Utilisation des anticoagulants chez les patients en fin de vie

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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD
LYON 1 FACULTE DE MEDECINE LYON EST
Année 2016 N° 53
UTILISATION DES ANTICOAGULANTS CHEZ LES
PATIENTS EN FIN DE VIE : ENQUETE DE PRATIQUE
AUPRES DE 105 MEDECINS DE LA REGION RHONEALPES
THESE
Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1
et
soutenue publiquement le 22/03/2016 pour obtenir le
grade de Docteur en Médecine
Par
Sophie MOUCHOTTE
née le 16/02/1987 à Clichy
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
Président
François-Noël GILLY
Président du Comité de
François-Noël GILLY
Coordination des Etudes Médicales
Directeur Général des Services
Alain HELLEU
Secteur Santé
UFR de Médecine Lyon Est
Doyen : Jérôme ETIENNE
UFR de Médecine Lyon Sud-
Doyen : Carole BURILLON
Charles Mérieux
Institut des Sciences Pharmaceutiques
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Et Biologiques (ISPB)
UFR d’Odontologie
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Institut des Sciences et Techniques
Directeur : Yves MATILLON
De Réadaptation (ISTR)
Département de Biologie Humaine
Directrice : Anne-Marie SCHOTT
Secteur Sciences et Technologie
UFR de Sciences et Technologies
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UFR de Sciences et Techniques des
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Activités Physiques et Sportives (STAPS)
Polytech Lyon
Directeur : Emmanuel PERRIN
I.U.T.
Directeur : Christophe VITON
Institut des Sciences Financières
Directeur : Nicolas LEBOISNE
Et Assurances (ISFA)
Observatoire de Lyon
Directrice : Isabelle DANIEL
Ecole Supérieure du Professorat
Directeur : Alain MOUGNIOTTE
Et de l’Education (ESPE)
1
MOUCHOTTE
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Faculté de Médecine Lyon Est
Liste des enseignants 2015/2016
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Classe exceptionnelle Echelon 2
Cochat
Cordier
Etienne
Gouillat
Guérin
Pierre
Jean-François
Jérôme
Christian
Jean-François
Mauguière
Ninet
François
Jacques
Philip
Rivoire
Rudigoz
Thierry
Michel
René-Charles
Pédiatrie
Pneumologie ; addictologie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Chirurgie digestive
Biologie et médecine du développement
et de la reproduction ; gynécologie médicale
Neurologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
vieillissement ; médecine générale ; addictologie
Cancérologie ; radiothérapie
Cancérologie ; radiothérapie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Classe exceptionnelle Echelon 1
Blay
Borson-Chazot
Jean-Yves
Françoise
Claris
Denis
Disant
Douek
Finet
Gaucherand
Guérin
Lehot
Lermusiaux
Martin
Mellier
Michallet
Miossec
Morel
Mornex
Moulin
Neyret
Nighoghossian
Ninet
Obadia
Ovize
Ponchon
Pugeat
Olivier
Philippe
François
Philippe
Gérard
Pascal
Claude
Jean-Jacques
Patrick
Xavier
Georges
Mauricette
Pierre
Yves
Jean-François
Philippe
Philippe
Norbert
Jean
Jean-François
Michel
Thierry
Michel
Revel
Rode
Terra
Thivolet-Bejui
Vandenesch
Didier
Gilles
Jean-Louis
Françoise
François
Cancérologie ; radiothérapie
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
gynécologie médicale
Pédiatrie
Ophtalmologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Cardiologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Réanimation ; médecine d’urgence
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Urologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Hématologie ; transfusion
Immunologie
Biochimie et biologie moléculaire
Pneumologie ; addictologie
Nutrition
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Neurologie
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Physiologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
gynécologie médicale
Radiologie et imagerie médicale
Médecine physique et de réadaptation
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
2
MOUCHOTTE
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Zoulim
Fabien
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Première classe
André-Fouet
Barth
Berthezene
Bertrand
Beziat
Boillot
Braye
Xavier
Xavier
Yves
Yves
Jean-Luc
Olivier
Fabienne
Breton
Chassard
Chevalier
Colin
Colombel
Cottin
D’Amato
Delahaye
Devouassoux
Di Fillipo
Ducerf
Dumontet
Durieu
Pierre
Dominique
Philippe
Cyrille
Marc
Vincent
Thierry
François
Mojgan
Sylvie
Christian
Charles
Isabelle
Edery
Fauvel
Guenot
Gueyffier
Charles Patrick
Jean-Pierre
Marc
François
Guibaud
Herzberg
Honnorat
Kodjikian
Krolak Salmon
Laurent
Guillaume
Jérôme
Laurent
Pierre
Lachaux
Lina
Mabrut
Mertens
Mion
Morelon
Mure
Négrier
Négrier
Nicolino
Picot
Roy
Alain
Bruno
Jean-Yves
Patrick
François
Emmanuel
Pierre-Yves
Claude
Marie-Sylvie
Marc
Stéphane
Pascal
Ruffion
Ryvlin
Alain
Philippe
Cardiologie
Chirurgie générale
Radiologie et imagerie médicale
Pédiatrie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Chirurgie digestive
Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ;
brûlologie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Cardiologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Urologie
Pneumologie ; addictologie
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Cardiologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Cardiologie
Chirurgie digestive
Hématologie ; transfusion
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
vieillissement ; médecine générale ; addictologie
Génétique
Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie
Neurochirurgie
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
clinique ; addictologie
Radiologie et imagerie médicale
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Neurologie
Ophtalmologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
vieillissement ; médecine générale ; addictologie
Pédiatrie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Chirurgie générale
Anatomie
Physiologie
Néphrologie
Chirurgie infantile
Hématologie ; transfusion
Cancérologie ; radiothérapie
Pédiatrie
Parasitologie et mycologie
Biostatistiques, informatique médicale et
technologies de communication
Urologie
Neurologie
3
MOUCHOTTE
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Schaeffer
Scheiber
Schott-Pethelaz
Tilikete
Truy
Turjman
Vallée
Vanhems
Vukusic
Laurent
Christian
Anne-Marie
Caroline
Eric
Francis
Bernard
Philippe
Sandra
Biologie cellulaire
Biophysique et médecine nucléaire
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Physiologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Anatomie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Neurologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Seconde Classe
Allaouchiche
Argaud
Aubrun
Badet
Bessereau
Boussel
Calender
Chapurlat
Charbotel
Chêne
Cotton
Dargaud
Dubernard
Ducray
Dumortier
Fanton
Faure
Fellahi
Ferry
Fourneret
Gillet
Girard
Gleizal
Guyen
Henaine
Hot
Huissoud
Jacquin-Courtois
Janier
Javouhey
Juillard
Jullien
Lejeune
Bernard
Laurent
Frédéric
Lionel
Jean-Louis
Loïc
Alain
Roland
Barbara
Gautier
François
Yesim
Gil
François
Jérome
Laurent
Michel
Jean-Luc
Tristan
Pierre
Yves
Nicolas
Arnaud
Olivier
Roland
Arnaud
Cyril
Sophie
Marc
Etienne
Laurent
Denis
Hervé
Merle
Michel
Monneuse
Nataf
Peretti
Pignat
Poncet
Raverot
Philippe
Philippe
Olivier
Serge
Noël
Jean-Christian
Gilles
Gérald
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Réanimation ; médecine d’urgence
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Urologie
Biologie cellulaire
Radiologie et imagerie médicale
Génétique
Rhumatologie
Médecine et santé au travail
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Radiologie et imagerie médicale
Hématologie ; transfusion
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Neurologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine légale
Dermato-vénéréologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Maladie infectieuses ; maladies tropicales
Pédopsychiatrie ; addictologie
Pédiatrie
Pneumologie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Médecine interne
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Médecine physique et de réadaptation
Biophysique et médecine nucléaire
Pédiatrie
Néphrologie
Dermato-vénéréologie
Biologie et médecine du développement et de la
reproduction ; gynécologie médicale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Chirurgie générale
Cytologie et histologie
Nutrition
Oto-rhino-laryngologie
Chirurgie générale
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
gynécologie médicale
4
MOUCHOTTE
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Ray-Coquard
Richard
Rossetti
Rouvière
Saoud
Souquet
Thaunat
Thibault
Wattel
Isabelle
Jean-Christophe
Yves
Olivier
Mohamed
Jean-Christophe
Olivier
Hélène
Eric
Cancérologie ; radiothérapie
Réanimation ; médecine d’urgence
Physiologie
Radiologie et imagerie médicale
Psychiatrie d’adultes
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Néphrologie
Physiologie
Hématologie ; transfusion
Professeur des Universités - Médecine Générale
Letrilliart
Moreau
Laurent
Alain
Professeurs associés de Médecine Générale
Flori
Lainé
Zerbib
Marie
Xavier
Yves
Professeurs émérites
Baverel
Bozio
Chayvialle
Daligand
Descotes
Droz
Floret
Gharib
Neidhardt
Petit
Sindou
Touraine
Trepo
Trouillas
Viale
Gabriel
André
Jean-Alain
Liliane
Jacques
Jean-Pierre
Daniel
Claude
Jean-Pierre
Paul
Marc
Jean-Louis
Christian
Jacqueline
Jean-Paul
Physiologie
Cardiologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine légale et droit de la santé
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Cancérologie ; radiothérapie
Pédiatrie
Physiologie
Anatomie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Neurochirurgie
Néphrologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Cytologie et histologie
Réanimation ; médecine d’urgence
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers
Hors classe
Benchaib
Mehdi
Bringuier
Dubourg
Germain
Jarraud
Jouvet
Le Bars
Pierre-Paul
Laurence
Michèle
Sophie
Anne
Didier
Biologie et médecine du développement et de la
reproduction ; gynécologie médicale
Cytologie et histologie
Physiologie
Physiologie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques
Biophysique et médecine nucléaire
5
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Normand
Persat
Pharaboz-Joly
Piaton
Rigal
Sappey-Marinier
Streichenberger
Timour-Chah
Jean-Claude
Florence
Marie-Odile
Eric
Dominique
Dominique
Nathalie
Quadiri
Voiglio
Eric
Médecine et santé au travail
Parasitologie et mycologie
Biochimie et biologie moléculaire
Cytologie et histologie
Hématologie ; transfusion
Biophysique et médecine nucléaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
clinique ; addictologie
Anatomie
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers
Première classe
Ader
Barnoud
Bontemps
Chalabreysse
Charrière
Collardeau Frachon
Cozon
Escuret
Hervieu
Kolopp-Sarda
Lesca
Lukaszewicz
Maucort Boulch
Florence
Raphaëlle
Laurence
Lara
Sybil
Sophie
Grégoire
Vanessa
Valérie
Marie Nathalie
Gaëtan
Anne-Claire
Delphine
Meyronet
Pina-Jomir
Plotton
Rabilloud
David
Géraldine
Ingrid
Muriel
Ritter
Roman
Tardy Guidollet
Tristan
Vlaeminck-Guillem
Jacques
Sabine
Véronique
Anne
Virginie
Maladies infectieuses ; maladies tropicales
Anatomie et cytologie pathologiques
Biophysique et médecine nucléaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Nutrition
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Génétique
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Biostatistiques, informatique médicale et
technologies de communication
Anatomie et cytologie pathologiques
Biophysique et médecine nucléaire
Biochimie et biologie moléculaire
Biostatistiques, informatique médicale et
technologies de communication
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Physiologie
Biochimie et biologie moléculaire
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Biochimie et biologie moléculaire
Maîtres de Conférences – Praticiens Hospitaliers
Seconde classe
Casalegno
Confavreux
Curie
Duclos
Phan
Rheims
Rimmele
Jean-Sébastien
Cyrille
Aurore
Antoine
Alice
Sylvain
Thomas
Schluth-Bolard
Simonet
Caroline
Thomas
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Rhumatologie
Pédiatrie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Dermato-vénéréologie
Neurologie
Anesthésiologie-réanimation ;
médecine d’urgence
Génétique
Biologie cellulaire
6
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Vasiljevic
Venet
Alexandre
Fabienne
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale
Farge
Figon
Thierry
Sophie
7
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le Serment d'Hippocrate
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou
leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les
lois de l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs
conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma
conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes
compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois
couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque.
8
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
REMERCIEMENT
Je remercie tout particulièrement le Dr. FIGON qui m’a aidée et soutenue
tout ce travail et sans qui cette thèse n’aurait pas abouti. Pour son écoute,
ses conseils avisés et sa disponibilité.
Au DR ERPELDINGER, au Dr GUEYFFIER et Dr FILBET, pour l’honneur
qu’ils m’ont fait d’accepter d’être dans mon jury.
Au Dr ERPELDINGER, pour m’avoir appris à me remettre en question et à
toujours avoir l’esprit critique.
Au Dr. CHAZOT et au Dr CHVETZOFF, qui m’ont donné goût à la
médecine palliative et qui resteront toujours pour moi des modèles de
médecin.
Au Dr MAS, pour m’avoir donner envie d’apprendre toujours plus.
Au Dr BIOT, pour tout ce qu’elle m’a appris et nos moments d’échanges
A ma mère et mon père, à qui je dois toute ma réussite. Pour leur amour et
leur tendresse.
A mon compagnon, qui m’a soutenu au quotidien, pendant ce travail et tout
au long de mes études de médecine. Pour sa patience et ses
encouragements qui m’ont permis chaque jour d’avancer un peu plus.
9
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A Thérèse et au Tcho, pour m’avoir accueillie si chaleureusement dans
leurs familles.
A AURELIE, pour nos fous rires et son amitié indéfectible. Pour avoir
toujours été là quand j’en ai eu besoin.
A JESSICA, pour son humour, sa bonne humeur et sa joie de vivre.
A CAROLINE, pour ses conseils shoppings et capillaires.
A tous les médecins, soignants et paramédicaux qui ont contribué à faire de
moi le médecin que je suis aujourd'hui.
