Lettres bonnes. Ils constituent une alternative permettant de préserver deux autres schémas thérapeutiques dans un contexte de pays à ressources limitées. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. doi: 10.1684/mst.2012.0092 Conflits d’intérêt : aucun. Sako F.B., Zoungrana J., Dembélé J.P., Kassi N.A., Ouattara S.I. Service des maladies infectieuses et tropicales, CHU de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire Correspondance : Sako FB <[email protected]> Travail de´die´ à la me´moire du Dr Ismael Songda Ouattara, qui nous a quitte´s le 6 juin 2012. Article accepté le 19/06/2012 Morbimortalité chez les patients infectés par le VIH à l'hôpital militaire de Libreville, Gabon Morbidity and mortality in HIV-infected patients in the Military Hospital in Libreville (Gabon) Abstract. Objective. To study the morbidity and mortality of HIV-infected patients at the military hospital in Libreville (Gabon). Materials & Methods. A retrospective study of the clinical records of 289 HIV-positive patients hospitalized in the department of internal medicine between January 2008 and December 2010. Results. The patient’s median age was 40 years (range: 18-70). The principal presenting complaints were fever (82%), weight loss (76.47%) and coughing (26.64%). Median time from symptom onset to consultation was 150 days (1-365). The predominant opportunistic diseases were oropharyngeal candidiasis (71.62%), all forms of tuberculosis (26.29%) and cerebral toxoplasmosis (23.87%). The median CD4 lymphocyte count was 177/mm3 (1-590). In-hospital mortality was 27.68%. The factors associated with death were long time to consultation and severe immunosuppression (CD4 count <100/mm3). Conclusion. Despite increased awareness, lateness of diagnosis and thus of treatment persist, and AIDS remains one of the principal causes of morbidity and mortality in Gabon. Key words: mortality, opportunist infections, HIV, Gabon. L es médicaments antirétroviraux ont amélioré l’espérance et la qualité de vie des personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), notamment dans les pays occidentaux. Au Gabon, comme ailleurs en Afrique, malgré l’introduction des trithérapies antirétrovirales, la mortalité liée au VIH/sida reste très élevée. L’objectif de notre travail était d’étudier la morbimortalité de l’infection à VIH à l’hôpital des armées de Libreville, à l’instar de la série d’Okome Nkoumou à la fondation Jeanne-Ebori [1]. Nous avons réalisé une étude rétrospective sur les dossiers des patients infectés par le VIH hospitalisés entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2010 dans le service de médecine de l’hôpital militaire de Libreville. Ont été inclus tous les patients dont la sérologie VIH était positive confirmée, l’examen étant réalisé après counseling pré-test et consentement éclairé du malade. Pour les patients inconscients ou comateux, le test a été fait systématiquement en présence de symptômes suggestifs. Les données épidémiologiques, cliniques et évolutives ont été recueillies sur une fiche individuelle. La saisie et l’analyse des données ont été faites grâce au logiciel Epi-info 3.5.1. La 334 Références 1. Galarraga O, O’Brien ME, Gutierrez JP, et al. Forecast of demand for antiretroviral drugs in low and middle-income countries: 2007-2008. AIDS 2007 ; 21 : S97-103. 2. Rey D, Krebs M, Partisani M, et al. Virologic response of zidovudine, lamivudine, and tenofovir disoproxil fumarate combination in antiretroviralnaive HIV-1-infected patients. J Acquir Immune Defic Syndr 2006 ; 43 : 5304. 3. Muyingo SK, Walker AS, Reid A, et al. Patterns of individual and population-level adherence to antiretroviral therapy and risk factors for poor adherence in the first year of the DART trial in Uganda and Zimbabwe. J Acquir Immune Defic Syndr 2008 ; 48 : 468-75. 4. DART Virology Group and Trial Team, . Virological response to a triple nucleoside/nucleotide analogue regimen over 48 weeks in HIV-1-infected adults in Africa. AIDS 2006 ; 20 : 1391-9. régression logistique a été utilisée pour l’analyse multivariée concernant les facteurs associés à la mortalité, avec un intervalle de confiance de 95 % (tableau 1). Deux cent quatre-vingt-neuf patients infectés par le VIH-1 ont répondu à nos critères d’inclusion. L’âge médian était de 40 ans (18-70 ans) avec un ratio H/F de 0,93. La tranche d’âge la plus touchée était celle de 25 à 40 ans, quel que soit le genre. Deux cent onze patients (73 %) étaient au stade sida à l’admission, parmi lesquels 73 (34,6 %) connaissaient leur statut antérieur, et parmi ces derniers, 15 (20,6 %) recevaient un traitement antirétroviral. Morbidité hospitalière des patients Les motifs de consultation les plus fréquents étaient la fièvre (82 %, n = 237), l’amaigrissement (76,5 %, n = 221), la toux (26,6 %, n = 77), la dyspnée (20,1 %, n = 58), les convulsions (17,7 %, 51 cas), la diarrhée (16,3 %, 47 cas) et les troubles de la conscience (13,2 %, 38 cas). Le délai médian entre l’apparition des symptômes et la consultation était de 150 jours (1-365 jours). Parmi les patients, 9 % (n = 26) présentaient un