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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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le professeur Jean Winand, que la recherche en langue égyptienne était freinée faute d'un accès aisé à la
documentation. Si vous avez une idée et que vous voulez tester votre hypothèse, il faut retourner au texte.
C'est-à-dire soit relire vos notes, mais elles ne sont jamais complètes, soit relire tout le corpus. Cela devient
vite impossible. Il fallait concevoir des outils pour accéder rapidement à l'information.»
Des outils, il en existe depuis que l'égyptologie existe. Le projet Ramsès ne part pas de zéro. Le premier outil
qui vient à l'esprit est évidemment le dictionnaire. Mais ils sont souvent anciens et ne donnent pas toutes
les références d'un mot, se contentant de citer quelques exemples. Cela ne suffit pas pour des chercheurs.
Ceux-ci doivent viser l'exhaustivité. En outre, les dictionnaires ne sont trop souvent que des listes de mots. Ils
renseignent peu ou pas sur la grammaire et ce n'est pas eux qui vont permettre de travailler, par exemple, sur
les subjonctifs de tous les verbes d'un certain type. Et ce n'est pas eux non plus qui vont permettre la recherche
d'un mot à partir de ses différentes flexions. Autre exemple: dans l'écriture hiéroglyphique (Pour s'y retrouver
dans les différentes langues et écritures, lire Les écritures et les langues de l'ancienne Egypte), il n'y a pas
d'orthographe proprement dite, tout au plus des habitudes graphiques. Un même mot peut apparaître avec des
graphies un peu différentes. Mais un chercheur peut avoir besoin de toutes les graphies. Il lui faudrait donc un
outil où les occurrences seraient triées selon les graphies. Et encore, il ne s'agit là que de recherches simples.
Les recherches combinées sont impossibles avec les outils existants. Comment faire si l'on désire repérer
toutes les conjonctions d'un texte et mettre en évidence le temps du verbe qui les suit ? Comment aussi repérer
facilement toutes les phrases qui comportent une expression composée de plusieurs termes ? Ou affiner les
résultats et recherches en fonction de la date du document, du type d'écriture, hiéroglyphique ou hiératique,
ou en fonction du genre littéraire et de l'origine géographique ? Actuellement, tout cela est impossible à tester.
La création d'un outil informatique
Seule l'informatique permet de répondre à des demandes aussi exigeantes. «Nous avons eu une visée
maximaliste, se souvient Jean Winand. Nous avons dû créer une structure. Il était en effet impossible d'utiliser
les logiciels de bases de données qui existent dans le commerce, ni même de les bricoler. On a donc imaginé
un cahier des charges le plus large possible, sans limites techniques. Je ne voulais pas de la démarche inverse:
s'enfermer dans une technique, puis voir ce qu'on pouvait faire avec cela.» L'équipe liégeoise a donc travaillé
avec un collègue français qui est, et il est sans doute seul au monde dans son cas, à la fois informaticien et
égyptologue! Professeur en informatique à Paris VIII et responsable du cours d'introduction au néo-égyptien
à l'EPHE (Ecole pratique des hautes études à Paris), Serge Rosmorduc était en effet la personne idéale pour
développer la programmation informatique.
Le projet a véritablement démarré en 2006, lors de la Table Ronde "Égyptologie et Informatique" qui s'est
tenue à Oxford. L'équipe de Ramsès a conçu de front deux modules. L'un est la constitution d'un lexique
(dictionnaire) de référence, l'autre un éditeur de textes. Le programme Ramsès porte sur le néo-égyptien, la
langue vernaculaire du Nouvel Empire et de la Troisième Période Intermédiaire, aussi bien les textes en langue
hiéroglyphique que hiératique. Le corpus est constitué de textes littéraires et de textes de la pratique. Ces
derniers sont à comprendre au sens le plus large: lettres, textes administratifs, actes notariés, commerciaux,
textes juridiques. Quant aux premiers, ce sont des contes et "romans" mais aussi de la poésie et des textes de
sagesse qui sont des recueils de préceptes de vie, des textes royaux (récits de bataille, décrets) et religieux.
Mais ces derniers sont rares puisqu'ils relèvent plutôt de la langue dite de tradition, exclue du corpus de
Ramsès.