Quai ouest texte Bernard-Marie Koltès mise en scène Ludovic Lagarde CRÉATION du jeudi 6 au vendredi 14 novembre 2014 mercredi et jeudi à 19h30, vendredi à 20h30 et samedi à 18h30 relâche du dimanche 9 au mardi 11 novembre spectacle en grec, surtitré en français La Comédie de Reims-CDN 3, chaussée Bocquaine 03 26 48 49 00 | www.lacomediedereims.fr tarifs : 5 à 22€ Contact presse Comédie Florence Lhermitte, secrétaire générale [email protected] - 06 03 24 47 18 Quai ouest texte Bernard-Marie Koltès mise en scène Ludovic Lagarde traduction grecque Vassilis Papavassiliou assistant Alexandros Vamvoukos avec Samuel Akinola Themis Bazaka Nikos Hatzopoulos Anastasia Konidi Yiorgos Kotanidis Dimitris Lalos Maria Nafpliotou Yiannis Niarros Abad Cécile Maurice Koch Claire Rodolphe Charles Monique Pons Fak dramaturgie Marion Stoufflet scénographie Antoine Vasseur lumières Sébastien Michaud son David Bichindaritz vidéo Grigoris Rentis costumes Eva Nathena coproduction la Comédie de Reims - CDN Théâtre National de Grèce avec le soutien de l’Institut Français de Grèce durée 2h30 Dans le cadre de l’opération “Grèce France Alliance 2014”, initiée par L’Institut Français en écho aux célébrations des quarante ans du retour de la démocratie en Grèce, la Comédie de Reims et le Théâtre National d’Athènes s’associent pour une production. Ludovic Lagarde choisit de mettre en scène Quai ouest de Bernard-Marie Koltès avec une distribution entièrement grecque et une équipe artistique qui réunit des fidèles de ses céations. Le spectacle a été créé le 5 juin 2014 au Théâtre National d’Athènes. L’invitation d’artistes étrangers fait partie du projet du Théâtre National d’Athènes depuis plusieurs saisons. Olivier Py a mis en scène Vitrioli de Yannis Mavritsakis, Bob Wilson L’Odyssée d’Homère et Gotcho Gotchev a également été invité. Entretien avec Ludovic Lagarde Pourquoi avez-vous choisi Quai ouest de Bernard-Marie Koltès ? Quand Olivier Descotes le directeur de l’Institut français de Grèce m’a demandé de proposer une pièce au Théâtre National, j’ai tout de suite pensé à Quai ouest. J’aime ce texte depuis longtemps. En France je n’ai jamais mis en scène Koltès. J’ai pensé que c’était le moment, d’autant que les sujets traités dans la pièce me semblaient pertinents en miroir de la Grèce contemporaine, et des situations que la crise a entrainées. Cette pièce communique-t-elle un message au spectateur d’aujourd’hui ? Le personnage de Koch vient pour se suicider sur ces quais au bord de l’eau, comme si le chemin se terminait là, comme une impasse. Or Koch est un financier ruiné, qui a perdu, dépensé, dilapidé une fortune qu’on lui avait confiée. Koltès est parti d’un idée simple, celle de faire se rencontrer des gens qui ne se rencontrent jamais dans la vie : un homme d’affaire qui vit dans le monde du luxe et de l’abondance accompagné de son assistante Monique issue de ce même monde, et des gens exclus du système qui habitent une sorte de ghetto, dans ces hangars près de l’eau. Ils y vivent d’expédients, de trafic, de deal. Ils survivent grâce à l’espoir de pouvoir s’en sortir un jour. Parmi ces habitants, se trouvent des immigrés de la 1ère et de la 2ème génération, venus d’Amérique latine et d’Afrique. Et c’est l’impossibilité pour Koch de rembourser sa dette qui le mène vers ces lieux et produit cette rencontre. Quel a été votre axe de travail pour la mise en scène ? Deux axes ont guidé mon travail. D’une part je me suis rendu compte que chaque scène de Quai ouest repose sur un enjeu commercial. Chacun veut obtenir quelque chose de l’autre, et va échanger, dealer un objet, de l’argent, du sexe, de l’amour, de l’espoir