Trimestriel – n°27 – janvier 2011 Tout vient à point à qui sait attendre La croissance française freine au troisième trimestre (+0,3% t/t, après +0,6% t/t). Si le commerce extérieur pèse sur l’activité, la demande domestique se renforce. La croissance française entre dans une nouvelle phase : la consolidation. La croissance française a progressé de 0,3% t/t au troisième trimestre, après 0,6% t/t au deuxième trimestre. L’activité a donc freiné, mais ses composantes témoignent qu’une consolidation de la croissance est à l’œuvre. La demande domestique a ainsi largement soutenu l’activité au troisième trimestre, alors que le commerce extérieur a continué de peser sur la croissance, en lien avec des importations très vigoureuses (cf. graphique 1). Peu à peu, les facteurs qui ont permis à l’économie française de sortir de récession faiblissent et laissent place à une croissance certes plus faible, mais également plus solide. Notre scénario table sur une poursuite, en 2011 et dans une moindre mesure en 2012, de cette phase de consolidation. Les variations de stocks devraient continuer à soutenir la croissance, mais seulement à court terme. Les chefs d’entreprise font preuve de prudence : ils ont continué à déstocker au troisième trimestre. Dans un contexte qui reste incertain, le mouvement de reconstitution des stocks à venir resterait modeste et temporaire. Le commerce extérieur, qui a également contribué au rebond de l’économie française au sortir de la récession, devrait peser sur l’activité ces prochains trimestres. Les entreprises françaises souffrent de problèmes structurels quant à leur positionnement à l’international (problème de taille critique, marges à l’exportation serrées). Elles en subiront d’autant plus le freinage annoncé de l’économie mondiale. Tant que le modèle économique français n’aura pas évolué pour se tourner davantage vers l’extérieur, il appartiendra à la demande domestique de tracter l’activité. Si la consommation privée a soutenu la croissance française pendant la crise, les différentes mesures publiques de soutien au pouvoir d’achat n’y sont pas étrangères. Alors dans le contexte actuel d’arrêt des mesures de relance de type « primes à la casse » et d’assainissement plus global des finances publiques, les ménages français vont-ils continuer à consommer ? En théorie, oui. En sortie de crise, l’activité redémarre, puis l’emploi se redresse et les revenus s’accroissent. Cependant, dans le cas présent, l’emploi pourrait tarder à s’améliorer et la hausse des revenus rester limitée (+3% en 2011) (cf. graphique 2). Graphique 1 France : la croissance freine, mais ne cale pas 2,0 co ntributio ns à la cro issance t/t, % 1,5 1,0 0,5 0,0 -0,5 -1,0 -1,5 -2,0 07 08 Demande int. ho rs sto cks So lde extérieur 09 10 Variatio n des sto cks P IB So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . Graphique 2 France : le pouvoir d'achat des ménages reste limité et leur épargne élevée a/a, % % 7 6 5 4 3 2 1 0 -1 -2 18 17 16 15 14 13 12 90 92 94 So urce : Insee, CA S.A . 96 98 00 02 04 P o uvo ir d'achat 06 08 10 Taux d'épargne (épargne/RDB , ech. dr.) Axelle LACAN [email protected] Graphique 3 En effet, les entreprises ont fortement perdu en productivité pendant la récession et le rebond actuel, obtenu par le décalage entre la reprise de l’activité et celle de l’emploi, n’a pas permis de combler le retard accumulé. Les entreprises, pour restaurer cette productivité, pourraient retarder leurs décisions d’embauches. C’est d’ailleurs ce que suggère la stabilité du taux de chômage au troisième trimestre, à 9,3% de la population active (France métropolitaine) (cf. graphique 3). Les ménages ne s’y trompent pas : leur moral reste très dégradé (l’indice Insee est à -36 en