110 | La Lettre de l’Infectiologue Tome XXVII - n° 3 - mai-juin 2012
DOSSIER THÉMATIQUE
Infections osseuses
Physiopathologie
des infections
ostéoarticulaires chroniques :
rôle des biofilms
et de la persistance
bactérienne intracellulaire
Biofilm and bacterial intracellular persistence
in the pathophysiology of chronic bone and joint infections
J.P. Rasigade*
* Inserm U851, centre national
de référence des staphylocoques,
université Claude-Bernard Lyon-1,
site Laënnec, Lyon.
L
es infections ostéoarticulaires (IOA) regroupent
un ensemble d’entités cliniques ayant en
commun l’invasion et la destruction progres-
sive des tissus osseux et cartilagineux par des
micro-organismes, le plus souvent des bactéries.
Ces entités cliniques présentent des caractéristiques
physio pathologiques distinctes permettant leur
classification en fonction de la source de l’infection,
qui peut être hématogène ou par contiguïté (1). Les
IOA évoluent fréquemment sur un mode chro-
nique ou récidivant, particulièrement lorsqu’elles
impliquent la présence de matériel implanté. Bien que
la présence de bactéries en biofilm soit probablement
une cause majeure de chronicité et d’échec théra-
peutique, d’autres mécanismes physiopathologiques
tels que la persistance intracellulaire de certaines
bactéries ou l’acquisition de phénotypes dormants
ont été mis en cause au cours de la dernière décennie.
Nature des voies
de contamination
Infections ostéoarticulaires
hématogènes
Dans le vocabulaire français, l’ostéomyélite désigne
classiquement une infection osseuse d’origine héma-
togène sans corps étranger. Cette terminologie peut
être source de confusion, car le terme “osteomye-
litis”, dans la littérature anglo-saxonne, désigne
l’ensemble des infections osseuses. Lostéomyélite
est déclenchée par l’inoculation directe dans le
tissu osseux d’une bactérie issue de la circulation
sanguine. Dans l’ostéomyélite primaire, cette bacté-
riémie initiale est asymptomatique, et l’infection
osseuse figure au premier plan des signes infectieux.
Bien qu’elle soit présente chez l’adulte, cette forme
clinique prédomine largement chez l’enfant (1). Les
ostéomyélites de l’adulte sont plus fréquemment
secondaires à un foyer infectieux annexe préexistant
(telle une endocardite), source de la bactériémie. Les
sites anatomiques les plus communément touchés
sont les corps vertébraux (spondylodiscite) et les
os longs. La forme typique d’ostéomyélite primaire
des os longs implique une lésion unique de la partie
distale du tibia proche de la métaphyse (2). Cette
implication fréquente de la métaphyse s'explique par
l’anatomie particulière du tissu osseux dans cette
zone. À cet endroit, le flux sanguin est ralenti et
turbulent, ce qui favorise l’adhésion et la colonisation
de l’endothélium par les bactéries circulantes. Un
antécédent récent de traumatisme, même mineur,
favorise également l’infection chez l’enfant, en lien
avec un hématome local, une obstruction vascu-
laire et/ou une microzone nécrotique très sensible à
La Lettre de l’Infectiologue Tome XXVII - n° 3 - mai-juin 2012 | 111
Points forts
»
Les infections ostéoarticulaires évoluent fréquemment sur un mode chronique ou récidivant. Cette chro-
nicité est classiquement associée à la présence d’un biofilm et à la persistance bactérienne intracellulaire.
»Le biofilm, dans lequel les bactéries sont protégées du système immunitaire et de nombreux anti-
biotiques, se développe de préférence sur les surfaces inertes, soit endogènes (séquestres osseux), soit
exogènes (matériel prothétique).
»Certaines bactéries, notamment
Staphylococcus aureus
, sont capables de constituer des réservoirs
bactériens intracellulaires, potentiellement sources de récidive. Ces bactéries s’adaptent pour survivre
à bas bruit en intracellulaire et/ou en réponse au stress créé par l’environnement intracellulaire en
passant à un état dormant – le phénotype
Small Colony Variant
(SCV), qui est à l’origine de formes
chroniques d’infections ostéoarticulaires.
Mots-clés
Infection
ostéoarticulaire
Infection sur matériel
implanté
Biofilm bactérien
Internalisation
bactérienne
Infection chronique
Highlights
»
Chronicization and relapse
are frequent in bone and
joint infections. These
features have been attri-
buted to biofilm formation
and the ability of bacteria to
persist intracellularly.
»
Bacteria living in a
biofilm are protected from
the immune response of
the host and most anti-
microbial agents. Biofilms
occur preferen tially on inert
surfaces that can be either
endogenous (sequestrums)
or exogenous (prosthetic
material).
»
Several bacterial species,
including
Staphylococcus
aureus
, can invade bone
cells and constitute intra-
cellular bacterial reservoirs
putatively responsible for
infection relapse. Bacteria
can adapt to chronic infec-
tion through the acquisition
of a dormant phenotype
designated as Small Colony
Variant.
Keywords
Bone and joint infection
Prosthetic joint infection
Bacterial biofilm
Bacterial internalization
Chronic infection
l’inoculation bactérienne (3). L’inflammation locale
déclenchée par l’infection provoque alors un afflux
de leucocytes ainsi qu’une chute du pH et de l’oxy-
génation ; à son tour, ce phénomène compromet
la circulation médullaire et encourage l’extension
de l’infection. Chez le nourrisson, la présence de
vaisseaux sanguins dans la plaque de croissance
épiphysaire peut également permettre l’extension de
l’infection à l’articulation depuis un point de départ
métaphysaire ; cependant, après 1 an de vie, cette
plaque est dévascularisée et l’infection reste confinée
à la métaphyse et à la diaphyse.
Lévolution chronique d’une ostéomyélite est asso-
ciée à la formation de plages de nécrose osseuse
appelées “séquestres” (1). Ces fragments de tissu
dévascularisés et détachés du tissu avoisinant sont
inaccessibles aux cellules immunitaires et aux
antibiotiques, et se comportent comme un corps
étranger inerte vis-à-vis de l’adhésion, de la colonisa-
tion bactérienne et de la formation de biofilm. Dans
les formes non traitées d’ostéomyélite chronique
– devenues rares dans les pays industrialisés –, les
séquestres osseux peuvent avoir 2 destins, déter-
minés par leur taille : les séquestres de petite taille
sont progressivement résorbés par un tissu de granu-
lation recruté par les signaux inflammatoires issus de
la zone nécrotique ; lorsque l’étendue des séquestres
est trop importante ou que la réponse inflammatoire
de l’hôte est compromise, leur extension est progres-
sivement confinée par une néoformation osseuse
issue du périoste, décollé de la corticale osseuse
par l’accumulation de pus (4). Cette néoformation,
l’involucre, permet d’assurer la continuité de l’os et le
maintien a minima de sa fonction pendant la phase
de convalescence. Cependant, la vascularisation
inadéquate des tissus circonscrits par l’involucre
favorise le maintien des séquestres osseux sous-
jacents, entraînant une pathologie chronique dans
laquelle le débridement chirurgical est souvent la
seule option.
Infections ostéoarticulaires
par contiguïté
Les infections osseuses par contiguïté sont plus
fréquentes que les ostéomyélites, et cette tendance
s’est accentuée depuis les années 1980 (5). Leur
point de départ peut être une infection des parties
molles adjacentes (notamment chez le patient
diabétique ou à la suite d’une escarre de décu-
bitus), ou l’inoculation directe de bactéries au site
de l’infection consécutive à un traumatisme ou lors
d’un abord chirurgical avec rupture d’asepsie. La
physiopathologie des IOA par contiguïté présente
certains points communs avec les ostéomyélites. En
particulier, la présence d’un traumatisme interfère
avec la vascularisation tissulaire locale et crée des
plages nécrotiques qui favorisent la colonisation
bactérienne.