pour obtenir ce qu’il veut. Koch va être d’ailleurs littéralement « dépecé » tout au long de la pièce. Sa montre, son argent, son briquet, sa bague, sa voiture, son corps vont servir de monnaie d’échange. Deux ans après la création de Quai ouest par Patrice Chéreau aux Amandiers de Nanterre, Koltès écrira son chef d’oeuvre, sa pièce de référence : Dans la solitude des champs de coton. Cette pièce est un duo dans lequel dialoguent un client et un dealer. Koltès a trouvé son sujet en écrivant Quai ouest et l’a en quelque sorte compressé et creusé avec Dans la solitude des champs de coton. J’ai donc pensé à minimiser le décorum et l’importance des représentations réalistes dans la pièce - le hangar, le bord de l’eau, l’autoroute - pour concentrer le jeu en organisant l’espace comme pour jouer la pièce Dans la solitude.... La scénographie est un espace de deal, d’échange, de passage et de rencontre au coeur d’un labyrinthe dans lequel les personnages finissent par se perdent eux-mêmes. L’autre axe qui a conforté ce choix de mise en scène est venu de la construction même de la pièce. En effet je me suis aperçu à quel point Koltès s’était inspiré du Théâtre classique français. Comme chez Racine et surtout Marivaux (car en dépit du thème assez grave, l’auteur voulait écrire une comédie) la pièce est une succession de scènes à deux ou trois personnages, croisant les enjeux de désir et de pouvoir, tissant l’intrigue avec des conflits familiaux et politiques. Or dans le répertoire classique français, l’action se déroule très souvent dans un vestibule, un espace qui distribue les autres pièces du palais ou de la maison, comme un lieu de passage obligé, un carrefour des passions. À ce propos j’ai cité Racine, mais l’influence de Shakespeare est aussi très forte. Koltès avait d’ailleurs traduit Le Conte d’hiver. Quels sont les enjeux de la mise en scène ? J’ai souhaité transmettre la beauté de la pièce et de l’écriture de Koltès, sa force poétique et politique. Il pose la question de la liberté et de la possibilité ou non de vivre en marge de la société, pour peu qu’on en ait le désir ou qu’on en soit exclu au départ. Il revient - c’est un thème central dans son oeuvre - sur les conséquences de la colonisation et ses mécanismes destructeurs. Koltès montre de façon assez visionnaire à quel point le système dans lequel nous vivons aujourd’hui, même s’il est à bout de souffle, ne tolère aucune marge, ne laisse place à aucune alternative. Et il traite, comme l’ont fait avant lui de grands écrivains comme Pier Paolo Pasolini ou Jean Genet, de l’humanité exacerbée que l’on trouve dans les microsociétés organisées hors-système, les prisons, les ghettos.... Parlez-moi de l’approche scénographique. Le plateau apporte-il une valeur symbolique ? Lors de mon arrivée à Athènes il y a deux ans, j’ai été frappé par la vue de ces immenses panneaux d’affichage publicitaire que l’on peut voir de l’autoroute qui mène de l’aéroport au centre-ville. Ils étaient vides. Je veux dire sans aucune affiche publicitaire les recouvrant, comme à l’abandon, patinés par le soleil et le vent, certains en lambeaux. Je m’étais figuré que c’était un effet spectaculaire de la crise économique et qu’il n’y avait plus rien à vendre en Grèce, ou que les gens ne pouvaient plus acheter, et la publicité n’avait donc plus lieu d’être. J’ai appris depuis que cela n’a rien à voir et que ces panneaux étaient trop dangereux pour les automobilistes qui les regardaient et provoquaient des accidents… Mais j’ai vu ces panneaux comme des vestiges d’une civilisation disparue, celle de la consommation de masse, et ces panneaux m’évoquaient certains films