Raphaël Belmont / [email protected] Space Adventures Carlos. EP.0 : Naissance. L’infirmière retira l’aiguille et se retourna. - C’est fait Professeur Le Verrier. Je lui ai injecté les NanoBots. - Bien. Le patient a l’air de réagir selon les simulations. Où en somme nous des réserves. - Je lui ai administré à peine un quart de la dose que nous avions commandé au dépôt de nep05. - Hum, dommage que le premier CR soit mort si vite. - Oui, apparemment sa constitution était plus chétive que prévu. Il ne reste que le gros ; pardonné mon langage Professeur. - Ne vous inquiété pas mon p’tit choux, un écart de langage ne saurait diminuer d’aucune manière votre charme. Pour seule réponse, elle réussi l’exploit de sourire, rougir et prendre une pose de sainte-nitouche aguichante tout en s’appuyant sur le patient nue qui était allongé derrière elle. Le docteur eu un temps d’arrêt en voyant la longue jambe de son assistante se découvrir par la fente de sa blouse. Il se força néanmoins à mettre provisoirement de côté les images que la vue lui inspirait, afin de résoudre le petit problème qui le séparait d’une grosse fellation bien mérité. Il se racla la gorge avant de poursuivre. - Bien. si on ne se débarrasse pas du surplus le G.U.N. risque de nous accuser d’avoir les yeux plus gros que le ventre… - C’est vrai que le Groupement Universel Nanotechnologique est sur les dents en ce moment. Depuis la guerre, les mesures d’austérité se succèdent. Ils réduisent les budgets à la chaine. - Pourriez-vous répété le mot austérité s’il vous plait. - Euh… oui. Austérité. - Etonnant l’érotisme que dégage ce mot dans votre bouche, très chère. - Il n’y a pas que ce mot qui à tendance à dégager dans ma bouche, si vous me permettez, Professeur, susurrât-elle tout en en léchant son index. Le professeur eut le plus grand mal à avaler sa salive avant de répondre : - Euh, oui, j’imagine, articula-t’il difficilement en rougissant. - Austérité. - Oui, très bien. - Austérité. - Continué je vous pris. - Austérité. - J’adhère toujours. - Austérité. - Hum hum. - Austérité. 1 - Raphaël Belmont / [email protected] C’est cela oui. - Austérité. - Bon, ca va. - Austérité. - Non, mais ca va. - Austérité. - Oui, mais ça suffit. - Austérité. - Oh, c’est bon là, ta gueule maintenant espèce de pouffiasse ! L’infirmière aurait aimé se ressaisir à temps mais une main dans sa culotte et le doigt toujours la bouche, elle avait depuis longtemps franchis la fine limite qui sépare l’érotisme du ridicule. - Je suis désolé Professeur, je me suis laissé emporté. - Ce n’est rien, j’ai moi même peur d’avoir employé des mots peu flatteur à votre égard et je m’en excuse. - C’est moi qui ai l’esprit tordu où on se croirait dans un mauvais porno ? Le Professeur et l’infirmière étant face à face, ils étaient bien placés pour savoir que ni l’un ni l’autre n’avait prononcé la dernière phrase. Pourtant les 2 CR mis à part, dont l’un était mort et l’autre dans le coltard, la salle était vide. Ils prirent le temps de vérifier l’état de leur patient, le vernis professionnel à nouveau sur leurs traits : Le statut des 2 cobayes n’avait pas changé. Le Professeur en profita pour se recentrer. - Bien. Notre problème demeure et je n’ai pas l’intention d’avoir le G.U.N. sur le dos. Ce n’est pas aujourd’hui que le plus grand professeur de nep05 subira une restriction budgétaire. Injecté lui le reste. - Mais Professeur, ça va le tuer à coup sur. - Et alors, à quoi servent les CR si ce n’est pour le bénéfice de la science. Et puis nous rendons service à tout le monde en débarrassant l’univers d’un être aussi peu ragoutant. - C’est vrai que même pour un CR, il est particulièrement gros et moche. Et cette barbe ! Beurk, on dirait un homme de Cro-Magnon. En tout cas il en a le bestial appareil génital, hum… - J’ai bien peur que vous vous égariez à nouveau mon p’tit choux. - Vous avez raison. Vous avez toujours réponse à tout Professeur. Vous êtes si génial. - Il est vrai. Mais laissons de côté mon auguste personne et concentrons nous sur le patient. L’infirmière reprit la seringue et injecta son contenu dans le bras de l’homme qui reposait sur la table d’opération. - Voilà, Professeur Le Verrier, c’est fait. Mais on pourrait ne constater aucune modification de son métabolisme avant plusieurs minutes, et les appareils enregistrent