l’avantage de pouvoir suivreledéveloppement du mycéliumextraradiculaireassocié àlaplante-hôte
sans perturber le système racinaire,puis d’étudier localement l’effet du développement fongique sur
son environnement.Les auteurs de l’étude ont montréquecetteespècefongiqueest capable de
coloniser fortement un substrat provenant d’unhorizon de fermentation d’un sol forestier et riche en
matièreorganiquedéjà transformée. Cettecolonisation du substrat s’accompagne d’une exportation
des éléments comme N, Pet Kinitialement présents dans lamatièreorganique(Bending et Read,
1995a)et de laproduction d’activités protéases extracellulaires mesurables dans le substrat
(Bending et Read,1995b). Ces résultats sont doncfavorables àl’hypothèsequ’in situ le mycélium
d’unchampignon ectomycorhizien soit capable d’excréter des protéases luipermettant de mobiliser
de l’azoteàpartir de protéines du sol ou de lalitière. Cependant,des travaux récents (Colpaert et
al.,1996a,1996b),effectués avecle même type de système expérimental,ont montréqueles cham-
pignons ectomycorhiziens ne pouvaient pas mobiliser de l’azotedirectement àpartir de feuilles fraî-
chement tombées sur le sol,contrairement à une espèce saprophyte,le Tricholome nu (Lepista
nuda: syn. Tricholomanudum),qui s’est révélée au contraire très efficacedans lamobilisation de
l’azoteprotéique(Colpaert et al.,1996a, 1996b). L’ensemble de ces résultats suggèredoncqu’une
étape initiale de décomposition de lamatièreorganiquepar des champignons saprophytiques est
sans doutenécessaireàlalibération de l’azoteprotéiqueàpartir de cettelitièrefraîche pour que
les protéases des champignons ectomycorhiziens puissent agir dans les conditions naturelles.
Néanmoins,lacapacitédeproduction des protéases extracellulaires a très probablement une signi-
fication écologiquecar elle reflèteladistribution des champignons ectomycorhiziens dans les condi-
tions naturelles.Ainsi,l’Amanite rougissante(Amanita rubescens)et le Lactairedouceâtre(Lactarius
subdulcis),normalement présents dans les horizons organiques,ont une plus grande capacitéàpro-
duiredes protéases queCenococcumgeophilumet Hebelomacrustuliniforme qui vivent essentiel-
lement dans les horizons minéraux (tableauI, ci-dessous). Delamême façon,les espèces forestières
dominantes des régions boréales que sont le Bouleau,l’Épicéaet le Pin,possèdent des ectomyco-
rhizes avecde très fortes activités protéasiques (Read,1991). Ces essences sont considérées
comme très bien adaptées aux sols organiques (Rowe,1972)car elles peuvent sedévelopper dans
cet environnement où les températures basses régnant habituellement entraînent une inhibition des
processus de décomposition et de minéralisation,conduisant à une nutrition azotée essentiellement
organique. L’association des espèces forestières àdes champignons ectomycorhiziens particulière-
ment efficaces pour utiliser l’azoteorganiqueest sans douteindispensable pour conférer “l’adaptation”
des essences considérées àces conditions pédo-climatiques particulières.
Claude PLASSARD -M.CHALOT -B.BOTTON -F.MARTIN
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Tableau ICroissanceet production de protéases par quatrechampignons ectomycorhiziens
cultivés sur milieux de culture, renfermant comme sourced’azote
les protéines extraites de lalitière(milieu inducteur)ou de l’ammonium(milieu témoin).
Ledosage des protéases est effectuépar fluorométrie aveclaFITC-BSA comme substrat
(d’après El-Badaouiet Botton,1989)
Activitéprotéasique
Poids sec(mg) excrétée par thalle
(fluorescence)
Cenococcumgeophilum-induit ..... 20,544,0
- témoin .... 38,93,2
Hebelomacrustuliniforme -induit ..... 18,030,0
- témoin .... 34,62,9
Amanita rubescens-induit ..... 11,3198,0
- témoin .... 18,96,9
Lactarius subdulcis-induit ..... 8,6180,0
- témoin .... 15,45,3