CORA CANNE-MEYER,
_ADRIAN -DE PEYER
ET JULIEN HAAS
'
DANS
a, LES IVIINEs
.
DE SOUFRE ».
-
Pas besoin
de millinre
Musique
devient I
larnbo
ALBERT MEM MI
nouveauté
la libération
du juif
Par I auteur de
portrait d'un juif
la statue de sel
roman
Nouvelle Édition avec une préface d'Albert Camus
GALLIMARD
La vraie nouveauté C'est du côté de .
la radio qu'on la trouvera cette fois.
L'O.R.T.F., en effet, semble commen-
cer à prendre
-
conscience de son rôle
de « diffuseur » et de promoteur
musical. Au moment même où une
vivante et très éclectique « Semaine
musicale O.R.T.F. » était organisée
à la maison de là Culture de Bôur-
,
ges,,la maison: de la Radio présentait,
sous le titre « Dix ans de création »;
*
une série de concerts publies du plus
haut intérêt. Nous y avons entendu,
entre autres, trois premières Mon-
diales
sur
lesquelles -il convient
*
de
s'arrêter un peu.
p
aris n'est plus dans _Paris
l'opéra n'est plus au palais
Garnier. C'est à Lyon qu'on
monte « Erwartung » de Schoenberg,
à Strasbourg qu'on prépare « le
Jeune Lord » de Henze, à Marseille
qu'on dorme a les Mines de soufre »
de Rodney Bennett. L'ingéniosité, le
goût, le talent y triomphent des insuf-
fisances de budget et prouvent qu'il
n'est pas besoin de disposer de mil-
liards pour faire vivre le théâtre
lyrique au rythme de notre temps.
L'ouvrage de Ro dney Bennett,
créé en 1965 par le Sadler's Wells,
avait fait sensation peu après au
Théâtre des Nations. Nous y avions
découvert un jeune compositeur
anglais réellement doué pour le drame
musical et parlant le langage le plus
contemporain avec un parfait naturel
et une absolue justesse expressive: A
Marseille, la sombre tragédie néo-
shakespearienne de Beverley Cross
n'a rien perdu de sa puissance dans
l'adaptation française de Michel
Ancey. Mieux : les costumes et les
décors, graves et dépouillés, de Pace
lui donnent un nouveau relief. Et la
direction musicale de Victor
.
Rein-
shagen, en restittiant très exactement
le climat- de passion jalouse (« se
consumant de l'intérieur comme les
mines de soufre ») et de folie meur-
trière, ne néglige rien des détails
qui font la richesse de la partition.
-
Une mort plagiée
Il faut dire que l'orchestre de
l'Opéra de Marseille s'affirme (Je plus
en plus comme un des meilleurs, des
plus souples, des plus disciplinés que
nous ayons en France. Et que les
chanteurs, portés par les beautés vo-
cales de l'oeuvre, ont fait un travail
en tous points exemplaire. A noter
qu'aux côtés d'Andrée Esposito, de
Cora Canne-Meyer, de Jacques Dou-
cet et de Julien Haas, le jeune ténor
Adrian de Peyer, dépêché par le
Sadler's Wells en dernière minute pour
remplacer Plantey défaillant, s'est
révélé comme un artiste exceptionnel
autant pour sa vaillance et son intel-
ligence vocales que pour sa présence
scénique. C'était cependant la pre-
mière fois qu'il jouait le rôle !
Marseille est donc en train de de-
venir notre Hambourg. Pendant ce
temps, à Paris, Georges Auric se
plaint de ne pas trouver d'opéra mo-
derne digne d'être représenté au
palais Garnier et, pour se consoler,
commande l'excellent danseur-mai-
son, Attilio Labis, une nouvelle cho-
régraphie pour le
«
Roméo et Ju-
liette » de Prokofiev. Mais, on peut
être un interprète de qualité et ne
pas avoir une once d'imagination. Au
lieu du « western romantique » qu'il
nous avait promis, Labis nous donne
le plus plat, le plus vulgaire, le plus
ridicule mélodrame dansé qu'on, ait
osé montrer depuis longtemps..
