulaire, là, un service transverse d’une collectivité territoriale, ailleurs, un
collectif d’opérateurs touristiques… les domaines d’activités sont très nombreux où ces
fonctions éducatives peuvent trouver leur place.
Plutôt que d’élargir à l’infini les compétences, les modes d’intervention et les actions des
associations, il semble opportun de développer une stratégie « d’essaimage » et de favoriser la
circulation des professionnels, formés dans les associations d’EEDD, vers l’ensemble de ces
structures qui se préoccupent et mettent en œuvre le développement durable, répondant de
façon pertinente à la diversité des situations et à la segmentation du public.
Ainsi peuvent d’une part se révéler des parcours professionnels attractifs pour les salariés —
souvent jeunes — des associations d’EEDD, permettant une meilleure fluidité et attractivité
de la filière.
Peut aussi se créer un réseau élargi de professionnels aux statuts divers, disséminés dans
différentes sphères de la société. Liés au secteur associatif par leur parcours initial et par des
12
Une série de mots proposés par le groupe de travail et pouvant prêter à de nombreux commentaires sémantiques ; là
encore, une réflexion plus approfondie sur les définitions serait bienvenue.
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partenariats ultérieurs, ils sont susceptibles de fournir à celui-ci des points d’ancrage et des
relais permettant de démultiplier les collaborations.
2.4.3. Se recentrer
Cette démultiplication de la fonction éducative peut aboutir à sa « dissolution » dans d’autres
enjeux, d’autres priorités, du « greenwasching » aux objectifs purement comptables ou
réglementaires.
C’est pourquoi elle doit s’accompagner d’un renforcement du message de l’EEDD, bien
centré sur son « cœur de métier », ses valeurs éducatives, son projet écocitoyen.
2.5. Communiquer et susciter la confiance dans les compétences des associations d’EEDD
Aujourd’hui relativement enfermées dans des représentations caricaturales13, portées par de
trop nombreux acteurs, potentiels donneurs d’ordre, les associations d’EEDD doivent
démontrer par leurs actions et par la communication dont elles les accompagneront, qu’elles
sont bien capables d’apporter leur pierre face aux enjeux sociétaux émergents.
13
Voir audition Michel Hortolan (idem) ainsi que les résultats qualitatifs détaillés (entretiens, réunions de groupe)
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3. Des objectifs et des moyens pour répondre à ces enjeux
Quelles visées adopter et quels champs d’action investir pour répondre à ces attentes sociales
émergentes, participer à cette mutation, continuer de jouer le rôle de « minorité active » ?
3.1. Garder sa place d’innovateur et de pionnier
3.1.1. « Faire école »
Le secteur doit rester en pointe sur le volet éducation écocitoyenne, qui est son cœur de
métier.
Pour cela, il doit s’inscrire résolument dans une dynamique formation/recherche et devenir
moteur d’une démultiplication de l’effort par la formation de formateurs/d’ambassadeurs, y
compris en partenariat avec des modalités et des centres de formation existants (OPCA ;
IRFEDD…). Cette posture doit permettre au secteur de développer et d’affirmer sa maîtrise
du métier, en devenant éducateur d’éducateurs.
Cela peut lui permettre également de capitaliser sur son avance pédagogique : mettre à
disposition et/pour aller plus loin.
3.1.2. Être dans l’invention/innovation sociétale et citoyenne
Alors que de nombreux mouvements, au sein du corps social, proposent de nouveaux modes
de mobilisation et d’action, le secteur de l’EDDD doit lui-même être un laboratoire
d’innovation sociale.
Cela suppose qu’il accepte, et fasse accepter par ses partenaires, la prise de risque et qu’il
devienne moteur de changement dans la nature des relations sociales (coopération vs.
compétition ; vivre ensemble)
Cela implique se travailler sur la diversité des moyens, des situations éducatives, des
méthodes, des partenaires et des publics avec pour visée le changement des attitudes et des
comportements.
3.2. Cultiver l’ancrage territorial pour des démarches globales, intégrées
Les partenariats « vivants », porteurs d’un potentiel d’invention et de diffusion, sont ceux qui
sont inscrits dans des « éco-socio-systèmes » locaux, prennent part à leur équilibre et à leur
dynamisme, et y trouvent leur sens, leur légitimité.
Nombre de structures d’EEDD sont fortes de cet ancrage local (que ce « local » soit
proprement géographique, ou qu’il soit plus immatériel : un domaine d’activité, un champ
sociotechnique…) qu’il convient de cultiver et de faire vivre.
Il peut probablement nourrir, plus qu’il ne le fait aujourd’hui, des projets partagés avec des
acteurs variés que rapproche une connaissance commune de leur territoire. C’est une
connaissance concrète, quotidienne, multidimensionnelle. Elle rend plus facile la prise en
compte des ressources humaines et matérielles, des opportunités, des ambiances et des
cultures dans lesquelles s’inscrira le projet (et en particulier sa dimension éducative), des
tensions et des contraintes auxquelles il sera confronté. Elle permet, sur un fond
« d’imaginaire collectif », d’intégrer des acteurs très divers.
En effet, l’ancrage territorial signifie que le projet d’éducation doit faire écho aux enjeux de
développement durable du territoire sur lequel il est élaboré, prenant en compte au mieux les
contraintes et les ressources spécifiques de celui-ci. Au lieu d’être conçu comme « le wagon
de queue » des politiques de gestion territoriale (contrats de milieux, territoires de projets…),
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que l’on raccroche souvent pour se donner bonne conscience14, l’élaboration du projet
d’éducation devrait constituer la matrice de ces politiques, en y impliquant largement les
différents acteurs gestionnaires du territoire, aux côtés des pédagogues et associations
d’éducation. Dans le cadre du partenariat harmonisé évoqué précédemment, cette démarche
permettrait d’interroger en permanence la politique territoriale sur son efficacité, non
seulement en termes de gestion mais aussi en termes de participation citoyenne, de
changements de comportements, d’efficacité environnementale. L’éducation ne serait plus la
simple résultante d’une politique territoriale prédéfinie par les techniciens et les élus ; elle en
deviendrait une composante à part entière, capable de faire le lien entre toutes les autres
composantes, de lui donner sa cohérences, grâce notamment à son approche complexe et
systémique.
Loin des usines à gaz concoctées hors sol, ces partenariats de terrain sont porteurs non pas
d’innovation pour l’innovation, mais de « sérendipité15 », de surprise créatrice, liée à la
rencontre et à l’intelligence partagée, à l’événement, à la complexité des situations concrètes,
à la « diversité variétale » des personnes et de collectifs locaux.
Ajoutons que cet ancrage territorial n’est pas, loin s’en faut, enfermement dans des frontières :
ces territoires sont partout ouverts sur des voisinages, géographiques ou autres, et chaque
acteur de terrain ou presque représente au moins une porte ouverte vers d’autres partenaires et
d’autres opportunités d’action.
3.3. S’adapter à la diversité des attentes et à la segmentation du public
Apprendre à segmenter — voire hyper-segmenter — ses publics est une nécessité pour un
secteur qui doit affronter la phase de maturité de son marché. Nous l’avons rappelé plus haut,
le citoyen est un caméléon16, agissant de manière ambivalente et contradictoire, en fonction
des temps et des lieux de sa vie, des contraintes qu’il subit, de ses aspirations…
Cette segmentation des publics doit induire une diversité des approches et des modes d’action.
Dans son quartier, dans son travail, dans ses activités personnelles, dans sa vie quotidienne ou
en vacances, le citoyen sera sensible à des thématiques, des discours, des projets éducatifs très
divers et ciblés.
Elle doit être réalisée en évitant le risque possible de la dispersion et de l’hyperspécialisation
des thèmes et des approches pédagogiques, par l’ancrage permanent dans la recherche d’une
approche systémique de la complexité, comme évoqué précédemment : un équilibre délicat à
trouver en permanence.
3.4. Sortir de l’économisme et du tout marché
En quelques décennies, et dans tous les champs de l’action associative, qu’il s’agisse d’art,
d’éducation, d’action sociale, la logique des financements publics a massivement basculé du
« soutien à une démarche d’utilité collective » au « paiement de prestations ». La valeur
marchande de l’action des organismes à but non lucratif a pris le pas, et ce phénomène est
14
On peut d’ailleurs signaler que dans leur formulation, les demandes du secteur à ce propos entretiennent l’ambiguité
puisqu’il s’agit souvent de faire inscrire l’EEDD comme un des volets obligatoires des dispositifs.
15
« Fait de faire une découverte par hasard et par sagacité, souvent alors que l’on cherchait autre chose. Rencontre de
données ou de résultats inattendus, aberrants et capitaux lors d’une observation empirique. » Wikipedia
16
La notion de « consommateur caméléon » est un concept qui s’est imposé dans le champ du marketing des produits et des
services marchands il y a plus de vingt ans (Dubois B., "Le consommateur caméléon", Harvard-l'Expansion, N°61, Eté 1991,
pp. 7-13.) ; force est de constater que ce concept qui vaut pour toutes les facettes de la vie du citoyen, consommateur ou
autre, peine à pénétrer les sphères de la vie publique et de l’action sociétale qui sont enfermées dans des représentations
beaucoup plus stéréotypées de leurs publics.
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renforcé par des mécanismes de mise en concurrence sur un « marché des subventions »,
qu’il s’agisse d’appels d’offres pour des prestations ou d’appels à projets.
Dans le même temps, « bénévole » est devenu, pour certains, plus ou moins synonyme de
« non professionnel », glissant souvent vers « incompétent » alors que « militant » a pris une
connotation négative, partisane. Pourtant, les bénévoles sont une ressource essentielle pour les
associations ; ils sont porteurs de savoirs, de compétences et d’expériences qui sont
fondamentaux.
Cette évolution s’inscrit dans un fort courant, encore dominant, qui fait de l’économie l’alpha
et l’oméga, la cause première et la fin essentielle du fonctionnement social, la clé pour tout
comprendre et l’aune à laquelle se mesure toute action humaine. Cet économisme dominant
est aujourd’hui contesté par l’émergence de logiques d’échange, de partage, de gratuité, telles
que la formidable expansion de « l’open source » sur le web ou le foisonnement des systèmes
d’échange locaux et des monnaies solidaires.
Ce contre-courant renoue avec des périodes fortes du mouvement associatif et mutualiste,
qu’il s’agisse de l’invention des assurances mutuelles au XIXe siècle, des coopératives
scolaires dans les années vingt, ou de l’essor du tourisme social durant le front populaire et
dans l’immédiat après-guerre. Il porte des valeurs qui sont fondamentales pour le secteur de
l’EEDD. Il explore de nouvelles formes de « vivre ensemble ». Échappant au carcan de la
rentabilité, il s’ouvre à des organisations plus spontanées, plus souples que ne le sont
devenues des associations « gestionnaires », trop souvent dominées par l’équilibre de leur
compte de résultats plus que par le sens de leur action.
Faut-il souligner qu’il ne s’agit pas ici de nier les contraintes financières, et encore moins les
responsabilités d’employeurs des associations d’EEDD ? L’économie est une des dimensions
de la vie sociale — mais non la seule. Elle fait système avec d’autres logiques, d’autres
fonctions, mais n’a pas vocation à dominer l’écosystème sociétal, et à le transformer en
« machine à produire ». Ce refus de l’économisme est une des valeurs fortes affirmées au
cours des réflexions de notre groupe de travail, comme chez nombre de nos enquêtés.
Dans cette optique d’une société complexe et vivante, durable, où l’économie est remise à sa
juste place (c’est-à-dire comme l’un des piliers du DD), le secteur de l’EEDD a un rôle
essentiel, de pionnier là aussi, à jouer. Son histoire, les valeurs dans lesquelles il s’inscrit,
comme le sens même de son projet éducatif le porte à s’associer à ce mouvement de
réinvention de la solidarité et de l’économie solidaire, et à y retrouver une posture de
pionnier. L’éducation ne s’adresse pas à des « clients », à des « consommateurs ». Elle relève,
fondamentalement, de la rencontre plus que de la prestation de service.
3.5. Évaluer son action pour communiquer par la praxis
Pour participer à l’émergence d’un référentiel d’évaluation propre à l’EEDD, vraiment
pertinent à ses valeurs et à ses pratiques, rendant compte de ses compétences propres,
suffisamment « ouvert » et vivant pour accompagner les évolutions du secteur, il est
aujourd’hui essentiel de renforcer les pratiques d’évaluation au plus près des expériences
éducatives, plutôt que de se référer à des critères généraux, transverses à tous les champs
éducatifs voire à tous les domaines d’activité, et sans ancrage dans les particularités de chaque
terrain, de chaque situation concrète.
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Outre leur rôle dans la régulation des démarches, les dispositifs d’évaluation en continu et in
situ (qui semblent relativement peu fréquents pour l’heure17) ont une fonction heuristique : ils
permettent d’éprouver, dans la confrontation entre acteurs et les alea de l’action, l’importance
de tel ou tel critère (qu’il porte sur les méthodes ou les visées éducatives, les « outils » ou les
situations), de consolider les valeurs fondamentales, de reconnaître les tensions dialogiques
dans lesquelles s’inscrivent les projets éducatifs, de s’ouvrir à la nouveauté, aux priorités
émergentes, aux nécessités imprévues.
C’est aussi la possibilité de communiquer à partir d’expériences partagées, avec les
partenaires de l’action, sur ces « valeurs » et ces « qualités » de la démarche éducative… y
compris sur les « qualités négatives », autrement dit sur les échecs et les limites, tant il est vrai
que la reconnaissance du professionnalisme s’obtient autant de la capacité à reconnaître ses
marges de progrès que de la maîtrise et de la réussite.
3.6. Penser le collectif et les réseaux en termes horizontaux
On l’a déjà indiqué, l’ancrage territorial est une des forces du secteur, et une source
d’innovation, d’ouverture des organismes d’EEDD à des partenariats issus des pratiques
communes, inscrits dans un écosystème social, lui-même en prise avec son environnement
« naturel et culturel ».
Cette figure des partenariats « écosystémiques » est un des éléments forts du nouveau
paradigme. Parce qu’ils sont le fruit de rencontres entre des sujets plutôt que de « montages
de dispositifs » entre « acteurs », ils sont informels, réticulaires et horizontaux plutôt que
pyramidaux, portés par des projets (des valeurs, du sens, des visées) plutôt que par des
programmes (des objectifs, des procédures, des règlements).
Complexes, ces nouveaux partenariats sont variés, variables, ouverts sur leur environnement.
Ils ne visent pas l’institutionnalisation, les structures figées, mais l’adaptation aux situations
concrètes, la participation aux mutations en cours. Ce sont donc des organisations ad hoc,
contingentes, éphémères, qui consacrent leur énergie à agir (et penser !) plutôt qu’à se
conforter et à se perpétuer.
Ils ne s’inscrivent pas dans les systèmes convenus d’appartenance, d’affiliation, de rôles et de
statuts : à leur ancrage dans un environnement particulier répond, nécessairement, leur
autonomie à l’égard des institutions. Autonomie (et non absence d’interaction) qui consiste à
réinventer, dans l’action commune, les règles communes, selon la définition de Cornélius
Castoriadis (« Le contenu du socialisme », introduction, cité par Wikipedia):
« Une société juste n’est pas une société qui a adopté, une fois pour toutes, des lois justes. Une
société juste est une société où la question de la justice reste constamment ouverte —
autrement dit, où il y a toujours possibilité socialement effective d’interrogation sur la loi et
sur le fondement de la loi. C’est là une autre manière de dire qu’elle est constamment dans le
mouvement de son auto-institution explicite. »
3.7. Savoir capitaliser sur ses atouts et corriger ses faiblesses
La mise en œuvre de ces objectifs suppose que les acteurs de l’EEDD s’attachent à conduire
une démarche réflexive pour identifier leurs atouts et leurs faiblesses. Au cours de notre
mission en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, nous en avons repéré un certain nombre que
17
Des pratiques d’évaluation en continu, d’évaluation régulation, d’évaluation partagée existent évidemment ; elles restent
pour l’heure éparpillées et peu documentées. A l’issue de notre mission, il apparaît bien que la question de l’évaluation est
certainement un des chantiers prioritaires dont le secteur devrait se saisir.
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nous présentons de manière synthétique, et qui ont une valeur uniquement générale, ne
présageant en rien des caractéristiques spécifiques de chaque acteur, pris individuellement18.
3.7.1. Principales forces repérées
Une histoire
L’EEDD s’inscrit dans l’histoire de l’éducation populaire, de « l’éducation nouvelle », des
mouvements pédagogiques innovants.
Pionniers dans l’histoire des mouvements pédagogiques, les acteurs de l’EEDD se doivent
d’être en capacité d’inventer la pédagogie qui s’adresse aujourd’hui à « Petite poucette19 »,
c’est-à-dire à une société qui est radicalement transformée, dans ses rapports au savoir et aux
apprentissages, par l’ensemble des technologies de l’information et de la communication.
Une expérience
Le secteur de l’EEDD bénéficie d’une longue expérience, d’une connaissance des bonnes
pratiques, d’un savoir-faire accumulé qu’il s’agit de mettre à jour et de revivifier.
Un fonctionnement
Le fonctionnement associatif et ses modes de gouvernance, représentent un laboratoire et un
champ d’expérimentation inspirant pour les nouveaux modes d’organisation et de rapports
sociaux auxquels la voie de la transition doit faire appel.
La place des bénévoles, la ressource militante, l’engagement sont des valeurs à cultiver, à
défendre et revaloriser face à une image devenue souvent négative du bénévolat non
professionnel.
Une place
Diversité de localisation, diversité d’objets, souvent issus des problématiques territoriales où
ils sont ancrés, les acteurs de l’EEDD occupent une place privilégiée sur les territoires, une
connaissance des milieux et des acteurs locaux dont, au cœur des réseaux, ils peuvent se faire
l’écho.
Une force d’attraction
Par le projet qu’il propose, le secteur de l’EEDD est attractif pour les jeunes diplômés qui
souhaitent donner du sens à leur carrière professionnelle. Il est donc en capacité d’attirer des
forces vives porteuses.
Une pensée
L’approche de l’environnement, qui constitue un fondement essentiel de l’action des acteurs
de l’EEDD, les rend porteurs de modèles systémiques (écosystèmes, biotopes, cycles…) qui
peuvent être utilement transférés dans le champ du management de projet et de l’innovation
sociale.
18
19
Voir aussi diaporama présenté lors du groupe de travail n°1
Par référence à l’ouvrage de Michel Serres « Petite Poucette », Collection Manifestes, Editions Le Pommier, 2012
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3.7.2. Principales faiblesses repérées
Une image floue
L’activité d’EEDD souffre d’une image floue, « plombée » par une double association : un
public privilégié, les enfants, et une confusion entre enseignement et éducation20.
Le secteur communique mal sur ses pratiques, sa spécificité, ses méthodes, sa capacité
d’innovation.
S’il est légitime et utile de capitaliser sur des actions éprouvées — les « vaches à lait »
permettent de nourrir et financer l’innovation —, la prééminence de celles-ci dans la mise en
valeur des associations de l’EEDD, particulièrement dans les rapports d’activité produits mais
aussi sur les sites internet, peut malheureusement dissimuler les actions innovantes, les
projets émergents, les approches plus complexes à illustrer…
Plus généralement, un bon nombre d’associations maîtrisent assez mal les outils de base de la
communication.
Une place à renforcer
Si l’ancrage territorial est reconnu, celui-ci est parfois encore trop limité aux acteurs de
l’éducation et des loisirs jeunesse ; il doit donc être élargi vers des nouvelles sphères d’acteurs
intervenant hors de ces deux domaines.
Un certain enfermement dans des situations éducatives peu ancrées dans le
quotidien
Liées à un ancrage historique dans l’éducation des enfants, dont l’archétype reste l’école (ou
le centre de loisirs), l’EEDD propose, très souvent, des situations éducatives « in vitro » plutôt
qu’« in situ », où les participants se voient proposer de se regrouper dans un lieu différent de
leur lieu de vie, qu’il s’agisse de séjours « nature », de parcours découverte, de balades nature,
de conférences…
Si les méthodes participatives y ont leur place, ces situations pédagogiques limitent la
capacité à se rapprocher de publics divers, soit qu’ils soient plus ou moins réfractaires à tout
ce qui évoque « la classe », soit qu’ils attendent des interactions plus intégrées à leurs
pratiques quotidiennes, sur leurs lieux de vie, de travail, de vie quotidienne, de loisirs.
De telles démarches existent évidemment parmi les propositions du secteur (autour de jardins
partagés, par exemple, ou de pratiques sportives…) mais elles ne sont pas encore au cœur de
l’image que la profession transmet d’elle-même.
Une dépendance très forte aux fonds publics
La dépendance forte des acteurs de l’EEDD aux fonds publics les met en situation de fragilité
— surtout en période de restriction budgétaire —, de dépendance et de réponse à la demande
et aux modalités imposées pour ce faire (appel d’offres, appels à projets).
Le secteur perd ainsi une partie de sa force de proposition et de fidélité à son projet associatif.
Une force d’attraction mais une difficulté à retenir
La faiblesse des salaires offerts par le monde associatif constitue un frein pour l’élaboration
de carrières dans ce secteur, sinon pour les plus militants ou pour les personnes souhaitant
échapper aux contraintes du monde de l’entreprise21.
20
21
Voir l’audition de Michel Hortolan au CESE, opus cité
Alors que le plupart des structures d’EEDD subissent des contraintes proches de celles des entreprises.
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21
Une faible culture des problématiques et de la culture des entreprises
Alors que les mutations nécessaires devraient conduire à un vrai décloisonnement et au
métissage des cultures entre les différentes sphères actives de la société, le monde de
l’entreprise et celui des associations d’EEDD se rencontrent peu et souvent mal.
On ajoutera qu’il y a peu d’interactions avec le secteur de la formation, en particulier
professionnelle.
Un essoufflement des bénévoles
L’injonction de « professionnalisation » qui a été faite aux associations d’EEDD a conduit à
une dérive du modèle associatif, en accordant une place plus grande aux équipes salariées.
Parallèlement à l’essoufflement des bénévoles, cela conduit à une plus grande rigidité du
système et à de vraies difficultés de mutation. Les associations doivent aller rechercher dans
leur héritage ce qui peut refonder leur projet pour le faire évoluer.
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22
4. Des pistes pour agir
Les enjeux auxquels le secteur de l’EEDD est confronté aujourd’hui et les objectifs qui en
découlent, conduisent à proposer quelques pistes d’action s’adressant d’une part à la
puissance publique, dans son rôle politique d’orientation et plus pragmatique de financeur, et
d’autre part aux acteurs eux-mêmes et à leurs organisations collectives.
4.1. Des pistes pour l’action de la Région et de ses différents services en matière d’EEDD,
d’engagement écocitoyen et de modalités de partenariat avec les acteurs de l’EEDD
4.1.1. Agir sur le « fléchage » des financements
En fixant des priorités claires pour les aides financières qu’il apporte au secteur de l’EEDD, le
SEEDE peut jouer un rôle essentiel dans l’accompagnement de la mutation du secteur. La
réflexion menée dans notre groupe de travail révèle une certaine confusion, soit dans les choix
opérés par le service, soit dans la façon dont ils sont perçus par les acteurs du secteur.
Nous proposons ici quelques orientations, qui nous semblent essentielles, pour opérer ces
choix de financement.
Mais ils devront évidemment, dans les années qui viennent, s’adapter à l’évolution du secteur,
aux priorités nouvelles émergeant de sa mutation et des évolutions du contexte social et
économique, et faire l’objet d’une réflexion partagée.
4.1.1.1. Des modalités de financement recentrées sur les valeurs du secteur
de l’EEDD
« Sortir de l’économisme et du tout marché » c’est, on l’a vu, un des aspects importants de la
mutation en cours. Pour l’EEDD, cela passe par un recentrage sur ses valeurs « historiques »,
liées au secteur associatif et à la démarche éducative, mais aussi par une ouverture vers une
conception plus systémique de son « écosystème » de partenariats, comme du fonctionnement
et de l’organisation des structures.
Pour le SEEDE, cela suppose de redonner une place fondamentale à des financements de
soutien global au fonctionnement des structures, et de circonscrire plus précisément le
financement des actions éducatives (« prestations »).
Soutenir le « travail de terrain » par un financement « de fond ».
Il s’agit là d’un soutien « sans mandat » (mais non sans critères !), « pour l’ensemble de leur
œuvre », et non d’un subventionnement finalisé, fût-ce dans le cadre d’un contrat pluriannuel
ou d’une convention.
Car, si l’on souhaite que le secteur trouve un nouveau souffle de pionnier, de défricheur, il
faut que cet enjeu de défrichage, voire, pour rester dans la métaphore cultivatrice, de
compostage, bref de travail du terrain soit reconnu et soutenu, quand bien même il n’est pas
directement productif et finalisé22.
Si l’on veut que ce « travail du terrain » soit un travail de fond, il faut évaluer ses effets en
termes de « terreau pour l’EEDD ». Produire un terreau durable est affaire d’équilibre
22
Cela permettrait, entre autres, de clarifier les demandes faites aux acteurs des associations, par les mêmes financeurs, de
dégager un temps nécessaire, même si pas directement « productif », pour participer à des réflexions et des démarches pour
lesquelles aujourd’hui, certains peuvent dire légitimement qu’il s’agit d’un temps de « salarié bénévole » (ex. participation à
un PCET ou un Agenda 21, lobbying, approche des cercles économiques…).
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systémique, d’ancrage dans l’environnement, de respect de la diversité variétale et des
organismes vernaculaires… ; il n’est pas, à ce stade, orienté vers telle ou telle production. Il
est constitué de l’ensemble des relations nouées par l’organisme avec les acteurs de son
environnement, de leur variété et de leur densité. Il nécessite des « apports » qui débordent
largement le seul champ éducatif. C’est tout le champ du vivre ensemble qui peut être travaillé
pour permettre le développement :
• de démarches globales comportant une dimension éducative ;
• ou de démarches plus « recentrées » sur le « strictement éducatif », mais bien
inscrites dans un système d’actions et de relations plus large.
À terme, cette dotation pourrait même être affectée à des collectifs d’organismes, sous forme
d’enveloppes globales à utiliser en coopération.
Limiter le « financement des actions »
En parallèle, les actions éducatives subventionnées doivent l’être au regard de critères clairs :
c’est parce qu’elles sont liées à un enjeu important pour le secteur de l’EEDD, ou pour la
société en général dans cette période de mutation, qu’elles feront l’objet, pour une période
donnée, d’un financement spécifique.
Moins important, en masse, que le financement de fond, ce financement de prestations n’a
plus, dès lors, vocation à alimenter l’équilibre financier global de l’association, la
transformant ainsi peu ou prou en organisme à but lucratif dominé par un souci de rentabilité
dans tout son champ d’action. On limite ainsi la compétition sur un « marché » entre
structures.
Des financements orientés : des
actions « ciblées » bien ancrées
dans le terrain.
Même
un
« échec »
peut nourrir
le terreau….
Le financement de soutien : le
travail du terrain
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L’association développe une démarche
globale, des partenariats, elle participe à la
vie
collective
de
diverses
façons,
expérimente, se développe, essaime…
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4.1.1.2. Des financements tournés vers les enjeux de mutation
Dans un cas comme dans l’autre, le fléchage des financements doit permettre de soutenir le
processus de mutation du secteur. Qu’il s’agisse d’affecter une dotation de fonds à un
organisme ou de financer une action éducative, le rôle du SEEDE n’est pas, dans la période
actuelle, de financer des organismes ou des actions mobilisés sur des enjeux dépassés
(sensibilisation, opérations « tous publics » qui par défaut de segmentation se réduisent à un
public limité, actions « standard » déconnectées de leur territoire et des attentes des acteurs de
terrain…), mais de privilégier ce qui va « faire levier », être moteur, et ce qui répond aux
attentes citoyennes.
L’équilibre des associations passera encore par des « valeurs sûres », longuement éprouvées,
parfois un peu usées mais gardant une certaine utilité… dont elles devront trouver les
financements auprès des partenaires directement concernés/impactés.
4.1.2. Expliciter ses critères et les ouvrir au débat
Dans les deux cas, il convient que les critères de financement puissent être débattus, voire
négociés, et bien appropriés par l’ensemble des partenaires.
Aussi réducteurs qu’ils puissent paraître, les critères de « non financement » sont essentiels.
En les fixant clairement, on libère le champ des possibles.
Les critères « pour », eux, peuvent être plus souples, plus ouverts aux fluctuations et à la
diversité des situations.
4.1.2.1. Annoncer ce qui n’est plus financé (critères négatifs)
•
•
•
•
Les actions tournées vers le scolaire et le périscolaire : ce critère n’est pas nouveau, mais
il n’a pas été toujours clairement perçu par les organismes du secteur23.
Les actions qui, répondant à la demande d’un acteur particulier (entreprise, collectivité
locale), peuvent être financées par celui-ci.
Le récurrent, les actions « rodées » et reproduites année après année. Elles ne sont pas une
priorité stratégique pour le SEEDE, même si elles peuvent continuer un temps de
constituer une base d’activité pour les associations, sur la base d’autres financements.
L’enjeu accompagné par le SEEDE est que le secteur de l’EEDD reste pionnier et passe le
relai à d’autres structures24 pour des pratiques qui ne demandent plus une forte
compétence d’innovation.
Les organismes qui fonctionneraient par trop « en vase clos », sans partenariats de terrain
débouchant sur des actions communes ; ceux qui reposeraient essentiellement sur des
équipes de salariés ; ceux dans lesquels les bénévoles seraient inexistants ; ceux qui
s’adressent massivement à des publics d’âge scolaire.
4.1.2.2. Les critères favorables (« pour »)
•
•
•
L’utilité collective de l’objet de l’association, et de sa praxis.
La cohérence du projet associatif et sa capacité d’adéquation aux objectifs de
changements ouverts par les politiques publiques.
La prise de risque et l’innovation.
23
Une clarification des attentes de la Région à propos des jeunes publics (lycées, apprentis, jeunes en formation) est toujours
nécessaire, certains messages ayant semble-t-il du mal à passer.
24
Ce passage de relai peut également concerner l’origine du financement, le SEEDE se réservant le champ de l’innovation et
de l’exploration, les actions validées relevant ensuite d’autres sources (autres services de la Région, autres financeurs).
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•
•
•
25
Le respect d’un équilibre fort bénévolat/salariat/actions collectives.
Négocier des plans pluriannuels de sous-traitance / achat de prestations dans lesquels les
critères de financement concentrés, clairs, reconnus par tous et qui soient des critères liés
aux types de publics ciblés (ex. jeunes adultes qui travaillent), de démarche éducative
innovante (intégration aux actions de terrain, usage participatif d’internet…) ou des
critères portant sur la professionnalisation des structures (ex. partenariats ad hoc,
ouvertures, coopération de terrain pour ouverture des associations ; formation des salariés
et des bénévoles, recherche en éducation…).
Les essaimeurs qui pensent leur action dans une perspective de généralisation et de
dissémination, même si l’expérimentation initiale est nécessairement située et ancrée dans
un territoire.
4.1.3. Œuvrer au sein du Conseil Régional pour que l’EEDD devienne une démarche
transverse, partagée par tous
Cet objectif répond, d’abord, à un enjeu sociétal essentiel : il s’agit d’appliquer en interne les
démarches systémiques et le décloisonnement que l’on souhaite voir à l’œuvre dans les
mutations sociales, tel que nous avons pu le développer précédemment.
Mais surtout, il vise à faire évoluer le contexte dans lequel va devoir s’opérer la mutation du
secteur. En effet, l’ouverture des organismes d’EEDD vers des partenariats plus larges, plus
nombreux et plus riches ne s’opérera que s’ils trouvent « du répondant », dans tous les
champs de la vie collective concernés par les questions de développement durable — et
lesquels ne le sont pas ? Or le SEEDE est en position de favoriser les rencontres, les échanges
et la prise en compte par nombre de partenaires internes, des problématiques de l’EEDD.
Pour n’en donner qu’un exemple, nous avons recueilli quelques propos portant sur
l’insuffisance, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, de l’offre de formation professionnelle
pour des spécialistes des questions d’EDD, internes aux entreprises, à divers niveaux
hiérarchiques. Nombre de professionnels de l’EEDD pourraient apporter là leurs
compétences, et mener une réflexion utile avec les services régionaux de la formation
professionnelle et de l’enseignement supérieur.
Il s’agit d’un vrai remaniement interne, amenant le SEEDE à consacrer une part notable de
son temps, de ses compétences et de son énergie à développer cette transversalité :
• en développant une fonction de consultant interne sur les questions d’EEDD ;
• en instaurant un espace de concertation collective pour intégrer l’EEDD dans
tous les champs de compétences du Conseil régional25 ;
• en proposant de l’ingénierie de formation aux autres services (y compris en
associant à cette offre des acteurs du secteur).
4.1.4. S’engager dans une démarche de concertation et de contractualisation avec les
territoires
Avec la réforme territoriale toujours en marche, ainsi qu’avec la décentralisation de la gestion
des fonds européens, une dernière piste s’ouvre pour le SEEDE et plus généralement pour la
Région. En l’état actuel des choses, aucune piste claire n’apparaît encore. Cependant, il
appartiendra au SEEDE de rester en veille très active sur ce sujet, avec les autres services du
Conseil régional, pour déterminer quel sera le devenir de sa politique de coopération
25
Dès la conception même des nombreux schémas directeurs et autres plans régionaux (transport, tourisme, cohérence
écologique, biodiversité, climat air énergie…).
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territoriale et de contractualisation avec les différents niveaux de compétences territoriales
(départements, EPCI, communes) autour d’objectifs partagés d’EEDD.
4.2. Des pistes pour le repositionnement stratégique des acteurs de l’EEDD (individuellement
et/ou par le biais de leurs organisations collectives et fédérations)
4.2.1. S’engager dans une stratégie de formation de ses salariés et bénévoles
On l’a vu, il est essentiel que le secteur de l’EEDD demeure porteur d’innovation. Son image
professionnelle n’est pas très forte, « l’éducatif » se limitant parfois au « pour les enfants », le
champ de l’environnement et du développement durable, pour sa part, restant pour certains
confiné dans « la protection de la nature ». Une des réponses apportées consiste à définir des
diplômes professionnels.
Elle ne peut être suffisante, surtout dans la période actuelle, ni remplacer une stratégie de
formation continue à la fois des salariés et des bénévoles (collectif associatif), qui peut seule
permettre que l’expérience « prennent corps », et que des compétences nouvelles anticipent,
ou tout au moins accompagnent au plus, les évolutions des demandes et des pratiques. Il
semble souhaitable que les praticiens des associations puissent bénéficier, en cours de
parcours, de temps de formation et de réflexion, ou d’analyse de leurs pratiques, qui leur
permettent de « capitaliser » sur leur expérience et de s’ouvrir à de nouvelles problématiques.
Dans cette perspective, relevons trois domaines où le secteur pourrait développer ses
compétences.
4.2.1.1. Médiation et accompagnement
Il existe des formations de niveau mastère à l’accompagnement (sciences de l’éducation) ou à
la médiation culturelle qui pourraient peut-être accueillir « en l’état » des professionnels de
l’EEDD — car il s’agit de problématiques et de compétences très transverses. Tout aussi bien
elles pourraient être adaptées à ce secteur particulier.
La mise en perspective théorique, la découverte de pratiques voisines, l’échange avec des
pairs engagés dans d’autres secteurs pourraient étayer la réflexion interne, l’innovation, la
capacité à « passer le relai » aux nouveaux salariés… sur des thèmes aussi divers que :
• l’intégration des technologies nouvelles d’information dans les pratiques
pédagogiques et dans la communication ;
• la gestion et le management de réseau ;
• le marketing sociétal…
Des formations continues spécifiques peuvent elles aussi être envisagées via l’IRFEDD26 par
exemple. De même, il serait essentiel que le CNFPT intègre mieux le développement durable
(et ses outils : participation citoyenne, évaluation…) dans les formations qu’il propose.
4.2.1.2. Formation de formateurs
Si, comme nous le pensons, la transmission des compétences éducatives propres à ce secteur
du développement durable est, et demeurera longtemps, un enjeu important, où une forte
demande émerge, les praticiens expérimentés de l’EEDD doivent pouvoir devenir des
professionnels de la formation des éducateurs EDD, et pour ce, prendre le temps de
« capitaliser » leur expérience, de la mettre en perspective, de la conceptualiser.
26
Cet organisme ayant recours à des intervenants divers : chercheurs, praticiens… pour la réalisations et la conduite de ses
actions de formation
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4.2.1.3. Veille scientifique et technologique
Enfin, les techniques de veille font l’objet aujourd’hui de formations diplômantes, mais
peuvent aussi être acquises au plus près des pratiques et des enjeux des organismes, par
exemple sous la forme de « formations-actions » in situ, ou inter-structures (plateforme),
visant à la fois au développement de la fonction de veille, et à la formation des salariés.
4.2.2. Organiser collectivement la veille et l’innovation
Être en phase avec la demande sociétale, mieux appréhender la diversité des publics, anticiper
les évolutions en repérant les « signaux faibles », trouver des partenaires pour l’innovation,
tout cela nécessite une compétence forte de « guetteur de tendance », aujourd’hui
indispensable dans tout secteur en forte mutation.
Ce peut être, surtout pour les dynamiques locales ou spécialisées, l’affaire de chaque structure
« là où elle est compétente ». Mais c’est typiquement une fonction qui gagnerait à être
fédérée, pilotée en commun, quand bien même elle serait enrichie de façon participative.
4.2.2.1. Se mettre en veille active sur l’innovation sociale, sur ce qu’il se
passe ailleurs, sur les attentes de leurs concitoyens, sur les travaux des
chercheurs (développement, sciences humaines, sciences et techniques en
général…)
Mieux connaître le contexte sociétal, au plus près de son évolution. Et se nourrir des
inventions et des idées des autres, pour mieux avancer.
4.2.2.2. Sans oublier les innovations dont est porteur le secteur, y compris à
l’étranger.
Se sentir appartenir, à partir d’exemples nombreux et concrets, à un secteur inventif, porteur
de progrès, de réflexion, d’intelligence collective. Pouvoir en parler en connaissance de cause
et le promouvoir de façon pertinente auprès de ses divers interlocuteurs. Nourrir sa créativité
des expériences des autres. Et désirer à son tour communiquer sur ce qu’on fait…
4.2.3. Consolider ses partenariats et ses ancrages territoriaux27
Il s’agit là d’un objectif opérationnel, pas d’un « souhait ». Consacrer du temps, et de la
compétence, à construire un réseau de partenaires et à le faire vivre. Cela relève, pour une
part, des responsabilités de chaque structure ou de chaque réseau local d’EEDD
Mais c’est également aujourd’hui une problématique qui « pose question » aux acteurs du
secteur : nature des liens avec les entreprises, perte de la posture militante et revendicatrice,
risque de devenir « juge et partie ». Trouver les réponses à cette question peut relever d’une
réflexion éthique collective.
Aller au devant des acteurs du territoire, développer des démarches de
prospection, d’enquête de terrain, de rencontres — les intégrer dans les
« fiches de poste » de tous les professionnels, dans les missions des
bénévoles. Y affecter du temps de travail, des moyens, si besoin les
formations nécessaires (prospection, contact).
27
Rappelons que la notion d’ancrage territorial pose aussi la question du rayonnement des associations et de leur
développement vers d’autres lieux d’ancrage et de partenariat, dans une vision plus globale. Ainsi de l’échelle
méditerranéenne, réalité pour certaines associations, mais aussi de projections plus lointaines.
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Développer et partager des savoir-faire, mais aussi une réflexion éthique et
déontologique, autour de l’ouverture à des partenariats divers et aux
conséquences que cela peut produire.
4.2.4. Devenir plus présents dans le secteur de la formation professionnelle,
On l’a vu, il existe une demande, dans les entreprises, les collectivités locales, de
professionnels de divers niveaux et de diverses disciplines capables de porter, dans leur
fonction, des missions d’éducation à l’environnement, soit à l’interne, soit en direction des
publics de l’entreprise. Les professionnels expérimentés de l’EEDD doivent être présents sur
ce terrain, non seulement parce qu’ils ont une expérience à transmettre, mais parce qu’il n’y a
rien de tel que de former des acteurs de l’entreprise pour mieux comprendre ses
fonctionnements, ses enjeux, sa culture. 28
4.2.5. Et celui de la recherche en éducation
On a pu relever, au cours de nos réflexions collectives, la faiblesse de la production théorique
du secteur de l’EEDD, alors même qu’elle représente un objet d’étude original.
Plus de praticiens chercheurs, plus en contact avec divers chercheurs, voilà qui devrait être un
premier objectif. Qui pourrait déboucher sur des choix de « sujets de recherche » vraiment
ancrés dans les problématiques propres au secteur, et soutenant sa capacité d’innovation. 29
Ce déficit de recherche a également été signalé lors des auditions du Conseil économique
social et environnemental et relève sans doute aussi d’une mobilisation supra régionale autant
que de la mobilisation des réseaux régionaux.
4.2.6. Mieux évaluer, mieux valoriser, à tous les niveaux opérationnels
L’identité professionnelle d’un secteur passe par la maîtrise des critères d’évaluation : passer
de critères standards, généraux et transverses à des critères particuliers, permettant de se
rendre compte de ce que les compétences, les modes d’action et leurs effets ont d’original, de
particulier, de pertinent aux situations et aux enjeux propres au secteur, permet à la fois de
construire et de partager un référentiel propre, et de communiquer sur les valeurs, les qualités,
les performances spécifiques. Et, surtout, de développer des démarches d’évaluation
pertinentes, qui permettent :
• de réguler les actions, les projets, ou de les transformer sans en perdre le sens ;
• de guider les stratégies de communication du secteur, en mettant en avant sa
véritable valeur ajoutée, que ce soit au plan individuel ou collectif ;
• de clarifier les attentes du SEEDE (et des autres financeurs) vis-à-vis du
secteur.
28
Ainsi, le département des Sciences de l’Éducation de l’Université de Provence propose à ses étudiants (majoritairement des
professionnels en formation continue ou reconversion) un mastère « éducation au développement durable », et un mastère
« consultants et coachs » centré sur les problématiques d’accompagnement. Ces mastères professionnels sont adossés à un
secteur de recherche portant, entre autres, sur ces mêmes thèmes. Ils sont susceptibles d’accueillir des acteurs du secteur
EEDD tout autant comme étudiants, que comme professionnels associés à la formation ou à la recherche… mais c’est aussi
avec tous les organismes formant des cadres et des techniciens de l’entreprise et des administration que le secteur de l’EEDD
doit nouer des contacts pour que les compétences éducatives et les problématiques de développement durable deviennent, à
terme, transverses à tous les secteurs de l’activité.
29
Même remarque que précédemment.
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29
Expérimenter / développer des pratiques d’évaluation partagée, en continu,
en situation, autour des actions d’éducation ou des projets de plus grande
ampleur. En lien avec les compétences de veille et de recherche, développer
ces compétences d’évaluation
Communiquer, avec les partenaires de terrain comme avec le SEEDE, sur
des valeurs, des critères d’actions et de résultats ancrés dans l’expérience,
et qui témoignent de la spécificité de ce secteur. Construire, en continu,
dans chaque structure comme au niveau des instances collectives, une
valorisation de l’EEDD « précise, juste et sincère ».
4.2.7. Penser les conditions structurelles de la mutation
Ce « penser » est très opérationnel lui aussi : il porte sur les évolutions, voire les innovations,
dans la forme même des organisations. Comment traduire, au plan juridique, des statuts et des
contrats, au plan gestionnaire, des modèles économiques et des équilibres financiers, les
projets des associations, leurs partenariats, la place des bénévoles et des salariés…
Mener une réflexion collective sur les modèles juridiques et économiques
des organismes, partager les expériences, les difficultés, les échecs, les
réussites.
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Annexe 1. Méthodologie générale
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Annexe 2. Philosophie et composition du groupe de travail
Extraits du témoignage de René Jam, membre du groupe de travail, à l’issue la réflexion (document du 15
décembre 2013) :
« {…} quatre exigences méthodologiques :
- La première présuppose, dans le cadre des réunions de concertation qui architecturent toute
authentique politique participative, un objectif clairement affiché et une véritable éthique du dialogue.
- La seconde pose l’a priori d’un «statut d’interlocuteur valable» pour chacun des participants et prend
le temps de l’écoute et de l’élaboration progressive.
- La troisième, dans sa démarche d’animation dynamique, bouscule les représentations mentales, les
discours institutionnels stéréotypés et conduit les participants à se poser les questions essentielles qui
concernent leur stratégie d’action et les présupposés théoriques qui fondent leur engagement. Parfois
un long et difficile accouchement.
- La quatrième, enfin, nécessite un compte-rendu fidèle des échanges mettant en exergue les lignes de
force de cette intelligence, de cette pensée collective. L’écrit étant le garant de toute dérive
interprétative.
Ces quatre critères {…} ont été respectés durant ces réunions de travail. »
Animation du groupe de travail
Cécile Clozel
consultante
Viviane Hamon
consultante
Membres du groupe de travail
René Jam
L’Eau partagée, co-fondateur
Cyril Gombert
Naturoscope, directeur
Fabien Veyret
AERE, directeur ; Graine PACA, viceprésident
Francis José-Maria
L’Eau partagée, co-fondateur
LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur, directrice
adjointe
Pôle Azur Provence, chargée de mission
éducation à l’environnement et au
développement durable,
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
SEEDE
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
SEEDE
Magali Goliard
Sandrine Pellegrino
Cécile Rossi
Dominique Raulin
Alexis Jan
AMIEU
Matthieu GUARRI (CME-CPIE 84)
CME-CPIE 84, directeur
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Annexe 3. Liste des principales productions intermédiaires
Les productions intermédiaires suivantes permettent de compléter et d’éclairer les termes de
la présente synthèse :
Groupe de travail
Sur la base d’une analyse exploratoire préalable, le groupe de travail s’est ensuite réuni trois
fois autour des thèmes de débat proposés :
préparation_groupe_travail.pdf
synthese_travaux_groupe de travail.pdf
État d’esprit du secteur
Une consultation des acteurs du secteur (directeurs, administrateurs et chargés de mission
dans les associations) a été réalisée sous la forme d’une interrogation qualitative, conduite via
internet :
analyse_synthese_carre_pro.pdf
Exploration de la demande
L’état des lieux de la demande des acteurs intermédiaires de l’EEDD (susceptibles d’être
partenaires et/ou financeurs d’actions) a été réalisée sous la forme d’entretiens semi-directifs
et de deux réunions créatives :
synthèse-réunions-entretiens-demande.pdf
Analyse d’initiatives remarquables
L’analyse d’initiatives remarquables du point de vue de la thématique de notre mission
(mobilisation des écocitoyens) a été menée :
analyse_initiatives_remarquables.pdf
GROUPE DE TRAVAIL
Rapport final - Synthèse de la mission
Janvier 2014
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
33
Annexe 4. Les diverses attentes de l’écocitoyen
La liste des attentes qui figure ci-après a été validée par l’ensemble des personnes associées à
la réflexion (groupe de travail, entretien, réunions créatives). Des détails sémantiques à
propos de la formulation des attentes ont pu être critiqués — l’exercice n’est pas facile. Des
divergences à propos de la hiérarchisation ou de l’organisation de ces attentes ont également
pu être mises en évidence, selon la position institutionnelle et/ou la culture de nos
interlocuteurs. Cependant, globalement, un consensus s’est établi sur la pertinence et la
complétude de cette liste.
BESOINS INTELLECTUELS
1. L’écocitoyen éprouve le besoin intellectuel de comprendre et de s’enrichir : être
informé, être conforté dans sa compréhension des choses, être éduqué…
2. L’écocitoyen veut participer au processus de production de la connaissance : être
reconnu pour et par ses compétences, observer, produire des données…
3. L’écocitoyen veut peser sur les décisions : participer aux débats, contribuer aux enquêtes
publiques, donner son avis en amont, boycotter…
BESOINS PRAGMATIQUES
4. L’écocitoyen a besoin qu’on lui indique ce qu’il doit faire : expérimenter, poursuivre des
objectifs précis, mettre en place les « bons gestes »…
5. L’écocitoyen doit être stimulé : mis au défi, poussé à (paternalisme libertaire/"nudges"
verts), aborder les choses par le jeu, la compétition…
6. L’écocitoyen doit être accompagné : être porté sur la durée, être pris en charge, être
encouragé…
GROUPE DE TRAVAIL
Rapport final - Synthèse de la mission
Janvier 2014
« ÉTUDE SUR L’ÉVOLUTION DU SECTEUR DE
L’INFORMATION, LA SENSIBILISATION ET L’ÉDUCATION À
L’ENVIRONNEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ EN RÉGION PROVENCE-ALPESCOTE D'AZUR »
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR
Marché n° 2013-088
SYNTHÈSE DES TRAVAUX DU GROUPE DE
TRAVAIL
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
2
Le groupe de travail constitué pour mener la réflexion s’est réuni quatre fois.
Au cours de la première réunion, après un rappel des objectifs de l’étude, et la présentation
d’une brève synthèse des analyses exploratoires, le débat s’est engagé entre les participants.
Rappel des principaux objectifs :
1. envisager comment les structures qui portent l’EEDD peuvent mieux répondre à la demande
sociétale et politique, notamment face à l’urgence du changement climatique.
2. repérer des nouveaux axes d’interventions pour les acteurs de l’EEDD
3. les aider à mieux se positionner face à leurs partenaires traditionnels et/ou de nouveaux :
communication, formation…
1. Les principales caractéristiques de ce groupe :
1.1. Sa composition :
— C'est un groupe "ad hoc" : il est constitué en fonction de la problématique à traiter, tant du
point de vue des intervenants que des autres participants (voir annexe pour le détail de sa
composition).
— C'est un groupe éphémère : sa "durée de vie" est liée au processus de réflexion engagé, à
l'évolution de la problématique. Aucun objectif d'institutionnalisation.
— Il rassemble des participants divers, par leur fonction, leur métier, leur statut, leur
expérience.
1.2. Les relations entre les participants :
— Extériorité des intervenants à l'égard des divers enjeux institutionnels et opérationnels et
des "allant de soi" du milieu.
— Participation personnelle, et non "es qualité" : ce sont des sujets qui s'expriment, non des
acteurs. Chacun est auteur de son propos, de sa réflexion. C'est cela qui fonde l'émergence
d'une réflexion collective.
— On vise à permettre une parole "libre et sincère" et à éviter la langue de bois ou les lieux
communs. Le corolaire de cette liberté de parole est, évidemment, l’écoute réciproque,
attentive et respectueuse.
— La participation était volontaire, et bénévole (sans défraiement)
2. Le processus de réflexion
2.1. Les visées et les démarches associées :
— la perspective était prospective et non récapitulative : il ne s’agit pas de faire un bilan, mais
d’ouvrir des pistes pour l’action à venir.
— Le groupe de travail a été nourri des éléments de réflexion issus des autres approches
concourant à la méthode globale d’étude : étude de documents, entretiens, réunions créatives,
etc…
— Il utilise ces apports pour sa réflexion, et, en retour, permet d’affiner les problématiques
d’enquête et les supports (par exemple les guides d’entretien).
GROUPE DE TRAVAIL
Synthèse des travaux
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
3
2.2. Quelques principes pour une intelligence partagée :
— Les enjeux de réflexion/compréhension/innovation sont posés et maintenus contre les
enjeux "institutionnels" (rapports de force, revendications).
— Le groupe est ouvert à la variété des sources d'information et des modèles théoriques et
expérientiels portés par les participants.
— Les intervenants, comme les autres participants, sont porteurs d'expertises diverses, qui
alimentent et accompagnent le débat, mais dont aucune n'a priorité pour structurer et diriger la
réflexion du groupe. Les supports sont des prétextes à réfléchir ; ils ont une fonction
heuristique et maïeutique (par exemple en suscitant une certaine dissonance cognitive).
— La dynamique de réflexion repose sur le respect des divergences, différences de points de
vue, conflits de représentations. C'est l'énonciation de cette diversité qui est porteuse de
changement.
— Étape après étape, le groupe procède à la co-validation du contenu (synthèse de chaque
groupe, enrichissement). Les différences de points de vue sont respectées. En projet : coconstruction du rapport final.
3. L’avenir : accompagner un changement de paradigme
L’avancée des échanges, de réunion en réunion, met au jour les dimensions qui fondent
l’originalité de ce secteur, de ce qu’il est mais surtout de ce qu’il peut devenir : des
« contenus » très différents des disciplines classiques, et dont beaucoup sont en cours
d’invention, une posture « éducative » innovante, qui doit être renforcée, valorisée, et
développée.
3.1. Des visées fortes
Le groupe a travaillé à dégager le discours sur les enjeux sociétaux et éducatifs de leur gangue
de « langue de coton ». Les échanges permettent d’expliciter les dimensions philosophiques,
éthiques, mais aussi la grande diversité des enjeux sociétaux de l’EEDD.
Qu’il s’agisse de concepts, d’attitudes, de comportements individuels ou collectifs, les visées
de l’EEDD renvoient à la nécessité, pour notre civilisation, de s’approprier une vision
systémique et une pensée complexe. Il s’agit de penser ensemble « le global » et « le local »
(l’ancrage territorial, le comportement quotidien), de penser le sujet dans sa complexité (et
non comme simple « homo economicus » ou « homo technicus »), de veiller à la fois au « là
et maintenant » et au long terme, de prendre acte de l’urgence environnementale, tout en
considérant le temps propre (parfois lent) des changements d’attitude…
C’est, pour tous les acteurs, du politique au simple citoyen, du chercheur à l’artisan, du
producteur au consommateur, un profond changement d’optique, de façon de réfléchir.
L’étape de la « sensibilisation » aux questions environnementales est, pour l’essentiel,
franchie. L’étape qui s’ouvre est celle d’une intégration de cette sensibilité environnementale
dans les attitudes, les politiques, les modes d’organisation, les représentations sociales, etc…,
et de l’invention d’un développement durable au sens plein (économique, écologique, social).
GROUPE DE TRAVAIL
Synthèse des travaux
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
4
3.2. Un changement de posture
Accompagner cette évolution des représentations et des attitudes, est-ce possible en restant
quelque peu « engoncé » dans l’image actuelle de l’éducation, qui reste pour beaucoup
inscrite dans une relation de domination (maître / élève), l’image de contenus très sectoriels,
peu ancrés dans les pratiques et les situations concrètes, ou au contraire réduits à une sorte de
« dressage comportemental » ?
La réflexion sur l’image amène le groupe à une interrogation, plus profonde, sur la posture
éducative. S’il a été rappelé au début, avec force, que le mot est porteur de bien plus que la
simple « transmission de savoirs », il apparaît ensuite qu’il renvoie à une petite part seulement
des enjeux sociétaux actuels : les « citoyens apprenants » sont des pairs plus que des
« élèves », et le « corpus » du développement durable (sous tous ses aspects) est plus encore à
inventer ensemble qu’à « transmettre ».
Ainsi émerge la notion de « médiateur » plus que d’« éducateur ».
Médiateurs entre divers « sachants », divers « apprenants » et/ou « expérimentants », entre le
passé (le patrimoine, sa préservation) et l’avenir (l’innovation, l’invention sociétale et
conceptuelle..), médiateurs pour des transferts d’expérience, médiateurs entre divers acteurs
d’un territoire pour faciliter l’émergence d’une intelligence partagée…
3.3. Consolider et développer l’originalité de ce secteur
Certaines caractéristiques du secteur de l’EEDD apparaissent tout à fait « en phase » avec ces
enjeux : par exemple, l’ancrage territorial (ou l’ancrage dans un domaine d’expertise, de
passion aussi) des associations, allié à leurs buts de portée universelle, fait écho à la question
tout à fait essentielle pour tous les acteurs sociaux des rapports entre « global » et « local ».
Ou encore certaines démarches éducatives, liant le ressenti et la réflexion, l’expérimentation
concrète et les concepts, ou faisant intervenir des référentiels croisés autour de
problématiques complexes.
De même, le lien fort, en leur sein, entre l’action militante, bénévole et le professionnalisme
« résiste » au découpage actuel du sujet (salarié/citoyen/consommateur…).
Ce sont ces dimensions originales qu’il est souhaitable de valoriser (là où les procédures
d’évaluation convenues ont souvent tendance à banaliser l’action des associations d’EEDD),
et probablement de renforcer, par exemple en expérimentant des formes nouvelles
d’organisation, de relations avec les publics, de partenariats.
GROUPE DE TRAVAIL
Synthèse des travaux
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
5
Annexe. Philosophie et composition du groupe de travail
Extraits du témoignage de René Jam, membre du groupe de travail, à l’issue la réflexion (document du 15
décembre 2013) :
« {…} quatre exigences méthodologiques :
- La première présuppose, dans le cadre des réunions de concertation qui architecturent toute
authentique politique participative, un objectif clairement affiché et une véritable éthique du dialogue.
- La seconde pose l’a priori d’un «statut d’interlocuteur valable» pour chacun des participants et prend
le temps de l’écoute et de l’élaboration progressive.
- La troisième, dans sa démarche d’animation dynamique, bouscule les représentations mentales, les
discours institutionnels stéréotypés et conduit les participants à se poser les questions essentielles qui
concernent leur stratégie d’action et les présupposés théoriques qui fondent leur engagement. Parfois
un long et difficile accouchement.
- La quatrième, enfin, nécessite un compte-rendu fidèle des échanges mettant en exergue les lignes de
force de cette intelligence, de cette pensée collective. L’écrit étant le garant de toute dérive
interprétative.
Ces quatre critères {…} ont été respectés durant ces réunions de travail. »
Animation du groupe de travail
Cécile Clozel
consultante
Viviane Hamon
consultante
Membres réguliers du groupe de travail
René Jam
L’Eau partagée, co-fondateur
Cyril Gombert
Naturoscope, directeur
Fabien Veyret
AERE, directeur ; Graine PACA, viceprésident
Francis José-Maria
L’Eau partagée, co-fondateur
Magali Goliard
Sandrine Pellegrino
Cécile Rossi
Dominique Raulin
LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur, directrice
adjointe
Pôle Azur Provence, chargée de mission
éducation à l’environnement et au
développement durable,
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
SEEDE
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
SEEDE
Alexis Jan
AMIEU
Matthieu GUARRI (CME-CPIE 84)
CME-CPIE 84, directeur
GROUPE DE TRAVAIL
Synthèse des travaux
Décembre 2013
18/04/14 Viviane Hamon (mandataire), Cécile
Clozel, Denis Savanne (In Vivo)
Étude sur l’évolution du secteur de l’information, la
sensibilisation et l’éducation à l’environnement et
au développement durable vers l’écocitoyenneté en
région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Document préparatoire au groupe de
travail
Les objectifs de la mission
 
