1
Offre et demande globales
Toutes les économies enregistrent des fluctuations de leur PIB réel.
En effet, d
’une an
née à une autre,
les économies fluctuent.
Les entreprises peuvent être en situation de surproduction. Elles
rédui
alors
leur production
et licenci
ent
de la main d’œuvre. En conséquence, le chômage augmente et le PIB
réel baisse.
L’examen du profil du taux de croissance du P
ib
réel d
e
quelques pays de la région ouest africaine dans
la période 2006
-
2010 atteste que ces fluctuations
de l’éco
nomie
peuvent être de fortes ampleurs. A titre
d’illustration, l’économie nigérienne a connu une embellie en 2008 avant de plonger dans la récession
durant l’année
suivante. En effet, le taux de croissance du P
ib
réel du Niger est passé 9,3% en 2008 à
-
0,9
% en 2009. En revanche, l’évolution du taux de croissance réel des économies du Burkina Faso et du
Mali présente un meilleur profil puisque relativement moins soumise à des fluctuations
(Uemoa, 2010)
.
Graphique 1
: Evolution du taux de croissance réel du
Pib de quelques pays de la zone Uemoa, 2006
-
2010
Source
: Uemoa (2010).
Lorsque le phénomène
de baisse du Pib réel
n’est pas trop sévère, l’économie fait face à une
récession.
En revanche, si le phénomène prend une grande ampleur, une dépression s’inst
alle.
Dans ce chapitre, nous présentons l’offre globale et la demande globale qui représentent le cadre
analytique le plus couramment utilisé afin d’étudier l’économie à court terme.
La différence entre le
court terme et le long terme déterminera le compo
rtement de l’offre globale et, en définitive les
fluctuations de l’économie.
Court terme, long terme et fluctuations économiques
L’analyse articulée autour des théories qui tente d’expliquer comment sont déterminées les principales
variables macro
-
écon
omiques (
productivité et PIB réel, chômage, épargne et investissement, taux
d’intérêt, masse monétaire, taux d’inflation, etc.
) repose sur deux idées
: la dichotomie classique et la
neutralité de la monnaie.
Selon la dichotomie classique
qui distingue le
s variables réelles des variables
-
2,0
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
Sénégal
Côte d'ivoire
Burkina Faso
Mali
Bénin
Niger
2006
2007
2008
2009
2010
2
nominales
les fluctuations de l’offre de monnaie n’affectent
que les variables nominales, sans toucher
les variables réelles. Du fait de la neutralité de la monnaie, il est possible d’examiner les déterminants
des variab
les réelles (PIB réel, taux d’intérêt réel et chômage) sans avoir recours aux variables nominales
(offre monétaire et niveau général des prix).
La plupart des économistes considèrent que la théorie
classique décrit correctement le monde économique dans une
perspective de long terme mais pas à
court terme. A court terme, variables réelle et nominale semblent indissolublement liées. L’hypothèse
de neutralité de la monnaie est difficilement acceptable lorsqu’on analyse l’économie à court terme.
Le modèle des f
luctuations économiques met l’accent sur deux variables. La première est la production
totale de biens et services, mesurée par le PIB réel. La seconde est le niveau général des prix, mesuré
par l’indice des prix à la consommation et le déflateur du PIB. I
l convient de relever que la production
est une variable réelle tandis que le niveau général des prix est une variable nominale.
En mettant
l’accent sur la relation entre ces deux variables, on sort du cadre de la dichotomie classique. Les
fluctuations glo
bales de l’économie seront étudiées à l’aide du modèle d’offre et de demande globales
(
cf.
graphique
ci
-
dessous
)
. Si ce modèle ressemble à la figure d’offre
-
demande que nous avons vu dans
le chapitre 2, il présente, néanmoins, quelques particularités.
L’analyse de l’offre
et
de la demande sur
un marché particulier
comme celui des conserves de poissons
suppose que les ressources peuvent se
déplacer d’un marché à un autre.
Ainsi si le prix des conserves augmente, la demande décroît car les
acheteurs consa
crent leurs ressources à des achats autres que les conserves. De même, l’augmentation
de ce prix incite les fabricants de conserves à embaucher davantage de travailleurs en provenance
d’autres secteurs économiques. Cette substitution micro
-
économique d’un
marché à l’autre est
impossible lorsqu’on considère l’ensemble de l’économie. En effet, le PIB réel comprend les quantités
produites sur l’ensemble des marchés de l’économie.
En conséquence, il nous faut donc une théorie
macroéconomique de l’offre et de la
demande distincte de l’analyse microéconomique de ces deux
grandeurs.
Prix
O
ffre globale
P
O
Demande globale
Q
O
3
Demande globale
La demande globale (DG) est l
a somme des dépenses totales en bien et services finis dans l’économie.
Elle est constituée de
:
C
: consommation des ménages
;
+ I
: dépenses d’investissement des ménages
;
+ G
: dépenses publiques
;
+ X
: exportations
;
-
M:
Importations.
DG = C + I + G
+ X
M
Courbe de demande globale
La courbe de demande globale indique la quantité de biens et services demandée par l’économie
pour
chaque niveau de prix. Elle présente une pente négative
: la baisse des prix tend à augmenter la
demande de biens et servi
ces.
Prix
p
1
p
2
D
emande globale
Y
1
Y
2
Quantité
de production
Afin de mieux comprendre l’allure décroissante de cette courbe, il convient de n
oter que le PIB (Y) est la
somme de la consommation (C), de l’investissement (I), des dépenses publiques (G) et des exportations
nettes (EXN) :
ܻ
=
ܥ
+
ܫ
+
ܩ
+
ܧܺܰ
Avec
EXN =
X
M;
4
Chacune de ces composantes contribuent à la demande globale de biens et services. Les dépenses
publiques étant une variable de politique fixée par le décideur, il faut donc examiner comment le niveau
général des prix influe sur la consommation, l’investiss
ement et les exportations nettes.
