La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2000 195
Néoplasie
Myélome multiple, métastases osseuses.
Maladies neurologiques
Les symptômes initiaux de la sclérose en plaques sont parfois
de la fatigue, des troubles émotionnels, des douleurs mal systé-
matisées et des paresthésies.
Les symptômes souvent douloureux de la maladie de Parkinson
peuvent en imposer pour un tableau de FM (5).
États psychonévrotiques purs
Manifestations hystériques, pathomimies constituent bien un
diagnostic différentiel de la FM (6). Les plaintes sont vagues,
les douleurs, difficilement localisables, décrites en des termes
excessivement riches et variables. Il n’y pas de facteurs d’in-
fluence comme dans la FM. Les patients sont intouchables,
quel que soit l’endroit palpé. Les symptômes n’ont pas la pré-
sentation caractéristique, stable, stéréotypée de la FM, même si
celle-ci s’associe souvent à des perturbations psychiques.
Stratégie diagnostique
En l’absence d’étiologie clairement identifiée à l’origine de ce
syndrome et d’examen paraclinique spécifique, la FM reste un
diagnostic d’élimination. À un interrogatoire précis et à un exa-
men physique rigoureux devraient s’associer quelques examens
paracliniques simples : une numération-formule sanguine, une
vitesse de sédimentation, un ionogramme sanguin, une calcé-
mie, une mesure des enzymes musculaires et de la fonction
thyroïdienne et, pour certains, des facteurs antinucléaires
comme enquête de débrouillage. Si un de ces tests est anormal
ou qu’il existe une forte suspicion clinique pour une maladie
sous-jacente, de plus amples investigations s’imposent.
L’émergence d’une autre pathologie rendant compte des dou-
leurs chez un patient suspect d’avoir une FM est exceptionnelle
(2 sur 148 patients suivis pendant 4 ans [7]).
RETENTISSEMENT
La FM ne retentit pas sur le pronostic vital, mais les douleurs
et l’asthénie amènent parfois une réduction notable de l’activi-
té et affectent gravement la qualité de vie et l’aptitude au tra-
vail. Ce syndrome peut conduire à un véritable handicap, dont
le degré est souvent difficile à faire admettre, car ces patients
n’ont pas “l’air malade” et n’ont pas de faiblesse musculaire
objective. Comparée à la PR, l’incapacité fonctionnelle est à
peine inférieure, les scores de douleur plus élevés, le retentis-
sement psychosocial plus sévère. Des tâches quotidiennes,
telles que courir, porter des paquets, tenir des outils, maintenir
les bras en l’air, sont difficiles ou impossibles à exécuter. De
6% à 24 % de patients sont en invalidité professionnelle.
Le nomadisme médical, avec les risques iatrogènes qui lui
sont liés, fait partie des conséquences néfastes de la FM. Une
fois le diagnostic posé et le patient correctement informé, la
consommation médicale des personnes atteintes de FM ne
semble pas être excessive.
PHYSIOPATHOLOGIE
Des nombreuses hypothèses étiopathogéniques proposées pour
expliquer la FM, aucune n’a pu être isolée comme cause pre-
mière unique à l’origine de ce syndrome.
L’hypothèse la mieux admise aujourd’hui tente de relier cette
douleur à une perturbation des mécanismes d’intégration de la
douleur, soit au niveau périphérique, soit au niveau central.
Dans cette hypothèse, des troubles neurobiologiques contribue-
raient à la création d’une hypersensibilité qui expliquerait que
des stimuli somesthésiques, habituellement non nociceptifs,
puissent être perçus comme douloureux (8). Diverses sub-
stances – neuromédiateurs ou neuromodulateurs des messages
nociceptifs mais également du sommeil ou de l’humeur – ont
été mises en cause (déficit en sérotonine, élévation de la sub-
stance P dans le liquide céphalorachidien, perturbations de
l’axe hypothalamo-hypophysaire...).
PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE
La prise en charge idéale d’un patient atteint de FM doit être
globale d’emblée, à la fois médicamenteuse et non médicamen-
teuse. L’énoncé du diagnostic, mettant un terme à une longue
et vaine quête de reconnaissance et de compréhension, apporte
souvent un premier soulagement à ces patients.
Différentes études contrôlées démontrent l’efficacité de cer-
tains tricycliques (amitriptyline notamment) dans la fibromyal-
gie (10). La dose recommandée de 25 à 50 mg/jour est infé-
rieure à celle préconisée dans le traitement de la dépression.
Les antalgiques ou les anti-inflammatoires ont peu ou pas d’ef-
fet. Certaines équipes ont rapporté que les blocs sympathiques
régionaux semblaient être efficaces dans certains cas.
Les thérapeutiques médicamenteuses sont souvent insuffi-
santes, voire inefficaces. La prise en charge des patients doit
associer d’emblée des procédures non pharmacologiques. Des
études vont dans le sens de l’efficacité de méthodes telles que
le réentraînement à l’effort, le bio-feedback (rétrocontrôle bio-
logique) et les thérapies cognitivo-comportementales. L’organi-
sation optimale du programme thérapeutique devra être multi-
disciplinaire et comprendre des actions à la fois médicales,
psychologiques, sociales, de la kinésithérapie, un apprentissage
de la relaxation (aidée ou non de bio-feedback). À l’issue de ce
type de programme, on note en général une amélioration signi-
ficative sur le plan de la sévérité de la douleur, des troubles
affectifs et du degré d’interférence de la douleur avec les acti-
vités quotidiennes, mais pas la disparition des troubles.
Quelle que soit l’attitude thérapeutique adoptée, elle doit
prendre en compte au mieux la particularité de chaque patient,
notamment sa spécificité psychique. Il faut fixer avec lui des
objectifs raisonnables – diminuer la sévérité des symptômes,