 
 
conduire avec/pour la Région et les associations d’EEDD
une réflexion sur l’intérêt d’investir de nouveaux champs
d’intervention dans un contexte de budgets de plus en plus
restreints
nouveaux champs d’intervention :
 
nouveaux publics, nouvelles cibles
 
des objectifs renouvelés : écocitoyenneté, adhésion,
modification des comportements
des principes d’intervention pour la mission :
 
 
 
une démarche participative
une réflexion prospective et comparative
une exploration des attentes exprimées par les donneurs
d’ordre actuels et potentiels
Évolution secteur EEDD
2013
1 18/04/14 La méthode
Les
besoins
L’offre en
Paca
GT n° 1
État des
débats
sur
l’EEDD
Évolution secteur EEDD
Analyse approfondie
Analyse exploratoire
Analyses
de cas
GT n° 2
Réunions
créatives
donneurs
d’ordre
GT n° 3
Entretiens
donneurs
d’ordre
Qu’en
pensent
les
acteurs
de
l’EEDD ?
GT n° 4
2013
Les enseignements de l’analyse
exploratoire (1) : attitudes et attentes de
l’écocitoyen français
Évolution secteur EEDD
2013
2 18/04/14 D’un Français sensibilisé à un Français
écocitoyen : les graines sont semées
 
l’ensemble des études* sur le sujet montre une forte
progression des connaissances et de la sensibilité des Français
sur les questions d’environnement et de DD
 
Quelques chiffres :
 
76% des Français estiment que la priorité du gouvernement devrait être
d’orienter l’économie vers des activités qui préservent l’environnement
 
68% des Français sont prêts à privilégier une destination de vacances en faveur
de l’écologie
 
61% des Français pensent que le changement climatique est une réalité
46% des Français déclarent avoir une idée précise du DD
33% des Français connaissent l’Écolabel européen
 
 
* CREDOC, ADEME, Commissariat général au développement durable, sondages et enquêtes
d’opinion privées, études Région Provence-Alpes-Côte d’Azur… (2010 à 2013)
Évolution secteur EEDD
2013
D’un Français sensibilisé à un Français
écocitoyen : les bonnes pratiques se développent
 
des changements de comportements ou des intentions sont à
l’œuvre :
 
93% des Français pensent que les efforts individuels peuvent avoir un impact sur la
protection de l’environnement
 
8/10 utilisent les sacs réutilisables quand ils font leurs courses
 
78% reconnaissent qu’ils pourraient faire mieux dans leur vie quotidienne
 
tri sélectif : verre = 8/10 trient systématiquement, piles = 7/10, trient verre/piles/
emballages/papier = 55%…
 
énergie : 71% baissent le chauffage dans les pièces inoccupées, augmentation
continue du nombre des personnes qui font des travaux d’isolation
 
82% des Français se disent prêts à renoncer à leur voiture en cas de pic de pollution
 
66% ont volontairement économisé l’eau chez eux ; la sensibilité écologique est le
facteur qui explique le mieux ce comportement
 
63% de la population fait réparer ses appareils électroménagers ou électroniques ;
l’achat et la vente de produits d’occasion se développe (« deuxième vie des objets »)
 
57% de la population cite la chasse au gaspillage, 43% le recours aux produits
locaux, comme signes de consommation durable
La consommation est-elle en train de devenir
un espace de contestation ?
Évolution secteur EEDD
2013
3 18/04/14 Oui, mais…
 
la place accordée aux problématiques du développement
durable reste sensible à la conjoncture
2007
2008
2009
pollution
61,6
55,1
48,8
chômage
54,7
69,2
68,7
inégalités sociales
42,1
45,2
39,2
 
l’intensité des polémiques environnementales fait fluctuer
l’opinion
 
une méfiance et une perplexité face à la cacophonie des
messages ; « trop d’info tue l’info » :
 
 
 
 
une information publique neutre mais mal identifiée et trop généraliste pour
guider l’action
le soupçon de « green-washing »
le peu de crédibilité accordé à l’affichage environnemental
changer oui, mais à condition que cela ne coûte pas plus cher (55%)
et surtout, la réalité des contraintes et du système normatif et
sociotechnique dans lesquels sont insérés les individus : les choses
ne
sont
pas si simples
Évolution
secteur
EEDD
2013
Évolution secteur EEDD
2013
 
4 18/04/14 UN écocitoyen ou plutôt DES
écocitoyens
Évolution secteur EEDD
2013
Mise en débat n° 1 : repenser les objectifs en
fonction des diverses attentes des divers
écocitoyens : segmentation et ciblage
 
l’écocitoyen éprouve le besoin intellectuel de comprendre et de s’enrichir : être
informé, être conforté dans sa compréhension des choses, être éduqué…
http://www.fondation-nicolas-hulot.org/engagement/outils/pour-comprendre/avec-une-formationprogressive/une-formation-progressive-ouverte-u
 
l’écocitoyen a besoin qu’on lui indique ce qu’il doit faire : expérimenter, poursuivre
des objectifs précis, mettre en place les « bons gestes »…
http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Mini-sites/200-km-a-la-ronde/p-16125-Le-defilocavore-de-cinq-familles-toulousaines.htm
 
l’écocitoyen doit être stimulé : mis au défi, poussé à (paternalisme libertaire),
aborder les chose par le jeu, la compétition…http://www.youtube.com/watch?v=2lXh2n0aPyw
 
l’écocitoyen doit être accompagné : être porté sur la durée, être pris en charge, être
encouragé… http://www.afleurdepierre.com/jardins/jardins-solidaires
 
l’écocitoyen veut participer au processus de production de la connaissance : être
reconnu pour et par ses compétences, observer, produire des données…
http://lasocietesolidaireetdurable.com/2012/03/07/citoyens-citoyennes-la-science-abesoin-de-vous/
 
l’écocitoyen veut peser sur les décisions : participer aux débats, contribuer aux
enquêtes publiques, donner son avis en amont, boycotter…
http://laval2021.carticipe.fr/
Évolution secteur EEDD
2013
5 18/04/14 Les enseignements de l’analyse
exploratoire (2) :
l’offre des associations d’EEDD telle qu’elle se donne
à voir dans le corpus des documents transmis au
SEEDE
Évolution secteur EEDD
2013
À la recherche d’un métier : qui sont les écoéducateurs ? en quoi sont-ils différents ? qu’ont-ils de
particulier, chacun et en tant que secteur professionnel ?
 
des documents qui emploient une « langue de coton » sous laquelle on
discerne mal les pratiques :
 
 
 
 
tout comme d’autres secteurs professionnels, un langage de « l’entre soi »
des modes d’expression convenus pour désigner les objectifs (« sensibiliser »,
« former le sens critique »…) qui banalisent les démarches
l’« éducatif » (EEDD) est distingué des autres types d’action sans que
l’on puisse appréhender la logique qui préside à cette distinction :
 
sur quels critères un organisme décide-t-il que telle ou telle action relève de
l’EEDD ou relève d’autres démarches (modification des comportements,
animation, communication, militantisme…) et des sources de financement
associées ? « Faisons bénéficier nos enfants des activités d’éducation à
l’environnement » - Brochure « Sorties nature » de la LPO Paca
 
le SEEDE a-t-il lui-même défini cette distinction et s’y tient-il ?
un métier à l’image floue et peu ancrée
 
est-ce le fait de structures qui communiquent mal sur elles-mêmes ? est-ce
une réalité des pratiques elles-mêmes ? est-ce un manque de réflexion de la
profession sur elle-même ?
Évolution secteur EEDD
2013
6 18/04/14 Le « référentiel métier » tel qu’il se donne à voir :
analyse des dimensions structurantes d’un champ professionnel
 
Des publics spécifiques ?
 
