5o6 G. BOCCARDI.
lui-même; mais comme il est impossible de voir
directementla
position du pôle ins-
tantané soit sur la sphère céleste soit sur le sphéroïde terrestre, on a recours à des
points visibles, observables, que Ton suppose fixes sur la voûte céleste, c'est-à-dire
aux étoiles. La distance angulaire de ces points au pôle étant bien connue, on en
déduit la distance du zénith au pôle, la colatitude. Cependant le pôle instantané se
déplace sur la voûte céleste par effet de la précession et de la nutation avec tous leurs
termes, qui sont très
nombreux'*
par conséquent, lorsqu'on veut déduire de l'obser-
vation des
étoiles(*)
les déplacements du pôle sur le globe, on doit nécessairement
supposer bien connus les déplacements du pôle sur la voûte céleste, c'est-à-dire les
variations de la distance du pôle à chacune des étoiles observées.
Remarquons aussi que les mouvements d'ensemble du globe avec tous ses points,
le pôle instantané y compris, mouvements qui constituent la précession et la nuta-
tion, ou les déplacements du pôle sur la sphère céleste, sont sans effet sur la colati-
tude,
qui est donnée par la distance du zénith au pôle; de sorte que s'il était possible
d'observer le pôle lui-même sur le ciel, les mouvements d'ensemble du globe ne
produiraient aucune variation Acp sur la latitude, et il en est de même lorsqu'on
observe une étoile au lieu du pôle, que Ton suppose fixe sur le globe, pourvu que
Ton connaisse bien les variations dans la position de l'étoile dues aux mouvements
d'ensemble du globe. Mais s'il restait à découvrir quelque mouvement sensible du
pôle instantané dans l'espace, l'inexactitude qu'il s'ensuivrait sur la position de
l'étoile nous conduirait à une valeur inexacte de la latitude cp, dans laquelle on trou-
verait un Acp apparent, illusoire, que Ton attribuerait à un déplacement inexistant
du pôle sur le sphéroïde. En d'autres termes, si Ton suppose le pôle instantané fixe
sur le sphéroïde, ou ses mouvements sur ce dernier bien connus, l'observation pour-
rait mettre en lumière des mouvements encore inconnus du pôle sur la sphère céleste
c'est-à-dire des mouvements d'ensemble de notre globe.
On a donc deux problèmes différents. Dans le premier cas, de l'observation des
étoiles on déduit les déplacements du pôle dans l'espace; dans le second, de la même
observation on déduit les déplacements du pôle sur le globe.
Mais aujourd'hui on suppose absolument bien connus tous les déplacements sen-
sibles du globe et du pôle dans l'espace, et Ton cherche à déduire de l'observation
des étoiles, par rapport au zénith, les déplacements du pôle sur le globe. La théorie
de la précession et de la nutation a été faite dans l'hypothèse que le pôle soit fixe sur
notre sphéroïde. Il y a là un petit cercle vicieux inévitable dans plusieurs recherches
astronomiques, dans lesquelles on commence par supposer bien connues les lois d'un
phénomène et, en partant de cette hypothèse, on passe à l'investigation d'un autre;
sauf à revenir ensuite sur le premier pour y apporter des retouches.
Puisque, d'après la théorie, le cône de la nutation diurne, dans l'espace, de Taxe
(')
Distance du zénith à l'étoile.