© Marc Domage Lee Ufan Relatum, 2016 FIAC - ON SITE - PETIT PALAIS Face au spectateur, une pierre brute, non travaillée, est placée devant une haute plaque de métal sombre, concave, qui semble à la fois la protéger et la mettre en valeur. C’est à partir de ces deux matières, respectivement naturelle et manufacturée, figées dans une relation dialogique, que s’articule la philosophie de Lee Ufan. La pierre représente la matière d’avant l’homme, la tôle d’acier ce qu’il est capable de produire en transformant un élément naturel : le fer. La confrontation entre rugosité du minéral et aspect lisse de l’acier participe au ressenti face à l’œuvre. Dans ce Relatum, qui signifie littéralement « en relation », on retrouve deux composantes majeures de l’art de Lee Ufan : la première est la mise en retrait de la figure de l’artiste, qui dissimule les signes visibles de son travail. S’exprime ici l’ambiguïté de l’œuvre d’art qui, tout en étant indépendante, ne peut se détacher de la paternité de l’artiste. La seconde est le « non-fait » dans l’œuvre, introduisant inéluctablement une critique du « fait » ou du « trop fait », qui s’insère dans le contexte productiviste d’une société fondée sur l’hyper-consommation de biens manufacturés. La pensée de l’artiste, matérialisée par son corpus d’œuvre, fait partie intégrante du courant artistique Mono-Ha (qui, traduit du japonais, signifie « l’Ecole des Choses »), né à la toute fin des années 1960, dont il est un membre fondateur et le théoricien. Mono- Ha entend traiter la chose telle qu’elle est dans son essence, sans la modifier ni l’altérer, à contrario de la chose représentée ou traitée comme support de représentation. L’oeuvre est traitée comme un artefact conceptuel révélant au spectateur l’espace dans lequel il se trouve. Pour cette oeuvre, créée pour le château La Coste, en Provence, Lee Ufan a sorti du domaine une de ses roches séculaires entendant ainsi dévoiler, révéler un environnement invisible mais bel et bien présent. Une dizaine de Relatum avaient ainsi pris place dans les jardins du Château de Versailles en 2014, signant l’aboutissement de la relation de cet artiste coréen avec la France, où il possède un atelier. Sa francophilie l’amène également à travailler la céramique en collaboration avec la Manufacture de Sèvres, mettant en lumière son grand intérêt pour les techniques traditionnelles. Peintre et sculpteur internationalement reconnu, Lee est également philosophe. Auteur de plusieurs essais. Il puise notamment son inspiration dans la pensée de Michel Foucault et de Maurice Merleau-Ponty, et ses oeuvres ont en germe ces constantes références, traduisant sa volonté d’établir des ponts entre sa culture d’extraction, extrême-orientale, et la culture occidentale. Anastasia Dona et Bastien Sbuttoni Élèves de l’École du Louvre Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com