 
 
 
un métier qui « se glisse » dans des champs d’intervention (segmentation des publics) calqués sur
des organisations pré-existantes de l’intervention éducative et sociale (école, centre de vacances,
maisons de retraite, centre d’action sociale…) : des publics captifs ?
Des situations pédagogiques particulières ? Des situations pédagogiques qui permettent de
proposer des événements éducatifs différents ?
 
peu d’alternance ou d’intégration praxis-théorie, peu de formation-action, peu d’interventions in
situ
 
la situation phare consiste à emmener des « (enfants) urbains » dans la nature (un héritage de la
Jeunesse en Plein Air ?)
 
des situations « top-down » de diffusion des savoirs
 
peu d’articulations perceptibles entre les séquences éducatives et les autres activités des
associations
Des méthodes et outils originaux ?
 
mallettes, balades… surtout des groupes (de personnes âgées, d’enfants qui écoutent…) : des séances
closes sur elles-mêmes
 
le discours de restitution, les catalogues de ressources, ne mettent pas en avant les innovations
pédagogiques ou des expériences particulières et singulières
Un corpus de compétences à transmettre ? Des contenus caractéristiques ? Un propos ou une
visée propre à ce champ professionnel ?
 
des contenus éparpillés, des savoirs morcelés… qui ne semblent pas reliés ni traversés par des
compétences transverses de l’écocitoyenneté
l’essentiel ne pourrait-il pas être aussi bien transmis par un professeur de SVT ou une association de
défense du patrimoine ?
Évolution secteur EEDD
 
2013
L’image que la profession donne d’elle-même
 
 
 
Des compétences ? Que savent faire ces « éco-éducateurs » que ne sachent pas
les autres, qui leur permette mieux que n’importe qui de répondre aux enjeux de
l’EEDD ?
 
contenu, situations, méthodes, outils, constitution des publics…à travers ce qui est dit des pratiques,
on cerne mal ce que sont les compétences propres des éco-éducateurs
 
gestes éducatifs originaux ? la posture est-elle différente de celle de l’animateur éclairé d’un centre
de vacances ou d’un accompagnateur en montagne ?
 
le champ particulier (environnement, RSE, DD…) fait-il retour sur les pratiques professionnelles,
par le développement d’une approche originale ?
Des valeurs différentes débouchant sur des choix éducatifs différents ? Une
conception de la qualité de l’EEDD ? Un système, même informel, d’évaluation ?
 
des valeurs invoquées convenues (ex. « former un citoyen critique »…) qui ne semblent pas
fonder une démarche éducative particulière
 
où est « l’éco-éducation » ? le développement durable de la co-(n)naissance ?
 
des critères d’évaluation se résumant le plus souvent au nombre de présents et à la
« satisfaction »
 
l’environnement — valeur réifiante traitée sur le mode moral — domine le propos : les
dimensions politiques (changement sociétal) et pratiques (changement de comportements)
semblent absentes
Une production théorique propre ? Des références (penseurs de l’EEDD ou
d’autres domaines) ? Des théories discutées, enrichies, contestées pour définir
ses propres conceptions ?
 
les documents produits n’y font pas référence
 
comment ce métier est-il « pensé » ?
LE SECTEUR SE DÉFINIRAIT-IL UNIQUEMENT PAR
LES LIGNES BUDGÉTAIRES DANS LESQUELLES IL S’INSCRIT ?
Évolution secteur EEDD
2013
7 18/04/14 Mise en débat n° 2 : de Freinet à Petite
Poucette, traverser le siècle
 
 
Célestin Freinet comme figure de l’ancrage de l’éducation populaire et de l’école
citoyenne :
 
expression libre, imprimerie à l’école, diffusion de textes
 
correspondance scolaire
 
« boîte aux questions »
 
cinémathèque coopérative (Allégret, Prévert…)
 
une théorie de l’apprentissage : tâtonnement expérimental, méthode naturelle d’apprentissage de
la lecture
 
réflexion engagée sur l’école et la société
 
la coopérative scolaire et son jardin…
Michel Serres comme « héraut » d’une nouvelle ère éducative
 
après l’écriture et l’imprimerie, une nouvelle révolution de la connaissance : Petite Poucette « tient
sa tête entre ses mains »
 
renversement de la « présomption d’incompétence »
 
éloge des notes réciproques, « la nouvelle circulation libérée des semi-conducteurs »
 
éloge des réseaux, libérés du présentiel et des « classes »
 
l’algorithmique, le procédural : la revanche du petit esclave sur Socrate (les méthodes agiles)
 
« la vague des accès au savoir monte aussi haut que celle des bavardages »
 
la fin du savoir « morcelé, découpé, dépecé »
Quelles seraient les innovations pédagogiques d’un Célestin Freinet du XXIème siècle ?
REFONDER L’EEDD DANS SA DIMENSION ORIGINELLE ÉDUCATIVE
Évolution secteur EEDD
2013
Les enseignements de l’analyse
exploratoire (3) : peut-on clarifier les enjeux
d’un secteur en plein questionnement ?
Évolution secteur EEDD
2013
8 18/04/14 Un secteur en plein questionnement, un
constat d’impuissance
  « L’EEDD
consiste aussi en une mobilisation de
chacun, en la compréhension des enjeux pour une
action citoyenne.
Les messages catastrophistes ou en appelant à la
responsabilité collective se révèlent aujourd’hui
totalement inefficaces.
Le déficit de mobilisation provient d’un problème
de communication : nous sommes incapables de
faire passer les bons messages aux bonnes cibles.
Il faut réussir à faire passer des messages qui
touchent les gens et les poussent à se mobiliser. »
ENC – groupe de travail – 8 juillet 2013
Évolution secteur EEDD
2013
Un secteur qui cherche à renouveler la
définition qu’il se donne de lui-même
De TBILISSI, 1977 : il y a presque quarante ans !
L’éducation à l’environnement est une éducation civique qui a pour
but "d’amener les individus et les collectivités à saisir la complexité
de l’environnement tant naturel que créé par l’homme, complexité
due par l’interactivité de ses aspects biologiques, physiques,
sociaux, économiques et culturels".
Cette éducation à l’environnement vise aussi "à acquérir les
connaissances, les valeurs, les comportements et les compétences
pratiques nécessaires pour participer de façon responsable et
efficace à la prévention, à la solution des problèmes de
l’environnement, et à la gestion de la qualité de l’environnement".
Évolution secteur EEDD
2013
9 18/04/14 … aux Assises Nationales de l’EEDD – Lyon 2013
CHANTIER : Se définir pour mieux se comprendre
« Entre transformation culturelle de la société et changement des comportements
individuels, les finalités éducatives et les postures sont plurielles. Elles ouvrent des débats
sur l’éducation et la pédagogie d’un côté, sur les notions d’environnement et de
développement durable de l’autre. L’EEDD questionne nos représentations du monde, très
diverses selon les cultures et les individus, la place de l’Homme dans la nature, le rapport
Nature Culture. C’est aussi une invitation à promouvoir une éducation au choix, à l’esprit
critique, au débat, à forger les clés de compréhension des messages véhiculés par des
discours, des images, la publicité. Ce chantier sera l’opportunité de construire ensemble,
non pas une, mais plusieurs définitions de l’EEDD (sic) » .
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.
 
Proposition 51 :
« DES (nous soulignons) définitions de l’EEDD pour être mieux
compris par les différentes sphères d’acteurs. »
Évolution secteur EEDD
2013
Un secteur illisible. De réseau, en réseaux et
réseaux de réseaux ; de services, en agences et
instituts ; de nouveaux acteurs subventionnés, en
acteurs privés : qui fait quoi ? Quelle lisibilité ?
 
ENC, Plateforme régionale de concertation…
 
Réseaux : mer, montagne, accueil enfants…
 
SEEDE, ARPE, GRAINE, IRFEED…
 
Services de la Région, dispositifs, AAP, PNR… : AGIR avec les
particuliers, Collectivités lauréates, Territoires Durables,
 
INSPIRE, Club RSE Provence-Alpes-Côte d’Azur, Association
PACA pour demain, Itinéraires ÉCO3…
Évolution secteur EEDD
2013
10 18/04/14 Des documents stratégiques apparaissant
comme des outils de défense d’une profession
fragilisée
 
des documents dits « stratégiques » de diverses origines, qui apparaissent plutôt
comme des catalogues d’actions non hiérarchisées, non organisées (et quid de
leur mise en œuvre réelle ?)
 
nombre de ces actions semblent relever de ce que la société peut faire pour les
acteurs de l’EEDD et non de ce que le secteur de l’EEDD peut faire pour la société
ou pour lui-même :
 
 
 
 
« renforcer les actions de communication visant à valoriser les actions et acteurs de
l’EEDD »
 
« la reconnaissance de l’intérêt général de l’EEDD… pour consolider les moyens
affectés et les partenariats entre secteur associatif, pouvoirs publics et autres
acteurs… »
avec le DD, une fuite en avant vers de nouvelles thématiques et de nouveaux
métiers :
 
 
 
« faire reconnaître l’utilité sociétale de l’EEDD »,
« un argumentaire pour intégrer prioritairement un volet éducatif dans les politiques
publiques publiques et territoriales en faveur de la transition énergétique »
RSE, santé, alimentation
concertation (PCET, Agenda 21), accompagnement de projets,
une contestation du « modèle gestionnaire »… mais l’exploitation tous azimuts
des opportunités qui se présentent
Évolution secteur EEDD
2013
La réflexion en région : un document
d’orientations partagées (Juin 2008)
ÉDUCATION POUR L’ENVIRONNEMENT
 
« principalement tourné vers le pilier environnemental du DD »
 
« l’information, la sensibilisation et l’éducation à l’environnement {sont}
des éléments essentiels dans la mise en œuvre des politiques
environnementales durables »
 
« faire naître ou renforcer la prise de conscience qu’ont les individus de
leur impact sur l’environnement, pour induire des comportements
responsables »
Évolution secteur EEDD
2013
11 18/04/14 Position du SEEDE
 
des critères affichés :
 
 
 