entièrement l’expérience. Qu’allons nous donc faire pendant tout ce temps. - J’ai une surprise pour vous mon p’tit choux. Ecouté. Tout en l’entrainant devant la baie vitré, le Professeur passa la main devant sa montre, activant une interface holo. De ses doigts longs et 2 Raphaël Belmont / [email protected] agiles de chirurgien, il appuya sur un ou deux boutons et une mélodie commença à en sortir, résonnant dans l’espace chirurgicale presque vide. - Ooooh, mais quelle est cette douce mélopée. - Une des seules bonnes choses qui nous viennent de mars, de la musique ! - Comme c’est romantique, dit elle en se rapprochant de lui. Mais où vous l’êtes vous procuré ? - Je l’ai entendu sur Radio Free Mars, et j’ai tout de suite pensé à vous. - Mais c’est une radio pirate ! Vous êtes tellement vilain des fois, dit-elle en dégrafant sa blouse pour révéler sa poitrine. Je suis conquise… - Sans dèc, on dirait pas les dialogues d’un mauvais porno ? Mais celle réflexions là ils ne l’entendirent pas monter d’un des 2 patients. Ils étaient beaucoup trop occupés. - Je l’espérais bien. J’ai sélectionné pour vous une chanson d’amour qui s’appelle CANDY SHOP d’un certain 50 Centimes. - Oh oui, j’entends les violons, c’est tellement beau et entêtant à la fois ! Mais ils ne parlent pas Français ; Dieu c’est ce qu’ils racontent, dit-elle en ouvrant d’un coup la braguette du Professeur. - Qui sais… Certainement une manière de clamer leur amour éternel et la pure chasteté de leurs sentiments devant l’immensité infinie de l’univers. - Comme vous parlez bien Professeur Le Verrier, dit-elle en se mettant à genoux. - Pas de chichi entre nous mon p’tit choux, appelez moi Urbain. - Fomme fous farlez fien Furbain. - Vous savez que c’est très impoli de parler la bouche pleine. - Fardon ! - Ce n’est rien mon p’tit choux, concentrer vous sur ce que vous faite, pendant que je me concentre sur la vue. Parce que devant lui se tenait effectivement une des plus belle vue de l’univers. Sérieux. Tout d’abord une femme en train de lui faire la pipe de sa vie, seule raison pour laquelle il gardait cette assistante depuis la fin de ses études sur ti03. Dessus, ses mains qui machinalement faisait une raie au milieu du crane de l’infirmière. Derrière elle une immense baie vitrée, soit 20 centimètres de Plastacier le séparant du vide de l’espace. Et enfin, en orbite autour de laquelle la station de nep05 tournait, Neptune, d’un bleu si intense qu’il semblait vous en griller jusqu’à l’esprit. Une vue tellement extraordinaire qu’il n’entendait pas le cœur du cobaye qui depuis 5 minutes s’emballait, mais qui lui aurait reproché. Et puis avec la plupart de son sang concentré au niveau de ses hanches, comment aurait-il pu être attentif à autre chose. Son assistante se cala sur le rythme de la musique, le même que celui du cœur du CR, rendant Urbain de plus en dur, si dur que s’en était presque douloureux. Presque. Puis suivant le tempo de la musique – ou était-ce celui du cœur mal en point du troisième larron – elle accéléra. 3 Raphaël Belmont / [email protected] Et musique, cœur et fellation montèrent peu à peu en puissance, passant d’une agréable pas à un trot soutenu, avant de se rapprocher rapidement d’un gallot à la limite de l’emballement. Le Professeur, tenant la nuque de son assistante de la main ferme du cavalier habitué à chevaucher la même monture, accéléra lui-même la cadence au risque de se faire rayer le casque de la pointe à la garde par une dent mal placée. Mais au diable pensa-t’il, à vaincre sans péril on triomphe s’en gloire. Le cœur de celui qui n’était pour eux qu’un morceau de viande suivit la cadence, à la limite de l’explosion alors que son corps commençait à se tordre dans des positions impossibles, incapable de réguler la quantité indécente de NanoBots circulant dans son sang. Et l’inévitable fini par arriver et 3 cris retentirent simultanément : Celui d’un homme qui mourrait, celui d’un homme qui jouissait et celui d’une femme qui venait d’en prendre dans l’œil. - Urbain, vous avez encore jouie dans mon œil et ça me pique horriblement. - Je croyais que nous avions convenue la dernière fois que vous porteriez dorénavant vos lunettes d’infirmière perverse. - Mais Urbain, vous aviez bien vu que je les avais oublié. - Et bien vous n’oublierez pas la prochaine