GRÈCE ET ROME (332-300-SF)

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François LAFRENIÈRE
GRÈCE ET ROME (332-300-SF)
IX. LE MONDE ROMAIN : LE HAUT-EMPIRE (27 av. J.-C. – 192 apr. J.-C.)
L’Empire› L’apogée. Le terme Empire a une portée chronologique (le nom d’une période de
l’histoire), il a une portée politique (le nom d’un régime) et une portée géographique qui
désigne le territoire de l’Empire.
A. Le régime politique : le principat
1. L’avènement d’Auguste (Octave) 27 av. J.-C. – 14 apr. J.-C.
La mort de César et la crise de la fin de la République
La mort de César, sous les coups de conjurés craignant une dérive monarchique du pouvoir du
dictateur perpétuel et une aventure orientale sans limites, aux ides de mars 44 av. J.-C., met fin
à près d’un siècle d’aventures personnelles menées afin de réformer la République, malade de
ses institutions inadaptées à son empire en formation. De ces essais de réformes, civils ou
militaires, des programmes sociaux des Gracques aux réflexions d’un Cicéron sur
l’instauration nécessaire d’une autorité forte, des aventures de ces imperatores (généraux
vainqueurs) bâtissant leur «fortune» sur les conquêtes extérieures et les liens avec les soldats
de leurs armées (Sylla en Orient, Pompée en Espagne et en Orient, César dans tout l’empire),
on peut retenir l’essoufflement de la Rome républicaine, de ses institutions et plus
particulièrement de ses élites politiques, chevaliers, sénateurs de toute obédience, animateurs
des populares ou des optimates. Tous ceux qui se sont succédés ont échoué dans la recherche
d’une solution politique d’envergure et le cadavre de César, abandonné par des conjurés bien
vite enfuis, n’est que le témoin d’un destin brisé et non d’une tentative avortée de réforme. 1
Portrait d’Auguste (Octave) (63 av. J.-C. – 14 apr. J.-C.)
Octave n’était que le petit neveu de Jules César, mais le dictateur en fit son fils adoptif et son
héritier en 45. Le jeune homme appartenait à une double ascendance : du côté paternel, la gens
Octavia, des ancêtres chevaliers très riches ; son père C. Octavius, sénateur et prétorien, mourut
prématurément en 59.
Du côté maternel, la famille sénatoriale des Atii, incarnait la gloire
éclatante de la gens Julia.
Dès l’âge de 15 ans, en 48, Octave devint pontife et entama une brillante carrière grâce à César.
En 45, il accéda au patriciat et prit le nom de son père adoptif : son avenir semblait tout tracé,
1
KAPLAN, éd. Le monde romain, Paris, Bréal, 1995, p. 117.
2015-12-14
2
malgré les événements des Ides de mars. Il apprit la nouvelle à Apollonia, en Grèce, où il avait
rejoint les troupes destinées à la compagne contre les Parthes. Sa réaction fut prudente, mais
déterminée : retourner en Italie et s’y faire reconnaître par les troupes comme l’héritier et le fils du
« divin César », attendre que la situation soit plus calme pour rejoindre Rome (mai 44).
Les «res gestae» de 44 à 31 av. J.-C., un testament rédigé par l’empereur, à l’âge de 76 ans.
1.
«À l’âge de 19 ans, … j’ai rendu la liberté à la République». Évocation de la lutte avec
Marc Antoine pour la succession politique de César (Cicéron, Philippiques). Début 43, le
Sénat le nomma propréteur auprès de consuls Hirtius et Pansa, pour lutter contre Marc
Antoine2. La bataille de Modène (avril 43) se termina à son avantage : fuite d’Antoine en
Gaule auprès du gouverneur Lépide. Mort des deux consuls.
2.
«Le peuple me nomma triumvir pour organiser la République». Un «coup de force» :
inéligible au consulat en raison de son âge (20 ans), il se fit élire, contre l’avis du Sénat, par
les Comices en août 43. Un «coup d’éclat» : la constitution d’un triumvirat entre Octave,
Antoine et Lépide en novembre 43. Imperium légal de 5 ans, avec droit de nomination à
toutes les magistratures et partage de provinces.
3.
« Ceux qui avaient tué mon père, je les ai bannis … je les ai battus deux fois en bataille
rangée ». Allusion aux proscriptions de 43, dont Cicéron fut victime, et aux batailles de
Philippes en Macédoine en 42, où Octave et Antoine triomphèrent de l’opposition
républicaine d’Orient (mort Brutus et Cassius, les meurtrier de César).
