observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen cahier n ° 4 Direction Régionale de l’Équipement Provence-Alpes-Cote d’Azur Direction Régionnale de l’Équipement Languedoc-Roussillon Plan Urbanisme, Construction, Architecture Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction ministère de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement ministère des Transports de l’Équipement du Tourisme et de la Mer Conception graphique : Alain Bitoune / Impression : DAJIL/PLM2 Ministère des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la Mer Coordination : DRE PACA - Jean-Claude Jager / DGUHC-PUCA - Roland Gomez territoires méditerranéens Activités productives et développement économique des métropoles Pierre-Yves Léo Jean Philippe Avec la collaboration de Céline Menteur Centre d’Économie Régionale, de l’Emploi et des Firmes Internationales Université de Droit, d’Économie et des Sciences d’Aix-Marseille III novembre 2005 ministère des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la Mer Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction Plan Urbanisme, Construction, Architecture Direction Régionale de l’Équipement Provence-Alpes-Cote d’Azur Direction Régionnale de l’Équipement Languedoc-Roussillon Activités productives et développement économique des métropoles Réalisation d’un état des lieux critique et prospectif des connaissances sur les questionnements liés à la métropolisation Cahier des charges relatif à l’exécution des recherches finalisées pour la mise en place d’un « observatoire transnational de la métropolisation » Sommaire Avertissement 5 Synthèse 9 Écrits référents, fiches de lecture 15 Écrits signalés, résumés 53 Bibliographie complémentaire 63 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Avertissement Cette recherche contribue à la mise en place de l’Observatoire des Territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen initié par les Directions Régionales de l’Équipement Provence-AlpesCote d’Azur et Languedoc-Roussillon avec le soutien de la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction - Plan Urbanisme, Construction, Architecture. Elle s’inscrit dans un programme de définition de recherches sur la métropolisation qui a mobilisé 11 équipes de recherche de 7 laboratoires (Universités, CNRS, École d’architecture et INRETS) de l’espace méditérranéen. Les buts recherchés : Réaliser un état des connaissances au regard des principaux enjeux auxquels la puissance publique est confrontée face au processus de métropolisation ; Rendre mobilisable ces connaissances ; Établir des propositions d’axes de recherches finalisées susceptibles de répondre aux questions qui restent en suspend ou qu’il apparaît nécessaire d’approfondir. Les modalités de réalisation Le repérage documentaire : Dépouillement par des groupes d’étudiant(e)s de troisième cycle de revues, de livres et de rapports sur le sujet. L’année 1990 sera retenue comme année de départ du dépouillement systématique des articles. Cependant quelques articles, rapports et livres antérieurs mais toujours significatifs du développement actuel des métropoles seront inclus dans le corpus analysé. Le champ territorial du repérage documentaire Le repérage portera sur : Les productions à caractère général ; Les productions propres ou relatifs aux territoires de l’espace méditerranéen latin, permettant d’établir des comparaisons sur les réalités métropolitaines de chacun de ces territoires et les modes d’intervention de la puissance publique ; Une attention particulière sera portée aux productions qui touchent les régions Provence-AlpeCôte d’Azur et Lancedoc-Roussillon. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen La sélection documentaire : La sélection se fera sur la base d’un classement des productions suivant quatre niveaux d’intérêt au regard de l’enjeu traité et de ses déclinaisons : Niveau d’intérêt traitement nb moyen Intérêt réduit la trace n’en est pas gardée entre 150 et 250 Intérêt particulier 1 étoile le document est référencé pour être intégré dans le dossier bibliographique qui sera annexé à la synthèse générale entre 50 et 80 Intérêt notoire 2 étoiles une fiche de synthèse est réalisée pour assurer une valorisation du document, de la recherche entre 20 et 30 Référent3 étoiles en plus du référencement et de la synthése, les extraits les plus significatifs de l’ouvrage sont signalés pour mise à disposition entre 8 et 10 Mise en place d’un comité de coordination et de suivi scientifique Une des missions de ce comité a été d’animer le collectif de chercheurs et d’établir une synthèse de l’ensemble de leurs travaux et de formuler les axes prioritaires d’investiguation du point de vue de la Recherche. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Activités productives et développement des métropoles Pierre-Yves LEO Economiste - Ingénieur de recherche GREFI Groupe de recherche sur l’entreprise, la finance et l’International Université de Droit, d’Economie et des Sciences, Aix-Marseille III Jean PHILIPPE Economiste - Professeur des Universités GREFI Avec la collaboration de Céline Menteur, Doctorante GREFI Synthèse Activités productives et développement des métropoles Synthèse sur l’état des connaissances janvier 2004 L’économie des métropoles est marquée par le développement des activités de services. Elles affectent de manière croissante notre vie quotidienne. Leur poids s’est considérablement accru dans la population active mais aussi dans le Produit national brut des pays développés. Elles offrent des prestations de plus en plus variées aux ménages comme aux entreprises. Des services que nous nous rendions auparavant à nousmêmes ou qui n’existaient pas il y a quelques années peuvent être, aujourd’hui, obtenus sur le marché. De nouvelles entreprises apparaissent pour répondre à cette demande tandis que l’État et les collectivités locales interviennent, sous de multiples formes, pour dispenser de nombreux services sociaux. Cette croissance tertiaire a été et demeure simultanément exaltée et condamnée. Pour certains analystes, elle marque l’émergence de la société d’affluence dans les économies développées, dans laquelle le plus grand nombre accède aux services nouveaux et anciens, tandis que les plus démunis, sans profiter du même standard de vie, bénéficient malgré tout du filet protecteur des services collectifs. D’autres auteurs avancent que la tertiarisation se développe dans un contexte de mondialisation des économies et de désindustrialisation des pays occidentaux : elle a des conséquences ambiguës, voire négatives, sur la productivité et la déqualification de la force de travail. La diversité des activités de service et les relations complexes qu’elles entretiennent avec le système économique et social nourrissent ces oppositions que nous retrouvons dans les analyses urbaines. D’un côté, le secteur tertiaire est porteur de dynamisme pour les villes. Principale source d’emplois, il est facteur de bien-être social et de création de revenu. Il contribue aussi au maillage du tissu économique et social et renforce la solidarité des acteurs économiques urbains. D’un autre côté, il pose un certain nombre de problèmes pour le développement des villes. Ses besoins accrus en main-d’œuvre qualifiée excluent, de fait, du marché du travail toute une partie de la population active, la moins qualifiée. L’organisation spatiale interne des villes est le reflet de ces changements. Les activités tertiaires sont très mobiles et ne s’implantent plus uniquement dans des localisations centrales. La prééminence des centres-villes est ainsi remise en cause et il ne se dégage plus de schémas clairs d’aménagement urbain : des centralités périphériques se développent de manière quasi spontanée parce qu’elles concentrent les facteurs de localisation recherchés par les entreprises. Les villes doivent donc gérer de nouvelles demandes d’infrastructures sans être parvenues, pour la plupart, à résoudre la question des friches industrielles. Plusieurs constats peuvent être établis à la lecture des travaux menés sur la situation et l’évolution récente des métropoles urbaines. La croissance rapide des activités de services remet en cause les classifications simplifiées qui considèrent les industries comme motrices et les services comme induits. Il en va de même pour la vision de la ville qui reproduit dans l’espace une certaine hiérarchie sociale plaçant en son centre les activités nobles liées au pouvoir décisionnel. Deux grands domaines sont donc concernés : d’une part, on voit mieux quels mécanismes économiques sont à l’œuvre dans les métropoles en croissance et quelles activités sont concernées. D’autre part, on observe où se localisent ces activités dans l’espace urbain et l’évolution des rapports entre centres et périphéries de banlieue Mécanismes de la croissance métropolitaine La question des secteurs moteurs et des mécanismes de la croissance parcourt l’économie urbaine et régionale depuis ses origines. Elle se trouve posée dans de nouveaux termes à l’ère de la tertiarisation. La lecture traditionnelle du cadre d’analyse offert par la théorie de la base économique des villes plaçait la source des impulsions de croissance dans le secteur industriel. Tel quel, ce modèle a largement perdu sa Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen portée explicative générale mais il apparaît difficile de proposer d’autres mécanismes. L’observation empirique montre que les activités ne se développent pas à la même vitesse et que ces différences de croissance sont à l’origine des changements dans la hiérarchie des villes, avantageant les villes bien pourvues en activités dynamiques. 11 Que ce soit en Scandinavie, en Amérique du Nord ou en France, la croissance du secteur tertiaire a été générale. Le taux de tertiarisation des emplois atteint et dépasse même pour les États Unis 70 % de la population active. Cette croissance marque cependant le pas dans les pays les plus tertiarisés, comme les États Unis, à la fin des années 1990. Pour les villes, ce mouvement a une conséquence immédiate : les villes tertiaires ont été portées par cette croissance globale et se différencient nettement des villes industrielles par leurs performances en termes d’emplois. Les analyses typologiques conduites en France et en Scandinavie confirment les résultats, déjà anciens, de NOYELLE et STANBACK (1984) et ceux, plus récents, de BEYERS (1989) sur la situation des États Unis et de COFFEY (1996) sur le Canada. Parmi toutes les catégories de villes, celles qui disposent d’activités de services diversifiées connaissent les plus fortes croissances de l’emploi. Les villes de villégiature bénéficient aussi d’un fort dynamisme grâce aux emplois dans les services aux consommateurs, alimentés par les revenus de transfert. Les centres de services spécialisés ont des performances plus contrastées selon la nature de leurs spécialisations alors que l’emploi dans les villes industrielles régresse. Les trajectoires des villes industrielles sont hétérogènes. En France, certaines villes maintiennent leur potentiel industriel pendant que d’autres paraissent se reconvertir dans des services spécialisés : c’est le cas de Lille, Hagondange et Annecy. Toulon évolue vers une structure marquée par l’importance des services de consommation, caractéristique des villes de villégiature ; enfin, Lens et Besançon voient leur spécificité industrielle s’éroder sans que l’hémorragie des emplois ouvriers soit compensée par le développement des emplois tertiaires. Aux États Unis, Chicago, Los Angeles, Detroit et Philadelphie se caractérisent par des déclins absolus de l’emploi manufacturier et une reconversion rapide dans les services à la production. Hétérogénéité de la croissance des branches d’activités Toutes les branches d’activité du secteur tertiaire ne croissent pas au même rythme. Les services aux entreprises, les services sociaux et collectifs et les services de santé ont crû très rapidement dans tous les pays analysés. A cette liste, s’ajoutent, en France, la recherche et l’immobilier. En revanche, les commerces de gros, les transports et les communications (ainsi que les services de distribution d’eau, de gaz et d’électricité, pour les États Unis), ont connu dans tous les pays de forts gains de productivité et une croissance des emplois faible sinon nulle. Ces différences de dynamisme des secteurs tertiaires placent les villes devant le problème du choix des activités tertiaires à attirer. On peut concevoir que chacun des grands secteurs de services doive être proportionné à la taille des villes, aux infrastructures de télécommunication et de transport existantes, aux besoins collectifs à satisfaire. Mais, au-delà de cette structure minimale, se pose la question de la création d’un réel avantage comparatif urbain à partir d’activités sélectionnées pour leur impact économique positif et leur représentativité. L’énumération des secteurs tertiaires montre que ces activités cibles ne peuvent être choisies que dans le secteur des services aux entreprises : le secteur de la distribution, principale source d’emplois dans les activités tertiaires, dépend largement de la demande de la population résidente ; le secteur des services publics dépend du statut des villes et de décisions politiques fixant le siège d’une 12 administration nationale ou locale ; le secteur des activités collectives et sociales est lié aux besoins perçus par les pouvoirs publics mais demeure vulnérable aux décisions des administrations. Le développement du secteur des services aux entreprises est certes influencé par le marché local ou régional mais ces secteurs sont capables de rayonner beaucoup plus loin et de prendre des parts de marché jusque dans des pays étrangers. Les villes peuvent favoriser la localisation de ces activités en offrant des infrastructures humaines (formation) et matérielles (transports et télécommunications), voire immatérielles (image) de qualité. Un autre enseignement à retenir de ces travaux est l’importance de la diversification sectorielle pour assurer la croissance des emplois urbains. Les métropoles dont le tertiaire est le plus diversifié connaissent les plus forts développements. Ceci tend à montrer que le maillage des secteurs est plus important que la seule recherche des activités connaissant les plus fortes croissances. Dans l’échantillon des métropoles étudiées, les villes mondiales offrent une diversification fonctionnelle et sectorielle complète, mais la plupart des grandes villes n’ont développé que certaines de ces activités, spécialisations très inégales en qualité comme en portée économique. Une recherche active et sélective d’activités a donc sa place dans ces villes. La tertiarisation n’implique pas l’homogénéisation des profils d’activité des villes mais semble plutôt accroître les disparités entre elles. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Impact de la croissance des services Un autre point concerne l’opposition entre activités inductrices et induites. Le dernier enseignement concerne l’impact des services dans le développement des villes. Les analystes s’accordent aujourd’hui pour considérer la plupart des services aux entreprises comme des activités motrices, au même titre que les activités industrielles, en raison de leur caractère exportateur et de leurs effets multiplicateurs sur les revenus et l’emploi. Les services aux ménages sont, par contre, considérés comme induits par la demande des ménages résidants. Ce schéma ne s’applique pas de manière spécifique aux villes de villégiature dans lesquelles des résidents temporaires, d’origine extérieure, alimentent par leurs dépenses l’activité d’un secteur des services aux ménages qui paraît surdimensionné. Il s’applique de moins en moins de manière générale dans toutes les villes en raison des phénomènes de redistribution : l’apport extérieur de revenu dont sont responsables les activités motrices ne représente qu’une partie souvent minime de l’apport de revenus d’origine étatique ou sociale (pensions de retraite, indemnités de chômage, etc.). Ceci explique que la liaison entre la croissance des activités motrices et celle des activités induites paraisse se relâcher tandis que l’évolution générale des services sociaux et collectifs est de plus en plus autonome. Probablement, ainsi que le soutient HANSEN (1994), les services aux entreprises jouent-ils un rôle stratégique dans l’augmentation de la productivité. Ils peuvent, sur la base des économies d’échelle, constituer un catalyseur du développement urbain. Pour mesurer l’impact de la croissance des services aux entreprises, l’emploi est une variable synthétique qui peut être utilisée avec d’autres, comme la qualification de la main-d’œuvre, son niveau de formation et le revenu par tête. Mais la tertiarisation exerce aussi des effets négatifs sur le marché du travail et sur la structure des revenus urbains. Les emplois de direction, de gestion, de conception exigeant un haut niveau de formation initiale et des compétences spécialisées se développent plus rapidement que les emplois tertiaires auxiliaires ou ceux de vente qui nécessitent peu de qualifications. Cette évolution crée des problèmes de redéploiement de la main-d’œuvre locale à l’intérieur du secteur tertiaire et entre celui-ci et le secteur industriel : des poches de chômage demeurent même dans les villes bénéficiant de créations d’emplois tertiaires. Les problèmes sociaux ainsi créés peuvent peser lourd dans l’évolution des villes comme c’est le cas de certaines villes américaines ou peut être de Marseille et de Birmingham. Les métropoles de second rang face à la concentration des activités tertiaires Derrière toutes ces observations, se profile, comme en filigrane, une question qui mérite une attention toute particulière : n’y a-t-il pas là un défi de première grandeur à tout ce qui a été tenté depuis un demisiècle en matière d’aménagement du territoire et d’équilibrage du développement économique ? Cette question est, bien sûr, particulièrement sensible en France, où, depuis le constat polémique de Jean François Gravier, Paris et sa région ont fait l’objet d’analyses, de débats et de mesures politiques discriminantes visant à mieux répartir la croissance économique sur le territoire national. Elle concerne cependant également d’autres pays : le Royaume Uni, bien sûr, avec sa forte polarisation par Londres, mais aussi des pays où la tradition et l’histoire ont favorisé l’émergence de métropoles plus nombreuses et où l’évolution vers le tertiaire peut privilégier les plus grandes d’entre-elles. Cette problématique se décline autour de deux thèmes avec lesquels nous nous proposons de conclure cette contribution : comment, d’une part, envisager les stratégies de développement tertiaire des métropoles de second rang face à la concentration des activités humaines sur le territoire ; comment, d’autre part, concilier les Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen impératifs économiques et ceux de l’aménagement physique de ces villes en prenant en compte des contraintes de localisation des activités de services. Sous des formes diverses, une concentration dans l’espace des activités de services est en train de s’opérer au profit des plus grandes métropoles. Deux phénomènes alimentent ce processus : la localisation, concentrée au sein des plus grandes métropoles, des sièges sociaux des entreprises et celle des emplois requérant un haut niveau de qualification. Cette double polarisation qui affecte simultanément le marché des services professionnels et leur principale ressource productive, exerce des effets asymétriques sur les possibilités de croissance des firmes de ce secteur en province. Leur développement y est plus lent et le secteur y présente une offre moins diversifiée. Dans le système nord-américain, libéral et décentralisé, cette tendance à la concentration peut se trouver contrariée par la compétition entre les métropoles qui s’activent pour attirer les sièges des grandes entreprises. Dans le système urbain français, la concurrence entre les villes est aussi un phénomène bien réel, mais les activités de services qui optent 13 pour une implantation dans une métropole régionale pèsent peu en comparaison des firmes françaises et des filiales étrangères qui, chaque jour, s’établissent dans la région Ile de France. compétition européenne. La position de la France en Europe ne gagnerait-elle pas à s’appuyer sur un réseau renforcé de métropoles actuellement confinées au rang de capitales régionales ? Ce déséquilibre semble être un phénomène bien accepté, même encouragé pour que Paris tienne son rang par rapport aux autres capitales européennes. Le rééquilibrage de l’espace français, objectif affiché de manière constante par les gouvernements successifs de la France, s’opposerait ainsi aux nécessités de la puissance française en Europe. Si cet argument possède bien sa propre cohérence, on ne peut cependant manquer de souligner que deux thèses au moins viennent le contester : d’une part, il n’est pas évident qu’au-delà d’une certaine taille les métropoles continuent à bénéficier d’économies d’échelle qui donneraient à leur rang de classement le sens d’un avantage compétitif. Bien au contraire, sans doute, la sur -concentration et l’extension de l’emprise spatiale contribuent à faire disparaître progressivement les avantages d’une grande dimension par les « déséconomies » qu’elles suscitent : encombrements, paralysie des transports, pollution, insécurité, « ghettoisation » de certaines zones, surcoûts fonciers dans d’autres. Il faut bien reconnaître cependant que les solutions pour remédier à ce déséquilibre ne sont ni simples, ni évidentes. On peut difficilement envisager une politique de décentralisation tertiaire sur le modèle de la politique de décentralisation industrielle passée. Il est clair, en effet, qu’une grande part du succès de cette politique peut être attribué au fait qu’elle a facilité et accompagné des tendances au desserrement déjà souhaitées par bon nombre d’industriels, ce qui ne paraît pas être le cas, pour l’instant, des services aux entreprises. En outre, l’extrême mobilité des services aux entreprises condamne par avance ce type de politique à l’échec : le versement de primes pour l’aménagement du territoire ne garantirait en rien des implantations stables. Enfin, pour une entreprise de services, les paramètres financiers ne constituent qu’un des aspects de la décision de localisation : les firmes accordent de plus en plus d’attention au dynamisme du milieu économique environnant, facteur difficile à manipuler pour les pouvoirs publics. Les délocalisations des administrations publiques ne semblent pas non plus être la panacée : les expériences récentes montrent l’importance des résistances au changement qui font de ces transferts des opérations très coûteuses mais qui restent peu efficaces. La fonction économique première des grandes métropoles est d’offrir aux entreprises résidentes la meilleure accessibilité à leurs marchés, aux compétences requises pour fonctionner, aux informations dont elles ont besoin et, plus généralement, au milieu économique qui constitue leur environnement pertinent. Une croissance excessive est capable de remettre en cause cette accessibilité, sauf à se voir accompagnée d’investissements massifs et coûteux dans les infrastructures de transport urbain. La fonction emblématique elle-même, si utile aux services les moins tangibles, peut, à terme, être menacée. D’autre part, il est loin d’être évident que le rôle d’une nation en Europe dépende d’abord du classement de sa capitale. Les exemples ne manquent pas chez nos voisins de systèmes urbains développés autour d’une multiplicité de métropoles de tailles moyennes qui ne constituent pas un handicap, loin de là, dans la 14 Une répartition plus équilibrée des grandes infrastructures publiques au profit des grandes métropoles régionales nous paraît constituer un préalable pour endiguer la polarisation parisienne. Les domaines concernés doivent être fonctionnels (transports, institutions économiques) mais aussi emblématiques (culture). Un tel rééquilibrage est un appui nécessaire aux stratégies de développement tertiaire des grandes métropoles régionales qui doivent associer deux dimensions peu perçues jusqu’ici comme complémentaires : l’attraction des activités et l’aménagement urbain. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Écrits référents fiches de lecture Article Diffusion des services aux entreprises dans les systèmes urbains français et ouest-allemands BAUDET- MICHEL Sophie Revue d’économie régionale et urbaine ; n°4, 2000 Fiche de lecture Résumé établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Cet article présente une analyse du développement métropolitain de la France et de l’Allemagne favorable à partir de sources statistiques comparables sur une longue période : 1930 à 1994. Les résultats concernent les processus de diffusion des services aux entreprises dans la structure urbaine, l’analyse des phénomènes de concentration en France et de diffusion en Allemagne, la mise en valeur des cycles de gestation, expansion et saturation. Au cours de ces cycles les positions des villes évoluent, faiblement au niveau supérieur fortement pour les villes moyennes. Au cours de cette analyse, on peut observer les changements d’attractivité vis – à vis de certains services techniques d’ingénierie : si le mouvement vers les métropoles du sud est net pour l’Allemagne, ce n’est pas le cas des villes française du sud qui souffre de la concentration de ces services Mots-clés Système métropolitain, diffusion des services aux entreprises, concentration, barrière métropolitaine, cycle de croissance. Objectif Le passage actuel du cycle de l’industrie à celui du cycle de l’information, traduit en fait le passage d’un développement basé sur l’utilisation massive de sources d’énergie et la transformation de matières premières à un développement basé sur la fabrication d’information. Dans ce contexte, les objectifs de ce texte sont d’étudier et de comparer la répartition des services aux entreprises dans la hiérarchie des systèmes urbains, le processus de diffusion de ces services, puis les logiques spécifiques de diffusion à l’intérieur de l’ensemble des services aux entreprises, dans deux systèmes urbains européens. Méthodologie Les systèmes urbains ouest allemand et français ont été retenus, du fait de leur tendance géographique similaire. La France est étudiée dans son ensemble tandis que l’étude se limite à la république fédérale d’Allemagne afin de conserver des limites géographiques cohérentes car l’analyse s’étale de 1930 à 1994. Seules les agglomérations urbaines de plus de 100 000 habitants ont été retenues, le recensement des services aux entreprises de ces zones se réalise grâce aux données de l’annuaire 1994 KOMPASS et seules les catégories les plus représentatives de l’économie de l’information et porteuses de valeur ajoutée sont retenues. La distribution interurbaine des services aux entreprises avec les données KOMPASS est cohérente par rapport à l’organisation du réseau des villes et la théorie de la distribution. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 17 Commentaires La structure française d’entreprises se caractérise de celle de l’Allemagne fédérale par un plus grand nombre de sociétés de petites tailles et par quelques cas exceptionnellement surdimensionnés par rapport au reste. Diffusion des services aux entreprises et forme des systèmes urbains Au plan métropolitain, des effets de barrières se développent, c’est-à-dire qu’en dessous d’une certaine taille de villes, la présence de services aux entreprises est faible. Parallèlement un réseau urbain européen émerge, spécialisé notamment dans les activités tertiaires supérieures. La très forte concentration de services aux entreprises distingue les métropoles appartenant à ces réseaux spécialisés. Cependant l’organisation du système urbain français et allemand diffère, l’Allemagne de l’ouest est caractérisée par une concentration de services aux entreprises similaire à celle de la population et un système urbain riche en grandes villes. Tandis que l’organisation primatiale française se caractérise par une concentration de services aux entreprises nettement supérieures à celle de la population. La primauté parisienne dans le domaine des services aux entreprises se répercute sur la répartition spatiale de cette activité. Cycles de développement dans les systèmes urbains L’auteur distingue trois phases de développement des sociétés de services aux entreprises : De 1930 à 1950, période de gestation de l’activité L’Allemagne de l’ouest au niveau métropolitain se caractérise par une organisation polycéphale, la diffusion des services aux entreprises est rapide et intense, les agglomérations de niveau supérieur sont rapidement équipées ce qui permet de desservir la totalité du territoire. Le nombre de villes touchés est beaucoup plus important et les sociétés de services aux entreprises sont réparties de manière peu discriminante dans près d’une vingtaine de villes. Tableau 1 : nombre de sociétés, nombre de villes touchées dans lesquelles on trouve des sociétés de services aux entreprises (10 en France et en Allemagne) Nombre de sociétés de services aux entreprises Nombre de villes touchées 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 France 472 572 826 1298 2360 4956 10398 11450 Allemagne de l’Ouest 600 677 898 1178 1712 2640 4200 6015 France 10 entreprises par ville 6 8 8 18 33 49 57 57 Allemagne de l’ouest 10 entreprises par ville 13 15 19 23 24 38 46 53 En France, la diffusion est faible, Paris conserve le quasi-monopole des services aux entreprises, la diffusion interurbaine fonctionne peu, l’effet de barrières entre le niveau métropolitain et le reste du système urbain est très fort. « En 1930, c’est dans 6 villes que les sociétés de services aux entreprises sont représentées ; elles sont 8 en 1950. Il s’agit en 1930 des plus grandes villes de l’époque, Lille, Lyon, Marseille, Paris mais aussi Strasbourg, et Toulouse auxquelles viennent s’ajouter Nancy et Bordeaux en 1950. En 1950 une très grande césure sépare encore Paris de Lyon puisque l’on trouve 424 sociétés à Paris et 59 à Lyon. » 18 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen De 1950 à 1990, période d’expansion En France, un très grand nombre de villes est touché par le processus de diffusion urbaine, le rattrapage est massif, mais la répartition dans la distribution des services aux entreprises reste inégale. En Allemagne, la progression du nombre de villes touchées est moins forte qu’en France. Dans le système français, c’est avant la période d’expansion que se manifeste une barrière très bloquante au niveau métropolitain, alors que dans le système ouest allemand il semble que celle-ci se mette en place au cours de la période d’expansion. Ce qui différencie finalement le processus de diffusion dans les deux systèmes urbains est la période à laquelle la barrière métropolitaine est la plus intense ; elle manifeste la sélection spatiale qu’exercent pour l’instant les services aux entreprises. Après 1990, période de saturation En France comme en Allemagne la diffusion spatiale est faible ainsi que l’accroissement du nombre de sociétés de services aux entreprises. « Dans les deux cas et en dépit d’une diffusion certaine, le niveau métropolitain est nettement individualisé du reste des villes en 1994, si bien qu’il n’y a pas de rattrapage, du moins en quantité, des grandes villes par les villes moyennes en 1994. L’inégale concentration des services aux entreprises semble participer d’un processus global de concentration des systèmes de peuplement, elle met en valeur le niveau métropolitain dans un contexte de mise en réseau intensifié des grandes villes européennes. » Ainsi en France durant la phase d’émergence, l’ensemble de l’espace est dépendant de la capitale pour ces services et les autres métropoles sont lentes à s’équiper. L’effet de barrière métropolitain est très fort, mais celle-ci devient perméable durant la phase d’expansion. Le processus de diffusion s’intensifie et les différences de taille entre les métropoles régionales et les villes de rang immédiatement inférieur sont faibles. Tableau 2 : Les trois période de la diffusion des services aux entreprises Apparition 1930-1950 Expansion 1950-1990 Saturation 1990-1994 France Nombre de villes touchées en plus au terme de chaque période (6 en période) 2 51 0 Allemagne de l’Ouest Nombre de villes touchées en plus au terme de chaque période (12 en période) 7 33 7 Nombre de sociétés de services aux entreprises Dans le système urbain polycéphale d’Allemagne, la diffusion des services aux entreprises est accélérée au niveau métropolitain dans la phase d’émergence, un jeu de complémentarités fortes s’est établi au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine, sans qu’aucune agglomération ne soit dominante. Lors de la période d’expansion alors que la barrière métropolitaine était passive dans la phase précédente celle-ci s’active entre le niveau métropolitain et le reste des villes, les métropoles principales équipées ralentissent et inhibent la diffusion dans l’ensemble du système. « Au cours de la période de diffusion massive des sociétés de services