des cibles prioritaires (en trop grand nombre ?) : lycées
écoresponsables et CFA, loisir jeunesse, loisirs intergénérationnels, cadre
professionnel, vie quotidienne…
un objectif récent affirmé : urgence environnementale => vers
l’écocitoyenneté et les changements de comportements et de pratiques
=> massification des actions (« au-delà des acquisitions de connaissances,
renforcer les mises en pratique concrètes, par chacun, des comportements
écocitoyens »)
une politique de financement et des critères d’évaluation qui
restent à adapter et à clarifier :
Quel est le rôle et la mission de la Région en matière d’EEDD ? A travers le
SEEDE ? A travers les autres services ?
Quelle est la bonne échelle d’identification et de réponse aux besoins ?
Comment accompagner les besoins des territoires ?
Qu’est-ce qui doit être traité de manière transverse par le SEEDE ?
Qu’est-ce qui peut être traité de manière thématique et opérationnelle dans les
autres services ?
Évolution secteur EEDD
2013
Mise en débat n° 3 : repenser les objectifs
en fonction des enjeux sociétaux retenus :
positionnement stratégique
ENJEUX SOCIÉTAUX
Acteurs identifiés
ÉCONOMIE VERTE, économie positive,
économie circulaire : consommation,
déchets…
L’entreprise, le monde
financier…
DÉMOCRATIE, démocratie participative,
concertation réglementaire, outils
« innovants »
Cabinets spécialisés, bureaux
d’urbanisme, nouveaux
professionnels…
URGENCE ENVIRONNEMENTALE,
risques, énergie, pollutions, santé, sécurité
alimentaire…
Cabinets spécialisés, agences,
E.I.E., associations
thématiques…
CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ,
contestation sociale, vivre ensemble, bien
public, résilience…
Zones d’autonomie temporaires,
Colibris, Villes en transition, « Un
million de révolutions
tranquilles » hors radar
CONSOMMATION RESPONSABLE,
passage à l’acte, vie pratique…
Blogs, « Éthique dans
l’étiquette », AMAP, Patagonia…
Évolution secteur EEDD
2013
12 18/04/14 Mise en débat n° 3. Repenser les objectifs
en fonction des enjeux sociétaux retenus :
positionnement stratégique
« Un des écueils d’un certain effet de mode de « l’éducation à l’écocitoyenneté » et de
« l’éducation au développement durable » serait de tomber dans le « prêt à agir » et le « prêt
à penser », s’attachant à inculquer les bons gestes, et dérivant vers un « formatage
environnementalement correct » des modes de pensée, mais en négligeant d’éveiller les
consciences. Eduquer à la complexité est une tâche difficile et chronophage qui
s’accommode mal des « espaces temps » dédiés aux multiples activités qui se succèdent
dans les emplois du temps surchargés des citoyens de tous âges. Dans une société où
chacun, dès son plus jeune âge, est habitué à passer rapidement d’une activité à une autre et
voit ou entend sans cesse une information en chasser une autre, quelle place laissons-nous
à la maturité de la réflexion, à la pensée systémique ? On ne peut pas répondre aux enjeux
écologiques de ce siècle par une éducation à l’écocitoyenneté qui ferait abstraction d’une
analyse critique, et serait amputée de sa part réflexive et, à certains égards, subversive.
L’écocitoyenneté n’est pas un but en soi, mais un outil au service d’un projet de société. Elle
a donc toute sa place au cœur des projets politiques des collectivités territoriales. »
Faire Savoirs n° 9 – décembre 2010 – Stéphanie Oudin,
chargée de mission EEDD Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Proposition 50 – Assises Nationales de l’EEDD – 2013
« Un texte de positionnement posant la question (sic) de l’éthique et des valeurs de l’EEDD,
entre le temps long de l’éducation au choix et l’urgence du changement de comportements »
Évolution secteur EEDD
2013
Mise en débat n° 3 : repenser les objectifs
en fonction des enjeux sociétaux retenus :
positionnement stratégique
http://www.patagonia.com/eu/frFR/common-threads/
Évolution secteur EEDD
2013
13 18/04/14 Définir l’EEDD : des repères possibles
Catégories
Souscatégories
Éducation au
sujet de
l’environnement
Éducation par et
dans
l’environnement
Éducation pour
l’environnement
Évolution secteur EEDD
Objectifs privilégiés
Centration
sur :
Acquérir des connaissances
Les savoirs
Approche
interprétative
Construire un lien solide
entre la personne et son
environnement, développer
des valeurs, favoriser
l’empathie
La personne et son
rapport à
l’environnement
Approche
positiviste
Changer les
comportements, adopter
des gestes favorables
Courant de la
critique sociale
Transformer les pratiques
sociales à partir
d’investigations et de choix
collectifs
Le changement
social
2013
14 « ÉTUDE SUR L’ÉVOLUTION DU SECTEUR DE
L’INFORMATION, LA SENSIBILISATION ET L’ÉDUCATION À
L’ENVIRONNEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ EN RÉGION PROVENCE-ALPESCOTE D'AZUR »
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR
Marché n° 2013-088
EXPLORATION DE LA DEMANDE
Synthèse des entretiens et des réunions créatives
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
Analyse de la demande
Document de synthèse
2
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
3
SOMMAIRE
1. RAPPEL METHODOLOGIQUE .......................................................................................... 5
1.1. PRECISIONS PREALABLES ................................................................................................... 5
1.2. MODE DE RECUEIL .............................................................................................................. 5
2. LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS............................................................................... 7
2.1. EEDD, DE QUOI EST-IL QUESTION ? .................................................................................... 7
2.1.1. DE LA SENSIBILISATION A LA TRANSITION : UNE ETAPE RADICALE A FRANCHIR ..................... 7
2.1.2. L’EEDD, UNE APPROCHE RICHE ET COMPLEXE QUI S’ADRESSE A TOUS LES PUBLICS .......... 7
2.1.3. DE L’ENVIRONNEMENT AU DEVELOPPEMENT DURABLE, LA PLACE PREPONDERANTE DU
PILIER SOCIAL ............................................................................................................................ 8
2.2. LES METHODES ET MOYENS DE L’EEDD .............................................................................. 9
2.2.1. INNOVATION ET EXPERIMENTATION ................................................................................... 9
2.2.2. TRANSVERSALITE........................................................................................................... 10
2.2.3. UN PROCESSUS COLLABORATIF ...................................................................................... 10
2.2.4. PRAGMATISME ET ADAPTATION ....................................................................................... 10
2.2.5. L’IMAGINAIRE PLUTOT QUE LA CULPABILISATION .............................................................. 11
2.3. QUI SONT LES ACTEURS DE L’EEDD ? .............................................................................. 11
2.3.1. DES RESPONSABLES EEDD MOBILISES ET COMPETENTS................................................. 11
2.3.2. UNE VISION TRES LARGE DES TYPES D’INTERVENANTS POSSIBLES ................................... 12
2.3.4. UNE VISIBILITE RELATIVEMENT LIMITEE DU SECTEUR DE L’EEDD AU REGARD DE LA
RICHESSE DU CHAMP POSSIBLE D’INTERVENTION ET DES BESOINS EXPRIMES ............................. 13
ANNEXE 1 - PARTICIPANTS REUNION EN ZONE URBAINE ........................................... 14
ANNEXE 2 - PARTICIPANTS REUNION EN ZONE RURALE............................................. 15
ANNEXE 3 - LISTE DES ENTRETIENS ............................................................................... 16
ANNEXE 4 - GUIDE D’ANIMATION ..................................................................................... 17
ANNEXE 5 - GUIDE D’ENTRETIEN ..................................................................................... 20
Analyse de la demande
Document de synthèse
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
Analyse de la demande
Document de synthèse
4
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
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1. RAPPEL MÉTHODOLOGIQUE
1.1. Précisions préalables
L’exploration de la demande en matière d’EEDD constituait une part importante de l’analyse
approfondie. Ce terme de « demande » doit être précisé. En effet, il ne s’agissait pas de
s’intéresser à la demande finale (les publics visés par les actions d’EEDD) mais bien à la
demande intermédiaire, susceptible de passer commande, de relayer et de financer des actions
d’EEDD. Ce sont d’une part des entreprises et d’autre part des acteurs « publics »
(collectivités locales, parcs, chambres consulaires…).
Par ailleurs, parce que le secteur de l’EEDD est tout à fait familiarisé avec son public
d’élection — celui des enfants et des jeunes en âge scolaire — et qu’il entretient des relations
étroites avec les instances médiatrices de ce public (éducation nationale, centres d’accueil
pour jeunes mineurs…), il a été décidé de ne pas approfondir les recherches de ce côté. Ce
choix est strictement pragmatique — ne pas conduire d’investigations inutiles et
redondantes — et n’induit en aucune façon l’idée que ce public devrait être laissé de côté par
les acteurs de l’EEDD.
Notre mission s’intéressait en effet avant tout aux sources d’élargissement et de
diversification de l’activité, au-delà du public cible familier des enfants.
1.2. Mode de recueil
L’exploration de la demande en matière d’EEDD a été réalisée selon deux techniques
adaptées à chacun des deux publics visés :
- pour les acteurs de la demande publique, deux réunions de motivation créative :
 l’une en milieu urbain, a eu lieu à la Ferme de Beaurecueil, siège du
Grand Site de la Ste Victoire (voir liste des participants en annexe 1) ;
 l’autre en milieu rural a eu lieu à La Ferme de Font-Robert, à ChâteauArnoux (voir liste des participants en annexe 2).
 voir guide d’animation en annexe 4
- pour les entreprises, dix entretiens ont été conduits auprès de responsables DD de
la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (voir annexe 3 - guide d’entretien en
annexe 5).
L’échantillon qualitatif a été constitué à partir :
• de notre fichier personnel de contacts et relations professionnelles ;
• des suggestions apportées par différentes sources : Région (SEEDE, Service
ESS), GRAINE PACA, IRFEED ;
• des propositions et contacts complémentaires apportés par les membres du
groupe de travail.
Il a fait l’objet d’une double validation du COPIL et du Groupe de travail.
Le panel des personnes consultées, dans le cadre des réunions créatives, est bien représentatif
de la diversité des acteurs identifiés dans le secteur public.
Analyse de la demande
Document de synthèse
Décembre 2013
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6
Pour ce qui est des entreprises, l’échantillon comporte quelques limites :
• nous n’avons pas rencontré de PME (ce qui peut être compensé en partie par la
présence d’une CCI et celle d’un Comité d’Expansion Économique dans la
réunion de Château-Arnoux) ;
• une partie des entreprises rencontrées, même si elles sont de statut privé, ont des
missions de « service public », et donc agissent en lien étroit avec les
collectivités territoriales ;
• une seule entreprise, L’Occitane, est une entreprise industrielle de production,
alors que toutes les autres ont des activités de services.
Cependant, la pertinence de cet échantillon d’entreprises est validée si nous faisons une
distinction entre une notion de « demande » entendue au sens de « maîtrise d’ouvrage/cofinanceur » et celle de « partenaire », de « cible » ou de « relais ». L’analyse des initiatives
remarquables (voir document spécifique) montre bien en effet que certaines entreprises
peuvent, de diverses manières, jouer un rôle dans des actions d’EEDD sans en être ni
commanditaires, ni financeurs significatifs.
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2. LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
2.1. EEDD, de quoi est-il question ?
Notre approche de l’EEDD et de son champ a été très ouverte, dans le sens où nos
investigations auprès de la demande n’ont pas été réalisées en apportant une définition
préétablie de l’EEDD. Au contraire, nous avons systématiquement cherché à recueillir
comment nos interlocuteurs définissaient eux-mêmes ce terme, quel contenu et quelles
représentations ils en avaient, quelles associations spontanées étaient faites, comment
s’organisait globalement leur discours.
2.1.1. De la sensibilisation à la transition : une étape radicale à franchir
Pour la grande majorité des personnes rencontrées, toutes engagées dans des missions liées au
développement durable, il y a consensus pour affirmer que la sensibilisation aux questions
environnementales est aujourd’hui générale. Nous ne sommes donc plus dans une étape
pionnière où ceux qui s’en préoccupaient étaient considérés comme des marginaux ou des
« rêveurs » ; les personnes rencontrées se savent aujourd’hui entendues et légitimes.
La question véritable maintenant est donc de passer à une autre étape qui est celle des
changements avérés, des mutations individuelles et collectives, de la transition.
L’ensemble des acteurs rencontrés se sentent clairement et fortement engagés dans un objectif
de transition et portent la vision d’un autre futur possible et indispensable : une « utopie1 ».
Si cette transition s’inscrit indubitablement dans une perspective de long à très long terme, la
mobilisation est bien là et invite à la mise en œuvre, ici et maintenant, dans tous les domaines,
de changements immédiats des pratiques, des habitudes, des comportements… et d’évolution
des valeurs.
De manière moins prégnante mais néanmoins présente, les changements semblent d’autant
plus indispensables pour notre société de l’abondance et de la consommation, que la transition
envisagée engage pour l’ensemble de la planète, dans un esprit de solidarité mondiale.
Enfin, cette aspiration au changement et à la mutation se construit en tension entre les notions
de transmission (le patrimoine à retrouver, conserver, préserver, passer) et d’invention
radicale.
2.1.2. L’EEDD, une approche riche et complexe qui s’adresse à tous les publics
Aujourd’hui, l’EEDD est considérée comme une évidence : « cela va de soi ».
Pour nos interlocuteurs elle est, avec la RSE qui est son synonyme et/ou son complémentaire
dans les entreprises, constituée d’un ensemble complexe de valeurs, de méthodes et moyens,
de champs d’intervention, de sujets et centres d’intérêt, d’attitudes individuelles et
collectives… qui en font infiniment plus qu’un simple outil de transmission de connaissances.
C’est un outil de transformation, transformation de soi et transformation collective.
1
L’utopie décrite par nos interlocuteurs peut se référer à la définition suivante, empruntée à Wikipedia : « L’utopie a une
double fonction dans le discours politique : celle de proposer une rupture radicale avec un système existant et de plus de
proposer un modèle de société idéale. Ce n’est pas un simple progrès qui intéresse les Utopistes mais une rupture nette et un
saut qualitatif radical. L'utopie peut donc s'inscrire également sur du long terme, voire du très long terme. »
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Elle est donc entendue de manière très large :
• en termes de publics : aucun de nos interlocuteurs ne limite l’EEDD à
l’intervention auprès des enfants (même si parfois, dans de rares cas, cela
constitue l’essentiel de ce qui est mis en œuvre et financé) ; très peu d’entre eux
ont spontanément et directement mis en relation la notion d’EEDD avec la cible
des enfants/scolaires, ceux-ci n’étant cités que comme un public comme un
autre2.
• en termes d’intervenants (voir infra)
• et en termes de thématiques : on parle bien des trois piliers du développement
durable — social, économique et environnemental —, le pilier « social »
semblant avoir la primauté dans les discours.
2.1.3. De l’environnement au développement durable, la place prépondérante
du pilier social
L’ensemble de nos interlocuteurs se retrouve sur le diagnostic d’une quadruple crise :
• environnementale,
• économique,
• sociale,
• et politique3,
et sont assez d’accord pour parler de mutation profonde, sans retour en arrière possible vers
un « avant ».
Dans ce cadre, il apparaît nettement que c’est bien le Développement Durable, et ses trois
piliers, qui fait sens pour nos interlocuteurs et non la seule référence à l’environnement. Le
souci de l’environnement est d’ailleurs généralement entendu comme une attention apportée à
la préservation des ressources au sens large et non comme la protection de la seule
« nature4 ».
L’économie, au sens strict du terme tient également une place assez minoritaire dans les
discours recueillis5.
Nous avons rappelé plus haut les limites de notre échantillon en termes de familiarité avec les
notions d’économie circulaire (le « cradle to cradle » a été évoqué une fois). Si les entreprises
perçoivent l’opportunité du virage vers le développement durable, en termes d’image et de
réponse aux besoins de leurs clients, mais aussi en termes d’efficience économique
(optimisation de l’utilisation des ressources, lutte contre le gaspillage, préservation du
patrimoine et des investissements…), nous n’avons cependant pas ressenti, auprès des
personnes interrogées, une simple posture cynique de green-washing.
Dans les entreprises, les personnes qui occupent des « postes DD » sont en position de
transversalité, parfois très proches de la direction générale, et ont de bonnes latitudes d’action.
2
On pourra d’ailleurs noter que dans un certain nombre de cas, la cible des enfants est aussi citée comme un partenaire
permettant de rétroagir sur les adultes, les parents qui sont bien la cible principale.
3
C’est d’ailleurs peut-être du côté des politiques que le pessimisme est le plus marqué. Les freins perçus semblent être avant
tout de leur côté : ils sont souvent cités comme cible prioritaire des actions d’EEDD.
4
Seules quelques rares personnes, justement plus engagées dans des projets en lien avec la nature (Parcs nationaux par
exemple), en font un point d’ancrage central, parfois sous le mode idéalisé de la « mère nature » et d’un « retour aux
sources ». Si cela n’a été explicité clairement qu’une seule fois au cours de nos investigations, moins que la préservation de la
planète, c’est bien de l’humain et de l’humanité dont il est beaucoup largement question dans les discours recueillis.
5
Les interrogations sur le modèle capitaliste actuel, la financiarisation de l’économie, le rôle et le poids du lobbying des
grands groupes internationaux sont présentes en arrière-plan, mais aussi un certain optimisme quant au fait que, de ce point
de vue, les lignes peuvent bouger.
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Sans que nous puissions valider totalement cette hypothèse, il apparaît que le Développement
Durable a largement pris la place, aujourd’hui, qu’occupait dans les années ’ 80 les démarches
qualité : il est devenu un « intégrateur » dans le monde économique mais aussi dans les
collectivités (cf. les démarches diverses Agenda 21, SRCAE, PCET…).
Ces considérations rappelées, le point le plus frappant est que c’est le pilier social du
développement durable qui est véritablement au cœur de la réflexion, quand nos
interlocuteurs s’intéressent à la notion d’EEDD.
L’EEDD est en effet très fortement associée à la fois à « l’humain », mais aussi au « vivre
ensemble ». Les réflexions produites s’intéressent fortement :
• à ce qui fait société et aux questions du « vivre ensemble », du respect et de
l’amour du prochain ;
• à la responsabilité collective, à la co-production de solutions, au « faire
ensemble » ;
• à ce qui peut mobiliser, responsabiliser ;
• aux pistes et solutions qui permettent à chacun de devenir acteur
(empowerment), de s’engager ;
• à la conjonction entre transformation sociale et sociétale et transformation
personnelle (dépassement de soi).
2.2. Les méthodes et moyens de l’EEDD
Si consensus il y a sur le projet global d’EEDD, sur son importance et sur le renouvellement
indispensable de son champ, l’ensemble de nos interlocuteurs est actuellement plutôt en
recherche et en questionnement sur les méthodes et sur les moyens : en ce domaine plus de
questionnements que de certitudes. Par contre, quelques lignes directrices apparaissent assez
clairement.
2.2.1. Innovation et expérimentation
On constate une attitude assez générale de doute post-moderne sur les capacités de
l’innovation, entendue au sens strictement technologique du terme, à apporter les solutions
permettant de gérer la mutation attendue. Si l’innovation technologique peut aussi avoir sa
place, c’est de l’innovation sociale qu’on attend le plus.
C’est aujourd’hui un domaine expérimental, dans lequel on a l’impression que beaucoup
cherchent à inventer, à renouveler les pratiques, fonctionnant par essai/erreur, hors des
certitudes.
Sous-jacents, apparaissent donc des besoins d’échanges de bonnes pratiques, de « laboratoires
d’idées », de circulation de l’information.
Apparaît également un vrai besoin d’évaluation qui permette de concilier la tension entre
court terme et long terme, entre résultats visibles et inscription en profondeur des
changements, entre quantitatif et qualitatif.
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2.2.2. Transversalité
Un point fondamental que l’environnement a sans doute apporté au développement durable,
par la notion d’écosystème entre autres, est celui de la transversalité.
Là aussi on retrouve un consensus certain sur le fait que la transition appelle aussi une
mutation sensible et intellectuelle, permettant d’appréhender les phénomènes et leur
complexité et de rechercher les solutions dans le cadre d’une pensée et d’approches
systémiques.
Les maîtres mots sont alors :
• intégration,
• pluridisciplinarité,
• bousculement des hiérarchies.
2.2.3. Un processus collaboratif
L’approche systémique de phénomènes complexes et la nécessité de la transversalité
expliquent et justifient l’importance accordée par tous les acteurs consultés à toutes les formes
d’approches collaboratives.
Il s’agit d’impliquer des chaînes d’acteurs, de susciter des mobilisations collectives, de
rechercher des réponses et des solutions de manière coopérative, de penser et d’agir ensemble.
Dans ce cadre, les notions de compétition et de concurrence sont fortement dévalorisées bien
qu’elles occupent encore une place très prégnante dans notre système culturel et qu’elles
formatent encore les esprits et les organisations.
2.2.4. Pragmatisme et adaptation
Alors même que c’est le long terme et le futur qui inquiètent mais aussi mobilisent, alors que
le champ éthique des valeurs apporte une fondation solide à la mobilisation pour le
développement durable, un grand nombre de nos interlocuteurs accordent aussi une grande
importance au fait de pouvoir agir dès maintenant, ici même.
C’est pourtant un sujet plus sensible et controversé que d’autres :
• peut-on changer d’abord et comprendre ensuite, peut-être ?
• les techniques possibles (théorie de l’engagement, formatage comportemental,
apprentissage d’écogestes…) sont-elles compatibles avec les valeurs qui sont
prônées par ailleurs ?
• l’urgence et les exigences de court terme justifient-elles toutes les formes
d’action ?
• le développement de l’esprit critique, l’apologie du doute peuvent-ils aller de
pair avec les préconisations précises et les solutions « toutes faites » ?
En filigrane, on peut tout de même noter une vision assez systémique des interactions entre
ces différents niveaux ; beaucoup estiment que l’important est moins « par où on rentre » que
le fait qu’il y ait un accompagnement pour intégrer plusieurs niveaux d’apprentissage, par
exemple des comportements à la compréhension d’enjeux environnementaux plus large, des
avantages personnels (économie d’énergie) aux responsabilités collectives, etc. .
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Ces visées pragmatiques font également largement émerger l’idée de la nécessaire diversité
des actions d’EEDD. Sans que les mots soient forcément utilisés, et justement parce que la
phase pionnière est dépassée, le besoin de segmenter les publics, de mieux cibler et adapter
les actions, de faire évoluer les outils et varier les discours, de diversifier les approches est
sous-jacent.
2.2.5. L’imaginaire plutôt que la culpabilisation
Enfin, malgré les réelles inquiétudes environnementales mais aussi sociales, il apparaît
clairement que les solutions ne pourront pas venir d’une posture alarmiste et culpabilisante,
unanimement rejetée : « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! ».
Dans le fond, la plupart des personnes rencontrées sont aussi dans une posture assez
jubilatoire, voire optimiste malgré l’inquiétude latente et l’urgence ressentie. L’enthousiasme
est aussi là, accompagné d’une attitude globalement assez volontariste.
Le consensus constaté, la communauté des constats, la clarté de l’objectif de long terme
offrent des supports stimulants et lèvent les doutes, en partie. Il ne s’agit plus aujourd’hui de
subir mais de se projeter dans l’action, dans le faire ensemble.
Une voie relativement inattendue est ainsi identifiée par un bon nombre des acteurs
interrogés, pour renouveler les actions d’EEDD, celle de l’expression artistique sous toutes
ses formes — poésie, théâtre, arts plastiques.
2.3. Qui sont les acteurs de l’EEDD ?
Dans cette étape de généralisation de la mobilisation pour le développement durable, les
compétences sont de plus en plus présentes et diffuses. Ce n’est plus un domaine pionnier et
encore moins une « chasse gardée ».
2.3.1. Des responsables EEDD mobilisés et compétents
L’ensemble des personnes rencontrées dans cette étape d’analyse de la demande est
clairement mobilisé et très engagé. C’est certainement un domaine où, en général, on n’arrive
pas dans ces postes par hasard.
Ceci induit donc une ouverture d’esprit et une capacité de découverte, de recherche,
d’enrichissement personnel spécifiques. Même s’il demeure encore des lacunes en matière
d’opportunités de formation, nos interlocuteurs développent autant que faire se peut leurs
compétences et leur culture du développement durable6.
Ils sont déjà tous très au-delà de la phase de sensibilisation et totalement engagés dans
l’action. Non seulement ils doivent donc être considérés avant tout comme des partenaires et
comme des pairs, mais c’est évidemment ce qu’ils attendent de leurs interlocuteurs potentiels
en matière d’EEDD.
Dans les entreprises, ils n’entendent clairement pas faire des chèques en blanc, en soustraitant des prestations, mais bien être co-porteurs de celles-ci. Les interventions qui ne
prennent pas en compte la culture et les enjeux de l’entreprise ou de l’organisme demandeur,
ses savoir-faire internes, l’association des salariés dans l’action etc., sont donc à bannir.
6
Think Tanks, conférences, réseaux (animation ou participation), lectures, rencontres avec des hommes remarquables (Pierre
Rahbi, …) autant de sources diverses citées par nos interlocuteurs.
Analyse de la demande
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Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
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Les quelques retours vraiment négatifs que nous avons pu recueillir à propos de certaines
interventions d’EEDD portent essentiellement sur cette question. L’association d’EEDD qui
réduit l’entreprise/l’organisation à un simple apporteur de fonds pour ses propres projets, sans
l’associer plus étroitement dans leur réalisation, prend le risque de ne pas voir la relation
devenir pérenne et s’enrichir.
Au-delà de cela, pour mobilisés et légitimes qu’ils puissent être dans leurs organisations, un
bon nombre de ces acteurs nous disent qu’ils ont besoin d’alliés, de partenaires, de soutien et
de respect. Ainsi, si des doutes peuvent être légitimement ressentis quant aux ambivalences,
aux contradictions, voire aux ambiguïtés de certaines entreprises ou organisations, il n’en
demeure pas moins qu’au sein de celles-ci, il existe des hommes et des femmes en recherche
d’alliance pour faire avancer leur cause.
Se positionner comme un partenaire ou un allié, dans une relation de don et de contredon, en
cohérence totale avec les valeurs de coopération rappelées plus haut, est donc certainement
une posture souhaitable.
2.3.2. Une vision très large des types d’intervenants possibles
Effet d’optique ? Commande passée par le SEEDE et les acteurs se réclamant du secteur de
l’EEDD. Lorsqu’on se place non plus du côté de l’offre mais de celui de la demande, on
s’aperçoit que le champ des prestataires possibles pour des actions d’EEDD et des ressources
mobilisables, est beaucoup plus vaste.
Une première « concurrence » vient tout simplement de l’interne. À partir du moment où,
comme nous l’avons dit plus haut, les personnes mobilisées sur les postes de développement
durable ont confiance en leurs compétences et s’attachent à les enrichir, une bonne partie des
actions d’EEDD, entendues au sens large, sont donc pensées et réalisées sans avoir recours à
des intervenants externes, ce qui limite les éventuelles opportunités pour les associations
d’EEDD.
Dans la perspective d’une mobilisation large en faveur d’une EEDD agissant pour la
transition, des familles d’acteurs considérées comme toutes complémentaires, en fonction de
leurs qualités et de leurs défauts, de leurs apports et de leurs limites, sont évoquées (l’analyse
détaillée des entretiens et des réunions en fournira une description plus précise) ; quelques
grandes familles sont ainsi présentes à l’esprit :
• les scientifiques, les chercheurs, les « sages » :
 qui apportent la connaissance, la mémoire, la transmission ;
 qui peuvent intervenir par le biais de programmes de recherche, de
thèses, de travaux scientifique spécifiques ;
 parmi ceux-ci, la figure charismatique de l’orateur, qui sait faire passer
les messages et inspirer ressort de manière particulière. Notons que
dans bien des cas, les acteurs de la « demande » peuvent avoir recours à
ces personnages emblématiques, même ponctuellement, pour leur
fonction d’inspirateur.
• les organismes de formation et les bureaux d’études ;
• les acteurs du secteur social et de la culture :
 parce qu’ils sont en prise direct, pour le secteur social, avec des publics
jugés « difficiles » ou « éloignés » des problématiques de
développement durable et de protection de l’environnement ;
 parce que certains, parmi lesquels on peut trouver tous les acteurs de
l’art et de la culture, sont porteurs d’innovation sociale et de créativité.
Analyse de la demande
Document de synthèse
Décembre 2013
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•
•
•
13
les entreprises elles-mêmes :
 parce qu’elles sont en position de décideurs et susceptibles d’agir sur
leurs propres publics, clients et salariés ;
 certaines sont d’ailleurs agréées par l’éducation nationale pour leurs
actions d’EEDD ;
 parce que les territoires les sollicitent directement soit dans le cadre de
certains cahiers des charges, soit pour des actions ponctuelles.
les politiques, point de passage obligé.
et bien sûr les associations d’EEDD (voir infra).
2.3.4. Une visibilité relativement limitée du secteur de l’EEDD au regard de la
richesse du champ possible d’intervention et des besoins exprimés
Dans ce contexte foisonnant, les associations d’EEDD (les CPIE apparaissant comme la
référence emblématique, ou jouissant de la plus grande notoriété) semblent perçus par nos
interlocuteurs essentiellement pour deux compétences distinctives :
• leur centrage sur les questions environnementales :
 qui peut être généraliste (CPIE par exemple)
 ou spécialisée (LPO, Maison Régionale de l’Eau…)
• leurs compétences sur les questions de pédagogie et les outils proposés.
Elles apportent également :
• une main d’œuvre (jugée parfois comme peu coûteuse) permettant de déployer
plus souplement les actions grâce aux animateurs de terrain ;
• l’ancrage et la connaissance du tissu local, en particulier pour les entreprises.
Si l’image du secteur apparaît ainsi relativement limitée au regard du potentiel et du
foisonnement identifiés par ailleurs, cela reflète peut-être moins son champ de compétences
réel et la diversité des actions et des services qu’il peut/pourrait proposer mais plutôt sa faible
lisibilité / visibilité globale.
En particulier, il paraît essentiel que le secteur puisse développer une image enrichie de luimême, au-delà des seules questions environnementales et pédagogiques. En d’autres termes,
qu’il puisse donner à voir qu’il investit également solidement les deux autres piliers du
développement durable, économique et surtout social.
Analyse de la demande
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ANNEXE 1 - Participants réunion en zone urbaine
Réunion en zone urbaine NOM STRUCTURE / FONCTION Sandrine Pierini Directrice Environnement de la CAD Communauté agglo Dracénie Céline Sales Chef de service Ecologie urbaine à la Direction Environnement Pays d’Aix Franck Alary Chargé de mission Education à l’Environnement, Parc Port Cros Sandra Troupenat Chargée de mission Développement Durable, Pôle DD Ville de Vence Marianne Domeizel Vice-­‐Présidente en charge du Développement Durable, Aix Marseille Université Cécile REGNIER Chef division Education à l’Environnement, Ville de Marseille Jean-­‐Dominique Giacometti Directeur Maison des associations d’Aix-­‐en-­‐Provence Farid Bakzaza Directeur de l’Office Municipal des Sport d’Aix-­‐en-­‐Provence Laetitia Michel CFA Les Arcs Magali Muller
Technicienne DD, Aix Marseille Université Brigitte Faye
Assistante projet DD, Aix Marseille Université Analyse de la demande
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ANNEXE 2 - Participants réunion en zone rurale
Réunion en zone rurale NOM STRUCTURE / FONCTION Rodolphe Bruxer Directeur Comité d’expansion économique Buech Marie-­‐Chantal Daumas Responsable Agenda 21 -­‐ CG 05 Marie Josée Soncini Reserve Géologique de Haute Provence Françoise Degache Coordination régionale des lycées agricoles Muriël Bourguignon Chargée de mission Pays de Haute Provence Elena Maselli Chargée de mission EEDD Parc Mercantour Nicolas Maurel Chargé de mission Agenda 21, Communauté ABD Asse Bléone Durance Mohamed Sebia Chargé de mission RSE Environnement DD CCI 04 Francis Talin Parc National des Calanques Laetitia Bertelotto Parc National des Calanques Analyse de la demande
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ANNEXE 3 - Liste des entretiens
N°
ENTREPRISE
Personnes rencontrées
1
L’OCCITANE
Katia Michieletto
2
Société du Canal de Provence
Isabelle Girousse
Hélène Bono
3
EDF
Joëlle Clary
4
EUROMED
Véronique Kloyan
5
SOCIETE DES EAUX DE
MARSEILLE
Marie-France Barbier
Sophie Vague
Gaëtan Lazzara
6
Habitat Marseille Provence
Philippe Tendil
Sophie Mihalache
7
COMEXPOSIUM
Bernard Yves
8
ESCOTA
Jean-Luc Dumas
9
VEOLIA
Philippe Averousse
Titre
Responsable Développement
Durable et Formation
Chef du service communication
Animatrice EEDD
Responsable Développement
Durable
Directrice de la concertation et
de la communication
Directrice Direction Sociétale
Responsable des Relations
Presse
Directeur de la maîtrise
d’ouvrage
Responsable Informatique
Chargée de mission projets
économies d’énergie
Direction Communication des
Salons Comités d’Entreprise
Chef de mission DD et
Environnement - Direction
Qualité Sécurité
Environnement
Responsable qualité,
environnement et DD, Sud-est,
Région Med
Entretiens complémentaires
A
B
IRFEED
OKHRA
Analyse de la demande
Philippe Le Barbachon
Mathieu Barrois
Document de synthèse
Directeur
Responsable de la SCIC
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ANNEXE 4 - Guide d’animation
INTRODUCTION ET RÈGLES DU JEU
1ère séquence : tour de table (15 minutes)
Objectif :
Mettre en confiance ; faire en sorte que les gens se situent les uns par rapport aux autres,
sachent qui est qui…
Moyen :
On va faire un petit tour de table de présentation (demander l’autorisation d’employer les
prénoms)
Chacun à tour de rôle, merci de vous présenter très brièvement : votre structure et votre
mission au sein de cette structure.
2ème séquence : PYRAMIDE DES ITEMS (45 minutes)
Objectif :
Donner l'occasion de sortir en douceur du réel et du rationnel par une séance projective
« douce ».
Identifier, pour chacun, quelle est leur définition/représentation de l’EEDD, sans induction de
notre part. En particulier, voir le poids ou pas de la représentation « enfants/scolaire » dans
l’esprit des participants.
Moyen :
Nous allons commencer par un petit travail individuel qui va permettre à chacun d’entre vous
de préciser ce qu’il entend par EEDD.
Pour cela, nous allons utiliser cette pyramide (distribuer les feuille et des crayons) que vous
allez remplir en suivant mes instructions.
Dans un premier temps, vous allez commencer par écrire les 8 premiers mots qui vous passent
par la tête quand vous pensez EEDD. Si je vous dis EEDD, quels sont les 8 premiers mots qui
vous viennent à l’esprit…
Faire remplir en s'assurant que c'est bien dans l'ordre de 1 à 8, puis donner les instructions
pour la suite. Toujours en ayant cette notion d’EEDD en tête, et en prenant appui sur les deux
mots que vous avez écrits en 1 et 2, mettez en 9 le mot qui synthétise, qui fait le lien entre les
deux premiers… et ainsi de suite…
Encourager en permanence, relancer, inciter à mettre tous les mots qui passent par la tête sans
réfléchir outre mesure. Répéter « en pensant à EEDD »…
PUIS SÉQUENCE COLLECTIVE, CHACUN S’EXPRIMANT À TOUR DE RÔLE :
Relancer sur le 15ème mot : merci de nous indiquer le dernier mot auquel vous êtes arrivé.
Dites-nous pourquoi ce mot est une bonne manière de définir l’EEDD, telle que vous la
percevez. Comment ce mot est finalement un bon résumé de ce qu’est l’EEDD pour vous.
Noter au fur et à mesure ce dernier mot au paper-board. Creuser collectivement
Analyse de la demande
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3ème séquence : JEU DES 5/7 familles (75 minutes)
Objectif :
Basculer vers l’imaginaire. EN AVERTISSANT LES PARTICIPANTS.
Voir quelles sont les représentations vis-à-vis des diverses catégories d’acteurs proposant des
prestations d’EEDD.
Moyen :
On va maintenant s’intéresser plus particulièrement aux acteurs qui proposent des prestations
d’EEDD. ILS SONT DE TOUTE NATURE : associatifs, privés, individuels, entreprises,
réseaux.
Vous en connaissez vraisemblablement un certain nombre, vous travaillez et collaborez avec
eux, vous avez des contacts avec eux, vous les faites intervenir dans le cadre de vos propres
missions. Parfois, quand vous faites un appel d’offres ou un appel à projets, vous devez
choisir entre plusieurs propositions. Selon les cas, selon les sujets, vous préférez travailler
avec l’un ou l’autre.
Pour explorer un peu cette diversité d’acteurs possibles qui réalisent des prestations d’EEDD,
nous allons vous proposer un petit travail imaginaire.
Imaginons que pour illustrer cette diversité d’acteurs possibles, pour y mettre un peu d’ordre,
on réalise le JEU DES 7 FAMILLES DES PRESTATAIRES D’EEDD. Si vous le voulez
bien, on va construire ce jeu des 7 familles ensemble.
Premier temps
Liste en vrac au paper-board
Deuxième temps
Choix de 5 à 7 familles. DISTRIBUER LES FEUILLES DE DESSIN.
NOURRIR
Les caractériser :
•
•
•
•
quel est le personnage principal de cette famille, celui autour duquel tous
les autres se rassemblent, celui qui guide cette famille ? pourquoi a-t-il
cette autorité sur les autres ?
comment on pourrait visuellement caractériser cette famille (vous avez le
droit de crayonner sur vos propres feuilles) ?
qu’est-ce qui fait que cette famille est bien différente des autres ?
…
Sur un mode plus rationnel/pour chaque famille
• quelles sont les prestations d’EEDD pour lesquelles ils sont
particulièrement bons ? et quelles sont celles pour lesquelles ils sont
mauvais ?
• pour quel public est-elle bien adaptée ? au contraire, pour quel public on
évitera de la faire intervenir ?
• que pensent vos élus de cette famille ? que pourriez-vous dire pour les
convaincre qu’ils ont tort (oui mais…) ?
Analyse de la demande
Document de synthèse
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•
•
•
19
en dehors de l’EEDD, qu’est-ce qu’ils savent bien faire ?
qu’est-ce qui vous permet de leur faire confiance ? au contraire, sur quels
points restez-vous vigilants avec eux ?
POUR CHACUNE, QUELLE EST SA PRESTATION PHARE ?
Positionner sur les axes/ EXPLICITER LES AXES
Feuilles A3 individuelles // et post-it (mettre juste le n° de la famille)
Instructions précises et temps de travail individuel
Individuellement, vous allez placer chacune de ces familles grâce à un post-it où vous
aurez mis son numéro. Possiblement, certaines familles pourraient trouver leur place à
plusieurs endroits. Néanmoins, nous allons vous demander de trouver pour chacune
l’endroit sur ces axes qui la caractérise le mieux ; celui qui est le plus adapté à l’image
générale que vous vous faites de cette famille.
Mise en commun + EXPLICATIONS
4ème séquence : Les différentes attentes de l’écocitoyen (1 heure)
On parle de plus en plus aujourd’hui d’écocitoyenneté et d’écocitoyen. On pourrait dire, en
simplifiant un peu, que l’écocitoyen est un citoyen éclairé sur les sujets qui concernent
l’environnement et le développement durable, voire un citoyen qui va chercher à modifier
ses comportements
Vous allez trouver sur cette feuille 6 grands types de besoins que nous avons identifiés à
propos des attentes de cet écocitoyen en devenir, en construction.
Expliciter avec des exemples :
1. il va assister à une conférence, se renseigner sur internet…
2. il va écouter l’ambassadeur du tri ou se renseigner auprès d’un espace info énergie
pour rénover sa maison
3. il va participer au défi « famille à énergie positive »
4. il va cultiver une parcelle dans un jardin solidaire
5. il va s’impliquer dans un inventaire de la biodiversité sur sa commune
6. il va s’impliquer dans l’enquête publique sur le PLU de sa commune
Dans un premier temps, chacun individuellement, vous allez classer par ordre d’importance,
pour votre propre structure, en fonction des enjeux qui sont essentiels dans votre structure,
chacune de ces attentes.
On va dire qu’en 1, vous placez l’attente qui vous semble la plus importante à satisfaire, celle
qui est prioritaire selon vous… et ainsi de suite jusqu'à la sixième.
Ensuite, reporter sur autant de colonnes que de participants au paper-board, les classements
effectués. A partir du constat établi, relancer.
Analyse de la demande
Document de synthèse
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ANNEXE 5 - Guide d’entretien
Nous menons actuellement une mission pour la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et son
Service Éducation à l'Environnement et Démarches Écocitoyennes, en partenariat avec
GRAINE PACA, une "Étude sur l'évolution du secteur de l'information, la sensibilisation et
l'éducation à l'environnement et au développement durable vers l'écocitoyenneté en ProvenceAlpes-Côte d'Azur".
C’est dans ce cadre, que nous venons vous interroger en tant que partenaire et commanditaire
possible pour des actions d’EEDD.
EEDD en général
Dans un premier temps, j’aimerais que vous me donniez votre propre définition de l’EEDD.
Comment pourriez-vous définir et développer ce que représente l’EEDD dans votre
entreprise ?
• si seulement « jeunes publics »
 relancer : « et pour le public adulte » ?
 relance 1 : pour vos clients ? pour vos partenaires ?
 relance 2 : pour vos salariés ?
• dans quel cadre l’EEDD est-elle importante pour votre entreprise ?
• quels sont les sujets spécifiques pour lesquels il est utile à votre entreprise de
faire des actions d’EEDD ?
Et la notion d’écocitoyenneté, quel sens cela a-t-il pour vous ?
• votre entreprise s’implique-t-elle sur cette question ?
• en quoi est-ce un enjeu pour votre entreprise ?
RSE
Quels liens vous faites entre la notion générale de RSE et l’EEDD ?
Y a-t-il des démarches précises dans votre entreprise qui sont en lien avec l’EEDD ?
 ISO (14001, 26000)
 bilan carbone
 plan de déplacement des salariés
 gestion des déchets…
Nous allons maintenant parler plus précisément des partenaires avec lesquels vous
travaillez pour conduire des actions d’EEDD dans tous les domaines dont nous venons
de parler.
Dans un premier temps, pouvez-vous me dire si vous vous faites accompagner dans toutes ces
actions ou bien si elles sont plutôt conduites en interne ?



