BULLETIN de SANTE du VEGETAL FRANCHE COMTE Bulletin N°9 – Semaine 22 – 3 pages Stades Avec 2 feuilles supplémentaires au cours des 7 derniers jours, les stades vont de 7-8 feuilles à 13-14 feuilles étalées avec une moyenne autour de 11 feuilles étalées. Dans les parcelles les plus précoces, les premières fleurs sont observées. La précocité actuelle est de l’ordre de 24 jours par rapport à 2013 et 2 jours d’avance par rapport à une année moyenne (2003-2013). Boutons floraux séparés avec toute première fleur Pluies du 19 au 25 mai : (stations Interval et Météo France) Sur cette période deux épisodes pluvieux sont constatés : Maynal Orbagna (int) Montmorot L’Etoile (int) Le Vernois (int) Pupillin (int) Arbois Les Arsures (int) Pesmes (int) Champlitte (pluvio) Episode du 22 mai 10,5 mm Pb station 7,8 mm 5,5 mm 5,5 mm 11 mm 11,4 mm 16 mm 2,2 mm 3 mm Episode du 25 mai 0 mm Pb station 0,6 mm 7 mm 5,5mm 1 mm 1 mm 0,5 mm 0,4 mm 5 mm Prévisions du 28 mai au 02 juin : Un temps clément semble s’installer jusqu’en fin de semaine. Les pluies éventuelles devraient rester faibles et les températures de saison (mini : 8-10°C / maxi : 21°C ). Source Météo France Mildiou Etat des contaminations Toutes les contaminations potentielles qui se sont produites jusqu’au 14 mai ont terminé leur incubation. Des taches éparses ont été découvertes dans différents secteurs du vignoble jurassien depuis fin de semaine dernière, cependant aucune tache n’était sporulée hier (26/05). Les 1ers symptômes sur inflorescence (grappe en crosse confirmé par sporulation ce matin) ont été détectés de façon très ponctuelle. En Haute-Saône, aucune tache n’a été détectée. Pluies du 21 au 26 mai - Vignoble du Jura : le modèle milvit identifie des contaminations les 22 et 26 mai sur les 3 postes. Ponctuellement, des contaminations ont pu se produire le 25/05 (secteur Centre notamment). Bulletin de Santé du Végétal N° 9 - 27 mai 2014 1 - Haute-Saône : ce département a été peu touché par les passages orageux de la semaine dernière. Dans ces conditions, les contaminations sont une nouvelle fois ponctuelles et de faible intensité. Les taches correspondant à ces événements pluvieux débuteront leur expression à partir de cette fin de semaine. Analyse de risque Alors que la floraison est proche, la situation Mildiou est globalement saine dans le vignoble franc-comtois. Dans la majorité des situations, seules des contaminations primaires très ponctuelles ont pu se produire. Des repiquages n’ont pu avoir lieu que dans le cas de taches sporulées, très probablement dans le secteur Centre où les taches devaient être en cours de sporulation lors des pluies de la nuit dernière. Taches de mildiou sur gourmands Oïdium Pas d’évolution depuis la semaine dernière. Le modèle SOV identifie des conditions plus favorables au champignon au cours des 7 derniers jours. Rappelons que la floraison marque l’entrée dans la grande période de sensibilité des inflorescences à l’oïdium. Black-Rot Les tous premiers symptômes ont été détectés dans un secteur historiquement sensible. Ailleurs, aucune tache n’a encore été découverte. Rappelons que la période où les grappes sont les plus réceptives aux contaminations débute à partir du stade floraison-nouaison. Vers de Grappe Les vols se terminent. La formation des glomérules débute. Au plus 4 glomérules pour 100 grappes ont été observés. Une estimation plus exhaustive sera réalisée dans les semaines à venir Petite chenille de cochylis dans un glomérule Cicadelle de la Flavescence Dorée Les larves de cicadelle vecteur de la Flavescence Dorée sont beaucoup plus présentes cette semaine, jusqu’à 75 larves pour 100 feuilles observées. Rappel : En pépinières : la lutte se poursuit jusqu’à disparition complète des adultes. En parcelles de vigne-mères de greffons : Le premier traitement est recommandé sur la période du 5 au 12 juin. Note nationale Xylella fastidiosa : voir pièce jointe au BSV Prochain BSV : mardi 03 juin Bulletin de Santé du Végétal N° 9 - 27 mai 2014 2 Action pilotée par le ministère chargé de l'agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018. Bulletin édité sous la responsabilité de la Chambre Régionale d’Agriculture de Franche-Comté et rédigé par la Société de Viticulture du Jura en collaboration avec la Chambre d’agriculture de Côte d’Or et le SRAL Bourgogne, à partir des observations