THEME 1B: les continents et leur dynamique Chapitre 1 : les particularités de la croute continentale. Rappels de 1ereS Rappels sur les roches, sur les densités, sur les structures visibles Les roches de la croûte océanique proviennent du refroidissement de magmas injectés à l'axe des dorsales. Ce sont essentiellement des basaltes, roches volcaniques constituant la partie supérieure du plancher océanique et surmontant des gabbros, roches plutoniques de même composition. Cet ensemble est tapissé d'une couche sédimentaire d'autant plus épaisse que l'on se trouve éloigné de la dorsale. La croûte océanique, de 5 à 6 km d'épaisseur, repose sur le manteau supérieur formé de roches grenues, les péridotites. I- Les roches de la croute continentale • TP_17: identification des roches et de leurs minéraux. Roche magmatique plutonique (entièrement cristallisée), de texture grenue, contenant surtout des feldspaths et du quartz et accessoirement des micas et des amphiboles.. Roche magmatique plutonique foliée (foliation ou schistosité) constitué de quartz, de mica, des feldspaths plagioclases et parfois du feldspath alcalin, d'amphiboles, Les roches magmatiques comme les granites, issues du refroidissement d’un magma, représentent 44,5% du volume crustal. Un granite est une roche grenue, composé de Quartz, de Feldspaths alcalins (parfois de F plagioclases) et de micas (biotite), c'est une roche riche en silice (Si) et en Aluminium (Al). Les gneiss sont des roches métamorphiques qui représentent 40% du volume crustal et ont la même composition minéralogique que le granite. Elles sont issues de la transformation à l’état solide de roches sédimentaires ou magmatiques. Sa foliation ou schistosité est due à une réorganisation des minéraux en fine bande (contrainte de pression accompagnant le métamorphisme). ROCHES SEDIMENTAIRES À l'affleurement, la majeure partie du domaine continental est constitué de roches sédimentaires (11%) issues de l’accumulation de sédiments en surface, ce sont les calcaires, grès et argiles. SIMA SIAL La croûte continentale est riche en Si et en Al (ce qui explique l'ancienne dénomination de Sial) alors que la croûte océanique est également riche en Magnésium (Sima) Différence de roches et différence de densité. Cette différence de composition minéralogique s'accompagne d'une différence de densité : une mesure simple de la masse volumique d'échantillons de granites et de basaltes permet de le confirmer. On peut estimer que la densité moyenne de la croûte continentale est de l'ordre de 2,7 alors que celle de la croûte océanique est plus proche de 3. Cette différence pose le problème des relations d'équilibre entre ces croûtes et le manteau sous-jacent. Comment expliquer cet équilibre? II ) Croutes et notion isostasie. Lithosphère :ensemble rigide composée de croute + manteau supérieur rigide en équilibre sur l’asthénosphère et découpée en plaques. La limite lithosphère – asthénosphère correspond à l’isotherme 1300°C ( rappel 1ere). La lithosphère repose sur l’asthénosphère, zone du manteau terrestre moins rigide et déformable, on dit qu’elle est ductile. Comment expliquer cet équilibre alors que les densités des croutes et leur épaisseur diffèrent? 1) Des observations historiques de Bouguer au 18ème siècle Les études gravimétriques s'intéressent aux variations fines de l'intensité de la pesanteur terrestre (ou gravité): la Terre n’étant pas vraiment sphérique et sa surface présentant des variations d’altitude, on en déduit que la masse exercée près d’une montagne doit faire varier la pesanteur selon un angle que l’on peut calculer. Si on compare cette valeur calculée à la valeur effective mesurée à l'aide de gravimètres, on constate alors l'existence d'anomalies par exemple, dans les régions montagneuses, la pesanteur mesurée est souvent inférieure à la valeur théorique attendue. Cartographie de l’anomalie de Bouguer en France 2) La surface de compensation Dans ce cas de figure, avec des épaisseurs différentes l’équilibre est rompu donc…. 2 1 Pour que l’équilibre soit maintenu, il faut que la colonne 1 et 2 présentent la même masse. 3) Les modèles explicatifs Le modèle d’Airy qui est adapté à la lithosphère continentale pour lequel la masse volumique de la croûte est constante. Ce qui est confirmé par la profondeur importante du Moho sous les chaînes de montagnes On appelle isostasie cet état d'équilibre réalisé à une certaine profondeur de la Terre, dite profondeur de compensation. La disparition de la masse de glace qui recouvrait le canada a provoqué une remontée de la croûte continentale ainsi allégée, il s’agit donc d’un rééquilibrage isostatique, encore appelé rebond isostatique postglaciaire. Ce mouvement est ralenti par la très grande viscosité du manteau lithosphérique et le soulèvement isostatique depuis la fusion des glaces n'est donc pas encore terminé actuellement. III ) l’épaisseur de la croute continentale L’altitude moyenne la plus fréquente sur les continents est de 300m et sous les océans, elle est de -4800m). Les reliefs continentaux sont moins accentués que sous les océans. Ces différences d’altitude moyenne s’expliquent entre autre par des différences de roches (granites sur les continents / basaltes et gabbros sous les océans). Pour identifier la structuration verticale et l’épaisseur des couches du domaine continental, on fait appel à