Biofilms bactériens
Létat des bactéries libres non adhérentes est qualifié
de vie planctonique, par opposition à la vie en biofilm
composée d’une communauté bactérienne séden-
taire au sein de laquelle les bactéries adhèrent à
un substrat extracellulaire, à une surface inerte,
et/ ou entre elles (figure 1, p. 112). La matrice extra-
cellulaire du biofilm, dont la composition varie en
fonction des espèces bactériennes présentes, est
formée de différentes classes de macromolécules
incluant des protéines, des polysaccharides, de
l’ADN et de l’ARN. Au sein de ce biofilm, le méta-
bolisme des bactéries est altéré et leur croissance
est ralentie. Lépaisseur du biofilm est variable : elle
peut aller d’une monocouche bactérienne à une
épaisse communauté multidimensionnelle. L’analyse
structurale des biofilms a dévoilé une architecture
complexe, dont une caractéristique majeure est la
présence d’un réseau de canaux qui permettent
l’accès aux nutriments du milieu extérieur depuis
les zones profondes de la communauté (6).
La majorité des bactéries impliquées dans les IOA
– notamment Staphylococcus aureus, les staphylo-
coques à coagulase négative, les entérobactéries et
Pseudomonas aeruginosa –, sont capables d’adopter
ce mode de vie. Une caractéristique physiopatholo-
gique commune aux différentes formes d’IOA chro-
niques est la présence de matériel inerte, endogène
(séquestres osseux) ou exogène (matériel prothé-
tique), susceptible de favoriser le développement
d’un biofi lm (fi gure 2, p. 112).
Figure 1. Cycle de vie d’un biofilm. Phase 1 : les bactéries libres, ou planctoniques, adhèrent à une surface inerte
et sécrètent une matrice extracellulaire. Phase 2 : la communauté en biofilm acquiert une architecture tridimen-
sionnelle comprenant un réseau de canaux qui permet l’acheminement des nutriments vers les zones profondes.
Les bactéries ont un métabolisme ralenti et sont protégées du système immunitaire de l’hôte et de la plupart des
antibiotiques. Phase 3 : des microcolonies ou des bactéries libres se détachent de la surface du biofilm. Elles dérivent
dans le milieu extérieur et peuvent coloniser une nouvelle surface.
Détachement d’une microcolonie
Bactéries libres
Surface inerte
Phase 1. Colonisation Phase 2. Maturation Phase 3. Dissémination
Adhésion
Figure 2. Colonisation par le biofilm (S. epidermidis) d’une surface inerte in vitro.
2 h : fixation des bactéries sur les irrégularités à la surface du matériel ; 4 h : début de fabrication de la matrice
exopolysaccharidique ou “slime” ; 8 h : la surface du matériel est recouverte par une épaisse couche tridimension-
nelle de matrice ; 24 h : des bactéries émergent du biofilm, libres et prêtes à se fixer à distance de la zone initiale
de formation du biofilm.
2 heures 4 heures 8 heures 24 heures
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DOSSIER THÉMATIQUE
Infections osseuses Physiopathologie desinfections ostéoarticulaires chroniques :
rôle des biofilms et de la persistance bactérienne intracellulaire
Le passage de la vie planctonique à la vie en biofilm
confère plusieurs bénéfices adaptatifs. Le premier
résulte de la capacité de la matrice polymérique
à collecter et à concentrer les nutriments prove-
nant de l’environnement extérieur, tels le carbone,
l’azote et le phosphate (7). Le deuxième est qu’il
combine plusieurs mécanismes de résistance aux
stratégies d’élimination mécaniques, immunitaires
ou chimiques : sur le plan mécanique, l’adhérence
et la structure flexible d’un biofilm lui permettent
de résister à l’arrachement sous l’effet d’un fluide
circulant (contrainte de cisaillement exercée, par
exemple, par la circulation sanguine ou par un lavage
au cours d’un abord chirurgical) ; sur le plan immu-
nitaire, la matrice polymérique du biofilm joue un
rôle de bouclier contre les cellules phagocytaires
de l’hôte et contre les molécules antimicrobiennes
au sens large, telles que les anticorps, les protéases
et les radicaux libres ; enfin, sur le plan chimique, la
vie en biofilm confère aux bactéries une résistance
accrue à de nombreux antibiotiques et antisep-
tiques, à la fois pour des raisons métaboliques et
structurales (8) : d’une part, la vitesse de croissance
et de division très ralentie des bactéries vivant en
biofilm augmente leur résistance aux antibiotiques
ciblant la paroi bactérienne au cours du cycle cellu-
laire comme les bêtalactamines ; d’autre part, la
matrice polymérique d’un biofilm a la capacité de
ralentir ou d'empêcher la diffusion des antibiotiques
jusqu’aux bactéries elles-mêmes (9). Enfin, certains
composants de cette matrice, comme les alginates
produits par P. aeruginosa, sont capables d’interagir
avec les peptides antimicrobiens, de modifier leur
conformation et de les piéger spécifiquement (10).