fois, ravissante sotte, ditil en espérant le contraire. - Oh Urbain, vous êtes incorrigible, répondit-elle avec tout le glamour dont était capable un lapin myxomatosé. - Professeur Le Verrier, je vous pris. Et allez me laver cette bouche, vous sentez affreusement la bite, c’est proprement dégoutant. Il accompagna le tout d’une claque sur les fesses et d’un clin d’œil pour dédramatiser la crue vérité de sa dernière tirade, puis il remballa le service trois pièces avant d’aller voir l’homme allongé sur la table. Il s’arrêta devant les instruments et confirma la mort manuellement en constatant l’absence de pouls. Il se retourna, pas le moins du monde perturbé par les sortilèges de la mort qui avait pris possession de 2 âmes devant lui. A la décharge du Professeur Le Verrier, au bout de plusieurs centaines d’années, le rapport à la mort finissait par devenir… différent. Malgré le manque d’intérêt que présentait l’expérience, il prit quelques notes sur son carnet holo pour donner le change devant une éventuel vérification du G.U.N. avant de se désintéresser définitivement des 2 cadavres qui avait constitués le travail du jour. En sortant, il appuya sur un bouton rouge et des bras articulés se déplièrent dans la pièce. Ils se saisirent des anciens patients et débranchèrent les cathéters, drain et autres ventouses qu’ils avaient dans le corps avec autant de brutalité que d’efficacité. Les bras articuler les tenaient par le coup, leurs corps inerte et si différent pendant mollement, une flaque de sang se créant déjà à leurs pieds. L’un était aussi maigre que l’autre était gros, aussi imberbe que l’autre était poilue ; pourtant aussi absurde l’un que l’autre dans leurs rôles de sacrifiés sur l’autel de la recherche scientifique. Puis tous les instruments se mirent à bourdonner et disparurent dans des trappes. Ne subsistait qu’une pièce blanche dont le sol était constellé de petites gouttes de sang, avec 2 cadavres devant une immense planète d’un bleu irréel, bien incapable de voir de leurs propre yeux la beauté de ce qui leur était offert dans la mort. 4 Raphaël Belmont / [email protected] Puis le sol s’ouvrit en deux et les bras articulé les lâchèrent comme les quartiers de viande qu’ils étaient désormais. La chute fut courte et quelques mètres plus bas, ils atterrirent sur une montagne de déchets, organique ou pas, destiné à être pulvérisé à l’entrée dans l’atmosphère de Neptune. Leurs corps étaient enchevêtrés de manière absurde, certains de leurs membres brisés par la chute prenant des angles impossibles. C’est ainsi qu’un bras du gros reposait sur la tête du petit, que la jambe du petit était remontée derrière sa tête comme celle d’un chien se grattant derrière l’oreille. Le sang qui gouttait du trou laissé par un cathéter dans le bras de Hardy coula doucement le long de celui-ci, avant de trouver son chemin jusqu’à la bouche de Laurel. Quelques gouttes qui devaient sceller un destin des plus étranges. Unis dans la mort, ils ne virent pas les événement qui les reconduire ensemble à la vie : Tout d’abord les 8 crochets de la benne spatiale qui cèdent deux part deux, produisant à chaque fois une onde de choc que leurs corps ressentent jusque dans leurs tréfonds. Puis les moteurs qui se mettent en route par à-coup, nouvelles série d’ondes décuplées qui viennent frappé leur corps avec autant de douceur qu’un rhinocéros au gallo. Puis enfin les NanoBots dans leur organisme qui luttent encore et encore pour emmagasiner l’énergie déployée pour faire repartir des corps/temples dont ils sont désormais les gardiens, véritables civilisations microscopiques dont le seul but est de servir leur dieu. Puis le corps du gros, Hardy, déjà saturé de NanoBots depuis longtemps qui s’arque boute sous l’impulsion électrique bleutée qui tétanise son corps. Et son cœur qui repart, résultat insensé d’une série de coïncidence salvatrice. - Aaaaaaaaaaaaaaaaaah. Un cri terriblement solitaire dans l’atmosphère appauvrie en oxygène qui remplie la benne. Un cri comme une naissance, avec personne d’autre pour l’accueillir que la douleur qui remplie son corps, qui jamais ne semble vouloir terminer. L’oxygène se mit enfin à circuler dans ses poumons et se fraya un chemin jusqu’à sa tête, remettant en marche un cerveau qui n’avait jamais vraiment servit. Comme un mort vivant, ce