actions plutôt interne/ actions plutôt externes
 quelles compétences ont été développées
 quels autres besoins identifiés
 comment sont acquises ces connaissances ?
si internes, pourquoi elles ne sont pas externalisées ?
si externes :
o types de prestataires
o comment ils sont repérées, consultés
Analyse de la demande
Document de synthèse
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21
o comment ils sont choisis : critères de choix, nature des prestataires en
fonction des différents types d’action et de problématiques…
o comment on juge de leur sérieux/ de leur pertinence / de leurs compétences
o déception enregistrée et pourquoi
Si nous revenons spécifiquement à un certain type d’acteurs qui sont les associations qui
proposent des actions d’EEDD…
 avec lesquelles avez-vous déjà travaillé
 quels sont leurs points forts
 quels sont leurs points faibles
 pour quelles actions sont-elles adaptées
 pour quelles actions vous préférez travailler avec des prestataires d’une
autre nature ?
 peut-on parler d’associations d’EEDD en général ou bien faites-vous des
différences entre elles
Conclusion/ouverture
Imaginons que demain, vous êtes appelé à un autre poste, ou bien que vous quittiez cette
entreprise. Quelles seraient vos recommandations essentielles à votre successeur :
 de tout ce que vous avez mis en œuvre, quels seraient les points clés à conserver,
qu’est-ce qu’il faudrait absolument préserver, continuer ?
 et quelles seraient les pistes d’avenir, les vecteurs d’amélioration ou d’innovation pour
les prochaines années ?
Analyse de la demande
Document de synthèse
Décembre 2013
« ÉTUDE SUR L’ÉVOLUTION DU SECTEUR DE
L’INFORMATION, LA SENSIBILISATION ET L’ÉDUCATION À
L’ENVIRONNEMENT ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ EN RÉGION PROVENCE-ALPESCOTE D'AZUR »
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR
Marché n° 2013-088
ANALYSE DU CARRÉ PROJECTIF
Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
2
SOMMAIRE
SYNTHESE.............................................................................................................................. 3
1. RAPPEL METHODOLOGIQUE .......................................................................................... 4
1.1. MODE DE RECUEIL .............................................................................................................. 4
1.2. NOMBRE ET NATURE DES REPONDANTS ............................................................................... 4
1.3. NOMBRE DE MOTS ET CODAGE ............................................................................................ 4
1.4. CARRE PROJECTIF : PRINCIPES GENERAUX ......................................................................... 4
2. ANALYSE............................................................................................................................ 6
2.1. CE QUE DISENT LES MOTS POSITIFS : L’INTERET POUR LE SECTEUR ET LES MOTIFS DE
SATISFACTION ........................................................................................................................... 6
2.2. CE QUE DISENT LES MOTS NEGATIFS : LES PEURS ET LES INQUIETUDES DU SECTEUR ........... 6
2.3. LES PISTES D’AMELIORATION IMAGINEES (MOTS INVERSES DU NEGATIF) .............................. 7
2.4. QUE SOUHAITAIT-ON EVITER EN S’ENGAGEANT DANS LE SECTEUR (MOTS INVERSES DU
POSITIF) ? ................................................................................................................................. 7
ANNEXE 1 - LISTE DES ASSOCIATIONS REPONDANTES ................................................ 9
ANNEXE 2 - SUPPORT DU CARRE PROJECTIF ............................................................... 10
ANNEXE 2 - NOMENCLATURE DE CODAGE .................................................................... 12
Carré projectif
Analyse et synthèse
Décembre 2013
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3
SYNTHÈSE
Interrogé sur le mode projectif, le secteur de l’EEDD apparaît
dans une situation de grand découragement. Un malaise
général semble actuellement faire douter le secteur dans son
ensemble.
À l’analyse, il apparaît que ses sources de motivation et de
satisfaction sont remises en cause, comme en miroir, par les
sentiments négatifs qui parcourent le secteur.
Signalons que dans notre pratique des carrés projectifs, sur
d’autres problématiques prospectives similaires, nous n’avons
jamais rencontré une telle situation, où les expressions
négatives répondent à ce point aux raisons expliquant
l’engagement et la satisfaction1, d’où l’impression de « tourner
en rond » qui peut expliquer l’actuel découragement.
C’est donc à un secteur en besoin — sinon en recherche —
d’un nouveau souffle que nous nous adressons. Pour cela, les
pistes proposées par le secteur semblent avant tout
extérieures à lui-même, la remobilisation de son potentiel de
ressources internes ne venant qu’en second lieu, de manière
minoritaire.
Si ce message peut légitimement être relayé auprès des
instances politiques qui s’intéressent au secteur, il semble
également essentiel qu’il mobilise son propre potentiel pour
rebondir.
1
Habituellement, nous rencontrons plutôt des situation où certaines « choses vont bien » et apportent de la satisfaction, et
d’autres choses, de nature différente, vont mal et doivent être corrigées pour renforcer cette satisfaction. Or ici, ce qui « va
mal » est justement aussi ce qu’on pensait pouvoir corriger par son engagement, sa motivation et son implication.
Carré projectif
Analyse et synthèse
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4
1. RAPPEL MÉTHODOLOGIQUE
1.1. Mode de recueil
Le recueil des données a été fait par voie électronique (voir annexe 2 : envoi de deux
messages successifs pour : (1) générer des mots positifs et négatifs ; (2) indiquer les inverses
de ces mots).
1.2. Nombre et nature des répondants
Un fichier, sélectionné au sein des structures adhérentes, a été fourni par GRAINE PACA. Il
comprenait au total 60 personnes sélectionnées selon les critères suivants :
• des personnes en situation de salariés, de direction ou des membres du conseil
d’administration dans les associations du secteur de l’EEDD,
• diversité selon taille, ancienneté et localisation — urbaine ou rurale —, de la
structure.
Au total, 23 personnes ont envoyé un retour complet ; celles-ci se répartissent ainsi :
• salariés : 6 personnes
• direction : 12 personnes
• administrateurs : 1 personne
• non précisé/hors fichier : 4 personnes
On pourra trouver la liste des associations ayant participé aux retours en annexe 1.
1.3. Nombre de mots et codage
Le corpus des mots recueillis est le suivant :
• mots et expressions positives : 179
• mots et expressions négatives : 165
• inverse des mots positifs : 181
• inverse des mots négatifs : 178
Ceux-ci ont ensuite été codés dans des catégories sémantiques (annexe 3 : voir nomenclature
de codage). L’analyse est basée sur les catégories ainsi mises au jour et leur poids (celui
figure entre parenthèses, auprès du nom de la catégorie).
Nota : il est important de prendre en considération que, telle que nous l’avons ciblée et utilisée, la méthode du carré projectif
nous offre un panorama de ce que le secteur pense de lui-même et de ce à quoi il aspire. Il apporte un point de vue, celui de
l’interne, sur la problématique qui nous occupe. Il convient donc d’en utiliser les résultats pour les confronter aux informations
recueillies par ailleurs, en particulier celles qui se sont intéressées à ce que disent des acteurs impliqués mais extérieurs,
donneurs d’ordre publics et privés.
1.4. Carré projectif : principes généraux
La technique du carré projectif repose sur l’idée principale que deux perceptions opposées, ici
les sentiments négatifs et positifs à propos du secteur et des missions de l’EEDD, ne recèlent
pas en elles-mêmes les sources de leur explication et de leur correction possible.
C’est seulement en explorant l’inverse — et non le contraire sémantique — des sentiments
exprimés que l’on peut :
• comprendre les sources des sentiments positifs : qu’est-ce qu’on souhaite
éviter ?
Carré projectif
Analyse et synthèse
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•
5
mettre au jour les pistes correctives des sentiments négatifs : quelles sont les
améliorations susceptibles de venir conforter et actualiser les sentiments positifs
ressentis ?
C’est donc le quadrant 3 (1/N) qui est le plus important à prendre en compte, dans un objectif
prospectif d’amélioration, ici du fonctionnement d’un secteur.
1. Positifs
Ce qui plaît et satisfait dans
le secteur de l’EEDD
2. Négatifs
Les interrogations et
réticences
Les qualités
Ce qu’on apprécie
Les défauts, les manques, les
limites
Ce qui doit être conforté et
consolidé
Ce qu’on n’apprécie pas
Ce qu’il faudrait corriger ou
supprimer
4.1/P
3.1/N
À quoi on échappe par
l’activité dans et de ce
secteur
Les pistes d’amélioration
Ce qu’on fuit
Ce contre quoi on réagit
Ce qu’on rejette
Carré projectif
Ce qu’il manque aujourd’hui
Les pistes pour conforter le
positif et préparer l’avenir
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6
2. ANALYSE
2.1. Ce que disent les mots positifs : l’intérêt pour le secteur et les motifs de
satisfaction
Nous sommes en présence d’un secteur qui ressent du plaisir et de l’enthousiasme dans son
travail (13), qui est motivé (7).
Cet état est lié essentiellement :
• à la dimension créative (21) de ce travail, à sa diversité (7), à la découverte (4) ;
• au fait que c’est un travail qui s’inscrit dans le collectif (14) et dans le
partenariat (6) ;
• et au sentiment de légitimité (13), de reconnaissance sociale vis-à-vis de la
mission poursuivie.
L’engagement (15) et le fait de se sentir stimulé (9) sont d’autant plus solides que le secteur
est ancré dans des valeurs éthiques positives (17).
Si l’utilité de la mission apparaît en mode mineur (7), le secteur perçoit que des changements
(11) commencent à être visibles, et qu’il est tourné vers l’avenir (10).
La dimension pédagogique (10) du secteur est présente dans les évocations positives mais on
ne trouve qu’une seule évocation des enfants (« avec les enfants, c’est toujours du bonheur »).
Dans ce métier, les dimensions liées à l’environnement et à la nature (6) au sens strict,
s’équilibrent avec la dimension sociale (7) de la mission.
Trois dimensions apparaissent de manière très minoritaire :
• celles que nous retrouverons dans les valeurs négatives : optimiste économique
(2) et soutien politique (3) ;
• et l’ancrage territorial (5), pourtant apparu comme essentiel lors des réunions
du groupe de travail.
2.2. Ce que disent les mots négatifs : les peurs et les inquiétudes du secteur
Les sentiments positifs exprimés, sont à relativiser fortement car une sensation lourde de
découragement (29) habite le secteur.
Ce découragement vient contrebalancer certaines perceptions positives dans le sens où :
• si l’on a l’impression de travailler pour l’avenir, celui-ci s’annonce aussi de
manière sombre (5), les sentiments alarmistes (5) sur l’état de la planète
préoccupent alors que, dans une moindre mesure, le court-termisme (3) de
l’action inquiète ; les changements (8) ne semblent pas assez rapides ou
probants ; finalement, tout cela ne serait-il que du green-washing (7) ?
• le caractère collectif est lui aussi mis en doute (3 + isolement 2) ; la
concurrence (7) entre les acteurs est ressentie négativement, les partenariats ne
sont pas sereins (6).
Globalement donc, sur toutes ces dimensions, le poids du négatif équilibre quasi à l’identique,
ce qui a été aussi ressenti comme positif.
Carré projectif
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7
Les explications de ces sentiments négatifs résident essentiellement dans des facteurs
extérieurs : seules quelques citations remettent en cause le fonctionnement (2) du secteur et
les difficultés de l’évaluation (5).
Par contre, le secteur se sent très fragile sur le plan économique (20 + 3 ressources humaines)
et noyé par la lourdeur des tâches administratives (20) qui sont nécessaires pour survivre et
obtenir des subventions.
Ainsi la légitimité acquise plutôt auprès du public en général (citations positives), ne semble
pas être relayée du côté des décideurs (16 citations négatives). Aux yeux des acteurs de
l’EEDD, les politiques (14) — hommes ou institutions publiques — ne les soutiennent pas
suffisamment et ne prennent pas des décisions cohérentes et pérennes.
2.3. Les pistes d’amélioration imaginées (mots inverses du négatif)
En recherche d’un second souffle, le secteur cherche à renouveler le plaisir (12) et la
motivation (3) pour se (ré)-engager (7).
Le secteur souhaite avant tout se sentir plus reconnu et légitimé (23), encouragé (7) et que
cela se traduise par plus de moyens financiers (EKO = 13) pérennes (9) ou adaptés sur le
plan administratif (5). Donc une meilleure cohérence (9) des politiques publiques est
attendue, loin devant un simple soutien politique (3).
La simplification (18) des tâches administratives apporterait également un soulagement
certain.
Cette légitimation pourrait en partie provenir d’une perception plus claire de résultats
tangibles (18), de changements (7) notables, bien que le thème de l’évaluation (4) reste
faible, ainsi que celui de la communication, pour apporter une meilleure visibilité aux actions
du secteur (5).
Une partie des solutions peuvent également provenir d’une remobilisation interne du secteur
par :
• un renouveau de créativité (11) ;
• la restauration d’un partenariat (16) plus confiant ;
• et plus de coopération (12) au sein du secteur.
2.4. Que souhaitait-on éviter en s’engageant dans le secteur (mots inverses du
positif) ?
L’implication et l’engagement dans ce secteur sont dus à deux raisons principales :
• échapper à la routine (29) ;
• ne pas se laisser gagner par le découragement (27) et l’impuissance (23), face
aux enjeux, provoquer des changements (3), modifier les perspectives d’avenir
(2) : avoir la certitude qu’il est possible de faire changer les choses.
Cet engagement doit permettre d’échapper à l’impression de marginalité (22), de
dévalorisation (6) ou de déconnexion (10) avec la réalité des besoins sociétaux : tout cela estil utile et reconnu par la société ?
Carré projectif
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Viviane Hamon Conseil - In Vivo - Cécile Clozel
8
Pour cela, le secteur semble compter sur la force du collectif pour sortir de l’isolement (13) et
du conflit (3), de la concurrence (5). Il compte également sur des méthodes (6) différentes, et
sur une meilleure stabilité économique (7).
Carré projectif
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Annexe 1 - Liste des associations répondantes
ADEE
AIEJE
Alpes de Lumière
CDMM
Chemin Faisan
CME-CPIE 84
Colinéo
CPIE Azur
Écolo crèche
Écoute ta planète
Environnement et partage
Fleur de pierre
Francas 83
GERES
GESPER
LPO
Maison Régionale de l’Eau
Méditerranée 2000
Mer et terre
Mouvement rural
Naturoscope
Radio Ethic Monaco
Tremplin 83
Carré projectif
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10
Annexe 2 - SUPPORT DU CARRÉ PROJECTIF
ENVOI N° 1
Deux fois 10 minutes de votre temps pour apporter votre point de
vue
ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT ET AU
DÉVELOPPEMENT DURABLE, VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ
Cet exercice doit être réalisé de manière individuelle mais son exploitation sera collective et prendra en
compte l’ensemble des contributions reçues ; votre propre contribution restera évidemment strictement
confidentielle.
Pour vous permettre de programmer dans votre agenda le temps que vous accorderez à cet exercice, notez
qu’une deuxième contribution, de nature sensiblement identique, vous sera demandée par retour de courriel.
Cette deuxième contribution est indispensable à l’exploitation de l’exercice.
LIRE LES INSTRUCTIONS JUSQU’AU BOUT AVANT DE COMMENCER.
1. REMPLIR LE CARRÉ DE GAUCHE EN SUIVANT LES INSTRUCTIONS DE LA QUESTION CI-DESSOUS :
Quand vous pensez au chemin parcouru, mais aussi aux perspectives actuelles et futures de votre
propre mission d’acteur de l’EEDD notez ci-dessous les dix mots (ou très courtes expressions) positifs
(enthousiastes, optimistes, stimulants, heureux) qui vous viennent spontanément à l’esprit
pour… décrire (rendre compte, faire comprendre, illustrer) votre opinion personnelle.
Prise de tête s’abstenir ! Soyez spontané, notez ce qui vous passe par la tête sans vous censurer, les mots les
plus triviaux sont acceptés, pas besoin de jargon stratégique, des images ou des métaphores sont bienvenues,
lâchez-vous…
2. POUR REMPLIR LE CARRÉ DE DROITE :
Quand vous pensez au chemin parcouru, mais aussi aux perspectives actuelles et futures de votre
propre mission d’acteur de l’EEDD, notez ci-dessous les dix mots (ou très courtes expressions)
négatifs (découragés, pessimistes, colériques, malheureux, inquiets) qui vous viennent
spontanément à l’esprit pour… décrire, (rendre compte, faire comprendre, illustrer) votre opinion
personnelle.
Vous pouvez inverser : négatifs d’abord et positifs ensuite. Vous pouvez aussi faire les deux en même temps en
laissant votre esprit vagabonder tout seul et passer d’un carré à l’autre ; l’important c’est de mettre le positif
avec le positif et le négatif avec le négatif !
MOTS ET EXPRESSIONS
POSITIFS
Carré projectif
MOTS ET EXPRESSIONS
NÉGATIFS
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ENVOI N° 2
Encore 10 minutes de votre temps pour finaliser votre contribution
ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT ET AU
DÉVELOPPEMENT DURABLE, VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ
Merci de votre retour. Vous êtes presque au bout de vos peines.
Voici les instructions complémentaires à renvoyer selon les mêmes
modalités. Merci de votre collaboration.
Vous avez proposé une série de mots positifs et de mots négatifs. Il s’agit maintenant pour
chacun de ces mots de proposer le mot (ou les mots si vous êtes très inspiré) qui serai(en)t
l’opposé, l’inverse des premiers en restant toujours centré sur le contexte : la situation
actuelle et l’avenir de votre mission d’EEDD vers l’écocitoyenneté.
Nota : Ce n’est bien sûr pas un exercice scolaire pour vérifier votre maîtrise du vocabulaire !
C’est pourquoi nous parlons « d’opposé » ou « d’inverse » et non de « contraire ». En vert, un
exemple (hors sujet) pour vous montrer comment cela peut fonctionner.
LES MOTS NÉGATIFS
que vous aviez proposés
Inscrivez
LES MOTS INVERSES
EXEMPLE
EXEMPLE
§ classique
§ mode, jeunesse, original
§ élitisme
§ populaire, pour tous, démocratiser
LES MOTS POSITIFS
que vous aviez proposés
Carré projectif
Inscrivez ici
LES MOTS INVERSES
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ANNEXE 2 - Nomenclature de codage
ADMIN
ALARM
ALIEN
ANC
AV
CH
COH
COL
COMP
CONC
CONSC
CONT
CR
CT
DEC
DECON
DECOUR
DEVAL
DIV
ECOU
EKO
ENF
ENG
EVAL
EVOL
FONC
Green-washing
HOST
IND
ISO
JOIE
LEG
LIM
MARG
METH
MOT
NAT
PART
PEDAG
PER
POL
POS
PUB
RASS
RES
ROU
SIMPL
SOC
STIM
UT
VAL
VISI
Carré projectif
bureaucratie, poids de l'administratif
alarmisme, urgence environnementale
aliénation,
ancrage local et territorial
avenir, futur
changements, évolution
cohérence, lien discours/actes/moyens, justice
esprit collectif
complexité
concurrence
conscience et prise de conscience
contraintes
création, innovation
court terme
découverte
déconnection,
découragement, fatigue, inquiétude
sentiment de dévalorisation
diversité
écoute
économie
autour des enfants
sentiment d'engagement
évaluation
évolution des pratiques
fonctionnement interne
faux-semblant
hostilité
indépendance, individuel
bulle, isolement
joie au travail, plaisir
reconnaissance, légitimité
limites, impuissance, inutilité
marginal, non valorisé
méthodes inappropriées
motivation
nature
travail partenarial
langage de la pédagogie
pérennité
politique
posture
publics difficiles
rassurer, redonner confiance, soutien
résultats, culture du résultat, visibilité
routine, ennui, répétition
simplification, rigueur, organisation, alléger
société, humain
stimulation, enrichissement
utilité
valeurs diverses exprimées
visibilité
Analyse et synthèse
Décembre 2013
« ÉTUDE SUR L’ÉVOLUTION DU SECTEUR DE L’INFORMATION,
LA SENSIBILISATION ET L’ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT ET
AU DÉVELOPPEMENT DURABLE VERS L’ÉCOCITOYENNETÉ EN
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR »
RÉGION PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR
Marché n° 2013-088
ANALYSE D’INITIATIVES REMARQUABLES
Analyse comparative des pratiques d’associations visant à
sensibiliser la population aux questions de Développement Durable
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 2 Recherche et analyse : Carole Schaal-­‐Cornillet en collaboration avec Viviane Hamon Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 3 SOMMAIRE
Méthodologie et objectif .......................................................................................................... Page 4 Synthèse comparative : Des points communs et le progrès en ligne de conduite ................... Page 5 Analyse de cas individuels ........................................................................................................ Page 9 1. Famille à Energie Positive 2. T’es Au Courant 3. Cube 2020 4. Commerce Engagé 5. Incroyables Comestibles 6. Inventaire de Biodiversité Ordinaire 7. Flocon Vert 8. Eco Geste Med Annexes .................................................................................................................................. Page 48 Guide d’entretien – base de questions ouvertes à la discussion Annexes documentaires pour chaque cas (voir cdrom joint) I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
Documents Prioriterre -­‐ Famille à Energie Positive Documents T’es Au Courant Documents Cube 2020 Documents Commerce Engagé et réseau Laboratoire d’Actions Fondation Nicolas Hulot Documents Incroyables Comestibles et invitation conférence multi-­‐partenariale Documents ADL et Commune de Volx -­‐ Inventaire de Biodiversité Ordinaire Documents Mountain Riders -­‐ Flocon Vert Documents Eco Geste Med Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 4 Méthodologie Le repérage des initiatives remarquables, sélectionnées pour leur ciblage du « citoyen », a été fait par : • une recherche exploratoire sur internet ; • la prise en compte de diverses suggestions (fiches actions base PARENE, IFPEB, …) ; Le choix entre les initiatives repérées a été organisé en fonction des clés d’entrée suivantes, • le citoyen à la maison • le citoyen au bureau • le citoyen en vacances • le citoyen dans son territoire, susceptibles de correspondre à des formes de partenariats et de financements variés. L’étude de ces initiatives remarquables, dont la sélection finale a été faite et validée avec le groupe de travail et le comité de pilotage, s’est faite à partir de : 1.
2.
rencontres ou interviews personnalisés des principaux acteurs concernés (dirigeants d’association, chefs de projet, chargés de mission ou techniciens en collectivité, élus…), d’étude des rapports, bilans, outils et éléments d’informations mis à notre disposition spécifiquement ou à disposition de tous (site internet, articles de presse, invitations, affiches, communications diverses, rapports d’évaluation). En lien avec le thème de l’étude du SEEDE, le guide d’entretien et les questions posées en discussion libre et ouverte ont principalement porté sur : la genèse du projet, le cadre de la démarche, les objectifs, les publics cibles et les partenaires, le financement, le choix des actions, le principe éducatif, les compétences à l’œuvre, le retour des bénéficiaires, les résultats et leur suivi. Voir la liste des questions en annexe. L’objectif est d’analyser ici les mécanismes de fonctionnement, les enjeux, les motivations et rôles de chaque acteur, la stratégie employée, les cibles et les résultats, l’évaluation et les évolutions réalisées ou à venir, les facteurs de succès et les points de progrès ou de vulnérabilité. A noter que pour chaque cas, plusieurs personnes ont été contactées et interviewées, nécessitant une adaptation des questions (ex. commanditaire ou prestataire EEDD) et que certaines avaient moins de temps que d’autres à nous accorder. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 5 SYNTHÈSE COMPARATIVE Des points communs, à commencer par le changement et le progrès en ligne de conduite  Le changement en ligne de conduite Qu’il soit intrinsèque à la démarche ou pas, qu’il soit porté par les citoyens eux-­‐mêmes, ou par la « cité », la collectivité territoriale ou par des prescripteurs relais (commerçants, producteurs, …), le changement est le principal enjeu de ces démarches. Il peut être un objectif direct (changement comportemental, changement d’attitude) ou sous-­‐tendu, indirect (accompagnement du changement de politique, nouveau cadre de vie, nouvelles infrastructures, futur PLU…) Le citoyen peut être mis d’emblée en situation d’action du changement, par le biais de nouvelles pratiques notamment, ou de devenir acteur du changement a posteriori de l’initiative, avec ou sans récompense/incitation ou motivation par objectif personnel, mais toujours de manière volontaire.  Le progrès ou la « démarche de progrès » : une constante dans la méthode, le processus et la finalité La notion de progrès intégrée au sein même des démarches se décompose comme suit : -­‐ « Percolation » : maturation, correction(s) pour amélioration et pour « modélisation » -­‐ « Essaimage » : transfert, reproduction du concept, du projet pilote avec adaptation au contexte local, à l’environnement local. -­‐ « Diffusion » : cette progression peut prendre la forme d’une démultiplication territoriale, d’un territoire à un autre, mais elle peut aussi prendre sa place dans le renforcement ou l’élargissement de cibles touchées.  … Qui prend du temps Ce mécanisme, découpé en étapes incrémentales et successives, souvent formellement parfois intuitivement, nécessite du temps, souvent plus de temps qu’estimé au départ. De nombreux acteurs interrogés semblent frustrés, freinés par « le temps que ça prend » notamment en phase de démarrage, à l’amorce de la « dynamique » du projet, lorsque l’inertie est particulièrement forte.  Cependant, les outils d’évaluation des progrès et de suivi de résultats ne semblent être ni une force ni une constante dans la plupart des cas étudiés. Le calcul des contacts cumulés et l’analyse qualitative, empirique, restent souvent de mise dans la plupart des démarches (sous forme de comptes-­‐rendus post-­‐opératoires et de bilans annuels). De rares outils de mesure du changement induit ainsi que des enquêtes sociologiques approfondies, tout aussi rares, apportent cependant des arguments et des preuves qui s’ajouteront à la motivation et à l’intérêt des changements recherchés (voir cas FAEP).  La participation d’acteurs relais, leviers de prescription et d’accélération, ou non, fait une véritable différence en termes de diffusion. Dans ce processus d’essaimage et de diffusion, la formation des acteurs intermédiaires (encadrant ou relais prescripteurs : élus, techniciens, commerçants, professionnels…) est essentielle à la démarche de progrès, pour des bénéfices d’encadrement, de gestion, de diffusion et parfois de caution ou modèle inspirant. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 6  La proximité, l’ancrage territorial et le contact humain Plusieurs mots mais un même point commun à toutes ces initiatives remarquables, souvent cité en premier facteur de succès des démarches étudiées : le local, « devant chez soi ». Les acteurs et organisateurs interviewés citent à cet effet 1. l’ancrage dans le territoire, la proximité 2. et le relationnel, le lien social, notions intimement liées à la dimension locale avec toute la dimension culturelle nécessaire à l’EEDD. « Rien ne se fait sans le culturel » indique Anne Huguet, directrice de Prioriterre, interrogée sur le défi Familles à Energie Positive.  Des actions concrètes qui rentrent dans les Agendas 21 ou les PCET des territoires Ces actions ancrées dans leur territoire rentrent pour une moitié des cas dans un dispositif affiché PCET ou Agenda 21, ou émanent d’une réflexion « Transition » (ex. Incroyables Comestibles à Munster).  L’appropriation des programmes par les bénéficiaires, gage d’engagement et de résultats Que ce soient les écogestes que l’on choisit d’adopter ou d’adapter à son mode de vie et de consommation, ou les modalités mêmes d’un jeu ou programme, les acteurs interrogés rapportent que les cibles engagées vont jusqu’à s’approprier l’action. Les bénéficiaires deviennent acteurs, co-­‐
porteurs des actions et diffuseurs, relais des messages. Dans la même disposition d’appropriation de l’action, l’engagement citoyen à faire sa part de l’effort collectif ou à agir pour changer les choses soi-­‐même (logique d’« Empowerment » : j’agis = je prends le pouvoir) montre des résultats convaincants. Un public sensibilisé n’est pas pour autant un public engagé.  Implication des populations ne veut pas toujours dire « concertation ». Les populations restent peu impliquées en amont (phase de conception) ou aval (enquête, feedback, questionnaire). Des démarches dans l’ensemble plutôt top-­‐down que bottom-­‐up.  Du réseau à l’association de compétences, des mécanismes multi-­‐parties-­‐prenantes Que le commanditaire ou le maître d’ouvrage soit public, privé ou de statut associatif lui-­‐même (ex. ADL), il ira chercher les compétences qui lui manquent à l’extérieur, soit dans le cadre d’un partenariat à plus ou moins long terme, soit dans le cadre d’une prestation ponctuelle – et souvent, pour les cas analysés ici, avec des associations d’EEDD. Mais au-­‐delà du besoin d’un complément de compétences ou de ressources, cette analyse fait systématiquement ressortir un mécanisme pluri-­‐acteurs, fonctionnant grâce à l’intelligence collective, rassemblant « impulseurs », financeurs, politiques, éducateurs, territoires, naturalistes, scientifiques, citoyens, consommateurs, élus, techniciens, militants, relais prescripteurs, etc. Des équipes-­‐projets, des binômes (asso/collectivité) ou trinômes (asso/élu/agent) peuvent se monter par programme. Notons aussi que par « communauté d’intérêts », les collectifs ou associations deviennent les clients ou les partenaires d’autres associations (ex. CPIE, Colibris, Incroyables Comestibles, FAEP, etc.)  L’importance de la communication dans les dispositifs La communication, sous différentes formes, est essentielle dans toutes les actions d’EEDD étudiées. Qu’elle soit traditionnelle (bulletins municipaux, affichage, brochures, etc.), digitale (site internet, newsletter, SMS / MMS, flashcodes, plateforme d’enregistrement des données sur-­‐mesure, etc.), événementielle (rencontres, conférences, ateliers, jeux, festivités, remise de prix, partage, etc.) ou institutionnelle (ANDD, campagnes territoriales DD) ou indirecte (relations presse, communication Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 7 réseaux partenaires), elle répond à plusieurs objectifs, tels que : •
•
•
•
Faire savoir o Valorisation : changement, transition, nouvelles actions, nouvelles politiques o Diffusion – pollinisation Faire venir o Recrutement – Appel à participation –Appel à l’expression d’intérêt Faire comprendre o Promotion d’une cause, d’un idéal de vie à défendre o Appel à la prise de conscience Faire agir o Appel à l’action Si la communication et l’information sont omniprésentes dans les cas étudiés, la cohérence des dispositifs et des messages ne le sont pas chez tous les acteurs. Notons aussi de véritables différences en termes de connaissance et de maîtrise des métiers de la communication (professionnalisme ?) et en termes d’usage des nouvelles technologies et systèmes d’informations. Certaines associations auront une ou plusieurs personnes dédiées, d’autres feront « maison » ou avec des bénévoles. Certains sont très innovants et n’ont pas « froid aux yeux », visant les ministères, grandes entreprises, fondations internationales et grands médias.  Un recrutement qui reste difficile La plupart des acteurs interrogés le disent eux-­‐mêmes, mais semblent impuissants face à ce constat. Seules quelques rares démarches de progrès intègrent ce point. Peu d’évaluations, s’il y en a, prennent ce facteur en compte. L’impression diffuse que ces actions atteignent d’abord un public mobilisé, puis peinent à s’étendre au-­‐delà.  Un recours au financement hors public plus important Plus de la moitié des associations ont recours aux appels de fonds privés, à travers : o la réponse à des appels d’offres nationaux ou européens, fonctionnant tel un bureau d’étude (exemple : Prioriterre, Ecoscience Provence) o la proposition de leurs programmes d’actions à des financeurs potentiels (dispositif de levées de fonds classique : le « fundraising ») o un service de formation Fonctionnant en réseau, certaines associations sont prestataires d’autres associations (ex. CPIE 04, CPIE Iles de Lérins, Proserpine, etc.) pour des compétences spécifiques nécessaires à une action EEDD ou une formation d’intervenants (ambassadeurs, animateurs). Certaines sont aussi soutenues financièrement par la Fondation Nicolas Hulot. Une minorité est aussi en posture d’autofinancement partiel à travers des offres de services en dehors de l’EEDD (ex. nettoyages Mountain Riders). L’appel aux dons, tel qu’on peut le voir dans le domaine associatif éducatif, sanitaire ou humanitaire, est absent dans la majorité des cas.  Une variation de définition quant à l’information, la sensibilisation, l’éducation L’usage de ces mots diffère d’un acteur à l’autre. Certains englobent le tout avec un terme : « information » pour certains, « sensibilisation » pour d’autres. D’autres sépareront en deux grands domaines leurs activités : l’action et la communication. Le mot « éducation » a été assez peu utilisé lors des entretiens par nos interlocuteurs. La notion d’action « pédagogique », d’animation ou atelier pédagogique est plus volontiers employée. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 8 Pour certains, une logique ordonnant la sensibilisation (pour tous) avant l’éducation (pour certains) apparaît. Ici, le premier terme est destiné à un large public alors que le second est restreint à un groupe ciblé. Un autre usage a également été observé : réservant l’« éducation » aux enfants et la « sensibilisation » aux adultes. Enfin, un dirigeant d’association nous a clairement dit être gêné par ce terme qui implique de dresser / redresser les personnes. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 9 CAS FAMILE A ENERGIE POSITIVE > Le citoyen à la maison DEFI LUDIQUE D’ECONOMIE D’ENERGIE Définition : un challenge en équipe de territoire
