¶ 14-201-A-10 Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique E. Pertuiset Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une maladie de type auto-immun atteignant avec prédilection l’enfant. Elle est la conséquence retardée d’une infection pharyngée par un streptocoque du groupe A, non ou insuffisamment traitée. Elle est probablement liée à un mimétisme moléculaire entre certaines protéines bactériennes et les tissus cibles. Les signes apparaissent 2 à 3 semaines après la pharyngite : fièvre, atteinte inflammatoire oligoarticulaire ou polyarticulaire migratrice des grosses articulations, atteinte cardiaque (cardite) dominée par l’endocardite aseptique valvulaire. La cardite est actuellement évaluée par échocardiographie. Le diagnostic repose sur les critères de Jones (modifiés en 1992), ce qui nécessite la preuve d’une infection streptococcique récente apportée le plus souvent par le dosage des anticorps antistreptococciques. Celle-ci peut être absente dans la chorée de Sydenham qui est une manifestation plus tardive. Le pronostic du RAA repose sur la cardite qui peut évoluer de manière chronique vers une cardiopathie rhumatismale faite d’une atteinte mitrale et/ou aortique, et peut être à l’origine d’une insuffisance cardiaque et du décès. Ce risque est augmenté par la survenue d’une rechute à l’occasion d’une nouvelle infection streptococcique. La prophylaxie secondaire, reposant sur une antibiothérapie prolongée par la pénicilline, est primordiale pour diminuer la morbidité et la mortalité liée à l’atteinte cardiaque. Le rhumatisme poststreptococcique (RPS) est un syndrome articulaire proche du RAA, pouvant survenir chez l’enfant ou l’adulte, mais ne répondant pas aux critères diagnostiques du RAA. Il comporte un faible risque de cardite. Sa fréquence et sa signification sont diversement appréciées. Le RAA reste un des grands problèmes de santé publique de notre planète, atteignant principalement les pays pauvres. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Rhumatisme articulaire aigu ; Rhumatisme poststreptococcique ; Streptocoque ; Polyarthrite ; Cardite ; Chorée Plan ¶ Introduction 1 ¶ Épidémiologie du rhumatisme articulaire aigu 2 ¶ Pathogénie Aspects généraux Facteurs liés au streptocoque A Facteurs liés à l’hôte Mécanismes immunologiques Relations entre rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique 2 2 3 3 4 ¶ Rhumatisme articulaire aigu Aspects cliniques Examens complémentaires Diagnostic Évolution 4 4 5 6 7 ¶ Rhumatisme poststreptococcique Définition du rhumatisme poststreptococcique Rhumatisme poststreptococcique de l’adulte 8 8 9 Appareil locomoteur 4 ¶ Traitement Traitement curatif Traitement prophylactique secondaire Traitement prophylactique primaire Traitement du rhumatisme poststreptococcique La question de la vaccination 9 9 10 10 11 11 ¶ Conclusion 11 ■ Introduction Le RAA est une maladie auto-immune de connaissance ancienne qui est la conséquence retardée d’une infection pharyngée par un streptocoque du groupe A, non ou insuffisamment traitée. L’atteinte inflammatoire touche principalement les articulations et le cœur (cardite). Les premières descriptions du RAA remonteraient au XVIIe siècle par Guillaume du Baillou en France, et en Angleterre par Thomas Sydenham (1624-1689) qui décrivit la chorée qui porte son nom [1]. La relation entre la polyarthrite et la cardite revient à JeanBaptiste Bouillaud (1796-1881) dans son « Traité clinique du 1 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique rhumatisme articulaire aigu » publié en 1840. Il laissa son nom (maladie de Bouillaud) à la forme classique du RAA. La gravité de l’affection est liée à la cardite et essentiellement aux atteintes valvulaires qui peuvent évoluer de manière chronique vers l’aggravation, entraînant une cardiopathie rhumatismale dont la fréquence et la sévérité augmentent avec les rechutes. Celles-ci surviennent à l’occasion d’une nouvelle infection pharyngée à streptocoque A. Le rhumatisme poststreptococcique (RPS) est un syndrome articulaire proche du RAA, mais ne répondant pas aux critères diagnostiques du RAA, et comportant un faible risque de cardite. ■ Épidémiologie du rhumatisme articulaire aigu Le RAA s’observe essentiellement chez l’enfant après l’âge de 2 ans et chez l’adolescent, plus rarement chez le jeune adulte entre 15 et 25 ans. Une rechute, également considérée comme un RAA, s’observe particulièrement chez l’adolescent et le jeune adulte, et aussi jusqu’à l’âge de 45 ans [2]. La prévalence de la cardiopathie rhumatismale séquellaire du RAA augmente avec l’âge, atteignant son maximum entre 25 et 34 ans [2]. Dans de nombreuses populations, le RAA et ses conséquences sont plus fréquents dans le sexe féminin que dans le sexe masculin, mais la cause précise de cette différence est incertaine [2]. Les maladies liées au streptocoque A sont plus fréquentes dans les pays et au sein des populations les plus