HIGHLIGHTS 2003 Forum Med Suisse No1/2 7 janvier 2004 22
Les progrès énormes dans la technologie des
ordinateurs et réseaux rapides ont fait que les
interactions du chirurgien grâce à l’ordinateur
dans le cyberspace ne sont plus de la science
fiction, mais une branche de la recherche qu’il
s’agit de prendre au sérieux. En chirurgie
maxillo-faciale, les structures de la communi-
cation et de l’information issues de la collabo-
ration entre médecine, technologie d’informa-
tion (TI) et ingénierie sont très souvent exploi-
tées, et les méthodes de la robotique, dévelop-
pées à l’origine pour la production industrielle
et l’astronautique, sont appliquées directement
au patient déjà, pour toutes sortes de pro-
blèmes.
Les patients présentant de graves problèmes
osseux suite à un accident, ou des malforma-
tions congénitales, peuvent être réhabilités
grâce à des méthodes de haute technologie. Les
chirurgiens ont développé au cours du temps
toute une série d’outils pour préciser le diag-
nostic des malpositions complexes, pour les
étudier, planifier les corrections nécessaires et
les réaliser ensuite en salle d’opération. L’amé-
lioration future des possibilités de planification,
surtout assistées par ordinateur, est une tâche
complexe, interdisciplinaire, à laquelle tra-
vaillent aujourd’hui non seulement des ingé-
nieurs et des techniciens, mais aussi et surtout
des informaticiens, mathématiciens et physi-
ciens, avec des médecins. La réalisation la
meilleure possible d’une planification de traite-
ment en salle d’opération du futur reste natu-
rellement fonction de l’habileté du chirurgien.
Dans la planification de transpositions osseuses
compliquées, des techniques modernes, spéci-
fiques de l’imagerie, de la modélisation en 3D,
de la visualisation graphique sur ordinateur et
de la mathématique numérique ouvrent
constamment de nouvelles perspectives. Le mé-
decin a ainsi pour la première fois la sécurité
de pouvoir planifier ses interventions en trois
dimensions «dans la réalité». Grâce à cette pla-
nification exacte, il est en outre possible pour
la première fois également de reproduire le ré-
sultat d’une performance chirurgicale et de le
contrôler. C’est un nouvel aspect important de
qualité et de sécurité, car jusqu’à maintenant,
l’habileté du chirurgien était pratiquement in-
contrôlable. C’est pour cette raison qu’à l’ave-
nir, l’habileté des médecins (chirurgiens) devra
être régulièrement transférée, et le résultat de
cet enseignement devra être contrôlé objective-
ment, sous l’angle de l’assurance de qualité mo-
derne. Ce contrôle de qualité indispensable ne
peut être réalisé que si on utilise des systèmes
assistés par ordinateur, qui simulent de la ma-
nière la plus réaliste possible une intervention
chirurgicale, et la rendent donc reproductible.
En recourant à des méthodes de réalité vir-
tuelle, le chirurgien (mais aussi le patient!)
entre dans un cyberspace permettant de tenir
compte de critères de planification spectacu-
laires – et le plus impressionnant en chirurgie
maxillo-faciale est bien la localisation et la
forme du tissu mou, qui en plus de l’os déter-
mine notablement la physionomie. Un chirur-
La chirurgie maxillo-faciale dans le
cyberspace – Davantage de sécurité
pour le médecin et le patient?
Robert Sader, Hans-Florian Zeilhofer
Correspondance:
PD Dr méd., Dr méd. dent.
Robert Sader
Universitätsklinik für Wiederher-
stellende Chirurgie
Abteilung für Kiefer- und Gesichts-
chirurgie
Kantonsspital
Spitalstrasse 21
CH-4031 Basel
Figure 1.
Patient en préopératoire:
malformation très nette avec
protubérance de la mandibule et
rétroposition de la mâchoire.
Résultat esthétique et fonctionnel
après planification de l’opération
en 3D (publication avec consente-
ment du patient).
Figure 2.
Planification de l’opération en 3D
d’une ostéotomie de transposition
de la mâchoire avec simulation des
tissus mous postopératoires.