de Federico Fellini, les studios de Cinecittà à l’abandon, ou encore d’immenses statues comme celles de l’île de Pâques, vestiges éternels en pleine nature d’une société disparue… Tout ceci a influencé l’élaboration de l’espace et les enjeux de la scénographie qu’Antoine Vasseur a réalisée avec les équipes des ateliers de construction du Théâtre National. En me rendant à Épidaure, j’ai également été frappé par la vue d’immenses citernes à pétrole qui nous ont donné par la suite l’idée des formes arrondies des murs leur conférant, dans la scénographie, leur caractère de carrousel sensuel. Comment la musique s’inscrit-elle dans le spectacle ? Il y a beaucoup de didascalies sonores écrites par Koltès dans cette pièce : pluie, vent, tempêtes, envol d’oiseaux etc… Nous avons choisi avec David Bichindaritz de les traiter soit en nous servant d’archives, soit en enregistrant des matières sonores une nuit, à Athènes, dans le port du Pyrée… Certains lieux évoqués dans la pièce, en particulier le fleuve, sont représentés par des sons (les vagues, le ressac…) qui les font exister hors champs. Et puis je souhaitais intégrer de la musique à des moments précis. La musique produit du lyrisme, mais aussi agrandit l’espace, renforce la fiction si elle est bien utilisée, et crée du temps qui passe étrangement, le temps frictionnel. L’influence du cinéma est importante dans mon travail. J’utilise le son, la musique et toutes les possibilités qu’offre le mixage. Come Rain or Come Shine, le morceau de Ray Charles que l’on entend vers la fin de la pièce pendant la scène où Claire fait une déclaration d’amour à son frère Charles, est une trouvaille qu’a faite Marion Stoufflet, notre conseillère dramaturgique. Il se trouve que certains passages des répliques de Claire sont empruntés à cette chanson. L’idée est venue de l’entendre comme si elle venait d’un Ferry au loin quittant le port de nuit ; et comme si la pièce se déroulait le temps d’une escale de ce navire. Les touristes et voyageurs à bord figurent soudainement l’existence du monde extérieur au ghetto où la l’intrigue se joue, et dont on avait fini par oublier l’existence. Gregoris Rentis, qui a réalisé la partie vidéo du spectacle, est parti filmer un soir, sur une plage du Pyrée le départ d’un Ferry vers les îles… La lumière joue un rôle primordial. Quelle était votre approche ? Je travaille depuis plus de vingt ans avec Sébastien Michaud qui a créé les lumières de ce Quai ouest. Nous avons ensemble une grande complicité. La lumière est pour moi un élément fondamental dans mon approche du Théâtre. Elle sculpte l’espace, dessine les corps, crée du temps, de la matière, et constitue un élément rythmique essentiel à la composition d’une mise en scène. Comme pour le son, Koltès donne de nombreuses indications de lumière qui ne sont nullement décoratives mais font partie intégrante de l’écriture. Pour exemple, le rôle et la présence du soleil lié organiquement aux apparitions de Cécile, la mère de Charles ; le rôle de l’ombre et de l’obscurité qui produit le mystère, la crainte ou l’attirance. La pièce ne cesse de traiter du « passage » de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre… et Koltès écrit avec la lumière pour dire la vie, la mort, le sexe, la reconnaissance, la disparition… Avez-vous eu des difficultés à ajuster à travers le texte grec les signes linguistiques et paralinguistiques, c’est-à-dire les signes du jeu ? Ma première surprise fut de découvrir que la langue grecque est plus longue à exprimer une idée que le français. Cela m’a valu quelques soucis rythmiques au début du travail. À plusieurs reprises pendant les répétitions, pour