SEMAINE SAINTE 2017
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JEUDI SAINT
Le jeudi saint célèbre le dernier repas du Christ avec ses douze
apôtres. Au cours de ce repas, la Cène, Jésus lave les pieds de
ses disciples et, prenant le pain et le vin, il rend grâce. Il
annonce que l’heure de l’épreuve approche. Après le repas, le
Christ et les apôtres se rendent au jardin des Oliviers pour
veiller et prier.
Jeudi saint avec Maurice Zundel
La dernière consigne de notre
Seigneur, c’est de « nous aimer
les uns les autres comme il nous
aime. » ( Jn 13, 34 ; 15, 12. ) Et il
conclut de la façon la plus
décisive : « Et c’est à cela que
l’on reconnaîtra que vous êtes
mes disciples : si vous vous
aimez les uns les autres. » ( Jn 13,
35 )
Être disciples de Jésus, c’est
donc cela : c’est admettre, c’est expérimenter que le Règne de Dieu
est au-dedans de nous
Jésus nous attend au ur de l’histoire humaine et cette consigne
qu’il nous donne, il va l’illustrer de deux manières infiniment
émouvantes et la première, c’est cette leçon de choses qu’il donne à
ses disciples au Lavement des pieds.
Comment prouver mieux que le Royaume de Dieu est intérieur à
nous-même, que le Royaume de Dieu, c’est nous quand nous
l’accueillons, c’est nous quand nous nous, quand nous nous vidons
de nous-mêmes pour le recevoir, c’est nous quand nous devenons
transparents à sa présence et à sa lumière ? Comment le prouver
mieux qu’en s’agenouillant lui-même devant ses disciples et en leur
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lavant les pieds, en faisant à leur égard le geste de l’esclave, ce
geste scandaleux, en apparence, ce geste miraculeux, ce geste qui
opère la transmutation de toutes les valeurs, ce geste que Pierre
d’abord décline : » Mais comment, mais ce n’est pas possible,
Seigneur, ce n’est pas possible que tu me laves les pieds ! »
En effet, pour admettre ce geste, il faut renoncer à voir Dieu comme
une grandeur extérieure. Pour admettre ce geste, il faut comprendre
que la suprême grandeur de Dieu, c’est son humilité, c’est sa charité,
c’est son amour illimité. Celui qui aime le plus, c’est celui-le plus
grand. Celui qui peut se donner à l’infini, c’est celui, celui-qui est
Dieu.
Jésus, à genoux, renverse toutes nos grandeurs pyramidales, toutes
nos grandeurs de chair et d’orgueil et il nous conduit doucement,
tendrement, il nous conduit par cette leçon de choses à
l’apprentissage de la vraie grandeur. Il donne au plus petit la
possibili de devenir quelqu’un. Il introduit chacun dans cette
aventure infinie qui a Dieu pour centre, pour origine et pour terme. Il
supprime entre les hommes ces compétitions mortelles qui
aboutissent à la haine et à la guerre parce que, il offre une grandeur
qui est possible à tous, une grandeur qui peut être réalisée par
chacun au plus intime de son cœur.
Ce geste du Lavement des pieds qui est commémoré dans la liturgie
du Jeudi saint, ce geste du lavement des pieds, il nous introduit de la
manière la plus profonde au mystère de la Croix. Il nous donne de la
comprendre ou à deviner, tout au moins, que la carrière de Jésus
puisse se terminer par un échec, que cet échec soit aussi la plus
haute révélation de Dieu, parce que ce qui importe à Dieu, c’est
justement qu’il apparaisse toujours comme l’amour infini, c’est qu’il
persévère dans son amour, même si nous le trahissons, me si
nous le renions, même si nous l’abandonnons, même si nous
n’opposons que notre indifférence à ses avances.
Son triomphe, c’est d’aimer toujours, d’aimer jusqu’à la mort de la
Croix. Nous qui avons tant besoin de grandeur, nous qui, dans ce
siècle doté d’une telle puissance sur la matière, nous qui nous
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demandons comment nous pouvons inscrire notre nom dans
l’histoire, ce que signifie notre vie, qui paraît si vaine et si mesquine,
nous apprenons ce soir justement que chacun de nous est appelé à
une grandeur proprement divine, que la grandeur de Dieu n’est pas
autre que celle-ci qui s’exprime dans l’agenouillement du Lavement
des pieds. Le Lavement des pieds révèle l’Amour infini de Dieu
ZUNDEL à Beyrouth, en Notre-Dame des Anges, le jeudi Saint 30
mars 1972.
Lavement des pieds
Qu’avons-nous fait de l’Homme ?
C’est la question que nous pose cette Liturgie du Jeudi
Saint. Qu’avons-nous fait de l’Homme ?
Si nous avions compris l’Evangile de Jésus, est-ce que le monde se
trouverait dans l’état où il se trouve aujourd’hui ? Evidemment, non !