4.
Le combat des chefs. Le pacte de Brindes entre Octave et Antoine (40) aboutit à un partage
de l’empire entre les deux imperatores, sans Lépide : l’Orient à Antoine, l’Occident à Octave.
La victoire finale d’Octave se déroula en deux étapes :
Actium, le 2 septembre 31 : une guerre psychologique. La propagande octavienne
dénonça le mariage oriental entre Antoine et Cléopâtre, à laquelle il aurait fait don des
provinces romaine d’Orient, un projet de récupération monarchique à son profit et la
menace du transfert de Rome à Alexandrie. Le Sénat déclara la guerre à l’Égypte. Une
bataille navale célèbre fut remportée à Actium par Octave dans le golfe d’Ambracie, au
sud de l’Épire (Grèce).
Alexandrie en 30. Les dernières passes d’armes se concluent par les suicides d’Antoine
et Cléopâtre. Ce fut le triomphe de l’Occident policé et civilisé sur l’Orient barbare. À
son retour à Rome en 29, Octave est maître du monde. Il ne lui reste qu’à l’organiser. 3
2
MARC ANTOINE (82-30), issu de la grande famille des Antonii qui fut décimée par les proscriptions mariennes.
Nobilis, légat de César en Gaule et consul en 44. Il possédait un talent oratoire certain, mais était sans culture et
débauché. Sa mémoire fut vite oblitérée après sa mort comme le mentionne des inscriptions.
3
Texte tiré et adapté de O. WATTEL, Petit Atlas de l’Antiquité romaine, p. 52-54.
3
Auguste va garder le pouvoir pendant quarante et un ans. Il va achever la
conquête de la péninsule ibérique et contribuer au contrôle de l’espace danubien,
réorganiser les provinces, établir une administration efficace, remodeler le
paysage de la Rome monumentale, restaurer la religion romaine traditionnelle,
créer le culte impérial… Auguste habite un plais assez modeste sur la Palatin. Le
vieil empereur meurt à 76 ans entre les bras de sa seconde épouse, Livie.
Les caractéristiques du Principat
On appelle communément « Empire » le régime monarchique instauré par Auguste en 27 av.
J.-C. et qui perdure jusqu’à la fin de l’histoire de Rome. Toutefois, les historiens modernes
préfèrent le terme principat pour désigner la monarchie relativement libérale des deux
premiers siècles de notre ère, et celui de dominat, au Bas-Empire, pour qualifier un pouvoir
monarchique absolu (dominus et deus).
À partir de 28-27, Auguste prétend restaurer les institutions et les valeurs morales de la
République. Il reprend le terme de princeps, déjà utilisé pour désigner celui qui doit être le
premier des citoyens à la tête de l’état. Mais il en détourne le sens au profit d’un pouvoir
personnel sur le modèle des royaumes hellénistiques dont les bases ont été mises en place par
César dont il est le fils adoptif. Les Romains ne sont pas dupes, mais ils sont reconnaissants à
Auguste d’avoir mis fin à de longues années de guerre civile et rétabli la paix intérieure.
Destin de Rome
« Tu regere imperio pupulos, Romane, memento pacique imponere morem Pacere subiectis et debellare
superbos ».
« Ne l’oublie pas, Romain, c’est à toi qu’il appartient de gouverner les peuples par ton imperium, … de leur
imposer la pratique de la paix, d’épargner tes sujets et de vaincre les orgueilleux ».
-
ANCHISE
VIRGILE, Énéide, VI, 851-853.
Avènement d’Auguste, fin des guerres civiles et retour de la paix
« omnem potentiam ad unum conferri pacis interfuit ».
« tout le pouvoir fut remis à un seul homme dans l’intérêt de la paix».
TACITE, Histoires, I, 1,1.
Parce qu’il était «discordantis patriae remedium», «le remède aux discordes de la patrie».
TACITE, Annales, I, 9.
4
À cette date, la République, avec son équilibre entre les différents pouvoirs, a cessé d’exister
depuis déjà plus de 20 ans. Et si la République n’état pas vraiment démocratique, qu’en sera-til de l’Empire ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre.
