soignants. Pas nécessairement pour la déli-
vrer eux-mêmes, car, pour redonner force,
l’expérience d’autres familles plus aguer-
ries a son prix, mais pour y veiller, pour la
faciliter matériellement et y contribuer
aussi ; en bref, pour l’organiser en parte-
nariat avec les familles. Cela nous semble
préparer la sortie bien plus utilement que
le mythique “projet de sortie” qu’on fait
souvent semblant d’attendre d’un malade
désemparé en attendant que soit écoulée
sa “durée moyenne de séjour”.
Il est indispensable dans cet apport d’in-
formations de redonner confiance à la
famille, de la positiver, de soutenir son
moral ; il y faut beaucoup de pédagogie.
La première forme d’entraînement à vivre
avec un psychotique est celle qui est dis-
pensée dans les permanences de l’UNA-
FAM par ses membres. À la fois par l’ex-
périence unique qu’ils ont des familles et
par leur observation complémentaire des
malades au quotidien, par la distance
qu’ils ont acquise avec le coup dur, ils dif-
fusent une information globale avec beau-
coup de pédagogie et de chaleur humaine,
tout en aidant concrètement les familles et
en essayant d’apporter des solutions au
jour le jour.
Mais aux côtés du pédagogue, il faut aussi
un technicien. L’expérience des “groupes
de parole”, groupes d’une dizaine de
familles animés par un professionnel, psy-
chiatre ou psychologue, s’est répandue
avec succès dans les sections de l’UNA-
FAM. Dans ces groupes, l’information est
transmise de famille à famille dans un cli-
mat de franche solidarité, sans complai-
sance ni vaines lamentations, et mise en
perspective par l’animateur soignant.
Récemment sont apparues plusieurs
méthodes d’entraînement (Profamille,
PACT…) ; elles reprennent l’idée de péda-
gogie de groupe, mais sous une forme plus
structurée, en une dizaine de sessions ani-
mées par un modérateur soignant ou non,
avec ou sans l’UNAFAM, avec ou sans
l’aide de spécialistes de la formation
d’adultes. Enfin, il existe également une
méthode venue d’Australie, la méthode de
Ken Alexander, récemment traduite en
français par notre association. Celle-ci est
issue, cette fois, de l’expérience même du
vécu des familles (Ken Alexander est lui-
même père de schizophrène), de ce qui
s’est révélé être utile pour survivre, amé-
liorer la vie de la famille et donc celle du
patient lui-même.
Améliorer la qualité de vie
des malades et de leur famille
Il est clair que les actions de soutien qui
précèdent sont essentielles pour prévenir
les rechutes et favoriser le progrès vers
l’autonomie des patients. Mais d’autres
besoins existent en termes de structures
médicosociales et de lieux de vie.
D’une part, nous manquons cruellement
de lieux de postcure en France. L’UNA-
FAM, qui a créé dans le passé un certain
nombre d’établissements de réinsertion
sociale, se donne pour objectif de favori-
ser (déclencher), partout où c’est possible,
la création de ces structures médico-
sociales en collaboration avec les équipes
de soignants, mais en reconnaissant
qu’elle n’a ni les moyens ni les compé-
tences pour les gérer.
D’autre part, puisque nos malades ne sont
pas guéris, au moins doit-on soulager leur
vie au quotidien, un quotidien qui dure très
longtemps. Comment ? Accompagner –
aller de compagnie – est la clé. Très peu
de schizophrènes peuvent “aller” tout
seuls. Il faut des structures qui ne soient
pas seulement transitoires, pour une
période de réinsertion ou de réhabilitation,
comme si on pouvait un jour être “réhabi-
lité” sans être guéri ; mais aussi des struc-
tures où l’on réside et où l’on est accom-
pagné, aidé tant que l’on n’est pas guéri,
tant que dure la vie. Des structures
diverses, aussi diverses que nous, aussi
dignes que le mérite la personne humaine,
mais pas nécessairement hors de prix. Ce
sont les services d’accompagnement à la
vie sociale (en collaboration avec des asso-
ciations de visiteurs à domicile, déjà en
place pour certains malades ou pour les
personnes âgées), et les lieux de vie ou
résidences accompagnées, du type rési-
dence-services comme pour les personnes
âgées (presque inexistantes…). Là encore,
l’UNAFAM souhaite impulser et initier
ces projets avec les équipes soignantes.
Défendre les droits des patients
et de leur famille auprès
des pouvoirs publics
L’UNAFAM participe aux instances
consultatives nationales élaborant la poli-
tique de Santé mentale et la protection des
“handicapés psychiques”. Au contraire
des handicaps physique (déficience phy-
sique) et mental (déficience intellectuelle),
qui ont une existence réglementaire depuis
longtemps et correspondent à des procé-
dures légales d’aide, le handicap psy-
chique (déficience comportementale) n’a
encore aucun statut administratif dans
notre pays, alors même que les mesures
d’accompagnement qu’il nécessite lui sont
spécifiques. Il est donc indispensable en
premier lieu d’obtenir la reconnaissance
de ce type particulier de handicap, et les
moyens nécessaires à son accompagne-
ment (même si ce statut de handicapé ne
doit pas masquer le fait que nos patients,
plus ou moins “réinsérés”, ne sont pas gué-
ris et que, n’étant pas guéris, ils sont donc
toujours malades !).
C’est pourquoi l’UNAFAM, qui approuve
l’évolution actuelle de la psychiatrie, favo-
risant le plus possible la vie du patient dans
la cité, a demandé au gouvernement et
obtenu, dans une démarche commune avec
les organisations de psychiatres et de
patients psychiatriques, qu’un rapport par-
lementaire sur le handicap psychique, sa
nature, son étendue et l’accompagnement
qu’il nécessite soit établi.
335
sionnelle
Vie professionnelle