l’odontologiste manie peu les outils pharmacologiques.Par ailleurs,en
chirurgie dentaire et maxillaire,il assure la plupart du temps le geste
anesthésique (compris dans l’acte chirurgical sans cotation spécifique).
D’un autre côté,il sera amené à envisager une pratique plus orthopé-
dique et réadaptative à visée fonctionnelle à l’égard des troubles
musculo-squelettiques douloureux.Celle-ci est plus rassurante sur le
plan émotionnel et cognitif.Néanmoins,peu de praticiens sont formés
et pratiquent de telles approches.Quant aux prises en charge des
douleurs chroniques,elles sont très mal connues et génèrent souvent
des thérapeutiques inadaptées et iatrogènes(3).
Les thérapeutiques chirurgicales sont essentiellement pratiquées à l’état
vigile,dans une proximité corporelle qui caractérise la relation des
protagonistes.L’exercice au fauteuil se situe dans la zone de la commu-
nication intime telle que la définit Hall(4),propre à l’activation des
circuits émotionnels qui peuvent engendrer pour le patient un vécu
manipulatoire des actes thérapeutiques.
Deux enquêtes,commanditées par l’Association Dentaire Française
(SOFRES,BVA),consacrées aux résistances des Français à l’égard des
soins dentaires,révèlent que l’une des principales barrières à l’accès
aux soins est liée à la peur de la douleur,et secondairement au manque
de disponibilité du praticien.Douleur,peur et perception d’une prise en
charge insuffisante apparaissent donc actuellement comme des facteurs
prépondérants de la mauvaise santé bucco-dentaire.En psychologie
expérimentale,on sait que des facteurs comme l’attention sélective,le
stress,l’anticipation d’une douleur connue peuvent avoir des consé-
quences sur les seuils de perception de la douleur(5).En chirurgie
dentaire,les phénomènes de sensibilisation,de mémorisation et les anti-
cipations du vécu douloureux pourraient constituer des facteurs d’exa-
cerbation de celui-ci.
La douleur et une expérience antérieure négative sont fortement corré-
lées avec l’angoisse des soins dentaires(6,7, 8, 9). L’anxiété liée au soin est
également associée à des procédures spécifiques comme le fraisage,l’in-
jection locale ou loco-régionale d’anesthésique ou la simple installation
sur le fauteuil dentaire(10,11,12).Cependant les états algiques ne sont pas
les seuls à pouvoir générer un trouble anxieux.Les procédures de soins
telles que les vibrations,les bruits,les goûts et les odeurs constituent
des activations sensorielles susceptibles de générer exactement les
mêmes réactions,physiologiques,comportementales et cognitives que
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EN ODONTOLOGIE-STOMATOLOGIE