qu’il était un peu au demeurant, il se leva de la montagne de déchet alors que les moteurs de la benne montaient doucement en puissance. Une voix métallique résonna : - Début de la procédure d’incinération. Entrée dans l’atmosphère de Neptune prévue dans 2 minutes. Et le gros sut que s’il ne se bougeait pas sur le champ, il aurait la résurrection la plus courte des annales, chrétienté incluse. Au loin se dressais un panneau de contrôle avec un compte à rebours comme dans les films, au cas où le héro aurait été trop débile pour comprendre l’urgence de la situation. Il ne savait pas d’où lui venait cette pensée alors qu’il approchait difficilement de l’ordinateur, trébuchant sur les débris d’équipements, les déchets médicaux en tout genre, les partis de corps humain dont il préférait ne pas se demander à qui ils appartenait. Cette pensée fut accompagné d’une autre qui lui insufflait une terrible envie de s’allumer une clope, une Duhnill pour être précis. Pourtant il était persuadé de n’avoir jamais fumée une cigarette de sa vie, tout bonnement parce qu’au fond de lui, il était intimement persuadé de n’avoir jamais eu de vie. Alors il s’accrocha à celle qui lui était offerte et s’appuyant sur son bras valide pendant que l’autre pendait mollement, 5 Raphaël Belmont / [email protected] épaule disloquée, il rampa jusqu’à la console de contrôle. Mètre après mètre, centimètre après centimètre tant les secousses étaient désormais violentes ; jusqu’à enfin se tenir oh miracle, devant un écran dont il ne comprenait ni la langue, ni le fonctionnement et encore moins l’interface. C’était la fin. Il avait fait tout ce qu’il pouvait. Ces jambes ne le portant plus, il allait s’écrouler quand une secousse plus forte que les autres le projeta contre l’interface de l’ordinateur. Il passa à travers le holo et vint percuter le noyau du processeur de l’épaule, lui arrachant un cri de douleur. Il y eut comme un bug et des milliers d’instructions incompréhensibles se mirent à défiler sur l’écran holographique, noyant son regard sous une pluie de chiffres et de lettres. - Consonne… voyelle… voyelle… consonne… voyelle… consonne… 6 lettres… pas mieux… et vous nous dites… Enculé… Oui très bien, péjoratif, de l’homme qui se fait sodomiser et qui en retire du plaisir. Le gros se retourna et vis pour la première fois qu’il y avait ici un autre mec avec lui, une jambe brisée remontée derrière la tête et le corps aussi bien que la voix tremblant. Qui ne l’aurait pas été à sa place, et d’ailleurs lui aussi tremblait comme une feuille. Nue comme des vers tout les deux, totalement perdu et le corps percé de centaines de petit trous où avait été logé les aiguilles, ils n’étaient que deux enfant perdu au milieu de nul part. Hardy regarda Laurel et la vue de cet être squelettique à moitié fou animé de vie lui donna comme une gifle. Puissant dans ses dernières forces, il se mit à genoux et du poing frappa aussi fort qu’il le pouvait sur l’ordinateur, une fois, avant de s’écrouler à nouveau. Il y eu comme un tilt, puis l’écran devint noir et une simple ligne d’instruction en noir sur blanc s’afficha sur l’écran. Alors la voix métallique résonna à nouveau : - Reset effectué. Procédure de panne enclenchée. Diagnostic système impossible. Retour vers jup04 pour contrôle. Et alors que les vibrations de l’entrée dans l’atmosphère de Neptune cessaient, seule une petite lumière rouge subsista, éclairant à peine les 2 hommes tout tremblant perdu au milieu de l’espace. Ils tremblaient mais souriaient. Ils étaient vivants. Très loin de là, un autre écran holo se mit à clignoter. Il s’agissait d’un objet totalement anachronique là où il se trouvait puisque le top du top en 2011 restait normalement l’écran plat à effet 3D, pour peu que vous ayez assez d’argent pour vous le payer. Mais ce petit bureau comme une poignée d’endroit sur Terre, était équipé en technologie MIO, Made In Organisation. Mais quoi de plus normal. Parce que l’homme qui se tenait là un verre à la main, cultivant autant son amour pour les nouvelles technologies que pour la caïpirinha à hautes doses, venait du même endroit que nos 2 Robinsons moderne. Il tapota quelques instructions dans le vide devant lui et repris le verre glacé qu’il ne lâchait jamais très longtemps. Il le leva devant lui et dit : - A bientôt les gars ; du moins si vous survivez à 3 mois de voyage spatial sans vivre ! 