Tous les poncifs du répertoire, à
peine transposés, s'y enchaînent d'un
bout à l'autre, au point que les der-
niers instants de Mercutio (au demeu-
rant habilement incarné par Patrick
Frantz) sont impunément calqués sur
la mort de « Giselle ». Les décors
indigents
z
ef pompiers de Michel Le
Corre sont dans le ton général. Et
Jacques
Bazire, au pupitre, ne fait
qu'ajouter aux complaisances et à la
lourdeur d'une partition interminable
qui est bien l'Une des moins réussies
de son auteur. Bilan : trente-deux
millions pour trois heures et demie
de banalité et d'ennui. C'est un peu
cher !
Tout par douze
Tout d'abord « Ellipse »; un cycle
mélodique sur un poème de , « la
Parolé en Archipel »
-
de René Char,
du jeune MiChel Découst disciple de
Messiaen, Boulez of Stockhausen.
Cette oeuvre, excellernment chantée
par Lise „Arseguet, a déjà trois ans- .
C'est une « apologie dù moment mn-
sical », d'une froide et impression-
nante violence et qui, en dépit d'une
évidente influence webernienne,' trahit
un fort tempérament. On attend avec
curiosité la grande pièce orchestrale
que Decoust est en train d'écrire
pour la -cathédrale de Royan et qui
sera créée au prochain festival. A
côté* d'Eloy, Amy, Méfano et Guézec,
une nouvelle personnalité de la jeune.
musique française est en train-de
s'affirmer. Soyons attentifs.
Quelques heures plus tard, l'en-
semble « Ars Nova », soui la direc-
tion scrupuleuse et inspirée de Diego
Masson, révélait les « Douze
-
inven-
tions pour douze instruments- d'An-
dré Jolivet et le « Tombeau de lui-
-
han Carillo » de Jean-Etienne Marie.
La première partition, où tout mar-
che par douze, est, bien évidemment,
une coquetterie savoureuse de la part
du plus convaincu des adversaires de
la série. Mais c'est aussi une compo
7
sition qui rappelle, s'il en était be-
soin, à quel degré de virtuosité d'écri-
ture est parvenu l'auteur de « Mana ».
Et Jolivet, sans trop s'abandonner 4
l'amertume de la caricature, -y reste
lui-même avec une aisance tout à
fait déconcertante.
Quant au
«
Tombeau
de
Julian
Carillô »,, où deux pianos à 1/3 et
1/2 ton dialoguent -avec une bande
magnétique
.
4 basé de pianos à 1/5
et 1/6 de ton, c'est une Page de
haute éloquence qui transcende
-
avec.
- beaucoup de bonheur le prOcédé:Ide
clusters » obtenu par les coups
d'avant-bras et de tranchant de' la
main sur le clavier. Sa noble
e
gra.ve'
poésie lui ouvrira certainement
,
les -
oreilles les moins faites atm:
audaces
aCtuelles. Nous revienclrons• bientôt,
ici même, sin' la singulière et atta-
chante, personnalité ' deJean:Etienne
Marie.
D'étranges libertés
Enfin, je dois, pour conclure
-
Ce
bref tour d'horizon des nouveautés--de-
la semaine,-dire un mot du dernier
concert du Domaine Musical à
l'Odéon.. Lè chef polonais Andrzej
Markowski y a prisde bien étranges
libertés avec deux a Tône Roads
d'Ives et le concerto opus 24 de
Webern. On a l'impression qu'il. est
plus attentif à se servir de la musique
pour se mettre en valeur qu'à la ser-
vir réellement. Dans ces conditions, il
est bien difficile de juger de l'intérêt
du concerto pour cinq instruments et
quatuor à cordes de Gorecki,
-
de
l' a Action for six » de Rands et du
« Radiant » de Kelenten qui étaient
donnés en première française et où se
retrouvent à des degrés divers les tics
communsà toute la jeune musique
d'où qu'elle Soit. On peut seulement
- affirmer sans .crainte que le « Récit 2
,
et la
«
Légende » pour soprano et sept
instrtirnents, du Suisse -Pierre Marié-
tan, relèvent _ du post-webernisme le
plus académique et le plus desséché. -
Tout nouveau, Mais pas forcément
tout bean!,
MAURICE FLEURET
Le Nouvel Observateur Page 39
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