World-wide growth, low interest rates, growing exp

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VI INTERNATIONAL COLLOQUIUM
MACRODYNAMIC CAPABILITY AND ECONOMIC DEVELOPMENT
University of Brasilia, 23 mars 2007
LES ENJEUX DE l’INTEGRATION REGIONALE DANS LES AMERIQUES
Guillermo Hillcoat
Maître de conférences
Université Paris 1
ABSTRACT
Latin America benefits since 2003 of a superb international context: World-wide growth, low
interest rates, growing exports, and especially high commodities prices, due to maintained
demand of Asia’s emergent countries. As a result of the region’s economic recovery, there has
been strong GDP growth, unemployment decrease, poverty reduction, international reserves
increase, trade balance surplus and current payments balance surplus. The intra-regional trade
have recovered, although the intensity of the commerce intra-MERCOSUR is still below the
level reached in 1998. The United States has signed a Free Trade Agreement (FTA) with
Central America and Dominican Republic. Yet, several Andean countries concluded the
negotiation of a FTA with the USA. The ALCA has been left in stand-by, but also the
negotiations between the MERCOSUR and the European Union. The question are: What is
the perspective of the MERCOSUR in advancing South of America integration?
Key words: Latin America, Mercosur, Regional Integration, Free Trade Area of the Americas.
JEL classification : E50, F15, F41, O54
The author is responsable for the « Chaire des Amériques »
Panthéon-Sorbonne, Université Paris1.
[email protected]
1
L’Amérique Latine : la croissance économique est de retour
L’Amérique latine profite de la reprise mondiale…
Depuis quatre ans l’Amérique latine profite d’un contexte international exceptionnel :
croissance mondiale, remontée des prix des matières premières, taux d’intérêt bas et forte
progression du commerce mondial. Ainsi l’ensemble des économies de la Région profitent à
différents degrés, de cette conjoncture et connaissent une reprise de la croissance et de leur
commerce extérieur, enregistrant des excédents commerciaux parfois records et assistent à
l’arrivée d’un nouveau courant d’investissements directs étrangers.
En effet, la reprise économique qui s’amorce au niveau international dans la 2ème moitié 2003,
s’est renforcée en 2004. La croissance étant plus forte en Asie, particulièrement en Chine et en
Inde de même que dans l’ensemble des PED qui ont connu une croissance de 5%.
Parallèlement à la reprise économique, le commerce mondial a augmenté de 20%, le taux le
plus fort depuis 25 ans. Ceci s’explique par la remontée des prix, en particulier des
commodities, et la progression du volume poussée par la croissance des économies
émergentes et des USA.
Enfin on constate aussi une forte augmentation des flux financiers par exemple vers les
économies asiatiques et les PECO. Après trois années de recul les flux d’IDE ont repris
fortement vers l’Amérique latine augmentant de 44% en 2004.
Cette conjoncture internationale favorable pour l’Amérique latine devrait perdurer ; même si
la croissance mondiale devrait ralentir dès cette année, les prix des matières premières
devraient se stabiliser voire diminuer et les taux d’intérêt, soit les coûts de financement pour
des pays qui restent parfois très endettés, devraient augmenter.
Et de la relance du commerce extérieur…
Le commerce extérieur de la Région a connu deux années de forte croissance, pour les
exportations +8,9% et +22,5% respectivement en 2003 et 2004 ; pour les importations +3,2%
et +19,5% ; la progression des échanges étant de 17% pour le 1er semestre 2005.
Rappelons que pendant 2001-2002 il y avait eu une forte contraction du commerce extérieur
de la Région, respectivement -4,5% et + 0,5% pour les exportations et -2,5% et -6,8% pour les
importations.
Le dynamisme du commerce extérieur est plus marqué dans le cas des pays de l’ALADI
(Amérique du Sud + Mexique) puisque leurs exportations hors Amérique latine ont progressé
de 22,1% et pour certains pays beaucoup plus, comme le Chili + 57%, le Venezuela + 44% et
le Paraguay +43%. Bien sûr ceci grâce aux prix de leurs principaux produits d’exportation,
respectivement cuivre, pétrole et soja.
Ces pays ALADI ont augmenté leur excédent de balance commerciale qui est passé de 53
milliards de dollars en 2003 à 67 milliards de dollars.
Ce qui est plus important encore, c’est que les exportations et les importations de ce groupe de
pays ont augmenté plus à l’intérieur de la Région qu’avec le reste du monde. Nous pourrions
penser que cette forte augmentation est logique puisqu’elle fait suite à une forte diminution
2
des échanges intra ALADI pendant les années précédentes. Néanmoins il faut se rappeler que
ceci a été une caractéristique des années 90 lorsque les échanges intra blocs et inter blocs ont
dans tous les cas augmenté plus rapidement que le commerce extra régional c'est-à-dire entre
l’Amérique latine et le reste du monde ; ce qui était révélateur du manque de compétitivité de
ces pays.
Dans la relation avec le reste du monde, la différence aujourd’hui viendrait du fait que les
exportations progressent plus vite que les importations : le résultat étant un excédent
commercial significatif. Or celui-ci est facilité par la conjoncture exceptionnelle des prix
internationaux des matières premières ; on peut craindre ainsi que de continuer la croissance
économique dans la région, et avec elle les flux d’importations venant des pays industrialisés,
et si les prix des commodities venaient à se tasser ne réapparaissent les déséquilibres de
balance commerciale si fréquents dans la décennie passée…1
Et d’une forte récupération des échanges dans la Région…
Pendant deux années de suite, 2003-2004, il y a une forte récupération des échanges intra
Amérique latine, a contrario de ce qui s’est passé pendant les deux années précédentes.
Cependant, les échanges intra régionaux ne représentent que 17% du commerce extérieur, ce
pourcentage s’élève à 34% en Asie et 62% dans l’UE ; de surcroît, ces échanges sont procycliques, ils augmentent en période de croissance économique et diminuent plus fortement
que le commerce total dans les périodes de récession.
La faible intensité du commerce intra Amérique Latine s’explique par différents facteurs, le
principal étant la spécialisation assez similaire de ces pays : les exportations étant fortement
concentrées sur les matières premières agricoles, minières et énergétiques.
L’Amérique Latine dispose d’une structure industrielle relativement diversifiée. En effet, à
des degrés divers selon les pays, l’Amérique latine a réussi un fort développement industriel,
en particulier dans la période 1950-1980 et l’on a assisté à une diversification de la production
industrielle vouée essentiellement au marché interne. Des pays tels que le Mexique, le Brésil
et l’Argentine ont pu ainsi se doter d’une base industrielle couvrant une large gamme de
produits de consommation, de biens intermédiaires et très souvent de biens d’équipement. A
un degré moindre les pays andins et ceux de l’Amérique centrale et des Caraïbes ont
également développé leurs industries.
1
Sur le plan du commerce extérieur le défi pour l’Amérique latine est connu : améliorer son insertion dans le
marché mondial diversifiant son offre grâce à une incorporation accrue de produits industriels. Certes, des
progrès ont été réalisés en particulier par le Mexique, plus récemment par le Brésil or le plus préoccupant c’est
que le gap technologique loin de se réduire, se creuse. Selon le dernier Rapport du World Economic Forum, The
Global Information Technology sur 104 pays étudiés, les pays latino-américains sont très mal classés et de
surcroît perdent des places de 2003 à 2004 se classant désormais ainsi : le Chili premier pays qui apparaît occupe
la 35ème place, viennent ensuite le Brésil 46ème, le Mexique 60ème, Costa Rica 61ème, l’Uruguay 64ème l’Argentine,
désormais 76ème place, République Dominicaine, 78, le Pérou 90ème.
Plus préoccupant encore : l’investissement en recherche et développement est extrêmement faible. Sur le total
mondial destiné à R&D, 42% sont réalisés aux Etats-Unis et Canada, 28% en Europe, 27% en Asie et 1% en AL.
(RICYT, Red Iberoamericana de Indicadores de Ciencia y Tecnología.)
Selon le PNUD tandis que R&D représente 3% du PIB au Japon et aux Etats-Unis, 2,5% en Corée du Sud, 1,2%
en Chine, 1% en Inde, la moyenne en AL est de 0,5%, seulement 1% du PIB au Brésil et 0,4% au Mexique et en
Argentine...
En outre, 70% des recherches effectuées au Mexique et en Argentine sont financées sur des fonds publics,
autrement dit très peu par les entreprises ce qui est exactement l’inverse dans les pays dynamiques où la part de
l’Etat est de 35% aux Etats-Unis, 25% en Corée du Sud et 18% au Japon. ( World Investment Report,Unctad
2005.)
3
Dès lors, et au-delà des contrastes que l’on observe entre les économies les plus diversifiées
telles que celles des pays du Mercosur, des Caraïbes et de l’Amérique centrale, l’ensemble
des pays de la région partagent une caractéristique commune : la place prépondérante des
matières premières dans leur profil d’exportation.
Et pour cause, l’Amérique latine demeure un véritable réservoir de matières premières
minières et agricoles. Les pays de la région comptent parmi les principaux exportateurs de
certains produits agricoles tels que le café, le sucre, la banane, le soja, le coton, le cacao, les
agrumes, les céréales et la viande bovine. Et de certains produits miniers, tels le cuivre, l’étain
et le fer. Enfin certains pays latino-américains sont de grands producteurs de pétrole comme le
Venezuela, l’Equateur et le Mexique.
En outre, il y a aussi des raisons historiques, en effet pendant plusieurs décennies, ces pays ont
maintenu des modèles de croissance fermés, ignorant les possibilités d’articulation et
d’interdépendance avec les économies voisines. Il y a encore d’autres facteurs structurels tels
la taille réduite de leurs marchés internes, les déficits en infrastructures pouvant faciliter le
commerce dans la Région.
Enfin, c’est vrai que ces dernières années les échanges intra-Amérique latine comptaient de
plus en plus de produits manufacturiers. Or il s’agit en majorité de produits des industries
légères et donc facilement substituables lorsque les pays traversent une période d’ajustement
et doivent amputer leurs importations ; celles venant des pays voisins en souffrent davantage.
De nouveaux partenaires émergents...
