Les Etats-Unis : Puissance et Sécurité
Contribution Lycée Watteau
20160418
Introduction :
-La puissance : appliquée aux Etats, peut se définir comme la capacité de « faire » (le
pouvoir), « de ne pas faire » (l’indépendance) et de « faire faire » (l’influence ou la faculté d’imposer
sa volonté aux autres). Plus cette capacité est grande, plus la puissance est étendue ! Si un Etat est
capable d’imposer sa puissance au delà de ses frontières, plus on emploie le terme impérialisme (adj:
impérialiste) pour le désigner.
-Impérialisme : au sens large, l’impérialisme se caractérise par la domination (politique,
économique, culturelle…) d’un Etat sur un ou plusieurs autres pays. La puissance n’implique pas
nécessairement une politique impérialiste, mais elle en est la condition préalable. La puissance peut
prendre plusieurs formes, aujourd’hui on utilise les notions de Hard et Soft Power = définies en
1990.
-Hard Power ou puissance dure : ce terme désigne l’ensemble des moyens notamment
militaires et économiques dont dispose un Etat pour contraindre un autre Etat à agir comme il le
souhaite, au besoin en usant de la force.
-Soft Power ou puissance douce: ce terme désigne l’ensemble des moyens non coercitifs,
notamment culturels ou idéologiques dont dispose un Etat pour amener un autre Etat à penser
comme lui. Le Soft Power relève du pouvoir de conviction et non de la contrainte.
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La seconde guerre mondiale a accéléré la montée en puissance des Etats-Unis, notamment
au détriment de l'Europe, en jouant le rôle « d'arsenal des démocraties ». Par « puissance » il faut
entendre à la fois la capacité d'exercer une influence hors de ses frontières mais aussi d'assurer son
indépendance, c'est à dire par exemple d'empêcher à un acteur extérieur d'imposer ses vues et de
contrarier des intérêts vitaux.
Le cas des E-U est historiquement exceptionnel tant par la rapidité de son ascension en
terme d'influence que par la multiplicité de ses atouts, dépassant en cela tous les empires du passé
et pratiquant aux dires de ses adversaires une politique impérialiste.
- Qu'est-ce-qui a fait des E-U une puissance globale ?
-Quels facteurs ont nourri la superpuissance américaine lui permettant d'exercer une influence
exceptionnelle sur le destin du monde de la fin de la seconde guerre mondiale à la nos jours ?
- Comment a évolué la puissance américaine de 1945 à 2010, c'est-à-dire du moment où les Etats-
Unis deviennent les principaux architectes d'un nouveau monde à nos jours ?
I . 1945-1991: Sécuriser « le monde libre »
A. 1945-1960: Une superpuissance au sommet de sa force.
1. Une puissance qui s’affiche. Rompre avec l’isolationnisme pour mieux protéger.
Les États-Unis sont, au sortir de la guerre, la première puissance mondiale sur en bien des
aspects, aussi bien militaires qu'économiques. Ils prônent l'idéologie libérale capitaliste, en
opposition fondamentale avec le communisme de l'URSS.
Ils apparaissent comme les sauveurs idéals, puisque leur territoire et leur économie n'ont été
que très légèrement impactés par la guerre d'anéantissement que fut la Seconde Guerre Mondiale,
en comparaison avec d'autres régions du monde comme l'Europe, le Japon ou encore l'URSS. Ils ont
ainsi connu des pertes militaires moindres, environ 185 000 soldats, et profité des accords de Bretton
Woods de 1944, permettant au dollar d'être la seule monnaie convertible en or, pour étendre leur
influence économique sur le monde.
Les Etats-Unis sont donc la première puissance économique mondiale, à l'origine de plus de la
moitié de la production mondiale, contrôlant plus de deux tiers de la flotte mondiale, et étant
impliqués dans un quart des échanges mondiaux.