Regroupés en équipes d'une dizaine de personnes, coachés et accompagnés par un capitaine formé par l’association Prioriterre, les volontaires doivent relever le défi pendant un hiver pour réduire leur consommation d'énergie de 8%. Et ceci en changeant leurs habitudes et en appliquant des gestes simples. Un site internet dédié www.familles-­‐a-­‐energie-­‐positive.fr permet de suivre en direct les progrès réalisés. Les participants peuvent rejoindre une équipe ou en former une avec des amis, collègues, voisins de quartier ou d’autres habitants de la commune. L’inscription aujourd’hui se fait par le biais des Espaces Info Energie. Le défi se déroule pendant toute la saison de chauffage, du 1er décembre au 30 avril de la même année. Prioterre entame aujourd’hui la 5ème édition. Un enjeu : s’engager pour le Climat par le biais de la sobriété énergétique « L’idée est de réduire son empreinte écologique et de faire des économies d’énergie.» Anne Huguet, directrice de l’association Prioriterre basée à la Maison de la Planète à Annecy, explique que l’objet du défi est de « changer les comportements à grande échelle, de manière massive … et ludique .» Le projet s’inscrit dans un cadre du programme « ÉNERGIE INTELLIGENTE POUR L’EUROPE ». Un projet qui répond à des objectifs pragmatiques Le défi Familles à Energie Positive a pour finalité de démontrer que, tous ensemble, il est possible de lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre en participant à une action concrète, mesurable, et conviviale... et d'en profiter pour réduire ses factures d'énergie. Familles à Energie Positive permet à chacun de « se mobiliser de façon concrète, efficace et ludique » -­‐ et « sans affecter le confort » -­‐ pour : • diminuer ses consommations – par l’acquisition et l’entraînement à des gestes reflexes simples au quotidien • réduire ses émissions de CO2 • gagner de l’argent en réduisant ses factures d’énergie La motivation des familles est avant tout de « faire des économies d’énergie », précise Pascaline Pin, coordinatrice nationale du défi. Ensuite : « faire des choses en famille, apprendre des choses à mes enfants, puis protéger la nature. » La stratégie : l’expérimentation par la preuve « Je n’aime pas le terme EDUCATION. Il ne s’agit pas de ‘redresser’ les gens » précise Anne Huguet. « Ils ont des habitudes. Ce projet permet d’accompagner le changement par la sensibilisation, pour comprendre l’intérêt qu’on peut en retirer. » La stratégie pédagogique FAEP se découpe en 3 points : 1) Faire découvrir aux participants les économies d’énergie en étant un outil de « découverte d’éco-­‐
gestes » 2) Renforcer les participants déjà dans une démarche d’économies d’énergie et être un outil de « renforcement de gestes » Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 10 3) Rendre certains gestes plus « systématiques » une fois qu’ils font partie des habitudes Le dispositif s’accompagne de temps de formation (formation « lire une facture », formation des capitaines de défi, formation des conseillers Espace Info Energie). Au final, la démarche telle qu’expliquée par Anne Huguet se compose de :  Un temps d’analyse et de réflexion : « l’état des lieux »  « L’information : les écogestes et l’animation sur le terrain »  L’action – expérimentation : « c’est possible de le faire » Pascaline Pin, coordinatrice nationale du défi, résume le cheminement observé dans les foyers « du changement de regard – on se pose plus de questions – au petit geste et on peut aller jusqu’à des travaux de rénovation. » L’émulation du défi, qui fonctionne comme un concours avec diplôme et cérémonie de remise de prix, participe à la dynamique ludique et stimulante du programme. Les gagnants de chaque territoire sont valorisés en termes de communication et le gagnant national va à Bruxelles à la ’Energy Neighbourhoods European Award Ceremony’.1 Un mécanisme « localisé » Prioriterre Les territoires ADEME Les Espaces Info Energie Concepteur et organisateur du Défi Association EEDD : « Centre d’information et de conseil Energie Eau Consommation » et EIE Haute-­‐Savoie. 30 ans d’existence. Anciennement Association Haut-­‐Savoyarde pour le Développement de l'Energie Solaire puis Energie Environnement 74. Ce projet est né dans le cadre d’une réponse à l’appel d’offres Européen ENERGY NEIGHBOURHOODS en 2008. Prioriterre pilote localement 9 projets Européen (Clean Drive, Ecostations, EnerCitee, etc.) L’association est en charge de la formation des capitaines d’équipe, de la coordination et du suivi du dispositif. Relais local Collectivités locales, départementales ou régionales dont les Régions Rhône-­‐Alpes et Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur, le Vaucluse, la Dracénie, Arles, etc. Relais national Partenaire diffuseur auprès des Espaces Info Energie sur tout le territoire français. « L’ADEME a soutenu le déploiement. C’est le premier partenaire pour le déploiement national. » A. Huguet. Relais auprès du grand public En charge du recrutement des familles. « Avant, Prioriterre contractait directement avec les associations (EEDD) locales mais maintenant ça passe par les EIE à la demande de l’ADEME qui veut faire connaître les EIE et les mettre en contact avec le grand public » P. Pin Financement : Union Européenne (projet Energy Neighbourhoods avec 17 partenaires européens), ADEME, Régions et certains territoires. Cibles Le défi s’adresse aux particuliers, une entreprise, une association, une collectivité ou un groupe d'amis, tout le monde peut participer. Les familles peuvent être urbaines ou rurales. 1
http://www.energyneighbourhoods.eu/fr/c%C3%A9r%C3%A9monie-­‐de-­‐remise-­‐des-­‐prix-­‐europ%C3%A9enne-­‐
le-­‐28-­‐juin-­‐2013-­‐%C3%A0-­‐bruxellesv Analyse Initiatives Remarquables
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Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 11 Pascaline Pin précise que Prioriterrre « travaille à améliorer le ciblage. » Notre objectif est « d’aller chercher ceux qui ne sont pas déjà sensibilisés » et de s’éloigner « des bobos ». L’analyse actuelle fait état de : 1/3 de cadres, 1/4 d’employés, 1/5 de retraités et 10% en précarité. 77% sont propriétaires et 23% locataires. En termes de revenus des ménages : Revenus – de 20k€/an Entre 20 et 40 k€/an Entre 40 et 80 k€/an + 80 k€/an 23% 46% 28% 3% De plus en plus de groupes se constituent en équipe, provenant d’associations ou de mouvement citoyens, par exemple les Colibris, Negawattkillers, etc. Résultats : En moyenne 200€ d’économies sur la facture à l’issue du concours soit -­‐12% sur les consommations domestiques. Plus de 80 % des participants atteignent l’objectif de 8%. Notons aussi que dans 84% des cas, tous les membres de la famille sont impliqués dans le défi.2 « L'hiver dernier, près de 17 500 personnes se sont engagées en Europe, dont 9 000 en France. 10 millions de kWh ont été économisés, soit l'équivalent de la production annuelle d'une centrale solaire photovoltaïque 2
de 60 000 m . » Sur son site, la Dracénie communique aussi sur des équivalences marquantes en termes d’usage d’énergie : « 50 millions d’heures d’une télévision. 1 300 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit ce que rejetteraient 92 CLIO pour faire le trajet Lille-­‐Marseille ! »3 « L’étude4 que nous avons menée avec des sociologues montre qu’il n’y a pas de retour en arrière. » plusieurs années après le défi, ajoute Anne Huguet. L’étude met en exergue l’appropriation personnelle des gestes, avec une certaine souplesse vis-­‐à-­‐vis des écogestes recommandés (exemple de participant cité : chauffage à 20° au lieu de 19°et bains chauds pour deux enfants), qui donne des résultats avérés, parfois très importants (-­‐39% pour l’exemple cité), à relativement court terme. L’étude conclut également sur l’ouverture constatée des participants vers d’autres questionnements et pratiques dans leur quotidien, dans leur consommation ou leurs déplacements. « Quand la mayonnaise prend, ça peut aller très loin. J’ai un exemple de groupe en milieu rural où quatre foyers ont décidé d’isoler leur toiture, de faire des achats groupés et de faire des chantiers collaboratifs, tous ensemble. » Pascaline Pin, coordinatrice. « Les effets induits et le rayonnement sur le territoire sont significatifs : économies financières pour les familles, preuve chiffrée que la somme des gestes simples permet de réduire les consommations énergétiques, création de synergies inattendues entre les familles et leur commune, les uns prenant 2
Voir le bilan d’enquête de satisfaction FAEP 2012/2013 en annexe. http://www.dracenie.com/index.php/cadrevie-­‐2/120-­‐environnement/espace-­‐info-­‐energie/446-­‐relance-­‐
concours-­‐faep-­‐2013-­‐2014 4
« Analyse Qualitative du Défi FAEP : Motivations et Pérennité des Gestes » par F. Sirguey (Sciences Po), O. Joly (Université de Savoie) et S. Labranche -­‐ Coordonnateur de la Chaire Planète Energie Climat, Membre GIEC Rapport 2013.
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Décembre 2013
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 12 exemple sur les autres... Tous ces résultats nous encouragent à relancer le défi. » Anne-­‐Cécile Fouvet, Chargée de mission développement durable de Chambéry Métropole. Evolutions : Sous l’impulsion de l’ADEME, le relai du défi est passé par le biais des EIE et continue à se diffuser en France et Dom-­‐Tom. Depuis la Haute-­‐Savoie en 2008, le défi s’est diffusé sur 16 régions, 77 territoires dont Dom-­‐Tom, en 5 ans. Cette année, deux nouveaux territoires de Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur participent. L’objectif de Prioriterre pour le projet FAEP est d’atteindre 1000 familles. « Nous voulons toucher le plus de monde possible » ajoute P. Pin. Dans les évolutions en cours, la directrice liste : ⋅ De nouvelles cibles : famille en précarité énergétique. « Ce sont d’abord les gens sensibilisés qui ont commencé et puis il y a eu tache d’huile. Notamment par le biais d’assistantes sociales. » « En 3ème année le programme monte en popularité et sort des sensibilisés » complète P. Pin. ⋅ « Aller plus loin, vers la rénovation » ⋅ De nouveaux thèmes : déplacements, déchets. Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Des résultats durables selon le retour -­‐ Difficulté du recrutement. Malgré les 900 d’expérience à plus 4 ans familles depuis 2008 et le déploiement -­‐ Un objectif concret et réalisable -­‐8%. De aujourd’hui sur 77 territoires, l’inertie reste nombreuses familles font mieux. encore forte. L’engagement demande un -­‐ Une dynamique positive (pédagogie et « effort » de plusieurs mois et une résultats) qui participe au recrutement de « motivation » très élevée. Le capitaines pour les éditions suivantes développement semble encore dépendre du -­‐ Relationnel de proximité – du fait des règles réseau de l’animateur selon P. Pin. du jeu et du mode de recrutement – qui -­‐ Amélioration visée par la direction de s’accompagne de « convivialité. Ça se fait de l’association Prioriterre : « Faire moins cher. manière sympa. Il y a des échanges. Ça On a besoin de beaucoup de main d’œuvre. » devient leur projet » explique Pascaline Pin, -­‐ Divers points de progrès sont en cours coordinatrice du défi. d’étude notamment sur les cibles spécifiques -­‐ Souplesse de la pratique à partir d’un guide (femmes, public en précarité) notamment. de pratique des écogestes. -­‐ « Le projet rentre dans les Agendas 21 ou -­‐ Le relais des EIE sur tout le territoire français. certains PCET de collectivités mais il y a le « On a besoin des relais » et une condition de problème des marchés et de la TVA pour les succès est « l’autonomie des acteurs locaux » structures comme la nôtre. La loi Hirsch de selon A. Huguet. 2010 est mal connue des donneurs d’ordre -­‐ Accessible à tout le monde. publics» précise la directrice de l’association. -­‐ Professionnalisme des acteurs impliqués -­‐ La taille de certains EIE « débordés », avec -­‐ Evaluation approfondie qui permet de parfois une seule personne, peut être une travailler aux étapes futures limite au projet tout comme le manque -­‐ Effet boule de neige : « chaque personne qui « d’habitude de gros projets » comme le Défi, obtient des résultats devient un super commente la coordinatrice. ambassadeur », se félicite P. Pin, « certains deviennent capitaines d’équipe. » Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 13 MOTS CLÉS pour l’action : ancrage local, lien social, ciblage, responsabilisation, évaluation, ouverture à d’autres problématiques, pluriannuel , ludique, capitaine pour l’association initiatrice : ingénierie, capitalisation et essaimage, visibilité nationale et internationale, financements européens Sources : sites internet www.familles-­‐a-­‐energie-­‐positive.fr, www.prioriterre.org, études de divers documents en annexe et interviews d’octobre à novembre 2013 de : 1. Bernard Serafini, président Prioriterre et Anne Huguet, directrice Prioriterre 2. Pascaline Pin, coordinatrice nationale du défi Famille à Energie Positive Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 14 CAS T’ES AU COURANT ? > Le citoyen à la maison DEMARCHE TERRITORIALE D’ECONOMIE D’ENERGIE Définition « T'es au courant ? », lancée par l’agence Eco CO2 en 2010, est une démarche grand public pour apprendre à faire des économies d'énergie. Cette démarche est présentée par les initiateurs comme une « méthode » avec coaching, réalisé par un coach en énergie professionnel, bénévole ou virtuel : un avatar en forme de prise électrique. Cette démarche repose sur 4 piliers : 1. la sensibilisation, notamment par le jeu : Eco CO2 a développé le jeu de société « T’es au courant ? » qui apprend à faire des économies d’énergie (plusieurs formes) et donne les écogestes 2. l'évaluation des consommations (appareils, outils de production) par des outils simples et la réalisation d’un diagnostic du foyer 3. l’action grâce à la mise en place d’un plan d’action personnalisé 4. la mesure à travers des outils de suivi et d’affichage des consommations d’énergie. La démarche se veut aussi collective ; ainsi a été mis en place le projet « MA VILLE EST AU COURANT», application de la démarche à l’échelle d’une ville sous forme de concours. Ce projet a été lauréat 2010 du concours « Agir ensemble sur l’énergie» de la région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur. De cette démarche est également né le programme scolaire « WATTY A l’ECOLE.» Deux objectifs : comprendre et agir La finalité du projet porte sur la compréhension et la diminution de la consommation d'énergie, l’empreinte carbone et l’impact environnemental. La méthode sophistiquée est conçue sur un principe d’ingénierie pédagogique adossé aux principes de gestion de projet par objectifs :  Sensibiliser : susciter en tout un chacun une réflexion sur sa propre façon de consommer de l'énergie et sur ses choix en matière d'équipements,  Evaluer : réaliser une analyse de ses consommations avec l'aide du coach,  Agir : définir un plan d'action personnalisé,  Mesurer : comme dans toute action de progrès, mesurer ses consommations tout au long de son action pour en connaître l'efficacité et la rectifier si besoin. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 15 Un mécanisme présenté comme « tripartite » mais qui implique un grand nombre d’acteurs Territoire partenaire – « Collectivité lauréate AGIR pour l'énergie » Accueil et soutien de la démarche. Collaboration multiservice : Environnement/DD, éducation et petite enfance. Mise à disposition de bureau et matériel bureautique. La commune a été divisée en 7 quartiers Saint Laurent du Var pour le concours. Durée : année scolaire 2011-­‐2012. Cette action rentre dans le programme Agir de la ville, en particulier sur la thématique 3 : Associer et mobiliser les citoyens. Le programme rentre aussi dans le Plan Climat des Alpes-­‐Maritimes. Concepteur « éditeur » Jeune entreprise innovante fondée en 2009 par un expert dans le monde de l'énergie, l’agence est spécialisée dans la maîtrise de l'énergie et le monitoring des installations de production d'énergies renouvelables. L'objectif d'Eco CO2 est d'accompagner les particuliers, les collectivités, les Eco CO2 entreprises dans la compréhension et la diminution de leur consommation d'énergie, leur empreinte carbone et leur impact environnemental. Elle a conçu la méthode et les outils qui peuvent être utilisés par d’autres territoires. « On est en attente d’un nouveau territoire » précise Alexandra Lopez animatrice EEDD et chargée du projet. Partenaire cofinanceur Programme AGIR Ensemble pour l’Energie, Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte Région PACA d'Azur La Région (SECA) a reçu le bilan et retour d’expérience de l’opération pour le territoire de St Laurent. Contact Valentin Lyant. Partenaire cofinanceur Finance l’édition du matériel pédagogique et des jeux dans le cadre de son EDF Programme Energie Efficace. A aussi fourni des ampoules basse consommation ou des lampes dynamo aux gagnants du concours. Partenaires relais – « encouragement/récompense » Les commerçants et marques engagées en RSE (ex. Bodyshop) ont participé Les commerçants en offrant des cadeaux aux gagnants du concours (dotations : entrés parc de loisirs, produits cosmétiques ou autres) Financement : La Région PACA (à hauteur de 34,5%, soit 100 000€ sur 290 000€) et EDF pour la partie financière ; la municipalité et les marchands pour l’aspect matériel (espace, lots). Modalité de l’éco-­‐concours Ma Ville est au courant : La ville est divisée en 7 quartiers auxquels correspondent chacun une équipe. Chaque équipe dispose de trois coachs formés par Eco CO2 qui accompagnent les ménages dans le concours en leur fournissant des outils pour diminuer leur consommation d’énergie. L’organisation du concours comprend des actions de sensibilisation dans les écoles, marchés, centres de loisir, maisons de retraite, maisons de quartier… ; une plateforme internet permettant à chaque ménage de réaliser un diagnostic énergétique (gaz, eau, électricité) sur la base d’un questionnaire et de bénéficier de conseils (écogestes). Ce diagnostic donne lieu à la définition d’un plan d’action et d’un objectif chiffré de réduction des consommations d’énergie. La mise en concurrence des 7 quartiers mène à des gagnants (sur base de pourcentage de réduction des consommations) qui reçoivent des récompenses symboliques lors de réunions publiques régulièrement organisées.
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 16 L’entraînement et l’engagement basé sur une dynamique de groupe Le CREDOC caractérise le projet comme « directement inscrit dans le courant du marketing social communautaire 5 ». « Le projet se base à la fois sur le postulat que l’accompagnement au changement comportemental est un levier important pour réduire les consommations énergétiques, et que les effets de comparaison constituent un élément supplémentaire permettant d’obtenir, combiné avec du coaching, de meilleurs résultats qu’une simple sensibilisation des consommateurs. » Toujours selon le CREDOC, le projet d’ECO CO2 transpose la notion d’entraînement social (community building, peer pressure) du monde anglo-­‐saxon au contexte français, en ciblant l’échelle de la collectivité locale. Par l’organisation de réunions publiques et la distribution de prix symboliques, les participants sont entraînés dans une logique de groupe et une publicisation de leur engagement en faveur des économies d’énergie. Ce projet reprend également la théorie de l’engagement, en proposant plusieurs étapes aux usagers potentiels. Résultats : Au total : 114 foyers inscrits. Sur 9 000 ménages habitant la ville, 900 ont participé à au moins une animation, 120 sont inscrits sur le site web. Le projet compte également une vingtaine de coachs. Le blog collaboratif fait mention des retours d’expérience et des bénéfices perçus par les coachs et participants6 et met en avant les bonnes pratiques des 5 foyers qui ont le plus économisé (de 60 à 260 €) à travers des interviews assez poussés. Parmi les résultats valorisés dans le bilan de l’opération (annexe), on peut lire le chiffre de « 500 000 contacts sur Saint-­‐Laurent-­‐du-­‐Var et les communes limitrophes, essentiellement via la presse locale ». Notons aussi la sélection du programme « Watty à l’école » labellisé éligible C.E.E., par la Direction Générale Energie Climat, rattachée au Ministère de l’Écologie du Développement durable et de l’Énergie, suite au premier appel à projet sur les programmes d’information CEE lancé en 2012. C’est le 9ème programme d’information élu aux CEE (Programme n° PRO-­‐INFO-­‐09). A propos de cible Tous les habitants sont ciblés à travers une cartographie de « Quartiers » : les familles, les gens tels qu’ils sont dans le territoire laurentin. Cependant un focus s’est rapidement fait sur les enfants (classes élémentaires) avec Watty « qui est né parce que c’est une cible privilégiée pour faire passer des messages », selon A Lopez et, selon J. Allard, parce qu’ils adoptent les écogestes. Evolutions : A -­‐ Pendant l’année du dispositif : -­‐ L’Adjointe au Maire déléguée aux affaires sociales, séduite par le projet vu sous l’angle de la démarche d’économie d’énergie, a demandé une intervention au CCAS. -­‐ Outre les coachs bénévoles, les gardiens d’immeuble ont aussi été formés. -­‐ « Le retour d’expérience a montré que les enfants étaient très à l’écoute du thème, très intéressés … en demande » exprime Alexandra Lopez, animatrice EEDD et chargée de mission Ecocitoyenneté. « On a donc créé le programme Watty… La sensibilisation aux écogestes marche le mieux pour ce public. C’est là où on a le plus d’adhésion » complète Jacques Allard, dirigeant d’Eco CO2. « Les parents nous disent que les enfants font la police à la maison. » Il continue sur le public des parents pour qui « les conseils sont insuffisants. Ils ont besoin d’outils.» Cahier de Recherche du CREDOC n°295, Décembre 2012. « Changer les comportements –
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l’incitation comportementale dans les politiques de maitrise de la demande d’énergie en France » 6
http://blog.estaucourant.com/blog/post/2012/07/26/mme-­‐eco-­‐nrj-­‐138.12r-­‐dreconomies Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 17 B -­‐ Pour la suite : L’opération a fait l’objet d’un rapport7 et de recommandations d’amélioration pour l’avenir (voir annexe), à savoir : « Le projet doit amener des économies d’énergie facilement réalisables, grâce à un système technique peu cher (nudge) associé à une bonne information qui va permettre une meilleure appropriation des économies d’énergie et minimiser un effet rebond. Ce nudge pourrait être un kit d’équipements hydro-­‐économes. Ce kit va permettre des économies sur l’eau et sur l’eau chaude sanitaire qui est le second poste de consommation d’énergie (après le chauffage). La pose des équipements hydro-­‐économes contenus dans ce kit permet de réaliser de substantielles économies, de l’ordre de 150 € par an pour un foyer de trois personnes ». L’objectif de Jacques Allard est ainsi de « faire passer à l’acte.» La plateforme parents prévue s’appellera www.economiselenergie.com (pas encore en ligne.) Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Forte implication de la -­‐ Un blog collaboratif « trop beau » pour être « commune Lauréate ». Implication des élus vraiment fait par les participants eux-­‐mêmes. et des services ; Diffusion de l’information ; -­‐ Etre coach, à l’instar des ambassadeurs du tri, Aide au recrutement des coachs en énergie demande « beaucoup de disponibilité : c’est bénévoles par la municipalité une condition de réussite» cite A. Lopez. [email protected] « Les coachs bénévoles sont à 80% des -­‐ Une démarche clé en main, complète et retraités, les étudiants abandonnent. Il faut « prête à l’emploi », prête à être aussi être intéressé par l’énergie et avoir un démultipliée après St Laurent du Var qui a minimum de connaissance informatique. servi de ville pilote. D’ailleurs nos coachs avaient tous une -­‐ Des outils, un kit pédagogique et ludique formation ingénieur ou BTP. » sophistiqué qui s’accompagnent de -­‐ Dans sa démarche progrès : l’équipe Eco CO2 formations ciblées revient sur les objectifs cibles: « L’objectif -­‐ « Un financement couvert jusqu’à 70% par les était de toucher 30% des foyers laurentins Certificats d’Economies d’Energie (CEE) Par (3 000) et d’en recruter 30%, soit 9% au total l’arrêté ministériel en date du 20 juin 2013, le (720). Si le nombre de foyers touchés a été programme « Watty à l’école » entre dans le largement dépassé, la transformation en mécanisme de financement des CEE. Les foyers engagés a été moindre. Ce qui a collectivités territoriales, qui sont des certainement manqué c’est une mise en éligibles de ce marché, vont ainsi pouvoir avant de réels bénéfices pour le citoyen tous les 15 euros investis dans le programme, consommateur d’énergie. Le projet s’est récupérer 1000 kWh cumac. La vente des CEE concentré sur l’identification et auprès d’acteurs obligés (fournisseurs l’apprentissage des éco-­‐gestes, liés aux seuls d’énergie, d’essence, de fioul…) leur permet comportements. C’est vraisemblablement ainsi de financer environ 30% du déploiement dans l’absence de gains identifiés comme sur leur territoire. Cette prise en charge peut rapidement accessibles qu’il faut trouver les aller même jusqu’à 70% avec le rebond sur raisons du faible taux de conversion entre les les familles. »8 foyers sensibilisés et ceux qui se sont réellement engagés. » -­‐ Un coût par famille touchée et engagée élevé (surtout en année 1) 7
http://tmp.ecoco2.com/REX_MVEAC_FINAL_011012.pdf http://www.francematin.info/Le-­‐programme-­‐pedagogique-­‐Watty-­‐a-­‐l-­‐ecole-­‐elu-­‐aux-­‐CEE-­‐Certificats-­‐d-­‐
Economies-­‐d-­‐Energie_a28749.html Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 18 MOTS CLÉS pour l’action : opération pilote, ludique, quartiers, coach, évaluation, objectifs pour l’organisme initiateur : ingénierie, expert énergie, innovant, nouvelles technologies, éditeur, financement CEE, ambassadeur Sources : sites internet www.saintlaurentduvar.fr http://maville.estaucourant.com www.watty.fr, www.ecoco2.com, les cahiers du CREDOC N°295 Déc. 2012, le rapport Eco CO2 et des interviews de : 1. Jacques Allard, président fondateur Eco CO2 2. Alexandra Lopez, animatrice EEDD et chargée de mission ecocitoyenneté Ma Ville est au Courant, basée à St Laurent. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 19 CAS CUBE 2020 > Le citoyen au bureau CONCOURS USAGERS BATIMENTS EFFICACES Définition Pendant un an, les entreprises participantes s'engagent à réduire leur consommation énergétique. Elles peuvent inscrire un ou plusieurs de leurs bâtiments tertiaires pour mobiliser leurs équipes sur l'enjeu des économies d'énergie. Pendant un an, les utilisateurs de bâtiments tertiaires sont en compétition sur les économies d’énergies réalisées, se mobilisant sur les bons usages et comportements vis-­‐à-­‐vis de l’utilisation des bâtiments (lumière, chauffage, énergie, etc.) Avec la conviction que "chaque geste compte" des actions de sensibilisation seront menées en 2014 « auprès des utilisateurs pour que chacun adopte un comportement éco-­‐responsable sur son lieu de travail ! ». Chaque mois, la consommation d'énergie des différents bâtiments participants est collectée sur une plateforme dédiée. Elle est ensuite comparée à leur consommation historique pour mesurer les économies. « Ce concours est en droite ligne avec la Charte Tertiaire que nous avons signée récemment9. Notre initiative est soutenue par le Plan Bâtiment Durable, le ministère de l’Ecologie et le ministère du Logement » appuie Siham Galem-­‐Tani, en charge du projet à l’IFPEB, organisme à l’initiative du concours. « C’est un concours inspiré par le projet américain Battle for the Buildings. Cela faisait plusieurs années que nous avions le projet en tête » explique Siham Galem-­‐Tani. Trois objectifs concrets pour relever le défi de l'économie d'énergie dans les bâtiments tertiaires « L’enjeu est de faire avancer le sujet dans le tertiaire où il y a un fort gisement d’économies potentielles » explique Madame Galem-­‐Tani. Le défi en soi relève de trois objectifs : 1. Améliorer le bâti et les installations techniques, 2. Améliorer l’exploitation technique, 3. Améliorer l’usage vertueux du bâtiment par ses utilisateurs. La « dimension humaine », c’est-­‐à-­‐dire les comportements, est jugée « plus difficile » et considérée comme « clé » dans ce challenge. Cédric BOREL, directeur de l’IFPEB, a assuré, lors des conférences Immobilier Durable au SIMI, que CUBE2020 permettrait d’apporter deux éclairages : quantifier la part de l’usage et caractériser plus finement l’intensité d’usage. Pour Anne-­‐Lise Deleron du Plan Bâtiment Durable « Cette vraie sensibilisation où "chaque geste compte" et où toutes les parties prenantes s’impliquent, s’inscrit dans la mise en mouvement de tous, avec la prise de conscience et l’ancrage de nouvelles habitudes.»10 9
http://www.planbatimentdurable.fr/IMG/pdf/131031_Charte_renovation_tertiaire_signee.pdf http://www.construction21.eu/france/articles/fr/le-­‐lancement-­‐au-­‐simi-­‐du-­‐concours-­‐cube-­‐2020-­‐-­‐un-­‐grand-­‐
moment.html Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 20 Un concours-­‐programme qui inclut formation, partage de bonnes pratiques et progrès par le jeu S’inscrire au concours donne accès à une valise pédagogique, quatre demi-­‐journées de formation sur les leviers de la performance énergétique, des affiches pour les usagers des bâtiments, un guide de bonnes pratiques, une plateforme web et des moments d’échanges en interne et entre les acteurs. Un concours-­‐incitation, levier de transition énergétique Cette « initiative est compatible avec le Rapport « GAUCHOT » et la réglementation à venir sur le tertiaire existant ».11 « La réglementation dans le tertiaire est en marche, pour des économies d’énergie, à usage constant, d’au moins 25% sur les factures. La politique de Responsabilité Sociétale ou de Développement Durable des entreprises engage au-­‐delà de l’exigence réglementaire. Avant d’engager des travaux, il est important de comprendre la part de l’usage dans sa consommation totale. Ce challenge est un moyen de mobiliser, de déclencher une prise de conscience des collaborateurs sur ces sujets. » Un mécanisme intégré sur la « filière » Initiateur du concours, laboratoire de recherche-­‐action pour la Construction Durable, produit d’une alliance entre les entreprises leaders des secteurs de l’immobilier, de la construction, de l’industrie et de l’énergie. L’IFPEB est membre notamment de Construction 21. IFPEB Co-­‐organisateur du concours avec EDF, Bureau Veritas et Schneider qui se réunissent « en co-­‐pilotage pour la conception et gestion du concours. C’est le copil qui rédige tout.» précise Siham Galem-­‐Tani. Entreprises ou organisations utilisatrices de bâtiments tertiaires de bureau ou d’enseignement, situées en France métropolitaine ou dans les départements d’Outre-­‐Mer (DOM). Les consommations sont déclarées par les responsables des bâtiments Participants au concours candidats sur une base mensuelle. Elles sont saisies en énergie finale (sur la base des factures des fournisseurs d’énergie et sans corrections) sur le portail www.cube2020.fr. Elles sont de plusieurs natures : électricité, gaz ou réseau de chaleur. Soutien la démarche. Le Plan Bâtiment Durable, rattaché à DGALN du L’Etat Ministère du Logement (METL) et du Ministère de l’Energie, du Plan Bâtiment Développement Durable et de l’Energie (MEDDE), accompagne la filière du Durable bâtiment concernée par la transition énergétique. Partenaire Presse pour la diffusion de l’information, l’appel à expression Les Echos d’intérêt et la promotion des gagnants et de leurs résultats. Autres partenaires de diffusion ⋅ Association des Directeurs de l'Environnement de Travail -­‐ ARSEG ⋅ CCI France Relais dans les ⋅ LQE -­‐ association Lorraine Qualité Environnement reconnue par territoires l’ADEME Invitation : La Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur est « invitée à devenir partenaire » -­‐ contact [email protected] -­‐ Madame Galem-­‐Tani Financement : En sus des 850 € d’inscription au concours, trois entreprises soutiennent l’Institut Français pour la Performance des Bâtiments. Les dépenses ont notamment servi au développement d’une « plateforme technique sur-­‐mesure » pour l’enregistrement des données (Agence Adrénaline). 11
Recommandations relatives à la rédaction du décret organisant l’obligation de travaux de rénovation énergétique dans le parc tertiaire entre 2012 et 2020 – Nov. 2011 http://www.planbatimentdurable.fr/IMG/pdf/rapport_obligation_renov_parc_tertiaire_nov_2011.pdf Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 21 Stratégie : Stimuler par la compétition et récompenser les progrès mesurés Les bâtiments candidats gagnent une médaille individuelle en fonction de leur progression absolue : 1. Médaille de platine : plus de 25% d’économies d’énergies, 2. Médaille d’or : de 20 à 25% d’économies, 3. Médaille d’argent : de 15 à 20% d’économies, 4. Médaille de bronze : de 10 à 15% d’économies d’énergie. … Et de leur catégorie : Les bâtiments sont classés entre eux sur leurs économies d’énergie relatives à leur consommation de référence. Un podium de trois gagnants par catégories, CUBE D’OR, d’ARGENT et de BRONZE : a. bâtiments de bureaux certifiés en exploitation (HQE Exploitation, BREEAM In Use ou autre), b. bâtiment de bureaux non certifiés (hors catégorie a) c. bâtiments d’enseignement d. bâtiments des Départements d’Outre-­‐Mer, avec deux sous-­‐catégories Bureaux et Bâtiments scolaires e. Bâtiment de collectivités f. Catégorie parc (plus de 5 bâtiments) : l’entreprise ou l’organisation qui a fait la plus grande économie sur l’ensemble des bâtiments qu’elle a déclarés dans le concours Un dispositif de promotion et de valorisation de la démarche est encouragé et porté par Les Echos, par les organisateurs du concours et les participants qui reçoivent un kit de communication (logo, etc.) et des invitations à des ateliers et cérémonies de lancement et de clôture. Résultats : « Cette première édition, dont les inscriptions sont bientôt terminées (20 déc. 2013), rassemblera 70 bâtiments. Malheureusement, tous les territoires et régions ne sont pas représentés » constate Siham Galem-­‐Tani, en charge du concours à l’IFPEB, qui espère que ce chiffre croîtra dès la prochaine édition. A titre de comparaison, elle cite l’initiative Outre-­‐Atlantique avec 3 000 bâtiments inscrits12. Une promesse de 10 à 15 % d’économie : L’IFPEB fait aussi mention de « 11,5 % d’économies en moyenne sur d’autres expériences européennes... dont un bâtiment à 42% d’économies ! ». Les résultats totaux d’économies obtenues ne seront connus qu’en janvier 2015, en fin de parcours, mais des résultats intermédiaires pourront être connus par le biais de la plateforme technique Cube 2020 en ligne. Notons aussi que le concours s’appuie sur « un outil de pilotage des bâtiments », avec 35 paramètres, et est donc lui-­‐même un dispositif de mesure et d’évaluation des progrès (base mensuelle n+1). Evolutions : « D’abord nous savons aujourd’hui qu’il y aura une seconde édition. Le copil qui réunit les quatre co-­‐