Car justement cette Liturgie du Jeudi cumule, en quelque sorte,
toutes les consécrations de l’Homme par Jésus-Christ. Le
« Mandatum », la dernière consigne de Jésus : « C’est à cela que l’on
connaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns
les autres comme je vous ai aimés ». (Jean 13, 35)
Voilà donc le dernier mot du Christ ! Le dernier mot du suprême
Prophète, le dernier mot du Fils de l’Homme et du Fils de Dieu : c’est
d’aimer l’Homme et de faire de l’amour de l’Homme le test, le critère,
la pierre de touche de l’amour de Dieu.
Et cet amour de l’Homme, Jésus va le manifester dans cette scène
incomparable, inépuisable, bouleversante du Lavement des Pieds. Il
va nous montrer Dieu à genoux devant l’Homme, devant l’Homme qui
est le Royaume de Dieu, devant l’Homme qui porte l’infini dans son
cœur, comme le dit le Pape saint Grégoire, exprimant cette
nouveauté merveilleuse : « Le Ciel, c’est l’âme du Juste ».
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Jésus à genoux devant l’Homme ! Il n’y a plus rien maintenant à
ménager. Il ne s’agit plus de conduire les disciples par une parabole,
il faut les mettre brutalement devant la réalité, car la catastrophe est
imminente : le Sauveur du monde va être immolé, la toute-puissance
de Dieu va connaître un formidable échec en apparence. Le Salut va
venir par la mort sur la Croix.
Il faut donc que le vrai visage de Dieu s’imprime maintenant dans le
cœur des disciples, et qu’ils sachent que Dieu, justement, est au-
dedans d’eux-mêmes, d’une Présence confiée à toute présence
humaine. C’est à cela que Jésus veut conduire ses disciples, c’est ce
Royaume de Dieu qu’Il voulait ériger au-dedans de nous, nous
révélant que le ciel est ici, maintenant, dans cette éternité de l’amour,
au cœur de notre plus secrète intimité.
C’est donc qu’il faut chercher Dieu, dans l’Homme ; et pour
atteindre à la perfection chrétienne, il faut que tous les hommes
ensemble constituent un seul corps, une seule vie, une seule
personne en Jésus ; et tout cela, justement, c’est ce que l’Eucharistie
va sceller.
Maurice Zundel-Ta Parole comme une source
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VENDREDI SAINT
Le vendredi saint commémore la passion du Christ. Accusé
d’usurper le nom de Fils de Dieu, trahi par Judas, il a été arrêté
et condamné à être cloué sur une croix. Après avoir été
interrogé, humilié, flagellé, le Christ gravit la colline du Golgotha
chargé de sa croix. Crucifié, il expire en quelques heures et,
enveloppé dans un linceul, il est mis au tombeau. Au cours de
l’office du vendredi saint, le prêtre présente aux fidèles la croix,
les invitant à l’adoration. Le jour du vendredi saint, les fidèles
sont appelés au jeûne.
Texte intégral de la prière du Pape : «Ô Croix du Christ»
«Ô Croix du Christ, symbole de l’amour divin et de l’injustice
humaine, icône du sacrifice suprême par amour et de l’égoïsme
extrême par stupidité, instrument de mort et chemin de
résurrection, signe de l’obéissance et emblème
de la trahison, échafaud de la persécution et
étendard de la victoire.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore
aujourd’hui dressée en nos urs et nos
frères tués, brûlés vifs, égorgés et décapités
avec des épées barbares et dans le silence
lâche.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
visages des enfants, des femmes et des personnes, épuisés et
apeurés qui fuient les guerres et les violences et ne trouvent souvent
que la mort et tant de Pilate aux mains lavées.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
docteurs de la lettre et non de l’esprit, de la mort et non de la vie, qui
au lieu d’enseigner la miséricorde et la vie, menacent de punition et
de mort et condamnent le juste.
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Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
ministres infidèles qui au lieu de se dépouiller de leurs vaines
ambitions dépouillent même les innocents de leur dignité.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les cœurs
endurcis de ceux qui jugent facilement les autres, cœurs prêts à les
condamner même à la lapidation, sans jamais s’apercevoir de leurs
propres péchés et de leurs fautes.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
fondamentalismes et dans le terrorisme des adeptes de certaines
religions qui profanent le nom de Dieu et l’utilisent pour justifier leurs
violences inouïes.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui en ceux qui
veulent t’enlever des lieux publics et t’exclure de la vie publique, au
nom de quelque paganisme laïc ou même au nom de l’égalité que tu
nous as toi-même enseignée.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
puissants et dans les vendeurs d’armes qui alimentent le four des
guerres avec le sang innocent des frères.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les traitres
qui, pour trente deniers, livrent n’importe qui à la mort.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
voleurs et les corrompus qui au lieu de sauvegarder le bien commun
et l’éthique se vendent dans le misérable marché de l’immoralité.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les sots
qui construisent des entrepôts pour conserver des trésors qui
périssent, laissant Lazare mourir de faim à leurs portes.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
destructeurs de notre “maison commune” qui par leur égoïsme
ruinent l’avenir des générations futures.