pauvres, c’està-dire justement dans des milieux où les données épidémiologiques manquent le plus [3]. Carapetis et al. [3] ont estimé en 2005 que le streptocoque A était à l’origine de 517 000 décès par an dans le monde, la maladie la plus en cause étant la cardiopathie rhumatismale. Les mêmes auteurs ont estimé pour la cardiopathie rhumatismale une prévalence de 15,6 millions de malades, une incidence annuelle de 282 000 nouveaux cas et 233 000 décès par an dans le monde [3]. L’incidence du RAA dans les pays développés a commencé à diminuer au début du XX e siècle avant la découverte des antibiotiques, et cette décroissance s’est accélérée après l’utilisation des antibiotiques à partir de 1950. Au Danemark, l’incidence du RAA est passée de 250/100 000 en 1862 à 100/ 100 000 en 1962 [4] . Dans les pays développés, l’incidence actuelle du RAA est faible, inférieure à 2/100 000 [4]. Depuis le début des années 1990, de nombreuses études ont rapporté l’incidence du RAA de par le monde dans la population des enfants et des adolescents âgés de 5 à 14 ans [5-14] . Leurs résultats sont présentés dans le Tableau 1. L’incidence du RAA apparaît assez bien reliée au degré de développement du pays, même si des biais méthodologiques existent forcément dans certaines études épidémiologiques. En Australie et en NouvelleZélande, l’incidence du RAA est élevée dans les populations autochtones. Tableau 1. Incidence (nombre de nouveaux cas par an pour 100 000 habitants) du rhumatisme articulaire aigu chez l’enfant et l’adolescent (5-14 ans) dans les études publiées depuis 1990. Publications Pays / souspopulation Lennon, 2000 Cernay, 1993 [12] [7] Kermani, 2001 Eshel, 1993 [8] Carp, 1999 [6] [11] Années Incidence Nouvelle-Zélande / 1982-1997 Origine européenne < 10 Slovénie 1990-1991 0,7 Algérie 2000 6,2 Israël 1980-1990 15,5 Roumanie 1999 16,5 Kechrid, 1997 [10] Tunisie 1990 30 Lennon, 2000 [12] Nouvelle-Zélande / Maori 1982-1997 40-80 [9] Martinique 1987-1991 53 Lopez, 2001 [13] Mexique 1994-1999 70 Meira, 1995 [14] Brésil 1992 Kayemba, 1993 Carapetis, 2000 2 [5] Australie / Aborigène 1987-1996 360 508 La prévalence de la cardiopathie rhumatismale séquellaire du RAA montre les mêmes différences. Chez les enfants et adolescents, elle est élevée dans les pays en voie de développement : Afrique sub-saharienne 570/100 000, Asie du Sud 220/100 000, Afrique du Nord et Moyen-Orient 180/100 000, Amérique latine 130/100 000 habitants [2, 3]. Elle est importante dans les populations indigènes d’Australie et de Nouvelle-Zélande (350/ 100 000), et faible dans les pays développés (50/100 000) [2]. Les observations faites en Australie et en Nouvelle-Zélande peuvent faire évoquer une prédisposition ethnique vis-à-vis du RAA et de ses conséquences cardiaques, mais les différences observées peuvent ne traduire que les différences de modes de vie [2]. Aux États-Unis, depuis le milieu des années 1980, on a observé plusieurs épidémies de RAA survenues au sein des classes moyennes et dans les régions du centre du pays : elles faisaient suite à des épidémies de pharyngite streptococcique ou de scarlatine [2]. La principale cause incriminée a été l’arrêt de la prévention primaire de masse. “ Points forts Facteurs favorisant le rhumatisme articulaire aigu Âge : 3-15 ans. Sexe féminin. Conditions de vie médiocres : dénutrition, promiscuité, faible niveau socioculturel. Vie en pays d’endémie. Absence de traitement antibiotique des pharyngites et angines suspectes d’origine streptococcique. Contacts au cours d’une épidémie de RAA. Facteurs génétiques. Antécédents de RAA (risque multiplié par 10). ■ Pathogénie Aspects généraux Les bactéries à l’origine du RAA sont des streptocoques b-hémolytiques du groupe A qui appartiennent à une même espèce : Streptococcus pyogenes. Ce sont des cocci à Gram positif, groupés en paires ou en chaînettes, négatifs pour l’activité catalase, aéroanaérobies facultatifs, responsables d’une hémolyse complète sur gélose enrichie de sang. Les streptocoques A sont à l’origine d’une large variété de maladies (Tableau 2) qui se répartissent en infections cutanéomuqueuses, infections profondes (satellites de l’infection superficielle ou par bactériémie), manifestations liées à la sécrétion d’une exotoxine (scarlatine) et maladies poststreptococciques de mécanisme auto-immun comprenant d’une part le groupe du RAA et d’autre part la glomérulonéphrite poststreptococcique [15]. Si le streptocoque A n’infecte pas les tissus atteints au cours du RAA, son rôle déclenchant peut être affirmé par un ensemble d’arguments [4] : les épidémies de RAA suivent de près les épidémies de pharyngite streptococcique ou de scarlatine ; le traitement antibiotique d’une pharyngite streptococcique diminue de manière importante le risque de développer un RAA ; l’antibiothérapie prophylactique diminue les risques de rechute chez les patients ayant déjà fait un RAA ; il existe chez une très grande