Dissiper les mythes entretenus par les parents au sujet du vaccin

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commentaire sur les maladies infectieuses en Pédiatrie
Dissiper les mythes entretenus par les
parents au sujet du vaccin contre l’influenza
N Le Saux; Société canadienne de pédiatrie, comité des maladies infectieuses et d’immunisation
1. Le vaccin contre l’influenza va me donner la grippe.
• Leviruscontenudanslevaccincanadienestunvirus
tuéquinepeutpascauserlagrippe.
• Levaccinàvirustuéestfragmentéetnepeutpasse
recombinerenunvirusvivant.
• Lesantigènes(surtoutl’hémaglutinineetla
neuraminidase)contenusdanslevaccininduisent
l’immunité.
• D’autresvirusquicirculentenmêmetempsquele
vaccinestadministrépeuventprovoquerdesrhumeset
deladiarrhée(p.ex.,lerhinovirus,l’adénovirusetle
métapneumovirus),etcessymptômespeuventêtre
attribuésàtortauvaccin.
2. Le vaccin contre l’influenza ne fonctionne pas.
• Levaccinfonctionne.Chezlesenfantsetlesadultesen
santé,onobtientuneefficacité(uneprotection)de
70%à90%lorsquelevaccinconcordebienavecla
souchesaisonnière(1).
• Lavaccinationdestravailleursdelasantéréduitde
25%à44%lesinfectionsdevoiesrespiratoires
supérieures,lesconsultationschezlemédecinet
l’absentéismeautravailpendantlapériodedelagrippe
saisonnière.
3. Je n’ai pas besoin d’être vacciné – je suis en bonne
santé!
• Cesontdesadultesensantéquiontconstituélaplupart
desdécèslorsdespandémiesprécédentes,etils
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représententuneproportionimportantedesdécès
attribuablesàlapandémiedegrippeH1N1.
• Lesenfantsautrementensantédemoinsdecinqans
(notammentceuxdemoinsdedeuxans)etlesadultes
deplusde65ansrisquentbeaucoupplusd’être
hospitalisésetdesouffrirdecomplicationsdelagrippe
saisonnière.
• Lapréventiondelagripperéduitlerisquede
pneumoniebactérienne.
AuxÉtats-Unis,29%des77personnesdécédéesà
causedelapandémiedegrippeH1N1présentaient
uneco-infectionbactérienne(surtoutle
pneumocoque,lestaphylocoquedoréetle
streptocoquedegroupeA).
• Lestravailleursdelasantépeuventtransmettredesvirus
auxpatientssusceptiblesetàleurproprefamille.
Lesétudesontdémontréunediminutiondela
transmissionetdurisquededécèsattribuablesàla
grippedanslesétablissementsdesoinsdelongue
duréeoùlepersonnels’étaitfaitvaccinercontre
l’influenza(2).
4. Les enfants en santé n’ont pas besoin d’être vaccinés –
ils sont en bonne santé!
• Lesenfantsenbonnesantéconstituentl’épicentrede
chaqueépidémieannuelledegrippe.
• Lesdonnéesrévèlentquelesprogrammesde
vaccinationscolairepréviennentdesdécèschezles
adultes.
Correspondance : Société canadienne de pédiatrie, 2305, boulevard St Laurent, Ottawa (Ontario) K1G 4J8, téléphone : 613-526-9397,
télécopieur : 613-526-3332, Internet : www.cps.ca, www.soinsdenosenfants.cps.ca
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©2009Sociétécanadiennedepédiatrie.Tousdroitsréservés
Paediatr Child Health Vol 14 No 9 November 2009
Commentaire sur les MIP
• De15%à42%desenfantsensantéd’âgepréscolaire
ouscolairesontinfectéschaqueannéeparlagrippe
(voirlesgraphiquesd’hospitalisationpourconnaîtreles
âgesdanschaqueprovince.)
• Lesenfantsensantédemoinsdecinqanssont
hospitalisésaussisouventquelespatientsde50à64ans.
• Lesnourrissonsdemoinsdesixmoisprésententlestaux
d’hospitalisationlesplusélevés.