6 Raphaël Belmont / [email protected] La porte de la benne s’ouvrit enfin, après ce qui leurs avaient semblé des siècles depuis leurs départ de nep05. La lumière vivent d’une fin de journée vint les frapper de plein fouet et ils ne distinguaient que la silhouette d’un homme se détachant sur ce fond rouge sang. Il eu un mouvement de recul, avant de prendre un mouchoir pour le plaquer sur sa bouche et son nez. C’est d’une voie étouffée qu’il parla : - Bienvenu sur Terre les enfants. M’en veuillez pas je vous attends à l’extérieur. Puis il disparu, laissant les 2 compères d’infortune à nouveau seuls, leurs esprits rendus fou par le voyage et la solitude partagés entre l’envie de sortir et la peur de l’inconnu. Le dilemme ne dura pourtant pas longtemps et d’un pas rendu hésitant par les privations de toutes sortes, ils sortirent de la benne à ordure qui leurs avait fait traverser la galaxie. Le maigrichon fut le premier à poser un pied sur Terre. - Un petit pas pour l’homme, mais… furent les seuls mots qu’il arriva à prononcer avant de s’écrouler sur le sol, tremblant comme une feuille et incapable de maîtriser ses membres. Le gros passa à côté sans l’aider et nu au milieu de cette forêts, se dirigea vers celui qui les avait accueillit. Sur le chemin, éclairé par le soleil couchant, il réalisa à quel point il avait l’air répugnant, couvert de ses propres déjections. Ce qui fut confirmé par leur hôte qui l’arrêta d’un signe de la main et lui montra, le mouchoir toujours sur le visage, l’étang à côté duquel la navette avait atterri. Le gros y plongea sans réfléchir, saisit par la différence de température. L’eau était glacée en cette période de l’année et pourtant il prit dans ce simple acte un plaisir fou, libéré de la crasse et du poids que constituait toujours sa bedaine malgré les privations du voyage. Il ne s’éternisa pas trop et sortit de l’eau pour aller chercher son maigrichon compagnon de voyage, toujours tremblant sur le sol et incapable de se relever. Il le prit par la cheville et le traina sur le sol, l’autre gémissant de douleur pendant que son corps raclait sur la terre et les petits cailloux. Il l’amena jusqu’à l’eau et le jeta dedans comme une merde, se dont au demeurant il était recouvert. Il se lava à nouveau les mains et se retourna vers le troisième homme. Il avait enlevé son mouchoir et le gros put enfin voir qui se tenait ici avec eux : Une cinquantaine d’année, les tempes grisonnantes, un costard gris passe partout et l’air crâneur et malade. Finalement pas beaucoup mieux en point que le maigrichon et lui. Il lui fit signe de le rejoindre à l’arrière du pick-up avec lequel il avait du venir et ouvrit la beine, dévoilant une quantité impressionnant de fringue qui avait du être récupéré à l’armée du salut. - Il y en a pour tous les goûts ! - C’est que je savais pas vraiment à qui j’aurais à faire ; Dieu, je savais même pas s’il y aurait quelqu’un dans la benne, encore moins s’il serait vivant. Prends ce que tu veux mais dépêche toi, votre atterrissage a pas dut passé inaperçu et il vaudrait mieux déguerpir au plus vite. En fait de choix, avec le gabarit que le gros affichait, le choix fut assez restreint. Une paire de rangers, un treillis et une chemise hawaïenne à fleurs, rouge. Discret en somme. Il coiffa un béret sur sa tête en guise de point d’exclamation et quand il se regarda dans le rétroviseur, un déclic se produisit dans le cerveau abimé du gros. Ce fut comme si ça folie trouvait enfin un exutoire, une manière de continuer à exister sans devenir plus dingue qu’il ne l’était déjà. Il se retourna vers le vieux et annonça ce qui était devenu une évidence. - Je suis Carlos. - Comme le chanteur ou comme le terroriste révolutionnaire ? 7 Raphaël Belmont / [email protected] - Les deux mon p’tit bouchon, dit-il de l’air enjoué de l’artiste. Et ben Carlos tu veux pas aller chercher ton pote parce que je vois plus que des bulles à la surface de l’eau. - Mierda, yé m’en occoupe, annonça-t’il cette fois ci avec le visage dur d’un homme habitué à l’action. - Au fait, c’est quoi ton p’tit nom, mon choupinet ? - John. - Encantado mi amigo ! Le vieux se contenta de penser : - Putain de CR, il fallait que tout ce que je retrouve dans cette benne soit 2 Clones Ratés ! 8