moi en suivant dans la brochure le texte original une réplique était terminée… pourtant l’acteur continuait à parler. Mais, je me suis vite réglé sur ce nouveau ryrhme. L’autre question un peu difficile fut de ne pas pouvoir me rendre compte suffisamment de la manière dont le texte était traduit. Alexandros Vamvoukos qui connaît bien la langue française et m’a très bien assisté sur ce projet fut précieux. Nicos Radzopoulos qui interprète Maurice Koch a été également d’une grande aide pour ces questions parfois un peu délicates. Comment avez-vous travaillé avec des comédiens grecs ? La langue est-elle un obstacle ? Nous avons en fait beaucoup parlé en anglais durant les répétitions. Tous le parlent bien et certains acteurs maîtrisent un peu le français. Ce fut donc un joyeux mélange de langues et nous avons, je crois, réussi à bien nous comprendre. Ce qui est une expérience étrange c’est qu’après le travail de détail sur une scène pendant laquelle je garde sous les yeux le texte français, nous filons la scène en entier, je lâche alors mon livre, regarde et écoute une scène dans une langue que je ne comprends pas et pourtant je sais, en tout cas je crois savoir, je ressens, je vibre et comprends si la scène est juste, si les acteurs sont au bon endroit du jeu. En cela, sans verser dans la démagogie, je crois vraiment que le Théâtre est un langage universel. Une double écriture se déroule sur la scène, celle de l’écriture au sens stricte celle du texte, mais aussi une écriture scénique incarnée par les acteurs qui écrivent eux aussi, sur le plateau, avec leur corps, leur voix, leur rythme, leurs émotions. Et je profite de cet entretien pour dire le grand plaisir que j’ai eu à travailler avec tous ces acteurs formidables ! L’accueil du public grec est-il différent de l’accueil du public français ? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Comme en France, chaque soir de représentation est différent. Parfois les gens rient et réagissent beaucoup, d’autres soir moins… je ne vois pas de différence importante. Et puis vous savez, il y en France autant de public différents qu’il y a de villes, de régions, voire même de Théâtres. La même pièce suscitera des rires et des commentaires joyeux à Lille ou à Marseille, et sera accueillie dans un silence respectueux à Reims ou à Paris. Les tempéraments, les mentalités, les habitudes des spectateurs… tout compte. Pensez-vous que Koltès peut être classé parmi les auteurs classiques ? Non je ne pourrais pas dire ça. Même s’il est entré maintenant dans le répertoire du Théâtre français, il reste pour moi un auteur contemporain, dont le Théâtre pose encore aujourd’hui des questions brûlantes. Les années 80 furent un tournant. Le virage néo-libéral fut pris dans ces années là, c’est le début de la globalisation du monde, de la marchandisation à outrance, de la révolution technologique... nous sommes encore dans la résonance de cette époque. Koltès écrit, comprend et anticipe. Revue Theatrographies Photos : Patroklos Skafidas Les vrais ennemis le sont de nature, et ils se reconnaissent comme les bêtes se reconnaissent à l’odeur. Il n’y a pas de raison à ce que le chat hérisse le poil et crache devant un chien inconnu, ni à ce que le chien montre les dents et grogne. Si c’était de la haine, il faudrait qu’il y ait eu quelque chose avant, la trahison de l’un, la perfidie de l’autre, un sale coup quelque part ; mais il n’y a pas de passé commun entre les chiens et les chats, pas de sale coup, pas de souvenir, rien que du désert et du froid. On peut être irréconciliables sans qu’il y ait eu de brouille ; on peut tuer sans raison ; l’hostilité est déraisonnable. Le