décembre). Au total, la consommation privée devrait croître à un rythme modéré, de l’ordre de 1,8% en 2011, puis se renforcer, à 2,1% en 2012. France : un taux de chômage élevé 10,5 800 a-a, 000' % 10,0 600 9,5 400 9,0 200 8,5 0 8,0 -200 7,5 -400 7,0 -600 00 L’investissement des entreprises devrait progressivement se redresser (cf. graphique 4). Depuis le deuxième trimestre 2010, les entreprises réinvestissent. Elles profitent de conditions de financement très avantageuses pour remplacer et moderniser le capital devenu obsolète pendant la récession. Toutefois, ce mouvement devrait manquer d’allant. D’une part, les anticipations de demande restent extrêmement volatiles en cette sortie de récession. D’autre part, un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salaires pourrait ternir les perspectives de profits (cf. focus). Nous tablons sur une progression de 2,7% en 2011 et 3,8% en 2012 de l’investissement des entreprises. 01 02 03 04 05 06 07 No mbre de chô meurs So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . 08 09 10 Taux de cho mage Graphique 4 France : une reprise molle de a/a, % l'investissement des entreprises 10 P révisio ns 8 1. Récessio n de 1993 6 4 2 0 -2 -4 2. Quasi-récessio n de 2001 -6 -8 3. Récessio n de 2008 -10 Au regard de l’ensemble de ces éléments, la phase de tassement de la croissance devrait se poursuivre encore quelques trimestres. Ensuite seulement viendra le temps de l’après-crise. Dans ce contexte, la croissance française devrait atteindre 1,5% en moyenne en 2011 et 1,9% en 2012. 90 94 98 02 06 10 Investissement des entreprises (SNF et EI) So urces : Insee, Crédit A grico le S.A . Tableaux 1 & 2 Prévisions France (variation annuelle en %) PIB Consommation privée Investissement des entreprises Investissement des ménages Com pte des m énages Revenu disponible brut Taux d'épargne des ménages Taux d'épargne financière Com pte des entreprises Excédent brut d'exploitation Taux de marge (EBE/VA) Taux d'autofinancement (RDB/Inv.) Prévisions France (variation trim estrielle en %) PIB consommation privée investissement variation des stocks (c) exportations nettes (c) Taux d'épargne Taux de chômage * Prévisions Crédit Agricole S.A. 2009 2010* 2011* 2012* -2,5 0,6 -8,5 -8,7 1,5 1,6 -1,8 -2,2 1,5 1,8 2,7 1,9 1,9 2,1 3,8 2,6 1,1 16,2 6,9 2,6 16,1 7,0 3,0 15,9 6,8 3,5 15,8 6,7 -9,0 29,8 63,6 1,5 29,7 62,8 * Prévisions 6,6 3,0 30,4 30,6 64,4 65,3 Crédit Agricole S.A. 2010 T1 0,2 0,0 -0,9 -0,3 0,7 15,9 9,5 T2 0,6 0,3 0,9 0,5 -0,4 16,1 9,3 2011* T3 0,3 0,5 0,4 0,2 -0,5 16,2 9,3 T4* 0,4 0,6 0,4 0,2 -0,2 16,1 9,4 T1 0,3 0,3 0,4 0,1 -0,1 16,0 9,3 N°27 – janvier 2011 T2 0,3 0,4 0,4 0,0 0,0 15,9 9,2 T3 0,5 0,5 0,6 0,0 0,0 15,8 9,2 2012* T4 T1 T2 T3 T4 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,6 0,6 0,7 0,7 0,8 0,8 0,0 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 -0,1 -0,1 0,0 -0,1 15,8 15,6 15,5 15,4 15,5 9,1 9,1 9,0 8,9 8,8 c : contribution à la croissance du PIB (en %) 2 Axelle LACAN [email protected] Focus : amélioration poussive des comptes des entreprises Malgré le rebond de la productivité et la suppression de la taxe professionnelle, les profits restent très modestes en 2010. Les conséquences sur l’investissement et la croissance sont dommageables. Dans un contexte d’assainissement des finances publiques, l’amélioration des comptes des entreprises resterait poussive en 2011. Les années 2008 et 2009 ont été particulièrement médiocres pour les profits des entreprises françaises (respectivement -11% et -8,7% en moyenne annuelle). Malheureusement, l’année 2010 n’a pas été l’année tant espérée du rattrapage. Tableau 1 Compte d'exploitation des entreprises non financières 2010 Variation t/t-1 %, cjo-cvs acquis T1 T2 L’analyse des