majorité des patients atteints de RAA au moins un anticorps antistreptococcique dirigé contre un des trois antigènes que sont la streptolysine O, la hyaluronidase et la streptokinase. Classiquement, seules les infections oropharyngées à streptocoque A sont susceptibles de causer un RAA. Cette assertion repose sur de fortes données épidémiologiques et expérimentales [2]. Le RAA ne survient pas après une infection cutanée à streptocoque A, et les épidémies documentées d’impétigo peuvent entraîner une glomérulonéphrite mais pas un RAA [15]. Appareil locomoteur Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique ¶ 14-201-A-10 Tableau 2. Manifestations pathogènes liées au streptocoque b-hémolytique du groupe A. Infections superficielles Pharyngite (angine) streptococcique Infection cutanée : impétigo streptococcique de Tilbury Fox Infections suppuratives profondes Abcès périamygdalien ou rétropharyngé Autres infections ORL : mastoïdite, otite, sinusite, adénopathie cervicale Fasciites / myosites nécrosantes Bactériémie Pneumonie Endocardite infectieuse Méningite Arthrite septique Manifestations liées à la production d’exotoxines Scarlatine Syndrome de choc toxique Fasciites/myosites nécrosantes Manifestations poststreptococciques non suppuratives Rhumatisme articulaire aigu Rhumatisme poststreptococcique Cardiopathie rhumatismale Chorée de Sydenham et autres mouvements anormaux d’origine auto-immune Glomérulonéphrite poststreptococcique Néanmoins, le rôle du streptocoque A semble complexe : des infections répétées par ce germe seraient nécessaires pour amorcer la réponse immunologique, aussi bien qualitativement que quantitativement, avant que le premier épisode de RAA ne survienne [16] . Certains auteurs ont émis l’hypothèse selon laquelle, dans les pays tropicaux, les fréquentes infections cutanées à streptocoque A auraient un rôle initiateur, voire déclenchant, du RAA, que ce soit directement ou à l’occasion d’une infection pharyngée ultérieure [17]. Un rôle étiologique des streptocoques C et G, fréquemment isolés des prélèvements pharyngés dans les zones tropicales, a été évoqué par certains [18]. Facteurs liés au streptocoque A La paroi du streptocoque est constituée de plusieurs couches qui interviennent dans les caractéristiques antigéniques, la virulence, la classification et la physiopathologie des infections streptococciques et poststreptococciques [1, 2, 4, 19]. La paroi cellulaire est recouverte, à l’extérieur, d’une capsule d’acide hyaluronique dépourvue de propriétés antigéniques, mais dont l’épaisseur confère un aspect mucoïde à la culture des colonies en gel d’agarose de sang et est responsable d’une virulence accrue en s’opposant à la phagocytose. La paroi comporte plusieurs couches de l’extérieur vers l’intérieur : les protéines de surface (M, R, T), le groupe carbohydrate ou polysaccharide C et le mucopeptide. Le facteur de virulence prédominant est représenté par la protéine de surface M, dont il existe plus de 80 sérotypes différents, car elle inhibe la phagocytose en diminuant l’activation du complément. L’organisme peut vaincre cette résistance grâce à des anticorps spécifiques de la protéine M, anticorps protecteurs contre des infections récurrentes à streptocoque A portant le même sérotype M. Le gène codant pour la protéine M, appelé emm, a été séquencé et comporte un polymorphisme important avec plus de 100 allèles différents [20] . Cette protéine M a une structure en double hélice alpha, enroulée en spirale, structure commune avec la myosine et la protomyosine. Elle est faite de séquences répétées en tandem et appelées A, B et C. Les 2 premiers types de séquence sont très variables, mais les séquences C sont relativement conservées entre les différents sérotypes. L’épitope immunodominant semble être constitué par une séquence peptidique identifiée dans les séquences C, car elle présente de grandes homologies avec la chaîne bêta de la Appareil locomoteur myosine cardiaque. À quelques exceptions près, seuls les streptocoques de groupe A produisent la protéine M. Le polysaccharide C, constitué de la répétition d’unités de rhamnose captées par des molécules de N-acétylglucosamine, est spécifique du groupe et est à la base de la classification de Lancefield. Il a été décrit une réactivité croisée entre le polysaccharide C, et tout particulièrement le N-acétylglucosamine, et des glycoprotéines des valves cardiaques. Le mucopeptide ou peptidoglycane (composé de la répétition d’unités d’acide muramique et de N-acétylglucosamine) est la structure la plus interne de la paroi, lui conférant sa rigidité, mais elle est faiblement antigénique. Le streptocoque A sécrète de nombreuses enzymes antigéniques qui provoquent l’apparition d’anticorps spécifiques : streptolysine O, streptodornase B ou désoxyribonucléase, streptoNADase, streptokinase (fibrinolysine), hyaluronidase. Il peut sécréter des toxines pyrogènes responsables de l’exanthème