premier acte de l’hostilité, juste avant le coup, c’est la diplomatie, qui est le commerce du temps. Elle joue l’amour en l’absence d’amour, le désir par répulsion. Mais c’est comme une forêt en flammes traversée par une rivière : l’eau et le feu se lèchent, mais l’eau est condamnée à noyer le feu, et le feu forcé de volatiliser l’eau. L’échange des mots ne sert qu’à gagner du temps avant l’échange des coups, parce que personne n’aime recevoir des coups et tout le monde aime gagner du temps. Selon les raison, il est des espèces qui ne devraient jamais, dans la solitude, se trouver face à face. Mais notre territoire est trop petit, les hommes trop nombreux, les incompatibilités trop fréquentes, les heures et les lieux obscurs et déserts trop innombrables pour qu’il y ait encore de la place pour la raison. Bernard-Marie Koltès Prologue (1986) Le second jour, peu après l’aube, comme [le capitaine Delano] reposait sur sa couchette, son second vint l’informer qu’une voile étrangère entrait dans la baie. À cette époque, les navires n’étaient pas aussi nombreux qu’à présent dans ces eaux. Il se leva, s’habilla et monta sur le pont. C’était un matin particulier à cette côte. Tout était calme et muet ; tout était gris. La mer, bien qu’ondulée de longs arpents de houle, paraissait figée, et sa surface était lisse comme du plomb fondu refroidi et durci dans le moule du fondeur. Le ciel semblait un manteau gris. Des essaims gris d’oiseaux inquiets, folâtrant avec les essaims gris de vapeurs inquiètes auxquelles ils se mêlaient, effleuraient les eaux d’un vol bas et capricieux, comme les hirondelles rasent les prairies avant l’orage. Ombres présentes, présageant des ombres plus profondes à venir. À la surprise du capitaine Delano, l’étranger, observé à la lorgnette, n’arborait aucune couleur, bien que ce fût la coutume, parmi les paisibles marins de toutes nations, de pavoiser en entrant dans un port, quelque désert que fussent ses rivages et quand bien même un seul navire y mouillât. Herman Melville Benito Cereno (1855) « Nous », qui est-ce ? À un degré maximal d’amalgame, le mot « nous » représente l’humanité, mais « l’humanité » n’est pas un acteur, c’est une abstraction. Dans la réalité, il existe des sujets qui se comptent par milliards et qui, au sein de communautés de survie complexes, agissent en ayant des arrière-plans culturels, des atouts économiques et des ressources politiques on ne peut plus divers. Entre le président-directeur général d’une multinationale de l’énergie en quête de nouvelles sources de matières premières et une ouvrière agricole chinoise, il n’y a pas de « nous » socialement concrétisable ; ils vivent dans des univers sociaux complètement différents, qui ont des exigences dissemblables et surtout : des rationalités différentes. Et ce PDG partage-t-il un avenir, à la troisième personne du pluriel, avec ses propres petits-enfants ? Et avec les petits-enfants de l’ouvrière chinoise ? Évidemment non, pas plus qu’il n’habite la même réalité sociale d’un enfant réfugié du Darfour ou un moudjahidine d’Afghanistan ou une enfant prostituée de Tirana. Harald Welzer Les Guerres du climat (2009) Bernard-Marie Koltès - auteur Né le 9 avril 1948 à Metz. En 1969, il s’installe à Strasbourg, où il assiste à une représentation de Médée de Sénèque mise en scène par Jorge Lavelli avec Maria Casarès. Entre 1970 et 1973, il écrit et monte ses premières pièces : Les Amertumes (d’après Enfance de Maxim Gorki), La Marche (d’après Le Cantique des cantiques), Procès Ivre (d’après Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski), ainsi que L’Héritage et Récits morts. Parallèlement, il