des impurs comme les lépreux, c’est que sa pureté à lui est contagieuse et qu’il n’a pas à se défendre
d’un mal qu’il fait reculer. En se rendant dans un lieu équivoque comme la Piscine Probatique à
Jérusalem (Jn 5,2-6), il vient en arracher le paralytique qui y croupit depuis des années et non
franchir un interdit.
Jésus respecte certainement le sabbat, même s’il pratique ce jour-là des guérisons qui choquent les
Pharisiens et ne reprend pas ses disciples qui glanent des épis dans les champs, faute d’autre
nourriture.
3- L’enseignement de Jésus sur la Loi
a) la grande déclaration :
La phrase clé est celle de Mt 5,17-19 : « N'allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les
Prophètes: je ne suis pas venu abroger, mais accomplir. Car, en vérité je vous le déclare, avant que
ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i ne passera de la Loi, que tout ne soit arrivé.
Dès lors, celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux
hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux; au contraire, celui
qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux ».
Dans ce passage, deux perspectives se mêlent : l’accomplissement des Ecritures, au sens que nous
avons donné à ce terme dans le cours n°1 (réalisation des promesses de Dieu) et l’application des
préceptes de la Loi. Visiblement les deux sont liés pour Jésus. « Accomplir », dans la deuxième
perspective, peut encore avoir deux sens différents : pratiquer intégralement ou porter à sa dernière
perfection. Or Jésus a conscience de faire les deux : il est le Serviteur qui va jusqu’au bout de
l’obéissance à la Loi de son Père et, par le fait même, il donne à cette Loi son éclairage ultime, qui
en révèle toutes les exigences cachées.
L’autorité que le Christ revendique face à la Loi découle de là. Il s’agit non d’abandonner la
Révélation donnée par Dieu à Moïse, mais de lui apporter son « accomplissement » dans la
perspective du Royaume qui vient. L’urgence de l’Heure nécessite de prendre certains
commandements dans une plus grande radicalité (l’amour du prochain, l’interdit de l’adultère, le
respect des serments etc...), de revenir à l’intention première de Dieu, un temps cachée par des
concessions à la faiblesse humaine (l’indissolubilité du mariage), de redonner au sabbat son sens de
libération (voir ci-dessous), de remettre en perspective les règles les plus importantes par rapport
aux prescriptions de détail qui risquent de faire oublier les premières. Le Christ a conscience d’agir
comme le prophète des derniers temps, nouveau Moïse, qui, inspiré par l’Esprit Saint, peut
compléter la Torah de Moïse (« on vous a dit..., moi je vous dis... »). Et c’est cela qu’on lui
reprochera.
b) la question de la pureté
Jésus a un sens aigu de la sainteté de Dieu : le Nom de Dieu est sacré et on ne peut le prononcer à la
légère, le Temple est sacré et on ne peut y faire n’importe quoi, pas même le traverser en portant des
colis (Mc 11,16), la ville de Jérusalem est sacrée, c’est « la Cité du grand Roi » (Mt 5,35).
Pourtant, il s’affronte avec les pharisiens sur les règles de pureté, dont il dénonce les excès et
finalement l’hypocrisie. Il édicte à ce propos un principe novateur : « ne savez-vous pas que rien de
ce qui pénètre de l'extérieur dans l'homme ne peut le rendre impur? » (Mc 7,18). La distinction ainsi
posée entre le péché (toujours volontaire) et l’impureté (qui peut être contractée par accident) est
lumineuse. Par le fait même, il distingue la loi morale (qui concerne le bien et le mal) et les
préceptes cultuels (qui peuvent avoir leur utilité comme pédagogie du sacré, mais qui ne s’imposent
pas avec la même force que les règles morales). Saint Marc force probablement l’intention de Jésus
à la lumière de ce qui s’imposera par la suite en disant : « il déclarait ainsi que tous les aliments sont
purs » (Mc 7,19, cf. l’expérience de Pierre Ac 10,13-15).
c) la question du sabbat
On a souvent méconnu la pensée de Jésus sur le sabbat en y voyant la réaction d’un esprit libre face
aux étroitesses des Pharisiens. Or même la Loi orale prévoyait des cas où on n’était pas obligé de