Puis le sol s’ouvrit en deux et les bras articulé les lâchèrent comme les
quartiers de viande qu’ils étaient désormais.
La chute fut courte et quelques mètres plus bas, ils atterrirent sur une
montagne de déchets, organique ou pas, destiné à être pulvérisé à
l’entrée dans l’atmosphère de Neptune. Leurs corps étaient enchevêtrés de
manière absurde, certains de leurs membres brisés par la chute prenant
des angles impossibles. C’est ainsi qu’un bras du gros reposait sur la tête
du petit, que la jambe du petit était remontée derrière sa tête comme
celle d’un chien se grattant derrière l’oreille.
Le sang qui gouttait du trou laissé par un cathéter dans le bras de
Hardy coula doucement le long de celui-ci, avant de trouver son chemin
jusqu’à la bouche de Laurel.
Quelques gouttes qui devaient sceller un destin des plus étranges. Unis
dans la mort, ils ne virent pas les événement qui les reconduire ensemble
à la vie :
Tout d’abord les 8 crochets de la benne spatiale qui cèdent deux part
deux, produisant à chaque fois une onde de choc que leurs corps
ressentent jusque dans leurs tréfonds.
Puis les moteurs qui se mettent en route par à-coup, nouvelles série
d’ondes décuplées qui viennent frappé leur corps avec autant de douceur
qu’un rhinocéros au gallo.
Puis enfin les NanoBots dans leur organisme qui luttent encore et encore
pour emmagasiner l’énergie déployée pour faire repartir des corps/temples
dont ils sont désormais les gardiens, véritables civilisations microscopiques
dont le seul but est de servir leur dieu.
Puis le corps du gros, Hardy, déjà saturé de NanoBots depuis longtemps
qui s’arque boute sous l’impulsion électrique bleutée qui tétanise son
corps.
Et son cœur qui repart, résultat insensé d’une série de coïncidence
salvatrice.
- Aaaaaaaaaaaaaaaaaah.
Un cri terriblement solitaire dans l’atmosphère appauvrie en oxygène qui
remplie la benne. Un cri comme une naissance, avec personne d’autre pour
l’accueillir que la douleur qui remplie son corps, qui jamais ne semble
vouloir terminer.
L’oxygène se mit enfin à circuler dans ses poumons et se fraya un chemin
jusqu’à sa tête, remettant en marche un cerveau qui n’avait jamais
vraiment servit. Comme un mort vivant, ce qu’il était un peu au
demeurant, il se leva de la montagne de déchet alors que les moteurs de
la benne montaient doucement en puissance. Une voix métallique résonna :
- Début de la procédure d’incinération. Entrée dans l’atmosphère de
Neptune prévue dans 2 minutes.
Et le gros sut que s’il ne se bougeait pas sur le champ, il aurait la
résurrection la plus courte des annales, chrétienté incluse. Au loin se
dressais un panneau de contrôle avec un compte à rebours comme dans
les films, au cas où le héro aurait été trop débile pour comprendre
l’urgence de la situation. Il ne savait pas d’où lui venait cette pensée
alors qu’il approchait difficilement de l’ordinateur, trébuchant sur les
débris d’équipements, les déchets médicaux en tout genre, les partis de
corps humain dont il préférait ne pas se demander à qui ils appartenait.
Cette pensée fut accompagné d’une autre qui lui insufflait une terrible
envie de s’allumer une clope, une Duhnill pour être précis. Pourtant il
était persuadé de n’avoir jamais fumée une cigarette de sa vie, tout
bonnement parce qu’au fond de lui, il était intimement persuadé de
n’avoir jamais eu de vie. Alors il s’accrocha à celle qui lui était offerte
et s’appuyant sur son bras valide pendant que l’autre pendait mollement,