Rappelons-nous d’abord qu’à Rome rien n’a jamais été ni ne sera jamais démocratique au sens
égalitaire où nous l’entendons habituellement : ni la République, ni l’Empire. Pourtant,
l’empire, pour les citoyens et habitants du monde romain, sera plus « progressiste » que la
République. Sous l’Empire, le pouvoir exercé par de très hautes familles sera un peu mieux,
un peu moins mal contrôlé que sous la République. N’importe qui ne pourra désormais faire
n’importe quoi du moment que cela l’arrange ; comme de rançonner les provinciaux qu’il
administre. Il faudra rendre des comptes à quelqu’un, c’est-à-dire à l’Empereur, qui n’est pas
nécessairement distrait ou arrangeant. Aussi, la législation tiendra progressivement un plus
grand compte de la dignité des êtres humains. Le petit peuple sera plutôt mieux traité. Un jour
viendra même où tout le monde sera citoyen romain (Mais pas tout de suite ! Il faut attendre le
règne de l’empereur Caracalla et un édit de 212 apr. J.-C.). L’ordre règnera plus sérieusement
sur terre et sur mer.4
L’Empire n’est pourtant pas un âge d’or de l’humanité, même si la propagande impériale veut
le laisser entendre. La structure de la société restera sensiblement la même et il sera toujours
meilleur d’être riche que d’être pauvre. Toutefois, le simple fait d’être riche ne donnera pas
automatiquement tous les droits. Les empereurs romains n’ont pas été tous des monstres ou
des idiots. Il s’en faut de beaucoup. Plusieurs anecdotes à leur sujet sont fausses ou mal
comprises. Les sources antiques à ce sujet témoignent souvent de partis pris.5
> PPT Sculpture de la Fortune et la destinée de Rome.
> Capsule vidéo en ligne : L’Auguste de Prima Porta (20 av. J.-C.).
4
L. JERPHAGNON. Histoire de la Rome antique : Les armes et les mots. Paris, Hachette, Littératures, 2002,
p. 200-201.
5
L. JERPHAGNON, Idem.
5
L. JERPHAGNON, Idem.
5
2. Les caractéristiques du régime politique
a) Les anciennes institutions républicaines : le Sénat, les comices et les magistratures
Le principat prend place dans le cadre d’institutions républicaines qui sont conservées, mais
dont le poids respectif et le fonctionnement sont modifiés pour tenir compte de
l’administration qui prend en charge un vaste empire.6.
Presque tous les organes de la constitution républicaine restent en place – la façade
républicaine et conservée – Octave est simplement Princeps i.e. premier des citoyens.
Le Sénat
Ce conseil aristocratique conserve ses fonctions délibératives et ses avis (sénatusconsultes) acquièrent force de loi. Toutefois, son destin est lié à l’empereur, princeps
senatus par excellence, qui convoque en séances, fixe l’ordre du jour, prend la parole
en premier et contrôle sa composition et la carrière de ses membres. Le rôle éminent
joué, au moment de l’avènement de chaque nouvel empereur, par le vote d’une loi
d’investiture, confirme sa première place mais n’évite guère les affrontements plus ou
moins violents avec certains princes.
Les comices
Les comices, assemblées populaires, expression d’une démocratie élective et
législative, sous la République, sont grandement affectées par le nouvel ordre des
choses. Leurs réunions sont attestées tout au long de la période, en tout cas au moins
lors de la procédure de légitimation de chaque nouveau prince, mais sans que nos
sources ne nous permettent d’être plus attentifs à leur rôle précis. Le pouvoir impérial a
un contrôle exclusif sur les élections des magistrats. De fait, l’enregistrement par
acclamation semble la règle pour toute activité législative.
Les magistratures
Les magistratures, quant à elles, demeurent dans le cadre d’un cursus honorum
sénatorial dont le contenu est modifié dans la perspective des besoins spécifiques de la
gestion d’un vaste empire. La naissance d’une administration impériale, à Rome et
6
KAPLAN, éd., 1995, p.126-127.
6
dans les provinces, diminue l’importance des magistratures traditionnelles au profit
d’un ensemble de fonctions qu’elles permettent de revêtir : la questure, la préture et le
consulat ouvrent aux nombreuses charges questoriennes, prétoriennes et consulaires.
b) Concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme.
La cour impériale
Depuis Auguste, le centre du pouvoir est à Rome, sur la colline du Palatin. Il y a plusieurs
demeures juxtaposées qui forment les palais impériaux : la Domus Augustana, la Domus
Tiberiana, la Domus Flavia. Ce sont les résidences privées des empereurs en même temps que
le siège de la chancellerie à savoir les bureaux. La cour impériale est aussi aux trois premiers
siècles de l’empire une cour itinérante avec des villégiatures en Campanie, de même que pour
les campagnes militaires. La famille impériale voyage beaucoup.
L’autorité de l’empereur (ses pouvoirs)
L’autorité de l’empereur se situe dans des pouvoirs concentrés et étendus depuis Auguste.
i.
Princeps
Il est Princeps, le premier citoyen de l’ordre sénatorial. Il est primus inter pares ou princeps
senatus. C’est l’autorité politique de l’empereur.
ii.
Auctoritas/Augustus
« Je n’ai jamais eu plus de pouvoir que mes collègues, mais je l’ai emporté sur tous en
autorité ». (Res Gestae, 34) L’auctoritas était la dignité conférée par des décrets de 27 : le
cognomen, surnom d’Auguste (Augustus), l’octroi d’insignes du triomphe (laurier et couronne
civique), l’attribution d’un bouclier d’or sur lequel était gravé les quatre vertus cardinales du
Princeps (mérite, clémence, justice, piété). Le Sénat a ainsi fait d’Auguste un personnage
sacré (augustus). C’est l’autorité religieuse de l’empereur.
iii.
L’imperium
C’est l’ancien pouvoir des consuls de la République, mais il est pour l’empereur infinitum et
maius. Son pouvoir est supérieur à celui de tous les magistrats, cela depuis Auguste.
L’empereur est donc le chef des armées, déléguant ses pouvoirs à des legati : légats de légion
ou légats de provinces… Le titre d’imperator le désigne comme le seul bénéficiaire de la
7
victoire. Il reçoit des salutations impériales et bénéficie seul des triomphes. C’est l’autorité
militaire de l’empereur.
iv.
La puissance tribunicienne
C’est la tribunicia potestas. Auguste a repris la totalité des pouvoirs des anciens tribuns de la
plèbe étendus à l’échelle de l’empire. Il bénéficie de la sacro-sainteté qui lui permet de jouir
d’une aura extraordinaire. L’empereur est le protecteur de tous les citoyens, intervenant
n’importe où et dans n’importe quel domaine. La puissance tribunicienne est attribuée à vie,
mais renouvelée tous les ans. C’est l’autorité civile de l’empereur.
v.
Le grand pontificat
L’empereur est le grand prêtre de la religion romaine. Il en devient un personnage
considérable : dans l’Antiquité romaine, on ne dissocie pas facilement le religieux du militaire
et du civil. L’empereur dirige donc le collège des 15 flamines. Ils sont placés en tête des
processions. Il contrôle le calendrier des fêtes. Il choisit les vestales (prêtresses de Vesta)
parmi les filles de patriciens, il surveille la discipline religieuse des prêtres et le culte des
morts. L’empereur a le droit d’auspices et d’augure. L’empereur est appelé Pontifex Maximus
en 12 av. J.-C. (Grand Pontife) et Pater Patriae (Père de la Patrie) en 2 av. J.-C.
vi.
Le censeur
L’empereur est le préfet des mœurs.
En résumé, les pouvoirs sont les suivants : Princeps (pol.), Augustus (rel.), Imperator
(imperium milit.), puissance tribunicienne (autorité civile, prot. des citoyens), Pontifex
Maximus et Pater Patriae (rel.), censeur (préfet des mœurs).
Voir la titulature impériale. Exemple du PPT.
Voir la tria nomina. Exemple du PPT.
Théoriquement, les magistratures et le Sénat continuent de jouer leur rôle, même restreint.
Création de nouveaux organes administratifs qui relèvent de lui seul
Il crée progressivement une administration parallèle qui relève de l’empereur seul : conseil
privé du prince constitué d’amici, de légats qui gouvernent les provinces en son nom, de
8
préfets qui sont des hauts fonctionnaires de la ville (du prétoire, des vigiles, de l’annone), de
l’Égypte (propriété personnelle de l’empereur).
Sous l’empire, le pouvoir du Princeps ne cessera de grandir au détriment des institutions
républicaines.
i.
Les organes administratifs
Le conseil du prince est un organe assez informel sous Auguste, avec les amici, les proches,
que l’on sollicite pour donner un conseil. À partir de Claude, il va se structurer
progressivement. Hadrien, au IIe s., va y introduire des juristes et des fonctionnaires, de
véritables techniciens.
Les bureaux de la chancellerie
Les bureaux de chancellerie, correspondent un peu à des ministères, dans nos états modernes.
Ils sont en communication directe avec le palais.
Ab epistulis : bureau de correspondance entre l’empereur et les gouverneurs ou
fonctionnaires ;
A libellis : requêtes de particuliers ;
A cognitionnibus : bureau des enquêtes ;
A rationibus : questions financières.
A leur tête, des chevaliers avec le titre de procurateur.
ii.
Les grandes préfectures de la ville de Rome
La préfecture de la Ville (Urbs). Elle remplace l’empereur à Rome lorsqu’il quitte l’Italie. Il
est chargé de la répression des atteintes à l’ordre public. Il a à sa disposition les cohortes
urbaines au nombre de 5 de 1000 hommes chacune. C’est la police de jour.
La préfecture de l’annone. Il est chargé de l’approvisionnement de Rome en céréales et
denrées de premières nécessités. Ce poste permet en fait d’assurer le calme de la plèbe. Le
préfet est chargé de diriger les réquisitions dans les provinces qui versent tribut. Il assure la
conservation et la gestion des stocks dans les greniers publics (horrea). Il lutte contre
l’accaparement le contrôle des prix. Il s’agit donc d’un pouvoir de répression et le police. Les
besoins de Rome en gros correspondent à 400 000 tonnes de céréales par an. Il y aura 290
entrepôts dans la ville au milieu du IVe s. L’empereur est responsable des distributions en
9
céréales. Il y a environ 200 000 bénéficiaires sur une population d’un million. Ces
distributions sont mensuelles et durent plusieurs jours.
La préfecture des vigiles. Son rôle est d’assurer la police nocturne dans Rome, la lutte contre
les incendies et la police de circulation. Il a à sa disposition sept cohortes de 2 000 hommes.
La préfecture du prétoire. Il commande la garde personnelle de l’empereur : le prétoire. Ils
sont 1000 hommes.
iii.
L’administration de l’Italie et des provinces
L’administration de l’Italie. Auguste a divisé l’Italie en 11 régions, qui ne sont pas des
provinces, n’ont pas d’administrations centrales ni de gouverneurs. Une grande autonomie est
laissée aux cités italiennes (administration municipale). Ainsi, la justice est municipale.
L’empereur peut s’ingérer dans leurs affaires. Les cohortes prétoriennes ont pour charge aussi
la surveillance de l’Italie depuis Rome. La situation de l’Italie évolue sur le plan administratif
sous les Flaviens et les Antonins puis sous les Sévères.
L’administration des provinces. Il faut préciser la distinction entre provinces sénatoriales et
provinces impériales. Il y a des proconsuls pour les provinces sénatoriales. Il y a des légats
pour les provinces impériales. Sous les Antonins, au IIe s., on voit un nouveau terme pour
définir le gouverneur : praesides. 30 provinces.
**
*
3. La succession des dynasties
La question de la succession impériale n’a jamais été facilement résolue. Dans la théorie, le
pouvoir n’est pas héréditaire et le successeur dépend du Sénat. Dans la pratique, chaque
empereur souhaite pouvoir désigner son successeur et le Sénat ne peut guère s’opposer à sa
volonté. Cette succession d’un homme à un autre s’accompagne souvent d’intrigues
politiques, voire de l’intervention de l’armée, surtout lorsque l’empereur n’a pas de
descendant.
Du Haut-Empire au Bas-Empire (d’Auguste à Constantin), ce sont 54 empereurs qui vont se
succéder sur le trône.
Nous ferons ici une présentation de 3 dynasties distinctes.
10
Objectifs : Savoir dater et caractériser ces trois (3) dynasties.
11
LES JULIO-CLAUDIENS
Auguste (27 av. J.-C. – 14 apr. J.-C.)
Tibère (14-37
Caligula (37-41)
Claude (41-54)
Néron (54-68)
Les Julio-Claudiens forment une dynastie, inaugurée par Auguste et s’achevant avec Néron,
qui marque la fin définitive de la République. Elle jette les bases du régime impérial où les
empereurs qui se succèdent complètent l’œuvre d’Auguste. L’armée et les provinces sont
réorganisées, l’appareil administratif perfectionné, la politique étrangère marquée par de
nouvelles conquêtes et le culte impérial mis en place. À la mort d’Auguste en 14 apr. J.-C.,
Tibère, bon administrateur et diplomate habile, lui succède. Après le règne fou de Caligula,
Claude se consacre à la réforme administrative et financière de l’État, ainsi qu’à la
romanisation des provinces. Son successeur, Néron, sera tristement célèbre pour ses excès et
pour son rôle supposé dans l’incendie de Rome.
