Introduction
Portant sur les sociétés et les services d’assurances, cette partie
du rapport sur
la
spoliation financière
n’a
pas
le
même statut que
la
pré-
cédente.
Elle
constitue une première approche et ouvre des pistes de
recherche plutôt qu’elle ne les examine dans
le
détail.
À
cela plusieurs
raisons, qui tiennent
à
la
conservation des archives et
à
l’orientation
ini-
tiale
prise par les recherches.
De
la
part des sociétés ou des services d’assurances de
la
Caisse
des dépôts et consignations comme de
la
Fédération française des socié-
tés d’assurances, les archives qui ont été communiquées à
la
Mission sont
peu nombreuses.
Elles
offrent des traces qui permettent de reconstituer
un cheminement et de peindre à grand
trait
un tableau, mais leur disper-
sion rend
difficile
l’analyse
quantitative ou
le
suivi chronologique serré
indispensable
à
l’intelligence
complète desévénements.
Cet
ensemble de
documents constitue une première
« génération »
d’archives, celle qui
caractérise
le
début d’une recherche, lorsque les entreprises et les organi-
sations professionnelles, dont ce
n’est
pas le métier, rencontrent des
diffi-
cultés
à
retrouver les richesses documentaires qu’elles recèlent.
Faut-il
ajouter qu’en France, parmi les sociétés privées, un seul groupe,
Allianz-AGF,
dispose d’un service d’archives historiques ?
Venant de
la
direction des Assurances au ministère des Finances,
les archives sont plus abondantes.
Ce
ne sont souvent,cependant, que des
morceaux de dossiers. Des courriers isolés et des restes de travaux
d’enquête lancent des appels au chercheur,
mais
ils
ne trouvent leur sens
que dans
la
mise
en
regard
avec
d’autres
sources.
Les
documents
retrouvés
du
Comité
d’organisation
des assurances qui, de
1940
à
1945,
a
joué
un
rôle
déterminant dans
la
profession, n’échappent pas à
cette
règle.
Le
caractère discontinu de
l’ensemble
des sources publiques et
privées peut s’expliquer de deux façons.
D’une
part, de
1940
à
1945,
la
multiplication
des décideurs publics et
privés
a
morcelé
les
responsabili-
tés : au lieu
d’un
jeu
à
deuxentre
le
ministère et
la
Fédération française
des sociétés d’assurances, on eut une partie à quatre entre les deux pre-
miers, auxquels se sont ajoutés
le
Commissariat général aux questions
juives
(CGQJ)
et
le
Comité d’organisation.
Il
est possible que cette situa-
tion, au lieu de multiplier les dossiers
d’instruction,
ait déresponsabilisé
leséchelons de
la
chaîne décisionnelle.
Les
effets
redoutables de ce
frac-
tionnement des responsabilités et
la
manière dont
il
a
facilité
en
le
banali-
sant l’accomplissement
d’un
processus hors de
l’ordinaire,
ont déjà été
La documentation Française :
La Spoliation financière. Volumes 1 et 2 / Mission d,étude sur la spoliation des Juifs de France ; présidée par
Jean Mattéoli ; rapport rédigé par Claire Andrieu.