Marais des Hauts-Bués, depuis la Croix-Lina
Sur les hauteurs du Massif foreser ardennais...
Des forêts,
mais pas que...
La forêt est avant tout un habitat naturel arrivé à son
stade d’évoluon ulme, que l’on nomme stade ‘‘Climax’’.
Elle accueille de nombreuses espèces (oiseaux, mam-
mifères, insectes, plantes, etc.) qui interagissent et per-
meent ainsi le renouvellement durable de la forêt. Pour
arriver au stade climax, la future forêt va passer par dié-
rents stades d’évoluon, comme la lande par exemple.
Ces habitats intermédiaires, qui serviront de sites de nidi-
caon, mais aussi de refuges ou de gagnage, constuent
des habitats vitaux pour la survie de nombreuses espèces
(gibiers, oiseaux, papillons, etc.). De ce fait, il est impor-
tant dans un massif foreser, comme celui des Ardennes,
d’accueillir tous les stades de la forêt, an d’opmiser son
développement mais aussi l’accueil de la faune. Hormis les
stades d’évoluon des forêts intermédiaires, d’autres élé-
ments présents dans la forêt, comme le bois mort et les
arbres de gros diamètres, vont jouer un rôle important
pour l’accueil de la faune.
La mort de l’arbre, un mal pour un bien ?
Lors de sa décomposion, l’arbre mort fournit de la ma-
ère et des éléments minéraux indispensables à la crois-
sance des plantes et des arbres. Le bois mort se trans-
forme en humus, il mainent ainsi la ferlité du sol, et
La forêt représente plus de 80 % de
la surface de la Zone de Protecon
Spéciale du ‘‘Plateau ardennais’’, et
plus de 60 % du territoire du Parc na-
turel régional des Ardennes. Elle fait
pare des symboles du Massif ar-
dennais, et constue un enjeu éco-
nomique et environnemental pour
notre territoire.
par conséquent, assure la régénéraon naturelle de
nos forêts. Les troncs couchés au sol (les chablis) ont eux
également leur rôle à jouer, puisqu’ils limitent l’érosion,
notamment lors de fortes pluies, en ‘‘retenant’’ le sol.
Et si l’arbre mort était encore vivant...
Une fois mort, l’arbre devient un habitat parculier of-
frant gîte et couvert à de nombreuses espèces animales
(mammifères, amphibiens, oiseaux, insectes…), végé-
tales, les lichens et les champignons. On esme que près
d’un cinquième de la faune foresère et que plus de
2 500 champignons dépendent de la présence du bois
mort pour leur survie. C’est aussi un réel réservoir ali-
mentaire pour les oiseaux comme les Pics.
Des arbres à cavités !
Les oiseaux, et autres mammifères cavernicoles, sont in-
mement associés à la présence de bois mort, véritable ré-
servoir alimentaire. Par exemple, les célèbres ‘‘tambouri-
neurs’’ de nos forêts : les Pics (Pic épeiche, Pic noir, etc.),
privilégieront les arbres de gros diamètres comme les
chênes et les hêtres pour creuser leurs demeures : on
les appelle les cavernicoles primaires. Une fois ces cavi-
tés creusées, elles pourront ensuite être ulisées par de
nombreuses autres espèces, n’ayant pas la capacité de
creuser des cavités : on les appelle les cavernicoles secon-
daires. Parmi ces espèces, on trouve les chouees, les si-
telles, les chauves-souris, les lérots, les abeilles sauvages,
etc. Ainsi, une cavité ou un arbre mort sera toujours ule
à la forêt, mais aussi à la faune qu’elle accueille.
‘‘Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs.
La nature, mulée, surexploitée, ne parvient
plus à se reconstuer, et nous refusons de
l’admere. L’humanité soure. Elle soure de mal-
développement, au Nord comme au Sud, et nous
sommes indiérents. La Terre et l’humanité sont en
péril, et nous en sommes tous responsables.’’
