Mesdames et Messieurs de la Préfecture, du Conseil Général, de la DDCSPP, de la DRJSCS, de
l'ORS
Mesdames et Messieurs,
« Quelles sont les possibilités d'activité réflexive, de dialogue, avec soi et avec les autres, quand on
est débordé par les émotions, c'est à dire par la perturbation de la chimie de nos neuro-transmetteurs
cérébraux, comme on peut l'être sous l'emprise des effets psychotropes de produits toxiques tels que
l'alcool ou les drogues diverses ?
Qui parle alors ? Qui agit dans ces conditions ? Où est passé le sujet humain, c'est à dire capable de
contrôle, de discernement et de choix ? Être débordé par ses émotions ne veut pas dire que ce sujet
ait totalement disparu, mais qu'il assiste impuissant à la prise de pouvoir par un inconnu. Est-ce
cela la folie ?
La folie n'est pas une essence en soi, pas plus qu'une structure, mais plus prosaïquement une
maladie. Une maladie biologique, c'est à dire somatique, mais très particulière, en ce qui concerne
l'expression des émotions et le traitement par le cerveau de ces émotions. De ce fait, elle met à
l'épreuve la relation du sujet avec lui-même et avec le monde qui l'entoure. Elle altère ce qui fait la
spécificité de l'homme, ce qu'on appelle son psychisme, c'est à dire cette capacité réflexive qui
conditionne la représentation qu'il a de lui-même et qu'il pense que les autres ont de lui.
Cependant, sauf cas extrême, cela ne marche pas en tout ou rien. Une part de conscience réflexive
demeure le plus souvent, tapie au fond de soi, qui sait bien que tout ceci n'est peut-être pas aussi
vrai, que quelque chose déborde qui est soi et qui n'est pas soi.
La maladie psychique est une contrainte appauvrissante par les limites qu'elle impose, d'autant plus
triste et inacceptable qu'elle concerne toujours un sujet particulièrement riche par sa sensibilité et le
plus souvent par son intelligence.
Le sujet ne choisit pas sa maladie. Il peut, si cela lui est possible, se donner les outils nécessaires
pour ne plus en subir les contraintes. Mais, pour pouvoir choisir, encore faut-il qu'un minimum de
confiance en soi et dans les autres soit retrouvé. »
Nous, UNAFAM, parents et amis ayant un proche souffrant de maladie et/ou de handicap
psychique, nous vérifions chaque jour dans leur humanité abîmée ,la vérité de ces propos du
Professeur Philippe Jeammet que je viens de vous citer.
La question de la connaissance de la maladie psychique, du parcours de soins et de
l' accompagnement du malade jusqu'à son inclusion dans la société est alors posée avec une acuité
particulièrement vive dans le contexte actuel.
En effet, en 2020, l'OMS estime qu'une personne sur quatre connaîtra la maladie psychique dans sa
vie et que le handicap psychique sera devenu la première cause de handicap.
Une enquête faite par IPSOS en avril 2014 pour la fondation FondaMental révèle que 58% des
français se disent concernés de près ou de loin par la maladie psychique et que 84% d'entre eux
expriment largement manquer de repères face à ces maladies, d'informations au sujet de leur
prévention, au sujet des conduites à tenir en cas de troubles suspects, et au sujet de la prise en
Les Actes du colloque UNAFAM 16 5/30