OLIVIER
PICARD (*)
LA
DÉCOUVERTE
DES
GISEMENTS
DU
LAURION
ET
LES
DÉBUTS
DE
LA
CHOUETTE
«(
Tout
àcoup, en 483/2, jaillit du Laurion "une source d'argent, trésor
que
célait
la terre". La pioche d'un heureux prospecteur procura à
l'État
des bénéfices inespérés ». C'est
par
cette
belle expression que G. Glotz
C)
explique dans sa célèbre Histoire
grecque
comment
Athènes
put
financer
la flotte que Thémistocle lui proposait de construire. Combinant heureu-
sement
les données chronologiques qu'il croit pouvoir tirer d'Hérodote à
l'image de la source
d'argent
qui
vient
d'Eschyle: 'Apyûpou
7tYJY~
't'te;
~ù
't'Ote;
ÈO''t't,
eYJO'~upàe;
x6o\l6e;
(Les
Perses,
238), l'historien exprime l'opinio
communis de
toute
l'historiographie contemporaine.
En
1972, Ed. Will ne
s'exprime pas
autrement
("): «
En
483/2, les Athéniens
venaient
de décou-
vrir qu'ils
étaient
riches: l'exploitation des gisements argentifères du
Lau-
rion
avait
en effet révélé, un peu plus
tôt,
l'existence d'un filon
exceptionnel, celui de Maronée,
dont
les
baux
rapportaient
àprésent
quelque cent
talents
par
an... ». On
pourrait
multiplier les exemples, en
les
empruntant
aussi bien à H. Bengtson
e)
qu'aux
auteurs
de la Cam-
bridge
Ancient History
(4)
ou à V. Ehrenberg (5), pour ne citer que les au-
torités les mieux reconnues. La
date
de la découverte des nouveaux
gisements
d'argent
du Laurion, le troisième
contact
comme
l'avait
montré
Ardaillon e), fait partie des vérités établies qu'apprend
tout
étudiant
en
histoire grecque, qu'il soit de langue française, anglaise, allemande... Or à
l'analyse, une telle reconstitution
paraît
bien incertaine, comme je vais
m'efforcer de le montrer. T. Hackens
n'aimait
rien
tant,
dans ses conver-
sations ou dans son enseignement, que de
mettre
en doute les affirma-
tions les plus
communément
admises. Ces pages
l'auraient
sans doute
amusé. Qu'à défaut, elles soient un hommage à sa mémoire.
(*) Olivier
PICARD,
Rue
Albert
Joly
12, F-78000 Versailles.
(1) G.
GLOTZ,
Histoire grecque, II.
La
Grèce au ye siècle, Paris, 1931, p. 56.
(2) Ed.
WILL,
Le monde grec et l'Orient, 1. Le ye siécle, Paris. 1972, p. 102.
(3) H.
BENGTSON,
Griecbiscbe Geschichie, Munich, 19653,p. 161: «die
staatliche
Sîl-
herminen des Laurions, die eben (c'est moi qui souligne) durch die Erschliessung einer
neuer
Grube erheblich angewaehsen
waren
»,
(4) Cambridge
Ancient
History IV2,1988, p. 343: «
the
mines of
Laurium
where
a
new vein had
just
been discovered
at
Maronea ».
(5) V.
EHRENBERG.
From
Solon
Lo
Socroies, Londres, 1968, p. 144: {j in 483-482... in
the
district
of
Laurium
... an unusually rich
vein
came
to light
Il.
(6) Ed.
ARDAILLON,
Les mines du Laurion dans l'Antiquité
(BEFAR,
77), Paris, 1897.
p. 13-20.