Jour de Noël 2011 – Jn 1,1-18 ; Hé 1,1-6 ; Is 52,7-10 Le Verbe est dans une situation paradoxale. Il est au plus près de Dieu. Rien ne peut se faire sans lui, il est la vie, il est la lumière des hommes, les ténèbres ne peuvent rien contre lui, mais il faut un témoin comme Jean ou les bergers de la crèche pour en signaler la présence. Sans les bergers, la naissance de Jésus serait passée totalement inaperçue. Des témoins sont nécessaires car le monde est insensible au Verbe dont il reçoit pourtant l'existence. Cette indifférence ou résistance du monde au Verbe a pour conséquence que celui qui reçoit le témoignage ne peut échapper à une certaine rupture d'avec le monde. En effet, croire au Nom de Jésus, croire que Jésus est Christ conduit à prendre une distance critique par rapport aux valeurs et aux normes qui orientent le monde. Ainsi les valeurs de l’entreprise pour laquelle je travaille méritent-elles que, pour elles, je me tue à la tâche ou que je mette ma vie de famille en danger ? Les lois doivent-elles être respectées même quand leur usage est pervers ? Mais croire au nom de Christ Jésus, c'est aussi faire corps avec lui au point de devenir enfants de Dieu et de partager avec lui la dignité de Fils. Croire au nom de Jésus Christ, c'est donc se situer à la place même du Fils, se tourner ainsi vers le Père et recevoir cet Esprit qui procède de l'un et l'autre. Croire au nom de Christ Jésus nous établit en ce corps qui commence à se manifester dans la mangeoire de Bethléem et qui se déploie dans toute sa gloire au matin de Pâques. Croire au Nom de Jésus Christ passe par les sacrements et la prière. En effet, nous prenons place sous le nom de Jésus Christ et nous accédons à une certaine visibilité de son corps par la pratique des sacrements et par la prière. Ainsi croire, c’est s'accrocher au Christ par la prière et les sacrements afin de poser les actes que poserait Jésus Christ s'il était dans la même situation! Et, posant ces actes, nous rendons témoignage au Verbe de Dieu comme Jean Baptiste, les Bergers, Jean l'évangéliste ou l'auteur de l'épître aux Hébreux. Jésus porte donc le nom de Christ, parce qu'il nous ouvre un espace marqué par son nom, où nous prenons place par la foi et à partir duquel se déploie le corps dont il est la tête ! Il est celui devant qui s'inclinent les anges car, lorsque les théories, les idées, les valeurs auront fait leur temps, il restera ce corps que nous honorons en son commencement à Noël. Méditons sur les questions suivantes : Suis-je vraiment un croyant témoin de Christ Jésus à la manière de Jean Baptiste et des bergers ? Qu'en est-il de ma vie de prière et de ma pratique des sacrements ? Ai-je vraiment le souci de poser les actes que poserait Jésus Christ s'il était à ma place ? Amen.