fonde sa troupe de théâtre, le Théâtre du Quai, et devient étudiant régisseur à l’école du Théâtre national de Strasbourg que dirige Hubert Gignoux. En 1976, il achève un roman, La Fuite à cheval très loin dans la ville, influencé par le réalisme magique des romans latino-américains. En 1977, Bruno Boëglin crée Sallinger à Lyon, et Koltès met lui-même en scène La Nuit juste avant les forêts au festival off d’Avignon avec Yves Ferry. En 1979, il rencontre Patrice Chéreau qui, à partir de 1983, créera au Théâtre Nanterre-Amandiers la plupart de ses textes. En 1981, la Comédie-Française lui commande une pièce qui deviendra Quai ouest, et le théâtre Almeida de Londres celle qui deviendra Dans la solitude des champs de coton. La Nuit juste avant les forêts est mise en scène par Jean-Luc Boutté avec Richard Fontana au Petit-Odéon. En 1983, Patrice Chéreau inaugure sa première saison au Théâtre Nanterre-Amandiers par la création de Combat de nègre et de chiens (avec Michel Piccoli et Philippe Léotard). Quai ouest suivra en 1986 (avec Maria Casarès, Jean-Marc Thibault, Jean-Paul Roussillon, Catherine Hiegel, Isaach de Bankolé...) et Dans la solitude des champs de coton en 1987 (avec Laurent Malet et Isaach de Bankolé). En 1984, il écrit pour Patrice Chéreau, Nickel Stuff, scénario inspiré par John Travolta. En 1988, après avoir traduit pour Luc Bondy Le Conte d’hiver de Shakespeare, il écrit Le Retour au désert, pièce aussitôt mise en scène par Patrice Chéreau au Théâtre du Rond-Point à Paris (avec Jacqueline Maillan et Michel Piccoli). En 1988, il écrit Roberto Zucco, diffusée sur France Culture (Nouveau répertoire dramatique de Lucien Attoun) et créée en 1990 par Peter Stein à la Schaubühne de Berlin. Lors de la création française par Bruno Boëglin, au TNP-Villeurbanne en 1991, une polémique naîtra, la pièce sera interdite à Chambéry. En 1989, au retour d’un dernier voyage en Amérique Latine, il rentre à Paris où, à 41 ans, il meurt du sida le 15 avril. L’ensemble de son œuvre est paru aux Éditions de Minuit, dernièrement : Des voix sourdes, Récits morts, Un rêve égaré en 2008, Lettres et Nickel Stuff en 2009. Ludovic Lagarde - metteur en scène C’est à la Comédie de Reims et au Théâtre Granit de Belfort qu’il réalise ses premières mises en scène. En 1993, il crée Sœurs et frères d’Olivier Cadiot. Depuis 1997, il a adapté et mis en scène plusieurs romans et textes de théâtre de l’auteur : Le Colonel des Zouaves (1997), Retour définitif et durable de l’être aimé (2002) et Fairy Queen (2004). En 2008, il a mis en scène les opéras Roméo et Juliette de Pascal Dusapin à l’Opéra-Comique et Massacre de Wolfgang Mitterer au théâtre São João de Porto ainsi qu’au festival Musica à Strasbourg. Depuis janvier 2009, Ludovic Lagarde dirige la Comédie de Reims, Centre dramatique national. Il y crée en mars 2010 Doctor Faustus Lights the Lights de Gertrude Stein en compagnie du musicien Rodolphe Burger. Au Festival d’Avignon 2010, il crée Un nid pour quoi faire et Un mage en été d’Olivier Cadiot. En janvier 2012, Ludovic Lagarde présente à la Comédie de Reims l’intégrale du théâtre de Georg Büchner – Woyzeck, La Mort de Danton, Léonce et Léna – repris au Théâtre de la Ville en janvier 2013. En mars 2013, il met en scène au Grand Théâtre du Luxembourg et à l’Opéra-Comique La Voix humaine d’après le livret de Jean Cocteau. Il crée Lear is in Town pour la 67ème édition du Festival d’Avignon, d’après Le Roi Lear de William Shakespeare, dans une traduction de Frédéric Boyer et Olivier Cadiot. En 2014, il met en scène Le Regard du nageur, écrit et interprété par Christèle Tual et crée L’Avare, présenté à la Comédie