BEH 23-24 / 14 juin 2011 281
embryonnaire [6]. Cette mesure, qui était basée sur
l’hypothèse que les dépenses engagées pour le
remboursement seraient largement compensées
par les économies induites par la diminution des
naissances multiples, a été relativement efficace
(tableau 4). Plusieurs études ont évalué les
conséquences financières de stratégies de transferts
embryonnaires en appréciant aussi les soins procurés
à plus ou moins long terme aux enfants en cas de
grossesses multiples ou non. Elles confirment en
général que le meilleur rapport coût/efficacité est
obtenu en pratiquant un e-SET suivi de transferts
d’embryons congelés chez les femmes de bon
pronostic [20]. Récemment, une étude finlandaise a
comparé de manière rétrospective les conséquences
financières de politiques de transferts électifs d’un
embryon unique ou de deux embryons. Cette étude
a trouvé que l’e-SET entraînait une économie de
19 889 euros par naissance vivante à terme, et que
si l’analyse incluait le coût des soins pédiatriques et
maternels de la période néonatale, l’économie
s’élevait à 36 889 euros [21]. À partir des résultats
acquis dans une unité de soins intensifs à Montréal,
il a été estimé que l’application d’une politique
d’e-SET à l’ensemble du Canada éviterait 729 admis-
sions en soins intensifs, 35 220 journées d’hospita-
lisation et 30 décès d’enfants, et permettrait d’éco-
nomiser 40 millions de dollars chaque année [7].
Enfin, la stratégie à adopter pour le transfert des
embryons après FIV/ICSI ne peut ignorer l’attitude
des médecins et des patients. Si un nombre croissant
de praticiens pensent qu’il est souhaitable de réduire
les taux de grossesses multiples consécutifs à l’AMP,
d’autres pensent qu’il faut encourager les grossesses
gémellaires pour satisfaire le plus rapidement
possible le désir de femmes de plus en plus âgées
et infertiles d’avoir plusieurs enfants [22]. Les
couples infertiles sont d’ailleurs plus enclins à
accepter les risques des grossesses multiples que les
couples fertiles [23]. Cependant, ils ne sont pas
toujours bien informés des risques et leur attitude,
qui est très influencée par celle des équipes médi-
cales, peut évoluer rapidement [24].
Conclusion
Il existe maintenant de nombreux arguments
démontrant que le taux de grossesses multiples et
leurs inconvénients pour la femme et pour l’enfant
peuvent être réduits après FIV/ICSI. La prise en
compte attentive des situations cliniques des
femmes et des caractéristiques morphologiques et
évolutives des embryons, associée à des techniques
efficaces de congélation embryonnaire, permet
d’obtenir des taux très élevés de naissances après
transfert d’un seul embryon. Le transfert d’un
embryon unique après FIV/ICSI tend à devenir la
norme, au moins chez les femmes les plus jeunes
et les plus fertiles.
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Tableau 4
Activité de fécondation
in vitro
(FIV) et d’ICSIa dans 6 pays européens en 2006 et nombre
d’embryons non congelés transférés. D’après [3] /
Table 4 In vitro fertilization (IVF) and ICSIa activity
in 6 European countries in 2006 and number of non frozen transferred embryos. From [3]
Belgique Finlande France Italie Royaume-
Uni Suède
Nombre de centres 18 18 102 202 70 14
Nombre de cycles de traitement b 15 547 4 655 50 776 32 821 31 668 9 496
Taux de transferts d’un embryon 49,2% 54,7% 20,0% 18,7% 11,6% 69,3%
Taux de transferts de ≥3 embryons 8,8% 0,3% 16,7% 50,9% 4,8% 0
Taux d’accouchements 18,5% 21,2% 19,7% 12,6% 26,1% 24,6%
Taux d’accouchements >1 enfant 13,4% 12,0% 20,6% 23,8% 23,8% 5,8%
FIV
Nombre de cycles de traitement b 3 619 2 770 20 409 7 429 15 530 4 917
% cycles pour des femmes <35 ans ND c 54,8% 52,6% 36,7% 39,4% 46,8%
% cycles pour des femmes ≥40 ans ND 12,6% 14,4% 23,6% 17,6% 12,7%
ICSI
Nombre de cycles de traitement b 15 547 1 885 30 367 25 392 16 138 4 579
% cycles pour des femmes <35 ans ND 58,2% 59,8% 38,2% 45,7% 55,0%
% cycles pour des femmes ≥40 ans ND 9,5% 10,9% 23,9% 14,6% 8,8%
a
Intra Cytoplasmic Sperm Injection.
b Les cycles de traitement correspondent à des cycles avec prélèvement d’ovocyte.
c Non déterminé.