antécédent ou une comorbidité non liés au VIH. Les maladies opportunistes étaient, par ordre décroissant de fréquence : la candidose oropharyngée (71,6 %, n = 207), la tuberculose (26,3 %, n = 76), la toxoplasmose cérébrale (23,9 %, n = 69), la pneumopathie non spécifique (11,1 %, n = 32), la méningoencéphalite d’étiologie indéterminée (7,6 %, n = 22), la cryptococcose neuroméningée (4,5 %, n = 13), la méningite bactérienne (3,5 %, n = 10), le lymphome non hodgkinien (2,1 %, n = 6) et la maladie de Kaposi (2,1 %, n = 6). Le nombre médian de lymphocytes CD4+ était de 177/mm3 [1-590]. Mortalité hospitalière des patients Le taux de mortalité hospitalière était de 27,7 % (n = 80). Les pathologies impliquées dans les décès attribuables au sida étaient principalement la tuberculose (33,8 %), la toxoplasmose cérébrale (31,3 %), les encéphalites de cause indéterminée (12,5 %) et la cryptococcose neuroméningée (10 %). Parmi les patients décédés, 83,8 % avaient consulté cinq mois après le début des symptômes, et 88,8 % avaient moins de 100 lymphocytes CD4/mm3. Cette étude nous a permis de faire un premier aperçu sur la morbimortalité liée à l’infection par le VIH à l’hôpital militaire de Médecine et Santé Tropicales, Vol. 22, N8 3 - juillet-août-septembre 2012 Lettres Tableau 1. Facteurs associés à la mortalité. Table 1. Factors associated with mortality. Facteurs doi: 10.1684/mst.2012.0093 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Délai de consultation > 5 mois Affections neuroméningées Tuberculose CD4+ < 100/mm3 Décédés N (%) 67 (83,8 %) 64 (80 %) 19 (23,8%) 71 (88,8%) Libreville. Elle souffre des mêmes limites que toutes les études rétrospectives : un risque de sous-estimation des données et de biais de sélection et de recueil. Par ailleurs, l’insuffisance des moyens diagnostiques pour certaines affections rend parfois difficile l’affirmation avec certitude des causes exactes de décès, les patients présentant souvent des pathologies multiples. La médiane d’âge de notre série rend compte du caractère jeune de la population infectée par le VIH au Gabon. La majorité de nos patients était au stade sida, comme observé par d’autres auteurs africains [2], ce qui pose le problème du dépistage tardif du VIH – en Afrique, mais également dans les pays occidentaux où ce phénomène est mieux étudié [3, 4]. L’insuffisance d’information et de sensibilisation sur le VIH, l’itinéraire diagnostique souvent long, la peur du dépistage et la stigmatisation des malades sont les principaux obstacles. La létalité globale dans notre série était supérieure à celle d’Okome Nkoumou [1] dans un service de maladies infectieuses. La place de la tuberculose et de la toxoplasmose cérébrale au premier rang des causes de décès au cours du sida est rapportée par d’autres auteurs [5], ainsi que la forte mortalité due à la cryptococcose. Le recours tardif aux soins des patients et la non-disponibilité de médicaments pour le traitement de certaines pathologies opportunistes sont autant de facteurs qui peuvent expliquer cette mortalité élevée. Le sida reste une cause majeure de morbidité et de mortalité au Gabon. Les campagnes de sensibilisation doivent inciter au dépistage et à la prise en charge précoces. Le test sérologique du VIH devrait être proposé dans le bilan au cours des consultations de routine. La disponibilité de moyens de diagnostic et de traitements pour la plupart des infections opportunistes Médecine et Santé Tropicales, Vol. 22, N8 3 - juillet-août-septembre 2012 Sortis N (%) 97 (46,4 %) 67 (32,1 %) 57 (27,3%) 118 (56,5%) OR (IC 95 %) P 4,76 (2,08-10,88) 2,69 (0,97-7,44) 1,08 (0,51-2,28) 3,91 (1,25-12,20) 0,0002 0,0571 0,8410 0,0188 contribuerait certainement à réduire la mortalité chez les personnes infectées par le VIH dans les pays en développement. Conflits d’intérêt : aucun. Ondounda M.1, Magne C.2, Mounguengui D.3, Gaudong Mbethe L.2, Nzenze J.R.2 1 Service de maladies infectieuses et tropicales 2 Service de médecine interne 3 Service de pneumologie Hôpital d’instruction des armées Omar-Bongo-Ondimba, BP 20404 Libreville Gabon Correspondance : Ondounda M <[email protected]> Article accepté le 09/06/2012 Références 1. Okome Nkoumou MM, Okome Essima R, Obiang Ndong GP, Okome Miame F. Bilan clinicobiologique des patients infectés par le VIH à la Fondation Jeanne Ebori de Libreville (2002-2005). Med Trop 2007 ; 67 : 357-62. 2. Fortes Deguenonvo L, Manga NM, Diop SA, et al. Profil actuel des patients infectés par le VIH hospitalisés à Dakar (Sénégal). Bull Soc Pathol Exot 2011 ; 104 : 366-70. 3. Holtgrave DR. Costs and consequences of the US Centers for Disease Control and Prevention’s recommendations for opt-out HIV testing. PLoS Med 2007 ; 4 : e194. 4. Schwarcz S, Hsu L, Dilley JW, Loeb L, Nelson K, Boyd S. Late diagnosis of HIV infection: trends, prevalence, and characteristics of persons whose HIV diagnosis occurred within 12 months of developing AIDS. J Acquir Immune Defic Syndr 2006 ; 43 : 491-4. 5. Kra O, N’Dhatz M, Yao NA, et al. Morbi-mortalité des militaires à l’Hôpital Militaire d’Abidjan, Côte d’Ivoire. Med Trop 2008 ; 68 : 38-40. 335