• D’aprèslesorganismescanadiensdesurveillance
pédiatrique,plusdelamoitiédesenfantshospitalisésen
raisondelagrippesaisonnièreavaientmoinsdedeux
ans.
• Laplupartdesenfantsetdesadolescentshospitalisésen
raisondelagrippesontenbonnesanté,maislerisque
d’hospitalisationetdegravemaladieestplusélevéchez
ceuxquisont(3-9):
atteintsd’unretardneurodéveloppementaloud’une
maladieneurologique,
atteintsd’unemaladiecardiaqueoupulmonaire,
atteintsdefibrosekystique,
diabétiquesouobèses,
atteintsd’anomaliesdusystèmeimmunitaire.
Lerisqued’hospitalisationetdegravemaladieest
égalementplusélevéchezlesfemmesenceintes.
5. Je pourrais contracter ces horribles effets neurologiques.
• L’infectionparlagrippepeutelle-mêmeentraînerde
nombreuxeffetsneurologiques,ycomprisl’encéphalite,
laméningite,l’encéphalomyéliteaiguëdisséminée,le
syndromedeReye,larhabdomyolyse,lamyélite
transverse,lestroublesdumouvement,lesyndromede
Guillain-Barré(SGB)etlestroublesdumouvement
post-infectieux.
• LeSGBestrareetsemanifestedequelquesjoursà
quelquessemainesaprèsl’apparitiond’uneinfection
respiratoireougastro-intestinale,ycomprislagrippe.
Diversagentsinfectieux,dontleCampylobacter jejuni,le
cytomégalovirus,levirusd’Epstein-Barretle
Mycoplasma pneumoniae,s’associentauSGB.
• Lorsquelevaccincontrelagrippeporcineaété
administréen1976,onaconstatéuneaugmentationd’un
casdeSGBpartranchede100000personnesvaccinées.
Lorsqu’ons’estrenducomptedecettehausse,levaccin
de1976afaitl’objetd’unretraitetn’aplusjamaisété
utilisé.Certainsscientifiquessontd’avisqueleSGBétait
imputableàl’antigèneduvaccin,maisd’autrespensent
queleCampylobacterouuneautreinfectionauraitété
responsabledecetteaugmentation.Puisque,en1976,on
neconnaissaitpaslerôleduCampylobacterdansleSGB,
lespatientsn’ontpassubidetest.Onsaitmaintenant
quec’estunecausecouranteduSGB.
• LevaccincontrelagrippeH1N12009diffèrebeaucoup
duvaccincontrelagrippeporcine1976.
• Uneanalyserétrospectivedescampagnesdevaccination
contrel’influenzamenéesauxÉtats-Unisde1992à
1993etde1993à1994arévéléunrisquerelatif(RR)
Paediatr Child Health Vol 14 No 9 November 2009
rajustéde1,7(95%IC1,0à2,8;P=0,04)deSGB
associéauvaccincontrel’influenza(10).Cerisqueest
similaireàceluiétablidansuneétudecanadienne
portantsurunesériedecasauto-appariésdel’Ontario
pourlesannées1992à2004.Cetteétudeadéterminé
queleRRestimatifdeSGBpendantlesdeuxàsept
semainessuivantlavaccinationcontrel’influenza,par
rapportàlapériodeenglobantla20eàla43esemaine
suivantlevaccin,correspondaità1,45(95%IC1,05à
1,99;P=0,02)(11).Cesétudesindiquentquelerisque
absoludeSGBaprèslavaccinationestd’environuncas
supplémentaireparmilliondevaccinsparrapportaux
donnéesdefond.Ilfautsoupeserlesbienfaitspotentiels
duvaccincontrel’influenzaparrapportàcerisquetrès
faible.Onnesaitpassid’autresvaccinscontre
l’influenzas’associentauSGB.
• LenombredecasdeSGBserasuivideprèstoutaulong
delaprochaineannée.LeCanadaestdotéd’un
excellentprogrammedesurveillancedeseffets
secondairespourlesenfants,etunprogrammesimilaire
aétémissurpiedpourlesadultes.Silenombredecas
deSGBaugmenteaprèslavaccinationcontrelagrippe
H1N1,nousdevrionsêtreenmesuredeledéceler
rapidementetderéagirenconséquence.