de Reims en octobre. Themis Bazaka - Cécile Née en 1957, Themis Bazaka a été formée à l’École Nationale de théâtre du Nord de la Grèce et a suivi les cours de l’Actor’s Studio de New York. Elle a joué dans six productions de La Mama Experimental Theatre Club, et a interprété des rôles dans de grands classiques tels que Les Troyennes d’Euripide, Don Juan de Molière, Ivanov et Les Trois Sœurs de Tchekhov, ou encore Emilia Galotti de Gotthold Ephraim Lessing. Elle présente régulièrement des performances et des installations dans des foires d’art contemporain. Elle a joué dans plus de trente films et vingt téléfilms, avec des personnalités comme Anthony Hopkins ou Charlotte Rumbling, et a été primée lors de festivals internationaux, notamment pour son rôle dans Les Années de pierre réalisé par Pantelie Voulagris (prix d’interprétation féminine au Festival de Cinéma de Venise en 1985 et au Festival International du film de Cine Jove de Valence en 1986). Nikos Hadzopoulos - Maurice Koch Nikos Hadzopoulos est diplômé de l’École Supérieure d’Architecture et de la “Veaki” Drama School. Depuis 1984, il a joué dans des pièces d’un répertoire allant du théâtre classique au contemporain, pour plusieurs théâtres régionaux et municipaux, pour des compagnies subventionnées à Athènes et pour le Théâtre National Grec. Il a interprété des textes d’Euripide, Aristophane, Shakespeare, Marlowe, Molière, Ibsen, Tchekhov ou encore Tony Kushner. Depuis 2002 il est aussi metteur en scène. Il a mis en scène, entre autres, Le Roi John et La Tempête de Shakespeare, L’Heureux Stratagème de Marivaux, Cabale et Amour de Schiller, Amphitryon de Kleist, La Danse de mort de Strindberg, La Poudre aux yeux de Labiche, Le Diable fait femme de Schönherr, Et Nietzsche a pleuré, adpaté du roman de Irvin Yalom. Il a aussi traduit en grec des pièces classiques, notamment Shakespeare, Calderon et Marivaux. Ces dix dernières années, il a également dispensé des cours dans diverses écoles de théâtre, y compris à l’école dramatique du Théâtre National Grec. Anastasia Konidi - Claire Née en 1991 à Athènes, Anastasia Konidi a fait des études de droit à l’Université d’Athènes. Elle s’est ensuite dirigée vers le théâtre et a obtenu en 2013 le diplôme de l’École Nationale d’Art Dramatique de Grèce. Elle est membre depuis 2009 de la compagnie de théâtre amateur « Vice Versa », qui réunit des acteurs de douze nationalités différentes. Entre 2009 et 2012, elle a joué dans la pièce Pentecost de David Edgar, mis en scène par Aggeliki Girginoudi, dans le court-métrage Casus Belli de George Zoes, dans le clip Judas Tragedy réalisé par Christos Chouliaras pour le groupe de musique Yianneis, et dans le film Enemy de George Tsemperopoulos. Pendant l’été 2012, elle a assisté au séminaire de Matthias Langhoff et Michel Deutch à Delphes, sur « la guerre sur scène ». Yiorgos Kotanidis - Rodolphe Né en 1945, Yiorgos Kotanidis débute sa carrière en tant que danseur. Diplômé de l’École Nationale d’Art Dramatique de Grèce, il a dansé dans les années 1970 dans plusieurs spectacles du chorégraphe Zouzou Nikoloudis. À la même époque, il a participé à la fondation de l’ « Elefthero Theatro » (théâtre gratuit) qui a eu un succès retentissant en Grèce. Il s’est ensuite investi dans des mises en scène contemporaines à partir de grands classiques comme Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, Don Quichotte de Cervantes, ou encore Iphigénie à Aulis d’Euripide. Il a également joué dans des pièces plus contemporaines telles qu’Antigone de Brecht et Le deuil sied à Électre d’Eugene O’Neill. En 2004, il crée la compagnie Salimbanghi. Outre son activité