Au final, la concentration d’antibiotique requise pour
inhiber la croissance des bactéries vivant en biofilm
peut être jusqu’à 1 000 fois supérieure à la concen-
tration minimale inhibitrice (CMI) habituellement
Figure 3. Internalisation de S. aureus au sein des ostéoblastes.
1 : adhésion de S. aureus à la surface cellulaire ; 2 : internalisation de S. aureus au sein d’une
vacuole cellulaire ; 3 : S. aureus libre dans le cytoplasme cellulaire.
1 2 3
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mesurée sur les bactéries planctoniques (11) ; de
plus, la résistance des biofilms à certaines molécules,
comme la vancomycine, s’accroît avec leur durée
d’évolution (12).
Le troisième avantage du biofilm pour les bacté-
ries est son potentiel de dissémination. Des micro-
colonies bactériennes peuvent se détacher de la
surface du biofilm, soit sous la contrainte mécanique
de la circulation sanguine, soit par un processus de
détachement actif (13). Les bactéries ainsi libérées
dans le milieu extérieur peuvent “dériver” jusqu’à une
nouvelle surface, la coloniser et établir à distance un
nouveau biofilm dans une zone auparavant saine. Le
mode de vie en biofilm maintient ainsi un réservoir
bactérien résilient contre le système immunitaire et
les antibiotiques, tout en assurant simultanément la
possibilité d’une dissémination bactérienne retardée.
Internalisation bactérienne
par les cellules de l’hôte
et persistance intracellulaire
S. aureus, bactérie responsable de la majorité des
IOA, a longtemps été considéré comme un patho-
gène extracellulaire. Cependant, sa capacité à
provoquer son internalisation par différents types
cellulaires, dont les cellules osseuses (ostéoblastes),
est documentée depuis la fin des années 1990 (14).
Des études en culture cellulaire ont montré son apti-
tude à envahir les ostéoblastes de plusieurs espèces
animales, dont l’homme et la souris, et à persister
à l’intérieur de ceux-ci. D’autres travaux ont objec-
tivé, par microscopie électronique, la présence de
bactéries intra-ostéoblastiques au cours d’infections
animales expérimentales, montrant que l’invasion
cellulaire avait effectivement lieu in vivo (15). Enfin,
des bactéries intracellulaires ont été visualisées dans
les ostéoblastes de patients souffrant d’ostéomyélite
chronique (16). Ces bactéries constituent un réser-
voir protégé de l’action du système immunitaire de
l’hôte et de nombreux antibiotiques, notamment
les bêtalactamines et les glycopeptides. La persis-
tance intracellulaire de S. aureus (et plus largement
d’autres espèces bactériennes) dans les ostéoblastes
fournit ainsi une explication nouvelle et plausible à
la chronicité et à la récurrence de certaines IOA, bien
que les données cliniques soient encore insuffisantes
pour déterminer la part de responsabilité de ce
réservoir bactérien dans la pathogénie des IOA
chroniques (17). De plus, la nature des interactions
entre les bactéries internalisées et la cellule hôte fait
encore l’objet de nombreuses recherches. L’invasion
des cellules humaines par S. aureus fait intervenir
un mécanisme proche de l’endocytose, les bactéries
étant contenues dans des vacuoles lors des phases
initiales de l’internalisation (figure 3) [17]. Les
résultats de nombreux modèles in vitro d’invasion
cellulaire par S. aureus indiquent que 3 destinées sont
alors possibles pour ces bactéries : elles peuvent être
éliminées par la dégradation lysosomale ou par la
réponse immunitaire cellulaire innée, impliquant des
peptides antibactériens et des mécanismes d’auto-
phagie ; les bactéries viables peuvent aussi persister
à l’intérieur des vacuoles, après avoir empêché ces
dernières de fusionner avec les lysosomes ; enfin,
les bactéries peuvent détruire la vacuole, être relar-
guées dans le cytosol et soit persister à l’état latent,
soit provoquer la mort de la cellule hôte. Ces diffé-
rents devenirs des bactéries internalisées semblent
dépendre de nombreux facteurs, notamment du fond
génétique et des facteurs de virulence spécifiques à
chaque souche, mais peut-être aussi de la réponse
cellulaire à l’internalisation, qui pourrait présenter
des variations interindividuelles. L’état actuel des
connaissances ne permet pas de dire lequel de ces
3 scénarios sera le plus probable pour une souche
donnée de S. aureus infectant un patient donné.