Ils sont aussi les seuls détenteurs de l'arme nucléaire jusqu'en 1949 pour ce qui concerne de la
bombe A, et en 1951 pour celui de la bombe H. Le pays a donc, durant cette période d'après guerre
décisive, des atouts importants pour la lutte internationale qui va avoir lieu avec l'URSS.
Cette volonté interventionniste marque d'ailleurs une rupture avec la politique isolationniste
dont avaient toujours fait preuve les Etats-Unis. Ils prennent leurs responsabilités, et affirment
clairement leurs objectifs, leur ambitieux projet pour le monde.
2. Les différentes facettes de la sécurisation du monde.
Les Etats-Unis veulent étendre leur modèle politique et économique sur le monde entier.
Ils sont cependant menacés par l'ennemi communiste qui s'étend en Europe en centrale et
orientale. Pour stopper cette évolution jugée dangereuse par Henry Truman, président du pays à
l'époque, les États-Unis vont, en 1947, annoncer la doctrine Truman, qui sera accompagnée par le
programme phare de cette politique : Le plan Marshall ou ERP (Europe Recovery Programm). Ce plan
visait à fournir une aide de treize milliards de dollars à seize pays européens, avec pour but officiel
leur reconstruction, et comme but officieux l'amorce d'une dépendance aux produits américains. Le
refus de Staline et de tous les pays sous son joug, et la création de la doctrine jdanovienne, vont
engendrer le début d'une guerre indirecte basée sur une lutte d'influence, que l'on qualifiera de
« Guerre Froide ».
Dans l'optique de la vision américaine de sécurisation du monde, les Etats-Unis vont signer
de nombreux traités politiques et militaires avec les différentes parties du monde, afin de se
prévaloir de l'avancée communiste, et empêcher de quelconques pressions venant de Staline. On
citera, par exemple, le traité de l'ONU en 1945 , de l'OTAN en 1949, de l'ANZUS en 1951 (pacte
militaire avec la Nouvelle-Zélande et l'Australie), de l'OTASE en 1954 (pacte avec les pays d'Asie du
Sud-est non communistes), ou enfin avec la Japon en 1960.
La politique américaine va ainsi s'adapter à ce besoin de verrouiller le monde, comme par
exemple en 1949 avec le discours sur l’État de l'Union de Truman, dans lequel il explique vouloir
aider les pays sous développés à améliorer leurs conditions de vie. Le véritable but de cette
manœuvre étant d'éviter que ces pays aux systèmes fragiles ne tombent aux mains de Staline.
3. Une puissance parfois fragilisée mais qui continue d’assumer son rôle de défenseur du
monde libre.
Cette sécurisation américaine du monde va cependant connaître de nombreuses difficultés et
remises en question, notamment après la guerre de Corée.
En effet, ce conflit, s'étant achevé sur un statut quo, apparut comme meurtrier et inutile ; et
provoquera en conséquence la baisse de la course à l'armement américaine (facilitée par la mort de
Staline).Cette guerre va générer également une remise en question de la politique américaine : son
armée n'aura pas réussi à refouler les communistes nord-coréens et chinois, mais seulement à les
contenir (la frontière coréenne se situant toujours au 38e parallèle au terme du conflit).Le pays va par
ailleurs connaître de multiples crises au sein de son propre bloc, ce qui le poussera à accepter la
coexistence pacifique proposée par Nikita Khrouchtchev en 1953.
Durant cette période d'accalmie entre les deux superpuissances, les Américains vont employer
leur frappe militaire au travers de multiples opérations, afin de combler ce manque de cohésion avec
ses alliés. On citera l'Opération Ajax en Iran de 1953, Opération PBSUCESS au Guatemala en 1954 ou
encore la crise de Suez en 1956 (qui ne nécessita cependant que des pressions politiques).