10
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
I) TABLES des MATIÈRES
REMERCIEMENT ........................................................................................ 9
I) TABLES des MATIÈRES ........................................................................ 11
II) SIGLES .................................................................................................. 17
III) INTRODUCTION................................................................................... 19
IV) ÉTAT DES LIEUX ................................................................................. 21
A. Problématique de la MTEV en soin palliatif ........................................... 21
1) Définition des soins palliatifs ............................................................. 21
2) Population à risque plus élevée de thromboses veineuses .............. 22
3) Nombreux facteurs de risque ............................................................ 22
4) Une pathologie sous diagnostiquée .................................................. 23
a/ Une pathologie souvent asymptomatique ....................................... 23
b/ Une pathologie se manifestant souvent par des signes non
spécifiques ........................................................................................... 23
5) Problématique des examens complémentaires ................................ 24
6) Traitement anticoagulant difficile à instaurer .................................... 25
a/ Risque hémorragique élevé ............................................................. 25
b/ Contre-indications nombreuses ....................................................... 26
c/ Interactions médicamenteuses importantes ..................................... 26
d/ Effet secondaire des traitements...................................................... 27
B. Utilisation des anticoagulants en soin palliatif........................................ 28
1) Thromboprophylaxie peu utilisée ...................................................... 28
2) Arguments avancés par les médecins .............................................. 29
a/ Manque de preuve ........................................................................... 29
b/ MTEV non considéré comme un problème majeur .......................... 30
c/ Idéale d’une « bonne mort »............................................................. 32
11
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3) Disparité des pratiques ..................................................................... 32
4) Difficulté à réaliser des études cliniques randomisées (ECR) .......... 33
a/ Refus des patients ........................................................................... 33
b/ Opposition des médecins ................................................................. 33
c/ Difficulté du recueil des données ..................................................... 34
d/ Difficultés financières ....................................................................... 34
e/ Difficultés éthiques ........................................................................... 34
5) Problématique des traitements en soin palliatif : SYNTHÈSE .......... 34
C. Apport de la prophylaxie et du traitement de la maladie
thromboembolique en soins palliatifs ......................................................... 35
1) Justification des traitements ................................................................ 35
a/ Prévalence élevée de la MTEV ...................................................... 35
b/ Efficacité des traitements.............................................................. 35
c/ Acceptabilité de la Thromboprophylaxie ..................................... 36
2) Processus décisionnel ........................................................................ 36
VI) MATERIELS et METHODES ................................................................ 38
A. Type d’étude .......................................................................................... 38
B. Rappel des objectifs............................................................................... 38
1) Question posée ................................................................................... 38
2) Hypothèse ........................................................................................... 38
3) Objectifs .............................................................................................. 38
C. Population étudiée ................................................................................. 39
1) Critères d’inclusion et d’exclusion ....................................................... 39
2) Période et lieu de l’étude .................................................................... 39
12
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3) Taille de l’échantillon attendue ............................................................ 39
D. Recueil des données ............................................................................. 39
1) Modalités de recueil ............................................................................ 39
2) Données recueillies ............................................................................. 40
E. Analyse statistique ................................................................................. 41
F. Bibliographie .......................................................................................... 41
VII) RÉSULTATS........................................................................................ 43
A. Flow chart .............................................................................................. 43
B. Caractéristiques de la population étudiée .............................................. 44
C. Proportion de médecins mal à l’aise vis-à-vis des anticoagulants en soin
palliatif ........................................................................................................ 44
D. Sources et critères influençant ce choix ................................................ 45
1) Les sources influençant leurs décisions ............................................. 45
2) Les critères de décisions .................................................................... 46
3) Attentes des médecins pour améliorer leur pratique .......................... 46
E. Fréquences des effets secondaires des anticoagulants selon les
médecins .................................................................................................... 47
1) Douleur à l’injection ............................................................................. 47
2) Hémorragie simple .............................................................................. 47
3) Hémorragies sévères .......................................................................... 48
4) Autres complications retrouvées ......................................................... 48
F. Fréquence estimée, des maladies thromboemboliques (MTE) en
l’absence de traitement anticoagulant ........................................................ 49
1) Phlébite ............................................................................................... 49
2) Embolie pulmonaire ............................................................................ 49
13
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3) Autres pathologies retrouvées ............................................................ 50
4) Avis des médecins sur a survenue d’une embolie pulmonaire chez un
patient en soins palliatifs ......................................................................... 50
G. Fréquence d’utilisation des anticoagulants en soins palliatifs ............... 51
1) Raisons invoquées pour la non-prescription des anticoagulants en
soins palliatifs .......................................................................................... 52
H. Mode d’utilisation des traitements anticoagulants ................................. 54
1) Quelle molécule est utilisée ? ............................................................. 54
2) Quel objectif d’anticoagulation ? ......................................................... 55
3) Pour quelle situation de soins ? .......................................................... 55
I. Arrêt des anticoagulants.......................................................................... 56
1) Faut-il arrêter les anticoagulants ? ...................................................... 56
2) À quelle fréquence est réalisée l’arrêt des anticoagulants ? ............... 56
J. L’avis de patients .................................................................................... 57
1) Fréquence de la demande d’arrêt des anticoagulants par le patient,
selon les médecins .................................................................................. 57
2) Raisons de cet arrêt des anticoagulants invoquées par les patients
selon les médecins .................................................................................. 58
3) Fréquence à laquelle les patients s’opposent à l’arrêt selon les
médecins ................................................................................................. 58
K. Influence des caractéristiques socio démographique des médecins sur
l’utilisation des anticoagulants, en soins palliatifs ...................................... 59
14
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1) Influence sur la prescription des anticoagulants ................................. 59
2) Influence sur la l’arrêt des anticoagulants ........................................... 60
L. Corrélation entre l’arrêt ou non des anticoagulants en fonction de la
prescription des médecins.......................................................................... 61
M. Utilisation des anticoagulants, selon la représentation que les médecins
ont par rapport à l’embolie pulmonaire ....................................................... 61
1) Influence de la représentation de l'embolie pulmonaire sur la décision
de prescription d'anticoagulant................................................................ 61
2) Influence de la représentation de l'EP sur la décision d’arrêt des
anticoagulants ......................................................................................... 62
N. Prescription des anticoagulants selon la fréquence estimée par les
médecins, des effets secondaires des anticoagulants .............................. 63
1) Influence de la fréquence estimée des effets secondaires sur la
prescription des anticoagulants ............................................................... 63
2) Influence de la fréquence estimée des effets secondaires sur l’arrêt
des anticoagulants .................................................................................. 64
O. Tableau de synthèse de la bibliographie ............................................... 65
VIII) DISCUSSION ..................................................................................... 68
A. Résultat principal ................................................................................... 68
B. Limites et forces du travail ..................................................................... 68
1) Biais .................................................................................................... 68
a/ Biais ................................................................................................. 68
b/ Validité interne ................................................................................. 69
c/ Validité externe................................................................................. 69
d/ Représentativité des médecins ........................................................ 69
15
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Pertinence clinique .............................................................................. 70
a/ étude ................................................................................................ 70
b/ critère de jugement principal ............................................................ 71
c/ Taille et précision de l’essai ............................................................. 71
C. Résultats comparés à la bibliographie ................................................... 71
1) Critères d’arrêt du traitement anticoagulant ........................................ 71
2) Effets secondaires du traitement anticoagulant .................................. 72
3) Avis sur les TVP .................................................................................. 74
4) Quelle molécule est utilisée ? ............................................................. 75
5) Objectif d’anticoagulation .................................................................... 75
6) Fréquence d’arrêt des anticoagulants ................................................. 76
7) Avis des patients ................................................................................. 76
8) influence de la formation d’origine ...................................................... 77
D. Prospectives .......................................................................................... 77
1) Propositions pour la pratique clinique ................................................. 77
2) Pistes de réflexion ............................................................................... 78
IX) CONCLUSIONS ................................................................................... 79
X) BIBLIOGRAPHIE ................................................................................... 81
XI) ANNEXES............................................................................................. 84
16
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
II) SIGLES
AC : anticoagulants
ACCP : American College of Chest Physicians
AVK : anti vitamine K
BCI : indice vitamine B12/CRP
BU Santé : Bibliothèque Universitaire Santé
CHR : centre hospitalier régionale
CHU : centre hospitalier universitaire
CISMeF : Catalogue et Index des Sites Médicaux de langue Française
DESC : diplôme spécialisé complémentaire
DU : diplôme universitaire
ECR : études cliniques randomisées
EP : embolie pulmonaire
HAD : hospitalisation à domicile
HBPM : héparine de bas poids moléculaire
HNF : héparines non fractionnées
HTA : hypertension artérielle
MTE : maladie thromboembolique
MTEV : maladie thromboembolique veineuse
OMI : Oedèmes des membres inférieurs
PaP score : palliative pronostic score
PPI : palliative pronostic index
SUDOC : Système Universitaire de Documentation française
TIH : thrombopénie induite par l’héparine
TVP : thromboses veineuses profondes
USP : unité de soin palliatif
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(CC BY-NC-ND 2.0)
VPN : valeur prédictive négative
VPP : valeur prédictive positive
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(CC BY-NC-ND 2.0)
III) INTRODUCTION
La
maladie
thromboembolique
veineuse
(MTEV)
est
fréquemment
rencontrée en médecine. L’incidence annuelle de la thrombose veineuse
profonde était de 120 pour 100 000 en France et de 60 à 100 pour 100 000
au niveau international en 2010. Plus de 5 200 décès en cause initiale par
MTEV ont été répertoriés sur le territoire français en 2010(1). L’incidence
augmente chez les patients alités et cancéreux (d’autant plus si le cancer
est évolué) et donc chez les patients en phase palliative. Les thromboses
veineuses associées aux cancers sont connues de longue date (Trousseau
1865, Bouillaud 1823) et fréquentes représentant jusqu’à 20 à 30% des
premiers évènements thromboemboliques veineux. Le risque relatif de
thrombose veineuse est de près de 5 chez les patients cancéreux par
rapport à des patients non cancéreux. Le risque de récurrence est 2 à 3 fois
plus important dans cette population. L'incidence de la MTEV n'est pas
connue en phase palliative. Elle ne doit pas être inférieure à ce taux et est
probablement sous-estimée.
La prise en charge de ces maladies et leur prophylaxie répondent à des
recommandations de haut niveau de preuve dans la population générale(2).
Par contre, il n’y a aucune recommandation dans la prévention
de
la
maladie thrombo-embolique (MTE) chez les patients en fin de vie.
L’utilisation des anticoagulants (AC) chez les patients en phase palliative
est sujette à questionnement. Si le traitement curatif semble faire l’objet de
consensus, la thromboprophylaxie est controversée. La controverse est
d’autant plus importante que la prévalence des MTEV en soin palliatif est
difficile à évaluer et que l’utilisation des AC peut être en inadéquation avec
la philosophie des soins palliatifs.
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Les études réalisées montrent une sous-utilisation des AC dans la
population générale(4) et encore plus en phase palliative(5). Les raisons
invoquées pour justifier cette réticence sont le manque de preuve, la
prévalence jugée comme insuffisante(3)(6), la problématique de la
prophylaxie dans un contexte de pronostic vital engagé(7), la complexité de
l’évaluation pronostic et la représentation de l’embolie pulmonaire (EP)
comme une « bonne mort »(9).
Il y a une très grande disparité des pratiques et l'attitude des médecins visà-vis du traitement AC est très différente d'un praticien à l'autre(11). Et les
raisons invoquées pour justifier leurs décisions sont également très
diverses. Il n'y a consensus qu'en cas de situation clinique extrême; soit la
fin de vie ultime, soit, chez les patients présentant tous les arguments en
faveur d'une prophylaxie et aucun élément contre. Ces problèmes sont
augmentés par la difficulté de réaliser des études en soins palliatifs(12).
Peu d’études sont réalisées dans le domaine. Une étude qualitative(13) a
pu être réalisée à partir d’entretiens semi-dirigés chez 28 patients
hospitalisés atteints d’un cancer au stade palliatif. Elle montre que les
patients connaissent le risque de MTEV et qu’ils pensent que les AC
augmentent leurs qualités de vie par un sentiment de sécurité et de
réconfort et qu’ils craignaient l’arrêt de ses traitements.
Le choix de mise sous AC en fin de vie reste très difficile pour les
praticiens. Le but de ce travail est de faire via une étude quantitative par
questionnaire envoyé par mail un état des lieux des pratiques actuelles et
de comprendre ce qui influence ces pratiques.
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IV) ÉTAT DES LIEUX
A. Problématique de la MTEV en soin palliatif
1) Définition des soins palliatifs
Ce sont des « soins actifs et continus pratiqués par une équipe
interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la
douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la
personne malade et à soutenir son entourage. » Ces soins sont régis par
la loi no 99-477 du 9 juin 1999(14) (détail en annexe 2 et 4). Leur objectif
n’est pas de guérir. Mais de préserver la qualité de vie des patients et de
leur famille face aux symptômes et aux conséquences d’une maladie grave
et potentiellement mortelle. Le Petit Robert précise: «qui atténue les
symptômes d’une maladie sans agir sur sa cause»(15). La démarche des
soins palliatifs vise ainsi à sauvegarder la dignité de la personne et à éviter
les traitements et examens médicaux déraisonnables.
Tableau 1: Objectifs des soins en fonction du stade de la pathologie
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2) Population à risque plus élevée de thromboses veineuses
Les thromboses veineuses associées aux cancers sont connues de longue
date (Trousseau 1865, Bouillaud 1823) et fréquentes représentant jusqu’à
20 à 30% des premiers évènements thromboemboliques veineux. Le risque
relatif de thrombose veineuse est de près de 5 chez les patients cancéreux
par rapport à des patients non cancéreux. Le risque de récurrence est de 2
à 3 fois plus important dans cette population. L'incidence de la MTEV n'est
pas connue en phase palliative. Elle ne doit pas être inférieure à ce taux et
est très probablement sous-estimée.
3) Nombreux facteurs de risque
Les patients en phase palliative terminale peuvent présenter tous ces
différents facteurs de risque thromboembolique :
– la néoplasie,
– présence d’un cathéter veineux central,
– une fracture pathologique ou une compression médullaire
responsable d'un alitement,
– des antécédents de chirurgie carcinologique, de radiothérapie,
de chimiothérapie ou d'hormonothérapie,
– des comorbidités médicales par exemple l’hypertension
artérielle (HTA), diabète ou obésité,
– un index de performance statuts bas impliquant une
immobilisation,
– une chirurgie datant de moins de deux mois,
– un antécédent de MTEV.
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Le rôle de l'alitement, considéré comme un facteur de risque, reste mal
défini. L'immobilisation majore le risque thromboembolique les deux
premières semaines suivant la réduction de mobilité. Lorsque la situation
devient chronique (au-delà de trois mois), le risque redevient le même que
pour la population générale. (16)
4) Une pathologie sous diagnostiquée
a/ Une pathologie souvent asymptomatique
Le diagnostic positif d'EP n'est porté que dans 10% des cas. Dans les 90%
restants soit l'EP a été asymptomatique soit le diagnostic a été erroné (10)
b/ Une pathologie se manifestant souvent par des signes non spécifiques
Il n'existe aucun signe pathognomonique de MTEV. Les signes cliniques
présents lors de son évolution sont des symptômes souvent rencontrés en
soins palliatifs en dehors de toute MTEV. Leur présence peut orienter à tort
vers d'autres pathologies.
Oedèmes des membres inférieurs (OMI)
27 à 65% des patients en fin de vie présentent des œdèmes des membres
inférieurs, toutes étiologies confondues(17). Les causes les plus fréquentes
sont présentées dans le tableau ci-dessous.
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Tableau 2: causes d'OMI en soins palliatifs
Dyspnée
La dyspnée est un des symptômes les plus fréquents en fin de vie (17).
Tableau 3: causes de dyspnée en soins palliatifs
5) Problématique des examens complémentaires
Les D-Dimères ont un intérêt limité, car leur taux est souvent élevé en
phase palliative. Leur réalisation n'apporte pas d'éléments pertinents pour
la prise en charge. Dans les examens d'imagerie, l'écho doppler semble
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être l'examen le plus adapté à ces patients, car facilement accessible,
indolore et pouvant être pratiqué au lit. Les autres examens peuvent
nécessiter de transférer les patients impliquant ainsi inconfort et douleurs.
De plus certaine unité de soin palliatif (USP) n’ont pas accès à un plateau
technique. En particulier :
– l'angioscanner: il nécessite une injection de produit de
contrastes entrainant: douleur, risques septiques et d'insuffisance
rénale. L'intérêt diagnostic sera limité en cas de métastases
pulmonaires pour le diagnostic d'EP distale en raison de faux positifs
nombreux. Cet examen ne sera pas déterminant dans ce contexte.
– la scintigraphie de ventilation/perfusion: est souvent
ininterprétable en soins palliatifs du fait d'atteintes pleuropulmonaires
fréquentes chez les patients cancéreux en phase avancée de la
maladie. Sa réalisation nécessite une participation active du patient
qu'il est parfois difficile d'obtenir.
6) Traitement anticoagulant difficile à instaurer
a/ Risque hémorragique élevé
Les patients en phase palliative présentent un risque hémorragique accru.
Mais, aucune étude n'a relevé l'incidence des hémorragies en USP. De
même, aucune étude n'a identifié les facteurs de risque hémorragique dans
cette population. Les études réalisées en milieu médical (18) sur la
population générale ont identifié onze facteurs de risque :
– cancer,
– présence d'un cathéter veineux central,
– insuffisance rénale,
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– insuffisance hépatique,
– ulcère gastro-duodénal en cours,
– hémorragie récente (< 3 mois),
– thrombopénie (< 50 giga/L),
– âge > 85 ans,
– sexe masculin,
– pathologie rhumatismale aigüe,
– hospitalisation en soins intensifs.
b/ Contre-indications nombreuses
Les patients relevant de soins palliatifs présentent souvent des contreindications absolues ou relatives aux traitements AC. Ces contreindications sont les localisations néoplasiques à risque comme des
métastases cérébrales ou une atteinte gastro-intestinale, par une
insuffisance rénale, hépatique et/ou une thrombopénie.
c/ Interactions médicamenteuses importantes
En fin de vie les patients sont polymédicamentés et sont donc plus à risque
d’interaction médicamenteuse. Le risque de saignement, d’hypotension
orthostatique et de diminution du métabolisme sont donc accrus dans cette
population(19).
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d/ Effet secondaire des traitements
Douleur à l’injection
L’injection des AC peut être douloureuse et être ressentie comme intrusive
par le patient en fin de vie.