LES FLAVIENS
Vespasien (69-79)
Titus (79-81)
Domitien (81-96)
La mort de Néron par suicide est suivie d’une période d’anarchie militaire qui voit se succéder
sur le trône impérial Galba, Othon et Vitellius, trois empereurs issus de l’armée et appuyés par
leurs troupes. Vespasien finit par s’emparer du pouvoir et à le stabiliser pendant 10 ans. Il
conquiert la Judée et réorganise l’administration de l’Empire. Après le court règne de Titus,
Domitien consolide les conquêtes romaines en Bretagne et en Germanie.
LES ANTONINS : LE SIÈCLE D’OR DE ROME
Nerva (96-98)
Trajan (98-117)
Hadrien (117-138)
Antonin le Pieux (138-161)
Marc Aurèle (161-180)
12
Lucius Verus (161-166)
Commode (180-192)
« Avec l’avènement de Trajan, premier souverain d’origine non-italienne, s’ouvre une
nouvelle période de l’histoire des empereurs romains. Au cours du IIe siècle, l’empire n’est
plus tant un groupement de provinces dépendantes de l’Italie et évolue vers une sorte de
confédération. Le mode de succession est un trait caractéristique des empereurs du IIe s.
siècle. Nerva, Trajan, Hadrien et Antonin le Pieux, qui n’ont pas de fils susceptibles de leur
succéder, adoptent leurs héritiers. Cela leur permet de choisir des hommes qui ont prouvé leur
aptitude à gouverner et ne sont pas nécessairement de proches parents. Ce qui compte, c’est
que ces empereurs par adoption ont donné à Rome un gouvernement stable pendant plus de
quatre-vingt ans ».7
Les victoires de Trajan confèrent à l’Empire romain son extension maximale, mais son
successeur, Hadrien, renonce à cette politique d’expansion. L’Empire d’Antonin le Pieux est
une longue période de paix, alors que Marc Aurèle affronte des révoltes en Afrique, en
Espagne et en Bretagne. L’arrivée de Commode coïncide avec le début d’une grave crise
politique.
4. Caractéristiques de la politique intérieure

Les deux premiers siècles de l’Empire sont marqués à l’intérieur par mille intrigues de
cour qui font de cette période un véritable roman de mœurs.

La réalité monarchique s’affirme.
5. Caractéristiques de la politique extérieure

Unification, organisation et pacification de l’Empire. La Pax romana. Paix, sécurité et
prospérité.

Au moment où Auguste instaure le Principat, l’essentiel de l’empire est constitué (mis
à part la Bretagne, Germanie et Dacie).

Urbanisation et romanisation des provinces grâce à l’armée, à la politique souple de
Rome et aux œuvres de bienfaisance (dons, évergétisme).
7
Chr. SCARRE, Les empereurs romains, p. 85.
13

Ère de prospérité matérielle et de grandeur culturelle et intellectuelle en Italie et dans
les provinces à cause de la multiplication des échanges commerciaux, du réseau
routier, de l’exploitation des provinces (impôts). Rome devient une ville de marbre
avec le siècle d’Auguste ! Sanctuaires, théâtres, forums, fontaines publiques, aqueducs.
Bilan : remarquable équilibre dans tout, mais précaire. Cette précarité est attribuable à
plusieurs facteurs : revenus insuffisants de l’état, pressions aux frontières (barbares),
révolution dans les croyances, problèmes de succession, aristocratie favorisée, pauvres
opprimés.
Sources :
BORDET, M. Précis d’histoire romaine, Paris, A. Colin, U. Histoire ancienne, 1991.
CHRISTOL M. et D. NONY, Rome et son empire : des origines aux invasions barbares, Paris,
Hachette, Histoire université, 1990.
JERPHAGNON, L. Histoire de la Rome antique : Les armes et les mots. Paris, Hachette,
Littératures, 2002.
KAPLAN, M., dir. Histoire ancienne tome 2: Le monde romain, Paris, Boréal, Grand amphi,
1995.
LE GLAY, M. et al. Histoire romaine, Paris, PUF, Premier cycle, 1991.
MARTIN, J.-P. et al. Histoire romaine, Paris, P.UF., 2010.
ROBERT, J.-N., Rome, Paris, Les Belles Lettres, 1999.
SCARRE, Chr., Les empereurs romains : L’histoire règne par règne des souverains de la Rome
Impériale, Paris, Thames and Hudson, 2012.
WATTEL, O., Petit Atlas de l’Antiquité romaine, Paris, A. Colin, 1998.
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