Le troisième fait marquant est la présence grandissante en tant que partenaire commercial de
l’Asie, en particulier de la Chine.
Dans le dynamisme enregistré par les exportations, le débouché USA (+15%) a certainement
joué mais surtout le bond en avant des débouchés asiatiques, Chine, Japon et Sud-est asiatique
(+30%).
Naguère le principal partenaire était le Japon, aujourd’hui c’est la Chine, pays qui non
seulement devient un débouché important pour les produits latino-américains mais qui
augmente sa présence en tant que fournisseur pour un nombre grandissant de pays de la
Région et avec une palette diversifiée de biens. Dans la mesure où le dynamisme de
l’économie chinoise persiste les liens économiques, commerciaux et financiers entre
l’Amérique latine et la Chine vont se renforcer. La croissance chinoise telle qu’on l’a vue ces
dernières années, est favorable aux cours des matières premières et améliore les termes de
l’échange de l’Amérique latine.
En outre, tel que l’on a pu le constater lors de la visite du président de la Chine dans plusieurs
pays de l’Amérique du Sud, dans son but de s’assurer l’approvisionnement stable en matières
premières ce pays cherche soit à absorber des entreprises de la région soit à s’associer avec
des partenaires de la région pour le développement de projets dans le domaine de l’énergie et
de l’exploitation minière principalement.
Dès lors étant donné les capacités financières dont dispose la Chine, la présence de ce pays en
Amérique latine sur le plan économique et financier est appelée à s’accroître rapidement.2
2
Lors du Sommet de l’APEC, le 16 novembre en Corée du Sud, la Chine et le Chili ont signé un Accord de
Libre-échange ; 80% des produits exportés par le Chili vers ce pays seront libres de taxes dès l’entrée en vigueur
de l’Accord.
4
Les échanges entre la Chine et l’Amérique latine ont progressé pendant les années 90 avec un
taux à deux chiffres, le commerce ayant été multiplié par 9 entre 1990 et 2002.
Tandis qu’en 1990 la Chine absorbait moins d’un point (0,9%) des exportations de
l’Amérique latine et des Caraïbes, ce pourcentage était de 4% en 2004, représentant pour le
Brésil, Cuba, Argentine, Pérou, Chili entre 6 et 10%.
En effet les pays sud-américains qui détiennent des avantages compétitifs avérés dans le
domaine agroalimentaire et/ou disposent de réserves en minerais et en métaux, occuperont une
place de choix dans l’expansion commerciale de la Chine dans la Région. Les exportations de
l’Argentine, le Brésil et le Chili vers la Chine ont augmenté entre 1992 et 2002
respectivement 768%, 476% et 512%.3
Dans le cas de l’Argentine et le Brésil ce sont les produits de l’agro-industrie les plus
dynamiques, 74% du total exporté par l’Argentine concerne ces produits ; la Chine est
devenue d’ores et déjà le premier client des exportations agroalimentaires argentines devant
les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne.
Quant au Brésil, ses exportations de produits agroalimentaires vers les pays émergents ont
progressé à raison de 20% par an entre 2000 et 2004 ; la progression étant de 30% à 45% vers
la Chine, la Corée, l’Inde, l’Indonésie et la Russie. Pour la première fois, en 2004, les
exportations agricoles du Brésil vers les pays en développement ont dépassé celles destinées
aux pays développés. Voici sans doute le fondement de la position intransigeante du Brésil
dans les enceintes internationales cherchant à éliminer les subventions aux exportations
agricoles pratiquées principalement par l’UE, les USA, et le Japon ; et du rôle extrêmement
actif qu’il a joué dans la création du G20 à Cancun en 2003 et qui est devenu un protagoniste
incontournable dans le Round de Doha…4
Or, les progrès dans la lutte contre la pauvreté sont modestes…
Selon le Rapport de la CEPAL, Panorama Social 2004, sur 512 millions d’habitants que
compte l’Amérique latine, 222 millions sont pauvres (44,3% de la population) dont 96
millions sont en extrême pauvreté (19,6%).
Pendant la décennie 1990 des progrès avaient été enregistrés, la pauvreté ayant diminué de 3
points en 1997. Cependant la situation s’est aggravée suite à la succession de crises
économiques et financières qu’ont traversé certains pays de la Région pendant les années
2000-2002.
Certes, ces cinq dernières années il y a eu des avancées dans la lutte contre la faim et la
mortalité infantile, ainsi que dans le domaine de l’éducation, de l’égalité des genres et de
l’accès à l’eau potable des populations. Mais concernant les niveaux de pauvreté, on est loin
d’atteindre les objectifs fixés par le Programme du Millénaire de l’ONU. Néanmoins la forte
croissance enregistrée en 2004 et les bonnes perspectives de 2005 permettraient de faire
descendre d’un point les pourcentages cités plus haut ; même si étant donné la croissance
démographique, le nombre absolu de personnes en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté
resterait inchangé.
Le Chili est le seul pays ayant réduit de moitié la pauvreté tel que le prévoit l’objectif du
Millénaire, de même que le niveau de pauvreté extrême. Rappelons que d’autres pays ont
3
Base des données Chelem.
Le G20 créé à l’occasion de la Réunion de Cancun, dans le cadre des Négociations du nouveau Round de
l’OMC, était constitué au début par 21 pays (le Salvador l’ayant quitté par la suite) qui sont : Argentine, Brésil,
Bolivie, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Equateur, Guatemala, Mexique, Pakistan, Paraguay, Philippines,
Afrique du Sud, Thaïlande, Venezuela, Egypte, Sénégal, Turquie, Indonésie et Nigeria.
4
5
aussi obtenu de bons résultats dans ce domaine, comme le Brésil, l’Equateur, le Mexique, le
Panama et l’Uruguay. Ce qui n’est pas le cas de l’Argentine et du Venezuela qui enregistrent
actuellement un niveau d’extrême pauvreté supérieur à celui de l’année 1990.
Ainsi atteindre les objectifs du Millénaire en 2015 suppose pour l’Amérique latine d’accélérer
le rythme de croissance économique d’une part et de l’autre, améliorer la répartition des
revenus. Etant entendu qu’une meilleure répartition des revenus permet à la fois de diminuer
le niveau de pauvreté et d’augmenter la croissance économique.
Rappelons que l’Amérique latine reste la région la plus inégalitaire, en termes de répartition
des revenus, parmi l’ensemble des pays en développement. En effet, 25% du revenu national
est perçu par 5% de la population, tandis que dans le Sud-est asiatique, les 5% les plus riches
ne perçoivent que 16% du revenu et dans les pays développés, 13%. Or selon le Rapport de la
CEPAL comparant les données de 2002 avec celles de 1990, on serait hélas en présence d’un
processus de convergence des pays latino-américains vers les niveaux d’inégalité les plus
extrêmes. De surcroît, la concentration ne concerne pas que les revenus mais aussi la richesse
et le patrimoine.
Les degrés d’inégalité tant sur la richesse que sur la répartition des revenus est ainsi un
syndrome auquel n’échappe aucun pays de la Région y compris ceux qui font preuve d’une
gestion macro-économique sérieuse et d’une meilleure gouvernance tel que le Chili. Le
Rapport de l’OCDE5 signale que parallèlement à la bonne performance en termes de
croissance, productivité, réduction de la vulnérabilité extérieure, au Chili, la mauvaise
répartition des revenus loin de s’améliorer, s’accentue.
Si sur le plan de la pauvreté et la répartition des revenus les progrès sont décevants, la Région
a enregistré des avancées sur d’autres aspects. Par exemple 15 pays sur 24 ont réussi à faire
diminuer le niveau de malnutrition. De même dans l’éducation primaire le taux de scolarité
dépasse 93%, le Brésil et le Mexique étant au-dessus de la moyenne régionale avec 95%. Par
contre sur d’autres aspects les progrès sont très lents par ex., les salaires perçus par les
femmes restent inférieurs de 30% à 40% par rapport aux salaires des hommes. Quant à l’accès
à l’eau potable, même si les programmes d’assainissement urbain ont beaucoup avancé dans
les Caraïbes, la couverture reste inférieure à 60% de la population dans plusieurs pays, ex. en
Bolivie, au Brésil, au Salvador, au Guatemala, en Haïti et au Pérou.
Améliorer son insertion, stabiliser la croissance et faire reculer la pauvreté exige à l’Amérique
latine de relever plusieurs défis :
- Les pays d’Amérique latine doivent continuer et/ou compléter les réformes structurelles.
Moderniser l’Etat et la qualité des institutions, domaine où certes les réformes des années 90
ont amorcé un processus dans la bonne direction mais qui reste largement insatisfaisante.
- Augmenter le volume et l’efficacité des investissements dans la formation du capital
humain ; donner donc dans les dépenses publiques, la priorité à l’éducation.
- Pour réduire l’écart qui la sépare des pays développés, et réduire la pauvreté, il est impératif
pour l’Amérique latine de doubler le taux de croissance, par rapport à celui enregistré dans la
décennie passée ; et pour ce faire elle doit : améliorer l’efficacité de la base productive pour
mieux tirer profit des opportunités de la globalisation et relever le taux d’épargne interne,
autrement dit diminuer leur dépendance vis-à-vis des flux de capitaux extérieurs.
5
OCDE (2005) Estudio económico de Chile para 2005.
6
L’Amérique latine et la politique de l’Administration Bush
La démocratie menacée par l’instabilité et les dérives populistes…
Depuis une vingtaine d’années les pays de la Région ont entamé un processus de
rétablissement du système démocratique et des institutions garantissant l’Etat de droit. Certes
les progrès enregistrés sont énormes, sachant que la Région avait expérimenté toute sorte de
vicissitudes et de disruptions dans leur vie institutionnelle, de coups d’Etats et de dictatures en
Amérique du Sud et de guerres civiles ouvertes en Amérique centrale. Néanmoins la
légitimité des institutions démocratiques, leur fonctionnement et la transparence dans
l’exercice de la représentation populaire restent restreints voire oblitérés. Plus grave encore
dans un certain nombre de cas il y a eu l’interruption du mandat constitutionnel de certains
présidents et/ou le renversement de gouvernements en place.