6. Le thimérosal est dangereux, et les composés de
mercure peuvent provoquer l’autisme.
• Lethimérosalestcontenudanslesvaccinsàtitre
d’agentdeconservation,etilsemétaboliseen
éthylmercure,nonpasenméthylmercure(leméthylest
laformetrèstoxiquedumercure).Lethimérosalest
considérécommesécuritaire.
• Ontrouved’infimesquantitésdethimérosaldansles
fiolesmultidosesduvaccin.Iln’yenapasdanslesfioles
unidoses,maisilsepeutquecelles-cinesoientpas
disponiblesdanstouslesterritoiresdecompétence.
• Ilestutilisépourprévenirlacontaminationbactérienne
desvaccins.
• Lesnombreusesétudesépidémiologiquesn’ontpu
fournirdedonnéespourdémontrerquelesinfimes
quantitésdethimérosalcontenuesdanslevaccin
s’associeraientàl’autismeouàl’immunodéficience(12).
• Unrapportpubliéparl’Institute of MedicinedesÉtatsUnisen2004arejetétouteassociationcausaleentrele
vaccincontrelarougeole,larubéoleetlesoreillonsou
lethimérosal,etl’autisme.
7. Les personnes qui sont allergiques aux œufs ne
devraient jamais recevoir le vaccin contre l’influenza.
• Levirusestcultivédansdesœufs,etlevaccinpeut
contenirunequantitéminimedeprotéinesd’œuf(13).
Lesenfantsquipeuventtolérerunepetitequantité
d’œufcuitoulesœufscontenusdanslesproduitsde
boulangeriepeuventrecevoirlevaccinentoutesécurité
aucabinetdumédecin.
• Lerisquedegraveréactionauvaccinestconsidéré
commeextrêmementfaibleparrapportaurisque
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Commentaire sur les MIP
d’infectionparlagrippepandémiqueH1N1ouparla
grippesaisonnièrelesautresannées.
• LaSociétécanadienned’allergieetd’immunologie
cliniqueadivisélespatientsallergiquesauxœufsen
catégoriesàfaiblerisque(réactiongastro-intestinale
bénigneouréactioncutanéelocaliséebénigne,
toléranceàl’ingestiondepetitesquantitésd’œufoutest
d’immunoglobulineEspécifiqueoucutanépositifsans
expositionconnueauxœufs)etàhautrisque(réaction
respiratoireoucardiovasculaireantérieure,urticaire
généraliséeouasthmemalcontrôlé)(14).
• Lespersonnesfaisantpartiedelacatégorieàfaiblerisque
devraientsefairevacciner,maisdemeurerenobservation
pendant60minutesaprèsl’administrationduvaccin.
• Pourlespersonnesfaisantpartiedelacatégorieàhaut
risque,ilfaudraitprendredesprécautionsparticulièressi
ellessefontadministrerlevaccin,tellesqu’ellessont
recommandéesparlaSociétécanadienned’allergieet
d’immunologieclinique.
RÉFÉRENCES
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8. Je ne peux pas me faire vacciner parce que je suis
enceinte (ou que j’allaite).
• LaSociétécanadiennedepédiatrie,laSociétédes
obstétriciensetgynécologuesduCanadaetd’autres
organismesrecommandentauxfemmesenceintesdese
fairevacciner.
• Leviruscontenudanslevaccinestunvirustué,coupé
etfragmenté,quinepeutdoncpasinfecterlafemmeou
lefœtusetestsécuritaire.
• Lesanticorpstransmisdelamèreaufœtuslesontpar
voietransplacentaireetprocurentunecertaineprotection
auxjeunesnourrissonsdemoinsdesixmois,c’est-à-dire
ceuxquisontlesplusvulnérablesàunegrippetrèsgrave.
• Lagrossesseaccroîtlerisqued’hospitalisation,degrave
maladieetdedécèsattribuableàlagrippe(15,16).
Pourobtenirl’informationlaplusàjoursurlaréponsedu
Canada à la grippe H1N1, consultez le site www.combattezlagrippe.ca.
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