aux entreprises, les changements de rang des villes sont d’ampleur différente dans les deux espaces. En France dans un contexte d’accroissement très fort de l’échantillon des sociétés de services aux entreprises au cours de la période de diffusion massive, les changements de rang des villes peuvent être de grande amplitude. En Allemagne de l’ouest, dans un contexte d’accroissement plus faible de l’échantillon des sociétés de services aux entreprises, les changements de rang sont très faibles dans l’ensemble. » Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 19 Dans le système français, les changements de rang des villes sont forts, mais la hiérarchie du système est conservée dans son ensemble. Par contre en Allemagne, la mobilité d’ensemble est faible, mais la mobilité des villes au sein du niveau supérieur de la hiérarchie est forte. Le système urbain polycéphale favorise la mobilité et les recompositions de niveau supérieur, le système urbain français favorise l’accumulation au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine. « La géographie de l’évolution des villes dans la hiérarchie urbaine de 1930 à 1994 situe les changements les plus fortement positifs au nord d’une diagonale Rennes Nice, notamment dans des villes d’assez grande taille comme Rouen, Saint-Étienne, Reims, Orléans, Grasse Cannes - Antibes. Les changements les plus négatifs sont le fait de petites villes de la périphérie du territoire, particulièrement de celles situées dans la moitié est de la France. Comme dans le cas français, l’inertie du système est grande au sommet de la hiérarchie, tandis que les changements de rang les plus importants se font essentiellement dans les petites villes. Par rapport à la France, le fait le plus marquant est probablement que l’amplitude des changements de rang est moindre. Les villes qui grimpent de manière constante dans la hiérarchie urbaine, bien que partant de niveaux différents, et à des rythmes divers ont une progression surtout sensible entre 1970 et 1990, lors de la période d’expansion. Cette progression affecte aussi bien de petites villes que de grandes villes, mais on notera parmi les grandes la présence de Münich et Frankfort. Une douzaine de villes baissent dans la hiérarchie urbaine de manière constante : parmi elles, les trois villes principales de Rhénanie, du nord Westphalie ainsi que Hambourg. Les autres villes globalement changent peu de niveau. En Allemagne de l’ouest c’est plus un ensemble de villes du sud qui se dessine qu’un ensemble métropolitain de villes. » Substitutions dans les attractivités des villes En Allemagne de l’ouest, les services techniques et d’ingénierie représentent 40 % de l’échantillon KOMPASS des services aux entreprises contre 20 % en France ; ils sont suivis de près par les services commerciaux et de publicité (33 %) alors que cette proportion ne s’élève qu’à 19 % pour la France. Tableau 3 : Structure par activité en 1990 environ France Activité (libellé français 1994) Services commerciaux et de publicité Services techniques et d’ingénierie Total entreprises Total salariés Allemagne de l’Ouest Entreprises % Entreprises % 2079 2176 19 20 1619 1992 33 40 10819 550920 100 4926 374662 100 Les services aux entreprises adoptent des localisations métropolitaines pour la proximité des marchés et la qualification de la main d’œuvre, mais à l’intérieur du secteur des services aux entreprises, on peut identifier plusieurs stratégies de localisation. Les services techniques d’ingénierie et de conseil, les services commerciaux et de publicité se caractérisent par une constante utilisation d’une matière première (apparentée à de l’information), des besoins en main d’œuvre très qualifiée et des services ou qualifications très spécialisés, créatives. Les services techniques et d’ingénierie soulignent la dorsale européenne et les régions de tradition industrielle. 20 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Tableau 4 : Le nombre de sociétés Nombre de sociétés 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 1994 Services de publicités France 55 70 108 188 368 899 1990 2079 Services de publicités Allemagne de l’Ouest 151 169 249 345 574 954 1482 1826 Services d’ingénierie France 130 161 234 370 629 1134 2079 2176 Services d’ingénierie Allemagne de l’ouest 411 508 654 882 1180 1692 1846 1992 Les activités de services commerciaux et de publicité mettent en valeur une France urbaine maintes fois opposées aux espaces plus périphériques de l’ouest et du sud-ouest français. Une attractivité spécifique des villes du sud n’y est pas sensible, bien au contraire puisque la plupart d’entre elles sont plutôt peu équipées. Les façades atlantiques et méditerranéennes restent en retrait du développement de ces services. En Allemagne de l’ouest, les sociétés de services techniques et d’ingénierie soulignent un basculement géographique des attractivités, favorable aux villes du sud de l’Allemagne dès les premières années de l’après seconde guerre mondiale ; tandis que les services commerciaux et de publicité soulignent tout au long de la période l’attraction exercée par les métropoles méridionales. Les services commerciaux et de publicité spécialisent l’espace des systèmes urbains en faveur des très grandes métropoles. Conclusion Malgré un indéniable processus de diffusion, les services aux entreprises renforcent l’écart entre les aires métropolitaines et le reste du système urbain. Dans les deux systèmes des recompositions se dessinent qui pourraient prolonger la dorsale européenne vers le Sud, et l’affaiblir au Nord particulièrement au niveau des villes de 100 000 à 200 000 habitants. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 21 22 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Le paradigme du réseau de villes : la mesure des externalites urbaines de réseau The city network paradigm : measuring urban network externalities Fiche de lecture CAPELLO Roberta Urban Studies; Vol.37, No.11, 2000 ; pp. 1925-1945 établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Résumé Cet article présente une analyse de l’effet de la participation à un réseau sur le dynamisme des villes. Le texte essaie de modéliser des règles de participation puis d’appliquer ce modèle à une enquête réalisée sur 36 villes européenne. Mots-clés Réseau de villes, connectivité, participation, externalités, intensité relationnelle, performance urbaine. Objectif Dans les années récentes, le paradigme du réseau de ville a gagné un rôle croissant dans l’interprétation théorique des systèmes de villes (différent du modèle de Christaller et Losch développé dans les années 1930 et 1940). L’objectif de l’article est de mesurer les impacts des réseaux de ville sur la performance des villes. En d’autres termes, il s’agit de donner une mesure quantitative des externalités de réseau provenant du fonctionnement des réseaux dans les systèmes territoriaux. Méthodologie Dans une première section, l’auteur montre les avantages des réseaux de ville et expose quelques propositions sur le fonctionnement de ces réseaux. Dans une section suivante, l’auteur décrit brièvement la méthodologie utilisée. Dans les sections 3 et 4, il expose les résultats empiriques. Enfin, les prédictions sur la théorie des réseaux (en terme d’avantages des réseaux) sont confirmées dans une dernière partie. Commentaires Le concept de réseau de ville se compose principalement de trois éléments : l’élément de réseau, l’élément d’externalité de réseau, l’élément de coopération. La principale explication de ces éléments est le manque de données disponibles sur le comportement de réseau des villes. Le fonctionnement de réseau détermine un jeu de relations synergiques privilégiées parmi des centres qui coopèrent ou réagissent réciproquement dans les même champs ou les même fonctions. L’important dans le paradigme de réseau est le concept de production d’externalités de réseau. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 23 Trois propositions essentielles sont énoncées dans cet article : 1ère proposition : La participation de réseau prévoit des villes associées avec une performance et une efficacité en termes de politiques urbaines implantées. 2ème proposition : L’utilisation intense du réseau consolide les externalités de réseau. 3ème proposition : Le comportement coopératif est accompagné par de meilleures ou plus grandes externalités de réseaux. Il y a des pré-conditions spécifiques pour la participation au réseau Le sérieux de la ville en participant au réseau La flexibilité pour respecter les changements d’organisation Une attitude ouverte pour le comportement de réseau. Une forte corrélation est envisagée entre les trois éléments qui mènent à de plus grandes externalités de réseaux. D’où l’apport d’une 4ème proposition : le meilleur comportement stratégique de réseau est atteint lorsque l’ensemble des pré conditions sont réunies. Le modèle du réseau de villes Approche ouverte des comportements dans le réseau Participation avec objectif d’efficacité Changement organisationnel Participation avec objectif d’efficacité Externalités du réseau Participation avec objectif d’efficacité Sérieux dans la participation au réseau La relation logique entre les externalités de réseau, les pré-conditions de la gestion du réseau et les objectifs pour joindre le réseau Application du modèle Une enquête développée avec le « Healthy City Network », de la « World Health Organisation » (WHO) montre que 36 villes localisées à travers l’Europe sont membres de ce réseau. Durant une rencontre de réseau, l’ensemble de ces villes a répondu à un questionnaire. A partir des réponses ont été construits des indicateurs complexes : Sur les caractéristiques structurelles des villes, sur les buts et engagements, les initiatives, actions et projets et sur les projets spécifiques. Trois principaux indicateurs jouent un rôle particulier dans l’analyse : Un indicateur de connectivité, un indicateur de l’intensité d’utilisation du réseau et un indicateur de performance urbaine. L’intérêt de la méthode développé dans cet article est d’examiner comment les villes se comportent dans le réseau. Celles répondant aux trois éléments présente une grande flexibilité dans l’organisation des échanges et ont une attitude « ouverte » du comportement de réseau. Les principaux résultats de la l’étude montre que Il existe une relation entre la performance urbaine et le degré de connectivité du réseau de ville. Différents comportements associés existent dans le réseau. Le comportement coopératif conduit à une meilleure performance pour la ville en terme d’implication de politiques locales Concernant les avantages du réseau, il convient de développer une participation sérieuse et une approche ouverte du comportement de réseau. 24 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Fiche de lecture établie par Une métropole différente pour une société distincte ? La restructuration économique de Montréal A distinct metropolis for a distinct society ? : The economic restructuring of Montréal in the canadian context COFFEY W. et POLESE M. Canadian Journal of Regional Science ; Vol.XXII, n°1-2, spring-summer, 1999 ; pp. 24-40 Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE Résumé août 2003 Cet article réalise une étude empirique de la situation économique de Montréal sur la période 1981/1996 et cherche à expliquer l’évolution de la position de la métropole québécoise par rapport aux autres métropoles canadiennes. L’intérêt de l’article est dans la méthodologie car pour arriver au diagnostic, les auteurs croisent trois évolutions : celles des secteurs, des fonctions assurées dans l’économie et des celles des structures emplois (professions). Mots-clés Comparaison inter métropolitaine, analyse sectorielle, fonctionnelle et professionnelle. Objectif Certaines recherches estiment que Montréal est caractérisé par une structure économique dépassée, basée sur des industries traditionnelles mais que son déclin peut être renversé par une modernisation de sa structure économique. De plus cette région fait l’objet de débat sur le statut de la province du Québec comme une société distincte au Canada. Dans ce contexte, l’objectif est de justifier l’hypothèse, qu’en termes de structure et de performance économique, Montréal se distingue comparativement aux autres zones métropolitaines (Toronto, Vancouver, Ottawa Hull, Edmonton, Calgary, Québec, Winnipeg). Méthodologie Une étude empirique a été réalisée de 1981 à 1996 sur l’ensemble des 8 zones métropolitaines sur la base d’une classification sectorielle (branches d’activité) professionnelle (type d’emploi occupé) et fonctionnelle (fonction sociales : culturelle, distribution, contrôle et haute technologie) Après définition de ces indicateurs, une étude comparative est réalisée pour chacun d’eux sur la période étudiée et entre ces zones métropolitaines et plus particulièrement entre Montréal et Toronto. Une conclusion est faite sur le rôle économique actuel de Montréal dans le contexte canadien. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 25 Commentaires Tableau 1 : Sectorial Structure and Growth rates (%) / taux sectoriels de structure et de croissance (%) : Montreal, Toronto, and 8 large CMAs Montreal Sector 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 1981 1996 Emp. Share 0,7 0,7 23,7 17,2 4,3 3.8 23,8 21,8 10,2 8,3 5,8 6,3 11,8 12,5 5,7 8,0 4,8 5,7 6,7 6,4 Business services 1981 1996 5,2 8,3 Education 1981 1996 6,9 7,3 Health and social services 1981 1996 8,3 10,5 1981 1996 1981 1996 1981 1996 5,7 5,0 71,2 18,2 100,00 100,00 Primary Manufacturing Construction SUB TOTAL Goods Producing Transp., comm., public util. Wholesale trade Retail trad Consumer services Acom and food services Finace. ins. and real estat Public Administration SUB TOTAL Services producing ALL SECTORS Toronto Gr. Rate 13,3 Emp. Share 1,0 0,7 23,5 16,7 5,5 4,7 20,0 22,1 8,2 7,5 6 ,5 6,6 11,8 11,6 5,8 8,2 5,0 5,7 8,7 9,2 88,7 7,0 10,3 24,3 5,9 6,5 49,9 6,0 8,4 28,9 -13,9 3,8 -10,2 -4,2 30,4 25,5 66,5 39,8 3,8 30,4 18,7 5,2 3,9 70,0 77,9 100,00 100,00 8 CMAs Gr. Rate 32,5 Emp. Share 1,9 1,6 18,4 13,6 6,0 4,9 26,4 20,0 9,2 8,0 5,9 6,0 11,9 12,0 5,7 8,2 5,2 6,3 7,3 7,3 83,2 6,1 9,0 85,3 38,0 6,6 7,1 36,1 76,3 7,4 9,7 64,8 -12,0 -11,4 6,0 -8,2 14,1 26,1 22,9 76,6 43,9 -6,4 39,0 24,8 8,3 6,4 73,6 80,0 100,00 100,00 Gr. Rate 2,3 -7,4 2,5 -4,4 8,7 28,8 26,7 81,5 52,7 25,1 -2,7 36,8 25,9 Source : Calculated by authors with special data orders from the 1981 and 1996 Censuses of Canada Analyse des secteurs Un large déclin de l’emploi est observé sur la période dans le secteur manufacturier conforme à l’évolution de l’emploi des zones métropolitaines des pays développés. Toronto et Montréal ont de grandes similitudes en termes de profil sectoriel avec notamment une tertiarisation plus faible que les autres aires métropolitaines, une part de l’emploi manufacturier supérieure et un taux de croissance de l’emploi supérieur. Cependant Toronto est caractérisée par une baisse surprenante dans certaines activités de hautes technologies : aéronautique, équipement scientifique, télécommunications, industries électriques. Montréal est la seule métropole à connaître un déclin dans le secteur de la finance, assurance, immobiliers. Analyse des fonctions Dans les quatre professions spécifiques métropolitaines, Montréal accuse un fort déclin, sur la période, de sa position au sein du système urbain canadien. C’est dans la fonction de contrôle et de commandement que le déclin de Montréal est le plus fort. Sur le total des quatre fonctions métropolitaines, la part de Montréal (24,9%) est moindre que Toronto (29,6%) et des autres métropoles (25,5%) 26 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Tableau 2 : Fonctional Structure and Growth rates (%) : Montreal, Toronto, and 8 large CMAs. Montreal Function Emp. Share Culture and media 1981 1996 3,3 4,5 Distribution and marketing 1981 1996 6,3 7,2 Command and control 1981 1996 7,7 7,4 High technology 1981 1996 4,5 5,8 TOTAL METRO FUNCTIONS 1981 1996 21,9 24,9 High tech. manufacturing 1981 1996 3,1 2,9 High tech. services 1981 1996 1,4 2,9 Gr. Rate Toronto Emp. Share 60,1 4,1 4 ,9 35,8 7,4 8,0 13,5 9,8 11,3 52,1 4,9 5,4 35,0 26,3 29,6 10,9 3,1 2,1 141,7 1,8 3,3 8 CMAs Gr. Rate Emp. Share Gr. Rate 48,5 3,1 4,3 70,9 35,0 6,4 6,9 36,3 43,1 8,1 9,0 40,5 36,3 4,0 5,3 69,1 40,0 21,5 25,5 48,9 -16,3 2,2 2,0 14,1 127,7 1,8 3,3 135,3 Source : Calculated by authors with special data orders from the 1981 and 1996 Censuses of Canada Cette évolution renforce l’idée que Montréal est un centre manufacturier avec une spécialisation relative dans les activités de hautes technologies plutôt qu’un lieu de services supérieurs. Le rôle de Montréal en tant que centre de commandes et de contrôle et à la fois faibles et en déclin. Analyse des professions Avec 14,7% de sa force de travail dans les fonctions managériales et administratives, Montréal est derrière Toronto (14,7%) et les 8 autres métropoles (16,2). L’écart entre Montréal et Toronto est plus réduit pour les emplois scientifiques et technologiques (8,8% contre 9,0%). Tableau 4 : Occupational Structure and Growth rates (%) : Montreal, Toronto, and 8 large CMAs. Montreal Occupation Emp. Share Managerial and administrative 1981 1996 8,9 14,7 Science and engineering 1981 1996 5,6 8,8 TOTAL METRO FUNCTIONS 1981 1996 14,5 23,5 Education and health 1981 1996 12,2 14,4 Clerical and related 1981 1996 22,2 17,7 Sales and service 1981 1996 21,8 24,5 Blue collar 1981 1996 29,3 19,9 ALL OCCUPATION 1981 1996 100,0 100,0 Gr. Rate Toronto Emp. Share 95,8 10,0 17,6 85,6 6,4 9,0 91,9 16,4 26,6 40,7 9,9 12,0 -5,4 24,4 17,3 33,2 21,2 24,3 -19,2 28,2 19,8 19,7 100,0 100,0 8 CMAs Gr. Rate Emp. Share Gr. Rate 120,0 9,5 46,2 116,1 76,0 6,6 9,3 77,6 102,9 16,1 25,5 100,3 52,0 11,0 13,0 48,3 -11,5 23,2 16,9 -8,2 43,2 22,3 25,5 43,9 -12,4 27,4 19,0 -12,4 24,8 100,0 100,0 25,9 Source : Calculated by authors with special data orders from the 1981 and 1996 Censuses of Canada Le principal écart entre Toronto et Montréal s’observe pour les professions économiquement signifiantes (managériale et administrative) où Montréal creuse l’écart en sa défaveur sur la période et se place en cinquième position des 8 zones urbaines, Toronto se place en première position. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 27 « There are two exceptions, however concerning the individuals components the high technology function : in high technology services Montreal’s employment share is the highest (77,9%); and in high technology manufacturing Montreal’s employment share (43,6%) merits a second position behind the eight-CMA group. » Cependant si on retient seulement le secteur privé pour l’analyse, l’écart entre ces deux zones se maintient malgré l’importance de l’administration à Montréal. Tableau 5 : Occupationnal Structure of Metropolitan Functiuns, Montreal, Toronto and 8 large CMAs, 1981-1996 Montreal (1) manet am % Function (2) sciet eng % Toronto (1+2) total % (1) manet am % (2) sciet eng % 8 CMAs (1+2) total % (1) manet am % (2) sciet eng % (1+2) total % Culture and media 1981 1996 8,9 12,9 3,1 3,6 12,0 16,5 10,4 14,0 2,4 3,4 12,8 17,4 9,5 13,3 2,7 3,3 12,5 16,6 Distribution and marketing 1981 1996 12,4 20,2 2,0 5,7 14,4 25,9 14,9 24,4 3,2 7,8 18,1 32,2 13,3 21,6 2,5 6,8 15,8 28,4 Command and control 1981 1996 21,3 38,3 4,3 4,2 25,6 42,5 22,0 42,0 5,4 7,6 27,4 49,6 22,6 41,2 4,7 5,9 27,3 47,1 High technology 1981 1996 11,1 13,9 28,0 46,9 39,1 60,8 11,9 17,4 29,6 45,5 41,5 62,9 11,4 16,3 15,2 50,0 46,6 66,3 TOTAL METRO FUNCTIONS 1981 1996 14,7 22,8 8,4 14,5 23,1 37,3 16,3 28,1 8,8 13,9 25,1 42,0 15,9 26,1 9,4 14,9 25,3 41,0 High tech. manufacturing 1981 1996 10,7 12,5 15,5 31,1 26,2 43,6 11,6 17,1 14,8 26,1 26,4 43,2 11,2 15,9 15,6 31,7 26,8 47,6 High tech. services 1981 1996 11,8 15,3 55,3 62,6 67,1 77,9 12,4 17,6 55,2 57,9 67,6 75,5 11,6 16,6 58,8 60,7 70,4 77,3 Source : Calculated by authors with special data orders from the 1981 and 1996 Censuses of Canada Débat sur le rôle économique actuel de Montréal Cette étude amène les auteurs à conclure que le problème de l’emploi à Montréal n’est pas un problème de structure sectorielle mais plutôt de volume. Si Montréal a des taux de chômage nettement plus élevés que ceux des autres zones métropolitaines, ce n’est pas dû à une structure sectorielle dépassée mais plutôt à une forme de restructuration inadaptée. Le problème n’est pas spécifique au secteur mais d’une nature plus générale, due à l’insuffisance de création d’emploi dans tous les secteurs. Montréal et Toronto, à l’image de l’évolution des autres aires métropolitaines, ont accru le volume d’emploi dans le secteur de l’information. Cependant Montréal est très en retard comparativement à Toronto et cet écart a tendance à s’accroître dans les professions managériales et administratives. Pour les autres activités, la structure de Montréal et Toronto est très similaire. Il semble qu’une division du travail entre Montréal et Toronto s’effectue dans les activités scientifiques, d’ingénierie et dans les fonctions spécifiques métropolitaines. En conclusion les auteurs se demandent réellement, si Montréal est économiquement distinct de Toronto et des autres aires urbaines. En effet pour un certain nombre d’indicateurs Toronto et Montréal sont très différents, mais généralement la structure et les performances sont très similaires. Montréal semble évoluer de la même manière que les autres aires métropolitaines à structure professionnelle et sectorielle comparable. Ainsi si les difficultés économiques de Montréal ne s’expliquent pas par la structure professionnelle et sectorielle, les auteurs l’expliquent par le caractère spécifique et distinct de la société. En effet, Montréal est performante sur des activités qui ne sont pas directement reliées à son rôle de place centrale commerciale mais par contre elle l’est beaucoup moins pour des activités qui lui sont spécifiques. L’emploi augmente dans les activités stratégiques, mais les firmes doivent exporter vers des marchés extérieurs à l’aire urbaine. Les services sont beaucoup 28 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen plus difficiles à exporter que les biens et de plus, la barrière culturelle et de langage entrent en jeu. Cela explique sans doute le succès du secteur manufacturier de hautes technologies où l’aspect culturel joue un rôle moins important. La difficulté de Montréal est que le secteur manufacturier des hautes technologies ne peut pas à court ou moyen terme résoudre à lui seul les problèmes de chômage. La chute de son rôle historique national et le déclin de la deuxième plus grande zone urbaine du Canada sont le résultat direct de l’accroissement d’un véritable « complexe » social et de forces économiques qui font du Québec une société distincte aux yeux de ses habitants. Le Québec se distingue en termes de langage, de culture et de structure administrative. Cette administration parallèle est très coûteuse à entretenir et le niveau de taxation des firmes et des individus est nettement plus élevé que dans la majorité des autres provinces. De plus l’incertitude créée par la situation constitutionnelle du Québec (sa séparation avec la confédération canadienne) créée un environnement défavorable aux affaires et diminue l’attractivité de la zone. Pour les auteurs, Montréal n’est donc pas une métropole économiquement distincte, mais se trouve dans une société distincte. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 29 30 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Les villes créatives et le développement économique Creative cities and economic development HALL P. Fiche Urban Studies ; Vol.37, No.34, 2000 ; pp. 639-649 de lecture établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Résumé Cet article recherche la signification économique de la « culture créative », et s’il existe un lien entre la créativité et les connaissances qui engendrent les innovations technologiques dans un contexte régional. Il s’attache à définir « l’industrie culturelle », à étudier son poids dans l’économie puis comment les moyens et méthodes pour s’adapter au processus de la créativité, base du renouvellement économique. Mots-clés Industries culturelles, répartition, créativité des individus et des milieux. Objectif Depuis les années 70, les activités culturelles et créatives, dans les pays développés, sont devenues des sources de croissance et de revenus. L’industrie de la culture, de la créativité est peut-être à la base de la régénération économique. « Les nations et les villes sont passées à une vitesse extraordinaire d’une économie manufacturière à une économie informationnelle et d’une économie informationnelle à une économie culturelle». P.HALL. Dans ce contexte, P.HALL recherche la signification économique de la « culture créative », et s’il existe un lien entre la créativité et les connaissances qui engendrent les innovations technologiques. Méthodologie P.HALL s’attache à définir « l’industrie culturelle », à étudier son poids dans l’économie puis comment s’adapter au processus de la créativité. Commentaires Définition et part de l’industrie culturelle dans l’économie Il s‘appuie sur deux études réalisées en Grande-Bretagne : 1) L’enquête de « Department task force » de Grande Bretagne qui s’est attachée à déterminer les activités concernées, leur importance en termes d’emploi et de revenus engendrés. « En 1995, la contribution des industries créatives à l’économie, déduction faite des intrants, était environ de 25 millions de Livres Sterling ou près de 4% du PNB. L’apport de valeur ajoutée des industries créatives en Grande Bretagne est plus forte que l’apport de n’importe quelle autre branche industrielle ». Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 31 2) L’enquête de PRATT, détermine quatre secteurs de l’industrie créative, étudie et explique leurs évolutions en termes d’emploi et de revenu de 1984 à 1991. Il s’attache ensuite à étudier la structure de l’emploi, puis à étudier l’évolution de la localisation de cette industrie. « Cette industrie culturelle emploie 4,5% des effectifs totaux anglais en 1991.». A. PRATT. Régionalement, les industries culturelles sont concentres dans le Sud – est, mais il y a une dispersion significative en dehors de Londres, surtout pour la production. Londres demeure cependant le cœur de l’emploi pour les industries culturelles Adaptation au processus de créativité P.HALL recherche s’il existe une corrélation entre la présence d’industrie créative dans les villes et la présence de « créateurs », puis il cherche à déterminer les facteurs engendrant la créativité. « La question est de savoir si une ville peut avoir des industries créatives pendant une longue période sans être créative.». P. HALL. Pour cela il s’appuie sur des auteurs ayant mis en évidence les facteurs communs concourant au développement des talents (artistiques, scientifiques), puis des études mettant en évidence les points communs des villes innovantes à travers l’histoire. Facteurs communs des créateurs « Les individus créatifs tendent à être socialement marginaux en raison de leur sexe ou de leur ethnie d’origine, de leur nationalité ou de leur classe sociale, mais ils exploitent leur marginalité. Si ils rejoignent l’établissement, ils conservent au minimum une marginalité intellectuelle. ». GARDNER.Taine rapproche les changements et innovations dans le milieu artistique à celui de la science, ceux-ci se réalisent à la suite d’une accumulation d’anomalies, par les changements de générations, ainsi que par l’addition de certains facteurs comme l’accumulation de connaissances, une manière de vivre et penser. « Toutes les idéologies créatives passent à travers des successions idéologiques et des ruptures majeures. Ces ruptures majeures semblent intervenir à la suite d’oppositions fortes entre générations ». J.M.B EDWARDS. ANDERSSON et TÖRNQVIST caractérisent l’apparition des milieux créateurs par la présence de compétences et de connaissances fondamentales ; un déséquilibre entre les opportunités actuelles et les besoins ; des bases financières solides ; un milieu varié ; des moyens, pour les personnes, des transports, des communications, internes et externes et une incertitude par rapport au futur c’est-à-dire une situation de déséquilibre. « Ainsi, juste parce que tout est incertain, un petit groupe de gens créatifs peuvent intervenir et entraîner la région dans une nouvelle phase stable. Ce sont ce que Joseph SCUMPETER appelle des « hommes nouveaux » ». A. ANDERSSON. 32 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Fiche de lecture Construction du marche du travail et ancrage métropolitain : cabinets d’avocats d’affaires et ssii à Lille et à Bordeaux MAY N. Revue d’économie régionale et urbaine ; N°2, 2000 établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Résumé Les services aux entreprises sont inégalement répartis dans l’espace. Ils se concentrent dans l’aire urbaine parisienne et au niveau régional dans les métropoles régionales. Les analyses classiques régionales expliquent cette répartition par la proximité car l’offre doit se localiser à proximité de la demande, et la demande des entreprises se localise dans les villes. Des travaux récents ont conduit au relâchement de la contrainte de proximité, l’auteur cherche donc à prendre en considération d’autres facteurs pour expliquer la concentration métropolitaine des services aux entreprises. Mots-clés Marchés de services, services d’avocats, SSII, réseaux sociaux, implantation Objectif Les services aux entreprises sont inégalement répartis dans l’espace. Ils se concentrent dans l’aire urbaine parisienne et au niveau régional dans les métropoles régionales. Les analyses classiques régionales expliquent cette répartition par la proximité car l’offre doit se localiser à proximité de la demande, et la demande des entreprises se localise dans les villes. Des travaux récents ont conduit au relâchement de la contrainte de proximité, l’auteur cherche donc à prendre en considération d’autres facteurs pour expliquer la concentration métropolitaine des services aux entreprises. Méthodologie Les résultats de l’article sont issus d’une recherche menée dans deux métropoles régionales françaises, Bordeaux et Lille, sur les services intellectuels aux entreprises, les cabinets d’avocats d’affaires et les sociétés de services et d’ingénierie informatique (SSII). L’article traite des caractéristiques de production de ces services pour comprendre la construction du marché des services, puis les formes spécifiques de construction du marché dans les cabinets d’avocats et les SSII. Enfin, il traite de la diversité des formes d’ancrage territorial et les relations entre ancrage territorial et formes de construction de marché. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 33 Commentaires Incertitude et construction de marché Selon KARPIK, « ce mode particulier de construction de marché, appelé, « économie de qualité » peut se caractériser par les traits suivants : importance forte que le client accorde à la qualité de la prestation qu’il demande ; la situation d’incertitude dans laquelle se trouve le client pour évaluer cette qualité au moment même où il s’engage avec le prestataire. » L’incertitude dans laquelle se trouve un client passant un contrat de services est ex-ante car il est difficile d’établir une relation claire entre la prestation et le prix et donc de comparer les offres concurrentes. L’incertitude est aussi ex-post car le client ne maîtrise pas le domaine de compétence et doit faire confiance au prestataire. Pour KARPIK, « Toutefois cette confiance n’est pas donnée, ni pourrait-on dire aveugle : car elle s’appuie sur un certain nombre de « dispositifs de confiance ». » C’est pourquoi la construction du marché se réalise à travers un marché réseau, c’est-à-dire l’appartenance du client et du prestataire à des réseaux sociaux identiques ou interconnectés. Ces marchés - réseaux expliquent l’ancrage territorial. Les cabinets d’avocats d’affaires « Les formes de construction du marché s’organisent en fonction d’un certain nombre de règles gouvernant l’exercice professionnel : c’est le client qui va chez l’avocat ; il n’existe pas d’information publique sur le prix des prestations ; le plus souvent, l’interlocuteur de l’avocat dans l’entreprise n’est pas un juriste, ce qui signifie qu’il ne dispose que de peu d’éléments d’appréciation sur la qualité et la compétence professionnelle de l’avocat étant souligné que ce point apparaît lié aux caractéristiques de la clientèle dans les métropoles analysées et ne se retrouve sans doute pas dans des métropoles importantes. » L’absence de systèmes d’informations publiques engendre une incertitude maximale et le marché repose sur les réseaux relationnels. Les réseaux personnels sont un apport de clientèle essentiel car l’appartenance à un même réseau social autorise la confiance. « Il est d’ailleurs difficile de faire la part, dans cette dynamique de développement des relations sociales, entre ce qui correspond à des pratiques non orientées (des relations sociales « involontaires ») et ce qui relève de pratiques plus délibérées puisque l’élargissement de la clientèle dépend de la faculté de chacun de s’intégrer dans la vie locale et associative, en faisant partie d’un club et surtout en rencontrant du monde. » « Se rencontrer par hasard dans un dîner ou un club, avoir des amis ou des relations communes constituent autant de signes, de preuves que l’on appartient au même monde. » Ainsi les relations professionnelles (intra et interprofessionnelles), les pratiques de renvois et de recommandations de clients, les réseaux qui lient les clients entre eux (réseau extérieur à l’avocat) élargissent le marché. Les relations inter-professionnelles : « soit il s’agit de relations personnelles, nouées antérieurement à l’exercice du métier (relations familiales, plus ou moins proches, ami d’enfance, camarade de lycée ou d’études supérieures) ou construites dans la vie sociale privée (activité sportive dîner). Soit il s’agit de personnes rencontrées à l’occasion du travail sur un même dossier, mais les termes utilisés pour expliquer l’engagement ultérieur d’une coopération plus suivie renvoie à un jugement global sur la personne plus qu’à une appréciation de l’ordre de la compétence professionnelle. » 34 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Certaines relations intra-professionnelles peuvent aussi constituer des apports de clientèle. Ces relations liées à la territorialité de l’activité judiciaire conduisent les avocats à développer et entretenir sur l’ensemble du territoire tout un réseau d’avocats correspondants. La participation des avocats au fonctionnement des élites locales et le développement de relations personnelles dans le cadre de la vie sociale constituent un moyen d’élargir sa clientèle. Les milieux économiques locaux ont un rôle important dans la construction de marché car ce sont des lieux de rencontres et de circulation d’information entre les adhérents. Quelques stratégies d’élargissement de la clientèle se dégagent par le développement d’informations publiques objectivées. Ces supports restent très peu développés et l’ancrage dans l’agglomération d’implantation est une condition nécessaire à la construction de marché car les réseaux sociaux sont des actifs non transférables et construit une forme de dépendance à l’égard de l’agglomération. Les SSII La validation de ces activités est également ex-post et nécessite ex-ante des garants mais la construction de marché est différente de celle des avocats. Ces activités sont commerciales et concurrentielles, le marché se développe donc par le démarchage et la prospection. « Il n’y a pas de secret sur qui sont ses propres clients : le fait de travailler ou d’avoir travaillé pour telle ou telle entreprise constitue une référence publique qui peut fonctionner comme garant vis à vis des clients potentiels et comme atout dans la concurrence. On est donc dans une logique dans laquelle la confiance ne se fonde pas seulement sur des dimensions personnelles, mais peut aussi s’appuyer sur des garants institutionnels objectivables. » La confiance ne repose pas seulement sur des dimensions personnelles mais aussi sur des garants institutionnels et objectivables. Il existe notamment une concurrence par les prix, mais, pour une grande partie, les clients sont récurrents et les enjeux sont de décrocher de nouveaux contrats pour se maintenir dans l’entreprise. À l’inverse des avocats, il est possible de développer, dans une métropole « inconnue », un SSII par une activité commerciale et de démarchage auprès des clients. Cependant l’appartenance à un réseau professionnel peut jouer un rôle essentiel dans la création et le démarrage d’activité. « Une agence peut s’appuyer pour son développement sur la notoriété de son entreprise et déjà faire état de référence (les clients de l’entreprise mère), c’est-à-dire présenter d’emblée des garants à ses clients potentiels ; en outre, l’entreprise mère lui apporte soutien et garantie financière, ce qui ne lui impose pas les mêmes délais de retour sur investissement qu’une entreprise indépendante et peut lui laisser plus de temps pour construire son marché. » Être reconnu par le milieu professionnel des informaticiens fonctionne comme garant pour obtenir les premiers contrats. Les interlocuteurs chez les clients sont pour l’essentiel, eux aussi des informaticiens. En d’autres termes clients et prestataires participent du même milieu professionnel. Le renouvellement de marché nécessite de consolider sa position auprès des clients pour s’assurer leur fidélité et pour obtenir des marchés plus importants. Le démarrage d’activité passe par des contrats d’assistance et fonctionne comme test pour obtenir des marchés ultérieurs. Une activité permanente de veille et de suivi du client permet de se faire connaître, de discuter et de négocier avec les responsables en charge des projets importants. Cette attitude permet d’anticiper le développement de projets et les futures compétences nécessaires et ainsi pouvoir présenter ses services et obtenir un marché. La prospection des clients est un travail récurrent et de longue durée : il est essentiel de rappeler ses compétences et son existence au moment précis où l’entreprise développe un projet pour proposer une offre ajustée. Dans un contexte concurrentiel, d’exigence d’entretien et de renouvellement de la clientèle, l’implantation métropolitaine est un atout majeur. L’information commerciale et concurrentielle circule en ville sans passer par des supports institutionnels et formalisés. L’ensemble des organisations, associations, institutions, relié au milieu professionnel donne une consistance au milieu Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 35 professionnel des SSII car il renforce les possibilités de circulation de l’information. La construction d’un marché passe par une implantation dans la métropole régionale car elle regroupe un nombre important de clients et de concurrents et assure une veille commerciale, concurrentielle et de suivi. Comparaison Les SSII se caractérisent par une faible présence de relations de coopération mais une forte concurrence alors que les relations de coopérations sont imposées par les conditions réglementaires d’exercice professionnel aux avocats. L’importance de la construction d’un réseau n’est pas liée à la particularité de l’appareil productif d’une ville ou d’un territoire. Les réseaux personnalisés, issus de l’implication des avocats dans les élites et couches dirigeantes urbaines sont des garants du marché, mais sont difficilement transférables vers une autre ville et les possibilités de reconstruction réduites. Le réseau des SSII est construit grâce à l’exercice de l’activité professionnelle et a donc la possibilité de se reconstruire ailleurs. De plus des garants institutionnels peuvent jouer un rôle non négligeable car ils peuvent être en partie transférables. Ces deux activités ne sont pas placées dans la même situation pour faire face à un éventuel retournement de marché. Certes, l’inscription dans les divers réseaux relationnels outre quelle est la base de la construction et du renouvellement du marché, constitue aussi une façon de se prémunir contre les risques d’un tel retournement. Il reste que cet ancrage territorial ne constitue pas une garantie absolue face à une telle éventualité et que, dans ce cas, les possibilités de réaction par la mobilité ne sont pas du tout les mêmes selon l’activité : elles ont assez forte pour les agences de grandes SSII nationales, plus faible pour les SSII locales et quasiment nulles pour les cabinets d’avocat d’affaires. Il existe une adéquation entre les formes de construction des marchés maîtrisés par les prestataires et les caractéristiques des marchés de province. « Certes il existe certaines différences entre Lille et Bordeaux quant aux fonctionnement des réseaux sociaux engagée dans la construction du marché : à Bordeaux, la construction de ces réseaux s’appuie très fortement sur des dimensions d’appartenance aux élites urbaines, tandis que à Lille ces réseaux ont souvent une dimension professionnelle beaucoup plus accusée et sont en prises sur des organisations ou des associations diverses mais qui participent de la consolidation et de l’institutionnalisation de milieux professionnels ; Bordeaux apparaît comme une ville où les élites dirigeantes ne sont pas véritablement segmentées professionnellement et fonctionne encore pour une partie sur un mode de notabilité, contrairement à Lille où ces milieux dirigeants apparaissent plus spécialisés et structurés professionnellement. » La spécialisation est donc à divers titres une démarche risquée. De plus, la construction du marché pour des activités spécialisées fait appel à d’autres règles et d’autres savoirs ou savoir-faire que ceux mobilisés pour le marché local ou régional : la constitution de ce marché - réseau, passe par des relais relevant d’instances ou d’organisations structurées à des échelles géographiques élargies dans lesquelles jouent des phénomènes de notoriété ou de réputation, c’est-à-dire qu’elle s’appuie autant sur des garants institutionnels ou objectivables que sur des garants personnels. 36 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Fiche de lecture établie par Les stratégies de pôles de croissance dans la planification économique régionale : une vue rétrospective Partie 1 : origines et fonctions Growth-pole stratégies in regional economic planning : a rétrospective view Part 1. origins and advocacy PARR John B. Urban Studies ; Vol.36, n°7, 1999 ; pp 1195-121 Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE Résumé août 2003 Les années 1960, 70 ont connu un engouement pour les stratégies de pôles de croissance et les théories de pôles de croissance ont été appliquées à des espaces économiques très différents (pays en développement ou pays développés). Elles ont connu de nombreux échecs. Cet article n’est pas une révocation ou une réhabilitation de ces théories. L’auteur souhaite montrer la complexité et la nature hautement conditionnelle de la mise en place de ces stratégies. L’absence de structure ou de théorie générale de politique économique régionale notamment pour l’évaluation explique l’enthousiasme puis le rejet de ces théories. Mots-clés Pôles de croissance, concentration, économies d’échelle, diffusion du développement. Objectif Les années 1960, 70 ont connu un engouement pour les stratégies de pôles de croissance et les théories de pôles de croissance ont été appliquées à des espaces économiques très différents (pays en développement ou pays développés). Elles ont connu de nombreux échecs. Ainsi après une période d’engouement, une suspicion politique s’est développée vis-à-vis de ces théories. Cet article n’est pas une révocation ou une réhabilitation de ces théories. L’auteur souhaite montrer la complexité et la nature hautement conditionnelle de la mise en place de ces stratégies. L’absence de structure ou de théorie générale de politique économique régionale notamment pour l’évaluation explique l’enthousiasme puis le rejet de ces théories. L’auteur souhaite mettre en évidence les confusions dans la conceptualisation de ces théories. Méthodologie L’auteur travaille à partir de textes de politiques économiques régionales. Dans un premier temps, il met en évidence les confusions sous-jacentes de ces théories, les différentes stratégies des pôles de croissance, puis la nature des stratégies des pôles de croissance et leur rationalité. Cet article est essentiellement basé sur une présentation et utilisation de ces stratégies. La partie 2 de l’article est une discussion sur les raisons des échecs et le rejet des stratégies de pôles de croissance planifiés. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 37 Commentaires Les confusions sous-jacentes Les pôles de croissance se caractérisent par la présence d’une industrie stimulante, qui grâce à sa capacité à innover, à dominer, stimule les autres industries. « La croissance n’apparaît pas n’importe où au même moment : elle apparaît à des points ou pôles de croissance avec des intensités variables ; elle se répand le long de corridors et avec des effets différenciés sur le reste de l’économie ». L’espace économique et la polarisation se mesurent par les transactions inter firmes. Des débats s’organisent pour déterminer les frontières géographiques du pôle de croissance. « Un ensemble d’industries en croissance localisées dans une aire urbaine et créant une phase ultérieure de développement économique dans sa zone». Boudeville. Première confusion Pour l’auteur, il y a là une première confusion car un pôle de croissance d’un espace géographique et un pôle de croissance d’un espace économique sont deux entités distinctes. Dans les années 60, il y a aussi une confusion sur l’utilisation du terme car le terme de pôle de croissance est utilisé à la fois pour le développement spontané (pôle de croissance induit) et pour les stimulations de stratégies de développement (pôle de croissance planifié). pôle de croissance induit : le développement n’est pas indépendant de la nature de la structure spatiale et une augmentation de la polarisation peut-être une pré - condition au progrès économique. pôle de croissance planifié : qui consiste à déterminer la localisation d’une industrie motrice pour développer les industries liées et augmenter la croissance sur sa zone d’influence. Deuxième confusion Une autre confusion provient de ce que la stratégie de pôle de croissance planifiée se base seulement sur l’implantation d’une industrie propulsive or d’autres critères entrent en jeu. Les différentes stratégies des pôles de croissance Revitaliser une zone déprimée : Cette stratégie est mise en place dans les pays développés voyant se développer des zones déprimées et des effets multiplicateurs négatifs. La stratégie consiste à développer les infrastructures publiques et à inciter les investissements privés dans le centre le plus favorable de la région pour développer des opportunités d’investissements internes. « Le problème doit être vu non pas comme celui d’apporter l’activité aux travailleurs, ou vice versa, mais comme celui d’apporter l’activité et les travailleurs si nécessaire à des endroits de la région où ils seront les plus performants». Economist Intelligence Unit. Encourager la déconcentration régionale : Utilisée dans les pays développés afin de limiter le niveau de concentration régionale. L’objectif est d’aboutir à une structure spatiale adéquate en activant une planification de pôle de croissance dans une partie non métropolitaine de la région. Modifier le système national urbain : Surtout dans les pays en développement, où la population est concentrée sur 2 ou 3 zones métropolitaines, et ne possédant pas de centres de taille moyenne (résultat du colonialisme). L’objectif en construisant un pôle planifié de taille intermédiaire est d’intercepter les migrations vers les centres prééminents et de limiter son attraction. Atteindre un équilibre interrégional : « Les investisseurs passent beaucoup de temps pour essayer de rafler toutes les opportunités qui pourraient surgir autour d’un pôle de croissance (naturel) et négligent celles qui peuvent 38 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen surgir ou peuvent être débloquées ailleurs. Il apparaît est que les économies externes créées par les pôles de croissance, bien que réelles, sont constamment surestimées par les opérateurs économiques ». HIRSCHMAN. Dans les phases de développement initial et intermédiaires des pays en développement pour faire face au développement d’une économie duale spatiale. Ce processus étant cumulatif les gouvernements, sous la pression, ont mis en place des concentrations planifiées de l’activité économique. Addition de ces différentes méthodes : Dans les pays développés en construisant un nombre limité de centres avec la particularité d’offrir un panel de services à un niveau particulier de hiérarchie de centre. La nature des stratégies des pôles de croissance et leur rationalité Caractéristiques des stratégies de pôles de croissance planifiés, présentes à différents degrés Accroître l’emploi et la population par une localisation particulière dans une région d’une industrie ou d’un complexe industriel. Limiter le nombre de pôles planifiés. Sélection et discrimination des localisations : (localisation ayant un potentiel pour soutenir l’activité économique, un avantage intra ou inter régional, des records passés de croissance). Modifier la structure spatiale notamment en accroissant la concentration et augmentant la population. Leur rationalité Concentration de l’infrastructure (du capital économique et social) pour développer les économies d’échelle et les externalités. Concentration de l’activité économique pour développer des économies d’agglomération par des économies externes (pécuniaire et technologiques). Pôles planifiés et le reste de la région. La croissance du pôle sera transmise par différents mécanismes, ce qui entraînera un développement endogène. Les arguments donnés sur la rationalité des pôles économiques planifiés sont insuffisants pour justifier la mise en place d’une politique. Il est nécessaire de justifier la supériorité de ces stratégies. La partie 2 de l’article est une discussion sur les raisons des échecs et le rejet des stratégies de pôles de croissance planifiés. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 39 40 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Fiche de lecture établie par Les stratégies de pôles de croissance dans la planification économique régionale : une vue rétrospective Partie 2 : réalisations et résultats Growth-pole strategies in regional economic planning : a retrospective view Part 2. implementation and outcome PARR John B. Urban Studies ; vol. 36, n°8, 1999 ; pp 1247-1268 Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE Résumé août 2003 Après avoir abordé dans un premier article, les raisons et la rationalité des politiques de pôles de croissance, L’auteur se consacre, dans un premier temps, sur les aspects négligés de la mise en place des opérations de pôle de croissance, la configuration spatiale des pôles planifiés, les effets d’entraînements et la présence d’un pôle dans les systèmes urbains existants. Puis dans un second temps , sur les raisons des abandons des échecs ou des non -adoptions de cette stratégie. L’objectif de l’article est de montrer que les théories des pôles de croissance n’ont jamais été évaluées sur la base d’une structure conceptuelle adaptée et que les rudiments de ces structures ont été seulement esquissés. Mots-clés Pôles de croissance, concentration, économies d’échelle, diffusion du développement. Objectif Après avoir abordé dans un premier article, les raisons et la rationalité des politiques de pôles de croissance, l’auteur se concentre, d’abord sur aspects négligés de la mise en place des opérations de pôle de croissance, la configuration spatiale des pôles planifiés, les effets d’entraînements et la présence d’un pôle dans les systèmes urbains existants ; puis dans un second temps, sur les raisons des abandons des échecs ou des non -adoptions de cette stratégie. L’objectif est de montrer que les théories des pôles de croissance n’ont jamais été évaluées sur la base d’une structure conceptuelle adaptée et que les rudiments de ces structures ont été seulement esquissés. Méthodologie Analyse de textes. Commentaires Les aspects négligés Les stratégies de pôles de croissance doivent rectifier une déficience par l’activation d’un système planifié de pôles. Il faut donc considérer quelle va être la variation du coût et du bénéfice moyen de la stratégie en fonction de la taille de chaque pôle et de sa place dans la hiérarchie du système urbain. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 41 La fréquence de localisation des pôles cherche à maximiser le bénéfice régional, c’est-à-dire une couverture maximale des parties de la région. Or cette maximisation ne peut se faire que si l’on prend l’ensemble des facteurs en compte (la politique régionale et ses objectifs…) afin de pouvoir comparer cette stratégie avec d’autres alternatives. La localisation est également une décision critique car elle engendre une modification du système urbain et peut défavoriser certaines parties de la région or ces inconvénients étaient souvent négligés. Beaucoup d’échecs sont dus au fait que l’activité économique des pôles a été négligée. L’attention était portée sur des caractéristiques de localisation et des aspects techniques (des infrastructures adéquates des facilités financières…) afin d’encourager l’activité économique. Aucune sélection d’un secteur économique particulier ou d’une activité économique n’était effectuée afin de l’encourager et d’accroître l’emploi. « Un cas typique a été identifié dans une zone déprimée d’une vieille région industrielle, bien que la problème ne soit pas limité à ce seul endroit. Il concerne le cas ou une usine importante d’une industrie motrice (assemblage automobile) a été incitée par des avantages financiers à se localiser dans l’Ecosse centrale, zone à problème de Grande Bretagne. Seules quelques relations avec des fournisseurs amont locaux apparurent. Une raison pour cela tenait à la structure des industries, souvent de petites taille et qui n’avait pas intérêt à localiser un nouvel établissement près de l’industrie motrice car la division de la production entre les deux localisation, n’aurait pas été économiquement justifiée malgré les aides financières ». Mc CRONE (1969). Aucune configuration spatiale des pôles n’a été effectuée par rapport aux exigences de localisation des futures activités économiques car la réalisation d’études était trop coûteuse et n’a pas été faite. Or ces recherches d’information auraient permis de mettre en évidence que ces stratégies n’étaient pas appropriées et que d’autres auraient du être préférées. Les stratégies de pôles de croissance planifiées ont négligé l’analyse des relations entre le pôle et le reste de la région. Elles ont supposé les effets externes positifs, mais ne les ont pas anticipés. Or selon l’échelle de relation sous laquelle on se place (les effets entre le niveau régional et interrégional, entre le pôle et l’arrière-pays), et l’échelle de temps, les effets peuvent être positifs, neutres ou négatifs. Il est donc nécessaire d’estimer les effets d’entraînement cumulés globaux après analyse de l’espace économique : Effets favorables « Une telle éventualité nécessite que le pole soit un succès et que les prix des facteurs et du foncier soient suffisamment élevés pour que les firmes trouvent un intérêt à se localiser loin du pôle dans l’hinterland régional : ceci suppose une tendance régionale à la déconcentration.». Effets neutres « Ceci n’est pas en soi une mauvaise chose, mais si le pole avait été conçu comme un moyen pour encourager la diffusion du développement sur une grande zone, la stratégie n’aurait pas été une réussite » Effets défavorables « En raison de meilleures liaisons de transport, les entreprises (qui auparavant comptaient sur des matières premières ou des intrants industriels provenant de l’hinterland) au moment de la planification, peuvent penser que leur situation sur les plan des approvisionnements peut être améliorée en recourant de manière croissante à l’importation. Parallèlement, l’augmentation de revenus des ménages au pole peut se traduire par une augmentation des importations en provenance de l’hinterland ». NICHOLS 1969. Les transmissions de croissance du pôle basées sur des effets multiplicateurs vers le reste du système urbain n’ont pas été évaluées. Or celles-ci peuvent être neutre ou défavorable. Par exemple, si les firmes du centre importent des biens de production d’une autre région, les effets peuvent être défavorables pour la région si les importations modifient les 42 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen échanges existants dans la région. En 1966, le modèle général hiérarchique de CHRISTALLER déterminait l’impact potentiel d’un pôle de croissance planifié d’un niveau donné et anticipait les échanges. Cependant ce modèle ne faisait aucune anticipation sur l’élimination des échanges existants. Les échecs et les non – adoptions de ces stratégies Ces stratégies ont connu 4 phases dans leur histoire : Une phase de développement des idées (travaux de Perroux notamment)- de mise en place (période keynésienne interventionniste). Une période d’échecs. Une période de rejet. Une phase Les échecs s’expliquent car la stratégie pouvait : Ne pas être appropriée : « Par exemple dans une zone rurale éloignée, l’application d’une stratégie de pôles de croissance basée sur une industrialisation à grande échelle peut produire moins de résultats effectifs qu’une stratégie alternative impliquant par exemple un renforcement de la politique de modernisation agricole et d’autres essais indirects pour diminuer la pauvreté rurale». Être infaisable : des erreurs faites sur le budget anticipé, l’absence de certains facteurs, l’inadéquation des instruments politiques effectifs. Être irréaliste : les analyses étaient insuffisantes par étapes planifiées de réalisation du pôle et pas d’anticipation des conséquences Être violée : « car les décideurs, espérant des hauts bénéfices, imposent des objectifs secondaires qui diluent les effets de la stratégie. « Par exemple, pour garantir que la plupart des parties d’une région bénéficient directement de la stratégie, ou que chaque partie soient intégrées au minimum dans le champ des effets potentiels, ou qu’un niveau inacceptable de concentration de population n’émerge pas, une configuration spatiale impliquant un grand nombre de pôles a été sélectionnée. Etre dus au conservatisme ou traditionalisme des décideurs, du fait de la complexité de la stratégie, de son potentiel de création de hauts revenus, corrélés cependant avec un risque élevé. De plus les échecs des autres stratégies des pôles de croissance confortaient les décideurs dans leur conservatisme. Ces stratégies ont été rejetées par les décideurs car ils refusaient les conséquences anticipées. Les bénéfices auraient été différents selon les régions, certains coûts auraient été pris en compte par la région (la mise en place des pôles de croissance), et d’autres conséquences (comme les pertes de population, d’activités économiques) auraient été à la charge des autres régions touchées, ainsi les représentants de ces régions ont fait pression pour le rejet de ces stratégies. De plus les stratégies de pôles planifiés ne présentaient pas de mécanismes de compensation, de partage des bénéfices pour les parties de la région ou les régions affectées négativement par ces stratégies. Ces mécanismes de ré -affectation n’étaient pas incorporés car ils diluaient les effets la stratégie. Aujourd’hui il y a 2 tendances vis-à-vis de ces stratégies : une minorité qui estime qu’elles sont robustes, une majorité qui estime qu’elles ne sont pas une solution à des problèmes régionaux mais plutôt une politique économique régionale de développement de long terme. Les leçons de ces stratégies Les décideurs sont plus prudents face à des stratégies garantissant le succès et sont plus à même de poser les questions fondamentales. Un processus de planification régionale doit s’appuyer sur une structure de prise de décision. Un diagnostic de la nature des problèmes régionaux est nécessaire pour pouvoir être articulé avec un horizon de temps et la mise en place d’objectifs. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 43 Une connaissance précise de l’activité économique de la région est nécessaire.- Une évaluation des risques et des probabilités de succès est nécessaire. Une détermination des interrelations et des interactions entre les différents éléments est nécessaire. Une stratégie ne doit pas se baser sur des cycles mais plutôt sur des étapes à atteindre évaluées par un examen critique dans le cadre d’une structure appropriée de référence. 44 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Les services financiers et le système urbain : une exploration Financial services and the urban system : an exploration PARR John B. et BUDD L. Fiche Urban Studies ; Vol. 37, n°3, 2000 ; pp 593-610 de lecture établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Résumé Les années 1960, 70 ont connu un engouement pour les stratégies de pôles de croissance et les théories de pôles de croissance ont été appliquées à des espaces économiques très différents (pays en développement ou pays développés). Elles ont connu de nombreux échecs. Cet article n’est pas une révocation ou une réhabilitation de ces théories. L’auteur souhaite montrer la complexité et la nature hautement conditionnelle de la mise en place de ces stratégies. L’absence de structure ou de théorie générale de politique économique régionale notamment pour l’évaluation explique l’enthousiasme puis le rejet de ces théories. Mots-clés Pôles de croissance, concentration, économies d’échelle, diffusion du développement. Objectif Actuellement il est fréquent d’insister sur le fait que nous sommes dans une période électronique où l’information peut être échangée instantanément à un coût marginal nul. Les frictions dues à la distance ont disparu. Quelles en sont les conséquences pour la localisation des services ? Le cas étudié est celui de la GrandeBretagne qui est considérée comme modèle de localisation des services financiers : Londres dispose en effet d’une offre de services aux entreprises disproportionnées par rapport à sa population. L’objectif est d’étudier la structure spatiale des services financiers en considérant le système urbain de Grande-Bretagne. Méthodologie Seuls les services financiers utilisés comme services intermédiaires en tant que biens de productions sont étudiés (les services financiers vendus comme biens finals sont exclus de l’étude). Les théories de la localisation des branches sont utilisées pour comprendre la localisation des services financiers. Dans un premier temps, les auteurs introduisent certaines modifications dans ces théories afin de pouvoir les appliquer aux services financiers. Puis la hiérarchie existante des systèmes urbains sont étudiés afin de comprendre comment les systèmes urbains se forment. Commentaires L’agglomération de différentes activités caractérise la structure des activités de services financiers, ce facteur limite le nombre de centres offrant une activité de services financiers. Le système de Lösch considère l’agglomération de l’activité économique en relation avec l’efficience du réseau de transports. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 45 « L’approche de LÖSCH était de considérer chaque activité séparément en termes d’une demande rurale disperse. Ensuite il essayait de réunir les points d’équilibre de chaque activité pour minimiser le nombre de points d’approvisionnement, ceux-ci devenant des places centrales formées d’un complexe de fonctions. Cette approche imaginative était destinée à prendre en compte l’agglomération de l’activité économique en relation avec un réseau de route efficace, mais il n’y avait pas de tentatives pour estimer l’effet de cette agglomération sur les coûts ». Cette faiblesse explique pourquoi elle n’est pas utilisée par les auteurs. Une autre approche considère le système urbain comme une entité en évolution qui passe par différentes étapes de développement, chacune de ces étapes conditionnant la suivante. Cette approche est plus raisonnable pour comprendre la formation d’un système urbain. Tableau 1 the successively inclusive structure of the GH model Level of set of functions m Level of centre m 1 2 3 4 5 5 x 4 3 x x x x x 2 x x x x 1 x x x x Les services financiers et le système financier Définition des marchés financiers : l’analyse s’intéresse à la finance indirecte c’est-à-dire quand des intermédiaires financiers interviennent sur le marché (la finance directe est la rencontre directe entre les emprunteurs et les préteurs). Le concept de « market-maker » est essentiel pour comprendre les opérations des marchés financiers et des services aux entreprises. « Les faiseurs de marché ont 4 principales fonctions : premièrement agir comme commissairepriseur pour organiser les transactions et réaliser les ordres des clients, deuxièmement agir comme des stabilisateurs de prix, en achetant à prix bas, de telle façon que les prix oscillent autour d’une moyenne, troisièmement, agir comme des intermediaries informationnels et contribuer à la sécurité des transactions, quatrièmement, répondre immédiatement à un ordre d’achat par un ordre de vente pour éviter les risques lors de l’exécution de l’ordre». Si les ordres de ventes et d’achats sont continûment au-dessus et au-dessous du prix d’équilibre alors le marché est sécurisé. Le risque du marché s’évalue aussi par la facilité et la rapidité avec laquelle un actif peut être changé en liquidités pour un coût minimal. Plus le risque est faible plus les intermédiaires financiers demandent une marge faible. Deux théories expliquent ce concept, la première le définit comme un preneur de risques, la seconde insiste sur le contraste entre les négociants en informations et les négociants en liquidités, le « market-maker » agit comme un intermédiaire entre les utilisateurs finaux mais il n’agit pas comme un représentant. Les marchés se distinguent par les catégories d’actifs échangés, le temps et la localisation ont aussi une grande importance. Définition des intermédiaires financiers Une place centrale financière fournit une information plus complète sur le prix grâce à un panel de produits financiers. Le hasard moral est alors plus faible que si l’information est fournie par les médias électroniques. L’argument qui prétend que les échanges électroniques disperseront les activités de services financiers semble exagéré. 