HIGHLIGHTS 2003 Forum Med Suisse No1/2 7 janvier 2004 23
gien a ainsi pour la première fois la possibilité
de juger une transposition osseuse en fonction
non seulement de la symétrie et de la réhabili-
tation fonctionnelle, mais aussi de la juxtaposi-
tion des tissus mous qui en résultera (figure 1
et 2). L’esthétique du visage, très importante
pour le patient également, peut ainsi intervenir
dans la planification. Toutes les étapes de tra-
vail se trouvent maintenant si simplifiées qu’un
médecin habitué à l’ordinateur peut les utiliser.
En plus de la réalité des résultats, ce système
offre encore une autre amélioration, en permet-
tant la coopération entre chirurgien, patient et
experts en planification, à des kilomètres de
distance les uns des autres. Des techniques de
coopération en réalité virtuelle sont utilisées,
qui ne peuvent cependant être mises à profit
avec succès et de manière judicieuse qu’avec
des réseaux à grande vitesse très performants
(en Suisse par ex. SWITCH – Swiss Education
and Research Network). De tels scénarios télé-
médicaux sont assistés par vidéoconférence, au
cours de laquelle les partenaires communi-
quent en se voyant. Car la vidéoconférence
n’est pas qu’une communication nécessaire,
elle aussi «judicieuse»: au téléphone nous nous
entendons seulement, et ici nous nous voyons
avec nos yeux, et les êtres humains communi-
quent d’abord avec leurs yeux (figure 3).
Avec les perfectionnements de ce système, la
croissance osseuse doit également intervenir
dans la planification, avec simulation des mi-
miques les plus importantes («sourire esthé-
tique»). Même si nous n’en sommes qu’au
début de la planification 3D assistée par ordi-
nateur en chirurgie maxillo-faciale, ses pre-
miers résultats sont déjà très prometteurs et ré-
volutionnaires.
C’est le patient qui est au centre de tout ce dé-
veloppement, et c’est le point capital. Il peut
pour la première fois voir avant l’opération ce
qui va lui arriver. Le résultat de l’acte chirurgi-
cal peut être visualisé et le patient a pour la pre-
mière fois la possibilité d’avoir une influence
sur «son» résultat, ce qui représente sans
aucun doute un pas de géant pour le patient. Le
patient et le médecin peuvent discuter en-
semble, sur pied d’égalité, de différents types
de résultat opératoire («comment veux-je/puis-
je sourire après?»). Ils fixent ensemble les ob-
jectifs esthétiques et fonctionnels à atteindre.
La prestation «Chirurgie» se trouve en face
d’un tout nouveau défi, et le patient a une sé-
curité encore jamais atteinte.
Pour le domaine en expansion énorme de la
médecine esthétique, cela sera une percée, car
le patient informé veut savoir ce qui l’attend
avant d’être prêt à dépenser beaucoup d’ar-
gent.
Il est maintenant possible de répondre à la
question posée en introduction: les techniques
modernes de (cyber)chirurgie assistée par or-
dinateur – utilisées à bon escient – signifient sé-
curité non seulement pour le médecin, mais
aussi et surtout pour le patient. La base est
constituée par des simulations computérisées
modernes et des structures de communication
performantes à large échelle. Elles peuvent être
considérées comme des conditions pour un ré-
seau horizontal et vertical efficace de tous les
partenaires interdisciplinaires impliqués de la
médecine, des mathématiques, de l’informa-
tique, de la physique, etc., de même qu’entre
les différents médecins intervenants, en cli-
nique et au cabinet, et les patients.
La technologie en réseau permet pour la pre-
mière fois de créer des réseaux de compétences
transrégionaux en médecine. Et si une presta-
tion est réalisée grâce à cette technologie,
comme dans le cas présent la planification
d’une opération (figure 4), elle peut également
être effectuée et proposée n’importe où, dans le
monde entier, grâce à la technologie en réseau.
La mondialisation a commencé pour la chirur-
gie du futur également.
(Traduction Dr Georges-André Berger)
Figure 4.
Travail en coopération: planifica-
tion en 3D de l’opération avec
vidéoconférence traversant plu-
sieurs centaines de kilomètres et
plusieurs frontières. La médecine
devient mondialisée.
Figure 3.
Scénario «judicieux»: consulta-
tion au cabinet avec le spécialiste
en clinique, les résultats incer-
tains de la radiologie peuvent
être discutés, le patient est ins-
pecté par vidéoconférence.
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