réalisées par : Société de Viticulture du Jura – Coopérative Terre Comtoise – Interval - Vignoble Guillaume –Vignoble Champlitte Avec la participation financière Bulletin de Santé du Végétal N° 9 - 27 mai 2014 3 Note nationale BSV Rédaction DGAL-ANSES Xylella fastidiosa est une bactérie nuisible sur de nombreux végétaux. Ce pathogène est connu comme agent de la maladie de Pierce qui a fortement touché les vignobles californiens dans les années 1990. Il est également responsable de la chlorose variégée des citrus au Brésil à la fin des années 1980. Les dépérissements provoqués par la maladie peuvent avoir des répercussions économiques de grande ampleur. Par ailleurs, il s'agit d'une maladie fortement épidémique, transmises potentiellement par de nombreux vecteurs. Statut réglementaire Xylella fastidiosa est un organisme nuisible réglementé de quarantaine en Europe. Cette bactérie est listée dans l’arrêté du 24 mai 2006 modifié comme organisme nuisible dont l’introduction et la dissémination sont interdites. Suite au foyer identifié en Italie, une décision de la Commission (2014/87/UE) a été adoptée afin de renforcer la surveillance du pathogène en Europe. Au titre de l’arrêté du 31 juillet 2000 modifié, il s’agit également d’un organisme de lutte obligatoire de façon permanente sur tout le territoire français. Situation en Europe En octobre 2013, 2 foyers ont été détectés dans la région de Lecce (Pouilles) et déclarés par les autorités italiennes. La bactérie a provoqué des dessèchements sur feuilles et des symptômes de déclin rapide sur oliviers, lauriers roses, amandiers et chênes. 1/13 Les autorités italiennes ont immédiatement pris des mesures d'éradication et de confinement sur une zone de 23 000 ha : - arrachage et destruction des végétaux atteints ; - traitements insecticides contre les insectes vecteurs ; - traitements herbicides ; - surveillance intensive ; - aucune circulation de végétaux ou de partie des végétaux y compris les fruits à l'extérieur de la zone. Etat des connaissances concernant la situation en Italie. Le séquençage de la bactérie a été réalisé. Il s'agirait d'une souche éloignée des sous-espèces fastidiosa et multiplex (voir ci-dessous). La vigne et les agrumes ne seraient pas des hôtes potentiels de cette souche. La bactérie a pu être isolée en culture, ce qui devrait permettre la réalisation de tests de pathogénicité. Le vecteur identifié comme responsable de la transmission de la bactérie en Italie est le cercope Phileanus spumarius (cercope des prés ou cicadelle écumeuse). La France est-elle menacée ? La découverte de la bactérie en Italie montre que son introduction a été possible en Europe. Une potentielle circulation de végétaux infectés vers la France est possible. L'Anses considère que X. fastidiosa (avis sur saisine n° 2012-SA-0121 du 22 juillet 2012) "constitue une menace réelle pour de nombreuses filières de production". Dans ces conditions, il est nécessaire de savoir reconnaître les symptômes provoqués par la bactérie sur les différentes espèces cibles, et de signaler aux Services régionaux en charge de la protection des végétaux ou à l'OVS régional tout symptôme suspect. Cette vigilance est particulièrement recommandée aux détenteurs de végétaux originaires des Pouilles, région italienne où ont été découverts les deux foyers de Xylella fastidiosa. 2/13 Connaître la bactérie, reconnaître les symptômes La bactérie X. fastidiosa est une bactérie du xylème de la famille des Xanthomonadaceae. C’est la seule espèce du genre Xylella. 4 sous-espèces sont généralement reconnues par la communauté scientifique : X. f. subsp. fastidiosa : pathogène pour la vigne, l’amandier et le caféier X. f. subsp. multiplex : pathogène pour l’amandier et autres Prunus spp. ainsi que sur plusieurs espèces de feuillus et autres essences ornementales X. f. subsp. pauca : pathogène sur les agrumes dont principalement l’oranger. Pathogène également sur caféier X. f. subsp. sandyi : pathogène sur laurier rose Cependant, les travaux récents suggèrent que la spécificité d’hôte des sous-espèces ne serait pas si tranchée. Par exemple, le caféier et l’amandier hébergent ainsi plusieurs sous-espèces pathogènes de X.f.. Les différentes pathologies Les pathologies induites par X. fastidiosa portent différentes dénominations selon les plantes affectées : maladie de Pierce sur vigne (Pierce’s disease), Almond Leaf Schorch (ALS) sur amandier, Chlorose Panachée des Citrus (CVC Citrus Variegated Chlorosis) sur orangers, Phony Peach Disease (PDD) sur pêcher, Oleander Leaf Schorch (OLS) sur laurier rose, etcA Plantes hôtes La bactérie compte parmi ses hôtes plus de 200 espèces végétales (50 familles botaniques différentes), dont de nombreuses plantes hôtes ne développant pas de symptômes, mais pouvant jouer potentiellement le rôle de porteur sain. Voir la liste des plantes hôtes en annexe ci-jointe. Répartition mondiale X. fastidiosa est présente dans les Amériques, de l’Argentine à l’Ontario au Canada. En Asie, la bactérie est présente sur l’île de Taïwan uniquement. En Europe, un foyer d’environ 8 000 ha sur olivier, laurier rose et amandier a été déclaré en octobre 2013 dans le sud de l’Italie. Répartition de la bactérie dans les organes La bactérie est présente à la fois dans les organes aériens (feuilles, rameaux, fruits) et dans les racines. Elle a également été décrite dans les semences d’oranger. Les plus fortes concentrations bactériennes sont trouvées dans les pétioles et la nervure centrale des feuilles. La concentration bactérienne dans les tissus évolue également en fonction des saisons et des conditions climatiques. Les plus fortes concentrations sont observées en juin-juillet sur vigne en Californie. Transmission et dispersion – Insectes vecteurs La contamination des plantes et la dispersion de la maladie se fait principalement via des insectes vecteurs piqueurs-suceurs se nourrissant de la sève brute du xylème. Il s’agit principalement des cicadelles (Cicadellidae) et des cercopes (Cercopidae) et dans une moindre mesure des cigales (Cicadidae). En fait, tout insecte piqueur-suceur se nourrissant de sève brute (xylème) est à considérer comme potentiellement vecteur de cette bactérie. 3/13 Le cercope des prés (Phileanus spumarius) est présent en Amérique du Nord et est également largement répandu en Europe. Aux USA, ce cercope est l’un des vecteurs de la bactérie X. fastidiosa. Cercope des prés (Phileanus spumarius) (Photo : Fred CHEVAILLOT – Source : INPN MNHN) Genêt colonisé par des larves de Philaenus spumarius entourées de leur mousse. (Photo: Berger Harald- source : Wikipédia) Les outils de tailles, ou autres outils provoquant des blessures sont également à l’origine de la dispersion de la maladie de plante à plante, bien que ce mode de transmission n’ait pas été décrit comme très efficace. Les blessures du système racinaire peuvent être à l’origine de phénomène d’autogreffes et engendrer la transmission de la bactérie de plante à plante. La multiplication, l’exportation et la plantation de plants contaminés représentent un risque important de dissémination. Moyens de lutte Il n’existe pas de moyen de lutte curative contre cette bactérie phytopathogène, si ce n’est l’arrachage et la destruction des plantes contaminées et le contrôle des insectes vecteurs. Les différents types de symptômes les brûlures foliaires (laurier rose) et dans les stades plus avancés, le desséchement des rameaux (répartition aléatoire dans le houppier), suivi de la mort du sujet dans les cas les plus graves (olivier, amandier, chêne, orme, platane sycomore, ...) les chloroses foliaires (sur caféier, oranger) : sur oranger, l’infection entraine également la production de fruits de petite taille les défauts de lignification (aoûtement) et la persistance des pétioles après la chute des feuilles pour la vigne le nanisme sur luzerne accompagné d’une coloration bleue-verte des feuilles le port tombant et la réduction des entrenœuds chez le pêcher chez la vigne sont également observés des jaunissements et des rougissements des feuilles. Confusions possibles Les brûlures foliaires peuvent aisément être confondues avec des symptômes dus aux stress hydriques ou à la sénescence naturelle des feuilles. Les chloroses du limbe peuvent être difficiles à distinguer de symptômes similaires provoqués par certaines carences nutritionnelles en oligo-éléments. 