Depuis 1993, 14 présidents n’ont pas pu finir leurs mandats. Ce phénomène n’est pas
l’apanage des petits pays avec une tradition d’instabilité, puisque le Brésil en 1992, le
Venezuela en 1993 et l’Argentine en 2001 ont en souffert. Citons également les cas
particuliers de la Bolivie où 3 présidents ont été renversés -1985, 2003 et 2005- et de
l’Equateur qui a connu une série de révoltes et l’interruption du mandat présidentiel en 1997,
1999 et en 2005. Enfin, Haïti qui constitue sans aucune doute un cas d’Etat en faillite.
L’opinion publique reste assez sceptique quant à la probité des fonctionnaires, selon l’Enquête
Latinobarómetro concernant l’image de la classe politique sur 100 fonctionnaires, 68 sont
suspectés de corruption. Par contre, ce sont paradoxalement les présidents qui font parfois les
frais des révoltes qui conservent un capital confiance supérieur aux partis politiques et à la
classe dirigeante dont ils sont issus ; c’est le cas aujourd’hui par ex. au Brésil et en Argentine.6
Ce phénomène de filet de légitimité réservé au président, est à la fois rassurant et inquiétant.
En effet, la plupart de ces pays ont un régime présidentialiste « à l’américaine », et le manque
de confiance vis-à-vis des autres pouvoirs, législative et judiciaire de même que l’image
d’opacité voire de corruption dont distille l’élite et les partis politiques en général ne peuvent
que renforcer les tentations césaristes et populistes des présidents en exercice ; tentations ou
dérives qui s’inscrivent dans une longue tradition en Amérique latine.
Malgré le fait que dans une minorité de pays (5 sur 18) seuls 50% des personnes interrogées
croient en la transparence des processus électoraux, néanmoins plus de 60% de la population
font confiance au vote comme moyen efficace pour obtenir des changements dans la situation
économique et sociale.
Rappelons cependant qu’en 27 ans de transition démocratique, et au cours de 200 processus
électoraux, seuls trois cas de fortes irrégularités et de fraude grave ont été constatés : en
République Dominicaine en 1994, au Panama en 1999 et au Pérou en 2000.
6
Nous reprenons ici le résultat de l’Enquête annuelle réalisée par la Corporación Latinobarómetro, ONG
chilienne, menée dans 18 pays d’Amérique latine.
Les résultats de ces enquêtes d’opinion ne sont pas étonnants vu qu’année après année il n’y a pas de changement
significatif dans les rangs occupés par les pays latino-américains dans le ranking établi par le Rapport annuel de
Transparency International «Indice de Perceptions de la Corruption ». Pour l’année 2005 les pays les mieux
classés sont : le Chili n’apparaît que dans la 21ème place, l’Uruguay 36ème, le Costa Rica et le Salvador 51ème, la
Colombie et le Cuba, 55ème, le Brésil 62ème, le Mexique 64ème, le Panama et le Pérou 65ème, République
Dominicaine 85ème, l’Argentine 97ème, la Bolivie, l’Equateur et le Guatemala 117ème place.
7
Dans ce contexte, la situation actuelle est caractérisée par plusieurs foyers de tension et de
menaces d’instabilité ; de surcroît et compte tenu du rôle décisif de la figure présidentielle, il y
aura des élections présidentielles entre novembre 2005 et décembre 2006 dans 12 pays de la
Région.
Selon le Rapport annuel7 sur les institutions d’Amérique latine et des Caraïbes publié par
Inter-American Dialogue, et dans l’élaboration duquel ont participé 100 analystes, experts des
Etats-Unis, du Canada et de l’Amérique latine sous la coordination de l’ex-président brésilien,
Fernando Enrique Cardoso, la situation se caractérise par un bilan mitigé.
En effet, selon ce Rapport ni Haïti ni le Venezuela « peuvent être considérés comme de
véritables démocraties », soulignant également l’effondrement des règles démocratiques dans
4 autres pays.
En plus Haïti est qualifié d’Etat en faillite et Cuba serait le seul pays de la Région ayant un
régime autoritaire. Le cas du Venezuela est spécifique puisque son président Hugo Chávez
fort de sa légitimité interne obtenue lors du référendum et surtout grâce à la manne apportée
par les revenus du pétrole est devenu une source potentielle d’instabilité régionale. En effet, il
intervient directement ou indirectement dans les affaires politiques des pays voisins en
particulier de la Bolivie.
Sur le plan interne Chávez, tout en maintenant en apparence la division des pouvoirs, a
noyauté la Cour Suprême avec des hommes de confiance. Il a adopté également une
législation qui restreint la liberté de la presse et exerce des pressions quotidiennes sur les
opposants et les ONG critiques de son gouvernement ; il aurait ainsi installé au sein de la
société vénézuélienne un clivage entre ceux qui soutiennent son régime et ses opposants ;
clivage qui comme on l’a vu il y a deux ans peut rallumer à tout moment la violence civile et
politique.
Mise à part la Bolivie, des risques de tensions et d’instabilité peuvent être décéllés en
Equateur, au Nicaragua et dans une moindre mesure, au Pérou, au Guatemala, au Honduras et
au Salvador.
L’Equateur fait preuve d’énormes difficultés sur le plan de la gouvernabilité. La polarisation
politique et l’exploitation des clivages ethniques donnent lieu à des révoltes populaires
cycliques dont le président Lucio Gutiérrez a fait les frais ; il est le 3ème président qui a dû
démissionner ces huit dernières années.
Par contre les règles démocratiques ont prévalu et les institutions ont regagné en légitimité
dans les pays qui ont traversé de graves crises financières comme l’Argentine et dans une
moindre mesure l’Uruguay, le Brésil ; c’est le cas aussi pour un pays qui reste otage des
situations de violence comme la Colombie.
Bolivie : la crise rampante
La crise que traverse la Bolivie depuis plusieurs années résulte de multiples facteurs :
historiques, ethniques, sociales, institutionnels. Ce qui explique les difficultés à stabiliser la
situation dans ce pays. Il faut dire que le renversement d’un président élu n’a fait qu’ouvrir la
porte à une instabilité plus grave. En effet, après le départ de Gonzalo Sánchez de Lozada en
2003, son vice-président Carlos Mesa qui avait occupé sa place a dû démissionner en 2005 ;
c’est le président de la Cour suprême de Justice Eduardo Rodríguez qui l’a remplacé. La
Bolivie votera le 18 décembre prochain pour élire un nouveau président. Quelle sera la
7
Inter American Dialogue, A Break in The Clouds. Latin America and The Caribbean in 2005. Policy Report,
July 2005
8
légitimité de celui-ci et son horizon de stabilité ? Difficile de le savoir. Et pour cause, la
Bolivie se caractérise par une fragmentation de la représentation politique, les différents partis
réunissent chacun tout au plus 20% des voix. Du fait que l’élection présidentielle est au
suffrage indirect, on abouti finalement à un arrangement entre partis. Et l’histoire a montré
que les alliances entre partis pour introniser un gouvernement restent assez fragiles et
aléatoires ; ceci dit c’est la dimension historique et structurelle de la crise qui est la plus
importante.
La Bolivie est un pays hétérogène avec des fortes disparités de revenus entre les régions et où
les problèmes ethniques n’ont jamais été résolus. Rappelons que les amérindiens représentent
l’essentiel de sa population, 30% de quechuas, 25 % d’aymaras, 30% de métis. Seuls 15% de
la population, d’origine européenne essentiellement espagnole, ont de tout temps formé le
noyau dur de l’élite économique et politique du pays.
En outre, la Bolivie qui détient le niveau de pauvreté le plus élevé en Amérique latine n’a
jamais pu dépasser sur le plan économique, une structure productive tournée exclusivement
vers l’exploitation des ressources naturelles, minières et plus tard du pétrole et du gaz.
Pendant des décennies les recettes du pays étaient tributaires de l’exploitation de l’étain et
puis de celle du gaz. Ce n’est donc pas un hasard si la crise que traverse le pays depuis
quelques années était appelée la « guerre du gaz ».
En effet, pour stabiliser le fonctionnement de l’Etat et pour maintenir l’unité nationale il
faudrait trouver une formule permettant une exploitation rationnelle des ressources
énergétiques tout en garantissant à l’Etat des revenus stables et rémunérateurs au moyen d’un
prélèvement correct de redevances sur cette activité. Et bien sûr il serait nécessaire d’assainir
et d’améliorer la gestion de l’administration centrale et de parvenir à un compromis fiscal
concernant la gestion des transferts entre provinces, faute de quoi de nouvelles poussées
sécessionnistes verraient le jour dans la région du Sud-est où se situent les immenses
gisements de gaz (Santa Cruz, Tarija et Sucre).
Les gouvernements de l’Amérique du Sud, à partir de la Comunidad Sudamericana de
Naciones, par exemple, pourraient jouer un rôle de stabilisation et aider les autorités de la
Bolivie à s’attaquer aux problèmes socio-économiques qu’elle connaît et qui attisent la révolte
et aggravent l’affrontement entre les parties en présence. Incorporer la Bolivie et ses
immenses réserves de gaz au projet de création d’un anneau énergétique pour l’Amérique
du Sud constituerait un pas très important.
La crise en Bolivie est suffisamment grave : économique et institutionnelle avec des risques
sécessionnistes qu’elle n’a pas besoin d’être attisée de l’extérieur. Or les Etats-Unis suspectent
le régime de Chávez et ils l’ont fait savoir au moment de la crise qui a débouché sur le
renversement du président Mesa, par l’intermédiaire de l’ancien sous secrétaire d’état pour
l’Amérique latine, Roger Noriega, qu’une des parties en présence, le parti du leader
« cocalero » Evo Morales comptait avec l’appui, y compris financier, du gouvernement
vénézuelien. D’ailleurs les Etats-Unis suspectent Chávez d’intervenir également dans les
affaires internes du Nicaragua.