46 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Définition des actifs financiers Sous une même appellation se regroupent des produits distincts. Un portefeuille comprend des variétés différentes d’actifs financiers afin de réduire les risques. Dans le même temps les fonds de pensions provisionnent les investisseurs qui préfèrent un revenu régulier à des forts gains en capitaux. Ces fonds de pension gèrent à la fois des risques diversifiés et d’autres non diversifiés. Influence de la localisation sur l’activité de services financiers Les facteurs de localisation sous-jacente à l’échelle de la firme Les entreprises de services financiers essaient de réaliser des économies d’envergure en s’accroissant (ouverture de départements offre de nouveaux services), en rachetant ou fusionnant avec une firme équivalente étrangère ayant déjà développée de nouveaux services ou agissant sur une aire de marché suffisamment large pour offrir des services adéquats. L’atteinte de l’envergure voulue peut aussi passer par la fondation de départements offrant de nouveaux services. Économies d’agglomération et activités de services financiers Un complexe d’activités économiques est plus influencé par des économies externes de dimension plutôt que par des économies externes d’échelle ou d’espace. Hiérarchie des activités de services financiers et hiérarchie de système urbain Des groupes d’activités de services financiers sont identifiés : commerce international, intermédiation internationale, agent de change, opérations sur les actions. La hiérarchisation de chaque groupe d’activités dans les villes se base sur la fréquence des fonctions particulières. En Grande-Bretagne, on distingue les métropoles nationales, les métropoles multi-régionales, les métropoles régionales et les centres régionaux. La fréquence des centres décroît avec l’élévation dans les niveaux hiérarchiques. Tableau 2 Hierarchy of UK financia-sercvice activities Level of set of functions m Typical functions supplied Frequency of supplying centres International portfolio services Derivatives trading International commodity trading International equities and bonds International underwriting 1 N-1 UK portfolio services Foreign-exchange trading UK coporate finance UK equities and bonds UK underwriting 5 N-2 Regional portfolio services Foreign-exchange intermediation Treasury-operation activities Regional coporate finance Regional underwriting 9 N-3 Foreign-exchange agency Treasury-operation activities Sub-regional equity and bond agency Equity settlement and other back-office functions N 20* *the number of supplying centres depends on the precise definition of activities, so that the frequency of 20 represents a crude average in the range 15-25 L’économie de la Grande-Bretagne possède un secteur avancé de services financiers et le comportement des firmes dans les années passées montre l’importance de la localisation et hiérarchie. (tableau 3) Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 47 Tableau 3 Hierarchy of urban centres Level of centre m N Frequency of centres in level Composition of level London 1 N-1 Birmingham Manchester Glasgow 3 N-2 Leeds-Bradford Bristol Newcastle Cardiff Belfast Edinburgh 6 N-3 Leicester Liverpool Sheffield Nottingham And centres down to 150.000 population 25 L’application des théories de place centrale à ce secteur est pertinente cependant des adaptations et des ré -interprétations du modèle sous-jacent sont nécessaires. (tableau 4) Tableau 4 Hierarchystructure of UK financial-sercvice activities Level of centre m Level of set of functions m N-3 N-2 N-1 N N 0 0 0 2 N-1 0 1 1 2 N-2 0 1 1 1 N-3 1 1 1 1 Note: the labelling of cells is explained in the text. Un centre financier est une place centrale possédant une hiérarchie d’activités. Ces activités sont offertes à une vaste aire de marché, chacune de ces aires correspondant à un centre de plus faible niveau hiérarchique. En termes de place centrale, cela signifie que chaque activité de services financiers peut être vue comme une série d’information avec des externalités établies par l’agglomération de ces informations dans une place centrale d’information et formant la base d’un centre financier. Une attention doit être portée sur l’échelle, la dimension et la complexité de l’agglomération. Les innovations en communication permettraient technologiquement des localisations éloignées et la création de plusieurs places centrales, mais une telle localisation sous-entend de renoncer aux avantages des externalités. De plus la structure spatiale des services financiers est très influencée par les systèmes préexistants. Cependant même si la croissance et l’existence de ces services a une influence sur le système urbain, il est trop tôt pour déterminer si le développement de cette activité renforcera ou modifiera les systèmes urbains actuels. Il est notamment nécessaire d’étudier l’impact des technologies sur le système urbain, les implications de la compétition interurbaine et si les résultats issus de l’étude de la Grande-Bretagne sont applicables à d’autres pays. 48 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Article Fiche de lecture établie par Céline MENTEUR et Jean PHILIPPE août 2003 Les hiérarchies urbaines et les caractéristiques changeantes des « professionnels urbains » a Toronto et Montréal : entre convergence et divergence Urban hiérarchies and the changing characteristics of « urban professionals’ » in Toronto and Montréal : between convergence and divergence ROSE Damaris Canadian Journal of Regional Science ; Vol. XXII, n°1-2, 1999 ; pp 133-141 Résumé Depuis les années 1980, la hiérarchie urbaine canadienne s’est modifiée. Un long processus de changements, de modifications cruciales dans des secteurs déterminants de l’économie ont eu pour résultat une forte avance de la zone de Toronto sur les autres centres tertiaires avancés, notamment dans le secteur des finances, assurance, biens immobiliers, services aux entreprises. Toronto se situant en premier dans la hiérarchie urbaine et ce devant Montréal. Ce processus a eu pour effet une recomposition des forces de travail résidant dans les grands centres tertiaires canadiens. L’objectif de l’article est de montrer comment cette évolution de la structure des employés du secteur tertiaire depuis les années 80 a eu une implication sur le changement de la hiérarchie de Montréal et Toronto. Pour cela l’étude prend en compte les caractéristiques des professionnels vivant dans les deux villes : leur distribution, par secteur, leur âge, leur revenu. Mots-clés Hiérarchie urbaine, concurrence, professionnels des services, répartition par âge, répartition par revenus. Objectif Depuis les années 1980, la hiérarchie urbaine canadienne s’est modifiée. Un long processus de changements, de modifications cruciales dans des secteurs déterminants de l’économie ont eu pour résultat une forte avance de la zone de Toronto sur les autres centres tertiaires avancés, notamment dans le secteur des finances, assurance, biens immobiliers, services aux entreprises. Toronto se situant en premier dans la hiérarchie urbaine et ce devant Montréal. Ce processus a eu pour effet une recomposition des forces de travail résidant dans les grands centres tertiaires canadiens. L’objectif de l’article est de montrer comment cette évolution de la structure des employés du secteur tertiaire depuis les années 80 a eu une implication sur le changement de la hiérarchie de Montréal et Toronto. Pour cela l’étude prend en compte les caractéristiques des professionnels vivant dans les deux villes, c’est-à-dire leur distribution, par secteur, leur âge, leur revenu. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 49 Méthodologie Dans un premier temps, l’étude montre l’évolution depuis 1981 des secteurs d’activité des habitants de Montréal et Toronto. Puis dans un deuxième, l’évolution des revenus des professionnels de la finance, assurance, biens immobiliers et services aux entreprises dans ces deux villes. Commentaires Évolution des secteurs d’activité des habitants de Montréal et Toronto Le secteur des professionnels travaillant dans la finance, assurance, biens immobiliers et services aux entreprises est nettement plus important à Toronto qu’à Montréal. Par contre il y a une convergence des villes sur le poids du secteur de l’éducation, de la santé, services sociaux et administration. Ce secteur connaît un déclin relatif à Montréal alors qu’il était un pilier de l’avance de Montréal dans le secteur tertiaire. Mais parallèlement Montréal connaît une forte croissance du secteur de la finance, assurance, biens immobiliers et services aux entreprises. Tableau 1 : Percentage of Employed Labour Force by Occupational Structure and Zone of Residence (vertical percentage) and Distribution of the Resident Labour Force between Zones (horizontal percentage, in brackets), Torento and Montreal CMAs. 1991 Toronto Montreal Inner city Outer city CMA Outer city CMA 278 530 (15,0) 1 575 650 (85,0) 1 854 180 (100) 271 575 (20,3) 1 063 675 (79,7) 1 335 245 (100)) Managers 11,6 (13,9) 12,7 (86,1) 12,6 (100) 10,2 (18,0) 11,8 (82,0) 11,5 (100) Professionals 22,3 (19,3) 16,4 (80,7) 17,3 (100) 20,9 (27,1) 14,4 (72,9) 15,7 (100) Supervisory occupations 4,4 (13,5) 5,0 (86,5) 4,9 (100) 4,4 (17,8) 5,1 (82,2) 21,6 (100) Specialised and technical 19,1 (14,3) 20,2 (85,7) 20,0 (100) 20,7 (19,5) 21,9 (80,5) 21,6 (100) Non-speciliased sals and service 26,5 (14,7) 27,2 (85,3) 27,1 (100) 28,7 (20,8) 27,9 (79,2) 28,1 (100) 6,7 (11,8) 8,9 (88,2) 9,5 (100) 6,4 (13,9) 10,1 (86,1) 9,3 (100) Number off All occupations Inner city Whhite Collar Blue Colar Skilled blue-collar 9,5 9,6 9,6 8,7 8,8 8,8 (15,0) (15,0) (100) (15,0) (15,0) (100) Source : Statistics Canada. Censures of 1981 and 1991, special compilations. CMA boundaries are those of 1981. Low-skilled blue collar Dans les années 80, Québec a connu une forte croissance de la classe des affaires ce qui a consolidé le rôle de Montréal comme centre régional financier et de services aux entreprises. 50 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Tableau 2 : Professionals in the Toronto and Montreal CMAs : Percentage Distribition by Sector of Employment, 1981 and 1991 1981 Industrial sector Toronto CMA Total professionnals Finance, insur., real estate and bus. services 1991 Montreal CMA Toronto CMA Montreal CMA 204 120 100 % 155 345 100 % 320 770 100 % 209 900 100 % 25,8 % 17,8 % 30,1 % 24,0 % Construction, distrib. And others services 8,3 % 8,9 % 7,4 % 7,9 % Consummer and miscellaneous services 11,9 % 10,1 % 11,4 % 10,9 % Education, health, social and gov. services 40,6 % 52,1 % 40,2 % 47,0 % Manufacturing, priumary industrie 13,4 % 11,1 % 10,8 % 10,4 % Source : Statistics Canada. Censures of 1981 and 1991, special compilations. CMA boundaries are those of 1981. Les professions des services aux consommateurs et de services divers sont sur représentées par rapport aux autres professions. Ce secteur comprend l’industrie culturelle et artistique qui a une grande importance pour l’arrivée des classes moyennes. Les professions, de la finance, assurance, biens immobiliers et services aux entreprises, sont caractérisées par une très forte attirance pour vivre à l’intérieur des villes. Ces professionnels sont de loin ceux qui perçoivent les revenus les plus élevés. Leur pouvoir d’achat est disproportionné par rapport aux autres professions. Cet écart est nettement plus prononcé à Toronto qu’à Montréal. Cependant il y a une plus forte proportion de ces professions à Toronto qu’à Montréal. L’écart de répartition des employés du secteur industriel se réduit entre les deux villes. Tableau 3 : Inner City Share of CMA Professionals, Both Sexes, for each Sectoral Group, and Absolut Numbers and Average 1990 Employment Incomes of Professionals, Toronto and Montreal, 1991 Toronto inner city Share of CMA professionals (CMA= 100%) Montreal inner city N Mean employ. income Share of CMA professionals (CMA= 100%) N Mean employ. income Total professionals 19,3 % 61 980 $ 46 045 27,1 % 56 885 $ 38 204 Finance, ins., real estate and bus. services 21,3 % 20 610 $ 56 077 28,3 % 13 815 $ 38 204 Construction, dist. and other producer services 10,5 % 2 500 $ 43 961 18,8 % 2 745 $ 39 902 Consumer and miscella neous services 24,6 % 9 005 $ 32 971 35,3 % 8 010 $ 28 810 Education. health. Social and gov. services 19,8 % 25 490 $ 43 908 26,7 % 28 105 $ 39 301 Manufacturing, primary industries 12,6 % 4 380 $ 39 539 21,8 % 4 210 $ 34 703 Source : Statistics Canada. Censures of 1981 and 1991, special compilations. CMA boundaries are those of 1981. Évolution des revenus des professionnels de la finance, assurance, biens immobiliers et services aux entreprises La divergence en termes de revenus des professionnels de ce secteur s’accroît entre les deux villes en faveur de Toronto. Le revenu réel de Montréal a diminué alors que celui de Toronto a augmenté. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 51 Tableau 4 : Ratio of Montréal to Toronto Employment Incomes of Professionals in Finance, Insurance, Real Estate and Business Services, by Sex and Zone of Residence, 1980 and 1990 Ratio of Montrealers to Torontonians employment incomes Both sexes Males Females Inner city Outer city 1980 0.91 0.98 CMA 0.96 1990 0.75 0.83 0.82 1980 0.88 0.94 0.93 1990 0.73 0.82 0.80 1980 0.91 0.99 0.97 1990 0.80 0.86 0.85 Source: Statistics Canada, census of 1991, special compilations, CMA boundaries are those of 1981 Répartition par sexe La proportion des femmes dans ce secteur a crû de la même manière dans les deux villes ce qui ne peut donc pas expliquer l’évolution des écarts de revenus entre ces deux villes. Parallèlement les écarts de revenus entre les hommes des deux villes se creusent, avec un transfert des emplois les mieux payés de Montréal vers Toronto. Répartition par âge Dans ces deux villes, les plus de 45 ans sont plus payés que leurs homologues travaillant dans d’autres villes. Cependant la proportion des professionnels de ce secteur de plus de 45 ans a diminué à Montréal alors que celle de Toronto à dans le même temps augmenté. En effet, la zone de Toronto a attiré les plus de 45 ans car ils ont un rôle dans le processus de contrôle et de commandes. 52 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Écrits signalés résumés Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 La politique régionale a travers la coopération : du forum urbain au réseau urbain Regional policy through co-operation : from urban forum to urban network ARNDT M., GAWRON T. et JAHNKE P. in Urban Studies ; Vol. 37, N°11, 1999 ; pp 1903-1923. Mots-clés Globalisation, nouvelles technologies de l’information et de la communication, développement polycentrique, concentration, décentralisation ; Résumé Les auteurs cherchent à mettre en évidence les changements induits par la globalisation La globalisation est un phénomène qui n’est pas seulement économique, mais qui représente également une transformation de l’espace et du temps par l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cette globalisation a réduit à néant les traditionnelles politiques de gestion et d’aménagement de l’espace, tant au niveau national que régional. Pour répondre à ces transformations, l’Union Européenne a appliqué le principe de développement polycentrique des régions urbaines. Cet article analyse les stratégies mises en oeuvre pour répondre à transformations en utilisant l’exemple du modèle de ‘’concentration décentralisée’’ appliqué dans la région de Berlin -Brandebourg. Le principe de ‘’concentration décentralisée’’ s’appuie sur deux outils. D’un côté, des objectifs communs sont affichés et une stratégie de développement est arrêtée au niveau de l’agglomération. De l’autre côté, les villes périphériques sont associées aux décisions par la mise en place d’un réseau et d’un Forum. L’avantage de cette méthode est que les autorités locales ont une meilleure vision des problèmes qui touchent leur communauté. Toutefois, pour que ce mode de gestion d’une agglomération fonctionne, il faut institutionnaliser un réseau extrêmement dense de communication et d’information entre les différentes villes et les différents services. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Economie géographique et compétitivité urbaine : une critique Geographical economies and urban competitiveness : a critique BODDY M. In Urban Studies ; Vol. 36, n5-6, 1999 ; pp. 811-842 Mots-clés Economies d’échelle, avantages comparatifs, concentration spatiale, productivité. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 55 Résumé L’objectif de l’article est de faire une analyse critique des travaux de KRUGMAN, en particulier de la façon dont il analyse les villes, la croissance urbaine et la compétitivité. Les idées clés de Krugman sont : les économies d’échelle encouragent la concentration de la production les économies externes jouent un rôle dans le groupement d’industries : elles sont autant importantes que les avantages comparatifs dans l’explication du commerce entre territoire l’activité économique a une tendance à la concentration spatiale la localisation économique reflète souvent les accidents historiques les niveaux de revenu national et de niveau de vie standard reflétante la productivité domestique Les principales critiques formulées contre Krugman concernent l’agglomération et les coûts de transaction, les économies externes et le lien avec l’histoire.. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 La mobilité géographique et la promotion professionnelle des salaries : une analyse par aire urbaine BRUTEL Chantal, JEGOU Maryse et RIEU Carole, in Economie et Statistique ; 2000, vol. 6, n°336 ; pp 53-68 Mots-clés Mobilité professionnelle, mobilité géographique, grandes aires urbaines, petites aires urbaines, catégories socio – professionnelles. Résumé Cette étude cherche à démontrer une liaison positive entre mobilité géographique et promotion professionnelle. Sachant que les déplacements vers les plus grandes aires urbaines, plus de 400 000 habitants, apparaissent comme les trajectoires géographiques les plus souvent associées à une promotion, l’étude essaie de voir quel rôle joue la taille de l’espace de départ et de l’espace d’arrivée sur les probabilités de promotion au sein du ‘’petit urbain’’, c’est-à-dire les aires de moins de 400 000 habitants. Cette étude est une analyse entre 1968 et 1990 de la relation entre la mobilité géographique des hommes salariés et leur promotion en fonction de catégories professionnelles. L’analyse ne porte pas sur les femmes car leur mobilité dépend souvent du conjoint. Les situations d’artisanat et de chômage en début et fin de chaque période sont également exclues du champ d’analyse. L’interaction entre mobilité professionnelle et mobilité géographique présentée ici est réalisée à partir de l’échantillon démographique permanent (EDP). Il s’agit d’un panel d’individus au 1/100° qui rassemble, pour chacun d’entre eux, des renseignements issus des recensements de la population (1968, 1975, 1982 et 1990) et de l’état civil (bulletins de naissance, mariage, décès, etc.). Il permet donc de suivre environ 800 000 personnes au cours du temps. Changer de lieu de résidence accroît la promotion et inversement quel que soit le zonage. En général, les promotions sont plus associées aux déplacements vers le grand urbain. En effet, les salariés qui quittent le petit urbain pour aller résider dans une grande aire ont une probabilité de promotion deux fois plus élevée que ceux qui restent dans le petit urbain. Les membres des professions intermédiaires et, dans une moindre mesure, les employés sont surreprésentés parmi les salariés qui se déplacent vers le grand urbain. Les ouvriers, qualifiés ou non, sont en revanche sous -représentés dans ce type de déplacement. 56 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Les méga régions urbaines et la formation des villes mondiales : globalisation, crise économique et politique urbaine en Asie pacifique Mega-urban regions and world city formation : globalisation, the economic crisis and urban policy issues in pacific Asia DOUGLASS Mike, in Urban Studies ; 2000, Vol. 37, N°12 ; pp 2315-2335. Mots-clés Compétition des villes, globalisation, spéculation, nouvelles technologies, services, foncier. Résumé Les auteurs cherchent à mettre en évidence les nouvelles clefs de la politique urbaine. Dans le Pacifique Asiatique, la globalisation du commerce, de la production et de la finance a souligné et accéléré la transition urbaine qui touche spécifiquement les régions méga - urbaines. La compétition des villes que cela a engendré, pour obtenir le statut de métropole mondiale, entre ces régions a intensifié l’émergence de la crise de 1997. Les auteurs font une analyse du processus de globalisation ainsi que ses conséquences sur les différentes métropoles Asiatiques Leur première observation est que la globalisation et l’urbanisation sont deux phénomènes interdépendants qui se renforcent mutuellement et qui sont très présents en Asie. La globalisation a induit plusieurs changements. Le premier, et le plus important, est que les investissements directs ne se font plus vers l’achat de foncier et le capital productif, mais vers la circulation boursière, les nouvelles technologies et les services. Le deuxième élément induit par la globalisation est l’intégration du local dans le marché financier global, qui se concrétise dans le cas de l’Asie par des spéculations massives à court terme. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 La gouvernance a niveaux multiples et le régionalisme métropolitain aux usa Multilevel governance and metropolitan regionalism in the USA MITCHELL-WEAVER Clyde, MILLER David et DEAL Jr Ronald, In Urban Studies ; 2000-1, Vol. 37, N°5-6 ; pp 851-876 Mots-clés Gouvernance, management des métropoles, fragmentation politique, fédéralisme, concurrence inter métropolitaine. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 57 Résumé Les auteurs cherchent à mettre en évidence les objectifs et critères à prendre en considération dans la politique urbaine aux Etats-Unis. Alors que le New Regional Coalition met en avant la fragmentation des échelles décisionnelles au niveau des métropoles comme raison première des problèmes urbains, les auteurs veulent démontrer que la complexité induite par la nature fédéraliste des USA implique une nécessaire intervention croisée sur plusieurs niveaux. L’augmentation des problèmes que rencontrent les métropoles américaines engendre un regain d’intérêt de la part des chercheurs et des hommes politiques pour la définition de nouveaux moyens d’action en politique de développement urbain. Les causes immédiates des problèmes que rencontrent les métropoles sont triples. Premièrement, les disparités socio-économiques se sont accrues entre le centre et la périphérie. Deuxièmement, l’économie globale entraîne une compétition des villes qui menace leurs bases économiques. Enfin, l’accroissement de l’urbanisme menace l’équilibre des villes. Dans cet article, les auteurs font une analyse historique de la vision, que la Regional Coalition a, des problèmes des métropoles ainsi que de leur programme d’action publique. Pour cela ils s’intéressent tout d’abord à l’évolution historique du rôle joué par le régionalisme métropolitain dans l’évolution des politiques urbaines aux USA. Puis, ils analysent les propositions du New Regional Coalition (NRC) en développant leur propre indice de fragmentation métropolitaine afin de comparer leurs résultats à ceux du NRC et de mettre en évidence les solutions que tente d’apporter le NRC. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Comprendre les processus de développement urbain : l’intégration de l’économique et du social dans les recherches sur la propriété Understanding urban development processes : integrating the economic and the social in property research SIMON Guy et HENNEBERRY John, in Urban Studies ; 2000-5, Vol. 37, N°13 ; pp 2399-2416 Mots-clés Propriété du sol, structures économiques, structures sociales, développement urbain, institutions. Résumé Cet article tente de mettre en avant la nécessité de travailler à une analyse du processus de développement de la propriété qui tienne compte des structures stratégiques de développement économiques et sociales tout en prenant en considération les réponses sociales apportées par les propriétaires. Dans leur traitement du développement, les chercheurs dans le secteur de la propriété tentent d’adopter une méthodologie positiviste qui utilise outrageusement les techniques de choix rationnels par la maximisation de l’utilité. Ces recherches ne donnent qu’une vue partielle de ce sujet. Récemment, des approches méthodologiques et théoriques alternatives ont évolué et tentent d’expliquer le large contexte institutionnel du processus de développement. 58 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Les auteurs font une réinterprétation des récentes recherches de différents auteurs. De plus, ils analysent le processus de développement urbain par les institutions. Enfin, ils défendent l’idée d’une approche analytique qui intègre les aspects sociaux et économiques dans un contexte temporel et spatial dynamique. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Nouveaux challenges pour la gouvernance urbaine New challenges for urban governance KEARNS Ade et PADDISON Ronan, in Urban Studies ; 2000, Vol. 37, N°5-6 ; pp 845-850 Mots-clés Gouvernance, management urbain, attraction des investissements, globalisation. Résumé L’objectif de cet article est de démontrer que le ‘’management’’ urbain ne peut être compris aujourd’hui comme étant le fait de contrôler, diriger, prendre en charge les affaires de la villes. Aspects que le terme de ‘’governance’’ urbaine englobe mieux et qui répond aux besoins imposés par les problèmes que rencontrent actuellement les villes. La globalisation, accompagnée de la mobilité accrue des investissements de capital, ont entraîné une perte de contrôle dans la gestion des villes. Plusieurs changements induits par les modifications économiques sont exposés. Tout d’abord la compétition entre villes s’est fortement développée. Deuxièmement, pour attirer les investissements, les villes ont mis en avant leurs particularités culturelles. Ces particularités culturelles ont été elles-mêmes détournées pour répondre aux attentes des touristes. Troisièmement, les villes ont tenté de se dégager de la tutelle étatique, ne voyant plus en l’Etat la capacité de les aider. Enfin, les villes ont cherché à se tourner vers l’international en réponse aux changements économiques. L’auteur s’appuie sur l’analyse des changements, induits par les nouvelles donnes économiques et sociales, que connaissent les villes et leurs modes de gestion. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Services et métropoles : formes urbaines et changement économique PHILIPPE J., LEO P.Y. et BOULIANNE L-M., Paris ; L’Harmattan ; 1999 ; 300 pages Mots-clés Métropole, activités économique, théorie de la base, centralité, poly-centralité, services aux entreprises. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 59 Résumé Ce livre s’efforce de répondre à un certain nombre d’interrogations sur les relations entre activités de services et métropoles. Les métropoles sont-elles plus favorables au développement des activités de services que les villes moyennes ? Toutes les branches de services connaissentelles des évolutions comparables et comment celles-ci affectent-elles la croissance de l’emploi dans les villes ? Certaines combinaisons d’activités de services se montrent-elles plus efficaces pour alimenter la croissance de l’emploi dans les métropoles ? Peut-on observer un déclin des centres-villes et l’émergence de zones urbaines périphériques en tant que milieu privilégié de localisation des services aux entreprises ? Les réponses que fournit cet ouvrage reposent essentiellement sur deux types de travaux statistiques : d’une part, des analyses globales couvrant l’ensemble de quelques systèmes urbains nationaux, d’autre part, des analyses plus détaillées portant sur huit métropoles. Les systèmes urbains étudiés sont ceux de la France, des États Unis, du Canada et des pays scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège, Suède). Leur analyse révèle qu’une nouvelle hiérarchie des villes émerge, les positions de chacune d’entre elles étant déterminées par le degré de diversification de leur économie et l’importance des activités tertiaires qui y sont localisées. L’analyse des huit métropoles (Barcelone, Birmingham, Bordeaux, Genève-Lausanne, Marseille-Aix en Provence, Milan, Montréal et Toulouse) confirme la portée des transformations identifiées. Malgré les différences de contexte, ces grandes villes connaissent toutes une expansion des emplois tertiaires. Cette évolution n’a cependant rien d’homogène et la diversité, plus que l’uniformité, caractérise le développement de ces économies métropolitaines. Deux types d’enseignement peuvent être retirés de ce travail. Le premier consiste à établir un constat sur les mécanismes de la croissance métropolitaine et sur les configurations urbaines. Ce constat montre que les services aux entreprises se substituent aux activités industrielles comme principal moteur de développement, mais il suscite aussi des interrogations sur l’organisation spatiale de la société qu’ils façonnent. Ces interrogations constituent le deuxième temps de cette contribution. Résumé établi par Jean Philippe ; août 2003 Éléments d’analyse du gouvernement des villes françaises : Entre gouvernance opérationnelle et gestion stratégique oligarchique THOMAS Olivier, in Revue d’économie régionale et urbaine ; 1999, vol.2, n°4 ; pp 691-708 Mots-clés Gouvernance, management des villes, dimensions opérationnelles, dimensions stratégiques. Résumé Cet article tente d’examiner la pertinence du cadre théorique proposé par la gouvernance, appliquée au milieu urbain, en vue de caractériser la réalité des conditions d’exercice du management et du gouvernement des villes françaises. Avec les lois de décentralisation des années 80 et le développement de la contractualisation, on semble assister à une perte relative d’influence des préceptes régissant le modèle régalien 60 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen d’action étatique précédemment hégémonique en France en matière de gouvernement des villes. Cette approche développée par bon nombre d’auteurs est analysée par Olivier Thomas. L’auteur, dans une première partie, fait une analyse de l’adéquation entre la gouvernance urbaine et les modalités concrètes de la gestion des villes et agglomérations en France. Dans un deuxième temps, l’auteur fait une distinction entre les dimensions productive et opérationnelle d’un côté, et stratégique et décisionnelle de l’autre. Cette distinction lui permet d’affiner son analyse. Avec le développement de la contractualisation entre l’Etat et les collectivités locales, les principales prérogatives de la fonction de maire apparaissent être une gestion d’ensemble d’une structure contractuelle, fruit d’une politique de délégation plus ou moins aboutie. Toutefois, il n’existe aucun lien objectif entre contrats et gouvernance, en dépit d’une relation que l’on perçoit implicitement comme essentielle entre ces deux éléments. Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen 61 62 Observatoire des territoires et de la métropolisation dans l’espace méditerranéen Bibliographie complémentaire BAILLY A., BOULIANNE L. & MAILLAT D., 1989, Activités de services et évolution des systèmes de production, Revue d’économie régionale et urbaine, n°4, pp.625-640 BAILLY A., & BOULIANNE L., 1993, Evolution des centres tertiaires, mobilité des entreprises de services et réorganisations urbaines : les cas de Dijon et Grenoble, CEAT, Lausanne BARO E. & SOY A., 1993, Business Services Location Stratégies in the Barcelona Metropolitan Regio, The Service Industries Journal, vol.13, n°2, pp.23-35 BEYERS W.B. & LINDAHL D.P., 1994, Competitive Advantages and Information Technologies in the Producer Services, Communication au séminaire : « Structure spatiale des activités de services », CEAT Lausanne BONAMY J. & MAY N.(dir.), 1994, Services et mutations urbaines : questionnement et perspectives, Anthropos -Economica, Paris BOULIANNE L.M & DECOUETERE S., 1994, Services aux entreprises et modes de gestion de l’espace : la Suisse Romande entre concentration et dispersion, CEAT, Lausanne CAPRON H. & DEBANDE O., 1994, Services, base industrielle et développement régional, Revue d’économie régionale et urbaine, n°2, pp.223-249 CARREZ J.F., 1991, Le développement des fonctions tertiaires supérieures internationales, La Documentation française, Paris COFFEY W. & BAILLY A. , 1992, Producer Services and Systems of Flexible Production, Urban Studies, vol.29, n°6, pp. 857-868 DANIELS W.P. 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