4/13 Sur vignes, des desséchements sectoriels ou marginaux du limbe sont proches des symptômes causés par la bactérie Xylophilus ampelinus agent causal de la nécrose bactérienne présente dans certains vignobles français. Principaux symptômes Sur olivier Brûlures foliaires sur olivier (Olea europaea), région des Pouilles, Italie (Photo : Donato Boscia, Istituto di Virologia Vegetale del CNR, UOS, Bari (IT) - Franco Nigro, Dipartimento di Scienze del Suolo, della Pianta e degli Alimenti, Università degli Studi di Bari (IT) - Antonio Guario, Plant Protection Service, Regione Puglia (IT) Source : www.eppo.org) Brûlures foliaires sur olivier (Olea europaea), région des Pouilles, Italie (Photo : Donato Boscia, Istituto di Virologia Vegetale del CNR, UOS, Bari (IT) - Franco Nigro, Dipartimento di Scienze del Suolo, della Pianta e degli Alimenti, Università degli Studi di Bari (IT) - Antonio Guario, Plant Protection Service, Regione Puglia (IT) Source : www.eppo.org) Brûlures foliaires sur olivier (Olea europaea), région des Pouilles, Italie (Photo : Donato Boscia, Istituto di Virologia Vegetale del CNR, UOS, Bari (IT) - Franco Nigro, Dipartimento di Scienze del Suolo, della Pianta e degli Alimenti, Università degli Studi di Bari (IT) - Antonio Guario, Plant Protection Service, Regione Puglia (IT) Source : www.eppo.org) 5/13 Sur vigne Défaut d’aoûtement sur vigne (Vitis vinifera) (Photo : Pr Sforza USDA/EBCL – Phytoma) Maladie de Pierce sur vigne (Vitis vinifera) – Pétioles persisitants et défaut d’aoûtement (Photo : J. Clark & A.H. Purcell, University of California, Berkeley USA - Source : www.eppo.org) Maladie de Pierce sur vigne (Vitis vinifera) - Symptômes sur cépage. Chardonnay (sous stress hydrique) (Photo : A.H. Purcell University of California, Berkeley USA - Source : www.eppo.org) Maladie de Pierce sur vigne (Vitis vinifera) - Symptômes sur cépage. Chardonnay (Photo: J. Clark - University of California, Berkeley USA – Source : www.eppo.org) 6/13 Desséchement sectoriel du limbe sur vigne (Vitis vinifera) (Photo : Pr Sforza USDA/EBCL –Source :Phytoma) Sur amandier Brûlure foliaires sur amandier (Prunus dulcis) (Photo : University de Berkeley – source : www.cnr.berkeley.edu) Brûlure foliaires sur amandier (Prunus dulcis) (Photo : Université de Californie, RiverSide USA – Souce: biocontrol.ucr.edu) 7/13 Sur pêcher Pêcher (Prunus persica) : le rameau de gauche est sain. Le rameau de droite présente des symptômes de Phony Peach Disease. Noter les internoeuds très courts. (Photo : University de Berkeley – source : www.cnr.berkeley.edu) Phony Peach Disease : le pêcher de gauche est contaminé, celui de droite est sain. (Source : www.aces.edu) Sur chêne Brûlures foliaires sur chêne américain (Quercus sp.) (Photo : Nancy Gregory, University of Delaware, Bugwood.org) 8/13 Chêne rouge (Quercus rubra) présentant des brûlures foliaires ainsi que des rameaux entièrement desséchés avec répartition aléatoire. (Photo : John Hartman Université du Kentucky USA – Source : http://www.forestryimages.org) Sur aulne Brûlure foliaires sur aulne (Ulnus sp.) (Photo : University de Berkeley – source : www.cnr.berkeley.edu) Sur Platane sycamore Brûlures foliaires sur platane sycamore (Platanus occidentalis) (Photo : John Hartman Université du Kentucky USA – Source : http://www.forestryimages.org) 9/13 Brûlures foliaires sur Platane sycomore (Platanus occidentalis) (Photo: Edward L. Barnard – Source: http://www.forestryimages.org) Sur Ginkgo biloba Brûlures foliaires sur ginkgo (Ginkgo biloba) (Photo: Elizabeth Bush - Source : www.forestryimages.org) Sur laurier rose Brûlures foliaires sur laurier rose (Nerium oleander) (Photo : Michael J. Plagens – Source : Wikipédia) Sur caféier 10/13 Chlorose et tâches nécrotiques sur caféier (Coffea sp.) (Photo : Bruno Legendre LSV Anges) Chlorose et desséchement marginal des feuilles sur caféier (Coffea sp.) (Photo : Bruno Legendre LSV Angers) Sur oranger et autres rutacées Chlorose panachée des agrumes (CVC) sur oranger (Citrus sinensis) (Photo : M. Scortichini, Istituto Sperimentale per la Frutticoltura, Rome Italie - Source : www.eppo.org) 11/13 (Citrus sp.) : les fruits et feuilles de gauche sont contaminés. Les fruits sont de petite taille et les feuilles présentent des chloroses. (Photo : Alexendrer Purcell – Source : http://www.invasive.org) Chloroses foliaires sur oranger (Citrus sinensis) (Photo : Joao Roberto Spotti Lopes) Nanisme de la luzerne Plant sain à gauche – plant contaminé à droite (Medicago sativa) (Photo : Joao Roberto Spotti Lopes) 12/13 Sur prunier Brûlures foliaires sur prunier (Prunus domestica) (Photo : Joao Roberto Spotti Lopes) 13/13