Le nouveau sous secrétaire Tom Shannon vient de réaffirmer l’opinion de la Maison Blanche
dans ses déclarations devant le Congrès.8
8
Témoignage auprès du Comité des Affaires étrangères du Sénat le 17.11.2005, se référant à la dérive du régime Chávez « la
démocratie au Venezuela est en grave danger, le président Hugo Chávez poursuit l’assaut contre les institutions
démocratiques du pays…et contrôle les cinq branches du pouvoir constitutionnel : l’exécutif, le législatif, le judiciaire,
l’électoral et celui appelé pouvoir citoyen dont le procureur général et la Cour de comptes. On est en présence d’une
9
Le danger de sécession en Bolivie est d’autant plus préoccupant qu’elle a des frontières
communes avec le Chili, l’Argentine, le Brésil et le Pérou et elle détient des réserves très
importantes d’hydrocarbures. Les Etats-Unis comptent sur le Brésil pour qu’il joue son rôle de
leadership et donc de stabilisation dans l’Amérique du Sud, néanmoins ils déploient
préventivement leur propre stratégie. Au mois d’août le ministre de la défense Donald
Rumsfeld s’est rendu en Bolivie et au Paraguay. Celui-ci a autorisé la venue d’un contingent
de troupes américaines, ayant la possibilité de faire des exercices de manœuvre et bénéficiant
de l’immunité ; autorisation allant jusqu’en décembre 2006 et prorogeable ; ces forces
utiliseront une base militaire, la base Mariscal Estigarribia, comptant avec une piste
d’atterrissage de 3800 mètres, plus grande que celle de l’aéroport international de Asunción,
apte pour des gros porteurs, et qui se trouve à 200 Km de la frontière avec la Bolivie.
Le Brésil s’est manifesté inquiet de cette présence américaine et il l’a fait savoir au
gouvernement paraguayen, celui-ci a coupé court réclamant son droit à exercer son
indépendance dans les relations avec les Etas-Unis sans que pour autant cela puisse menacer
la continuité du Mercosur. Néanmoins il est plus que vraisemblable qu’une présence militaire
américaine permanente au Paraguay serait assortie d’une perspective de marchandage plus
large dans les aspects commerciaux. Les Etats-Unis font d’ores et déjà des concessions
commerciales pour les produits paraguayens (le sucre et puis viendra la viande bovine, et le
textile...), il ne faut écarter non plus l’hypothèse que s’ouvrent à brève échéance des
négociations entre les deux pays pour parvenir à un Accord de Libre-échange à l’instar de
celui signé avec le Chili et le CAFTA, alternative partagée par une bonne partie de la classe
dirigeante et par l’opinion publique du pays…
Les déboires des USA à l’OEA…
Les Etats-Unis, unique superpuissance mondiale et ayant un agenda international plus que
bien rempli, ne se sont pas dotés, plus par défaut que par volonté délibérée d’une vraie
politique à l’égard de l’Amérique latine et ceci depuis plusieurs années. Certes, les Etas-Unis
ont deux objectifs clairs pour la Région : faire avancer le libre-échange et étouffer tout foyer
de déstabilisation qui pourrait pousser l’Amérique latine en marche arrière des conquêtes
démocratiques et menacer la paix et la sécurité dans les Amériques.
C’est ainsi qu’ils suivent de près les affaires et l’évolution de la Région et sont préoccupés
par les dangers de déstabilisation et autres débordements pouvant créer des situations de
contagion tels que : la guérilla en Colombie, l’instabilité en Equateur et en Bolivie, la question
Haïtienne et les problèmes traditionnels de criminalité et de trafic de drogues. C’est vrai qu’à
partir du lancement d’Enterprise for America, initiative de l’Administration G. Bush en 1989,
traduite par l’Administration Clinton dans le projet de Zone de Libre-échange des Amériques
en 1994, les Etats-Unis sont décidés à faire évoluer et converger les pays latino-américains
vers une libéralisation des marchés. Or les prises de position claires et ponctuelles dans tel ou
tel conflit et une politique commerciale aussi ferme soit-elle ne peuvent pas tenir lieu de
concentration progressive et sans contrôle du pouvoir par l’exécutif… D’autre part Chávez représente une menace pour la
stabilité régionale suite à l’achat d’armement et à son appui actif à certains mouvements politiques radicaux dans la région. »
La Maison Blanche étant d’autant plus préoccupée que le président Hugo Chávez avait demandé récemment la coopération
de l’Argentine et du Brésil pour développer un plan d’énergie nucléaire.
Et Shannon de continuer « Chávez ne croît pas en une Amérique unie mais en une Amérique du Nord et une Amérique du
Sud antagonistes ; sa démarche est basée sur le conflit et la recherche d’ennemis pour maintenir mobilisée la population
derrière lui. Certes le Venezuela n’est pas la Chine ni la Libye, il existe un espace démocratique au Venezuela, il y a
actuellement une base pour une relation, la question est de savoir si le président Chávez veut avoir une relation avec nous ;
hélas jusqu’à maintenant il n’a pas démontré beaucoup d’intérêt… »
10
politique cohérente et ambitieuse pour la Région. On peut dire sans risque de se tromper que
l’Amérique latine n’est pas une priorité dans la politique extérieure des Etats-Unis.
Quant à l’Amérique latine, différents points de vue et sensibilités vis-à-vis du puissant voisin
du Nord cohabitent en son sein. De multiples facteurs interviennent dans la position
qu’adoptent les différents pays latino-américains, le principal étant le degré d’interdépendance
commerciale et économique avec les Etats-Unis. Il est clair que les pays de l’Amérique
centrale et des Caraïbes dont les échanges commerciaux sont très polarisés vers les EtatsUnis, se sentent très proches de ce pays. Le Mexique occupe aussi une place de choix dans la
relation entre les pays latino-américains et les Etats-Unis (frontière commune, appartenance à
l’ALENA…). Par contre, les pays de l’Amérique du Sud sont moins dépendants du commerce
avec les Etats-Unis, leurs économies sont davantage articulées avec leurs voisins -Mercosur
et Etats associés- et comptent avec un pays très puissant, le Brésil dont les aspirations de
leadership dans la région ne sont pas occultées.
Néanmoins, à l’exception de l’attitude de Cuba et du Venezuela, et même s’il est facile de
constater des divergences sur quelques dossiers chauds (guerre d’Irak, rôle de l’OEA,
positions dans l’OMC) il n’y a pas un climat d’hostilité systématique des gouvernements
latino-américains à l’égard de Washington.
On constate il est vrai sur le plan politique et diplomatique des lignes de tension et de
divisions dans la Région.
Pour autant les pays latino-américains ne forment pas un bloc homogène vis-à-vis des EtatsUnis. Ainsi qu’il s’agisse du rôle de l’OEA ; de l’optique plus ou moins libérale pour aborder
la question économique et sociale dans la Région ; de la réforme des institutions multilatérales
et a fortiori de la question épineuse du bouclage des négociations sur la Zone de Libreéchange des Amériques voulue par les Etats-Unis ; les pays latino-américains se regroupent
et/ou s’alignent différemment dans chaque cas de figure.
Il faut reconnaître que l’opinion publique latino-américaine qui est majoritairement critique
vis-à-vis des Etats-Unis, curieusement encore plus chez les élites dirigeantes, ne facilite pas la
tâche des gouvernements qui souhaiteraient se rapprocher de ce pays. Parfois d’autres y
trouvant un alibi pour adopter des positions contraires à celles des Etats-Unis.
En effet, il est intéressant de citer les résultats de l’enquête concernant l’image des USA dans
la Région ; tandis qu’en 2000 on comptait 68% de bonnes opinions, ce pourcentage descend à
61% en 2005 or ceci n’est qu’une moyenne puisqu’il y a des fortes disparités dans l’opinion
des populations des différents pays. C’est en Amérique centrale que les pourcentages de
bonnes opinions sont les plus élevés allant de 70% à 87% ; tandis que dans les pays du Sud le
pourcentage est très bas, 30% en Argentine et 38% en Uruguay.
Selon l’enquête réalisée par Zogbi International présentée à la Conférence des Amériques du
Journal Miami Herald, auprès d’un échantillon de fonctionnaires gouvernementaux,
entrepreneurs, journalistes et universitaires dans 6 pays latino-américains, 37% des membres
de l’élite ont choisi l’Espagne comme le meilleur ami de leur pays contre 12 % pour les EtatsUnis et 10% pour le Brésil. Pour la même question l’enquête de Latinobarómetro, réalisée
auprès de la population en générale, avait placé les USA à la première place avec 28% devant
l’Espagne et le Brésil avec respectivement 10% et 3%.
C’est en effet dans les couches sociales avec un niveau d’éducation plus élevé qu’on trouve
les opinions les plus critiques voire hostiles vis-à-vis des Etats-Unis. Même résultat par
11
rapport à la guerre d’Irak, chez les élites 86% opposés et 66% pour la population dans son
ensemble.
Les deux défaites consécutives essuyées par la diplomatie américaine à l’OEA illustrent bien
si ce n’est l’absence d’une politique à l’égard de la Région leur maladresse voire leur
incapacité à générer un consensus sur des sujets très sensibles. En effet, le candidat des EtatsUnis pour présider l’OEA, le salvadorien Francisco Flores n’a pas obtenu le nombre de voix
nécessaires ; puis au mois d’avril, un nouveau candidat comptant avec l’appui de Washington,
le mexicain Luis Derbez non plus, finalement le candidat du Chili, pays qui avait pris de la
distance au moment du déclenchement de la guerre en Irak, José Miguel Insulza, comptant
avec l’appui des pays du Mercosur a été élu. Et puis lors de la XXXV Assemblée générale de
l’OEA qui se tenait pour la première fois en 31 ans aux Etats-Unis, en juillet dernier, la
proposition américaine de créer un « mécanisme de monitorage » des démocraties dans la
région n’a pas été acceptée et ceci malgré les efforts et la fermeté des propos tenus par
Condoleeza Rice. Elle a pourtant bien expliqué qu’« il n’est pas question d’intervenir pour
punir mais d’intervenir pour soutenir les institutions démocratiques, nous devons ensemble
insister pour que les dirigeants élus démocratiquement aient la responsabilité de gouverner
démocratiquement ».