comptes des entreprises non financières le prouve. Valeur ajoutée 0,0 1,0 0,9 -3,7 Subventions Total des ressources 3,1 1,6 0,1 En particulier, le compte d’exploitation des entreprises non financières (cf. tableau 1) est resté en demi-teinte. D’un côté, les ressources d’exploitation (valeur ajoutée et subventions) des entreprises ont progressé mollement, en lien avec un redressement modeste de l’activité. De l’autre, les charges d’exploitation (rémunérations des salariés et impôts liés à la production) sont restées dynamiques. Rémunérations des salariés Au total, au troisième trimestre, l’acquis de croissance de l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui correspond au solde entre les ressources et les charges d’exploitation précédemment décrites, et que l’on peut donc associer avec précaution aux « profits globaux 1 » au sens de la comptabilité nationale, apparaît comme très modéré, à 1% pour les sociétés non financières (SNF). Par ailleurs, l’acquis de croissance du revenu disponible brut (ou « épargne ») des SNF (cf. tableau 2) reste négatif à -4,3% à la fin du troisième trimestre. Ce résultat a toute son importance. Il correspond en effet aux profits une fois les dividendes et les impôts sur les bénéfices versés et peut donc être assimilé, là encore avec précaution bien entendu, aux profits réinvestis au sens de la comptabilité nationale. Croissance modérée des profits et recul de l’épargne des entreprises non financières caractérisent donc cette année 2010 (cf. graphique 1). Le rebond de la productivité et la suppression de la taxe professionnelle allaient pourtant dans le sens d’une amélioration des comptes des entreprises…. Alors, comment expliquer ces différentes évolutions ? Qu’attendre en 2011 ? Impôts liés à la production Total des charges 0,1 0,6 1 T3 2009 1,2 4,7 7,9 0,9 -3,5 1,3 1,2 0,5 -1,5 2,4 -14,0 1,9 1,5 4,6 -10,3 -0,6 1,2 0,6 -1 1,4 1,4 0,6 1,5 -7,7 1,2 dont sociétés non financières 1,6 Sources : Insee, Crédit Agricole S.A. 0,4 1,8 -9,0 1,0 Excédent brut d'exploitation Tableau 2 Compte de revenu des sociétés non financières 2010 Variation t/t-1 %, cjo-cvs acquis T1 T2 T3 2009 2010 Excédent brut d'exploitation 1,6 0,4 1,8 -9 1 Revenus de la propriété de l'entreprise -0,4 0,3 1,0 -12,2 Cotisations sociales 0,5 1,0 0,5 -1,5 1,6 Autres transferts reçus Total des ressources -1,6 -0,9 -0,1 27,5 1,9 0,7 0,3 1,4 -9,7 -0,6 Revenus de la propriété de l'entreprise -1,5 -0,5 0,5 -5,4 -4,1 Impôts sur le revenu -13,0 39,8 19,6 -61,3 82,9 -3,1 Prestations directes employeurs 0,5 1,0 0,5 -1,5 Autres transferts versés Total des charges -0,4 0,0 0,4 7,6 1,3 -2 1,9 2 -10 0,5 Revenu disponible brut 1,6 10,7 -4,8 -0,7 -8,7 -4,3 Sources : Insee, Crédit Agricole S.A. Graphique 1 % France : croissance modérée des profits et recul de l'épargne en 2010 19 La valeur ajoutée augmente légèrement 2010 % 34 17 Après deux années de forte contraction, la production des entreprises françaises s’est redressée, en phase avec le rebond cyclique et une amélioration de la confiance des chefs d’entreprise. 32 15 30 13 taux d'épargne (RDB /VA ) En témoignent les différentes enquêtes de conjoncture réalisées notamment par l’Insee. Si certains secteurs restent en difficulté, à l’instar de la construction, la conjoncture se redresse dans la plupart des autres secteurs. 