de la scarlatine. L’existence de souches de streptocoques A plus rhumatogènes que d’autres est discutée. Les épidémies survenues aux ÉtatsUnis ont été associées à des souches mucoïdes de streptocoque A, particulièrement de sérotype M18 [2] . De manière plus générale, on a identifié lors des épidémies de RAA des sérotypes M prédominants (M5, M14, M18, M24) [4]. Néanmoins, dans beaucoup de séries de RAA non épidémiques, les streptocoques isolés dans le pharynx des enfants atteints de RAA avaient des sérotypes M très variés et pouvaient être mucoïdes ou non mucoïdes. Il a été suggéré un rapport entre les caractéristiques des gènes emm et emm-like, et la capacité du streptocoque A à entraîner des infections de différentes localisations (peau, oropharynx) et différents types de manifestations postinfectieuses (RAA, glomérulonéphrite). Les équipes de Salt Lake City [21], lieu de résurgences épidémiques de RAA, ont mis en évidence une différence du génotype emm entre les années avec épidémies de RAA (1985 et 1998) et une année sans épidémie (1992). Les allèles emm3 et emm18.1 étaient surexprimés au cours des années d’épidémie par rapport à une année de faible incidence de RAA. Le caractère clonal de ce profil allélique indique un rôle pathogène possible dans les épidémies de RAA concernées [21]. Dans les pays développés, les souches de streptocoques A mises en évidence dans l’oropharynx et dans la peau sont habituellement différentes et deux classes antigéniques, I et II, ont été identifiées in vitro [2]. Les souches de classe II fixent la fibronectine, produisent un facteur d’opacité du sérum et sont associées aux glomérulonéphrites poststreptococciques. Les souches de classe I, qui le plus souvent ne produisent pas de facteur d’opacité du sérum, sont associées au RAA. Mais la majorité des travaux effectués dans les régions tropicales ou subtropicales a conclu à l’absence de relations entre les groupes génétiques de streptocoques A et les pathologies [2]. Facteurs liés à l’hôte Un facteur familial et génétique a été suspecté dès le XIXe siècle. Les concordances observées chez les jumeaux monozygotes ont fait évoquer le rôle des groupes HLA, mais ce rôle reste largement discuté [1]. Les études génétiques chez les jumeaux ont montré une association génétique plus forte pour la chorée que pour les arthrites et la cardite [2]. La susceptibilité au RAA est très probablement polygénique [4]. L’utilisation de techniques moléculaires d’identification des allèles de classe II du CMH (complexe majeur d’histocompatibilité) a permis de mettre en évidence une relation entre des antigènes HLA de classe II et le RAA [2, 4]. Mais les études ne retrouvent pas les mêmes allèles associés selon les populations étudiées : HLA DR4 et HLA DR2 chez les Caucasiens, HLA DR1 et DRW6 chez des Noirs d’Afrique du Sud, HLA DR7 et HLA DW53 chez des Brésiliens. Dans une population américaine de race blanche, il a été observé une augmentation de la fréquence de HLA DRB1.16, avec un odds ratio de 4,3 [22]. Mais dans une étude italienne, aucune liaison entre le RAA et un quelconque gène HLA DRB1 n’a été mise en évidence [23]. Cette diversité des résultats a fait suggérer que le gène en cause était situé dans la région des gènes HLA de classe II (en déséquilibre de liaison), mais n’était pas un de ceux-ci. 3 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique Une autre piste dans la compréhension des facteurs génétiques favorisants est représentée par la mise en évidence d’une association entre des allo-antigènes spécifiques des cellules B et le RAA ou la cardiopathie rhumatismale [2]. Initialement, des anticorps monoclonaux ont été développés en immunisant des souris par des lymphocytes B provenant de patients atteints de RAA [24]. Un de ces anticorps, appelé D8/D17, réagissait avec un pourcentage plus élevé de lymphocytes B de patients ayant un RAA ou une cardiopathie rhumatismale qu’avec les témoins. Cette augmentation de l’expression du marqueur D8/D17 à la surface des lymphocytes B, présente chez moins de 10 % des contrôles, a été retrouvée chez 90 à 100 % des patients dans des études effectuées aux États-Unis, en Russie, en Géorgie, au Mexique, au Chili et en Israël [2, 4]. Il a été mis en évidence une augmentation, plus modérée, de l’expression de D8/D17 chez les parents au premier degré. Les anticorps monoclonaux D8/D17 se fixent sur une protéine non-HLA à la surface des lymphocytes B et réagissent aussi avec le muscle cardiaque et squelettique, ou encore avec la protéine M recombinante, ce qui suggère que l’antigène D8/D17 agirait comme un site de fixation pour le streptocoque A à la surface des lymphocytes B [2]. Mais cette association n’a pas été retrouvée dans une étude récente aux États-Unis [25]. En Inde, avec la même méthodologie initiale, d’autres anticorps monoclonaux (PG-12A, PG-13A, PG-20A) dirigés contre les lymphocytes B ont été trouvés et sont apparus plus