Vu l’impuissance de l’OEA à apporter une réponse ou à dénouer les crises éclatées dans la
région, en Bolivie, l’Equateur, le Pérou, l’adoption d’un « monitorage » n’était pas une
mauvaise idée. Or il aurait fallu une concertation préalable tout au moins avec certains pays
qui pèsent dans la région. Elle avait raison de dire qu’ « aujourd’hui dans les Amériques, la
division ne se fait pas entre gouvernements de gauche et de droite mais entre gouvernements
élus qui gouvernent selon les règles démocratiques et ceux qui ne le font pas ».
Mais c’était maladroit de venir sans concertation, interpeller les représentants latinoaméricains en leur disant que l’heure était arrivée de « parler moins et d’agir plus ».
Vu le triste passé de l’OEA qui à plusieurs reprises dans l’histoire avait justifié
l’interventionnisme américain dans la région, au point qu’on a pu la désigner comme le
« ministère des colonies yankee », il n’est pas étonnant que le Ministre des affaires étrangères
brésilien, Celso Amorim ait justifié la contre proposition apportée par les pays de l’ALADI en
disant « nous voulons renforcer la démocratie dans la région mais nous voulons éviter des
mécanismes d’intrusion ». Finalement le Secrétariat de l’OEA a été chargé de prendre le cas
échéant les initiatives « de coopération » opportunes, efficaces, équilibrées et graduelles pour
venir en aide aux gouvernements en crise. Au fond il s’agit de faire respecter la Charte
démocratique interaméricaine adoptée en 2001.
Enjeux diplomatiques et Intégration régionale
Les Amériques : zone de libre-échange ou accords bilatéraux ?
En décembre 1994, lors du Premier Sommet des 34 présidents des pays des Amériques à
Miami, avait été lancé le processus devant mener à la constitution d’une Zone de Libreéchange hémisphérique. Dans ce but deux étapes ont été fixées, la première étape préparatoire
(1994-1998) pendant laquelle douze Groupes de travail allaient aborder les multiples aspects
économiques, commerciaux, juridiques, législatifs, réglementaires nécessaires pour mener à
bien les négociations. Ensuite la deuxième étape lancée lors du Deuxième Sommet des
présidents à Santiago de Chili en avril 1998, a prévu neuf Groupes de négociations plus un
Groupe consultatif sur les petites économies et un Comité de représentants de la société civile.
Le Comité de négociation commerciale (CNC) composé par les vice-ministres du commerce
12
extérieur serait l’organe de direction du processus de négociations tandis que la responsabilité
politique resterait aux mains des ministres du commerce extérieur des 34 pays.
Pendant ces années de négociations sont apparus un certain nombre de divergences, somme
toute logiques, tant le groupe des pays concernés est hétérogène. En effet il y a deux pays
industrialisés comprenant la première économie du monde, les USA, et puis une trentaine de
pays en développement incluant une bonne dizaine de pays pauvres, certains d’entre eux
insulaires.
Néanmoins, ce qui va se cristalliser c’est l’opposition sur certains thèmes, subventions à
l’agriculture, législation antidumping pour les USA; services, investissements, marchés
publics pour le Mercosur. C’est-à-dire l’opposition entre deux acteurs de l’hémisphère dont
les divergences avaient accaparé les discussions lors du lancement du processus en 1994.9
A l’occasion du Troisième Sommet présidentiel réunit au Québec en 2001, sommet
apparemment réussi vu le large consensus obtenu autour de la déclaration et le plan d’action
adoptés (Voir encadré), l’objectif de parvenir à un large accord pour constituer la ZLEA en
gardant la deadline de janvier 2005 étaient maintenus.
Or dès 2002 la stratégie des Etats-Unis va bifurquer en relançant l’alternative toujours latente
de concrétiser des accords bilatéraux avec le Chili puis avec l’Amérique centrale. Ce qu’ils
vont réussir durant l’année 2003.
Ce changement de cap vers le bilatéralisme dans la stratégie américaine va se traduire début
2003, à l’occasion de la présentation de la proposition des USA, touchant la thématique
d’ « accès aux marchés pour les biens ». En effet les USA n’ont pas fait une offre mais
quatre ; de telle façon de discriminer les différents pays latino-américains en proposant un
accès plus rapide pour les exportations dans l’ordre des Caraïbes et de l’Amérique centrale et
plus lente pour les exportations des pays de la CAN et enfin du Mercosur.10
Tous les participants à ces négociations ont honoré leurs engagements présentant leurs offres
d’accès aux marchés dans le chapitre des biens, par contre concernant les services et a fortiori
les chapitres investissements et marchés publics, il y a plusieurs absents à l’appel ou dans le
meilleur des cas de présentations individuelles, c’est le cas des pays membres de la CAN,
voire aucune offre c’était le cas du Mercosur sauf une proposition de deux pays membres,
l’Uruguay et du Paraguay, exclusivement dans le chapitre Services.
En fait le raisonnement sous-jacent à la décision du Mercosur de ne pas présenter son offre
dans cette rubrique était le suivant : de même que les Etats-Unis refusaient de traiter la
question des subventions agricoles y compris les subventions aux exportations, et la
législation antidumping dans le cadre de la ZLEA arguant que cela relève de l’OMC, le
Mercosur considère que les Services, l’IDE et les marchés publics sont aussi des thèmes à
aborder dans le cadre multilatéral. En vérité ce qui se dessinait en filigrane c’était un
changement stratégique de la position du Brésil qui avait décidé de s’investir à fond pour faire
avancer les dossiers sensibles sur le plan multilatéral (création du G20, refus de conclure les
négociations Mercosur-UE…).
9
Guillermo Hillcoat, Les relations extérieures du Mercosur : Bilan et perspectives. Problèmes d’Amérique Latine, N° 26
La Documentation Française, juillet-septembre 1997.
10
Il s’agit de l’accès concernant les biens sur le marché des Etats-Unis et qui sont classés ainsi : 91% de biens industriels et
85% de produits agricoles du CARICOM verraient leurs droits de douane supprimés dès l’entrée en vigueur de l’Accord ;
Pour les pays centroaméricains les pourcentages respectivement seraient de 66% et 64%. Par contre dans le cas des pays de la
CAN ces pourcentages seraient respectivement de : 61% et 68%. Enfin pour les exportations du Mercosur, la libéralisation
immédiate serait de 58% pour les produits industriels et de 50% pour les produits agricoles.
13
Cela va se traduire dans sa proposition dans le cadre hémisphérique, déclinée en trois volets ;
cette offre, entérinée par le Mercosur et présentée par celui-ci en août 2003 lors de la Réunion
du CNC, apparaît comme une réponse à l’offre discriminatoire avancée par les Etats-Unis.
L’offre du Mercosur classe les différents thèmes de négociation dans « trois voies » : deux
dans la ZLEA, l’une bilatéral, l’autre multilatérale ; la troisième réservée aux négociations
OMC….
C’est dans ces conditions qu’on arrivera à la Conférence ministérielle de novembre 2003 à
Miami où suite à la polarisation des positions respectives des Etats-Unis et du Brésil, cette
dernière endossée par le Mercosur, un consensus forcé se dégage. Un nouveau format pour
l’Accord hémisphérique est proposé, il s’agira de faire une ZLEA à deux étages, le premier
un « baseline agreement » avec un ensemble de droits et d’obligations pour les 34 pays
signataires. Et puis un deuxième volet permettant des accords plurilatéraux entre les différents
pays de l’hémisphère.
On serait ainsi face à une ZLEA à « différentes vitesses » ou à « géométrie variable » voire à
« géographie variable » qui s’appuierait sur le premier étage composé de règles et disciplines
minimales communes à tous ; c’est-à-dire une ZLEA light. Néanmoins cette Réunion de
Miami n’a pas défini les éléments essentiels qui feront partie de l’Accord de base et encore
moins quelle serait l’articulation à établir entre celui-ci et les différents accords plurilatéraux.
Ce consensus ne constitue qu’une convergence apparente des points de vue. En effet, avoir
renoncé au format d’un « accord unique » sauve en apparence les intérêts du Brésil et du
Mercosur.
En réalité la suppression de la clé de voûte sur laquelle devait s’appuyer un accord avantageux
pour toutes les parties celle du « paquet unique », le single undertaking consacre un avantage
pour les Etats-Unis qui pourront désormais multiplier les accords bilatéraux. La preuve en est
les accords passés avec le Chili et le Cafta en 2003 et dans la foulée l’ouverture des
négociations avec la Colombie, l’Equateur, le Pérou, le Panama….
L’Accord Etats-Unis – Amérique centrale
Les négociations pour parvenir à un Accord bilatéral entre les Etats-Unis et les 5 pays du
MCCA, auxquels s’est joint plus tard la République Dominicaine ont été menées tambour
battant (DR-CAFTA).
Plusieurs facteurs ont joué en faveur d’une conclusion rapide de ces négociations, le principal
étant la ferme volonté des parties prenantes de parvenir un Accord de Libre-échange au cours
de l’année 2003.
Le MCCA est le Groupe régional dont les échanges se trouvent plus fortement polarisés sur
les Etats-Unis. Ces pays bénéficient depuis 1983 d’un Accord préférentiel non réciproque, la
CBI, Initiative pour le Bassin des Caraïbes, en vertu de laquelle la plupart des exportations des
produits non traditionnels ne sont pas soumis à des droits de douane à l’entrée du marché
américain. Or depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA (1994), ces préférences se sont vues
érodées puisque les exportations du Mexique, pays frontalier des USA seraient désormais
libres de droits de douanes sur le marché des USA.
Un effet d’éviction s’est mis en marche lentement mais sûrement. Même scénario pour la
République Dominicaine dont les industries « maquiladoras » ( 16 Zones franches, occupant
200.000 personnes, la moitié des salariés du pays) produisent presque exclusivement pour le
marché des Etats-Unis ; il va de soi que ce pays ne pouvait pas rater le train de l’Accord
14
bilatéral MCCA-Etats-Unis sans quoi les avantages de la CBI seraient encore rognées par la
nouvelle situation, mettant sur un pied d’égalité les exportations centroaméricaines vers les
USA avec celles du Mexique.