1 taux de marge (EB E/VA )(dte) 11 28 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . Profits avant distribution des dividendes. N°27 – janvier 2011 3 Axelle LACAN [email protected] Dans les services comme dans l’industrie, les indicateurs synthétiques ressortent même au-delà de leur moyenne de longue période en décembre, à 103 pour chacune des deux enquêtes. Par ailleurs, les composantes relatives à la production sont orientées favorablement. Dans l’industrie, la production passée et les perspectives personnelles de production se sont nettement redressées (cf. graphique 2). Cette amélioration du climat des affaires a incité les chefs d’entreprise à augmenter leur production. Les secteurs en amont du système productif, qui ont été les premiers à décrocher lors de la crise, sont logiquement les premiers à se redresser. En novembre, sur les trois derniers mois, la production manufacturière affiche une progression de 4,9% par rapport aux trois mêmes mois en 2009. En revanche, dans la construction, la production reste en recul (-3% T/T-4) : dans un environnement qui reste incertain, les investisseurs font montre de prudence, ce qui incite les entreprises à limiter encore cette année leur production. Graphique 2 France : dans l'industrie, des composantes relatives à la production encourageantes 40 so ldes d'o pinio n 30 20 10 0 -10 -20 -30 -40 P erspectives perso nnelles de pro ductio n -50 P ro ductio n passée -60 96 Au total, la production industrielle dans son ensemble est en hausse de 5,3% T/T-4 à fin novembre (cf. graphique 3). Les secteurs directement liés à la consommation des ménages, tels que les services marchands et le commerce, se redressent également, mais de manière plus modérée. La valeur ajoutée, résultat de cette production dont on retranche les consommations intermédiaires, affiche au final une hausse de 1,2% en acquis pour 2010 à la fin du troisième trimestre. Toutefois, après avoir reculé de 3,7% en 2009, cette progression apparaît comme très modeste. Le niveau de la valeur ajoutée d’avant crise n’a d’ailleurs pas été rattrapé (cf. graphique 4). Et plus surprenant, malgré la suppression de la taxe professionnelle au premier trimestre, l’EBE dégagé à partir de cette valeur ajoutée n’a pas progressé plus rapidement que cette dernière depuis le début de l’année…. 98 00 02 04 06 08 10 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . Graphique 3 France : rebond des productions industrielle et manufacturière en 2010 10 % a/a,mm3 5 0 -5 -10 P ro ductio n industrielle -15 P ro ductio n manufacturière -20 -25 92 94 96 98 00 02 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . 04 06 08 10 La hausse des profits reste poussive Comme indiqué précédemment, l’EBE est une des mesures des profits des sociétés (avant distribution des dividendes) en comptabilité nationale. En 2009, l’EBE des entreprises non financières s’est fortement contracté, affichant un recul de près de 8% sur l’année et témoignant de l’ampleur de la récession traversée. Malgré ce recul sévère, le rebond technique attendu en 2010 n’a pas eu lieu, et ce en dépit de facteurs favorables. Graphique 4 France : reprise très molle de la valeur ajoutée des SNF 108 106 B ase 100 = pic d'activité 104 102 100 98 Rebond de la productivité… L’activité croît et l’emploi reste sous pression. Le taux de chômage ressort en effet à 9,3% de la population active en France métropolitaine au troisième trimestre. C’est un niveau élevé, plus élevé en moyenne qu’en 2009. N°27 – janvier 2011 96 94 0 1 2 3 4 5 6 Cho c de 1992 Cho c de 2001 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . SA 7 8 9 10 Cho c de 2008 4 Axelle LACAN [email protected] Entre le point bas de l’emploi (quatrième trimestre 2009) et le troisième trimestre 2010, seuls 75 000 emplois ont été créés dans l’ensemble des secteurs marchands (hors agriculture). Graphique 5 France : rebond de la productivité des sociétés non financières % En conséquence, la productivité rebondit depuis le début de l’année (cf. graphique 5). 4 2 … et suppression de la taxe professionnelle… Depuis le 1er janvier 2010, la taxe professionnelle est définitivement supprimée pour toutes les entreprises. Elle est remplacée par une contribution économique territoriale, assise en partie sur les bases foncières, en partie sur la valeur ajoutée, et plafonnée au total à 3% de la valeur ajoutée. Au premier trimestre 2010, les impôts liés à la production ont ainsi fortement diminué (-14% t/t), entraînant un rebond du taux de marge des SNF, de 35,9% au quatrième trimestre 2009 à 36,4% au premier trimestre 2010. Aux deuxième et troisième trimestres, les impôts liés à la production ont repris un rythme d’évolution plus classique (respectivement +1,9% t/t et +1,5% t/t). …mais hausse des salaires Le marché du travail reste dégradé, et pourtant les salaires sont repartis à la hausse dès le troisième trimestre 2009. L’acquis des rémunérations des salariés (salaires bruts, cotisations sociales employeurs et cotisations imputées) ressort à 2,4% au troisième trimestre 2010. 0 -2 P ro ductivité (VA /Emplo i) -4 92 94 96 98 00 02 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . 04 06 08 10 Graphique 6 France : le salaire moyen par tête accélère a/a, % 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 Après avoir fléchi pendant la crise, les revenus d’activité repartent en effet à la hausse. Ils profitent d’une accélération du salaire moyen par tête (cf. graphique 6). Celle-ci est due à un léger redressement de l’emploi. De plus, les primes de résultats dans le tertiaire avaient fortement diminué début 2009. En 2010, avec le rebond de l’activité, elles ressortent en hausse. 1,0 0,0 -1,0 P o uvo ir d'achat du RDB -2,0 92 94 96 98 00 02 06 08 10 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . Au total, la masse salariale augmente plus rapidement que la valeur ajoutée des SNF (cf. graphique 7), ce qui pèse mécaniquement sur leur taux de marge (rapport de l'excédent brut d'exploitation à la valeur ajoutée). Au deuxième trimestre, les salaires réels ont contribué négativement à la variation du taux de marge à hauteur de 0,4 point, effaçant ainsi l’impact positif de la productivité (contribution de +0,3 point) (cf. tableau 3). Salaire par tête 04 Graphique 7 France : hausse moins rapide de la valeur ajoutée des SNF que de la masse salariale 10 8 a/a, % 6 Au final, sur les trois premiers trimestres 2010, la progression des salaires compense la baisse des impôts liés à la production et les gains de productivité. 4 2 0 -2 Au total, les charges d’exploitation restent donc stables pour les entreprises non financières. En conséquence, les profits évoluent ainsi au même rythme que les ressources d’exploitation. N°27 – janvier 2011 -4 -6 Valeur ajo utée des SNF M asse salariale des SNF 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . 5 Axelle LACAN [email protected] Tableau 3 Décomposition du taux de marge des SNF variations t/t--1 % 2009 2010 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 -0,6 -0,3 -0,5 -0,2 0,5 -0,1 0,2 Productivité en termes de VA (+) -1,0 0,7 0,4 0,6 0,1 0,3 0,1 Salaires réels (-) -0,1 0,5 0,4 0,5 0,0 0,4 0,1 Ratio du prix de la VA au prix de la conso (+) 0,4 -0,5 -0,4 -0,3 -0,4 0,0 0,2 Autres éléments (+) -0,1 -0,1 0,0 0,0 0,8 0,0 -0,1 Variation du taux de marge Contributions à la variation du taux de marge … et l’épargne recule Graphique 8 L’acquis pour 2010 du revenu disponible brut des SNF est négatif au troisième trimestre, à -4,3%, après -11% en 2008 et -8,7% en 2009 (cf. graphique 8). Les impôts sur le revenu (impôts sur les bénéfices), notamment, ont augmenté rapidement depuis le début de l’année, avec un acquis de l’ordre de 82,9% pour 2010 à la fin du troisième trimestre (après -61,3% en 2009). L’expiration en 2010 de différentes aides fiscales accordées aux entreprises pendant la crise (en particulier dans le cadre du