Mais ces contestations vont aussi avoir lieu au sein du propre territoire américain, puisqu'un
mouvement de peur des « rouges » va naître : Le Maccarthysme. Durant la période de 1950 à 1954,
une traque intense des communistes va avoir lieu dans tout le pays, bafouant ainsi les concepts de
libertés que prônent pourtant les États-Unis. De 1945 jusqu’aux années 1960, les États-Unis
s’imposent comme la puissance dominante de ce que Truman désigne comme le « monde libre »,
bien que le pays ait enduré de multiples crises durant les années 1950, des crises aussi bien
nationales qu'internationales, remettant en cause la capacité de sécurisation américaine. Les
décennies 1960-1970 marqueront l'avènement du communisme et le déclin du pays.
B.1960-1980: la superpuissance sur le déclin, quelles conséquences pour la sécurité du
monde?
La période des années 1960 à 1980 fut pour les États-Unis un enchaînement de déconvenues
tant politiques, que militaires.
La sécurisation du monde selon le modèle américain connaît de nombreuses crises. On peut citer le
débarquement de la baie des cochons d'où découlera l'épisode des missiles de Cuba en 1962. Les
insurrections communistes dans le monde se font de plus en plus nombreuses, comme celle en
Bolivie par l'armée de libérations nationale menée par le Che Guevara en 1966-1967.
A ces nombreuses contestations militaires, s'ajoutent des conflits politiques que connaissent
les États-Unis au sein du bloc européen, notamment celles du Général de Gaulle. En effet, le
président français va retirer la France de l'OTAN en 1966, remettant ouvertement en question la
politique interventionniste américaine comme avec son discours au Québec - « Vive le Québec
libre ». Cependant, les critiques ne vont pas uniquement émaner de l'international : les États-Unis
vont connaître une crise nationale avec le Jim Crow Regime. De nombreux leaders afro-américains
vont ainsi s'élever contre l'oppression et la ségrégation, on citera pour exemple, Martin Luther King
et Malcom X.
Ces événements, aussi bien sur le plan national qu'outre Atlantique, vont démontrer à la face du
monde que la capacité de contrôle et de sécurisation des États-Unis n'est pas infaillible, remettant
ainsi en cause l'hégémonie américaine.
C'est cependant, incontestablement, l'humiliation de la défaite au Vietnam qui va affaiblir la
position du pays. En effet, l'armée américaine a effectué de nombreux massacres durant ce conflit,
testant également de nouvelles armes destructrices comme le napalm. Cette violence envers la
population vietnamienne sera vivement critiquée, ainsi par exemple par le Général de Gaules dans
son discours à Phnom-Penh au Cambodge, ou encore avec le festival de Woodstock en 1969,
symbole de la génération contestataire hippie.
Ce sera d'ailleurs à l'orée de la fin de cette guerre, en 1972, que seront signés les accords du SALT,
illustration officielle du ralentissement de la course aux armements, mais aussi de l'incapacité
américaine à continuer dans cette voie.
L'affaiblissement de la puissance américaine se fera sentir aussi sur le plan économique,
puisqu’après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, le dollar connaîtra une forte dévaluation, et
les accords de Bretton Woods seront abandonnés. Après ces déconvenues majeures, les Etats-Unis
décideront de se mettre en retrait sur le plan international : cette attitude aura pour conséquence de
permettre au mouvement communiste de s'étendre, notamment dans les pays d'Afrique noire
comme au Mozambique en 1975 ainsi qu'en Asie, avec par exemple le cas de l'Afghanistan en 1979.
Les décennies 1960-1980 furent pour les Etats-Unis des années de controverse importante, et
une période de défaites tant politiques, militaires, qu’économiques. La puissance, la capacité de
sécurisation et d'extension du modèle libéral furent sensiblement impactées, bien que l'Amérique ait
essayé de rester efficace dans les relations internationales, comme avec les accords de Camp David
en 1978.Cependant dans les années qui suivirent, les Etats-Unis firent leur grand retour sur le devant
de la scène internationale, notamment grâce à l'impulsion du président Ronald Reagan.
