Evaluation de I`activité physique et de la tolérance à l`effort

Evaluation
de I'activité
physique
et de
la
tolérance
à l'effort
chez des
personnes
lourdement
handicapées
vivant
en
institution.
Martin
Caret('), Alain
Chamouxe), AnneCatherine
Margot0), François Brunet{o)
nÉsunÉ
La recherche
aborde un domaine
physiologique
encore
peu
étudié
en
mesurant
la tolérance
et
I'adaptation
à I'effort lors
d'activités de la vie
quotidienne
et d'activités
physiques
adaptées
proposées
par
I'institution.
Le
paramètre
étudié
est celui de la
fréquence cardiaque. La
population
de l'étude est constituée de
22
personnes
lourdement
handicapées
(les personnes
ainsi désignées
montrent des capacités ou des
comportements adaptatifs fortement
limités. Ces
expressions
multiples
(déficience
mentale
sévère
ou
profonde)
associées
pour
certains
une déficience
motrice,
entraînent
une
restriction extrême
de
I'autonomie
et
des
possibilités
de
perception,
d'expression et de relation)
des deux
sexes, d'âge
moyen
de 2B
ans, tous
pensionnaires
de la même institution.
Les sujets sont répartis
en deux
groupes
en
fonction de leur autonomie
motrice. Les fréquences
cardiaques
ont
été collectées avec des
cardiofréquencemètres
et traitées
à I'aide
du programme
d'exploitation
LAC
981.
Plusieurs
paramètres (fréquences
cardiaques
de
repos, adaptation
et
récupération
à I'effort lors
d'activités
physiques
adaptées)
montrent
qu'il
est
possible
pour
la majorité de ces
sujets,
de
pouvoir
accéder à un niveau
d'activité
physique
minimd aussi
bien
qu'au
développement d'aptitudes
aérobies
(tolérance
à l'effort)
si des
programmes
individualisés leurs
sont
proposés,
permettant
ainsi l'entretien de
la
santé
et
de I'autonomie
domestique.
il0TS
GtÈS Personnes
handicapées,
activités
quotidiennes,
exercices,
enregistrement
de
Fc
sur 24
heures.
(11
UFR STAPS Université Blaise Pæcal
Clermont-Ferrand ll
(2) Laboratoire de Medecine
du Travail, Faculté
de Médecine, IJniversité
d'Auvergne Clermont-Fenand I
(3) (4)
UFR
STAPS Université
du linoral,
Côte d'opale,
Dunkerque Laboratoire RttACs.
l9 BSyggEqIgASg3 ll4ndicap
Mental
ItlIR0DUCIl0ll
Se
livrer à une
activité
physique
régulière
et de
loisir,
de
pair
avec
une
activité
sportive
est
une attitude
essentielle
à la
promotion
de la santé,
du
bien-être
et au
maintien
d'une
autonomie
motrice.
Des études
antérieures
ont
montré
que
les
personnes
en situation
de handicap
sont
généralement moins actives
que leurs
pairs
valides
(FFSA.
1995,
Margot.2000,
Mita.
1991,
Ried. 1985,
Tomporowsky.
1985) et
qu'elles
peuvent aussi
s'adapter
à des
niveaux
d'activité
physique
plus
élevés
et donc
améliorer
leur
condition
physique
(Di
Rocco.
1985, Heath
. 1997,
Margot.
2000,
Santiago.
1993,
Tomporowsky.
1985).
Ces
travaux,
parmi
d'autres,
ont
également
rapporté
que
la
participation
à une activité
physique
régulière
peut
améliorer
I'autonomie
motrice
et la
qualité
de
vie. Par
ailleurs,
plusieurs auteurs
ont
mentionné
que
la
pratique
d'une
activité
physique
ou d'un
sport
peut
être
associé
à une
réduction
de
pensées
négatives
et
une
amélioration
de I'estime
de
soi
(Simard.
1995, US
Dpt.
of Health
and
Human
Services.
1998).
Bien
que
I'activité
physique
puisse
avoir
une incidence
sur
I'autonomie
fonctionnelle
et
la
qualité
de
vie,
des
barrières
socioculturelles
restent
encore
dressées
considérant
d'emblée
I'activité
physique
comme
peu
accessible
à ces
populations.