discriminants que les anticorps D8/D17 pour faire la différence entre malades et témoins [26]. Mécanismes immunologiques Histologiquement, le nodule d’Aschoff cardiaque est caractéristique : destruction fibrinoïde des fibres de collagène, dépôts de C3 et d’immunoglobulines, infiltration cellulaire par des histiocytes d’allure épithélioïde et des lymphocytes T CD4+ et CD8+. Les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques sont capables d’entraîner la lyse des cellules myocardiques en culture. La réponse auto-immune déclenchant le RAA pourrait être initiée par un mécanisme de mimétisme moléculaire (antigénicité croisée) entre des épitopes présents sur la bactérie pathogène et des épitopes présents sur des tissus humains cibles [15]. Les produits de dégradation du streptocoque auraient une structure moléculaire proche des tissus humains (notamment de celui des valves cardiaques), ce qui serait à l’origine d’une réponse immunologique de type auto-immun [15]. Les similitudes structurales et immunologiques entre la protéine M du streptocoque et la myosine (à la fois les molécules alphahélicoïdales et coiled-coil) apparaissent essentielles dans le développement de la cardite du RAA [2]. Expérimentalement, des rats Lewis immunisés avec des protéines M ou des fragments sélectionnés de la protéine M développent une atteinte cardiaque à la fois myocardique et valvulaire [27, 28]. Les lymphocytes T des rats ainsi immunisés prolifèrent en présence de la protéine M du streptocoque A, en présence de la myosine du cœur mais pas en présence de la myosine du muscle squelettique [29]. Les lymphocytes T CD4+ des patients ayant une cardiopathie valvulaire du RAA prolifèrent aussi en présence de la protéine M du streptocoque A [2]. La réponse des lymphocytes T vis-à-vis de la myosine cardiaque, normalement séquestrée en position intracellulaire, pourrait être accentuée par la production de cytokines pro-inflammatoires, faisant intervenir des superantigènes du streptocoque dans la physiopathologie du RAA [30]. Toutefois, c’est l’atteinte valvulaire qui est responsable de la gravité de la cardite du RAA et la myosine est absente des valves cardiaques. Le mécanisme de l’atteinte valvulaire reste incertain. L’atteinte initiale de la valve pourrait être due à la présence de la laminine, qui est une autre molécule alpha-hélicoïdale coiledcoil, présente dans la membrane basale et autour de l’endothélium vasculaire du tissu valvulaire cardiaque. En effet, la laminine est reconnue par les lymphocytes T dirigés contre la myosine et la protéine M [31]. De plus, les anticorps dirigés contre le tissu valvulaire cardiaque reconnaissent aussi le N-acétylglucosamine du carbohydrate du groupe A [2] . Ces anticorps sont augmentés chez les patients atteints de RAA et restent élevés chez ceux ayant une valvulopathie mitrale résiduelle. Nous ne savons pas si l’atteinte valvulaire initiale est due aux anticorps ou à la réponse immunitaire à médiation 4 cellulaire, mais les lésions qui se développent ensuite semblent déterminées par les lymphocytes T et les macrophages qui infiltrent le tissu valvulaire [32]. Il a été démontré de longue date que les animaux immunisés par des antigènes streptococciques développaient des anticorps sériques pouvant se fixer aux astrocytes [4]. Le sérum de patients atteints d’une chorée de Sydenham contient des anticorps qui sont spécifiques des cellules caudales. L’absorption de ce sérum par des antigènes de paroi streptococcique élimine la réactivité avec les cellules caudales. Il a été mis en évidence, au sein de 33 lignées de streptocoques A de sérotype M18 responsables d’épidémies de RAA (mais pas au sein de 13 lignées de streptocoques A nonM18 responsables de pharyngites), des gènes de bactériophages appelés speL et speM qui pourraient produire des toxines pyrogènes jouant un rôle de superantigène [33]. Relations entre rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique La question de l’individualité du RPS par rapport au RAA en tant que maladie reste discutée. Certains auteurs [34] les rassemblent au sein d’une même entité pathologique, en se basant notamment sur l’augmentation de l’expression du marqueur D8/D17 à la surface des lymphocytes B dans les deux entités. D’autres auteurs pensent qu’il s’agit de deux entités pathologiques distinctes, notamment en se basant sur des différences génétiques. En effet, il a été observé chez l’enfant, par rapport à une population témoin, une augmentation de fréquence de certains allèles du gène HLA DRB1, mais ceci de manière différente dans les 2 entités cliniques : augmentation de HLA DRB1.01 dans le RPS, augmentation de HLA DRB1.16 dans le RAA [22]. Toutefois, ce résultat n’a pas été confirmé dans l’étude italienne de Simonini et al. [23] qui a comparé 33 enfants classés en RPS et 200 témoins. Ces auteurs n’ont retrouvé aucune relation entre RPS et HLA DRB1.01, ni avec un autre allèle HLA DRB1. ■ Rhumatisme articulaire aigu Aspects cliniques L’âge du premier épisode de RAA se situe habituellement entre 3 et 17 ans, et en moyenne vers 9 ans [35]. Le début, parfois progressif, plus typiquement brutal, survient 2 à 3 semaines après une pharyngite. En fait, à l’interrogatoire, la pharyngite est retrouvée chez 70 % des enfants les plus âgés et des adultes, mais chez seulement 20 % des plus jeunes enfants. La présentation clinique du RAA [1, 2, 4, 36] n’est pas univoque, car les différents signes de la maladie ont une intensité variable et s’associent entre eux de manière variable. Signes généraux La fièvre est habituelle, sinon constante, allant de 38 à 40 °C, sans périodicité particulière, mais avec parfois des acmés au moment des poussées articulaires. Elle est importante pendant environ une semaine, puis décroît pour disparaître en 2 à 3 semaines au total. La prise précoce d’antipyrétique diminue la fièvre, mais il peut persister une tachycardie plus importante que ne le voudrait l’élévation thermique. Chez l’enfant, des douleurs abdominales sont possibles en début d’évolution, et peuvent simuler une appendicite aiguë. Atteinte articulaire Elle est présente chez 2/3 des enfants et chez la plupart des adolescents et des adultes [15]. Classiquement, elle entraîne une polyarthrite aiguë migratrice et fugace, atteignant avec prédilection les grosses articulations d’abord aux membres inférieurs puis aux membres supérieurs. L’atteinte (unilatérale ou bilatérale) des genoux (76 %) et des chevilles (50 %) est la plus fréquente [4] . Viennent ensuite par ordre de fréquence les atteintes des coudes, poignets, hanches et des petites articulations des pieds (12-15 %). Puis celles des épaules et des petites articulations des mains (7-8 %). L’atteinte isolée des petites articulations des pieds ou des mains est très rare (1 %). On peut aussi avoir une atteinte rachidienne lombosacrée (2 %) ou Appareil locomoteur Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique ¶ 14-201-A-10 cervicale (1 %), pouvant notamment entraîner un torticolis fébrile. Une atteinte des articulations temporomandibulaires (0,5 %) ou sternoclaviculaires (0,5 %) est rare. De 6 à 16 articulations peuvent être atteintes. L’inflammation d’une articulation donnée dure le plus souvent 2 à 3 jours, mais parfois jusqu’à 8 jours. Le caractère migrateur et fugace ne signifie pas forcément que l’arthrite d’une articulation disparaît avant le début de l’atteinte d’une autre, les chevauchements étant fréquents. L’importance des douleurs par rapport aux signes objectifs est classique. Dans certains cas (jusqu’à 25 % des cas), le tableau se limite à une monoarthrite aiguë, le plus souvent d’un membre inférieur, très inflammatoire et pouvant faire évoquer une arthrite septique. Un tableau fait de polyarthralgies inflammatoires fébriles et migratrices semble de plus en plus fréquent actuellement, notamment du fait de l’administration précoce d’aspirine ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il a été signalé la possible survenue de ténosynovites des poignets ou des chevilles. “ Points forts Caractéristiques de l’atteinte articulaire du rhumatisme articulaire aigu Atteinte aiguë le plus souvent polyarticulaire, mais avec des arthrites fugaces et migratrices. Atteinte préférentielle, unilatérale ou bilatérale, des grosses articulations des membres (par ordre de fréquence décroissante) : genoux, chevilles, coudes, poignets, hanches, épaules. Atteintes plus rares : petites articulations des mains et des pieds, rachis lombosacré, rachis cervical. Importance des douleurs par rapport aux signes objectifs. Tableaux plus rares : monoarthrite aiguë (10-25%), polyarthralgies inflammatoires fébriles et migratrices sans arthrite. Liquide articulaire inflammatoire et stérile. Radiographies normales. Guérison sans séquelles. Atteinte cardiaque Elle est classiquement très fréquente chez l’enfant, présente dans 90 % des cas. L’utilisation de l’échographie cardiaque avec doppler (échodoppler) permet de mieux la reconnaître et de mieux l’évaluer. Néanmoins sa fréquence semble variable selon les études et elle est nettement plus rare chez l’adulte. Son intensité est variable selon les patients. Dans une série brésilienne ayant porté sur un premier épisode de RAA, la cardite était absente dans 43 % des cas, peu sévère dans 25 % des cas, modérée dans 27 % des cas et sévère dans seulement 5 % des cas [35]. La cardite associe à des degrés divers une atteinte inflammatoire aiguë des 3 tuniques cardiaques : endocardite, myocardite et péricardite. Elle survient typiquement entre le 6e et le 15e jour, mais peut être plus précoce ou plus tardive. La cardite s’installe à bas bruit et sa détection nécessite des examens réguliers cliniques (auscultation cardiaque), électrocardiographiques (ECG), radiographiques et maintenant échographiques. L’endocardite se manifeste par une insuffisance valvulaire : insuffisance