Risque hémorragique
Les AC ne sont pas dénués de risques, notamment hémorragiques. Elles
peuvent survenir dans différentes zones par exemple: hémorragie ou
hématome
intracérébral,
hématome
du
psoas,
hémorragie
intra-
abdominale, hémorragie intra-articulaire. Il peut s’agir d’hémorragies non
graves par exemple : hématome, épistaxis, gingivorragie. Le risque
hémorragique est élevé dans certaines situations fréquente en soins
palliatifs : patients âgés, pathologies associées, insuffisance rénale,
insuffisance hépatique, faible poids corporel, interactions médicamenteuses
(20). À noter que ce risque est plus faible dans le cadre de la
thromboprophylaxie.
Risque non hémorragique
Thrombopénie : Elles sont de 2 types : les plus fréquentes, de type I, sont
habituellement modérées (> 100 000/mm3), précoces (avant le 5e jour) et
ne nécessitent pas l’arrêt du traitement. La moins fréquente, de type II,
d’origine immunologique induite par l’héparine, dite thrombopénie induite
par l’héparine (TIH). Elle est grave, car elle est associée à la survenue de
thromboses artérielles ou veineuses. Cette TIH est moins fréquemment
observée avec une HBPM qu’avec une HNF. Sa prévalence est encore mal
évaluée.(20)
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Nécrose cutanée : De rares cas de nécroses cutanées au point d’injection
ont été observés avec les héparines. (20)
Manifestations d’hypersensibilité : Ces réactions sont peu fréquentes,
localisées ou généralisées : notamment urticaire, prurit, éruption, érythème,
conjonctivite,
rhinite,
asthme,
cyanose,
tachypnée,
sensations
d’oppression, fièvre, frissons, œdème angioneurotique, et rarement choc
anaphylactique. Dans certains cas leur existence doit conduire à l’arrêt du
traitement. (20)
B. Utilisation des anticoagulants en soin palliatif
1) Thromboprophylaxie peu utilisée
Les recommandations actuelles incitent à débuter une thromboprophylaxie
dès qu'un patient hospitalisé présente un facteur de risque thrombotique en
plus du cancer et de l'hospitalisation. Pourtant, la prophylaxie reste
controversée et très peu pratiquée chez ces patients à risque. Quelques
études réalisées ces dernières années mettent en relief la sous-utilisation
de la prophylaxie antithrombotique :
Etude ENDORSE (21) (étude dans la population générale)
Il s'agit d'une étude multicentrique datant de 2008 menée auprès de 358
hôpitaux à travers trente-deux pays. Elle inclut 68 183 patients, dont 45%
de patients chirurgicaux et 55% de patients médicaux. 51,8% de ces
patients sont considérés à risque de MTEV selon les critères de l'American
College of Chest Physicians (ACCP). 58,5% des patients chirurgicaux et
seulement 39,5% des patients médicaux à risque de MTEV reçoivent une
prophylaxie.
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Une étude anglaise réalisée par S. Noble (5) (étude sur notre population
cible)
Cette étude comparative réalisée par enquête avec sondage téléphonique
en 2000 et 2005 sur différentes USP en Angleterre montre une évolution de
la prise en charge des thromboses veineuses profondes (TVP). En 2000
2% des praticiens avaient des lignes directives pour l’arrêt des AC et 75%
voulaient arrêter les AC en systématique. En 2005 19% avaient une ligne
directive et seuls 18% voulaient arrêter les anticoagulants.
è Mais aucune étude n’est réalisée sur l’instauration des AC à titre
préventif dans notre population cible.
2) Arguments avancés par les médecins
Plusieurs raisons sont invoquées pour justifier cette réticence.
a/ Manque de preuve
En médecine palliative, la prise en charge est avant tout symptomatique. La
mise en place d'un traitement prophylactique d'une complication virtuelle ne
semble pas pertinente d'autant qu'aucune étude n'apporte la preuve de son
utilité pour cette population. Plusieurs études se contredisent sur le sujet
sans apporter de preuve formelle. Une étude publiée en 2011 montre qu’il
n’y a pas d’augmentation significative des TVP symptomatiques à l’arrêt
des AC (22). Cette étude sur 127 patients admis en USP montre que 41
avait une thromboprophylaxie à l’admission. Cette prophylaxie a été
abandonnée chez 36 patients (86%). 0 ont débuté une prophylaxie et 6
seulement ont développé une TVP. Une autre étude publiée en 2006
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montre que l’utilisation des AC augmenterait le nombre de retours à
domicile et la mobilité des patients(23). Cette étude prospective montre que
sur les 10 patients sous HBPM, 5 étaient décédés contre 9 dans le groupe
contrôle. Il y avait eu 5 retours à domicile contre 0 dans le groupe contrôle.
Les études sont peu nombreuses et leur puissance est insuffisante pour
pouvoir conclure.
b/ MTEV non considéré comme un problème majeur
Prévalence jugée insuffisante : Des entretiens semi-dirigés menés par S
Noble en 2008, auprès de médecins d'unité de soins palliatifs d'Angleterre
et d'Irlande font apparaître que pour ces praticiens la MTEV n'est pas
considérée
comme
un
problème
suffisant
pour
justifier
de
recommandations de bonne pratique. (17) Ces médecins estiment que la
prévalence de la MTEV est faible chez les patients relevant de soins
palliatifs (24) et que la thromboprophylaxie va à l'encontre de la philosophie
des soins palliatifs et risque de prolonger l'agonie. Ces médecins se disent
prêts
à
changer
leur
attitude
si
la
preuve
de
l'utilité
de
la
thromboprophylaxie pour leurs patients est apportée.
Problématique de la prophylaxie dans un contexte de pronostic vital
engagé : Pour certains médecins les séquelles de la MTEV n'ont pas le
temps de s'installer ce qui justifierait l'absence d'une prophylaxie
secondaire.(7) Pourtant, les séquelles peuvent entrainer une diminution
notable de la qualité de vie des patients et survenir dans un délai de
quelques mois. Cet argument peut être remis en question en fonction du
pronostic et de la durée de survie estimée de chaque patient.
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Complexité de l’évaluation pronostique : Il a été estimé que les médecins
se trompent dans 30% des cas sur l'estimation de la durée de survie des
patients en phase palliative. Elle est surestimée dans 65% et sous-estimée
dans 35% des cas(8). Mais cette estimation peut apporter une aide dans la
prise en charge des patients en soins palliatifs. La décision d'entreprendre,
ou non un traitement AC et une thromboprophylaxie dépend du pronostic
du patient. Si la majorité des praticiens s'accordent à dire qu'il est inutile
d'envisager une anticoagulation chez un patient en phase agonique, la
problématique est plus complexe pour les patients dont le pronostic est
moins court. Plusieurs échelles pronostiques sont proposées. Aucune n'est
réellement validée. En pratique, elles sont peu utilisées :
– Le palliative pronostic index (PPI) : Il prend en compte l'indice de
Karnofsky, la présence ou non d'une anorexie, d'œdèmes et de dyspnée de
repos ainsi que celle d'une confusion. Ce score permet de classer les
patients selon trois groupes en fonction du temps estimé de survie: moins
de 155 jours, moins de 89 jours et moins de 18 jours.
– Le palliative pronostic score (PaP score) : Il tient compte de l'index de
Karnofsky, de la présence ou non d'une dyspnée, du taux de leucocytes et
de lymphocytes, et de la présence ou non d'une anorexie. L'objectif est
d'obtenir une estimation chiffrée en semaines de la durée de survie.
– La cote de pronostic palliatif : Elle tient compte de la présence d'une
dyspnée, d'une anorexie, de l'index de Karnofsky, de la leucocytémie et de
la lymphocytémie. La probabilité de survie pendant trente jours est de
moins de 30% si la cote excède onze points et de plus de 70% si la cote se
situe de 0 à 5,5.
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– L'indice vitamine B12/CRP (BCI) : Cet indice a été développé en Suisse.
Il permet d'identifier deux groupes: un groupe, dit à probabilité élevée, dont
la médiane de survie est de vingt-huit jours (score > 2) et un groupe, dit de
probabilité basse, dont la médiane de survie est de soixante-douze jours
(score < 2). La sensibilité de ce modèle est de 70%, la spécificité de 48,8%,
la valeur prédictive positive (VPP) de 28% et la valeur prédictive négative
(VPN) de 85%. (25) (détail des scores OMS et Karnofsky en annexe 3)
c/ Idéale d’une « bonne mort »
Dans une étude avec entretiens semi-dirigés publiée en 2012 certains
médecins affirment que mourir d'une EP est une « bonne mort », rapide et
indolore. (9)
3) Disparité des pratiques
Ceci a été illustré dans une enquête menée au sein de l'USP du centre
hospitalier universitaire (CHU) de St Étienne(11). Il a été demandé aux
différents médecins intervenant dans cette USP d'expliquer leur décision
quant à l'arrêt ou non d'une prophylaxie anti-thrombotique. Quatre
situations cliniques fictives ont été soumises à ces médecins. Les situations
avaient été choisies en fonction des signes cliniques rencontrés, des
volontés des patients, et du pronostic. L'attitude des médecins vis-à-vis du
traitement AC a été très différente d'un praticien à l'autre au sein de la
même USP. Et les raisons invoquées pour justifier leurs décisions étaient
également très diverses. En réalité, il n'y a consensus que dans les 2
situations cliniques extrêmes : la fin de vie ultime et les patients présentant
tous les arguments en faveur d'une prophylaxie et aucun élément contre.
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4) Difficulté à réaliser des études cliniques randomisées (ECR)
La prise en charge de la MTEV dans la population générale hors soins
palliatifs est régie par des recommandations de bonne pratique. Celles-ci
sont élaborées par des groupes multidisciplinaires d'experts et s'appuient
sur des données issues d'études cliniques contrôlées randomisées (ECR).
Ces ECR sont les études qui apportent le niveau de preuve le plus haut.
Pour les patients relevant de soins palliatifs des recommandations solides
n'existent pas, car les études publiées sont de faible puissance statistique.
Une étude a tenté d'évaluer l'efficacité des HBPM dans cette population.
Cette étude suisse de 2006 était prospective et randomisée. Elle a dû être
interrompue de façon anticipée en raison du faible nombre de patients
inclus : 20 en 17 mois (16). Cette tentative montre bien la complexité de
ces études en soins palliatifs.
a/ Refus des patients
Selon une étude réalisée par V. Gablin en 2011 10 à 67% des patients au
stade palliatif refusent de participer aux ECR (13).
b/ Opposition des médecins
Pour certains médecins le fait de proposer un ECR aux patients en soins
palliatifs va à l'encontre de l'éthique.
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c/ Difficulté du recueil des données
Les patients en soins palliatifs ont une espérance de vie limitée. Ainsi, le
taux d'abandon des études, soit par décès, soit par altération de l'état
général est de 34 à 80%.(13)
d/ Difficultés financières
Les moyens financiers et/ou humains pour la recherche en soins palliatifs
sont souvent insuffisants pour mener une étude de grande envergure.
e/ Difficultés éthiques
La nécessité d'un consentement éclairé du patient est une des règles de
base de la bioéthique. Celui-ci est parfois difficile à obtenir en raison
d'épisodes confusionnels, d'asthénie importante ou de la perte d'une
fonction indispensable à la communication.
5) Problématique des traitements en soin palliatif : SYNTHÈSE
Le manque d'études cliniques et de recommandations de haut niveau de
preuve sur la prise en charge de la MTEV dans cette population est une
des premières difficultés.
La probabilité de complications hémorragiques suite à l'utilisation d'AC à
dose curative chez des patients polypathologiques est élevée.
La fréquence de récidives en dépit d'un traitement AC efficace dans le
cadre de l’évolution néoplasique est également accrue.
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L'estimation pronostique est complexe, d'autant plus pour les patients en
relativement bon état général et supposés à distance de la phase terminale
de leur maladie.
Les traitements et leur surveillance imposent des contraintes chez ces
patients pour qui le confort et le bien-être sont privilégiés.
C. Apport de la prophylaxie et du traitement de la maladie
thromboembolique en soins palliatifs
1) Justification des traitements
a/ Prévalence élevée de la MTEV
Les patients en phase palliative présentent un nombre important de
facteurs de risque thromboembolique, et la prévalence de la MTEV est
élevée. Bien que le diagnostic clinique soit rare, au cours des examens
post mortem, près d'un patient sur deux présentait une MTEV (26).
b/ Efficacité des traitements
De
nombreuses
études
ont
prouvé
l'efficacité
des
traitements
prophylactiques antithrombotiques. Il en a été conclu que:
– Les HBPM permettent une réduction de 70% des TVP sans augmentation
des évènements hémorragiques.
– Les HNF sont tout aussi efficaces mais majorent le risque hémorragique
de 52% par rapport aux HBPM.
– Le Fondaparinux semble, également, efficace sans majoration du risque
hémorragique.(18)
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Aucune de ces études n'a été réalisée spécifiquement chez des patients
relevant de soins palliatifs. Mais aucun argument ne permet de mettre en
doute leur efficacité en phase palliative.
c/ Acceptabilité de la Thromboprophylaxie
Une étude qualitative de 2006(27) réalisée à partir d’entretiens semi-dirigés
chez 28 patients hospitalisés atteints d’un cancer au stade palliatif montre
que les patients connaissaient le risque de MTEV. Cette étude a montré
que tous les patients étaient en faveur des AC. Ils pensaient que les AC
augmentaient leur qualité de vie. Ils se sentaient plus en sécurité avec ces
traitements. Ils craignaient leur arrêt. Elle montrait aussi qu’une injection
sous-cutanée était plus acceptable pour les patients que le port de bas de
contention.
2) Processus décisionnel
Le réseau de cancérologie de l’arc Alpin nous propose dans son « recueil
de pratique professionnelle en soin palliatif » réalisé en 2006 un arbre
décisionnel(28).
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Figure 1 : arbre décisionnel de la prise en charge de la thromboprophylaxie en soins palliatifs
Cet arbre reste théorique et ne permet pas de faire face à toutes les
situations.
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VI) MATERIELS et METHODES
A. Type d’étude
Nous avons mené une enquête de pratiques par questionnaire, réalisée
auprès des médecins travaillant avec des patients en phase palliative de la
région Rhône-Alpes.
B. Rappel des objectifs
1) Question posée
Quelles sont les pratiques de prescription des médecins en matière de
prévention anticoagulante chez les patients en phase palliative terminale?
2) Hypothèse
La prévention par AC est une thérapeutique souvent interrompue voire non
prescrite chez les patients en phase palliative terminale.
3) Objectifs
L’objectif principal de notre étude était de décrire les pratiques des
médecins concernant la prescription de la prévention anticoagulante chez
les patients en phase palliative terminale.
Les objectifs secondaires étaient de décrire leurs sources et le mode
d’utilisation de ces traitements.
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C. Population étudiée
1) Critères d’inclusion et d’exclusion
Nous avons inclus dans cette étude les médecins travaillant avec des
patients en soins palliatifs (cancérologue, gériatre, médecins travaillant en
soins palliatifs et en hospitalisation à domicile (HAD)) de la région RhôneAlpes.
Nous avons exclu, les médecins non concernés par l’anticoagulation
(pédiatre essentiellement) et les médecins non-thèses.
2) Période et lieu de l’étude
Ces médecins étaient sélectionnés parmi les cancérologues, gériatres,
médecins de soins palliatifs et d’HAD des centres hospitaliers régionales
CHR et CHU de la région Rhône-Alpes.
Les données ont été recueillies de mai à aout 2015.
3) Taille de l’échantillon attendue
La taille de l’échantillon attendue était de 100 médecins.
D. Recueil des données
1) Modalités de recueil
Le recueil des données a été réalisé par un seul investigateur au moyen
d’un questionnaire informatique anonyme adressé via google drive. Les
adresses mails des différents médecins ont été communiquées après appel
auprès des secrétaires.
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Une information écrite sur le but de l’étude était aux médecins dans le mail
précédant le questionnaire.
Le questionnaire a été remis aux médecins par l’intermédiaire de leurs
boites mails.
Une étude de faisabilité du questionnaire et de la méthode a été réalisée
auprès de 47 médecins volontaires de février à mars 2015.
Le questionnaire a été envoyé une première fois le 03/05/2015 auprès de
367 médecins.