Effet de richesse de Pigou
La valeur nominale des encaisses monétaires d’un agent économique est constante mais sa valeur réelle
varie
en
fonction du niveau général des prix. Si les prix baissent, vos encaisses vous perme
ttent de
consommer davantage. Ainsi la baisse du niveau général des prix donne au consommateur l’impression
d’être plus riche
; ce qui les incite à consommer davantage. Cette consommation supplémentaire se
traduit par un accroissement de la demande globale
. Cet effet de richesse fut présenté par Arthur Pigou
(1877
-
1959).
Effet de taux d’intérêt de Keynes
Lorsque les prix baissent, les ménages ont moins besoin d’encaisses pour l’achat des biens et services
qu’ils souhaitent acquérir. Donc quand les prix ba
issent, le public a tendance à réduire ses encaisses
monétaires
, en en prêtant une partie
.
Les ménages peuvent procéder à des dépôts au près des banques
ou acheter des titres. Dans les deux cas, les ménages transforment leurs encaisses monétaires en actifs
financiers. Ils font baisser les taux d’intérêt. Cette baisse des taux favorise l’investissement des
entreprises. En conséquence, la baisse des prix induit une diminution des taux d’intérêt
; ce qui accroît
les dépenses en biens d’investissement et donc l
a demande globale. Cet effet de taux d’intérêt fut
présenté par Keynes (1883
-
1946).
Effet de taux de change de Mundell
-
Fleming
Comme
relevé ci
-
dessus, la baisse des prix fait baisser le taux d’intérêt. Par conséquent, certains
investisseurs chercheront
des rendements supérieurs sur des actifs étrangers. Ils vendront, par exemple,
leurs titres domestiques afin d’acheter des titres étrangers.
C
es opérations accroissent l’offre de
monnaie locale sur le marché des changes
; ce qui fait baisser le prix ou co
urs de la monnaie locale par
rapport aux autres monnaies
c’est
-
à
-
dire son taux de change nominal exprimé au certain
.
On entend
par taux de change nominal le prix d’une monnaie par rapport aux autres monnaies. Ce taux de change
peut être exprimé à l’incert
ain. Dans ce cas, il exprime le nombre d’unités de la monnaie locale qu’il faut
pour acquérir une unité de devise. Il peut aussi être exprimé au certain. Dans ce cas, il exprime le
nombre d’unités de devises qu’il faut pour acquérir une unité de la monnaie
locale.
Le cours de la monnaie locale par rapport aux autres monnaies ayant baissé, l
es produits étrangers
deviennent plus chers
comparativement aux
produits locaux
: les exportations augmentent tandis que
les importations baissent. En d’autres termes, l
es exportations nettes (EXN) baissent. Donc la baisse des
prix domestiques fait baisser les taux d’intérêt domestiques et dégrade le taux de change réel
; ce qui
stimule les exportations nettes et accroît la demande globale de biens et services. Cet effet
taux de
change a été mis en évidence par Robert Mundell et Marcus Fleming.
5
Il y a donc trois raisons différentes mais connexes pour lesquelles la baisse des prix provoque une
augmentation de la demande de biens et services
:
i)
le pouvoir d’achat des cons
ommateurs augmente
; ce qui stimule la demande de biens de
consommation
;
ii)
les taux d’intérêt diminuent
; ce qui stimule la demande de biens d’investissement
;
iii)
la monnaie se déprécie
; ce qui stimule les exportations nettes.
Pour ces trois raisons, la
courbe de demande globale présente une pente négative. Nous supposons
dans ce raisonnement que l’offre de monnaie est constante
1
.
La pente négative de la courbe de demande globale signifie qu’une baisse du niveau général des prix
déclenchera une hausse de
la demande globale de biens et services.
La courbe de demande globale dépend d’un certain nombre de facteurs. Elle peut se déplacer lorsque
l’un des facteurs suivants varie
:
-
les ménages ou individus, préoccupés par leurs retraites ou la conjoncture
éc
onomique
,
épargnent davantage et donc réduisent leur consommation
; ce qui déplace la courbe de
demande vers la gauche
;
-
les entreprises encouragées par une conjoncture favorable décident d’investir
; ce qui déplace la
courbe de demande vers la droite
;
-
le
Gouvernement décide d’une réduction des dépenses publiques
; ce qui déplace la courbe d
demande vers la gauche
;
-
les autorités monétaires augmentent l’offre de monnaie
; ce qui a pour effet de déplacer la
demande globale vers la droite.
Offre
globale
La courbe d’offre globale indique la quantité de biens et services produite et vendue par les entreprises
à chaque niveau des prix. L’allure de cette courbe dépend de l’horizon temporel considéré. A long
terme, cette courbe est
verticale alors qu’à court terme, elle présente une pente positive.
Courbe d’offre
globale
à long terme
L
a dynamique de l’économie
est
déterminée par le stock de capital, l’accroissement de la population
active et le progrès technologique.
En conséquence
, à
long terme, l’offre de biens et services est
fonction de l’offre de travail, de l’offre de capital et de la technologie.
Si l’on suppose que l’économie
fonctionne en
pleine capacité (plein
-
emploi)
, l’offre est totalement inélastique. En d’autres termes
, i
l
n’est pas possible de produire plus même si le prix augmente.
En règle générale, la quantité offerte à
long terme est la même quelque soit le niveau général des prix.
1
Une variation de l’offre de monnaie
se traduit par un déplacement de la courbe de demande globale. Nous
supposons dans ce cas que la courbe de demande globale est donnée pour une masse monétaire constante.
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !