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Chéloniens 11 • septembre 2008 •
comportement a duré quelques jours et ne s’est
plus renouvelé par la suite. La prise alimentaire ne
semble pas être une source de conflit particulier.
3.2 Accouplement
Le couple adulte a été placé dans le même terra-
rium dans le courant de l’année 2004. Au début de
l’année 2007, son transfert dans un nouveau terra-
rium plus grand et chauffé différemment a marqué
le début des premiers accouplements. Les deux
mâles subadultes ont rejoint par la suite le couple.
Les accouplements sont assez fréquents avec le
mâle n° 1, plus rarement avec le n° 2 et de manière
exceptionnelle avec le n° 3 qui est le plus petit mâle
des trois. Les tentatives d’accouplements se dérou-
lent toute l’année, le plus souvent après une vapo-
risation du terrarium. Le pourtour des narines du
mâle semble virer du jaune au rosé pendant la pé-
riode d’accouplement. Les jeunes mâles ont cher-
ché à s’accoupler lorsque la longueur de leur
plastron a atteint 18 cm. À ce moment, ils pesaient
850 grammes. Aucune parade d’accouplement n’a
été notée pour le moment. Le mâle grimpe rapide-
ment sur la partie postérieure de la carapace de la
femelle. Il se maintient grâce à ses membres anté-
rieurs qui s’agrippent au niveau de la charnière de
la femelle. Cette partie sensible s’est mise parfois à
saigner à cause de l’obstination du mâle à s’y cram-
ponner énergiquement. Pendant la copulation, le
mâle conserve la gueule ouverte en émettant un cri
semblable à un soufflement rauque. Ce cri est plus
rauque chez le mâle n° 1 que chez les mâles n° 2 et
n° 3. Pendant le coït, la femelle parvient souvent à
traîner le mâle sur plusieurs mètres.
3.3 Ponte
Lorsqu’elle est sur le point de pondre, la femelle
présente tous les signes caractéristiques d’une tor-
tue gravide : elle s’agite beaucoup et demeure lon-
guement dans la partie aquatique du terrarium. La
palpation permet aisément de sentir les œufs aussi
bien à droite qu’à gauche des fosses inguinales. En
juillet 2007, la femelle est isolée dans la partie
gauche du terrarium où le bac de ponte est installé.
Ce dernier est constitué d’une caisse encastrée
dans le sol du terrarium et rempli d’un mélange de
tourbe et de terreau. Une simple planche sépare les
mâles de la femelle. Très rapidement, elle se met à
creuser avec ses membres avant, à l’extérieur du
pondoir comme à l’intérieur. Son activité débute aux
environs de 16h 00 jusqu’à 20h 00 et se déroule de
plus en plus souvent dans le pondoir. Elle creuse
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2.3 Alimentation
Le régime alimentaire comprend une variété impor-
tante d’aliments d’origine végétale et animale distri-
bués une à deux fois par semaine : fruits (banane,
kiwi, orange, melon, pastèque, poire, pomme), lé-
gumes de saisons (courgette, endive, salade, to-
mate, concombre), champignons, herbes
sauvages, insectes présents naturellement dans la
mousse de forêt (cloportes, perce-oreilles, mille-
pattes etc.), escargots, vers de terre et souriceaux.
Depuis l’été 2007, des petits poissons décongelés
sont également proposés avec succès. De manière
plus exceptionnelle, la pâtée pour chat est distri-
buée aux Cinixys qui en raffolent. En revanche, les
grosses blattes sont ignorées par les tortues.
3. Résultats
3.1 Comportement
Les tortues demeurent la majeure partie de la jour-
née dans leur cachette. Elles se déplacent relative-
ment peu et ne deviennent vraiment actives que
sous l’effet de l’arrosage abondant du terrarium. La
distribution de la nourriture entraîne également un
déplacement temporaire des tortues. Leur activité
n’est pas strictement diurne ou nocturne mais elle
peut être qualifiée d’opportuniste. Les animaux
s’activent dès qu’ils en ressentent le besoin aussi
bien le jour que la nuit. Les tortues sont beaucoup
moins craintives qu’auparavant, même si elles n’af-
fectionnent pas particulièrement les manipulations
qui représentent une source de stress récurrent.
Contrairement aux observations rapportées par
certains auteurs sur l’agressivité entre les mâles
maintenus dans un même terrarium (Vetter ;
McKeown, 1998), la cohabitation des trois repro-
ducteurs n’a pas engendré jusqu’à ce jour de ma-
nifestation hostile particulière. Le seul affrontement
observé s’est déroulé lors de l’introduction des
deux mâles subadultes dans le terrarium occupé
par le couple adulte. La femelle a tenté à plusieurs
reprises de repousser l’un des deux mâles sub-
adultes en utilisant sa carapace comme boutoir. Ce
Accouplement entre le mâle n° 1 et la femelle juste après leur installation dans le nouveau terrarium.
La femelle creuse
avec les pattes avant
pour chercher un site
de ponte adéquat.