Jacques CHIRAC, Président de la France (1995-2007), lors
du IVe Sommet de la Terre en 2002 à Johannesburg
Notre maison
brûle, et nous
regardons
ailleurs ’’
‘‘
Carte des sites Natura 2000
Une carte des sites Natura 2000 situés sur le Parc
naturel régional des Ardennes (localisaon des 7
sites, communes concernées, détails sur les milieux
et les espèces présentes...) est disponible auprès
du PNR.
En version papier sur demande et en téléchargement sur
www.parc-naturel-ardennes.fr
L’été s’achève, les oiseaux partent en migraon, les in-
sectes ont ni leurs cycles, les eurs fânent, une nou-
velle saison arrive, celle des travaux ! En eet, la période
de sensibilité des espèces est nie et les travaux de res-
tauraon du site peuvent désormais commencer. Dans la
connuité des travaux entrepris en 2014, les étudiants
du lycée agricole de Saint-Laurent ont travaillé avec pour
objecfs :
• de luer contre la fermeture du milieu,
• de favoriser l’apport hydraulique dans le marais, in-
dispensable au bon fonconnement de la tourbière,
• de maintenir la diversité des habitats et des espèces
animales et végétales, en favorisant la présence
d’une mosaïque de milieu.
Marais des Hauts-Bués
Rétrospecve 2015...
An d’enrayer la dégradaon du
marais des Hauts-Bués à Mon-
thermé, la mission Natura 2000 du
PNR travaille sur un programme de
restauraon en partenariat avec les
acteurs locaux. Lancés à l’automne
2014, plusieurs chaners ont eu
lieu à la même saison en 2015. Re-
tour en images...
Mise en défens des zones sensibles
Pour ne pas impacter les espèces végétales sensibles lors des
travaux.
1
Abaage de plusieurs résineux
Pour limiter la quanté d’eau absorbée par les résineux et la
présence de semenciers.
2
Annélaon sur des résineux à plus fort diamètre
Pour limiter les éventuelles pertes en eau, qui auraient eu lieu sur une
réouverture plus ‘’brutale’’, comme la coupe à blanc. Cee méthode
douce permet de faire mourir l’arbre progressivement.
3
Annélaon sur d’autres arbres, comme les bouleaux
Pour aaiblir les pieds des arbustes, tout en limitant la présence
de rejet. Le pâturage des chevaux vient renforcer durablement ces
travaux, en abroussant les jeunes pousses.
4
Coupe des jeunes arbres à l’aide de sécateurs de force
Pour limiter la fermeture du milieu, les jeunes pousses sont
rerées an de favoriser le développement de la strate herbacée
et réouvrir le milieu.
5
Coupe de tourradons de molinie
Pour réouvrir la strate herbacée, et permere aux plantes typiques
des tourbières de s’exprimer à nouveau. Des suivis sur plusieurs
années de la strate herbacée permeront de conrmer l’ecacité de
cee technique.
6
Rassage de la molinie avec exportaon, sur les staons
d’airelles
Pour mere en lumière cee plante. L’exportaon, par voie
animale, permet de ne pas créer de micro-reliefs pouvant
impacter les écoulements des eaux et les habitats situés en bas
du site d’intervenon.
7
Nos petes libellules nous
font tourner la tête !
En 2015, dans le cadre du Plan Régional d’Acon
Odonate, un recensement des libellules a été mené dans
les tourbières et les rièzes ardennaises. C’est ainsi qu’une
vingtaine d’espèces ont été recensées, dont certaines sont
dites ‘’remarquables’’, comme la Leucorrhine douteuse ou
le Sympetrum noire. Les libellules constuent de bonnes
indicatrices de la qualité et de la fonconnalité des zones
humides. Le renforcement du réseau de mares en milieux
acides, le mainen et créaon de gouilles sont autant
d’ouls favorables à l’accueil des libellules.
Comment gérer
un site naturel,
si on ne le connait pas ?