organisateurs a déjà en tête des évolutions pour 2014, mais il est trop tôt pour en parler. » 12
Environmental Protection Agency’s (EPA) Energy Star program launched the 2011 National Building Competition: Battle of the Buildings: http://www.energystar.gov/buildings/about-­‐us/how-­‐can-­‐we-­‐help-­‐
you/communicate/energy-­‐star-­‐communications-­‐toolkit/motivate-­‐competition-­‐0 Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 22 Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Action participative stimulante avec retour -­‐ Une inscription couteuse (850 €) pas d’expérience direct, mesuré et partagé accessible aux petits acteurs -­‐ Agit sur « le facteur humain » au-­‐delà des -­‐ En démarrage (n1), peu de relais dans les techniques performantes en économie territoires d’énergie -­‐ Possibilité d’organiser un concours interne au sein de l’entreprise pour stimuler les équipes MOTS CLÉS pour l’action : entreprise, RSE, évaluation en continu, pluriannuel, visibilité médiatique, pour l’organisme initiateur : ingénierie, expérimentation et essaimage, visibilité nationale et internationale Sources principales : sites internet www.cube2020.fr, www.ifpeb.org modalité et présentation du concours (en annexe) et interviews en novembre 2013 de Siham Galem-­‐Tani, en charge du projet à l’IFPEB. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 23 CAS COMMERCANTS & PRODUCTEURS ENGAGES > Le citoyen consommateur Un label d’engagement pour la suppression des sacs à usage unique, la promotion des circuits alimentaires courts et de la consigne de verre (83) Le principe : Les commerçants labellisés par l’association suppriment la distribution des sacs à usage unique, encouragent la vente des marchandises locales et des produits avec emballages réduits. Parallèlement, les producteurs engagés labellisés développent les circuits courts sur le territoire. Enfin, l’association développe un système de consigne des emballages pour optimiser le recyclage. Une démarche dont l’enjeu est de faire face à l’urgence et aux risques  « Faire face au constat d’urgence du changement climatique, au besoin de sortir du tout pétrole »  « Et faire face aux risques économies majeurs » (ressources …) « On va droit dans le mur. »  « En étant, nous les citoyens, les premiers porteurs des politiques souhaitées »… « ne pas attendre des solutions du politique » Un label qui répond à plusieurs objectifs :  Le label « Commerce Engagé » a pour objectif le développement d’une consommation raisonnée et responsable qui allie les enjeux financiers des ménages, les problématiques environnementales et le développement économique local.  Concrètement il s’agit de prévenir les déchets, réduire son empreinte.  « Un outil reconnaissable par les territoires », les acteurs, les relais, les citoyens… selon Pascal Mayol. Pour le SIVED, les objectifs exprimés étaient : « inciter les commerçants à emballer moins, à utiliser des circuits courts pour avoir moins d’emballage, à utiliser des transports plus rationnels » (liste Nadine Pouillard). Un mécanisme tripartite qui s’est étendu aux producteurs SIVED 83 Association Ecoscience Provence Les commerçants Les producteurs Impulseur Son rôle : appel d’offres, demande d’étude A voulu aller plus loin Maître d’œuvre de l’initiative auprès des publics ciblés Association EEDD et bureau technique (études scientifiques, études de faisabilité) Relais de proximité Prescripteurs : encouragent la vente des marchandises locales et des produits avec emballages réduits. Porteurs d’innovations tels que le troc des pots de plantes, la fontaine ‘eco-­‐distributeur‘de vin, etc. Acteurs de proximité : développent les circuits courts sur le territoire Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel La collectivité La Fondation Nicolas Hulot 24 La mairie de la commune de Brignoles (83) agit en EEDD avec ses Ambassadeurs du tri mais est reconnaissante de l’outil d’animation du territoire apporté par le projet. Convaincue des résultats obtenus par Ecoscience Provence, sous l’impulsion du SIVED, elle a demandé à l’association de les aider à créer un Marché Engagé, dispositif aujourd’hui devenu hebdomadaire. Co-­‐Financeur Partenaire national : Porteur du réseau national et Dom-­‐Tom, partage des bonnes pratiques au sein du « Do Tank » Laboratoire d’Actions FNH « Essaimeur » du projet Commerce Engagé, Producteur Engagé et du projet Consigne Le modèle économique en gage de pérennité et de déploiement : Le déploiement de la démarche sur le territoire, comme c’est le cas pour Brignoles, est principalement financé par le SIVED. Le travail et les outils d’essaimage de la démarche au niveau national et DOM-­‐TOM sont financés et soutenus par la Fondation Nicolas Hulot et la Fondation Bouygues. Des actions événementielles ont aussi été cofinancées par des commerçants et grandes chaînes de distribution. Consciente du risque financier, notamment si le SIVED arrête son financement, l’association a également recours à un programme de levée de fonds pour cofinancer ses actions sur le terrain. Elle répond notamment à des appels d’offres d’études scientifiques. Côté SIVED, « Je suis très contente et très fière de l’investissement en amont quand je regarde les ratios » par rapport au coût de traitement des déchets, conclut l’ancienne directrice du SIVED aujourd’hui partie à la retraite, Nadine Pouillard. Côté commerçants, Hubert Heyndrickx, gérant Super U, précise « Quand on a supprimé les sacs de caisse en 2004, on n’a pas eu de perte de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, les gens sont suffisamment conscients des enjeux, mais je crois qu’il faut y aller plus vite, les inciter vraiment ». Une dynamique participative – au niveau des relais et prescripteurs « Tant qu’à durcir les critères pour les commerçants, autant que ce soit eux-­‐mêmes qui les définissent » et « cela crée de la confiance. » selon P. Raveneau de la FNH. « Créer un réseau local d’acteurs est très important. Ce terreau permet de nouvelles actions, apporte de nouvelles idées, permet le partage des bonnes pratiques entre commerçants, entre producteurs eux-­‐mêmes. Comme par exemple les consignes de pots en verre des producteurs de confiture. » selon Mikael Schneider, responsable de l’initiative chez Ecoscience Provence. Et « grâce au réseau les actions sont réalisables rapidement ». « Il est important de travailler tous ensemble » dit aussi Nadine Pouillard. La stratégie est de « mettre en place un projet puis de déployer, et de généraliser en France des projets locaux » selon Pascal Mayol, directeur de l’association Ecoscience Provence. L’évolution en gage de développement Outre le déploiement territorial, le projet Commerce Engagé, conçu en démarche de progrès à la base même de sa conception par Ecoscience Provence, a accueilli dans une deuxième phase une démarche de producteurs Engagés puis a évolué vers un projet Consigne. Plus récemment, travaillant également avec la mairie, l’association a participé à la création d’un « Marché Engagé » avec Zéro Déchet pour « redynamiser le centre ville » et puis travaillant avec les chefs restaurateurs, à faire « découvrir les produits locaux. » Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 25 « Le Commerce Engagé se veut évolutif, » pour Mikael Schneider, responsable de la démarche chez Ecoscience Provence. A savoir aussi que dès que le concept est sorti, une des évolutions a été, entre autres, de cibler les différents types de commerces (petites ou grandes surfaces, alimentaires ou non, etc.). En 2012, plusieurs innovations ont vu le jour : campagne d’animations et de jeux « les 15 Minutes du Commerce Engagé tous les jours », formation à destination des collectivités, événements/journées dédiées aux territoires et acteurs du développement durable, organisés avec la Fondation Nicolas Hulot, etc. Résultats : L’association a mis en place une évaluation du dispositif dont les six critères vont du domaine de la connaissance/opinion à la quantité de déchets sur le territoire. Quelques chiffres issus du rapport d’activités de mai 2013 et le dernier bilan d’Ecoscience Provence en annexe :  11 foires, festivals et fêtes permettant de sensibiliser directement près de 1 000 personnes sur le territoire du SIVED (14 communes, 45 000 habitants) associés à un dispositif de communication en presse qui a permis de toucher un plus grand nombre de personnes.  77% des personnes ont déclaré adopter une consommation plus durable en 2013 contre 67% en 2010.  67% des Commerces Engagés dans le secteur alimentaire ont développé une gamme de produits locaux, en circuit court.  24 Marchés Engagés – « rendez-­‐vous conçu pour parler d’écologie » -­‐ ont été créés. Le nouveau rythme, devenant hebdomadaire à la demande de la mairie en 2013, fera augmenter ce chiffre. 70% des personnes interrogées savent que ces marchés visent à soutenir l’économie locale et à réduire les déchets à la source. Quanttés de déchets ménagers résiduels par habitant et par an 600 588 575 573 500 545 516 493 481 Kg/hab/an 400 393 360 300 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 A cela s’ajoute le retour d’expérience des ambassadeurs de tri : « aujourd’hui, on a une meilleure écoute qu’il y a 5 ans. Il y a une évolution remarquable » Carole Benalli – SIVED. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 26 Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Vision partagée par les porteurs du projet qui -­‐ Temps : de l’étude de faisabilité, à ont aujourd’hui construit un fort partenariat. l’expérimentation, au développement des La FNH parle de « co-­‐portage » et « c’est outils, etc… Bien faire les choses et avoir des ensemble qu’ils ont fait progresser le résultats prend du temps. projet ». -­‐ Difficulté « d’engager le plus grand -­‐ « Projet participatif » : implication de nombre dans la transition écologique» prescripteurs relais, commerçants et -­‐ Pas de retour du grand public, pas d’enquête producteurs. -­‐ Essaimage relatif à ce jour malgré le soutien -­‐ « Contact humain » : relationnel de proximité et le relais de la Fondation Nicolas Hulot car et « ancrage territorial » de l’association uniquement basé sur une démarche -­‐ Caractère faisable et action « facilitée » du volontaire au sein du réseau même de FNH changement : solution de rechange pour le (ex. Guyane) remplacement des sacs à usage unique -­‐ Changement de direction au SIVED. La -­‐ Complémentarité des compétences, rôles et question de la pérennité de l’engagement, responsabilités. Professionnalisme et considéré comme « presque militant », du compétences reconnus de l’équipe bailleur/commanditaire va se poser. Ecoscience Provence + engagement des -­‐ Besoin de renforcement des associations : commerçants et des producteurs volontaires « La crise des associations environnementales -­‐ Mise en place d’un « Comité de suivi » dans c’est maintenant, en 2013. » -­‐ Ph. Raveneau, un objectif de qualité et pérennité de l’action. FNH. « Travailler ensemble, avec chacun sa « Nous avons corrigé beaucoup de choses et spécialité » est « un besoin», tout comme avons encore des améliorations à « mieux se structurer. » apporter, » Mikael Schneider. -­‐ « Quelques rares commerçants opportunistes -­‐ Une diffusion qui semble en marche en mais souvent le désengagement est lié à un Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur (niveau oubli ou à une nouvelle équipe » selon Mikael collectivités), au niveau national (via ADEME, Schneider. CNIID, SMOCE, réseau A3P, association de promotion et développement des marchés) et européen (REUSE, GREEN Commerce …). Ecoscience Provence : « Ce sont de vrais experts en consigne. On ne s’attendait pas à ça ! Le Conseil Général de Côte d’Or a fait appel à Ecoscience Provence pour un projet test. » Philippe Raveneau, Fondation Nicolas Hulot, à propos de l’association Ecoscience Provence qui fait partie de leur réseau Do tank « laboratoire d’action » et de leur réseau Think Tank -­‐ laboratoire d’idées, vivier d’experts. « Ils nous représentent au Conseil Economique Social et Environnemental régional et nous, on les représente au niveau national. » MOTS CLÉS pour l’action : ancrage local, acteurs privés, évaluation, développement systémique pour l’association : expertise sectorielle (consigne), ingénierie, expérimentation et essaimage, visibilité nationale, partenaires relais d’essaimage, fund-­‐raising Sources principales : sites internet www.ecoscienceprovence.com, www.commerce-­‐engage.com et www.fnh.org (réseau), les rapports en annexe et interviews les 5, 6 et 7/11/2013 et aux ANDD de : 1. Pascal Mayol, Directeur superviseur de l’association Ecoscience Provence 2. Mikael Schneider, Coordinateur général, responsable du projet Commerce engagé Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 27 3. Patrice Raveneau, Fondation Nicolas Hulot, réseau DO tank d’associations sur le territoire et Think tank d’experts (dont consigne = Ecoscience) 4. Les acteurs du SIVED et de la Commune qui n’ont pas retourné nos appels et courriels, faute de temps, sont cités ici à partir d’interviews vidéos réalisés par Ecoscience Provence, accessibles sur le site. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 28 CAS INCROYABLES COMESTIBLES > Le citoyen dans son territoire MOUVEMENT CITOYEN D’AGRICULTURE URBAINE GRATUITE Une dynamique en plein essor Le principe est de jardiner et offrir de la « Nourriture à Partager » à tous, gratuitement. Il s’agit de cultiver des légumes dans l’espace public sur un mode coopératif, de soutenir la production locale et de qualité, tendre vers l’autosuffisance alimentaire, en respectant l’environnement 13. La participation à l’expérience des Incroyables comestibles (IC) est « ouverte à tous, tout à fait librement et gratuitement, c’est un partage »2. « On appelle ce type d’action la pollinisation » car « dès que vous commencez quelque part, avec cette méthode simple, de proche en proche, d’autres personnes viennent se joindre à vous et démultiplient l’action à leur tour. » Un mouvement récent et déjà planétaire : Cette initiative « Incredible Edible » (IE) est née en 2008 à Todmorden, dans le Nord de l’Angleterre, ville touchée sévèrement par la crise, par « l’arrivée puis le départ de la révolution industrielle ». « Il y a eu deux femmes, deux militantes, puis un groupe de 60 personnes, puis des familles avec des enfants, puis des rencontres entre les jeunes et les anciens, puis toute une ville de 15 000 habitants, puis 40 territoires répartis sur tous les continents », et le mouvement grandit. 14 C’est le groupe de 60 personnes qui a co-­‐construit le principe de ce mouvement « locavore » et choisit le jardinage de proximité comme voie d’engagement. Aujourd’hui « la France est en charge de la coordination nationale et internationale.» François Rouillay, coordinateur Incroyables Comestibles France, ancien consultant auprès des collectivités territoriales, comptabilise dès la première année « 250 communes en France et une centaine à l’international, alors que l’Angleterre est à 50 programmes, 50 villes, après quatre ans et le soutien du Prince Charles. » « C’est un mouvement totalement révolutionnaire, un mouvement citoyen, apolitique, non marchand … qui repose sur le bénévolat » en écho au « changement de paradigme du monde qui change. On va des jeux de pouvoir du vieux monde à la gouvernance autonome. » 13
Interview de Gabriel Quentin dans le Magazine Pleine Vie daté Novembre 2013 – P.30-­‐31 « Avec eux, la Ville voit Vert » par Caroline Bonin 14
Blog collaboratif www.incredible-­‐edible.info et scoop.it Analyse Initiatives Remarquables
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F. Rouillay Derrière des objectifs concrets, un idéal de vie : l’Abondance partagée L’objectif 16 des fondatrices anglaises était de « faire prendre conscience de l’importance de l’environnement à plus de concitoyens, grâce à l’alimentation locale: porteuse d’un message simple qui concerne tout le monde ». « Outre parler d’alimentation bien sûr, lors de nos Fêtes des Récoltes, on parle surtout de construire un meilleur monde pour nos enfants » explique ce jeune papa anglais, membre de IE UK. En France, le concept va aussi au-­‐delà de sa dimension environnementale et locavore, vers un idéal de « société trans-­‐moderne ». « On va plus loin » confirme François Rouillay. « On travaille à un nouveau modèle, un système ascendant » qui repose sur la « bienveillance, la coopération éthique et solidaire » et qui remet « le politique au service du citoyen ». De plus, « Incredible Edible Todmorden s’est fixé l’objectif d’autosuffisante alimentaire pour 2018. Nous aussi en France pouvons viser cet objectif d’autonomie alimentaire par les circuits courts » déclare F. Rouillay. Parmi les objectifs exprimés par les membres qui se racontent sur le blog collaboratif incoyable-­‐
comestibles.fr et sur leur propre page ou blog en ligne, se trouvent :  « Développer l’économie locale en circuit court ». « Influencer la demande pour une alimentation fraîche en circuit court et que cela devienne le pilier central de notre alimentation. »  Aspirer à autre chose : l’envie d’une « ville plus douce ». « Vivre de manière authentique, une vie plus simple, plus conviviale et plus joyeuse ». « Se reconnecter les uns les autres dans une relation bienveillante et aimante », « se reconnecter à la terre nourricière, généreuse » pour « faire face aux pertes de repères ». Du côté des élus, Michel Hutt, adjoint au Maire de Munster (68) précise que ses objectifs sont :  Faire « revenir un maraîcher au sein du bassin de 17 000 habitants »  Faire « re-­‐rentrer les fruits et légumes frais dans l’alimentation pour des raisons de santé publique et de lutte contre l’obésité, entre autres »  Faire « découvrir et prendre conscience de la nature … et d’où vient la nourriture » en termes de « fonctionnement, process, flux, saisons, composition : ce qu’on met dedans »). Les enfants qui ont planté et regardé pousser une plante goûtent sans réticence un radis ou un haricot. C’est intéressant en termes de diversité et de qualité d’alimentation. Ils sont 15
http://www.plateforme-­‐territoire.fr/index.php?option=com_k2&view=itemlist&task=user&id=66%3Afran%C3%A7oisrouillay&Itemid=58 http://www.incredible-­‐edible.info/?page_id=141 Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 30 curieux et désireux de goûter. Ainsi se développe le goût et l’envie d’un légume ou d’un fruit quand il est mûr. »  … « sans faire ingérer 350 produits chimiques à nos enfants » ajoute C. Simon. Pour Dominique, membre d’Incroyables Comestibles à Colroy-­‐la-­‐Roche (67), « Cultiver des légumes dans l’espace public est une idée géniale qui répond à plein de problématiques : malbouffe, individualisme… J’aimerais que ce mouvement se propage pour changer les mentalités et construire un monde durable avec une nourriture saine, autour de laquelle les gens pourraient se réunir et échanger. »17 Pour l’anthropologue Jean-­‐Didier Urbain, cet engouement est révélateur d’une angoisse face au monde actuel. « La nature devient une bouffée d’oxygène, le jardin un ‘repaire’, autant de lieux secrets à l’abri des turpitudes du monde. Le végétal permet aussi de redonner du sens… au temps, aux saisons. »18 En Bretagne, pour le groupe IC Rennais, il s’agit plutôt d’un acte politique, de « Transition citoyenne des territoires. » Des bénéfices sociétaux au-­‐delà de l’écologie et de la nourriture « On plante ensemble, on arrose ensemble, on mange ensemble, on parle ensemble. On passe du partage de la nourriture à un autre type de partage. On vit ensemble. C’est intergénérationnel et inter-­‐quartiers. Des gens qui ne se parlaient pas se parlent. C’est aussi bien un mouvement d’éducation populaire que de la solidarité » explique Catherine Simon, membre de la coordination nationale IC en charge de la communication et « global connector » pour l’international – bénévole. Et pour F. Rouillay, cette coopération citoyenne et élus, c’est la base « pour le développement de l’éco-­‐citoyenneté .» La « communauté » en guise de cible La communauté est le point de départ et la finalité de ce mouvement mais divers acteurs entrent en jeu : 1 -­‐ Les citoyens « de sa commune » : adultes, enfants, personnes âgées, familles, voisins … « végétariens, végétaliens, carnivores », etc. « Nous voulons être inclusifs. C’est un club pour tout le monde. » 3 2 -­‐ les élus et les agents municipaux : il y a ceux qui sont «coopératifs -­‐ dans le nouveau modèle – et ceux qui sont frileux – dans le vieux modèle » mais « parfois ce sont aussi les agents techniques qui peuvent être rigides ». A minima, ils interviennent dans la mise à disposition de terrains. D’autres vont plus loin et fournissent bacs, terre, semis, compost, vers/lombrics, etc. et créent des passerelles entre les acteurs du territoire. 3 -­‐ La presse : François Rouillay compte 350 articles à date, en un an en France, de nombreuses télés en « prime time » (TF1, etc.) et des documentaires en cours. Arte a élu Incroyables Comestibles « Meilleure Projet Citoyen en réponse à la Crise », ce qui a eu un « énorme impact et a créé un changement de regard. Des élus viennent au devant des citoyens.» 17
Témoignage recueilli par Caroline Bonin pour son article « Avec Eux la Ville voit Vert », Pleine Vie, Nov. 2013 J.D. Urbain, auteur de Paradis Vert (Edition Payot) Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 31 Une méthode simple Financement : Le principe est de faire soi-­‐même, sur son territoire — espace public ou devant sa fenêtre —, « avec ce qu’on a ». Il n’y a pas besoin de financement pour monter une action de jardinage Incroyables Comestibles. C’est une démarche volontaire, faite librement et gratuite. « Une association IC France a été créée pour faciliter la prise en charge des frais, comme par exemple les déplacements, mais elle ne concerne pas la gouvernance. Nous sommes bénévoles » précise le coordinateur national. De plus en plus de territoires (Nantes, Paris, Bruxelles) ou institution (ex. le CHU d’Angers pour le plus grand bien de ses malades et de leurs familles) s’impliquent et soutiennent les cultures urbaines. Citons aussi l’appel à participer par la Maison des Acteurs du Paris Durable et les actions pédagogiques menées sur le parvis de l’Hôtel de Ville en partenariat avec le « Projet Vergers Urbains ». Une dynamique virale et végétale La simplicité et la souplesse de la méthode, adossée à la vitrine d’internet, et l’incarnation de «citoyens jardiniers » qui affichent leur générosité sur tout le territoire, rendent l’effort facile et « séduisant ». Cela explique l’engouement des Français pour ce phénomène en peu de temps, que ce soit Incroyables Comestibles ou des mouvements similaires tels que ECOS, soutenu par la Ville de Nantes, Laissons Pousser, Guerilla Gardening, Graines de Jardins ou autre. Résultats Les fondateurs anglo-­‐saxons et les participants parlent plutôt de « bénéfices » et de « bienfaits ». À commencer par le lien social : « A Todmorden …pendant les Fêtes de l’Abondance Partagée, on se rend compte de l’effet bénéfique de la pollinisation de proche en proche dans une collectivité où les habitants se sont reconnectés les uns les autres avec la Terre nourricière » peut-­‐on lire sur le blog Incredibleedible.org alimenté par les participants. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 32 Gabriel Quentin, initiateur du projet à Strasbourg confirme : « Ce que l’on récolte en premier, c’est du lien social, un moment convivial de solidarité et de partage. »19 Il ajoute : « l’initiative à Strasbourg a été lancée en mars dernier et compte déjà une petite centaine de personnes », en quelques mois à peine. D’autres changements ont été remarqués et publiés sur le blog collaboratif Incredibles-­‐
edibles.info comme : -­‐ Les conséquences sur l’économie locale — circuit court apprécié des chefs restaurateurs notamment — et l’emploi. Voir aussi l’étude prospective de l’IBGE sur le potentiel de l’agriculture urbaine. -­‐ Les échanges intergénérationnels -­‐ La baisse des incivilités20 La démarche a aussi révélé à Munster que certains publics, notamment en situation de précarité, avaient perdu l’usage de produits naturels bruts. « La première récolte des Jardins du Cœur a été boudée. Les bénéficiaires ne savaient pas comment faire avec des haricots. Ils préféraient des boîtes de conserve aux légumes frais bio. Alors on a mis en place des ateliers de cuisine » explique M. Hutt. Pas d’évaluation mais de nombreuses reconnaissances Outre l’intérêt médiatique, les prix remportés, le soutien de Pierre Rabhi, de grands chefs cuisiniers et personnalités locales, l’équipe « Knowledge & Innovation » du PNUD — Programme des Nations Unies pour le Développement — vient de saluer l’initiative citoyenne (as « new force for global change ») et étudie le changement de paradigme. Et la ville siège de l’organisation PNUD des Nations unies, Bratislava, met en place la démarche. En termes d’innovations et évolutions Le mouvement a étendu ses zones de jardinage gratuites et créé des formations agricoles pour tous. Les innovations sont nombreuses et variées du fait que « les territoires se réapproprient le mouvement » en fonction de leurs priorités et de leur identité, explique Catherine Simon. En seulement dix semaines d’étude de IC, nous avons assisté à de nombreuses initiatives et innovations tels que l’installation de bacs à fruits et légumes dans les écoles, collèges et lycées, les lycées agricoles, les centres de loisirs avec activités pédagogiques mais aussi les maisons de retraite, les CHU, les universités, etc. . Catherine Simon liste aussi : -­‐ Mise en place de ruchers, -­‐ Création des Jardins du Cœur avec les Restos du Cœur (insertion + partage) -­‐ Création de banques de semences avec pédagogie des semis, -­‐ Conférences Incroyables Comestibles dans les mairies et ateliers pratiques de permaculture -­‐ Festivités liées à l'agriculture urbaine, la citoyenneté, la solidarité internationale, le mouvement de la Transition -­‐ Divers partenariats avec les jardins partagés et « réseautage » avec les AMAP, les associations locales et les maraîchers locaux qui ont compris que IC défendait la cause de l’économie locale, à circuit court. -­‐ Projet en cours d’un Master d’Agriculture Urbaine Participative Dans les évolutions notables, l’agrandissement des surfaces mises à disposition (ex. 2 300m2 pour le dernier en date) s’ajoute à la démultiplication des territoires qui s’investissent. Le coordinateur France dit avoir trois appels par jour de communes ou collectivités intéressées par la démarche. « Il y a un esprit d’émulation entre les territoires » commente Catherine Simon. Albi est Ville Pilote et l'agglomération de Cergy-­‐Pontoise et ses 13 communes a le projet de « basculer » dans les 19
Interview de Gabriel Quentin dans le Magazine Pleine Vie daté Novembre 2013 – P.30-­‐31 « Avec eux, la Ville voit Vert » par Caroline Bonin 20
Etude IBGE : Système d’alimentation durable – Potentiel d’emplois en Région bruxelloise http://wiki.opengreens.net/lib/exe/fetch.php?media=ua:sad_rapport_final_010812.pdf Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 33 Incroyables Comestibles. Les exemples sont nombreux. Même si le contexte électoral rend certains frileux, les citoyens et acteurs publics en parlent, « Ça réseaute » dit-­‐elle. D’autres initiatives semblables Laissons Pousser, Femmes Semencières, Colibris, Terre de Lien, réseau en Transition.. . « Peu importe la dénomination, l’intention est la même. Nous avons des affinités. » En collaboration, en réseau ou par simple fraternité, ces organisations se rejoignent ou œuvrent facilement ensemble explique C. Simon. De même des passerelles se créent à l’étranger où le mouvement se propage tel quel ou se connecte avec d’autres initiatives « comme Disco Soup, qui lutte contre le gaspillage alimentaire au Brésil». Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Engagement peu contraignant « la méthode -­‐ Effet de mode ou phénomène durable ? fonctionne et est simple à réaliser. C’est -­‐ Peu de retour d’expérience autre que le facile. » déclaratif sur le blog collaboratif ou sur les -­‐ Démarche volontaire, spontanée et pages personnelles, type Facebook, des stimulante : « mettre les mains dans la terre, participants. Pas d’évaluation ni de mesure c’est magique !» de résultats. -­‐ Un mouvement ouvert à tous, sans -­‐ Dépend de l’accord des élus et de l’adhésion restriction, qui commence « devant chez soi » des agents techniques pour les autorisations -­‐ Une démarche intégratice, fédérative de terrain public. Michel Hutt recommande -­‐ Un dispositif contagieux de « pollinisation » de ne pas se lancer « trop vite dans l’action. Il de l’individu dans sa communauté : sa est important d’informer les agents et de famille, ses amis, son voisinage, … bien définir le projet avec tous les -­‐ Des valeurs de partage, de plaisir, de partenaires ». naturalité et de lien. NB : En France, la notion -­‐ Scepticisme des habitants : « la notion de de solidarité est plus fortement mise en gratuité laisse les gens perplexes. Certains ne avant qu’au Royaume-­‐Uni. trouvent pas normal d’utiliser l’espace public -­‐ Une dynamique portée par une forte pour des choses gratuites. Il y a un besoin de communication et une mise en scène déconditionnement » commente le Maire photographique ou vidéo, intégrée dans la adjoint sur le besoin d’information et de méthode IC pédagogie que nécessite la démarche. -­‐ Une expertise en permaculture, agriculture écologique, « keyhole garden » basé sur le compost et le recyclage végétal. -­‐ Après les communes (250), les départements s’y intéressent (Yvelines, Tarn) et les Conseils Régionaux. Une stratégie basée sur l’« empowerment » : « Le Pouvoir est entre les mains des citoyens. Si on veut changer la société, faut s’y mettre soi-­‐même » pour M. Hutt comme pour les autres personnes interviewées. « Si chacun fait un geste, on change la ville. Si on s’y met tous, on change le monde. » Message de conclusion de l’e-­‐book Incroyables Comestibles http://fichiers.plateforme-­‐territoire.fr/E-­‐
book_ICFrance.pdf Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 34 MOTS CLÉS pour l’action : ancrage local, citoyenneté, lien social, maîtrise de la communication 2.0, simplicité, empowerment pour la « mouvance » : bénévolat, visibilité nationale et internationale, contagion joyeuse Sources : http://www.incredible-­‐edible.info/ accédé en octobre, novembre et décembre 2013, la page IC PACA https://www.facebook.com/groups/586473448049087/, divers interviews réalisés par la presse française. Interviews de 1. François Rouillay, Coordinateur national Incroyables Comestibles France 2. Catherine Simon Membre Coordinateur Incroyables Comestibles France et International 3. Michel Hutt, Adjoint au Maire de Munster en charge de l’environnement, de la forêt et des animations. Membre du Réseau Transition et de l’association Vallée de Munster en Transition et initiateur de la démarche IC chez lui à titre « associatif ». Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 35 CAS SCIENCE PARTICIPATIVE > Le citoyen dans son territoire L’INVENTAIRE CITOYEN DE LA BIODIVERSITE ORDINAIRE A VOLX (O4) Un principe participatif pour un enjeu collectif de développement durable du territoire Le principe repose sur un échange et une coopération entre citoyens, amateurs scientifiques et décideurs. Il s’agit d’un observatoire citoyen de mesure de la biodiversité et pas d’un inventaire scientifique. Le principe étant de faire cheminer — aux sens propre et figuré du terme — le citoyen de l’observation à la prise de conscience. …qui répond à plusieurs objectifs concrets:  « Prendre en compte la biodiversité lors des futures mises en place de plan d’urbanisme », selon la technicienne, Marina Crest, « mise à disposition » sur ce projet par la Commune – tout comme « prendre conscience de son environnement proche. » « De plus, notre zone urbaine positionnée « entre deux zones Natura 2000 (Lubéron, Verdon) ne disposait pas d’étude. »  « Faire évoluer les mentalités par un travail de conscientisation, de sensibilisation des esprits,… grâce à la pédagogie et un travail de fond […] alliant environnement et lien social » et « montrer la valeur ajoutée de l’action, du changement » aux habitants, selon le Maire de Volx, Jerôme Dubois  « Connaître et mieux protéger son patrimoine naturel », selon Alpes de Lumière (ADL), et « faire face à l’urgence climatique, à l’urgence sociétale » selon la chargée de projet Laurence Michel.  « Renouer le lien entre l'homme et la nature face à la perte de connaissance des relations entre l'homme et son milieu naturel. […] Il s'agit de confier à la population les outils de connaissance lui permettant à terme de mieux protéger son environnement et de mieux s'impliquer dans les projets de gestion du territoire local » selon le CEN PACA Un mécanisme intégré dans un cadre multi-­‐échelle, multi parties-­‐prenantes Ce projet, programme de vulgarisation scientifique basé sur des animations communales avec les habitants et visiteurs, a rassemblé les compétences et ressources de plusieurs acteurs : Commune « hôte » du projet d’inventaire de la biodiversité ordinaire Ambassadeur du projet (volonté d’élus, portage municipal) Son rôle : mobilisation de la population ; lien social et coordination locale ; Commune de Volx intendance et logistique (salles…). Mise à disposition d’une personne ressource (politique environnement, relations habitants, communication de recrutement, emailing sur base de données familles) Maître d’ouvrage EEDD. Pilier central du rouage et des acteurs. Initiateur de l’idée apportée clé en main à la commune hôte Association régionale Son rôle : coordinateur, organisateur et fédérateur de tous les acteurs ; Alpes de lumière gestionnaire du projet (planning, budget) ; détenteur du « contenu » du projet de EEDD : programme d’animations avec compétences internes ou externes ; promoteur de l’action (valorisation) Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel Région Provence-­‐