C'est
une des
conséquences
des
représentations
sociales,
le
plus
souvent
négatives,
des
personnes
handicapées.
Plus
la
personne
est
en
difficulté,
plus
la
foi en son
éducabilité
et
en ses
possibilités,
fait,
de
prime
abord
problème.
Par ailleurs
la
persistance de
la vieille
querelle
entre
médecins
et
pédagogues
entretient
une
concurrence
entre
les activités
physiques
rééducatives
considérées
comme
légitimes
dans
un modèle
biomédical
encore
dominant
et les
activités
physiques
ou corporelles
(éducatives,
conviviales,
sportives
ou de loisirs)
relevant
davantage
d'un
modèle
sociétal
qui
reste à construire.
C'est
pourquoi,
il reste impératif,
au-delà
des bénéfices
traditionnels
attendus
des
activités
physiques
(plaisir
d'agir,
renforcement
du
lien social),
de
fournir
des données
physiologiques objectives,
démontrant
les bienfaits
d'une
activité
physique
adaptée
sur
la santé,
y comPris
Pour
les
personnes les
plus
démunies.
Cette étude
a utilisé
des
enregistrements
de
fréquence
cardiaque
(Fc)
sur 24
heures
ainsi
que
des fiches
d'observations
pour
évaluer
I'activité
physique
quotidienne
ainsi
que
I'astreinte
cardiaque
exigée
par
différentes
tâches
quotidiennes
(toilette,
repas,
activités
spontanées,
etc.)
chez des
personnes
vivant
avec
des
déficiences
intellectuelles
et physiques
associées.
La
méthode
des coûts
cardiaques
a été utilisée
pour quantifier I'astreinte
cardiaque
induite
par
ces
diverses
activités
(Chamoux.
1999,
Caudemaris.
1998).
Bien entendu,
la Fc seule
n'est
Pas
I'indicateur
physiologique
le
plus
précis
pour
estimer
une
astreinte
physiologique
globale.
ll est
cependant
I'outil de
mesure
le
plus
adapté
à ce
type
d'étude
(en
conditions
de vie)
par
sa
simplicité
d'obtention
et d'utilisation,
son
économie
financière,
sa
non
invasivité,
et le
peu
de
gêne
que
sa
mesure
peut
Procurer
aux
Participants.
Une
des
limites majeures
à I'utilisation
de la
Fc réside dans
ses
variations
qui
ne
sont
pas
uniquement
dues
à
I'exercice
physique
mais
également
aux
conditions
environnementales
telles
que
l'état
émotionnel,
le stress
et la température
ambiante.
Dans ces
conditions,
si on
trouve
des
niveaux
faibles
d'activité
cardiaque,
cela
impliquerait
que
la
part
due à l'activité
physique
est
encore
plus
réduite.
De
plus,
associé
à une
observation
clinique
avec des
fiches
chronologiques
de
suivi, une
forte accélération
cardiaque
peut
être
dissociée
d'une
augmentation
cardiaque
due
à un exercice
physique.
Par
ailleurs,
la Fc s'est
montrée
appropriée
dans
I'estimation
de
I'activité
physique
journalière
en
termes
de
dépense
énergétique,
chez
des
individus
infirmes
moteurs
cérébraux
avec
un faible
niveau
d'activité
physique
(Van
den
Berg-Emons.
1995,
1996).
Une
autre
partie
de cette
étude traite
de
I'influence
de
la
posture
sur
l'astreinte
cardiaque.
L'institution
a
développé
un
appareillage
permettant
de
maintenir
des
personnes
circulant
en
fauteuils
roulants électriques
dans
une
position
assise
corrigée
qui
s'est
avérée
tout
à fait
performante
dans
la
prévention d'escarres
et
de fausses
routes
lors de
la déglutition.
Cet
appareillage
est
un corset de
maintien
(érection
de la colonne
vertébrale,
angle tronc-cuisse
de 90'
et tronc-hanche
de 80",
lordose
lombaire
et tête
maintenue
droite
et
relevée)
qui permet
de
pallier
la
dégradation
d'une
position
assise
spontanée
(cyphose
dorsale,
tête
tombante,
torsion
de
la colonne
vertébrale)
chez des
personnes
assises
en
permanence
en
fauteuil.
