et/ou VHC est accueilli le matin au laboratoire d’AMP. Les
critères habituels sont vérifiés (identité, spermoculture) et
deux éjaculats successifs sont demandés si possible. On
obtient ainsi davantage de spermatozoïdes, ce qui peut
permettre la prise en charge de patients présentant une
oligospermie. De plus, en cas d’inhibiteurs empêchant la
validation virologique du sperme, un des deux éjaculats
peut en être exempt et être utilisable.
Le couple est accueilli ensuite en consultation par le
clinicien d’AMP et le biologiste. Les critères d’inclusion de
l’AMP en général sont vérifiés de même que ceux spécifi-
ques au risque viral. L’ensemble de la procédure est
expliqué et discuté. Une échographie pelvienne est systé-
matiquement réalisée comprenant un compte folliculaire.
Le consentement éclairé signé par les deux conjoints est
remis à l’équipe médicale.
Après ce premier entretien, le dossier est revu par
l’équipe pluridisciplinaire de façon hebdomadaire pour
validation. La prise en charge effective du couple peut se
faire en deux ou trois mois. L’AMP est mise en œuvre de
façon habituelle, si ce n’est que les gamètes sont manipu-
lés dans le laboratoire dédié. En cas d’infection masculine
pour le VIH, la négativité de la sérologie et de la charge
virale de la conjointe doit être vérifiée dans les 15 jours
précédant chaque tentative d’AMP, à 3 semaines puis 3 et
6 mois après la tentative et au moment de l’accouchement
éventuel.
Discussion
L’équipe de Strasbourg, comme bien d’autres, a réso-
lument fait le choix d’une prise en charge des couples « en
réseau » (tableau 3). Après la consultation, un couple
habitant loin ne reviendra qu’au moment de la réalisation
pratique des gestes d’AMP en circuit viral. Le couple est
pris en charge près de son domicile pour le suivi de
l’infection, pour le suivi psychologique si besoin et pour le
monitorage de la stimulation en vue de l’AMP. Les échan-
ges se font par courrier, par fax et par courriel avec les
correspondants infectiologues ou gynécologues concer-
nés. Ce travail en réseau, même s’il peut se heurter à
quelques difficultés, est source d’échanges très enrichis-
sants pour les équipes.
Le choix de la technique d’AMP est bien entendu
conditionné par le dossier clinique du couple et par la
concentration en spermatozoïdes des paillettes en cas
d’infection masculine. L’éloignement géographique du
centre a pu intervenir également, les couples ayant ten-
dance à choisir la technique la plus performante possible.
Ce paramètre n’intervient plus guère depuis que les cen-
tres équipés d’un circuit viral sont mieux répartis en
France.
Un suivi rigoureux des résultats des tentatives d’AMP
et des données spécifiques au risque viral est assuré par
l’équipe d’AMP. À Strasbourg, la collaboration avec les
autres centres et les autres cliniciens a permis jusqu’ici un
suivi exhaustif.
Les résultats de l’AMP sont excellents lorsque l’homme
est contaminé [12-14]. En effet la partenaire féminine est
souvent indemne de toute pathologie. Si le sperme est
déficient, la technique de fécondation in vitro (FIV) avec
micro-injection (ICSI) est mise en œuvre. Il faut souligner
cependant que les patients présentant une azoospermie
nécessitant un prélèvement testiculaire ou une oligosper-
mie sévère sont jusqu’ici récusés car les critères exigés
pour la préparation et la validation virologique sont sévè-
res. Ceux-ci doivent être revus prochainement par le légis-
lateur.
Les résultats de l’AMP sont moins bons lorsque la
femme est infectée (tableau 4). Ces données s’expliquent
car les couples présentent souvent une authentique infer-
tilité [14-17]. Certaines patientes connaissent des difficul-
tés de réponse ovarienne [15, 18] car elles ont parfois
attendu longtemps pour pouvoir être prises en charge, au
détriment de leurs capacités de réponse à la stimulation.
L’impact du virus ou des traitements antiviraux est un
autre mécanisme potentiellement négatif. De plus, le
nombre d’embryons replacés dans l’utérus est volontaire-
ment limité, tout particulièrement chez ces patientes. Il
s’agit de minimiser le risque de grossesse multiple, source
potentielle de contractions utérines prématurées, aug-
mentant le risque de transmission materno-fœtale. Néan-
moins, en dépit de ces problèmes spécifiques, les résultats
restent encourageants.
La question de la toxicité potentielle des virus, du VIH
en particulier, et de celle des antirétroviraux sur les gamè-
tes et sur l’embryon est posée par les couples lorsqu’une
procréation est envisagée. Les inhibiteurs nucléosidiques
de la transcriptase inverse (INTI) sont susceptibles d’in-
duire des délétions ou des mutations de l’ADN mitochon-
drial [19] et d’être incorporés tant dans l’ADN nucléaire
que dans l’ADN mitochondrial [20]. Cependant, aucune
étude à l’heure actuelle n’évoque une telle toxicité pour
les spermatozoïdes ou pour les ovocytes. Les maladies
mitochondriales touchent 0,26 % des nouveau-nés expo-
sés aux antirétroviraux (0,01 % dans la population géné-
rale) [21]. L’AMP est l’occasion de revoir le traitement
antirétroviral des femmes infectées afin de choisir les
Tableau 3.Une prise en charge des couples « en réseau »
Équipe pluridisciplinaire AMP
à risque viral
En réseau avec :
Clinicien AMP
Clinicien infectiologue
Biologiste AMP
Virologue
Psychologue
Clinicien et Biologiste du Cecos
Sages-femmes AMP
Secrétaire
Cliniciens infectiologues traitants
Gynécologues traitants
Cliniciens des autres centres AMP
Pédiatre
mt médecine de la reproduction, vol. 9, n° 3, mai-juin 2007 181
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