Alpes-­‐Côte d'Azur CPIE 04 Un réseau d’experts thématiques 36 Compétences : techniques (naturalistes, DD), pédagogiques, communication (via leur site internet, reportage photos, relations presse locale, réseau ADL) et recherche de publics Impulseur politique en faveur de la biodiversité et financeur Animateur des ateliers populaires des inventaires « en fonction des saisons » avec une équipe de plusieurs éducateurs spécialisés en connaissance du milieu naturel, de la biodiversité indigène, de l'environnement. « Prestataire » de Alpes de Lumières. Experts naturalistes coordonnés par ADL: Chargé d’étude/Conservatoire d'espaces naturels PACA Spécialiste animaux, entomologiste /Parc Régional du Luberon Spécialiste papillons / association Proserpine Expert / Maison régionale de l'eau Représentante locale de la LPO. « Tuteur » de l'opération sur le terrain Interlocuteur population locale : dialogue avec la commune sur le bilan et la suite à donner. L'association volxienne Le jardin des collines Une dynamique locale au service du changement En termes de cibles, « aucun filtrage n’a été fait, au contraire» affirment les représentants de Volx. C’est un projet ouvert, intergénérationnel et multi-­‐cibles qui, si ce sont d’abord les gens sensibilisés à l’environnement et la nature qui ne sont inscrits, a attiré aussi bien « des touristes du camping » que « de nouvelles têtes ». C’est, pour le maire, le premier « critère de satisfaction : réussir à faire venir les gens ». « Cette initiative a mis la biodiversité sur la place publique. Cela fait partie de notre identité, de notre mémoire collective» ajoute Jérôme Dubois. Trois groupes se distinguent, selon l’association Alpes de Lumières en charge des inscriptions aux ateliers et aux conférences : 1. les militants et personnes sensibilisés à l’environnement, 2. les retraités qui veulent découvrir leur territoire et 3. les jeunes familles avec une importante fidélité d’une grande partie des participants (75%) sur les 16 ateliers organisés. Au total de cette première année, ce sont environ 100 personnes présentes aux ateliers (parfois jusqu’à 15 fois), 150 aux conférences et le double de visiteurs sur le site internet, selon Laurence Michel, ADL. « Notre souhait est que cela fasse boule de neige » ajoute Marina Crest de la commune de Volx. En termes de résultats concrets, peuvent être cités entre autres : la création par l’association volxienne et les habitants de jardins à papillons grâce à un habitat végétal favorable, de nichoirs à hirondelles et de petites mares pour reconstituer des milieux humides et rééquilibrer les milieux naturels face au déficit d’eau. Pour la commune, comme pour l’association, la conscience et la « satisfaction des habitants quant au retour des fleurs, valériane, soucis… ainsi que l’annulation du goudronnage d’une ancienne rue » sont aussi des résultantes tangibles de ce projet d’inventaire de la biodiversité de proximité dans la commune. Aujourd’hui, ce projet ne rentre pas dans le cadre d’un agenda 21 ou d’un PCET (« avec des discours et diaporamas abstraits où tout le monde décroche »). Pour le maire, il s’agit d’une action concrète Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 37 qui « correspond à la philosophie de la commune et à la politique municipale, à l’instar du projet Zéro pesticide, du développement des modes de transports doux (pistes cyclables) et de l’accessibilité, de la promotion de la consommation locale et de l’économie sociale et solidaire… » Avec ce projet, « la mairie montre l’exemple. On crée une dynamique. On explique. On progresse. On avance dans le bon sens … et c’est globalement compris. Mais c’est récent. » A moyen terme par contre, « cette action va permettre de construire un PLU Grenelle avec intégration de trames verte et bleue » précise Laurence Michel de l’association Alpes de Lumières. Un projet qui veut évoluer au-­‐delà de la sensibilisation et de la vulgarisation Après cette première année (janv-­‐nov 2013), de nouvelles cibles, partenaires et actions sont envisagés pour 2014 (réflexion en cours) : actions de sensibilisation au collège, enrichissement du programme thématique (nouveaux ateliers, conférences), formation des élus (PLU Grenelle), collaborer avec la DREAL et d’autres experts scientifiques… L’objectif sera de continuer « à progresser, de la vulgarisation vers une démarche plus approfondie, plus scientifique de recensement ». « Là, on a les bases, il faut accentuer le scientifique maintenant » appuie Marina Crest, avec des partenaires experts peut-­‐être plus pointus. Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ Vision partagée par les différents acteurs -­‐ Difficulté du recrutement et de la porteurs du projet. communication grand public pour faire venir -­‐ Complémentarité des compétences, rôles et les gens en dehors de ceux qui sont déjà responsabilités avec un chef de projet/AMO sensibilisés (Dixit la commune et CPIE). « pour bien nous cadrer, voir recadrer » sur -­‐ Peu d’usage de relais locaux (commerces, les objectifs et la méthode (dixit CPIE) marché…) hormis la presse (La Provence et le -­‐ Professionnalisme du projet et des acteurs journal municipal) et l’association locale (montage du « projet bien ficelé », gestion, Jardin des Collines. compétences internes ou externes) -­‐ Peu d’évaluation, voire pas d’outils de -­‐ Implication des populations et relationnel de mesure des résultats, autre que les proximité (ancrage à l’échelle communale) inscriptions aux ateliers et conférences. -­‐ « Changer de cadre » (démarche innovante, -­‐ Seule concertation des habitants par le biais « sortir de la ballade ludique », ou du de l’association Jardin des Collines, dont la diaporama technique) technicienne de mairie est représentante. -­‐ Caractères faisable et acceptable du projet Pas de questionnaires d’évaluation distribués par les parties prenantes (« pas une usine à aux participants ou d’outils de remontées gaz », pas un truc « rigide » qui ne prend pas d’information terrain. au niveau de la population) -­‐ « C’est la mairie qui fait l’effort, pas eux » -­‐ Expliquer la complexité des écosystèmes par -­‐ Jeunesse du programme : « Besoin un sujet local attractif (nos papillons, nos d’accentuer, d’accélérer et de donner de champignons…) l’ampleur » selon Jérôme Dubois. -­‐ Côté pratique : « choisir des créneaux pour que les gens soient disponibles : mercredi et samedi après-­‐midi » (CPIE) Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 38 Pour le maire de Volx, Jérôme Dubois, cette initiative proposée par l’association ADL est « une vraie opportunité pour la collectivité. Nous n’avons pas les compétences en mairie. On n’était pas capable de faire un tel programme, mais en faire partie, oui ! » Pour l’association, l’implication politique, de la Région, de la commune, du maire, avec la mise à disposition d’une personne ressource « référente » pour faire le lien avec la population, les services et les élus, est la première condition clé de succès. La seconde est l’implication de la «population de proximité, « par petits groupes ». MOTS CLÉS pour l’action : ancrage local, partenariat, expertise, lien social, vulgarisation pour l’association : ingénierie, légitimité auprès des acteurs politiques, professionnalisme Sources : site internet www.alpes-­‐de-­‐lumiere.org (lancement et comptes-­‐rendus), article La Provence 2 février 2013 (voir annexe), présence à la réunion bilan 2013 au Foyer Rural de Volx le 2 décembre 2013, interviews entre le 7/11 et le 5/12/2013 (ANND Marseille) de : 1. Jérôme Dubois, maire de Volx et président de l’Institut d'Urbanisme et d'Aménagement Régional 2. Marina Crest, technicienne Commune de Volx (Politique Environnement) 3. Laurence Michel, Chargée de projet, Alpes de Lumières 4. Agnès Fiorini, CPIE 04 Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 39 CAS TOURISME DURABLE: LABEL DE STATIONS EN MONTAGNE > Le citoyen en vacances FLOCON VERT : Un label de développement durable pour les collectivités et stations de montagnes éco-­‐responsables créé par Mountain Riders (Alpes)
Principe Un label « vert » porteur de sens dans les trois domaines du « développement durable » (économie-­‐
social-­‐environnemental et même plus) pour les citoyens comme pour les collectivités. « On n’est pas des environnementalistes », Eric Daugu Moutain Riders Alpes du Sud. C’est un outil au service de l’attractivité du territoire tout en servant de levier de transition écologique. Il peut par ailleurs aussi bien servir à la collectivité pour amener ses citoyens vers davantage d’éco-­‐responsabilité, comme inversement être réclamé par la société civile (vacanciers, acteurs économiques ou agricoles, commerçants, citoyens) en tant que choix engagé de destination touristique. Concertation, Exemplarité et Indépendance sont les 3 piliers fondamentaux de ce label, créé par l’association Mountain Riders. « On est des pratiquants de la montagne qui passons à l’action pour que les territoires et les usagers de la montagne prennent conscience de leur empreinte, du territoire », Eric Daugu, Mountain Riders Alpes du Sud «… car la montagne est très impactée par les changements climatiques. » Un label qui répond à un objectif d’engagement « pour la montagne » -­‐ L’objectif de ce label est de permettre de choisir une destination sur des critères de développement durable, d’allier plaisir de la montagne et responsabilité. -­‐ « C’est aussi faire le choix de soutenir une destination engagée, et d’adresser un message d’encouragement aux acteurs touristiques qui œuvrent en ce sens ». -­‐ « Un tel label n’existait pas pour la montagne. Il permet aujourd’hui de choisir, d’accompagner la transition pour les élus et les vacanciers » Laurent Burger, directeur de l’association Mountain Riders (MR) – une association de sportifs passionnés de glisse, engagés dans le ramassage de déchets et le respect de la montagne, qui a évolué ces dernières années. Questionné sur la dimension éducative de la démarche, Laurent Burget, directeur de l’association précise que : « La transparence du label permet de lui donner un aspect pédagogique ». A cela s’ajoute « la lisibilité des actions engagées par les stations labellisées. » Un mécanisme intégré Aujourd’hui labellisées : Chamonix, Les Rousses Collectivité(s) Son rôle : engager des actions environnementales et des moyens de candidate(s) à la développement durable concrets pour les citoyens et les vacanciers labellisation (transports en communs abordables, tri des déchets facilité, agriculture préservée, gouvernance intégrant les citoyens, etc.) Association EEDD et fondatrice du label Son rôle : Sensibilise, forme et accompagne les collectivités, leurs publics Association Mountain citoyens, vacanciers et professionnels du tourisme en montagne. Pilote le Riders processus de labellisation dans la concertation. Garant de la transparence et de l’indépendance du label. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel Fondation Nicolas Hulot 40 Compétences : « la connaissance des alternatives mises en œuvre en station, la mobilisation du client et la vulgarisation des enjeux de développement durable » Laurent Burget Partenaire national : Porteur du réseau national et Dom-­‐Tom, partage des bonnes pratiques au sein du « Do Tank » Laboratoire d’Actions FNH « Essaimeur » du projet pour la diffusion y compris aux ateliers / side events ANDD 2013, à Marseille. ADEME, Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur, FNH et le Crédit Coopératif Co-­‐financeurs Le processus de labellisation 1. La candidature : précise les différentes actions engagées par la station. 2. L’analyse durable : 31 critères basés sur 8 thématiques. La grille d’analyse a été élaborée en mode collaboratif grâce à une plateforme en ligne, avec des professionnels de 70 structures différentes. 3. L’audit de terrain : par un organisme indépendant, 4. Le comité de labellisation : un comité mixte composé de structures nationales compétentes en développement durable, tourisme, montagne et de journalistes et universitaires. La FNH et la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe en font partie. Le comité œuvre pour garantir l’impartialité, l’indépendance et l’efficacité des travaux liés au label. Une forte évolution des cibles touchées « Il y a eu un élargissement des cibles. Aujourd’hui on sort du sport. » affirme Eric Daugu, MR Alpes du Sud. Les cibles visées sont : 1. Les sportifs, les skieurs, snow-­‐boarders, les randonneurs, les amoureux de la montagne de tous les âges, qui forment la cible historique de l’association mais aussi sa base de bénévoles : « ceux qui avaient 20 ans dans les années 2000 ». Mais, « depuis qu’on s’est professionnalisé, l’engouement est moins fort. » 2. Les jeunes : à travers le cadre scolaire et non-­‐scolaire (événements festifs ou sportifs) 3. Les vacanciers, touristes de tous les âges 4. Les citoyens des territoires de montagne 5. Les professionnels, dans le public ou le privé (collectivités, hébergeurs, commerçants), et les futurs professionnels de la montagne et du tourisme, notamment grâce aux journées de « formation sur l’intégration des enjeux du Développement Durable dans les métiers de la montagne ». (Voir en annexe le programme de la journée de formation au pôle universitaire de GAP). 6. Les éducateurs, y compris au CFA, GRETA, CREPS … 7. Les collectivités : élus et agents techniques engagés dans le processus de labellisation « Ça ne sert à rien de sensibiliser les individus, le grand public, au développement durable si les professionnels n’ont pas les réponses adaptées. Et inversement. » Eric Daugu. Financement L’association MR est financée pour un tiers par le public (ADEME, Région Rhône-­‐Alpes et Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur), un tiers par des sponsors et soutiens privés et un tiers en autofinancement (animations d’événement éco-­‐responsables, sensibilisation du grand public, ramassage, formation professionnelle…). L’objectif visé aujourd’hui est de faire financer la labellisation Flocon vert par les collectivités bénéficiaires. Une dynamique encore jeune La labellisation récente de Chamonix devrait aider à créer une plus forte reconnaissance ainsi qu’une dynamique au service du jeune label, qui n’a que 2 ans. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 41 Résultats : à date, dix stations sont candidates. Trois stations aujourd’hui labélisées, dont 2 en France et une dans les Alpes suisses. Plusieurs projets sont en cours. Les critères portant sur les « infrastructures de développement durable », l’impact est matériel et concret mais la jeunesse de la démarche de labellisation ne permet pas à ce jour d’aller plus loin en termes d’analyse. L’association porteuse du label continue et amplifie ses actions d’éducation au DD par ailleurs, dans le domaine scolaire mais pas seulement : Evolutions et innovations: Forcée d’évoluer en 2011/2012 du fait de la perte de financement public (FEDER, baisse Région Rhône-­‐Alpes), l’association a dû se restructurer, recourir au chômage technique, mais a aussi su rebondir vers de nouvelles offres et activités, dont la création d’un éco-­‐guide des stations avec l’ADEME qui apporte un outil de diagnostic et de visibilité, la formation pour adultes, la création d’un pôle technique pour l’accompagnement des territoires (ex. Plan Climat Tarantaise La Vanoise), la campagne de sensibilisation grand public « Montagne d’Eco Gestes ». L’association a aussi accru ses interventions sur le terrain (ex. 386 jours en saison 2012-­‐13 versus 300 jours d’intervention en 2011-­‐
2012 et 54 conférences formation versus 35 un an avant.) Le label est aussi une innovation récente de l’association. Principalement basée sur une politique « d’accompagnement », le label Flocon vert comme les autres initiatives de l’association servent le « changement », « apporte des alternatives … [et] une vision. » Par ailleurs, concernant le label seul, en termes d’évolution, «l’amélioration continue fait partie intégrante du projet, les critères d’évaluation du Flocon Vert sont révisés tous les 3 ans pour suivre l’évolution des stations » précise Laurent Burger. Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ « Outil d’éducation, de sensibilisation » à -­‐ « Demain : faire porter les frais de travers les pictogrammes, la communication candidature des stations » par les stations et la démarche pédagogique elles-­‐mêmes -­‐ « Transparence » du processus du label -­‐ Besoin de continuer à mieux faire connaître -­‐ « Concertation » dans la démarche le jeune label. -­‐ Indépendance de l’analyse des critères DD -­‐ Reconnaissance / notoriété du label par les -­‐ Engagement fort, sans parler de militantisme, acteurs du tourisme (à vérifier ?) de « passionnés de la montagne » -­‐ Mesures : « C’est très dur » selon Eric Daugu, -­‐ Et souplesse aussi : « démarche progrès » par correspondant Moutain Riders Alpes du Sud. Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 42 thèmes (pictogrammes) ; « pas besoin d’être bon partout » tout se suite -­‐ Atout marketing pour la collectivité : levier de compétitivité dans les choix de stations de skis et destination montagne -­‐ Compétences en communication, classique et digitale, en relations presse (1 personne) et événementiel (plusieurs personnes + des bénévoles) intégrées à l’association « On mesure le nombre de personnes sensibilisées et formées, par les quizz, jeux, en tables rondes, etc. Mais pour le passage à l’action, c’est plus difficile » -­‐ « Le processus est long » ajoute Eric Daugu -­‐ Patrice Raveneau de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) pose aussi la difficulté d’« engager le plus grand nombre dans la transition écologique » Pour Laurent Burget, directeur, les quatre conditions de succès du label sont : 1er. la lisibilité des actions engagées par les stations labellisées 2e. la confiance du public en ce label 3e. l’adhésion des vacanciers au label 4e. la communication par les médias MOTS CLÉS pour l’action : label, territoire, préférence, tourisme durable, montagne, formation pour l’association : concertation, processus, indépendance, transparence, communication, autofinancement, réseau national Sources : sites internet flocon-­‐vert.org , www.moutain-­‐riders.org , www.fnh.org , Rapport d’Activités Mountain Riders 2012-­‐2013, brochures Flocon Vert, présence à l’atelier participatif Laboratoire d’Actions FNH aux ANDD Marseille le 5/12/2013 et interviews entre les 6 et 25/11/2013 de : 1. Laurent Burget, Directeur de l’association Moutain Riders, basé à Chambéry. 2. Eric Daugu, Correspondant Alpes du Sud de Moutain Riders, basé à Embrun 3. Camille Weber, responsable de la communication Moutain Riders 4. Patrice Riveau, Sebastien Galy, Fondation Nicolas Hulot – Réseau national Do tank Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 43 CAS ECOGESTES MED > Le citoyen en vacances CAMPAGNE DE SENSIBILISATION DES PLAISANCIERS AUX ECOGESTES EN MER MEDITERRANEE Un principe basé sur la sensibilisation et la médiation Les journées d’intervention se déroulent en mer, auprès des plaisanciers au mouillage ou en mer. Un entretien est mené entre les plaisanciers et les ambassadeurs sur leur pratique de la mer et les gestes de préservation du milieu marin. Les plaisanciers deviennent acteurs en acceptant d’adopter un ou deux écogestes et ils signent un engagement. A l’issue de cet échange, qui commence par un questionnaire, un guide pratique sur les écogestes est proposé aux plaisanciers ainsi qu’un fanion Ecogestes, symbole de leur engagement. La campagne est aujourd’hui relayée à terre auprès des ports, des bateaux-­‐écoles et des loueurs de bateaux avec l’aide de partenaires tels qu’UPACA – Union des ports de Plaisance Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur. Des enjeux de préservation du milieu naturel 1 -­‐ Faire face à la pression touristique en mer et réduire l’empreinte de l’homme sur le milieu marin en Méditerranée : Parce que : la Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur est la première destination touristique de France avec près de 38 millions de touristes séjournant dans la région, soit près de 8 fois la population permanente régionale. C’est aussi la première région française en ce qui concerne les ports et les loisirs nautiques : 39% de la capacité d’accueil des ports français et 47% des demandes en attente de place au port se trouvent en Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur. Depuis plusieurs années, la Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur est une des premières régions en termes de fréquentation. Entre Toulon et Nice, on compte plus de 150 000 bateaux. En 2000, plus de 5,5 millions de déchets21 de surface ont été dénombrés dans le Golfe du Lion. 2 -­‐ Réduire l’ignorance écologique et la méconnaissance des lois de la protection du littoral Un objectif : « Le but de cette campagne est de favoriser la prise de conscience de la richesse des espaces marins et de ces enjeux. » Un mécanisme intégré Collectif pilote de la campagne et acteur EEDD 16 structures EEDD : associations et gestionnaires/syndicats (+ Candidature du Parc régional de Camargues en cours). ECO GESTES MED Produit la connaissance, les outils (fiches conseils, DVD, questionnaires …), coordonne les acteurs locaux au niveau régional et départemental, anime des actions pédagogiques sur le terrain. Financeurs et diffuseurs Réseau Mer, Maison Régionale de l’Eau, ADEME, collectivités, Partenaires entreprises… Certains aident aussi en logistique (ex. prêts ou stockage des bateaux kayaks) 21
source : IFREMER août 2000 Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel Les professionnels de la mer 44 Relais diffuseur L’UPACA et les professionnels sont impliqués dans un Réseau de Point-­‐
Relais, mis en place afin de proposer aux professionnels de jouer le rôle "d'ambassadeurs" auprès de leurs clients. Financement : Région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur (20%), départements, territoires, ADEME et des entreprises privées (communication, produits écologiques pour le nettoyage des bateaux ou de solutions aux fuites d’huile dans la mer) Les cibles Cible directe : les plaisanciers et les pêcheurs, les usagers de la mer Méditerranée. Cible indirecte : Les 4 sous-­‐groupes de prescripteurs « professionnels » : les " lieux de passage", les capitaineries, les loueurs de bateaux, les bateaux-­‐écoles. L’action rayonne sur la zone des territoires engagés mais aussi au-­‐delà :  Par le biais des réseaux partenaires qui diffusent  La communication, notamment des journalistes  Et par certains acteurs du territoire qui diffusent les outils ECO GESTES MED, comme le Parc national des Calanques par exemple. Résultats : En 2012, 1 752 bateaux (sur 2266 accostés) et plus de 5000 plaisanciers ont été sensibilisés. En déclaratif, Corinne Roux mentionne aussi les évolutions suivantes :  « 50% des pêcheurs et plaisanciers utilisent une ancre marine dérive qu’ils ont fabriqués eux-­‐
mêmes parce que ça ne s’achète pas. Ils ont recyclé des chaînes des docks ou des ascenseurs. D’autres ont fabriqués des parachutes. Certains laissent dériver pour ne pas râper les fonds»  « 80 à 90% ont changé les produits d’entretien du bateau » « Nous avons un retour direct des gens sur le terrain. Ils nous disent : « on a changé… regardez les assiettes et gobelets ne sont plus jetables » mais en verre ou plastique dur. Avant, il y avait des gens qui lavaient leur bateau à l’eau de javel dans le port. Ils nous disent « on a compris » et nous montrent leur produits ». La structure s’appuie également sur les études faunistique des domaines marins pour savoir si la posidonie revient, comme le Parc Marin de la Côte Bleue. Pédagogie et communication engageante : Cette opération s’appuie sur une démarche pédagogique spécifique basée sur la communication engageante (Dr Joule22, Aix Marseille Université). « Sans ça, ça ne marche. Les gens ne veulent pas qu’on les dérange sur leur serviette » cite C. Roux directrice de Ecoute ta Planète, à Châteauneuf-­‐les-­‐
Martigues. « On se fait jeter sinon » confirme M.A. Michel animateur EEDD Mediterranée 2000 basé à Théoule-­‐sur-­‐Mer. L’approche directe s’accompagne de campagnes d'affichage : l'objectif est de diffuser des affiches sur tous les lieux de passage des villes de tout le littoral de la région Provence-­‐Alpes-­‐Côte d'Azur. Cette campagne d'affichage a lieu en amont des premières interventions. Cette année les thèmes abordés sont : l'ancrage, les produits d'entretiens et d'hygiène et la pêche de loisir. Evolutions : A -­‐ Au niveau de la stratégie : En 2010-­‐2011, un nouveau chantier a démarré afin de réaliser l’évaluation de 10 ans de campagne. Le collectif s’est mobilisé en 2012 pour mettre en place des actions en 2013 suite à l’évaluation de la campagne. Et le collectif « a changé les orientations pour 22
Robert Vincent Joule, directeur du laboratoire de psychologie sociale à l'Université d'Aix -­‐ Marseille http://www.canal-­‐u.tv/auteurs/joule_robert_vincent Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 45 2014/2016. Une nouvelle stratégie verra le jour l’année prochaine. On travaille sur la faisabilité» C. Roux. Un renouvellement de gouvernance et d’ancrage territorial est également prévu. B -­‐ Au niveau des cibles et des actions : trois principales évolutions 1. travailler à terre (plages, port, salon nautique, etc.). « On s’est battu pour ça. Nous avons une culture association et militante environnementale, principalement naturaliste. Pour certains, c’est difficile de ne pas être sur l’eau. Mais on peut faire des conférences sur l’arbre sans être au pied de l’arbre ! » 2. travailler avec les points relais : « on travaille avec les accastilleurs depuis 2013. On l’a toujours un peu fait en distribuant de la documentaton, mais là on va plus loin. On fait du service après-­‐vente. On échange sur les questions des fusées ou des eaux grises et noires. On est devenu une référence. On nous appelle. » 3. travailler « toute l’année ». Les demandes continuent d’arriver en hiver. « C’est un vrai changement ». C -­‐ Une autre évolution notable concerne la baisse des subventions financières qui réduit la voilure (« nombre de jours d’actions en mer »). Corinne Roux de Ecoute ta Planète, coordinatrice départementale, nous dit que « le Conseil général [des Bouches du Rhône] ne veut plus financer l’étude ou la réflexion mais uniquement l’action terrain » ou qu’il arrive que certaines actions soient en attente plusieurs années (ex. attente de signature de convention baie par la Maison régionale de l’Eau). Les acteurs du collectif vont « parfois le faire bénévolement » ou frapper à « d’autres portes, dans le privé » mais « c’est difficile et il faut que le CG [13] ou CR [PACA] soit en d’accord avec les valeurs du ou des autres financeurs. Il est arrivé qu’on nous dise non pour des raisons de valeurs. » Conséquence : « On régresse. C’est comme il y a 30 ans. On se retrouve en concurrence contre des amateurs, des bénévoles, qui diffusent leurs propres messages de passionnés, non contrôlés. » Parfois ces messages peuvent servir des intérêts personnels (ex chasse gardée). 23
Source : Bilan EG 2012 Les conditions de succès et les points de progrès Conditions / facteurs de succès Points de progrès/vulnérabilité -­‐ La formation24 des ambassadeurs par le CPIE -­‐ Si le collectif est dans une démarche de Iles de Lérins et Pays d’Azur concertation et de progrès, il n’y a pas pour -­‐ La « communication engageante permet de autant de véritable méthode d’évaluation des créer la discussion puis l’adhésion », de résultats. Les chiffres donnés sur les manière progressive « pas facile au début changements de comportements sont issus d’amener le sujet». M.A. Michel continue « Il d’observations empiriques du terrain. y a peu de refus » -­‐ Si le premier écogeste auquel s’engagent les -­‐ La reconnaissance et le renforcement par le plaisanciers est de « choisir des zones Fanion : « les plaisanciers de reconnaissent sableuses pour s’ancrer », les équipes ne sont 23
http://www.ecogestes.com/images/telechargement/BilanEG2012-­‐BD.pdf Programme de la formation : http://ecorem.fr/ecogestesmediterranee Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 46 entre eux » -­‐ Une plus grande efficacité du dispositif : malgré la baisse de journées d’intervention et du nombre des bateaux sensibilisés, le nombre de personnes sensibilisées baisse moins fortement et le taux d’engagement reste sensiblement stable (-­‐1%) -­‐ Une démarche collective (assemblée et vote) et évolutive (stratégie, programme et gouvernance 2014/2016 à venir) -­‐ La démarche d’entretien/médiation permet aussi aux plaisanciers de proposer des gestes, leurs gestes : ce qu’ils font. Plus de 30 écogestes ont été proposés par les plaisanciers -­‐ « La médiatisation, notamment France 2 cet été, ça permet un impact grandissant » M. A. Michel pas satisfaites des résultats du programme concernant la posidonie « les gens oublient. Ils disent qu’ils font attention et quand on regarde sous l’eau ils sont dessus. » rapporte C. Roux. -­‐ « Une faible couverture du territoire », selon M.A. Michel, de Méditerranée 2000 -­‐ Une baisse des financements et donc du nombre d’interventions. MOTS CLÉS pour l’action : questionnaire, médiation, signature, engagement, milieu, communication engageante pour l’association : collectif, vote, stratégie, coordination, animation, ambassadeur Sources : sites internet www.ecogestes.com , www.ecorem.fr , http://atelierbleu.fr , www.lps-­‐
aix.com, www.facebook.com/pages/Ecogestes etc. et des interviews de :  Corinne Roux, directrice association Ecoute ta planète (13)  Marc Antoine Michel, animateur éducateur EEDD Méditerranée 2000 (06) Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 47 Annexes I.
Documents Prioriterre -­‐ Famille à Energie Positive II.
Documents T’es Au Courant ? et Eco CO2 III.
Documents Cube 2020 IV.
Documents Commerce Engagé et Laboratoire d’Actions Fondation Nicolas Hulot V.
Documents Incroyables Comestibles et invitation conférence multi-­‐partenariale VI.
Documents ADL et Commune de Volx -­‐ Inventaire de Biodiversité Ordinaire VII.
Documents Mountain Riders -­‐ Flocon Vert VIII.
Documents Eco Gestes MED Analyse Initiatives Remarquables
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Décembre 2013
Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 48 Guide d’entretien -­‐ Benchmark pour l’étude SEEDE Eléments d’information à recueillir pour les cas étudiés :  Motivation  Cadre – contexte (politique, réglementaire, projet ALR, etc)  Enjeux  Besoins / Attentes  Offre / demande – bases de l’échange et de la relation  Finalité – nature du changement recherché (bonnes pratiques, progression des connaissances, ressources…)  Nature de l’action ou programme, spécificités et raisons du choix de l’action en question (action participative, mouvement citoyen, etc)  Eléments de construction d’une nouvelle attitude : information, expérience, affectif, action, comportement …  Publics et mécanique de ciblage  Partenaires, nature du partenariat et raisons des choix de(s) partenaire(s)  Ressources (expertise, structure, RH, compétences, internes / recherchées à l’externe…)  Légitimité  Financement – source et principes  Efficience – mesure des progrès, valorisation des résultats, facteurs de succès et points d’amélioration  Retour d’expérience, retour des publics bénéficiaires (intérêt, acceptabilité, satisfaction, …)  Réflexion vers l’avenir : Et demain ? Quelle évolution ? Quelles perspectives ? Quelle nouvelle étape, nouvelles cibles ou nouveaux objectifs ? Questionnaire étude de cas SEEDE A aménager selon la personne interviewée, sa structure, sa fonction et son rôle, et le temps disponible 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Quelle est ou quelles sont les motivations qui vous ont mené à créer votre projet … XX ? Dans quel contexte et dans quel cadre l’avez-­‐vous mis en place ? Avec qui ? Avec quels appuis ? Pour qui ? (distinguer cibles directes et indirectes) Pourquoi ? Comment vous y prenez-­‐vous ? Au départ, quels sont les enjeux ici qui vous ont poussé à cette démarche XX ? (si pas répondu en q°1) A quels besoins essentiels, selon vous, répond votre projet ? Et qu’en attendez-­‐vous à court, moyen, long termes? 9. Quels changements, quels progrès recherchez-­‐vous ? A quel rythme ? Dans quelle logique de progression ? 10. En quelle mesure, concrètement, cela permet-­‐il le développement de l’écocitoyenneté ? 11. Pourquoi le choix de cette action, plutôt qu’une autre ? Quelles spécificités avez-­‐vous voulu y intégrer ? Pourquoi ? 12. Quelles ressources et compétences rassemblez-­‐vous ? Au sein de votre structure/collectif/ association et autour, en externe ? Comment êtes-­‐vous organisé ? Quelles expertises allez-­‐vous chercher à l’extérieur ? 13. Qui sont vos partenaires ? Quel est leur rôle ? Que vous apportent-­‐ils ? Pourquoi et comment les avez-­‐vous choisis ? 14. Comment êtes-­‐vous financé ? Quelles sont vos sources et principes de financement ? 15. Quel retour avez-­‐vous de vos publics bénéficiaires ? Connaissez-­‐vous leurs attentes dans ce domaine EEDD/écocitoyenneté ? Les avez-­‐vous interrogés ? et du côté de vos partenaires ? 16. Comment mesurez-­‐vous vos résultats ? Valorisez-­‐vous vos actions ? Analyse Initiatives Remarquables
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Viviane Hamon Conseil -­‐ In Vivo -­‐ Cécile Clozel 49 17. Quels sont, selon vous, vos principaux facteurs de succès ? Et vos points de progrès ? Au niveau de la structure, du projet et de l’action ? 18. Et demain ? A quelles évolutions et perspectives pensez-­‐vous ? A court ou moyen termes, quelle nouvelle étape prévoyez-­‐vous ? Analyse Initiatives Remarquables
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