Bref, les pays centroaméricains et plus largement caribéens, en premier lieu la République
Dominicaine, ne pouvaient pas se permettre d’assumer une attitude « attentiste » face à
l’enlisement des négociations pour la mise en place de la ZLEA.
En ce qui concerne les USA, force est de constater que dès 2002, l’Administration Bush avait
procédé à une sorte de « revirement » de sa stratégie de négociation pour la libéralisation
commerciale dans le Continent puisque le représentant du commerce extérieur des Etats-Unis,
Robert Zoelick avait indiqué que la priorité du Gouvernement serait l’obtention du Congrès de
la Trade Promotion Authority (ancien fast track), lui permettant d’aller de l’avant pour
négocier de nouveaux accords : la conclusion d’un Accord de Libre-échange avec le Chili, un
autre avec l’Amérique centrale et la relance du cycle de négociations de l’OMC. Autrement
dit, l’Administration républicaine, n’entendait pas rester immobile face à l’impasse à laquelle
les résistances opposées par le bloc du Mercosur condamnaient l’agenda fixé dans le cadre de
la ZLEA.
En outre, étant donné la proximité géographique et les pressions migratoires, les Etats-Unis
ont toujours eu une politique spécifique, et très attentive à l’égard des pays du Bassin des
Caraïbes. Il y a donc des raisons géopolitiques qui entrent en jeu. La preuve en est que le
lancement de la CBI en 1983 avait comme but d’aider à la stabilisation économique et
politique de la Région via la concession d’avantages sur le plan commercial capables de
faciliter la diversification productive et la création d’emplois dans ces pays.
Deux facteurs complémentaires ont également joué. D’une part, l’entrée de la Chine à l’OMC
et plus tard la fin des quotas en vertu de l’Accord multifibres ; ce qui augmentait le risque
d’éviction des exportations centroaméricains sur le marché des USA. D’autre part, les
concessions en vertu de la CBI qui arrivaient à terme au début de 2006.
Une fois l’Accord conclu et signé en 2004, il fallait le faire approuver par les parlements
respectifs. Et c’est là qu’on a pu observer la détermination du Gouvernement Bush à le faire
entériner par le Congrès. Cet Accord qui réaffirme à la fois sa décision d’avancer dans le
Continent par la voie du bilatéralisme et sa conviction que la libéralisation commerciale est un
élément décisif, et va de pair avec le développement et la démocratisation dans la Région.
Le 30 juin le Sénat a approuvé l’Accord par 54 voix contre 45 ; un de ces principaux
promoteurs le sénateur John McCain déclara « il est important parce qu’il y a en jeu l’avenir
de l’Amérique centrale et ses dimensions politique et économique et donc la sécurité ». Cet
Accord va promouvoir « la démocratie, la sécurité et la prospérité dans une région du monde
qui s’est caractérisée par la répression et les dictatures militaires ».
Quelques semaines plus tard, le 27 juillet, à la veille du traitement du projet d’Accord par le
Congrès, George Bush est allé plaider la cause en disant que pour les USA cet Accord
revêtait « une importance géopolitique et était favorable à l’intérêt national » cet Accord est
plus qu’un accord commercial « c’est un compromis entre nations qui aiment la liberté pour
promouvoir la paix et la prospérité dans tout l’hémisphère occidental… nous avons
l’obligation morale et un intérêt vital de sécurité nationale d’aider à ce que les démocraties de
l’Amérique centrale et de la République Dominicaine réussissent… le CAFTA nous y
conduit ». Malgré la désertion de 27 députés républicains et grâce à l’appui de 15 députés
démocrates l’Accord a été approuvé (par 217 voix pour et 215 voix contre).
Dans l’immédiat l’abaissement tarifaire va favoriser principalement les exportations des EtatsUnis. En effet, la plupart des exportations de l’Amérique centrale bénéficiaient déjà de
détaxes prévues dans la CBI. En plus ces pays sauf le Costa Rica ont accepté des restrictions
15
sur les textiles et le sucre, deux points forts de leurs exportations. Enfin et ce n’est pas le
moins important, à l’instar de ce qui est arrivé au Mexique avec l’ALENA, les exportations
agroindustrielles américaines qui profitent en amont des subventions vont se tailler
rapidement des parts de marché dans ces pays où il faut quand même le rappeler, l’agriculture
occupe encore 32% de la population active. Néanmoins, et tel qu’on a pu le constater dans le
cas du Mexique dans l’ALENA, qui a multiplié par 3 ses exportations depuis 1993, la
production manufacturière des pays concernés pourra augmenter fortement ses exportations
sur le marché des Etats-Unis.
Le Mercosur : être ou ne pas être un marché commun
A partir de la dévaluation de la monnaie brésilienne en février 1999 et en passant par la crise
en Argentine en 2001 tant les échanges au sein du Mercosur que la construction du marché
commun ont reculé.
La crise interne du Mercosur était largement prévisible ; les difficultés respectives de
l’économie argentine et brésilienne n’ont fait qu’aggraver d’une part les asymétries au sein du
Mercosur, d’autre part les insuffisances institutionnelles ; le Mercosur qui n’a jamais pu
dépasser le stade d’une Zone de libre-échange souffrant de multiples entorses et celui d’une
union douanière inachevée.
Certes, on pouvait croire qu’à l’instar de la construction européenne qui a toujours avancé
ponctuée par des crises, le Mercosur pouvait faire de même. Néanmoins force est de constater
que les défauts de conception, le manque de volonté politique en particulier du pays le plus
puissant, le Brésil, ont condamné le Mercosur à l’immobilisme, à la précarité de son
architecture et à l’impasse actuelle…
Ainsi, ni l’adoption d’un « agenda de la relance » en 2000, ni plus récemment en 2004 le
Programme présenté par le Brésil, « Objectifs 2006 », ne semblent avoir réussi à remettre le
Mercosur dans une voie capable d’aboutir au marché commun imaginé en 1991.
Le Tarif extérieur commun adopté en décembre 1994 n’a jamais été appliqué intégralement,
de nombreuses exceptions ont été accordées voire adoptées unilatéralement tel que l’a fait
l’Argentine en 2001 ; d’autres ont été arrachées par le Paraguay et l’Uruguay pour 8 ans
supplémentaires à compter de 2006. Le nombre des exceptions au lieu de se réduire n’a fait
qu’augmenter ; elles concernent différents types de produits.
Pour les biens d’équipements l’Argentine demande de proroger encore pour 5 ans la non
application du TEC. Elle demande aussi de proroger pour 5 ans les exceptions tarifaires
touchant le secteur de l’informatique et celui des télécommunications où il y a en vigueur pas
moins de 14 taux différents.
En ce qui concerne les litiges commerciaux intra Mercosur. Certes il y a eu une avancée
institutionnelle depuis le 1er janvier 2005 avec l’entrée en vigueur du Protocole d’Olivos
adoptant un mécanisme permanent pour la résolution des différends.
Cependant l’aggravation du déficit commercial de l’Argentine vis-à-vis du Brésil et l’invasion
des produits brésiliens qui met en danger certains secteurs sensibles -textile, électroménagers,
chaussures- ont contraint l’Argentine à prendre des mesures unilatérales de contingentement.
Aujourd’hui elle propose de les institutionnaliser en tant que « clause d’adaptation
concurrentielle », ce qui serait en réalité une «clause de sauvegarde ». La puissante FIESP qui
représente l’industrie de Sao Paulo n’est pas d’accord.
16
Enfin le régime qui régule les échanges dans le secteur automobile qui périme fin 2005 devait
être suivi d’une libéralisation des échanges intra Mercosur. Or là aussi l’Argentine demande
de réserver à ce secteur pendant plusieurs années un régime de commerce administré et qui
plus est permette de corriger le solde bilatéral ; et pour cause le déficit dans ce secteur
représente plus de 40% du déficit total de l’Argentine avec le Brésil.
Dans ce contexte deux nouveaux pays importants ont demandé de rejoindre le Mercosur, le
Mexique il y a plus d’un, et récemment le Venezuela. La demande du Mexique a été bien
accueillie mais n’a pas eu de suite. C’est vrai que le Brésil n’aurait pas trop d’intérêt puisque
la présence du Mexique pourrait perturber ses aspirations d’hégémonie en Amérique du Sud.11
Quant à l’Argentine, elle semble préférer pousser à fond la candidature du Venezuela dont le
gouvernement actuel est devenu un partenaire de plus en plus important. Cependant
l’incorporation du Venezuela en tant que membre du Mercosur à part entière demandera une
période longue de convergence ; nécessaire pour qu’il adopte le TEC et la jurisprudence du
Mercosur et pour que le Venezuela négocie avec son groupe d’appartenance, la CAN.
Il est vrai que faute de s’atteler à relever les défis de son approfondissement, le Mercosur aura
du mal à s’élargir sauf au prix de se diluer. Il serait peut-être plus raisonnable de se fixer
comme objectif prioritaire le perfectionnement de la Zone de Libre-échange, trouver une
formule de convergence à long terme sur l’application du TEC et parallèlement aller de
l’avant dans le développement de la coopération renforcée sur les autres aspects stratégiques
tels que les infrastructures, l’énergie, la diplomatie commerciale et ceci en alliance avec les
autres pays de la Région
La Communauté Sud-américaine des Nations
Si l’intérêt de l’Argentine est de remettre le Mercosur sur les rails, le Brésil quant à lui a
renoué avec sa vision traditionnelle de créer un grand ensemble sud-américain ; en effet c’est
par initiative de la diplomatie d’Itamaraty à l’occasion du 3ème Sommet de présidents sudaméricains, à Cuzco, 8-9 déc. 2004 qu’est créée la Communauté Sud-américaine des Nations
(CSN). Dans la déclaration signée par 12 présidents, plusieurs objectifs sont mentionnés :
- instance de concertation et de coordination de la politique et de la diplomatie de la Région…
- Aider à la convergence entre le Mercosur, la CAN, le Chili ; associant le Surinam et la
Guyane pour créer une Association de Libre-échange de l’Amérique du Sud
- Promouvoir l’intégration physique, énergétique et des communications en Amérique du
Sud…La réalisation de 31 projets d’infrastructure est approuvée pour un investissement de 4,3
milliards de dollars sur 5 ans.