théâtrale, il écrit des nouvelles et scénarios pour le cinéma et la télévision. Il a joué dans de nombreux films grecs et internationaux (sous la direction de Paul Annet, Mark Griffiths et John Madden, entre autres). Dimitris Lalos - Charles Dimitris Lalos est un acteur de théâtre et de cinéma. Membre du Studio NAMA à Athènes, il a interprété le rôle principal dans cinq courts-métrages, dont West of Eden de Zafeiris Haitidis (2009), pour lequel il a reçu le prix du meilleur acteur au Festival International du Film de Patras. Il a joué dans six autres films, et dans onze pièces de théâtre à l’Epi Colono Theater et au Dipilon Theater, dont Never Swim Alone de Daniel Macivor, Penetrator d’Anthony Neilson, Rottweiler de Guillermo Heras et La Chunga de Mario Vargas Llosa mis en scène par Eleni Skoti. En 2012, il a été primé en tant que meilleur acteur aux Dimitris Horn Awards pour son rôle dans La Chunga. Maria Nafpliotou - Monique Pons Née à Athènes en 1969, Maria Nafpliotou entame sa carrière de danseuse en 1987. Elle apparaît pour la première fois sur le grand écran en 1992, puis se forme à l’art dramatique à l’École de Théâtre Moderne d’Athènes de Georges Kimoulis (1996-1998). À la fin des années 1990, elle a joué de nombreux rôles à la télévision qui lui ont valu un succès public et critique. Elle fait ses premiers pas au théâtre dans la pièce de Tennessee Williams Suddenly, Last Summer, mise en scène par Korais Damatis au Théâtre National Grec en 1999. Rattachée au Groupe de Théâtre Expérimental du Théâtre National de Grèce, elle a depuis régulièrement interprété des rôles principaux dans des tragédies grecques (Euripide, Eschyle) et dans un répertoire international (Dostoïevski, Shakespeare, Molière, Ibsen). Dernièrement, elle a tenu les rôles de Calypso, Circé et Pénélope dans la mise en scène de Robert Wilson de L’Odyssée. Yannis Niarros - Fak À 22 ans, le comédien Yannis Niarros a joué dans deux films (The Munchies de Romanos Argyropoulos en 2012 et Ô mon ennemie de George Tseberepoulos en 2013) et dans trois pièces de théâtre, dont Ploutos d’Aristophane et Pentecost de David Edgar, deux mises en scène de Aggeliki Girginoudi, et dans Penthésilée de Kleist, mis en scène par Akilla Karazisis. Il s’est formé au théâtre à l’École Nationale d’Art Dramatique de Grèce, a suivi les séminaires de la New York Film Academy accueillis par la Fémis à Paris, et a assisté pendant l’été 2012 au séminaire de Matthias Langhoff et Michel Deutch à Delphes sur « La guerre sur scène ». En plus de son expérience d’acteur, il cultive ses talents de musicien, de clown et de magicien. LA COMÉDIE DE REIMS CRÉATIONS 2014-2015 L’AVARE texte Molière mise en scène Ludovic Lagarde du mercredi 8 au vendredi 17 octobre 2014 QUAI OUEST texte Bernard-Marie Koltès mise en scène Ludovic Lagarde du jeudi 6 au vendredi 14 novembre 2014 spectacle crée à l’invitation du Théâtre National d’Athènes, avec des acteurs grecs - spectacle surtitré en français EN MÊME TEMPS texte Evguéni Grichkovets mise en scène Chloé Brugnon du mardi 18 samedi 29 novembre 2014 LA FONCTION DE L’ORGASME une idée de Constance Larrieu mise en scène Didier Girauldon et Constance Larrieu du mardi 13 au vendredi 23 janvier 2015 LA BARAQUE texte Aiat Fayez mise en scène Ludovic Lagarde vendredi 6, samedi 7, mardi 10, mercredi 11 et jeudi 12 février 2015 dans le cadre de Reims Scènes d’Europe DO YOU STILL LOVE ME? conception, chorégraphie et mise en scène Sanja Mitrovic jeudi 19 et vendredi 20 février 2015 dans le cadre de Reims Scènes d’Europe LA FOLLE JOURNÉE OU LE MARIAGE DE FIGARO texte Beaumarchais mise en scène Rémy Barché du jeudi 19 au samedi 28 mars 2015