Adaptation bactérienne à l’infection
chronique : les Small Colony Variants
La première description d’une souche de S. aureus qui
présentait un phénotype variant avec la présence de
microcolonies à croissance ralentie in vitro remonte
à plus d’un siècle. Il aura cependant fallu attendre
les années 2000 pour que les efforts de recherche
se concentrent à nouveau sur ces populations bacté-
Figure 4. Aspect in vitro des variants “microcolonies” ou Small Colony Variants (SCV) chez S. aureus.
1 : culture sur gélose au sang après 5 jours d’incubation (en haut, la souche normale, en bas, le variant SCV) ; 2 : culture mixte de la souche normale
(grosse colonie hémolytique et pigmentée) et de son variant SCV (colonies punctiformes non hémolytiques et blanches) sur gélose au sang.
12
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DOSSIER THÉMATIQUE
Infections osseuses Physiopathologie desinfections ostéoarticulaires chroniques :
rôle des biofilms et de la persistance bactérienne intracellulaire
riennes dénommées Small Colony Variants (SCV). Les
SCV ne sont pas l’apanage de S. aureus et ont été
décrits chez d’autres espèces bactériennes impliquées
dans les IOA, telles que les staphylocoques à coagu-
lase négative, Escherichia coli ou P. aeruginosa (18).
Lémergence de SCV résulte d’une adaptation des
populations bactériennes à la pression de sélection
spécifique de l’infection chronique, comme la baisse
des ressources et le stress provoqué par la réponse
cellulaire et/ou immunitaire. Plus spécifiquement,
le phénotype SCV est particulièrement adapté à
la survie intracellulaire prolongée (19). Les bacté-
ries présentant ce phénotype sont capables de
persister dans le milieu intracellulaire en minimi-
sant la réponse de défense de la cellule hôte. Elles
possèdent également une capacité accrue à envahir
de nouvelles cellules par rapport aux bactéries qui
présentent un phénotype sauvage. Leur rôle dans
l’établissement d’une infection intracellulaire chro-
nique, bien qu’il fasse encore l’objet de nombreux
débats, pourrait être modélisé en 3 étapes :
parmi les bactéries impliquées dans l’infection,
une sous-population gagne le milieu intracellulaire
et développe un phénotype SCV ;
cette sous-population persiste dans un état viable,
à l’abri de la destruction par la réponse immunitaire
et par les antibiotiques éventuellement administrés ;
à la mort de la cellule hôte, les SCV sont relar-
gués dans le milieu extracellulaire et gagnent le
cytoplasme de nouvelles cellules grâce à une capa-
cité d’invasion accrue, établissant ainsi un réservoir
bactérien pérenne, potentiellement source d’infec-
tions récidivantes (19).
En outre, les SCV présentent une résistance accrue
à différents antibiotiques. Leur vitesse de croissance
ralentie diminue l’action des antibiotiques ciblant
la paroi, comme dans le cas des bactéries qui se
présentent sous la forme de biofilm. Une seconde
caractéristique spécifique des SCV est une inter-
ruption du transport transmembranaire d’électrons.
Cette interruption a pour conséquence de dimi-
nuer la pénétration des antibiotiques, comme les
aminosides, qui utilisent le gradient électro chimique
membranaire pour traverser la membrane bacté-
rienne et atteindre leur cible (18).
Chez S. aureus, les SCV posent enfin une difficulté
diagnostique aux microbiologistes : leur méta-
bolisme lent négative certains tests phénoty-
piques utilisés pour l’identification bactérienne,
tels que les tests d’agglutination ou les galeries
d’identification biochimique, et il retarde la positi-
vité d’autres tests comme la détection de coagulase
libre ou la pigmentation des colonies pour S. aureus
(figure 4). Ces particularités font courir le risque
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