Axelle LACAN
Focus : amélioration poussive des comptes des entreprises
Malgré le rebond de la productivité et la suppression de la taxe professionnelle, les profits restent très modestes en
2010. Les conséquences sur l’investissement et la croissance sont dommageables. Dans un contexte
d’assainissement des finances publiques, l’amélioration des comptes des entreprises resterait poussive en 2011.
Les années 2008 et 2009 ont été particulièrement médiocres
pour les profits des entreprises françaises (respectivement
-11% et -8,7% en moyenne annuelle). Malheureusement,
l’année 2010 n’a pas été l’année tant espérée du rattrapage.
L’analyse des comptes des entreprises non financières le
prouve.
En particulier, le compte d’exploitation des entreprises non
financières (cf. tableau 1) est resté en demi-teinte. D’un côté,
les ressources d’exploitation (valeur ajoutée et subventions)
des entreprises ont progressé mollement, en lien avec un
redressement modeste de l’activité. De l’autre, les charges
d’exploitation (rémunérations des salariés et impôts liés à la
production) sont restées dynamiques.
Au total, au troisième trimestre, l’acquis de croissance de
l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui correspond au
solde entre les ressources et les charges d’exploitation
précédemment décrites, et que l’on peut donc associer avec
précaution aux « profits globaux1 » au sens de la comptabilité
nationale, apparaît comme très modéré, à 1% pour les
sociétés non financières (SNF).
Par ailleurs, l’acquis de croissance du revenu disponible
brut (ou « épargne ») des SNF (cf. tableau 2) reste négatif à
-4,3% à la fin du troisième trimestre. Ce résultat a toute son
importance. Il correspond en effet aux profits une fois les
dividendes et les impôts sur les bénéfices versés et peut donc
être assimilé, là encore avec précaution bien entendu, aux
profits réinvestis au sens de la comptabilité nationale.
Croissance modérée des profits et recul de l’épargne des
entreprises non financières caractérisent donc cette
année 2010 (cf. graphique 1). Le rebond de la productivité et
la suppression de la taxe professionnelle allaient pourtant
dans le sens d’une amélioration des comptes des
entreprises…. Alors, comment expliquer ces différentes
évolutions ? Qu’attendre en 2011 ?
La valeur ajoutée augmente légèrement
Après deux années de forte contraction, la production des
entreprises françaises s’est redressée, en phase avec le
rebond cyclique et une amélioration de la confiance des chefs
d’entreprise.
En témoignent les différentes enquêtes de conjoncture
réalisées notamment par l’Insee. Si certains secteurs restent
en difficulté, à l’instar de la construction, la conjoncture se
redresse dans la plupart des autres secteurs.
Tableau 1
Variation t/t-1 %, cjo-cvs acquis
T1 T2 T3 2009 2010
2010
Compte d'exploitation des entreprises non financières
Valeur ajoutée 0,0 1,0 0,9 -3,7 1,2
Subventions 3,1 1,6 0,1 4,7 7,9
Total des ressources 0,1 1 0,9 -3,5 1,3
Rémunérations des salariés 0,6 1,2 0,5 -1,5 2,4
Impôts liés à la production -14,0 1,9 1,5 4,6 -10,3
Total des charges -0,6 1,2 0,6 -1 1,4
Excédent brut d'exploitation 1,4 0,6 1,5 -7,7 1,2
dont sociétés non financières 1,6 0,4 1,8 -9,0 1,0
Sources : Insee, Crédit Agricole S.A.
Tableau 2
Variation t/t-1 %, cjo-cvs acquis
T1 T2 T3 2009 2010
Excédent brut d'exploitation 1,6 0,4 1,8 -9 1
Revenus de la propriété de l'entreprise -0,4 0,3 1,0 -12,2 -3,1
Compte de revenu des sociétés non financières
2010
Cotisations sociales 0,5 1,0 0,5 -1,5 1,6
Autres transferts reçus -1,6 -0,9 -0,1 27,5 1,9
Total des ressources 0,7 0,3 1,4 -9,7 -0,6
Revenus de la propriété de l'entreprise -1,5 -0,5 0,5 -5,4 -4,1
Impôts sur le revenu -13,0 39,8 19,6 -61,3 82,9
Prestations directes employeurs 0,5 1,0 0,5 -1,5 1,6
Autres transferts versés -0,4 0,0 0,4 7,6 1,3
Total des charges -2 1,9 2 -10 0,5
Revenu disponible brut 10,7 -4,8 -0,7 -8,7 -4,3
Sources : Insee, Crédit Agricole S.A.
Graphique 1
France : croissance modérée des
profits et recul de l'épargne en 2010
11
13
15
17
19
97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 28
30
32
34
taux d'épargne (RDB/VA)
taux de marge (EBE/VA)(dte)
Source : Insee, Crédit Agrico le S.A.
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1 Profits avant distribution des dividendes.
N°27 – janvier 2011 3