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Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com
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Face au spectateur, une pierre brute, non travaillée,
est placée devant une haute plaque de métal sombre,
concave, qui semble à la fois la protéger et la mettre
en valeur. C’est à partir de ces deux matières,
respectivement naturelle et manufacturée, figées dans
une relation dialogique, que s’articule la philosophie
de Lee Ufan.
La pierre représente la matière d’avant l’homme, la tôle
d’acier ce qu’il est capable de produire en transformant
un élément naturel : le fer. La confrontation entre
rugosité du minéral et aspect lisse de l’acier participe
au ressenti face à l’œuvre.
Dans ce Relatum, qui signifie littéralement « en relation »,
on retrouve deux composantes majeures de l’art de
Lee Ufan : la première est la mise en retrait de la figure
de l’artiste, qui dissimule les signes visibles de son
travail. S’exprime ici l’ambiguïté de l’œuvre d’art qui,
tout en étant indépendante, ne peut se détacher de la
paternité de l’artiste.
La seconde est le « non-fait » dans l’œuvre, introduisant
inéluctablement une critique du « fait » ou du « trop
fait », qui s’insère dans le contexte productiviste d’une
société fondée sur l’hyper-consommation de biens
manufacturés.
La pensée de l’artiste, matérialisée par son corpus
d’œuvre, fait partie intégrante du courant artistique
Mono-Ha (qui, traduit du japonais, signifie « l’Ecole
des Choses »), né à la toute fin des années 1960, dont
il est un membre fondateur et le théoricien. Mono-
Ha entend traiter la chose telle qu’elle est dans son
essence, sans la modifier ni l’altérer, à contrario de
la chose représentée ou traitée comme support de
représentation.
L’oeuvre est traitée comme un artefact conceptuel
révélant au spectateur l’espace dans lequel il se trouve.
Pour cette oeuvre, créée pour le château La Coste, en
Provence, Lee Ufan a sorti du domaine une de ses
roches séculaires entendant ainsi dévoiler, révéler un
environnement invisible mais bel et bien présent.
Une dizaine de Relatum avaient ainsi pris place dans
les jardins du Château de Versailles en 2014, signant
l’aboutissement de la relation de cet artiste coréen
avec la France, où il possède un atelier. Sa francophilie
l’amène également à travailler la céramique en
collaboration avec la Manufacture de Sèvres, mettant
en lumière son grand intérêt pour les techniques
traditionnelles.
Peintre et sculpteur internationalement reconnu, Lee
est également philosophe. Auteur de plusieurs essais.
Il puise notamment son inspiration dans la pensée
de Michel Foucault et de Maurice Merleau-Ponty, et
ses oeuvres ont en germe ces constantes références,
traduisant sa volonté d’établir des ponts entre sa
culture d’extraction, extrême-orientale, et la culture
occidentale.
Anastasia Dona et Bastien Sbuttoni
Élèves de l’École du Louvre
Lee Ufan
Relatum, 2016
© Marc Domage
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