mitrale responsable d’un souffle systolique de pointe en « jet de vapeur », plus rarement insuffisance aortique responsable d’un souffle diastolique « aspiratif » prédominant en situation latérosternale gauche. La myocardite se manifeste par des troubles de la conduction auriculoventriculaire mis en évidence par l’ECG, et dans les formes les plus sévères par une insuffisance cardiaque gauche. La péricardite est une péricardite sèche ou avec un épanchement modéré. Elle entraîne des douleurs thoraciques antérieures (mais peut être indolore), un frottement péricardique à l’auscultation, des signes ECG (microvoltage, sus-décalage de ST) et une cardiomégalie. La Appareil locomoteur pancardite maligne entraîne classiquement une atteinte sévère des 3 tuniques, à l’origine d’une grave insuffisance cardiaque aiguë. L’échocardiographie a démontré le rôle prédominant de l’atteinte valvulaire par rapport à l’atteinte myocardique [37]. La myocardite, qui n’entraîne pas de nécrose myocardique, est rarement impliquée dans les formes sévères du RAA. Dans une étude effectuée en Polynésie française, 95 patients consécutifs atteints d’un RAA avaient été classés comme n’ayant pas de cardite (n = 22), ayant une cardite mais sans insuffisance cardiaque (n = 59) ou ayant une cardite avec insuffisance cardiaque (n = 14) [38]. Le taux de la troponine cardiaque n’était pas différent entre les 3 groupes. La fraction d’éjection du ventricule gauche (VG) évaluée par échographie était normale chez tous les patients et n’était pas différente entre les 3 groupes. L’analyse échocardiographique a montré que l’insuffisance cardiaque était toujours secondaire à une insuffisance valvulaire sévère. D’autres études vont dans le même sens, comme celle rapportée par Alehan et al. [39] effectuée chez 46 patients atteints de RAA, où la troponine n’augmentait pas en cas de cardite et où la fraction d’éjection du VG n’était pas différente selon qu’il y avait une cardite ou non. Atteinte cutanée L’érythème marginé de Besnier (ou érythème annulaire de Lendhorf) est rare (5 % des cas) mais très évocateur. Il est typiquement précoce et formé de lésions serpigineuses et surélevées, indolores et non prurigineuses, de couleur rose ou rouge plus foncé, d’évolution centrifuge, limitant un centre plus pâle. Il prédomine au tronc, pouvant diffuser aux membres, mais respectant la face. Les nodules sous-cutanés de Meynet (8 % des cas) sont observés presque exclusivement dans les formes graves, très inflammatoires et avec une cardite. Ils sont indolores, de consistance ferme, d’une taille variant de quelques millimètres à 2 cm. On en dénombre en moyenne 3 ou 4. Ils siègent à la hauteur des articulations et des surfaces osseuses, sur les tendons extenseurs, au niveau du cuir chevelu et le long de la colonne vertébrale. Ils persistent 3 à 4 semaines et disparaissent sans séquelles. Histologiquement, ils ressemblent aux nodules d’Aschoff : nécrose fibrinoïde centrale, infiltrat lymphoïde, fibroblastes en périphérie. Atteinte neurologique L’atteinte du système nerveux central réalise la chorée de Sydenham ou danse de Saint-Guy (St-Vitus dance pour les AngloSaxons). Elle touche plus souvent les filles que les garçons et sa fréquence, très diversement appréciée, ne dépasserait en fait pas 5 % des cas [15]. Les différences d’appréciation de cette fréquence proviennent peut-être du fait que, contrairement aux autres manifestations du RAA, la chorée survient tardivement, de 2 à 6 mois après l’infection streptococcique, alors que les signes inflammatoires biologiques peuvent avoir complètement disparu. Elle peut d’ailleurs constituer la seule manifestation clinique de la maladie. La chorée épargne l’adulte, sauf la femme enceinte chez qui elle peut être particulièrement sévère. Les signes neurologiques associent des troubles de la concentration, de l’écriture et du langage, à la chorée en elle-même, caractérisée par des mouvements désordonnés, explosifs, sans rythmicité, involontaires et non contrôlables. Ces mouvements disparaissent pendant le sommeil, sont augmentés par l’effort, la fatigue, l’émotion, et peuvent interférer avec les mouvements volontaires. Ils prédominent aux mains et à la face, et sont fréquemment asymétriques. Ils s’accompagnent d’une faiblesse musculaire, mais l’examen neurologique objectif est normal. Classiquement, la chorée guérit spontanément en 2 à 3 mois et sans séquelles. Néanmoins, on a évoqué la possibilité de séquelles à type de troubles du comportement ou de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Examens complémentaires Syndrome inflammatoire biologique Le syndrome inflammatoire biologique est constant, sauf dans la manifestation tardive qu’est la chorée [1, 2, 4, 36]. Il se traduit par une augmentation de la vitesse de sédimentation (VS), du fibrinogène, de la protéine C réactive (CRP) et parfois 5 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique Polyarthrite