Il faut rappeler que trois présidents du Mercosur plus celui de l’Equateur n’ont pas participé
au lancement de la CSN. Néanmoins la volonté de créer des mécanismes de coopération
renforcés sur le plan logistique et énergétique se poursuit. Fin juin 2005 et par initiative du
11
Il y a un autre point de friction stratégique, le Brésil à l’instar de l’Allemagne, le Japon, l’Inde, aspire à
occuper un siège dans le Conseil de Sécurité de l’ONU. Le Mexique également. Le Brésil a obtenu l’appui de la
Russie et de nombreux pays latino-américains. Or l’Argentine milite aussi contre car elle ne voudrait pas
institutionnaliser la suprématie du Brésil vis-à-vis des autres pays d’Amérique latine. De toute façon il faudrait
pour en arriver là qu’il y ait une réforme de l’ONU, les Etats-Unis et la Chine étant contre une augmentation du
nombre de membres du Conseil de Sécurité.
17
Mercosur et du Chili, le projet de création d’un anneau énergétique associant le Pérou en tant
que pays fournisseur de gaz a été formulé, le gazoduc aurait 1200 km d’extension pour un
coût de 2,5 milliards de dollars.
Cet « Anneau énergétique » qui permettrait de recentrer l’exploitation des ressources et la
consommation dans le cadre sud-américain, devrait incorporer dans un deuxième temps le
Paraguay, la Bolivie, le Venezuela.
Lors de la Première Réunion au Sommet de la nouvelle communauté sud-américaine à
Brasilia le 29-30 sept. 2005, l’accent a été mis sur la convergence des douze pays dans une
zone de libre-échange Mercosur, Can, Aladi et Caricom dont deux membres, Guyane et
Surinam en font partie ; sans pour autant fixer un calendrier. Or ce qui a été le plus important
c’est les tractations en parallèle du Sommet qui ont permis de sceller une alliance dans le
secteur du pétrole entre les entreprises étatiques Petrobras, Pdvsa et Enarsa respectivement, du
Brésil, du Venezuela et de l’Argentine, avec la participation de l’espagnole Repsol YPF.
L’idée sous-jacente est la création à l’avenir d’une compagnie pétrolière de l’Amérique du
Sud, Petrosur. Pour le moment cet accord permet l’accès de Repsol à la prospection des
réserves dans le bassin de l’Orinoco et de Barúa-Motatán via la création de deux entreprises
en joint-venture avec Pdvsa, l’une des réserves en pétrole lourd les plus importantes du
monde. En contrepartie, Repsol YPF dont 40% de ses actifs sont en Argentine, fournira la
matière première pour une raffinerie conjointe de Pdvsa et Enarsa en Argentine. Enfin Pdvsa
et Petrobras construiront une raffinerie à Pernambouc, au Brésil.
Le Sommet Ibéro américain
Le 14-15 octobre 2005 s’est tenu à Salamanca le XV Sommet des Chefs d’état et de
gouvernement de la Communauté Ibéro américaine des Nations.
Ce forum de coopération et de solidarité réunissant les pays de l’Amérique latine, l’Espagne et
le Portugal, a décidé de créer un Secrétariat général permanent dont le titulaire sera l’ancien
président de la BID, Enrique V. Iglesias. Ce Secrétariat a été doté d’un budget non négligeable
dont les priorités seront la lutte contre la pauvreté et les inégalités ; l’Espagne ayant proposé
de convertir des créances de la dette publique en investissements éducatifs et autres
investissements sociaux. Ce forum où le rôle de l’Espagne est décisif pourrait par ailleurs
jouer un rôle de relais dans les relations entre l’Amérique latine et l’Union Européenne. Par
exemple en oeuvrant pour débloquer les négociations commerciales entre le Mercosur et l’UE.
Pourtant il est difficile pour l’Espagne de jouer ce rôle car elle s’est alignée au sein de l’UE
sur les positions immobilistes concernant la PAC et la suppression des subventions à
l’agriculture. Comme on le sait celles-ci constituent le point d’achoppement des négociations
multilatérales et ont poussé les négociations Mercosur-UE dans l’impasse.12
La Déclaration finale du Sommet de Salamanca avait appelé aussi également à « que soit mis
un terme au blocus économique, commercial et financier contre Cuba « l’utilisation du mot
blocus au lieu d’embargo avait donné lieu à des critiques venant de l’opposition au
Gouvernement espagnol et reçu avec un certain froideur aux Etats-Unis.
Le Quatrième Sommet des Amériques
12
Les négociations UE-Mercosur sont entre parenthèse ; elles se sont arrêtées en septembre 2004 sur le constat
de deux parties que les offres proposées de par et d’autre sur les différents aspects de l’Accord commercial
étaient insuffisantes. Du fait que le sujet crucial, celui des subventions agricoles, est matière à dénouer dans le
cadre multilatérale dans la Ronde de Doha, les deux parties ont adopté une position attentiste.
.
18
A l’occasion du Quatrième Sommet des Amériques qui s’est tenu en Argentine durant le 3-5
novembre la plupart des lignes de tension et divergences existantes au niveau diplomatique et
commerciale dans l’hémisphère ont fait surface.
En ce qui concerne le contenu de la Déclaration et le Plan d’action qui en découle, il y avait
des divergences sur le rôle du marché et les politiques publiques pour garantir le
développement, la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté, le mot d’ordre de la
réunion étant « la création de travail pour combattre la pauvreté et renforcer la gouvernabilité
démocratique ».
Le pays hôte, l’Argentine, et derrière elle un bon groupe de pays, voulait qu’il soit mis en
exergue le rôle de l’Etat de même qu’une meilleure répartition de la richesse et la réforme des
organismes multilatéraux. Un autre groupe de pays dont les Etats-Unis voulaient mettre
l’accent sur le rôle du commerce et la lutte contre la corruption.
Sur ces sujets, un terrain d’entente aurait pu être trouvé. Or la question de la relance du
processus de négociations de la Zone de Libre-échange a créé une polarisation extrême des
parties en présence.
Les Etats-Unis voulaient qu’il soit mentionné dans la déclaration l’intention d’une reprise du
processus menant à la ZLEA tandis que le président vénézuelien Hugo Chávez, voulait clore
définitivement ce chapitre.13
En effet, sachant qu’une reprise de négociations sur l’accord hémisphérique devrait attendre
l’issue des négociations multilatérales, c’est-à-dire tout au moins après Hong Kong en
décembre, le Sommet aurait dû mettre cette question en suspens, « sous un parapluie ». Cela
n’a pas été le cas. In fine, et après que les discussions se soient enlisées obligeant les
présidents eux même a prendre part aux débats jusqu’à la dernière minute, la déclaration
finale a dû reprendre les deux positions existant au sein du continent. L’une très majoritaire
celle des Etats-Unis et 28 autres pays qui représentent près de 90% du PIB et du commerce
extérieur de l’hémisphère, qui proposent de renouer l’année prochaine les négociations pour
aboutir à un Accord de Libre-échange des Amériques. Et puis celle du Mercosur et du
Venezuela qui dit que les conditions ne sont pas réunies pour parvenir à un Accord de Libreéchange équilibré et équitable.
Ainsi quel que soit le dénouement des négociations en cours au niveau multilatéral le
Mercosur ne pourra pas repousser indéfiniment la reprise de la négociation hémisphérique. Le
risque étant que la libéralisation commerciale entre les Etats-Unis et la plupart des autres pays
latino-américains concrétisée à son insu, entraîne une érosion des préférences qui ont été
obtenues par le Mercosur sur ces marchés dans le cadre de l’ALADI. Et puis, s’étant placé en
tant que dernier de la file pour négocier bilatéralement avec les Etats-Unis, il n’est pas sûr que
le Mercosur obtienne des concessions extraordinaires de la part des Etats-Unis.
Avant le lancement des négociations formelles en 1998, les USA disaient préférer une sorte de
généralisation de l’Accord ALENA, c’est-à-dire le bilatéralisme…plutôt que la négociation
unique et simultanée à l’échelle du continent… A la lumière des résultats du dernier sommet,
cette approche là est peut-être en train de l’emporter.14
13
Le président Chávez a participé également au contre -Sommet « III Cumbre de los Pueblos de América »,
celui-ci avait lieu dans la même ville, Mar del Plata et avait été organisé par les partis et mouvements radicaux
dont le commun dénominateur est la lutte contre la mondialisation et le libre-échange et bien sûr l’antiaméricanisme, parmi les organisateurs il y avait aussi des dirigeants proches du gouvernement argentin.
14
Rappelons que en mai 1997 « Dans les semaines précédant la réunion de Belo Horizonte, les Etats-Unis ont exercé des
pressions laissant entendre que leur préférence, dans le cas de difficultés majeures dans les négociations en cours, irait à un
19
schéma de négociation bilatérale où les pays latino-américains seraient admis l’un après l’autre par cooptation dans
l’ALENA ; ce qu’il appellent, en termes diplomatiques « hub and spoke », c’est-à-dire une roue de bicyclette où les EtatsUnis seraient le moyeu, et les pays latino-américains les rayons… » Guillermo Hillcoat « Les relations extérieures du
Mercosur … »
20
Bibliographie
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América Latina y el Caribe. Marzo. Santiago de Chile.
CEPAL (2005) Panorama de la Inserción internacional de América Latina y el Caribe 2004 : Tendencias para
el 2005. Santiago de Chile.
CEPAL (2004) Balance preliminar de las economías de América Latina y el Caribe, diciembre.
UNCTAD (2005) World Investment Report Transnational Corporation and The Internationalization of R&D
Inter American Dialogue (2005) A Break in The Clouds. Latin America and The Caribbean in 2005. Policy
Report, July, Washington.