Des relances ont été effectuées le 16/06/2015 et le 05/08/2015.
2) Données recueillies
Le questionnaire, disponible en annexe (Annexe 5), était composé de 22
questions
constituant
5
parties.
Elles
permettaient
d’obtenir
des
informations sur :
- 1ère partie (4 questions): les caractéristiques sociodémographiques des
médecins
- 2ème partie (4 questions): critères de choix des médecins de mise ou non
sous traitement
- 3ème partie (4 questions) : les effets secondaires des traitements, de
l’absence de traitement, des MTEV
- 4ème partie (7 questions) : les modalités de prescription des traitements
- 5ème partie (3 questions) : l’avis des patients selon les médecins
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(CC BY-NC-ND 2.0)
E. Analyse statistique
Après codage, les variables recueillies ont été saisies dans une feuille
Excel® pour constituer une base de données et les analyser.
Pour l’analyse descriptive, des effectifs et des pourcentages pour les
variables qualitatives, des médianes, moyennes et écarts types pour les
variables quantitatives ont été calculés dans la feuille Excel®.
Les analyses comparatives en sous-groupes (test du Chi deux, test exact
de Fischer, test de Student) ont été effectuées sur le site BiostaTGV.
Les résultats des tests ont été considérés comme significatifs lorsque p
était inférieur ou égal à 0,05.
Le critère de jugement principal était l’utilisation ou non des AC en phase
palliative terminale.
F. Bibliographie
La recherche bibliographique a été effectuée via le moteur de
recherche Google® en consultant :
- les catalogues en ligne du Système Universitaire de Documentation
française (SUDOC) et de la Bibliothèque Universitaire Santé (BU Santé) de
Lyon 1,
- des bases de données numériques : Pubmed, COCHRANE et le
Catalogue et Index des Sites Médicaux de langue Française (CISMeF),
- les sites de la HAS.
Les mots clés utilisés étaient : « palliative care », « veinous thrombosis » et
« anticoagulant ».
Certaines recherches ont été directement faites par auteur ou par titre de
publication. Concernant les travaux de recherche, seuls ceux datant de
41
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
moins de 10 ans ont été sélectionnés. 141 articles ont été trouvés. Après
lecture des titres et des introductions, 21 articles ont été sélectionnés pour
être insérés à la bibliographie.
Le logiciel Zotero® a été utilisé pour la gestion des références.
42
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
VII) RÉSULTATS
A. Flow chart
366
ques(onnaires
envoyés
257non
répondus
2exclus
105réponses
analysées
Figure 3: flow chart
Sur 366 questionnaires envoyés, 107 réponses ont été reçues. Sur ces 107
réponses un médecin a été exclu parce qu’il travaille en soins palliatifs
pédiatriques et un autre, car il disait ne travailler que très peu en soins
palliatifs. Les caractéristiques 105 médecins inclus figurent dans le tableau
ci-dessous.
43
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
B. Caractéristiques de la population étudiée
Caractéristiques
Participants (n=105)
Nbr (%)
Sexe
féminin
masculin
67 (63,8%)
38 (36,2%)
<35ans
35-50ans
>50ans
formation d'origine
médecine générale
autre spécialité médicale
DU/ DESC de soin palliatif
Type d'exercice
libérale
hospitalier
les deux
37 (35,2%)
28 (26,7%)
40 (38,1%)
Âge
55 (52,3%)
49 (46,7%)
26 (24,8%)
11 (10,4%)
91 (86,7%)
3 (2,9%)
Tableau 4: caractéristique de la population
C. Proportion de médecins mal à l’aise vis-à-vis des
anticoagulants en soin palliatif
70 (67,7%) des praticiens se disent mal à l’aise quant à l’utilisation des AC
en soins palliatifs.
44
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
D. Sources et critères influençant ce choix
1) Les sources influençant leurs décisions
88
90
80
70
52
60
50
35
32
40
30
20
5
10
0
expériences
avis
d'expert
sentiment
personnel
lectures
d'articles
nesaitpas
Figure 4 : Les sources influençant leurs décisions
45
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Les critères de décisions
94
100
90
90
80
67
70
58
60
50
32
40
28
30
29
14
20
10
0
Figure 5 : critères influençant la décision de mise sous AC
3) Attentes des médecins pour améliorer leur pratique
70
66
60
48
50
40
30
14
20
4
10
0
desétudes
dela
collégialité
plus
d'expériences
autre
Figure 6 : attentes des médecins pour améliorer leur pratique vis-à-vis de l’utilisation des AC en fin de vie
46
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
E. Fréquences des effets secondaires des anticoagulants
selon les médecins
1) Douleur à l’injection
56
60
50
37
40
30
20
10
7
3
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 7 : fréquence des douleurs à l’injection des AC en fin de vie estimée par les médecins
2) Hémorragie simple
55
60
46
50
40
30
20
10
3
0
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 8 : fréquence des complications hémorragiques simples en fin de vie sous AC estimée par les médecins
47
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3) Hémorragies sévères
75
80
70
60
50
40
22
30
20
6
10
0
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 9 : fréquence des complications hémorragiques sévères en fin de vie sous AC estimée par les médecins
4) Autres complications retrouvées
VERBATIM des réponses classées en catégories: (totalité en annexe 6)
Effets des médicaments
- « allergie »
- « interactions médicamenteuses »
- « thrombopénie »
- « hémorragie »
- « douleur à l'injection »
- « rougeur, surinfection au point de ponction rarement »
Lourdeur des examens paracliniques
- « lourdeur des surveillances biologiques »
Effets psychologiques
- « saturation psychologique du patient »
48
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
F. Fréquence estimée, des maladies thromboemboliques
(MTE) en l’absence de traitement anticoagulant
1) Phlébite
64
70
60
50
34
40
30
20
10
3
1
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 10 : Fréquence des phlébites en l’absence d’AC estimée par les médecins
2) Embolie pulmonaire
63
70
60
50
40
24
30
20
13
10
0
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 11 : Fréquence des EP en l’absence d’AC estimée par les médecins
49
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3) Autres pathologies retrouvées
VERBATIM des réponses : (totalité en annexe 7)
Pathologies autres
- « embolies artérielles sous ACFA »
- « CIVD »
Pathologie non recherchée :
- « ces diagnostics ne sont pas recherchés en fin de vie »
4) Avis des médecins sur la survenue d’une embolie pulmonaire
chez un patient en soins palliatifs
60
53
50
40
29
30
21
20
10
0
nesaitpas
non
oui
Figure 12 : les médecins pensent-ils que l’EP est une bonne mort ?
50
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
77
80
70
60
50
28
40
30
20
10
0
non
oui
Figure 13 : Les médecins ont-ils peur de l’EP en fin de vie ?
G. Fréquence d’utilisation des anticoagulants en soins
palliatifs
53
53
52,5
52
51,5
51
51
50,5
50
NON
OUI
Figure 14 : Fréquence de prescription d’AC en fin de vie
51
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1) Raisons invoquées pour la non-prescription des anticoagulants en
soins palliatifs
Classement des verbatims : la totalité des verbatims est en annexe 8
Douleur
- « en préventif jamais, la difficulté est parfois de les arrêter mais la douleur
liée à l'injection et à l'état global des patients conduit à les arrêter assez
rapidement »
Confort
- « pas considéré comme un soin de confort »
Complications
- « à risque de complication »
Bénéfice/ risque non favorable
- « risque de complication pour bénéfice mineur »
- « pas d'intérêt de prévenir cette complication en fin de vie à mon avis »
Invasif
- « si fin de vie, traitement trop invasif »
- « la voie sous-cutanée des HBPM peut être vécue comme agressive »
Qualité de vie
- « pas d'intérêt sur la qualité de vie/ nécessité de prise de sang et
d'évènements indésirables inutiles »
52
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
EP = bonne mort / mourir dans la dignité
- « l'embolie pulmonaire brutale est une façon de mourir dignement pour le
type de cancer que je prends en charge »
Examen complémentaire
- « parce ce qui dit anticoagulant dit surveillance biologique incompatible
avec fin de vie »
Coût
-« Coût »
Prolonge la vie
- « ne pas chercher à repousser à tout prix le moment de son décès (après
il faut voir avec le patient, si il tient à avoir un traitement jusqu'au dernier
jour de sa vie, ce n'est pas un problème de la prescrire, mais il faut savoir
ne pas s'acharner et ne pas insister au prétexte que telle ou telle étude
aurait
montrée
un
gain
de
vie
minuscule
(balance
avantage
/
inconvénients) »
Une prescription soumise à certaines conditions
- « cela dépend du projet de vie du patient, ils sont au service de ce projet
de vie et de l'autonomie du patient, j'en discute toujours avec le patient »
- « ni oui ni non cela dépend du contexte et de chaque patient et du
pronostic et quelle est la durée de la fin de vie »
- « remarque : prescription si action antalgique, sinon pas de prescription
« jamais, sauf si EP objectivée et très symptomatique »
53
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Autre
- « la situation ne s'est jamais présentée »
« un patient en fin de vie meurt d'une cause déterminée (métabolique,
infectieuse, embolique...) Prévenir une cause sans traiter les autres n'a pas
beaucoup de sens. »
H. Mode d’utilisation des traitements anticoagulants
1) Quelle molécule est utilisée ?
70
62
60
50
40
30
20
8
10
7
0
0
HBPM
HNF
AVK
NACO
Figure 15: AC utilisé en fin de vie
54
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Quel objectif d’anticoagulation ?
28
30
26
25
20
12
15
10
5
0
lesdeux
curatif
préventif
Figure 16: Pour quel objectif sont utilisés les AC en fin de vie ?
3) Pour quelle situation de soins ?
50
50
50
45
40
35
30
24
25
20
15
8
10
5
5
0
Phlébite
Embolie
pulmonaire
patientsalités
tousles
lesplusà
patientsalités
risque
autre
Figure 17: Situations pour lesquelles les AC sont prescrits en fin de vie
55
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
I. Arrêt des anticoagulants
1) Faut-il arrêter les anticoagulants ?
62
70
60
50
40
28
30
14
20
10
0
OUI
nesaitpas
NON
Figure 18: les médecins pensent-ils qu'il faut arrêter les AC en fin de vie
2) À quelle fréquence est réalisée l’arrêt des anticoagulants ?
60
60
50
40
30
30
20
10
13
0
0
Jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 19 : fréquence de l'arrêt des AC en fin de vie
56
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
J. L’avis de patients
1) Fréquence de la demande d’arrêt des anticoagulants par le
patient, selon les médecins
80
71
70
60
50
40
30
22
20
9
10
0
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 20: fréquence à laquelle l'arrêt des AC est demandé par le patient, estimée par les médecins
57
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Raisons de la demande d’arrêt des anticoagulants invoquées par
les patients selon les médecins
70
62
60
50
40
31
30
20
20
10
2
0
douleurà
l'injection
impression
effet(s)
d'acharnement secondaire(s)
thérapeutique
autre
Figure 21: raisons invoques par les patients pour demander l'arrêt selon les médecins
3) Fréquence à laquelle les patients s’opposent à l’arrêt selon les
médecins
70
61
60
50
40
33
30
20
10
2
0
0
jamais
rarement
souvent
toujours
Figure 22: fréquence à laquelle les patients s'opposent à l'arrêt des AC estimée par les médecins
58
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
K. Influence des caractéristiques socio démographiques des
médecins sur l’utilisation des anticoagulants, en soins
palliatifs
1) Influence sur la prescription des anticoagulants
donnéessocio
démographiques
âge
<35ans
entre35et50ans
>50ans
total
sexe
féminin
masculin
total
Formation
médecinegénérale
cancérologie
autrespécialité
DU/DESC
total
neprescriventpas
d'AC
n
%
24
45,3
19
35,8
10
18,9
53
100
n
%
36
67,9
17
32,1
53
100
n
%
31
44,9
6
8,7
20
29
12
17,4
69
100
prescriventdes
AC
n
%
13
25,5
21
41,2
17
33,3
51
100
n
%
31
60,8
20
39,2
51
100
n
%
23
41,1
12
21,4
5
8,9
16
28,6
56
100
P value
p 0,08
p 0.54
p0.008
Tableau 5: Influence des caractéristiques socio démographiques des médecins sur leur prescription d’AC en fin de vie
La formation d’origine influence de manière significative sur la prescription
d’AC en fin de vie. Les cancérologues et les médecins ayant un diplôme
universitaire (DU) ou un diplôme spécialisé complémentaire (DESC) de
soins palliatifs ont tendance à plus prescrire d’AC en fin de vie que les
autres spécialités qui sont majoritairement non prescripteur d’AC.
59
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Influence sur la l’arrêt des anticoagulants
donnéessocio
démographiques
âge
<35ans
entre35et
50ans
>50ans
total
sexe
féminin
masculin
total
Formation
médecine
générale
cancérologie
autrespécialité
DU/DESC
total
arrêtentles
AC
n
%
22
35,5
n'arrêtent
paslesAC
n
%
2
14,3
nesavent
pas
n
%
13 46,4
12
19,4
7
50,0
8
28,6
28
62
n
36
26
62
n
45,2
100
%
58,1
41,9
100
%
5
14
n
7
7
14
n
35,7
100
%
50
50
100
%
7
28
n
23
5
28
n
25,0
100
%
82,1
17,9
100
%
31
35,2
3
27,3
21
60,0
12
26
19
88
13,6
29,5
21,6
100
3
2
3
11
27,3
18,2
27,3
100
2
6
6
35
5,7
17,1
17,1
100
P value
p 0.064
p 0.044
p0.134
Tableau 6: Influence des caractéristiques socio démographiques des médecins sur l’arrêt des AC en fin de vie
Le sexe des participants influence de manière significative l’arrêt des AC en
fin de vie. On peut constater que les femmes sont beaucoup plus indécises
quant à l‘arrêt des AC.
60
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
L. Corrélation entre l’arrêt ou non des anticoagulants en
fonction de la prescription des médecins
neprescrivent prescriventdes
pasd'AC
AC
Arrêtentles
AC
NON
OUI
Nesaitpas
totale
n
%
n
%
1
42
9
52
1,9
80,8
17,3
100
13
20
19
52
25,0
38,5
36,5
100
P value
p <0,0001
Tableau 7: lien entre prescription et arrêt des AC
Cette étude montre qu’il existe un lien significatif entre l’arrêt des AC et
leurs prescriptions. Les médecins qui ne prescrivent pas d’AC en fin de vie
ont aussi tendance à les arrêter.
M. Utilisation des anticoagulants, selon la représentation que
les médecins ont de l’embolie pulmonaire
1) Influence de la représentation de l'embolie pulmonaire sur la
décision de prescription d'anticoagulant
ressentievis-à-visdel'EP
Lespraticienspensent-ils
quel’EPestunebonne
mort?
NON
OUI
Nesaitpas
total
Lespraticiensont-ilspeur
del'EP?
NON
OUI
total
neprescriventpasd'AC
prescriventdesAC
n
%
n
%
10
13
29
52
19,2
25,0
55,8
100
18
8
24
50
36,0
16,0
48,0
100
n
%
n
%
45
8
53
84,9
15,1
100
32
19
51
62,7
37,3
100
P value
p 0,054
p 0.0136
Tableau 7 : influence de la représentation de l’EP sur la décision de prescription d'AC en fin de vie
61
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
La peur de l’EP ressentie par les médecins influence de manière
significative la prescription d’AC en soin palliatif. Les praticiens ayant peur
de l’EP ont tendance à plus prescrire d’AC dans cette population.
2) Influence de la représentation de l'EP sur la décision d’arrêt des
anticoagulants
ressentievis-à-visdel'EP
Lespraticienspensent-ils
quel’EPestunebonne
mort?
NON
OUI
Nesaitpas
total
Lespraticiensont-ilspeur
del'EP?
NON
OUI
total
arrêtentlesAC
n'arrêtentpas
lesAC
nesaventpas
P value
n
%
n
%
n
%
34
11
16
61
55,7
18
26,2
100
2
11
1
14
14,3
78,6
7,1
100
17
7
3
27
63
25,9
11,1
100
p 0.0003
n
%
n
%
n
%
51
11
62
82,3
17,7
100
6
8
14
42,9
57,1
100
19
9
28
67,9
32,1
100
p 0.01
Tableau 8 : Influence de la représentation de l'embolie pulmonaire sur la décision d’arrêt des anticoagulants en fin de
vie
Le ressenti des praticiens vis-à-vis de l’EP influence de manière
significative sur l’arrêt des AC en fin de vie. Les praticiens qui ne
considèrent pas l’EP comme une bonne mort ont tendance à arrêter les AC
en fin de vie, de même que ceux qui n’ont pas peur de l’EP.