plan de relance 2008) a amplifié la hausse cyclique de l’impôt sur les sociétés. France : l'épargne des SNF recule, leur investissement reste modéré 19 % 20 a/a, % 12 17 8 4 15 0 -4 13 -8 -12 11 Au total, le revenu disponible brut continue à se contracter en 2010, à un rythme toutefois moins soutenu qu’en 2009. Or, ces profits, dont on a déjà déduit les dividendes versés aux actionnaires, correspondent à l’autofinancement dont disposent les entreprises, soit pour investir, soit pour renforcer leurs fonds propres. Son recul a donc un impact non négligeable sur les perspectives d’investissement, donc de croissance. Les PME sont les premières victimes de cette insuffisance d’épargne. Elles n’ont pas (ou très peu) accès aux marchés financiers et les conditions d’octroi de crédits bancaires restent serrées pour cette catégorie d’entreprises : l’autofinancement prend donc une importance toute particulière. Or, sur l’année 2010, seule une timide reprise de l’activité des PME a été constatée. De plus, au vu de l’enquête BCE d’octobre 2010 auprès des PME (évolution de la situation financière au cours de la période mars 2010-septembre 2010 cf. graphique 9), les profits des PME connaîtraient toujours un léger repli en 2010. 98 00 02 04 Taux d'épargne (RDB /VA ) 06 08 10 FB CF en vo l (dr) So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . Graphique 9 France : situation financière des PME au cours des six derniers mois 100% 80% 60% 40% 20% 0% Chiffre Co ût du d'affaire travail A utres co ûts Intérêts Hausse Inchangé B aisse So urce : B CE, Crédit A grico le S.A . N°27 – janvier 2011 16 P ro fits M arges P as de répo nse 6 Axelle LACAN [email protected] Un avenir plus serein, mais pas pour autant dynamique En 2011, les profits devraient augmenter à un rythme un peu plus soutenu. Le rebond de la productivité va se poursuivre, notamment grâce à une reprise très modérée de l’emploi. Cette dernière devrait par ailleurs maintenir sous pression les salaires. Graphique 10 % 19 France : amélioration progressive à venir des comptes des entreprises % 33 P révisio ns En revanche, les impôts liés à la production (moindre allègement qu’en 2010 au titre de la suppression de la taxe professionnelle) pourraient connaître une progression un peu plus dynamique. Nous prévoyons une hausse de l’EBE de l’ordre de 6,6% en 2011 pour les SNF. Parallèlement, l’épargne devrait se redresser. Toutefois, elle progressera de manière moins soutenue que les profits : la pression fiscale, dans un contexte de réduction du déficit public, devrait croître (expiration des dernières aides notamment). Nous prévoyons une progression de l’ordre de 4,6% du revenu disponible brut en 2011 pour les SNF. 32 17 31 15 30 13 29 11 mars-08 28 mars-09 So urce : Insee, Crédit A grico le S.A . mars-10 mars-11 mars-12 taux d'épargne (RDB /VA ) taux de marge (EB E/VA )(dte) En conclusion, l’amélioration des comptes des entreprises (cf. graphique 10) en 2011 devrait entraîner un redressement de l’investissement des SNF. Toutefois, les profits et l’épargne devraient rester bridés, notamment par les mesures liées à la réduction du déficit public. Ainsi, la reprise de l’investissement resterait modeste…. et la croissance également. Achevé de rédiger le 17 janvier 2011 Directeur de la Publication : Jean-Paul Betbèze — Comité de Rédaction : Axelle Lacan Réalisation & secrétariat de rédaction : Fabienne Pesty Contact : [email protected] Crédit Agricole S.A.— Pôle Études Économiques Groupe — 75710 PARIS Cedex 15 — Fax : +33 (0)1 43 23 58 60 Copyright Crédit Agricole S.A. — ISSN : 1768 - 9538 Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l’une de ses filiales ou d’une Caisse Régionale. 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