C. 1980-1991. America is back. Un leader qui s’impose et fait triompher le monde libre.
L'arrivée au pouvoir du président Ronald Reagan en 1981 marque un changement décisif dans la
politique internationale américaine.
Comme symbole du « America is back », deux heures seulement après son élection, les otages de
l'ambassade américaine en Iran sont relâchés.
En effet, les Etats-Unis, bien qu'encore fragilisés économiquement, vont relancer une course
à l'armement contre l'URSS avec pour but la ruine de l'adversaire communiste. Les Etats-Unis
réaffirment clairement leur objectif qui est de refouler le communisme, et non plus uniquement de
l'endiguer (ce que prévoyait Truman à l'origine). Le président Reagan va surfer sur la vague néo-
libérale de l'époque, afin de rebâtir l'économie américaine, notamment en s'alliant avec Margaret
Thatcher, alors premier ministre de Grande-Bretagne.
L'ennemi soviétique s'affaiblissant progressivement, les Etats-Unis vont s'impliquer plus
fortement dans les affaires avec le Proche Orient. Le pays va ainsi s'allier économiquement avec
l'Egypte, et avec les monarchies pétrolières de la péninsule arabique, bien que ces pays ne soient pas
démocratiques.
L’Amérique redevient donc une puissance politique, économique et militaire, ce qui poussera
le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev à signer des traités avec les Etats-Unis. On citera par
exemple les Accords de Washington en 1987 sur le contrôle des armes nucléaires, ou encore les
Accords du START en 1991 sur la réduction des armes stratégiques.
Ce renouveau américain, et la victoire du capitalisme, sera très nettement symbolisé par la
chute de du mur de Berlin en 1989 (précédant celle de l'URSS en 1991). Les Etats-Unis seront alors
les seuls à dominer la scène internationale, pratiquant une politique ultra-interventionniste ; le pays
n'ayant plus aucun concurrent direct. On la qualifiera de politique de « Gendarmes du monde » :
l'Amérique interviendra dans de nombreuses régions du monde, motivée par son seul intérêt. Cette
politique sera vivement critiquée par la suite. Bien que le pays ait connu un déclin pendant une
vingtaine d'années, les Etats-Unis (et par me l'idéologie qu'ils incarnent, le capitalisme) sortent
grand vainqueur du conflit que fut la « Guerre Froide ».
L'Amérique apparaît comme une hyperpuissance incontestable et à son apogée.
II. Des gendarmes du monde aux attaques terroristes du 11-09: sécuriser le
monde ou son territoire?
A. Le triomphe de l’Amérique.
1. Intervenir pour protéger:
-le « vilain »/ la «victime » -(Irak/Koweït)
Les années 1990 représentent l’apogée de la puissance des États-Unis, au cours de laquelle
ils tentent d’instaurer un « nouvel ordre mondial » après la guerre froide. Sans adversaire susceptible
de s’opposer à eux, ils s’efforcent alors de promouvoir un système fondé sur la coopération et
l’acceptation par tous les pays de règles communes dont le respect est confié à l’ONU. Tout en se
posant en modèle, les États-Unis semblent mettre leurs moyens au service de cet ordre international,
au point d’être qualifiés de « gendarmes du monde » ; les expressions telles que « hyperpuissance »
(Hubert Védrine) ou « puissance globale » (Z. Brzezinski) ont tenté de rendre compte du rôle
dominant joué par les E.-U. dans le monde de l’après-Guerre froide. Tempête du désert, la 1ère
Guerre du Golfe. En février 1991, les E-U interviennent au Koweït sous mandat Onusien aidé d'une
coalition de 29 pays pour déloger l'armée irakienne de Saddam Hussein. Les bombardements
intensifs et l’offensive dans le désert font capituler l’are irakienne. A la fin de cette guerre, George
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