62
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
N. Prescription des anticoagulants selon la fréquence
estimée par les médecins, des effets secondaires des
anticoagulants
1) Influence de la fréquence estimée des effets secondaires sur la
prescription des anticoagulants
Fréquenceestiméedes
effetssecondaires
Fréquencedesdouleursà
l'injectionsousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedeshémorragies
simplessousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedeshémorragies
sévèressousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
FréquencedesEPsansAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedesphlébites
sansAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
neprescriventpas
d'AC
prescriventdesAC P value
n
%
n
%
21
30
51
41,2
58,8
100
23
28
51
45,1
54,9
100
n
%
n
%
25
27
52
48,1
51,9
100
32
19
51
62,7
37,3
100
n
%
n
%
47
4
51
n
38
11
49
92,2
7,8
100
%
77,6
22,4
100
49
2
51
n
37
13
50
96,1
3,9
100
%
74
26
100
n
%
n
%
37
13
50
74
26
100
30
21
51
58,8
41,2
100
p0,842
p0,167
p0,678
p0,815
p0,141
Tableau 9: influence de la fréquence estimée par les médecins des effets secondaires sur la prescription des AC en
soin palliatif
63
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2) Influence de la fréquence estimée des effets secondaires sur
l’arrêt des anticoagulants
Fréquenceestiméedes
effetssecondaires
Fréquencedesdouleursà
l'injectionsousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedeshémorragies
simplessousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedeshémorragies
sévèressousAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
FréquencedesEPsansAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
Fréquencedesphlébites
sansAC
jamais/rarement
souvent/toujours
total
arrêtentlesAC
n'arrêtentpas
lesAC
nesaventpas
n
%
n
%
n
%
21
40
61
34,4
65,6
100
7
7
14
50
50
100
16
11
27
59,3
40,7
100
n
%
n
%
n
%
29
33
62
46,8
53,2
100
11
3
14
78,6
21,4
100
17
10
27
63
37
100
n
%
n
%
n
%
58
4
62
n
47
13
60
93,5
6,5
100
%
78,3
21,7
100
13
1
14
n
8
6
14
92,9
7,1
100
%
57,1
42,9
100
25
1
26
n
20
5
25
n
%
n
%
n
%
42
18
60
70
30
100
5
9
14
35,7
64,3
100
19
8
27
70,4
29,6
100
P value
p0.086
p0.094
96,2
3,8
100 p0.999
% 80
20
100 p0.248
p0.057
Tableau 10 : influence de la fréquence estimée par les médecins des effets secondaires sur l’arrêt des AC en soins
palliatifs
64
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Noble SIR, Finlay
IG. « Have
palliative care
teams’ attitudes
toward venous
thromboembolism
changed? A survey
of
thromboprophylaxis
practice across
British specialist
palliative care units
in the years 2000
and 2005 »
Titre
S. LEGAULT, S.
TIERNY, I.
SENECAL, J.
PEREIRA
“Evaluation of
Thromboprophylaxis
Quality Improvement
Project in Palliative
Care Unit”
Titre
2006
Date de
parution
2011
Date de
parution
Journal of
Pain and
Symptom
Manageme
nt
Revue
Journal of
Pain and
Symptom
Manageme
nt
Revue
Journal of
Pain and
Symptom
Management
Type
d’étude
Étude
prospective
Type
d’étude
Comparer les
pratiques concernant
l’utilisation des AC
entre 2000 et 2005
Objectif
Créer et Evaluer un
protocole guidant
l’arrêt de la
thromboprophylaxie
en soin palliatif
Objectif
O. Tableau de synthèse de la bibliographie
127 patients
admis en unité de
soin palliatif, avec
une espérance de
vie estimée à
moins de 6mois
Questionnaire
téléphonique semistructuré
Les médecins de
140 USP en
Angleterre en
2000 et 169 en
2005.
Méthodologie Population
Audit prospectif
Méthodologie Population
65
Modifications des pratiques :
augmentation significative de
l’utilisation des AC en fin de vie
Principaux résultats
Arrêt des AC chez la majorité des
patients sans augmentation
significative du nombre de TVP
symptomatique
Principaux résultats
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
C. WEBER, T.
Merinod, R.
Herrmann, B.
Zullian
“Prophylactic anticoagulation in
cancer palliative
care: a prospective
randomized study”
« Acceptability of
low molecular
weight heparin
thromboprophylaxis
for in patients
receiving palliative
care: qualitative
study»
Noble SIR, Nelson
A, Turner C, Finlay
IG.
Titre
2007
2006
Date de
parution
Support
care
Cancer
BMJ
Revue
Étude
prospective
Étude
qualitative
Type
d’étude
Déterminer l’utilité
de la
thromboprophylaxie
chez les patients
cancéreux en fin de
vie
Savoir ce que
pensent les patients
hospitalisés en fin de
vie des AC et de la
thromboprophylaxie
Objectif
Étude comparative
HBPM vs rien
Questionnaires semidirigés
20 patients avec
une espérance de
vie estimée à
6mois
28 patients en fin
de vie hospitalisée
pour
Méthodologie Population
66
L’utilisation des AC en fin de vie
augmente le nombre de retours à
domicile, la mobilité des patients
Les HBPM sont un traitement
acceptable pour les patients en soin
palliatif et considérés comme ayant
un impact positif.
Principaux résultats
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
“The challenges
of managing
cancer related
venous
thromboembolism
in the palliative
care setting »
Noble S.
thromboembolism
: a qualitative
study »
« The ethical
decisions UK
doctors make
regarding advanced
cancer patients at
the end of life--the
perceived (in)
appropriateness of
anticoagulation for
venous
Sheard L, Prout H,
Dowding D, Noble
S, Watt I,
Maraveyas A, et al.
Titre
Postgradu
ate
medical
journal
BMC
2012
2007
Revue
Date de
parution
Revue de
biblio
Étude
Qualitative
Type
d’étude
Regarder les
différents problèmes
que posent les
anticoagulants en fin
de vie
Comprendre
pourquoi les
médecins n’utilisent
pas les HBPM en fin
de vie
Objectif
Questionnaires semidirigés
45 médecins
(cancérologue,
soins palliatifs et
médecine
générale) en
Angleterre
Méthodologie Population
67
Challenge à relever :
- définir la population
- reconnaître et confirmer
les TVP en fin de vie
- savoir comment traiter les
TVP en fin de vie
L’étude montre à quel point la
décision de mise sous AC est
difficile en fin de vie.
Variations d’un médecin à l’autre
très importante d’autant plus qu’il
n’y a pas de standardisation des
pratiques.
Ces décisions reposent
majoritairement sur la morale et
l’éthique personnelles de chaque
médecin.
Principaux résultats
VIII) DISCUSSION
A. Résultat principal
Les résultats ont montré que la majorité des médecins (51%) ne prescrivent
pas d’AC chez les patients en fin de vie et qu’ils arrêtent ceux déjà prescrits
(60%). L’hypothèse de départ selon laquelle « la prévention par AC est une
thérapeutique souvent interrompue, voire non prescrite chez les patients en
phase palliative terminale » est donc validée. On retrouve des chiffres
comparables aux chiffres de 2000 dans l’étude réalisée en Angleterre par
S. NOBLE évaluant l’évolution des pratiques entre 2000 et 2005(5). On
peut se poser la question des raisons du retard dans le changement des
pratiques en France par rapport à l’Angleterre.
B. Limites et forces du travail
1) Biais
a/ Biais
Cette étude présente plusieurs biais. On demande aux médecins ce que
pensent les patients et cela conduit à un biais de confusion. L’avis des
médecins ne représente pas objectivement la pensée des patients mais
l’interprétation qu’ils s’en font.
L’étude se base sur l’analyse qu’ont les médecins de leurs pratiques. Cela
amène un biais d’évaluation et un biais de mémorisation.
Seuls 28% des médecins ont répondu au questionnaire entrainant un biais
d’attrition. Mais cela reste un chiffre acceptable pour un questionnaire
envoyé par mail.
68
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
b/ Validité interne
La période de cette étude est courte et sans évènement intercurrent
pouvant influencer le questionnaire, rendant le risque d’effet histoire faible.
Le risque de changement des pratiques pendant cette étude est faible
diminuant ainsi le risque d’effet maturation. La relance du questionnaire
entraine un potentiel effet test limité par le faible nombre de réponses aux
relances (20 sur 105) et par la phrase d’annonce. La population étudiée a
été sélectionnée en amont du travail ce qui a pour conséquence de
supprimer les effets de sélection.
c/ Validité externe
Les questionnaires ont été envoyés aux médecins travaillant en région
Rhône Alpes, 2ème région la plus peuplée de France. Cette limitation
géographique diminue peu la validité externe de notre étude.
Les médecins ont été sélectionnés en amont pour leur travail auprès des
patients en fin de vie (cancérologue, gériatre, médecin de soin palliatif et
d’HAD). Cela explique que 91% des médecins ayant répondu travaillent en
milieu hospitalier. En réalisant cette sélection, on exclut les médecins
généralistes qui s’occupent de patients en fin de vie à domicile. Cette étude
ne peut donc pas être généralisée aux soins primaires et mériterait une
étude complémentaire.
d/ Représentativité des médecins
Concernant le genre, notre échantillon est surreprésentée par les femmes :
il y a 63% de femmes alors que le site gouv.fr (29) recense 43% de femmes
médecin en 2015.
69
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Concernant l’âge, la moyenne d’âge est plus jeune dans notre échantillon
que dans la population de médecins généralistes. Toujours selon le même
site l’âge moyen des médecins en France est de 51,5 ans, alors que dans
notre échantillon seulement un tiers des participants sont âgées de plus de
50ans. Le reste de notre population est représenté pour un tiers de moins
de 35ans et pour un tiers entre de personnes âgées entre 35 et 50ans.
La répartition par spécialité médicale est biaisée ici, car le questionnaire a
été volontairement envoyé à des médecins soignant des patients en fin de
vie (gériatrie, cancérologie, médecins des unités de soin palliatifs et des
HAD).
2) Pertinence clinique
a/ étude
Les risques inhérents aux traitements AC sont connus, mais les indications
en phase palliative posent des problèmes particuliers qui restent à étudier.
Très peu de données existent sur la thrombo-prophylaxie primaire en soins
palliatifs, l’interrogation des bases de données de type Medline est assez
pauvre sur ce sujet. Pour les rares études ou articles publiés, une étude à
plus grande échelle a été préconisée, dans le but de mieux définir le
rapport bénéfice/risques de la prophylaxie. Même si ces études cliniques
sont difficiles à mener en soins palliatifs ce qui explique la faible force
statistique de celles existantes, il manque clairement des données sur le
sujet.
Notre étude met en valeur les conséquences de cette carence de données
fiables. La majorité des médecins (70%) se disent mal à l’aise quant à
l’utilisation des AC en fin de vie. 68% des médecins disent manquer
70
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
d’études sur le sujet et 49% de collégialité. Ces chiffres sont compatibles
avec l’étude qualitative de Sheard L. réalisée en 2012 qui montre à quel
point la décision de mise sous AC est difficile en fin de vie pour les
médecins (9).
b/ critère de jugement principal
Le critère de jugement principal (prescription ou non d’AC en fin de vie) est
objectif et n’est pas sujet à des biais d’interprétation.
c/ Taille et précision de l’essai
La taille attendue de l’échantillon était de 100 et 105 questionnaires ont pu
être analysés. Ce qui semble être un nombre suffisant pour une étude
réalisée dans le domaine des soins palliatifs.
C. Résultats comparés à la bibliographie
1) Critères d’arrêt du traitement anticoagulant
Notre étude montre que 90% des médecins se basent sur l’espérance de
vie de leur patient pour arrêter les traitements AC. Comme nous l’avons lu
dans l’étude de Woelk CJ. « Combien de temps me reste-t-il? » publiée en
2009, les médecins se trompent dans 30% des cas sur l'estimation de la
durée de survie des patients en phase palliative(8). Mais cette estimation
peut apporter une aide dans la prise en charge des patients en soins
palliatifs. La décision d'entreprendre, ou non un traitement AC et une
thrombo-prophylaxie dépend du pronostic du patient. Si la majorité des
praticiens s'accorde à dire qu'il est inutile d'envisager une anticoagulation
chez un patient en phase agonique, la problématique est plus complexe
71
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
pour les patients dont le pronostic est moins court. On pourrait donc se
poser la question d’utiliser de manière systématique une échelle
pronostique avant la mise en place d’AC en fin de vie pour diminuer le
risque d’erreur.
L’expérience personnelle, l’éthique et les sentiments personnels sont pris
en compte pour la prescription d’AC en fin de vie par respectivement 84%,
55% et 50% des médecins de l’étude. Comme nous avons vu dans l’étude
qualitative de S. NOBLE publiée en 2012, ces décisions reposent
majoritairement sur les valeurs personnelles, morales et éthiques de
chaque médecin ce qui explique les variations d’un médecin à l’autre
d’autant plus qu’il n’y a pas de standardisation des pratiques (9).
2) Effets secondaires du traitement anticoagulant
La douleur à l’injection est estimée fréquente, voire systématique par la
majorité des médecins (57%). On rappel que S. Noble a montré dans son
étude, que ce chiffre est surestimé par les médecins. Cette étude
qualitative réalisée auprès des patients montre que l’injection sous-cutanée
était acceptable pour tous les patients de cette étude (27).
Les hémorragies simples et sévères sous traitement sont estimées rares
voire non existantes par la majorité des médecins (respectivement 56 et
94%). Ces chiffres sont retrouvés à la lecture du résumé caractéristique du
produit (R.C.P.) et des différentes études pour la population générale avec
entre 0 et 7 % de risque hémorragique avec les HNF, et entre 0 et 3 %
avec les HBPM (20). Fréquence encore plus rare dans le cadre de la
thromboprophylaxie comme le montre une étude réalisée en 2009 par
Palareti G. ne montrant pas de majoration du risque hémorragique sous
HBPM en thromboprophylaxique(18). Mais le risque hémorragique est
72
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
élevé dans certaines situations fréquentes en soins palliatifs : patients
âgés, pathologies associées, insuffisance rénale, insuffisance hépatique,
faible poids corporel, interactions médicamenteuses. Il n’existe cependant
aucune étude sur cette population en particulier qui pourrait confirmer ou
infirmer la fréquence des hémorragies sous AC en soin palliatif, estimée par
les médecins de notre étude. Une étude en cours de publication devrait
bientôt pouvoir répondre à nos questions. Cette cohorte « RHESO »
financée par le PHRC du CHU de Saint Etienne et incluant 1230 patients
étudiera les facteurs prédictifs de survenue d’accident hémorragiques
graves et cliniquement pertinents chez les patients hospitalisés en unités
de soins palliatifs.
Les verbatims cités par les médecins, concernant les effets indésirables
font ressortir 2 autres effets secondaires : la « lourdeur de la surveillance »
et la « saturation psychologique » des patients. Concernant la contrainte
des examens complémentaires, elle est faible sous HPBM. La surveillance
plaquettaire n’est plus nécessaire hors cas particulier depuis 2009 selon les
recommandations de l’AFSSAPS (accord professionnel pour les HBPM et
grade B pour le fondaparinux) (détail des recommandations HAS en
Annexe 1). Une seule prise de sang est recommandée avant la mise en
place du traitement avec mesure de la créatinémie et des plaquettes. L’effet
saturation psychologique n’est pas retrouvé dans l’étude qualitative réalisée
auprès des patients (27) et il semblerait même que l’utilisation d’AC rassure
les patients en fin de vie et qu’elle augmenterait leur qualité de vie.