la sismique réflexion Retard des ondes PMP δt = 3,32s Profondeur du Moho H = 44,3 km Carte de profondeur du Moho dans les alpes En domaine continental, la profondeur du Moho se situe en général aux alentours de 30 km ; cette valeur représente donc l'épaisseur moyenne de la croûte continentale (à comparer avec les 6 à 7 km de la croûte océanique). La valeur obtenue par les sismologues varie toutefois beaucoup suivant les régions. Dans une région montagneuse (zone alpine par exemple), la profondeur du Moho s'abaisse notablement, jusqu'à 60 km environ. Comme le laissaient penser les modèles concernant l'équilibre isostatique, l'excès de masse représenté par la chaîne de montagnes est compensé en profondeur par une « racine crustale » moins dense que le manteau supérieur. Comment une telle épaisseur peut-elle s’établir? IV- les indices tectoniques et pétrologiques de l’épaississement de la croute continentale. • 1) les indices tectoniques (doc p 130,131) Les géologues peuvent identifier, sur le terrain, des indices révélateurs des contraintes compressives qui se sont exercées. Les plis affectent les séries sédimentaires, témoignent d’une déformation souple Les failles inverses sont un indice de déformation cassante et traduisent un raccourcissement local de la croûte Le "pli-faille" est une déformation obtenu quand un raccourcissement affecte des couches géologiques assez "compétentes" (résistantes) pouvant glisser sur un niveau de décollement. Ce type de structure peut exister à différentes échelles. Les nappes de charriage représentent une espèce de paroxysme : des formations géologiques de taille parfois impressionnante ont glissé sur des distances qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de kilomètres, en chevauchant les formations en place. Plis, failles inverses, chevauchement et nappes de charriage sont des indices d’un raccourcissement (horizontal) associé à un épaississement (vertical) de la croûte dans les chaînes de montagne par empilement d’écailles crustales. Cet épaississement permet d'expliquer les conditions de pression et de température nécessaires à la formation des roches métamorphiques ou à la fusion partielle. 2) Les indices pétrologiques ( doc p 132, 133) Du simple fait de l'enfouissement à des profondeurs de plusieurs kilomètres, les roches sont soumises à des températures et des pressions croissantes et se transforment. a) Des transformations à l'état solide Le gneiss issu de la transformation du granite contient les mêmes minéraux mais réorganisation s’opère alors que la roche reste à l'état solide, cela caractérise les roches métamorphiques. Doc 1 et 2 p132 Le métamorphisme est une modification de la structure et de la composition d’une roche par une modification des conditions de pression et de température à l’état solide. Ces modifications peuvent être caractérisées par une orientation des minéraux (étirement) et par des transformations minéralogiques à l’état solide en fonction des conditions de pression et de température b) Trace de fusion partielle. Si la température et la pression s'élèvent encore plus, une partie de la roche métamorphique peut fondre et donner naissance à un magma Ce phénomène de fusion partielle constitue ce que l'on nomme l'anatexie. Les migmatites sont des gneiss contenant des lentilles granitiques : ce granite provient de la cristallisation d'un magma, lui-même produit par la fusion des minéraux les moins réfractaires du gneiss (ceux qui ont la température de fusion la plus faible). V- l’âge de la croute continentale 1) Age de la croute océanique et continentale. On sait que la croûte océanique est recyclée en permanence : la croûte ancienne devenue trop dense, sombre inexorablement dans le manteau. Ainsi, on ne connaît pas de croûte océanique d'âge supérieur à quelque 200 Ma En revanche, la croûte continentale peut être très vieille : l'âge des gneiss d'Acasta au Canada, roches parmi les plus vieilles connues, est de 4,03 Ga. Comment ces âges sont ils obtenus ? 2) Méthode de datation absolue: la radiochronologie Auréole de désintégration du Rubidium présent dans le zircon. L’isotope utilisé entre outre en datation est l’isotope 87 (87Rb) du rubidium : celui-ci est radioactif et il se désintègre en strontium 87Sr. Sa demi-vie est de 48,8 milliards d'années. 87Rb → 87Sr Le père Le fils t=ln(a+1)/λ A partir de ces mesures on trace une droite (droite isochrone) dont la pente est proportionnelle à l’âge de l’échantillon b est identique pour tous les minéraux (pas de ségrégation des isotope lourd) a = eλt -1 donc a+1 = eλt ln (a+1) = λt t = ln (a+1) / λ où λ est la constante de désintégration du couple 87 Rb/ 87 Sr = 1.42 10-11an-1 souvent simplifié par cette approximation: t =a/ λ http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/datation-rubidium-strontium.xml Ce sont des méthodes de radiochronologie qui permettent de réaliser de telles datations. Elles sont fondées sur la connaissance de la désintégration radioactive d'éléments contenus dans les roches. Ce phénomène obéit à une loi immuable de décroissance exponentielle en fonction du temps, la demi-vie variant d'un élément à l'autre. On dispose donc de divers géochronomètres. Parmi eux, les éléments rubidium et strontium, présents dans les roches de la croûte continentale, permettent de dater des roches vieilles de plusieurs milliards d'années.