Section
4
SOURCES SYMBOLIQUES QUANTIQUES
La théorie statistique de l'information trouve un champ d'application particulièrement
intéressant avec la mécanique quantique, qui étend le formalisme classique en spécifiant la
signification et le contenu de la variable
p dans la fonction H(p
), ce qui permet de préciser le
concept de source symbolique. Dans la théorie classique les probabilités sont déduites a
posteriori d'un décompte statistique des fréquences des symboles ou, si une telle opération est
impossible, celles-ci sont estimées a priori selon un principe simple mais "passif" – et souvent
discutable – comme l'équiprobabilité. En microphysique il en va tout autrement : "l'estimation"
des probabilités est la conséquence d'une démarche active de l'observateur. Cette étape
préalable est rendue nécesaire parce que, avant tout processus cognitif de la part de
l'observateur, ce dernier ne peut, dès le départ et par principe même du calcul quantique,
invoquer aucune connaissance quelle qu'elle soit concernant cette source. Comme le résume
Mugur-Schächter en étendant l'épistémologie de la mesure quantique à l'étape initiale par
laquelle un observateur extrait des chaînes de connaisance du réel où il est plongé et auquel il
appartient ,
"la toute première phase de tout processus de conceptualisation est foncièrement
active, générative, relativisante, et la création de l'objet d'étude s'y accomplit en général
indépendamment de la création des qualifications de cet objet"
[Mugur-Schächter, 1994,
1997].
La théorie quantique est un modèle mathématique du monde physique dont
l'application met bien en évidence les différentes étapes du processus de conceptualisation du
réel :
(i) Étape opérationnelle : préparation P d'un micro-état étiqueté ψ. Cette étape initiale
est fondamentale, et radicalement nouvelle par rapport aux concepts classiques : la source
Pψ
n'a pas d'existence
per se
, elle est factuellement la conséquence d'une opération active
d'individualisation d'un objet par rapport au continuum contextuel (dénommé "le réel" dans la
théorie microphysique).
(ii) Définition des observables : un
observable A
est une propriété d'un système
physique (position, moment,...) qui peut être mesurée par principe, par le biais d'interactions
entre un micro-état et un appareillage macroscopique. Comme en (i), dans cette étape
l'observateur est actif : il décide en termes opératoires des qualifications qui caractérisent son
objet d'étude.
(iii) Postulat de mesure : qualifiant l'entité P
ψ,
un observable est perceptible par ses