Les phlébites et les EP sont estimées rares, voire inexistantes, par la
majorité des médecins (respectivement 66 et 76%) ce qui est cohérent
avec l’étude qualitative réalisée par S. NOBLE en 2010 auprès des
73
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
médecins des différentes unités de soin palliatifs (24). Dans cette étude les
médecins interrogés estiment que la prévalence de la MTEV est faible chez
les patients relevant de soins palliatifs et que la thromboprophylaxie va à
l'encontre de la philosophie des soins palliatifs et risque de prolonger
l'agonie. Ces médecins se disent prêts à changer leur attitude si la preuve
de l'utilité de la thromboprophylaxie pour leurs patients est apportée. Ces
chiffres seraient sous-estimés selon une étude réalisée post-mortem, où
près d'un patient sur deux en fin de vie, présentait une maladie thromboembolique veineuse(26).
Au total on peut voir que la majorité des médecins juge que le rapport
bénéfice/ risque n’est pas en faveur du traitement AC (effets secondaires
estimés fréquents pour un risque de thrombose veineuse profonde estimée
faible). Cette idée va à l’encontre d’une étude réalisée par C Weber en
2007. Cette étude prospective réalisée auprès de 20 patients en fin de vie a
montré que l’utilisation des AC en fin de vie augmenterait le nombre de
retours à domicile et la mobilité des patients en fin de vie (12).
3) Avis sur les TVP
Seuls 27% des médecins ont peur de l’EP et 21% estiment que c’est « une
bonne mort ».
Ces chiffres sont assez proches des études déjà réalisées sur le sujet.
Dans cette étude qualitative basée sur des entretiens semi dirigés et
publiée en 2012, certains médecins affirment que mourir d'une EP est une
« bonne mort », rapide et indolore (9). Et pourtant une étude menée auprès
de 92 patients morts d'EP montre que seuls 30% des patients sont décédés
en moins de dix minutes sans symptôme préalable. Pour les autres (70%
74
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
des cas), la mort fait suite à une altération progressive de l'état général
accompagnée de dyspnée, de tachycardie et d'hyperthermie (11). Une mort
rapide et indolore n'est pas obligatoirement le souhait du patient. Si le désir
d'absence de douleur semble être général, celui d'une mort instantanée ne
l'est pas nécessairement. La « bonne mort » souhaitée par le médecin n'est
pas systématiquement la même que celle souhaitée par le patient. Cette
idée de la mort la plus acceptable est subjective et tient compte de l'histoire
personnelle de chacun.
4) Quelle molécule est utilisée ?
La grande majorité des médecins (81%) qui utilisent des AC en fin de vie
prescrivent des HBPM. Ces résultats sont compatibles avec une étude
montrant que ce sont des AC efficaces sans augmentation majeure du
risque hémorragique dans le cadre de la thromboprophylaxie (18). Aucune
étude n'a été réalisée spécifiquement chez des patients relevant de soins
palliatifs. Mais aucun argument ne permet de mettre en doute leur efficacité
en phase palliative.
5) Objectif d’anticoagulation
La grande majorité des praticiens (82%) utilisent les AC à visée curative. Il
y a très peu voire pas d’étude sur l’anticoagulation curative en fin de vie
mais cette pratique semble concordante avec les principes éthiques de la
loi du 9 juin 1999 (14) qui régit les soins palliatifs. En effet les EP et les TVP
sont
des
pathologies
qui
sont
souvent
très
douloureuses
et
symptomatiques. Mettre une anticoagulation à visée curative permet
d’atténuer voire d’arrêter ces douleurs et ces symptômes.
75
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
6) Fréquence d’arrêt des anticoagulants
La majorité des médecins (71%) arrête souvent voire toujours les
anticoagulants en fin de vie. On retrouve des chiffres comparables dans
l’étude faire en 2000 et réalisée en Angleterre évaluant l’évolution des
pratiques entre 2000 et 2005 (5). Comme nous l’avons dit plus haut, on
peut se poser la question des raisons de cette différence de pratiques en
France par rapport à l’Angleterre.
7) Avis des patients
L’avis des patients semble important pour les praticiens. La plupart d’entre
eux (64%) le prennent en compte. Mais la grande majorité des médecins
estime que les patients ne demandent (91%) ou ne s’opposent (98%)
jamais voire rarement à l’arrêt des AC. Dans les rares cas où le patient
demande l’arrêt du traitement, la raison en est selon les praticiens, la
douleur à l’injection.
En lisant ces chiffres, on pourrait croire que la majorité des patients n’ont
pas d’avis sur le traitement. Mais une étude qualitative réalisée auprès des
patients par S. Noble en 2006 nous montre le contraire (27). Réalisée chez
28 patients hospitalisés atteints d’un cancer au stade palliatif, elle montrait
que les patients connaissaient le risque de MTEV. Cette étude a montré
que tous les patients de l’étude étaient en faveur des anticoagulants. Ils
pensaient que les anticoagulants augmentaient leur qualité de vie. Ils se
sentaient plus en sécurité avec ces traitements et craignaient leur arrêt. Elle
a montré aussi qu’une injection sous cutanée était acceptable pour ces
patients.
76
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
8) influence de la formation d’origine
Les cancérologues et les médecins ayant un DU ou un DESC de soins
palliatifs ont tendance à plus prescrire d’AC en fin de vie que les autres
spécialités qui sont majoritairement non prescriptrices d’AC.
Il est logique que les cancérologues prescrivent plus d’AC que les autres
spécialités, car le cancer est un gros pourvoyeur de thromboses veineuses
profondes. Pour les médecins possédant un DU ou un DESC de soin
palliatif, les chiffres se rapprochent plus de ce qui se faisait en 2005 en
Angleterre (5).
D. Prospectives
1) Propositions pour la pratique clinique
En pratique, nous pensons qu’il faut en fin de vie:
- Définir les indications de la mise en place d'une prévention de
la MTEV,
- Repérer les patients pour lesquels un traitement AC est
nécessaire à dose efficace au long cours,
- Connaître les médicaments d'utilisation fréquente en soins
palliatifs, qui interfèrent sur les AC,
- Éviter de multiplier les examens biologiques (INR, TCA,
plaquettes),
- Créer un protocole de prescription des AC afin de guider les
praticiens de soins palliatifs.
77
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Dans tous les cas, la prise en charge de la MTEV relève d'une réflexion
éthique en soins palliatifs et nécessite une décision pluridisciplinaire
évolutive dans le temps. La volonté du patient doit être entendue et
respectée.
2) Pistes de réflexion
Nous estimons que seule une vaste étude clinique randomisée,
multicentrique,
permettrait
de
proposer
des
recommandations
incontestables.
Il pourrait être intéressant de faire une étude qualitative pour mieux
comprendre le malaise des praticiens face à ce traitement.
78
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
IX) CONCLUSIONS
La MTEV est une complication fréquente en soins palliatifs et sa prise en
charge est complexe. Aucune recommandation n’existe en fin de vie
permettant de guider la conduite à tenir.
L’utilisation de thromboprophylaxie en soin palliatif est controversée. La
controverse est d’autant plus importante que la prévalence des MTEV en
soin palliatif est difficile à évaluer et que l’utilisation des AC peut être en
inadéquation avec la philosophie des soins palliatifs. Les raisons invoquées
pour justifier cette réticence sont le manque de preuve, la prévalence jugée
comme insuffisante, la problématique de la prophylaxie dans un contexte
de pronostic vital engagé, la complexité de l’évaluation pronostic et la
représentation de l’EP comme une « bonne mort ». Du fait de l’absence de
recommandation et de ces controverses, il résulte une grande diversité des
pratiques.
Cette enquête de pratiques par questionnaire a pour objectif principal de
décrire les
pratiques
des médecins concernant la prescription de la
prévention anticoagulante chez les patients en phase palliative terminale.
366 questionnaires ont été envoyés par mail de mai à aout 2015 aux
médecins sélectionnés cancérologues, gériatres, médecins de soins
palliatifs et d’HAD des centres hospitaliers régionales CHR et CHU de la
région Rhône-Alpes.
L’analyse des 105 réponses montre que 51% des médecins ne prescrivent
pas d’AC en fin de vie et 60% arrêtent ceux déjà prescrits. 70% des
médecins se disent mal à l’aise quant à l’utilisation des AC en fin de vie.
79
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
68% des médecins disent manquer d’études sur le sujet et 49% de
collégialité. 90% des médecins se basent sur l’espérance de vie de leur
patient pour arrêter les traitements AC.
Cette étude confirme l’hypothèse principale; la majorité des médecins ne
prescrit pas d’AC en phase palliative et arrête ceux déjà prescrits. Cette
pratique vient en opposition avec celle de l’Angleterre où la prescription des
AC est en hausse chez les patients en fin de vie.
L’espérance
de
vie
et
l’expérience
personnelle
sont
les
critères
déterminants pour l’arrêt des AC. Paradoxalement l’espérance de vie est
souvent mal estimée et l’expérience personnelle fait appel aux valeurs
personnelles, morales et éthiques de chaque médecin. L’arrêt des AC est
traité au cas par cas, il n’y a pas de standardisation des pratiques.
La majorité des médecins n’utilisent pas d’AC en phase palliative en raison
des « douleurs à l’injection » estimées trop fréquentes. Cette évaluation
subjective va à l’encontre des études menées sur les patients qui évaluent
la douleur comme « acceptable »
La fréquence de TVP et EP estimée faible par les médecins influence
fortement la non utilisation d’AC. Ces MTEV semblent sous-estimées
d’après les études antérieures.
Le bénéfice / risque
selon les médecins interrogés est estimé non
favorable à l’utilisation des AC en fin de vie. Cette évaluation reste
subjective; une étude randomisée permettrait une évaluation objective.
80
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
X) BIBLIOGRAPHIE
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
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83
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
XI) ANNEXES
Annexe 1: Recommandations HAS 2009
1) PRISE EN CHARGE DES THROMBOSES VEINEUSES EN MILIEU
MEDICAL
PREVENTION DE LA MTEV EN CAS D’AFFECTIONS MEDICALES AIGUËS
Chez des patients de plus de 40 ans hospitalisés pour une durée prévue de plus
de 3 jours en raison :
- d’une décompensation cardiaque ou respiratoire aiguë ou
- d’une infection sévère, d’une affection rhumatologique inflammatoire
aigue, d’une affection inflammatoire intestinale, quand elles sont associées
à un facteur de risque de MTEV notamment : âge > 75 ans, cancer,
antécédent thrombo-embolique veineux, traitement hormonal, insuffisance
cardiaque ou respiratoire chronique, syndrome myéloprolifératif. Un
traitement par Héparine Non Fractionnée (HNF) ou par Héparines de Bas
Poids Moléculaire (HBPM) (seules enoxaparine et daltéparine ont l’AMM
dans cette indication), ou par fondaparinux est recommandé pour réduire
les événements thrombo-emboliques veineux symptomatiques ou non
(Grade A). Par extrapolation, une prophylaxie est proposée chez des
patients ayant une affection médicale aiguë comme précédemment définie
avec le même degré de sévérité, entraînant une restriction de mobilité de
plus de 3 jours et non hospitalisés (Accord professionnel). Les HBPM et le
fondaparinux sont préférés à l’HNF (Grade B), compte tenu :
- d’une plus grande commodité d’emploi (1 injection par jour
pour HBPM et fondaparinux, absence de surveillance plaquettaire et
absence de sur-risque pour le fondaparinux),
- d’une réduction du risque hémorragique (HBPM),
- d’une réduction du risque de thrombopénie induite (sous
HBPM et surtout sous fondaparinux),
- de l’absence de risque hémorragique sous fondaparinux
comparé au placebo dans ce contexte médical. La durée de
prescription recommandée est de 7 à 14 jours (Grade A). Le rapport
bénéfice-risque d’une prophylaxie prolongée (1 mois) est en cours
d’évaluation. Une prophylaxie médicamenteuse prolongée
84
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
systématique ne peut donc pas être recommandée en l’état actuel
des connaissances. Au delà de 14 jours, la prophylaxie est suggérée
en cas de persistance du risque de MTEV (Accord
professionnel). Une prophylaxie par compression veineuse élastique
(classe 2 française, 15 à 20 mmHg à la cheville) est suggérée dans
tous les cas pour la même durée (7 à 14 jours), surtout en cas de
contre-indication au traitement médicamenteux (Accord
professionnel).
PREVENTION DE LA THROMBOSE SUR CATHETER CENTRAL CHEZ LE PATIENT
CANCEREUX
Les recommandations suivantes sont cohérentes avec les Standards Options
Recommandations (SOR) de l’INCa.3
L’utilisation systématique des HBPM pour la prévention des thromboses sur
cathéter n’est pas recommandée (Grade B).
Compte tenu du risque hémorragique potentiel et de l’absence de preuve de
son efficacité, l’utilisation des AVK n’est pas recommandée, quelle que soit
la dose, notamment à faible dose fixe (warfarine 1 mg) (Grade A).
2) TRAITEMENT DES THROMBOSES VEINEUSES PROFONDES
PROXIMALES
Un traitement par HNF, HBPM ou fondaparinux est recommandé pour réduire le
risque de récidive des événements thrombo-emboliques veineux (Grade A).
L’HNF
- peut être prescrite indifféremment par voie sous-cutanée ou intraveineuse continue (Grade A) ;
- doit être prescrite selon une posologie adaptée au poids corporel puis
adaptée à un test d’hémostase comme le TCA ou par la mesure de
l’activité anti-facteur X activé (Grade A) ;
- compte tenu des difficultés d’adaptation du TCA, une alternative peut
être une dose fixe d’HNF sous-cutanée adaptée au poids (333 UI/kg la
première injection puis 250 UI/kg toutes les 12 heures) (Grade B) ;
- représente à ce jour le traitement recommandé chez les patients
insuffisants rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 ml/mn) et pour
les patients instables ou susceptibles de subir des interventions
nécessitant un arrêt temporaire du traitement (Accord
professionnel). L’utilité de la surveillance régulière de la numération
plaquettaire n’a pas été démontrée. Compte tenu de l’incidence des TIH,
85
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
cette surveillance reste recommandée (Accord professionnel). Les HBPM
et le fondaparinux sont préférés à l’HNF (Grade A) compte tenu :
- d’une plus grande commodité d’emploi,
- de l’absence d’adaptation des doses à des tests
d’hémostase,
- d’une réduction du risque de thrombopénie induite (sous
HBPM et surtout sous fondaparinux). L’utilité de la surveillance
régulière de la numération plaquettaire sous HBPM n’a pas été
démontrée. Compte tenu de la rareté de l’incidence des TIH, une
surveillance systématique ne paraît pas indispensable (Accord
professionnel). Sous fondaparinux, il est recommandé de ne pas
réaliser cette surveillance (Grade B). L’utilisation des
thrombolytiques n’est pas recommandée en première intention à la
phase aiguë (Grade B). Ils peuvent être utilisés par voie veineuse en
cas de syndrome obstructif sévère ou phlegmentia caerulea dolens
(phlébite bleue) en situation de sauvetage de membre (Grade C).
Il est recommandé de débuter le traitement dès la certitude diagnostique.
Néanmoins, dans l’attente des tests diagnostiques objectifs, en cas de forte
probabilité clinique, le traitement peut être débuté (Accord professionnel).
La compression élastique
Le port de chaussettes ou bas de compression veineuse élastique délivrant 30 à
4
40 mmHg à la cheville (Cf. infra ) est recommandé dès que possible après le
diagnostic de TVP et l’instauration du traitement anticoagulant, pour une durée
minimale de 2 ans (ou plus s’il persiste des symptômes) (Grade A).
Un alitement systématique n’est pas recommandé ; au contraire, une mobilisation
précoce (lever) est recommandée dès qu’elle est possible (Grade B).
3) TRAITEMENT DES EMBOLIES PULMONAIRES TRAITEMENT INITIAL DE
L’EMBOLIE PULMONAIRE NON GRAVE
Un traitement par HNF, HBPM ou fondaparinux est recommandé pour réduire le
risque de récidive des événements thrombo-emboliques veineux (Grade A).
L’HNF intraveineuse
- doit être prescrite selon une posologie adaptée au poids corporel puis
adaptée à un test d’hémostase comme le TCA ou par la mesure de
l’activité anti-facteur X activé (Grade B) ;
- représente à ce jour le traitement recommandé chez les patients
insuffisants rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 ml/mn) et pour
les patients instables ou susceptibles de subir des interventions
nécessitant un arrêt temporaire du traitement (Accord professionnel)
86
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
; L’utilité de la surveillance régulière de la numération plaquettaire sous
HNF n’a pas été démontrée. Compte tenu de l’incidence et de la gravité
potentielle des TIH, cette surveillance reste recommandée (Accord
professionnel). Les HBPM et le fondaparinux sont préférés à l’HNF
(Grade A) compte tenu :
- d’une plus grande commodité d’emploi,
- de l’absence d’adaptation des doses à des tests d’hémostase
- d’une réduction du risque de thrombocytopénie induite (sous HBPM et
surtout sous fondaparinux).