Ainsi,
le second
objectif de
cette
recherche
porte
sur I'influence
du
port
de
ce corset
sur I'astreinte
cardiaque
quotidienne.
SIfJETS,
Onlrcnrs
''SCÉDURE
rxpÉrumrNtlux.
ET ilÉTH0DE
Le but
de cette
étude
est de
quantifier,
pour
ces
populations
particulières, I'astreinte cardiaque
lors des
différentes
activités
quotidiennes.
Nous
avons
choisi
4 situations
sur 24
heures
nous
permettant
de
répondre au
mieux
aux
questions
suivantes
:
- la
sollicitation
physiologique induite
par
les activités
physiques
adaptées
est-elle
appropriée
pour
atteindre
son objectif
soit
l'optimisation
de
I'aptitude aérobie
?
-
les
activités
de la
vie
quotidienne
demandent-elles
la
production d'un
effort
démesuré
par
rapport
à
I'importance
de
la
tâche
considérée
?
-
pour
les sujets en
fauteuil,
la
position
assise corrigée,
palliant
la
position
spontanée
dégradée,
permet-elle
un
meilleur flux
sanguin
réduisant
de fait
l'astreinte
cardiaque
quotidienne
?
2l
Popuunoru.
Sur
un effectif
total
de
44 résidents,
la
population
d'étude
était
composée
de
22 parlicipants
(14
hommes,
B
femmes,
âge
moYen
= 28, B
I
7,6 ansl
sévèrement
et profondément
handicapés
selon
la définition
2
émise
au Congrès
Européen
sur
les
activités
motrices
des
Personnes
handicapées
à Vanves
(1995).
Leurs
étiologies
sont
diverses
(encéphalopathie,
autisme,
trisomie,
infirmité
motrice
cérébrale
etc.)
et
des
pathologies
peuvent
être
surajoutées
conduisant
à des
degrés
divers
de
troubles
physiques,
psychiques
et sensoriels.
Ces
participants
ont suivi
un examen
médical
complet
avant
le
début
de
l'étude
et
prennent
des
médicaments
qui
n'ont
pas
d'influence
sur
le
svstème
cardiovasculaire.
Ces
2i personnes
ont été
séparées
en
2 groupes selon
leur
degré
d'autonomie
motrice.
Seize
personnes, hommes
et
femmes,
avec
une autonomie
motrice
élevée,
c'est-à-dire
pouvant
marcher
sans
ou avec
peu
d'aide
(cannes, béquilles),
constituaient
le
premier
groupe
(C1).
Les 6 autres
personnes,
toutes
en
fauteuil
roulant
électrique,
constituaient
le deuxième
groupe
(C2).
Les
participants ont
été
sélectionnés
au
hasard
Parmi
les
44
résidents
de
I'institution.
Certains
participants
ont été
exclus
au
cours
de
l'étude
car
ils
ne suPPortaient
pas le
cardiofréquencemètre,
ou
avaient
un dossier
final
incomplet.
MrrÉnrn.
Nous
avons
utilisé
des
cardiofréquencemètres
de
type
Accurex
Plus
ou PE 4000
(Polar
Electro
Oy,
Finland)
dont
la
précision
a été
démontrée
par
ailleurs
(Codsen.
1
991,
Laukkanen.
1 998),
Pour
collecter
les
Fc,
qui
ont été
transférés
à un
ordinateur
et traitées
avec
le
logiciel
d'analyse
cardiaque
LAC 981
(Chamoux. 1999).
La descriPtion
et
le détail
(durée,
heures
de début
et
de fin)
des
activités
quotidiennes
ont
été
relevées
sur
des
fiches
d'observations.
Un
dossier
final
a
été
établi
pour
chaque
participanÇ
contenant
un
bref
état
civil,
un
dossier
médical
limité aux
informations
utiles,
les courbes
de Fc,
les fiches
d'observations
et le traitement
des
données.
tilÉTHODE
L'évaluation
de
I'activité
PhYsique
quotidienne ainsi
que
celles
des
différentes
tâches
a été
faite au
travers
des
Fc
relevées
sur
24 heures
et
d'indices
dérivés
qui
sont
: la
fréquence
cardiaque
moyenne
(Fcmoy),
la
fréquence
cardiaque
de
référence
nocturne
(FCRN)
et diurne
(FCRD), le coût
cardiaque
relatif
(CCR)
et le coût
cardiaque
relatif
corrigé
(CCRC).