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Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
personnes âgées abandonnées de leurs proches, dans les personnes
avec un handicap et dans les enfants sous-alimentés et écartés par
notre société hypocrite et égoïste.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans notre
Méditerranée et dans la Mer Égée devenues un cimetière insatiable,
image de notre conscience insensible et droguée.
Ô Croix du Christ, image de l’amour sans fin et chemin de la
Résurrection, nous te voyons encore aujourd’hui dans les personnes
bonnes et justes qui font le bien sans chercher les applaudissements
ou l’admiration des autres.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
ministres fidèles et humbles qui éclairent l’obscurité de notre vie
comme des bougies qui se consument gratuitement pour éclairer la
vie de ceux qui sont les derniers.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
visages des urs et des personnes consacrées les bons
samaritains qui abandonnent tout pour panser dans le silence
évangélique, les blessures de la pauvreté et de l’injustice.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
miséricordieux qui trouvent dans la miséricorde l’expression la plus
haute de la justice et de la foi.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
personnes simples qui vivent joyeusement leur foi dans le quotidien
et dans l’observance filiale des commandements.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
repentis qui savent, de la profondeur de la misère de leurs péchés,
crier : Seigneur, souviens-toi de moi dans ton Royaume !
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Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
bienheureux et dans les saints qui savent traverser l’obscurité de la
nuit de la foi sans perdre la confiance en toi et sans prétendre
comprendre ton silence mystérieux.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
familles qui vivent leur vocation au mariage avec fidélité et fécondité.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
bénévoles qui secourent généreusement les personnes dans le
besoin et celles qui sont battues.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
persécutés pour leur foi qui dans la souffrance continuent à rendre un
témoignage authentique à Jésus et à l’Évangile.
Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les
rêveurs qui vivent avec un cœur d’enfant et qui travaillent chaque jour
pour rendre le monde un peu meilleur, plus humain et plus juste.
Dans ta sainte Croix, nous voyons Dieu qui aime jusqu’au bout, et
nous voyons la haine qui fait la loi et assèche les cœurs et les esprits
de ceux qui préfèrent les ténèbres à la lumière.
Ô Croix du Christ, Arche de Noé qui a sauvé l’humanité du déluge du
péché, sauve-nous du mal et du malin ! Ô Trône de David et sceau
de l’alliance divine et éternelle, réveille-nous des séductions de la
vanité ! Ô cri d’amour, suscite en nous le désir de Dieu, du bien et de
la lumière.
Ô Croix du Christ, enseigne-nous que l’aube du soleil est plus forte
que l’obscurité de la nuit. Ô Croix du Christ, enseigne-nous que
l’apparente victoire du mal se dissipe devant le tombeau vide et face
à la certitude de la Résurrection et de l’amour de Dieu que rien ne
peut vaincre ou obscurcir ou affaiblir. Amen !»
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SAMEDI SAINT
C’est le jour du silence : le roi dort. La pierre du tombeau
renferme le corps sans vie du Christ. L’Eglise n’a rien à dire,
comme Marie, elle reste en silence dans l’espérance.
La Vigile pascale, célébrée de la nuit du Samedi Saint au
dimanche de Pâques, est une veille qui célèbre Pâques, la
résurrection du Christ, sa victoire sur la mort. Au cours de cette
veillée, après la tombée de la nuit, le feu et le cierge de Pâques
sont allumés et la flamme est transmise aux fidèles. C’est aussi
au cours de cette veillée que sont célébrés les baptêmes
d’adultes, qui marquent leur entrée dans la vie de chrétien.
Le Samedi Saint de Marie, par Sainte Thérèse-Bénédicte de la
Croix (Edith Stein)
Marie,
Ton samedi saint comment le penser autrement que dans un silence
parfait ? Une fois le tombeau fermé, saint Jean t'a conduite dans la
maison où lui-même trouvait l'hospitalité à Jérusalem. Cela s'est
passé probablement dans le silence. Le respect devant Ta souffrance
a dû les garder tous muets. Tu leur as seulement fait comprendre que
tu voulais être seule. Il était bien sûr impossible d'aller comme
d'habitude au sabbat et à la fête dans le Temple, parmi les gens qui
L'avaient crucifié et qui Te montreraient maintenant du doigt. Être
seule était l'unique soulagement. Il fallait qu'une fois les larmes
trouvent leur compte. Si le Seigneur avait pleuré sur la mort de
Lazare, ne devais-Tu pas Toi aussi pleurer après tout ce qui était
arrivé ? Sa vie toute entière qui était Ta vie est apparue encore une
fois devant ton âme ; toutes les allusions sur la souffrance, tous les
passages des prophètes. Et avec cela aussi l'annonce de la
Résurrection. Ce que le Sauveur expliquait aux disciples sur le
chemin d'Emmaüs, Tu Te l'es dit Toi-même : ne fallait-il pas que le
Christ souffrît tout cela pour entrer dans Sa gloire ? Ainsi Ta
souffrance se change en action de grâce pour le « Consummatum est
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