L’utilité Compte tenu de la rareté de l’incidence des TIH, une surveillance
systématique ne paraît pas indispensable (Accord professionnel). Sous
fondaparinux, il est recommandé de ne pas réaliser cette surveillance (Grade B).
En France, l’AMM est accordée pour la tinzaparine dans le traitement initial des
EP symptomatiques hémodynamiquement stables avec ou sans TVP et pour
l’enoxaparine dans le traitement des TVP avec ou sans EP.
Il est recommandé de débuter le traitement dès la certitude diagnostique.
Néanmoins, dans l’attente des tests diagnostiques objectifs, en cas de forte
probabilité clinique, le traitement peut être débuté (Accord professionnel).
Un alitement systématique n’est pas recommandé ; au contraire, une mobilisation
précoce (lever) est recommandée dès qu’elle est possible (Grade B).
4) TRAITEMENT INITIAL AMBULATOIRE DES TVP PROXIMALES ET DES
EMBOLIES PULMONAIRES
Il est recommandé d’hospitaliser (Accord professionnel) : les patients insuffisants
rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 ml/mn) ; les patients nécessitant
un traitement anticoagulant et présentant une pathologie à risque hémorragique
; les TVP proximales avec syndrome obstructif sévère ou de localisation ilio-cave
; les patients avec EP en état de choc et hémodynamiquement instables ; les
patients dont le contexte psycho-social et l’environnement géographique et
médical ne permettent pas une prise en charge optimale à domicile.
Dans les autres cas, les patients avec TVP proximales peuvent être traités par
HBPM en ambulatoire ou après une courte hospitalisation après avoir évalué les
risques de récidives thrombo-emboliques et hémorragiques (Grade A). Un
traitement ambulatoire des patients avec EP stable peut être envisagé avec les
mêmes précautions (Grade C).
Les patients ayant une TVP proximale ou une EP stable peuvent être traités par
le fondaparinux en ambulatoire dans les mêmes conditions que les HBPM (Grade
B).
87
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Si un traitement ambulatoire de la MTEV est envisagé, il est recommandé (Grade
A) :
- d’obtenir un diagnostic de certitude de la pathologie thrombo-embolique ;
- de rappeler l’absolue nécessité de prévoir un temps d’éducation des
patients à leur traitement médicamenteux et non médicamenteux, comme
cela a été réalisé dans toutes les études ayant évalué le traitement
ambulatoire des TVP proximales ;
- de prescrire et d’organiser la surveillance des traitements anticoagulants
en concertation avec le médecin traitant et l’infirmière ;
- d’évaluer les facteurs de risque de récidives thrombo-emboliques et
hémorragiques et d’évaluer les facteurs psycho-sociaux limitant cette prise
en charge.
9) SURVEILLANCE DES TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS ET
PRECAUTIONS PARTICULIERES
Les traitements antivitamines K doivent être surveillés par la mesure de l’INR
(Grade A). Pour le traitement de la MTEV, le niveau d’INR optimal en
termes de rapport bénéfice/risque correspond à un INR cible de 2,5 avec
des valeurs extrêmes comprises entre 2 et 3 (Grade A). Un INR cible
supérieur à 2,5 en première intention n’est pas recommandé pour le
traitement de la MTEV (Grade B). En cas de récidive malgré un traitement
AVK optimal, un INR cible voisin de 3 est suggéré (Accord
professionnel). Un INR entre 1,5 et 2 n’est pas recommandé en première
intention (Grade A). Au delà de 6 mois de traitement, un INR cible entre 1,5
et 2 peut être recommandé chez des patients avec des INR préalables
instables ou chez des patients à haut risque hémorragique (Grade
C). Après la période d’initiation du traitement, un intervalle de 3 ou 4
semaines entre 2 contrôles de l’INR est recommandé (Grade B).
L’effet anticoagulant de l’HNF, qu’elle soit prescrite par voie sous-cutanée ou
par voie intraveineuse, doit être surveillé par la mesure de l’activité antifacteur Xa ou par le temps de céphaline activé (TCA) pour les traitements
curatifs (Grade A). L’effet anticoagulant optimal de l’HNF à dose curative
correspond à une activité anti-facteur Xa comprise entre 0,3 et 0,7 unités
anti-facteur Xa/ml ou à un allongement correspondant du TCA (Grade B).
La détermination du TCA ou de l’activité anti-facteur Xa se fait entre 2
injections lorsque l’HNF est administrée par voie sous-cutanée ou 6 heures
après le début du traitement par voie intraveineuse continue et 4 à 6
heures après chaque changement posologique (Grade B).
88
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
L’HNF peut être prescrite par voie sous-cutanée selon un schéma
posologique adapté au poids corporel uniquement (333 unités/kg en bolus
sous-cutané puis 250 unités / kg toutes les 12 heures) et sans surveillance
biologique en cas d’accès impossible ou difficile à un plateau de biologie
(Grade B).
Les HBPM ne nécessitent pas de surveillance biologique systématique de
l’activité anti-facteur Xa (Grade B). Cette surveillance est suggérée en cas
de situation à risque d’accumulation et/ou de risque hémorragique
(insuffisant rénal modéré, âge élevé, petit poids corporel ) 3 ou 4 heure
après l’initiation afin de vérifier que les activités anti-facteur Xa obtenues
sont de l’ordre de celles attendues dans la population générale (Accord
professionnel).
Le fondaparinux ne nécessite pas de surveillance biologique systématique de
l’activité anti-facteur Xa (Grade B)
Une mesure de la créatininémie en début de traitement, et le plus tôt possible,
est recommandée pour évaluer la fonction rénale à partir d’une estimation
de la clairance de la créatinine avant tout traitement anticoagulant
parentéral ou le plus tôt possible après l’instauration du traitement (Accord
professionnel).
Dans la mesure où ces RBP s’adressent à des situations médicales où le
risque de TIH est relativement faible et que les durées de traitement
préconisées sont relativement courtes, il est proposé un allègement de la
surveillance plaquettaire pour les produits associés à un faible risque de
TIH comme avec les HBPM (Accord professionnel) ou encore plus rare
comme avec le fondaparinux (Grade B). Il ne s’agit pas ici de remettre en
cause l’existence des TIH mais de discuter la rentabilité d’une surveillance
biologique régulière face à un événement rare.
Le diagnostic des TIH repose avant toute chose sur la mise en évidence d’une
thrombopénie définie par un compte plaquettaire inférieur à 150 Giga/L ou
par une diminution des plaquettes de 50 % par rapport au compte
plaquettaire avant tout traitement. Il est donc indispensable d’obtenir une
numération plaquettaire avant tout traitement héparinique ou par
fondaparinux ou le plus tôt possible après l’instauration du traitement
(Grade A).
En cas de traitement ambulatoire, le patient doit être informé de la possibilité
de survenue d’une TIH et des manifestations pouvant faire évoquer le
diagnostic (Accord professionnel).
Une surveillance systématique de la numération plaquettaire n’est pas
recommandée en cas : o de traitement par HBPM à dose prophylactique
ou curative en dehors d’un contexte postopératoire (Accord professionnel) ; o de traitement par fondaparinux à dose
prophylactique ou à dose curative (Grade B).
Une surveillance systématique de la numération plaquettaire est
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
recommandée : o en cas de traitement par HNF sous-cutanée ou
intraveineuse avec une numération
plaquettaire 2 fois par semaine pendant 21 jours (Grade B) ; o en cas de
traitement par HBPM en cas d’administration préalable de traitement par
HNF
ou en cas de traitement d’une MTEV post-opératoire avec une numération
plaquettaire 2
fois par semaine pendant 1 mois (Grade C) ; o devant tout nouvel épisode
thrombo-embolique artériel et/ou veineux (Grade A) ; o devant toute lésion
cutanée douloureuse au site d’injection (Grade A) ; o devant toute
manifestation anaphylactoïde en cas d’administration d’HNF intraveineuse
faisant suite à un traitement héparinique prescrit dans les 3 à 6 mois
précédents (Grade A).
Si une surveillance plaquettaire est préconisée pendant 1 mois et que le
traitement héparinique est poursuivi, notamment chez les patients
cancéreux avec un épisode de MTEV, une surveillance régulière
er
systématique ne semble pas nécessaire au delà du 1 mois (Accord
professionnel).
90
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 2 : Historique et aspects législatifs de l'évolution des soins
palliatifs
Historique
- Les dames du calvaire
La définition des soins palliatifs a très largement évolué depuis leur apparition en
1842 à Lyon où Madame Jeanne Garnier fonda, avec l'aide de la communauté des
dames du Calvaire, plusieurs hospices; hospice signifiant alors institutions de soins
aux mourants. L'évolution des soins palliatifs se poursuit, ensuite, en Irlande, grâce
aux soeurs de la charité.
- Cicely Sanders
Le docteur Cicely Saunders participe au développement des soins palliatifs «
modernes » à l'hospice Saint-Joseph à Hackney, non loin de Londres, en
1905. Celle-ci travaille alors sur l'utilisation préventive de la morphine. En 1967,
elle fonde le premier hospice moderne : l'hospice Saint-Christopher.
Aspects législatifs
Depuis, le mouvement des soins palliatifs n'a fait que se développer,
d'abord dans les pays anglo-saxons, puis en France dès 1972, où un
groupe d'experts est créé à la demande du ministre de la santé.
- En 1986 la circulaire Laroque, depuis, plusieurs lois sur les soins palliatifs
ont été votées en France.
91
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
-Tout d'abord, la loi 91-748 du 31 juillet 1991 sur la réforme hospitalière où les
soins palliatifs sont cités pour la première fois dans ces termes exacts.
-Puis, en février 1993, dans le rapport Delbecque, dans lequel on retrouve
plusieurs propositions majeures concernant les soins palliatifs.
-Loi du 9 juin 1999
Cette loi est la première à mettre en avant les soins palliatifs et, surtout, à
organiser leur application.
L'article premier A, concernant les droits de la personne malade, précise
que « toute personne malade dont l'état le requiert a le droit d'accéder à
des soins palliatifs et à un accompagnement. »
La définition des soins palliatifs apparaît dans l'article premier B » les soins
palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe
interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur,
à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne
malade et à soutenir son entourage. »
L'article premier C précise encore que « la personne malade peut s'opposer
à toute investigation thérapeutique. »
On voit donc apparaître dans cette loi les prémices de ce que sera la loi
Léonetti. Toutefois, la définition des soins palliatifs reste assez restreinte,
on ne parle, pour l'instant, pas de la dimension sociale et, très peu, de
l'entourage. La dignité de la personne malade est, par contre, déjà un point
clef de cet article. On peut noter, également, l'affirmation du libre arbitre du
patient,
avec
la
possibilité
de
refus
d'investigation
thérapeutique.
Néanmoins, on ne parle pas, pour l'instant, de refus des traitements et
aucune précision n'est apportée concernant les conditions de ces refus.
92
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Cette loi fixe les modalités de mise en œuvre des soins palliatifs pour les
établissements de santé. Elle a donc une fonction plutôt organisationnelle.
Elle met l'accent sur la nécessité de former le personnel soignant à ces
soins spécifiques que sont les soins palliatifs et sur la possibilité de faire
appel à des bénévoles pour l'accompagnement des patients et de leur
entourage.
On voit enfin apparaître le congé d'accompagnement qui est alors non
rémunéré, mais qui a le mérite d'exister.
-La loi du 4 mars 2002
Cette loi encore appelée loi Kouchner sur les droits des malades est en
partie insérée dans le code de santé publique. Elle a pour but d'organiser la
relation médicale. Elle a fait suite à la jurisprudence Perruche relative à
l'indemnisation des enfants handicapés. Des dispositions nouvelles
apparaissent comme, particulièrement, la personne de confiance. Les
éléments de cette loi qui nous intéressent sont les suivants:
-Titre II Démocratie sanitaire, chapitre premier: droits de la personne, article
3: - article L 1110-2: « La personne malade a droit au respect de sa dignité.
»
-article L 1110-5: « Toute personne a, compte tenu de son état de santé et
de l'urgence des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les
soins les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont
l'efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au
regard des connaissances médicales avérées. Les actes de prévention,
93
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
d'investigation ou de soins ne doivent pas, en l'état des connaissances
médicales, lui faire courir de risques disproportionnés par rapport au
bénéfice escompté... » « Les professionnels de santé mettent en oeuvre
tous les moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie digne
jusqu'à la mort. »
-chapitre II: droits et responsabilités des usagers, article 11: information des
usagers du système de santé et expression de leur volonté
-article L 1111-4: celui réaffirme l'obligation du consentement éclairé du
patient et le devoir du médecin de respecter la volonté du patient après
avoir tout mis en oeuvre pour convaincre celui-ci d'accepter un traitement
qui lui serait bénéfique.
-l'article L1111-6 : fixe les modalités de désignation de la personne de
confiance pour la première fois, cet article n'a subi aucun changement de
puis et est retrouvé tel quel dans la loi Léonetti.
La loi Kouchner ne va malheureusement pas plus loin, elle organise plutôt
la responsabilité médicale et non la relation. Si on résume, concernant les
soins palliatifs, cette loi réaffirme donc la reconnaissance du sujet vivant
jusqu'à sa mort et son droit à la dignité; permets de proposer les
traitements après échange pluridisciplinaire incluant l'entourage et le
patient et de permettre un refus éventuel ; et enfin la proportionnalité des
thérapeutiques est remise en avant comme une condition indispensable à
leur application.
-La loi du 22 avril 2005
94
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Cette loi, aussi appelée loi Léonetti, a vu le jour à la suite de la mort de
Vincent Humbert. Deux députés (l'une de la majorité et l'autre de
l'opposition) vont entrainer la création d'une mission parlementaire au sujet
de la fin de vie et des soins palliatifs. Cette mission sera confiée à Jean
Léonetti. Celui-ci entendra aussi bien des soignants que des sociologues,
philosophes etc. La proposition de loi issue de ce travail fut votée à
l'assemblée et au sénat.
Cette loi implique l'apparition de nouveaux droits pour les malades et de
nouveaux devoirs pour les patients.
La loi Léonetti renforce le rôle de la personne de confiance apparu dans la
loi du 4 mars 2002 et rend la traçabilité des directives anticipées et de leurs
motivations indispensable.
Enfin, cette loi revient sur la règle du double effet , le médecin a le droit de
mettre en œuvre un traitement dont on sait qu'il peut avoir un effet positif; le
soulagement, et un effet négatif; l'accélération éventuelle de la survenue de
la mort. Dans ce cas le médecin a l'obligation d'en avoir informé le patient
ou ses proches si le patient n'est pas en état d'entendre et/ou de
comprendre ces informations. Le contenu des informations ainsi données et
l'accord du patient ou de son entourage doivent alors être inscrits dans le
dossier médical.
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 3 : Échelle OMS et Karnofky
Échelle de l'OMS
Elle est cotée en cinq catégories qui sont les suivantes:
– 0: activité extérieure normale sans restriction
– 1: réduction des efforts physiques intenses
– 2: pas d'activité extérieure mais ambulatoire
– 3: besoins personnels stricts: alitement plus de la moitié des
heures de veille
– 4: incapacité totale, alitement fréquent ou constant
Echelle de Karnofsky:
– 100%: normal, aucune plainte, aucun signe ou symptôme de
maladie
– 90%: capable de réaliser les activités normales de la vie
quotidienne, signes et symptômes mineurs de la maladie
– 80%: capable de réaliser les activités normales de la vie
quotidienne avec effort, certain
signes cliniques et symptômes de la maladie
– 70%: capable de se prendre en charge, incapable de mener
une activité normale ou de travailler
– 60%: nécessite une aide occasionnelle, mais peut prendre en
charge la plupart de ses soins personnels
– 50%: nécessite une aide suivie et des soins médicaux suivis,
alitement inférieur à 50% des heures éveillées
– 40%: handicapé, nécessite des soins particuliers
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
– 30%: sévèrement handicapé, l'hospitalisation est indiquée
bien que la mort ne soit pas imminente.