Jusqu’à présent, la seule cartographie des habitats
de la ZSC ‘‘Tourbière du Plateau Ardennais’’ datait
de 2001. Pour caractériser l’évoluon des habitats,
cee cartographie a été mise à jour en 2015. La
comparaison des deux cartographies permet de
constater qu’en l’espace de 14 ans, les sites ont
largement évolué : les tourbières sont devenues plus
boisées, notamment avec le développement des
bouleaux et des résineux. Ainsi, il apparaît comme
nécessaire de maintenir, voire renforcer, l’ouverture
des tourbières, et de mieux appréhender leur
fonconnement hydraulique.
Une Trame Verte et Bleue
pour la libre circulaon
de la faune
Issue du Grenelle de l’environnement, la Trame Verte
et Bleue (TVB) a pour objecf d’enrayer le déclin de la
biodiversité à travers la préservaon et la restauraon
des connuités écologiques. En 2015, un diagnosc des
corridors a été mené à l’échelle du PNR et des 7 sites
Natura 2000, dont il assure l’animaon. Cee analyse
ne, commune par commune, a démontré que certaines
mesures pouvaient permere d’améliorer les possibilités
de circulaon des espèces : mieux organiser les
peuplements de résineux, reconnecter les corridors verts
comme les haies, ou augmenter le réseau de mares.
Actuellement, les 91 communes du PNR possèdent un
pré-diagnosc écologique.
La préservaon du bois mort est un enjeu important pour la biodiversité
La Chouee de Tengmalm est un pet rapace nocturne, d’une
envergure d’environ 60 cenmètres, et une taille comparable
à celle de sa cousine, la Chevêche d’Athena. Majoritairement
sédentaire, cee pete chouee mesure environ 25 cen-
mètres pour un poids moyen proche de 100 grammes. Son
plumage brun foncé avec des points blancs, lui a valu d’être
appelée ‘‘chouee perlée’’ par les Suédois. Strictement noc-
turne, sa période d’acvité comprend deux pics, l’un vers la
n du crépuscule, l’autre tôt le man avant l’aube.
Pete curieuse, à l’abri des regards...
Espèce typique de la taïga, la Chouee de Tengmalm se
nourrit essenellement de micromammifères (mulots et
campagnols). Espèce strictement cavernicole, c’est la ma-
turité du peuplement foreser, avec le mainen de vieux
arbres, qui condionne sa présence, en liaison avec la pré-
sence du Pic noir, grand pourvoyeur de cavités. Les diverses
études, sur le suivi de cee espèce en France, montrent une
grande variété dans le choix de ses habitats : l’espèce se re-
produit dans des futaies âgées d’essences variées, situées
en altude ou dans des cuvees froides, avec des cavi-
tés favorables à la nidicaon. Les îlots de vieillissement,
les arbres biologiques ou les réserves biologiques sont des
ouls que les sylviculteurs peuvent mere en œuvre pour
maintenir des vieux arbres sur le territoire de la ZPS du ‘‘Pla-
teau Ardennais’’ et du PNR des Ardennes.
La Chouee
de Tengmalm
La Chouee de Tengmalm ou ‘‘Chouee perlée’’
Exportaon des maères organiques hors du marais
Pour limiter l’enrichissement du milieu, et ainsi permere de
conserver l’acidité du marais. L’exportaon des arbres abaus
et de la molinie est réalisée par tracon animale (débardage à
cheval). Contrairement à l’exportaon mécanique, cee méthode
permet de respecter les sols, et ainsi limiter l’impact sur les
habitats sensibles.
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Un grand merci aux
étudiants du Lycée agricole
de Saint-Laurent, ainsi
qu’aux autres bénévoles, pour
leur aide précieuse !
Des projets de restauraon sur d’autres sites
Le dynamisme sur le marais des Hauts-Bués s’est fait remarquer,
et impulse des travaux de restauraon sur d’autres sites. C’est
le cas, notamment sur les marais des Heez d’Hargnies et de la
Croix Saint Anne à Rocroi. Pour permere ces restauraons, une
mobilisaon des acteurs locaux est nécessaire an d’évaluer les
enjeux patrimoniaux présents sur les sites.
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