- la Fcmoy
est
probablement
la
valeur
la
plus
utilisée
pour
avoir
une idée
générale de
I'intensité
d'un
exercice
physique. Cependant,
comme
n'importe
quelle valeur
moyenne,
elle
ne
nous
renseigne
pas
sur
l'évolution
du
phénomène observé
(alternance
Revue
Eu
travaille-repos
par
exemple). ll faut
alors
compléter
I'analyse
avec
d'autres
indices et demeurer
orudent
sur
les conclusions.
- la
FCRN est
la valeur
choisie comme
référence.
C'est
la médiane
des
Fc
lors de six
heures de sommeil
consécutives
ou
les Fc
sont
les
plus
basses.
Des études antérieures ont
proposé
de
prendre
cette Fc
comme
la
Fc de
repos standardisée donc
de
référence
dans le calcul des
coûts
cardiaques
(Chamoux.
1985,
1986). Cette
valeur
est
probablement
la
plus
reproductible et la
plus
proche
d'une
valeur
de
repos
absolue,
qui
reste
à être définie.
Utiliser cependant
cette
valeur
comme
référence
pour
la
partie
éveillée
de la
journée
semble
peu
légitime,
d'où la FCRD.
-
la
FCRD correspond
à la FCRN
+
15
pulsations
par
minute.
Cette
correction
prend
en compte
les
changements
inhérents
au
changement
de
position
(modifications
hémodynamiques)
et à
la vigilance.
Cette correction
permet par
ailleurs
une standardisation
de
la FCRD
pour
chaque
participant
et propose
une approximation
tout à fait
recevable
d'une
Fc de repos diurne
en
position
debout
(Chamoux.
1990).
-
le CCR
est
un
pourcentage
de la Fc
de réserve
et dépend donc de
la
FCRN et
de
la Fcmax. Dans cette
étude,
la Fcmax a été
déterminée
selon
la formule d'Astrand
(220-àge)
étant
donné
que
tout test d'effort
maximal
est
quasi
impossible
pour
ces
personnes
(Hopman.
1993,
Tomporowsky.
1985, Van
den
Berg-Emons.
1996).
6çB=(( Fcmoy-FCRN
)/(
Fcmax-FCRN
) )
x 100.
Le
CCR
est utilisé en
médecine
du
travail
pour
évaluer
la
pénibilité
d'un
poste
de
travail sur une
période
de
B
heures. Les
postes
de travail
étaient alors classés selon une échelle
de
pénibilité (Fig
1) affectant des
observations
qualitatives
aux
classes
limitées
par
des
valeurs
de CCR.
Cette
méthode des coûts cardiaques
est
désormais largement utilisée en
médecine du travail en France.
Dans
cette étude, le CCR servira de
référent
pour
faire des comparaisons
interindividuelles sur
les
activités
de
la vie
quotidienne.
Étant
donné
que
la
phase
diurne
de la
journée
est supérieure à B heures, il semble
acceptable de se
reporter à l'échelle
de
pénibilité
pour
évaluer I'astreinte
cardiaque.
-
le
CCRC est également
un
pourcentage
de
la Fc de réserve
mais dont la Fc
minimale
est
la
FCRD. Théoriquement
chaque
valeur
de CCRC équivaut
au même
pourcentage
de
V'O2max,
si la
Fcmax
est
précisément
connue
(Chamoux.
1993), d'ou l'utilisation
du CCRC dans
I'exploration des
activités
physiques
spontanées.
Les 4 situations
particulières
sur la
période
de
24 heures comprennent :
-
la nuit, essentiellement
pour
obtenir
la FCRN. Sa durée a également été
contrôlée
pour
vérifier I'adéquation
entre le rythme biologique
propre
des
résidents
et
le rythme de vie imposé
par
I'institution. Parmi
plusieurs
valeurs
de FCRN
pour
un
même
sujet,
nous
avons
gardé
la
plus
basse comme
23 B"eyu"e. Fyropéenne du Handicap Mental
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