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Guillermo HILLCOAT, Les relations extérieures du Mercosur : Bilan et perspectives. Problèmes d’Amérique Latine, N° 26
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Roberto BOUZAS, Pedro da MOTTA VEIGA :
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Pedro da MOTTA VEIGA, A estratégia brasileira e suas implicaçôes potenciais. Revista Brasileira de
Comércio Exterior, n° 78 Ano XVIII Janeiro/março de 2004
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Corporación Latinobarómetro : www.latinobarometro.org
Transparency International : www.transparency.org
Inter American Dialogue : www.thedialogue.org
Sigles
ALADI : Association Latino-Américaine d’Intégration
ALENA : Accord de Libre-échange Nord-américain
APEC : Asia Pacific Economic Cooperation
CAN : Communauté Andine des Nations
DR-CAFTA : Dominican Rep.- Central American Free Trade Agreement
CARICOM : Communauté du Bassin Caraïbe
MCCA : Marché commun centroaméricain
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OEA : Organisation des Etats Américains.
PECO : Pays de l’Europe centrale et orientale
ZLEA : Zone de Libre-échange des Amériques
21
Le Central American Free Trade Agreement DR-CAFTA
Au bout de neuf Rondes de Négociation réalisées dans les pays membres et étalées sur l’année 2003, l’Accord CAFTA a été
bouclé en décembre 2003.
Le lancement des négociations pour un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et les pays du MCCA, a entraîné une
accélération du processus d’intégration régionale et d’autre part, c’est grâce en partie à l’existence du MCCA que les
négociations pour la mise en place du Cafta ont pu avoir lieu. En effet, les Etats-Unis ont fait savoir d’emblée qu’il était
exclu de négocier de manière bilatérale et que seule une Amérique centrale unie pourrait permettre la signature a brève
échéance d’un Accord de Libre-échange.
Le MCCA, l’un de groupements les plus anciens d’AL, est une zone de libre-échange avancée qui tend vers une union
douanière.
Le Guatemala et le Salvador ont relancé, en 1999, le processus visant à établir une union douanière à compter du 1º janvier
2004, auquel se sont joints le Honduras et le Nicaragua en 2000 et le Costa Rica en 2002. Etape décisive dans le processus
d’intégration régionale, cette initiative vise à instaurer la libre circulation, à l’intérieur de l’union, des biens et des services
liés au commerce et, à terme, la suppression des formalités douanières entre les parties.
Depuis le 1er janvier 2001, le Tarif Extérieur Commun, élément constitutif d’une union douanière, adopte une structure
tarifaire dont les droits vont de 0% pour les matières premières et les biens d’équipements, de 5% à 10% pour les produits
intermédiaires et de 15% pour les produits finis. Quelques protections demeurent pour certains produits agricoles ou de
fabrication locale aux côtés d’exemptions temporaires.
Depuis janvier 2003, un mécanisme de règlement des différends a enfin été mis en place et le nombre d’obstacles au
commerce a été sensiblement réduit.
La polarisation des échanges de l’Amérique Centrale sur les Etats-Unis
Le Guatemala
Les exportations du Guatemala vers les Etats-Unis représentent 27% des exportations totales du pays. Les
biens primaires constituent 81% de ces exportations, des produits agricoles et dans une moindre mesure des
produits énergétiques : 35% des importations totales du Guatemala provenant des Etats-Unis.
El Salvador
El Salvador est le pays qui dépend le moins des échanges avec les Etats-Unis. Ce pays absorbe 20% des
exportations totales du Salvador. Les biens industriels traditionnels tels que la confection des tissus, les produits
agro-alimentaires et les boissons constituent 67% des produits exportés et les produits agricoles représentent
30% des exportations.
Les importations des biens américains ont représenté 34% des importations totales du pays ; il s’agit pour la plupart de
biens industriels.
La balance commerciale salvadorienne est déficitaire vis-à-vis des Etats-Unis.
L’Honduras
L’Honduras est le pays centroaméricain qui dépend le plus des échanges avec les Etats-Unis. Les exportations vers les
Etats-Unis représentent 58% des exportations totales du pays. Les matières premières constituent 62% des exportations. Les
produits venant des Etats-Unis couvrent 44% des importations totales du pays. Il s’agit principalement des biens industriels
et d’équipement.
L’Honduras est déficitaire vis-à-vis des Etats-Unis.
Le Nicaragua
Les exportations des biens nicaraguayens vers les Etats-Unis représentent 29% des exportations totales du pays. Les biens
primaires ont atteint 62% des exportations.
Les importations en provenance des Etats-Unis représentent 27% des importations totales du Nicaragua ; sa balance est
déficitaire.
Le Costa Rica
Apres l’Honduras, le Costa Rica est le pays centroaméricain qui dépend le plus des échanges avec les Etats-Unis. Les
exportations vers les USA représentent 46% des exportations du pays ; les biens industriels ont représente 71% de ces
exportations. C’est le seul pays centroaméricain qui exporte plus de biens industriels que de produits agricoles. Les
exportations du Costa Rica font 57% des exportations totales des pays centroaméricains vers les Etats-Unis.
Les importations des biens américains couvrent 52% des importations totales du Costa Rica, ce qui fait 40% des
importations totales des pays centraméricains venant des Etats-Unis ; la balance est favorable aux Etats-Unis.
La République Dominicaine
Le 15 mars 2004, la République Dominicaine a définitivement intégré les autres membres du CAFTA.
L’histoire, la géographie et les accords commerciaux font des Etats-Unis le partenaire dominant de la République
Dominicaine. Les Etats-Unis représente le premier client – 87% des exportations dominicaines y sont dirigées- et le premier
fournisseur –60,5 % des importations dominicaines en proviennent.
La concentration des échanges sur les filières à faible valeur ajoutée de l'habillement, et vers un seul client (Etats-Unis),
constitue une des faiblesses importantes du commerce extérieur dominicain.
22
Les termes de l’Accord
• Elimination des barrières commerciales et des tarifs douaniers
Secteur industriel
Plus de 80% des biens de consommation ou industriels exportés vers la région centraméricaine seront libéralisés
immédiatement, le reste sur une période de 10 ans. Donc en matière industrielle, les principales concessions viennent des
pays d’Amérique centrale. Dans l’autre sens, une grande partie des produits exportés par l’Amérique centrale sont déjà
exempts de taxes sur le marché des USA, grâce aux concessions contenues dans la CBI. Le Cafta va consolider ces
avantages de façon permanente, ainsi la plupart des produits industriels et de consommation exportés par l’Amérique
Centrale seront exonérés de droits de douane dès l’entrée en vigueur de l’Accord.
Secteur agricole
Ce sont les agriculteurs américains les principaux bénéficiaires de cet Accord, qui libéralisera plus de la moitié des produits
exportés vers l’Amérique centrale- y compris la viande, le coton, le blé, le soja, les fruits et les légumes, le vin, les produits
laitiers, notamment. Les autres tarifs douaniers seront levés en 15 ans. Du coté du géant américain, c’est la plupart de leurs
tarifs agricoles qui seront éliminés sur une période de 15 ans.
Quant au sucre (sujet à des quotas) et au maïs, ils feront l’objet d’une protection permanente et certains produits
bénéficieront d’une période prolongée avant la libéralisation, tels le riz (18 ans) ainsi que les produits laitiers (20 ans).
Le Costa Rica a toujours soutenu que le degré de libéralisation des secteurs de l’assurance et des télécommunications
dépendrait des concessions obtenues en matière de textile et d’agriculture. Ainsi, il a fini par négocier de meilleures
conditions que ses partenaires ainsi que des délais supplémentaires.
Et ses réserves lui ont valu une plus grande ouverture des marchés de la part des Etats-Unis en matière agricole.
• L’ouverture des marchés aux investisseurs
L’ouverture consentie par les quatre pays de l’isthme américain est presque totale dans le secteur des services ; néanmoins le
Costa Rica a obtenu des délais supplémentaires pour ouvrir son marché.
• Concernant les marchés publics, un traitement non discriminatoire est établi.
Le CAFTA accorde aux investisseurs une pleine protection touchant toutes les formes d’investissement ; sur ce thème on a
repris dans le Cafta les termes contenus dans l’ALENA.
• Le renforcement des infrastructures
L’un des nouveaux éléments de cet accord est « le renforcement des infrastructures pour faire du commerce », une
contribution financière fournie par l’USAID et destinée à aider ces pays dans le développement de leurs infrastructures.
23
SOMMETS DES AMERIQUES
Thèmes et Initiatives
Premier Sommet des Amériques
Miami, Etats-Unis, du 9 au 11 décembre 1994
Deuxième Sommet des Amériques
Santiago, République du Chili, 18 et 19 avril
1998
•
Préserver et renforcer la communauté de démocraties aux
Amériques
•
Promouvoir la prospérité par le biais de l'Intégration
économique et du libre-échange.
•
Lancement du processus visant un Accord de Libreéchange hémisphérique.
•
Création de 12 Groupes de travail pour avancer dans le
processus visant un Accord de Libre-échange.
•
Vaincre la pauvreté et la discrimination
•
Garantir le développement durable et protéger
l’environnement naturel pour les générations futures
•
Éducation: la clé du progrès
•
Préservation et renforcement de la démocratie, de la justice
et des droits de la personne
•
Intégration économique et libre-échange : Lancement
de l’étape de négociation de la Zone de libre-échange
des Amériques (ZLEA). 9 Groupes de négociation
sont crées. Un Comité de Vice-ministres (CNC) sera
chargé de la direction et de la coordination de la
négociation.
•
Troisième Sommet des Amériques
Québec, Canada, du 20 au 22 avril 2001
Quatrième Sommet des Amériques
Mar del Plata, Argentina, 4 et 5 novembre 2005
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Éradication de la pauvreté et de la discrimination
Pour le meilleur fonctionnement de la démocratie
Droits de la personne et libertés fondamentales
Justice, Etat de droit et Sécurité de la personne
Sécurité Hémisphérique
Société civile
Commerce, Investissement et stabilité financière
Infrastructure et environnement
Gestion de catastrophes
Environnement pour un développement durable
Gestion de l’agriculture et Développement rural
Travail et emploi
Croissance avec équité
Education
Santé
Egalité des genres
Peuples autochtones
Diversité culturelle
Enfants et jeunes
Créer des emplois pour faire face à la pauvreté et renforcer la
gouvernance démocratique.
•
•
•
•
•
Créer des emplois décents
Croissance et emploi
Développement social
Renforcer la gouvernance démocratique
Pas de position unique sur la réouverture des
négociations ZLEA.
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