– 20%: hospitalisation nécessaire, très malade, nécessite un
traitement de soutien actif, alitement permanent
– 10%: moribond, processus fatal progressant rapidement
– 0%: décès Tableau d'équivalence entre échelles OMS et
Karnofsky
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 4: Principaux points de la loi du 22 avril 2005 dite loi Léonetti
1- L'obstination déraisonnable
L'article L 1110-5 du code de santé publique article premier de la loi du 22
avril 2005 dit:
« les actes ( de prévention, d'investigation ou de soins) ne doivent pas être
poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu'ils apparaissent
inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le maintien artificiel de
la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris. Dans ce cas le
médecin doit sauvegarder la dignité du mourant et assure la qualité de sa
vie en dispensant les soins visés à l'article L. 1110-10. »
Le terme « obstination déraisonnable » a remplacé celui d'acharnement
thérapeutique, car ce dernier avait un caractère potentiellement outrancier.
L'article 37 du code de déontologie médicale précise qu' »en toute
circonstance, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances du
malade, de l'assister moralement et d'éviter toute obstination déraisonnable
dans les investigations et la thérapeutique. »
Ce refus de l'obstination déraisonnable n'est pas synonyme d'abandon
puisque les soins et l'accompagnement ne cessent pas.
2 - L'interdit de l'euthanasie réaffirmé.
Le médecin n'a pas le droit de provoquer la mort de façon intentionnelle.
3 - L'obligation de prendre en compte l'avis du patient dans les décisions
d'arrêt ou de limitation des traitements.
Quatre situations se distinguent :
98
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(CC BY-NC-ND 2.0)
- Le patient est en état d'exprimer sa volonté et est en phase avancée ou
terminale d'une maladie ou d'une polypathologie incurable.
« Lorsqu'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection
grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, décide de limiter ou d'arrêter
tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l'avoir informée des
conséquences de son choix. La décision du malade est inscrite dans son
dossier médical. Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la
qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l'article L. 1110-10. »
- Le patient est en état d'exprimer sa volonté mais n'est pas en phase
avancée ou terminale d'une maladie ou d'une polypathologie
incurable.
« Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des
informations et des préconisations qu'il lui fournit, les décisions concernant
sa santé. Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir
informée des conséquences de ses choix.
Si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre tout traitement met
sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en oeuvre pour la convaincre
d'accepter les soins indispensables. Il peut faire appel à un autre membre
du corps médical. Dans tous les cas, le malade doit réitérer sa décision
après un délai raisonnable. Celle-ci est inscrite dans son dossier médical.
Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin
de vie en dispensant les soins visés à l'article L. 1110-10. »
99
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
- Le patient n'est pas en état d'exprimer sa volonté et il est en phase
avancée ou terminale d'une maladie ou d'une polypathologie
incurable.
« Lorsqu'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection
grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, est hors d'état d'exprimer sa
volonté, le médecin peut décider de limiter ou d'arrêter un traitement inutile,
disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle
de la vie de cette personne, après avoir respecté la procédure collégiale
(annexe) définie par le code de déontologie médicale et consulté la
personne de confiance (annexe) visée à l'article L. 1111-6, la famille ou, à
défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées
(annexe) de la personne. Sa décision, motivée, est inscrite dans le dossier
médical. Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité
de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l'article L. 1110-10. »
- Le patient n'est pas en état d'exprimer sa volonté et n'est pas en
phase avancée ou terminale d'une maladie ou d'une polypathologie
incurable:
« Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, aucune
intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou
impossibilité, sans que la personne de confiance prévue à l'article L. 11116, ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté.
Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, la limitation ou
l'arrêt de traitement susceptible de mettre sa vie en danger ne peut être
réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de
déontologie médicale et sans que la personne de confiance prévue à
l'article L.1111-6 ou la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas
100
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
échéant, les directives anticipées de la personne aient été consultées. La
décision motivée de limitation ou d'arrêt de traitement est inscrite dans le
dossier médical. Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la
qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l'article L. 1110-10. »
101
MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 5 :
Questionnaire
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MOUCHOTTE
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 6 : VERBATIM autres complications retrouvées sous
anticoagulant
Effets des médicaments
- « Nous concentrons les cas d’hémorragies digestives ce qui constitue un
gros biais. »
- « allergie », « allergie »
- «Interactions médicamenteuses », « Pb des interactions
médicamenteuses »
- « thrombopénie », « TIH », « thrombopénie », « thrombopénie »,
« Thrombopénie dont l'étiologie a déterminée »
- « Métastases cérébrales de certains cancers sont volontiers d'emblée
potentiellement hémorragique, l'utilisation d'anticoagulant pour EP par
exemple n'est pas simple et nul ne peut dire quel sera le rapport-bénéfice
/risque (surtout pas les experts autoproclamés) »
- « Douleur à l'injection: voir avec IDE mais toute injection est
douloureuse »
- « utilité dans un patient en fin de vie ou la douleur d’une simple injection ...
peut être évité une question souvent posée en collégialité «
- « rougeur, surinfection au point de ponction rarement »
- « Question du contrôle INR, une Ehpad sur notre secteur a un lecteur de
goutte artériel au doigt et cela est très aidant, car la prise de sang pèse
dans la balance. «
Lourdeur des examens paracliniques
- « Contrôles biologiques sous avk », « INR non stable, surveillance très
voire trop régulière avec prise de sang parfois douloureuse trop fréquente »
- « Surtout problèmes des prélèvements nécessaires purs surveiller les
traitements (particulièrement nombreux pour l'héparine injectable) »
- « Lourdeur des surveillances biologiques »
Effets psychologiques
- « saturation psychologique du patient quant aux injections »
Autre
-« discussion du rapport-bénéfice/risque des trois choix possibles
(maintenir la prescription, la diminuer, la stopper) »
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 7 : VERBATIM : Autres pathologies retrouvées en l’absence
d’anticoagulant
Pathologie
- « embolies artérielles sous ACFA »
- « CIVD »
Pathologie non recherchée :
- « Le diagnostic de TVP ou d'EP semblant secondaire en fin de vie, il est
difficile d'évaluer l'incidence réelle de ces pathologies mais peu
recherchée »
- « le biais est qu'on ne les cherche pas forcément - notamment si l'EP est
la cause du décès »
- « ces diagnostics ne sont pas recherchés en fin de vie »
- « en fait je ne les recherche pas spécialement compte tenu du
pronostic parce qu'en fin de vie on n’en va pas jusqu'au diagnostic par
examen complémentaire.... »
- « je pense toujours en terme de balance-bénéfice risque. AVK inefficaces
en onco, je n'utilise jamais. HBPM pose le problème des injections souscutanées douloureuses et agressives en fin de vie. Héparine au PSE le
plus simple, sans forcement de contrôles bio. Si TVP avérée sur gros
œdèmes de dénutrition, je préfère traiter. Si EP symptomatique, aussi. En
fait, tout dépend de e que l'on entend par fin de vie....en tout cas, je ne les
mets quasi jamais en préventif. »
- « en fait je ne vais pas chercher une EP chez un patient trop asthénique
qui ne bénéficiera pas d'une amélioration de sa qualité de vie s'il est mis
sous anticoagulant »
- « je ne fais pas d'explorations pour rechercher une EP ou une TVP chez
le patient alité en fin de vie, donc j'en trouve peu »
- « fait-on un angioscanner en fin de vie? »
- « le Pb ce n’est pas le Diagnostic mais existence ou non de douleur «
- « je ne suis pas sure que ceci l'embolie pulmonaire soit toujours
recherchée. »
- « Je ne les recherche pas. »
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Annexe 8 : Raisons invoquées pour la non-prescription des
anticoagulants
Douleur
- « la piqure est une douleur inutile »
- « douleur sur les injections »
- « En général les patients que je prends en charge ne sont pas éligibles à
des thérapeutiques per os. Les injections d'hbpm sont pourvoyeuses de
douleur... »
- « douleur à l'injection »
- « en préventif jamais, la difficulté est parfois de les arrêter mais la douleur
liée à l'injection et l'état global des patients conduisent à les arrêter assez
rapidement »
- « Rarement utilisés, mais cela arrive parfois lorsqu'ils sont douloureux et
que cela peut être en lien avec une phlébite par ex, ou que le patient y tient
absolument. »
- « douleur »
- « Un traitement préventif a peu de sens en toute fin de vie, encore moins
s'il passe par des injections douloureuses. »
Confort
- « confort »
- « Pour optimiser le confort du patient avec arrêt d'injection n'impactant
pas sur le pronostic qui n’est plus l'objectif en fin de vie/ Généralement les
patients en ont qu'on arrête en phase terminale »
- « Pas considéré comme un soin de confort »
- « tenir compte du confort du patient (injections et prises de sang
répétées) »
- « en fin de vie, prescription UNIQUEMENT de médicaments de confort. »
– « un confort médiocre »
- « en fin de vie strictement définie le confort et les prescriptions anticipées
sont prioritaires la déglutition posant problème »
- « Avant discussion pour un gain de confort éventuel »
« Cela n'est pas tjrs confortable »
Complications
- « à risque de complication »
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Bénéfice/ risque non favorable
- « risque de complication pour bénéfice mineur »
- « Pas d'intérêt de prévenir cette complication en fin de vie à mon avis »
- « Pas de rapport sur l'efficacité »
- « Balance-bénéfice/risque souvent défavorable, mais cela dépend de
l'indication de l'anticoagulation, et du pronostic du patient. »
- « En curatif, rarement sauf bon état global du patient mais rapidement
problème du monitoring biologique et des effets secondaires. »
- « en fin de vie pour un rapport-bénéfice estimé faible »
- « En phase terminale aucun bénéfice. »
- « pas d'avantages pour beaucoup d'inconvénients (surveillance douleur
risque hémorragique prise des traitements) »
- « Pas de rapport-bénéfice risque favorable dans le contexte gériatrique. »
- « Afin d'éviter, les désagréments liés à des injections SC répétées alors
que les bénéfices attendus en fin de vie sont minimes. »
- « pas de bénéfice et contraintes importantes »
- « parce que le bénéfice apporté par les anticoagulants est mince étant
donné le contexte et les risques liés à ce type de traitement. »
Invasif
- « Geste invasif »
- « À un moment il faut être conscient que le patient est en fin de vie et ne
plus l'embêter : piqure (administration du traitement ou surveillance bio INR
ou TCA) »
- « si fin de vie traitement trop invasif »
- « la voie sous-cutanée des HBPM peut être vécue comme agressive »
Qualité de vie
- « pas d'intérêt sur la qualité de vie/ nécessité de prise de sang et
d'évènements indésirables inutiles »
EP = bonne mort / mourir dans la dignité
- « l'embolie pulmonaire brutale est une façon de mourir dignement pour le
type de cancer que je prends en charge. »
- « Cf ci dessous "meilleure mort "= ep massive ou hémiplégie et/ou
aphasie, etc????? Je n'ai pas la réponse »
Examen complémentaire
- « parce ce qui dit anticoagulant dit surveillance biologique incompatible
avec fin de vie »
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Cout
-« Coût »
Prolonge la vie
- « ne pas chercher à repousser à tout prix le moment de son décès (Après
il faut voir avec le patient, si il tient à avoir un traitement jusqu'au dernier
jour de sa vie, ce n'est pas un problème de la prescrire, mais il faut savoir
ne pas s'acharner et ne pas insister au prétexte que telle ou telle étude
aurait montré un gain de vie minuscule (balance avantage /
inconvénients) »
- « cela ne va pas améliorer le pronostic »
- « Pronostic »
Autre
- « la situation ne s'est jamais présentée »
- « jamais, sauf si EP objectivée et très symptomatique »
- « prescription d'anticoagulants en préventif et/ou en curatif et discussion
collégiale d'arrêt en toute fin de vie (pronostic vital engagé dans les 7 jours
environ) »
- « le terme "bonne mort " me choque dans ce contexte de fin de vie, si une
embolie pulmonaire est dyspnéisante on a les moyens de soulager la
dyspnée et l'angoisse qui va avec »
- « je ne peux pas répondre à la question ci-dessus de manière constante...
du coup, je coche "oui", car cela arrive... même si c'est rare »
- « Cela dépend du projet de vie du patient, ils sont au service de ce projet
de vie et de l'autonomie du patient, j'en discute toujours avec le patient »
- « cela dépend du "type" de fin de vie: mort imminente ou pas... cela
dépend aussi du degré d'acceptation de cette fin de vie par le patient et son
entourage, si le patient n'a pas accepté l'idée de mourir, c'est difficile de ne
pas lui proposer un traitement. »
- « ni oui ni non cela dépend du contexte et de chaque patient et du
pronostic et quelle est la durée de la fin de vie »
- « si patient alité sans espoir de se reverticaliser (souvent le cas en fin de
vie), pas d'anticoagulation »
-« Les patients en HAD sortent souvent avec des HBPM ou de l'HNF voire
des AVK que nous sommes souvent amenés à arrêter.
Exceptionnellement prescripteur dans le cadre curatif
Je suis très heureux de voir que ce sujet peut amener une discussion
autour des anticoagulants en fin de vie et espère que ce travail pourra
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
dégager un consensus sur ce sujet.
Merci de me tenir au courant
[email protected]
merci »
- « remarque : prescription si action antalgique, sinon pas de prescription
autre remarque : une bonne mort c’est quoi ? On s’endort et on ne se
réveille pas ? »
- « Souvent il n'y a pas d'indication autre que l'alitement et les antécédents
représentent parfois une complication. Lorsqu'une phlébite est documentée
cela m'arrive de les prescrire. Par contre si ils sont en place c'est plus
délicat de les arrêter... »
« Un patient en fin de vie meurt d'une cause déterminée (métabolique,
infectieuse, embolique...) Prévenir une cause sans traiter les autres n'a pas
beaucoup de sens. »
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MOUCHOTTE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Mouchotte Sophie :
UTILISATION
DES
ANTICOAGULANTS
CHEZ
LES
PATIENTS EN FIN DE VIE : ENQUETE DE PRATIQUE AUPRES DE 105 MEDECINS
DE LA REGION RHONE-ALPES
Nbr f. 111 ill. 22 tab. 11 Th. Méd : Lyon 2016 n° 53
_________________________________________________________
Résumé :
INTRODUCTION : La MTEV est une complication fréquente en soins palliatifs et
sa prise en charge est complexe. Aucune recommandation n’existe en fin de vie permettant de
guider la conduite à tenir. MATERIEL ET METHODE : Cette enquête de pratiques par
questionnaire, réalisée auprès des médecins travaillant avec des patients en phase palliative de
la région Rhône-Alpes a pour objectif principal de décrire les pratiques des médecins
concernant la prescription de la prévention anticoagulante chez les patients en phase palliative
terminale. RESULTATS : Sur 366 questionnaires envoyés, 105 ont été analysés. Dans cette
étude, 51% des médecins ne prescrivent pas d’anticoagulants en fin de vie et 60% arrêtent ceux
déjà prescrits. DISCUSSION : La majorité des médecins n’utilisent pas d’anticoagulants en
phase palliative. L’espérance de vie et l’expérience personnelle sont les critères déterminants
pour l’utilisation des anticoagulants. Paradoxalement l’espérance de vie est souvent mal
estimée. L’expérience personnelle fait appel aux valeurs personnelles, morales et éthiques de
chaque médecin. L’utilisation des anticoagulants en fin de vie est traitée au cas par cas, il n’y a
pas de standardisation des pratiques. Le rapport bénéfice/ risque est estimé par les médecins,
non favorable à l’utilisation des anticoagulants en fin de vie. Cette évaluation reste subjective;
une étude randomisée permettrait une évaluation objective.
MOTS CLES : soin palliatif ; maladie thromboembolique veineuse ;
anticoagulant
JURY : Président :
Monsieur le Professeur GUEYFFIER
Membres :
Madame le Professeur ERPELDINGER
Madame le Professeur FILBET
Directeur de thèse :
Madame le Docteur FIGON
DATE DE SOUTENANCE : 22/03/2016
Adresse de l’auteur : 20 rue Bara 69003 Lyon
[email protected]
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