aiguë 1) Recherche d’une infection récente à streptocoque A : élévation des anticorps (ASLO ≥ 300, anti-ADNase B), prélèvement de gorge, scarlatine récente 2) Recherche d’un autre critère majeur : - cardite (ECG, radiographie thoracique, échographie cardiaque) - atteinte cutanée : érythème marginé, nodules sous-cutanés - chorée Preuve infection + un autre critère majeur Preuve infection mais sans autre critère majeur : rechercher critère mineur - fièvre - antécédent de RAA/cardiopathie rhumatismale - syndrome inflammatoire biologique - allongement PR à l’ECG Rhumatisme articulaire aigu (critères de Jones, révisés en 1992) Pas de preuve de l’infection : - refaire dose des anticorps - rechercher les diagnostics différentiels - selon les autres signes cliniques, le diagnostic de RAA n’est pas exclu, notamment si atteinte cardiaque Preuve infection + 2 critères mineurs Figure 1. Arbre décisionnel. Polyarthrite aiguë. ASLO : antistreptolysine O ; RAA : rhumatisme articulaire aigu ; ECG : électrocardiogramme. par une anémie inflammatoire. Son évolution est parallèle à l’activité inflammatoire du RAA. Sa persistance sous traitement doit faire craindre la persistance d’une cardite infraclinique. Examens complémentaires en rapport avec les atteintes du RAA En cas d’arthrite, l’analyse du liquide articulaire montre un liquide de type inflammatoire et stérile. Dans ce cas, on pourrait mettre en évidence une diminution des facteurs du complément (C1q, C3, C4) indiquant leur consommation par des complexes immuns au sein de l’articulation [4], mais cette recherche n’est pas réalisée en pratique courante. Les radiographies articulaires ne montrent aucune atteinte destructrice, mais peuvent montrer des signes en rapport avec un épanchement articulaire et un gonflement des parties molles. Les examens complémentaires jouent un rôle très important dans le diagnostic de la cardite [1, 2, 4, 36] : ECG, radiographie thoracique et échodoppler cardiaque. À l’ECG, on recherche des signes de péricardite et de myocardite, notamment un allongement de l’espace PR témoignant d’un bloc auriculoventriculaire (BAV) du 1er degré qui n’a pas de valeur pronostique. Un BAV du 2 e degré de type Luciani-Wenckebach est possible. La radiographie thoracique recherche une cardiomégalie. L’échocardiographie cardiaque doit être pratiquée chez tout patient suspect de RAA, ou ayant un RAA [15]. Elle permet de bien mettre en évidence les fuites et les sténoses valvulaires organiques, d’en apprécier l’importance, le retentissement, et d’éliminer les souffles cardiaques anorganiques qui sont fréquents chez l’enfant [37]. Une atteinte valvulaire cardiaque peut être découverte en l’absence de souffle auscultatoire. Si l’échodoppler est plus sensible que l’examen physique, la mise en évidence d’une régurgitation à l’échodoppler peut traduire une régurgitation physiologique et la distinction entre régurgitation physiologique et pathologique est parfois difficile [37]. L’échocardiographie permet de rechercher un épanchement péricardique et d’évaluer la taille et la fonction du VG [37]. Examens visant à prouver l’infection streptococcique Le prélèvement de gorge (oropharynx) à la recherche du streptocoque b-hémolytique du groupe A s’impose. Mais les cultures sont rarement positives au stade du RAA et la mise en évidence du streptocoque n’est pas un élément de certitude dans la mesure où il existe des porteurs sains. Certains ont proposé d’effectuer 3 prélèvements de gorge dans les 24 premières heures, avant l’administration d’antibiotiques [4]. 6 La recherche des anticorps antistreptococciques est primordiale car ils se positivent au moment de l’apparition du RAA et indiquent une véritable infection plus qu’un portage chronique. En utilisant plusieurs tests, il est possible de détecter une infection récente dans tous les cas. Le test facilement accessible est la recherche des anticorps antistreptolysine O (ASLO), dont le résultat est rendu en unités Todd. Le titre des ASLO varie chez les sujets sains en fonction de l’âge, de la situation géographique et de la saison. Chez les enfants en âge scolaire, un titre physiologique de 200 unités est fréquent. Après une pharyngite streptococcique, la réponse des anticorps atteint son maximum en 4 à 5 semaines, puis diminue ensuite progressivement sur une période de 6 mois. Il faut exiger un titre d’ASLO d’au moins 300 unités (> 200). On recherche une augmentation du titre (au moins 2 fois supérieur) des ASLO par deux prélèvements successifs effectués à 2 semaines d’intervalle. Mais cette donnée évolutive n’est pas nécessaire si le premier titre est nettement élevé et elle ne peut être positive que si le premier prélèvement a été précoce. L’augmentation des ASLO est constatée dans 80 % des RAA. Il est donc intéressant de rechercher d’autres anticorps antistreptococciques : antihyaluronidases, antistreptokinases, antistreptodornases B (anti-ADNase B). L’absence d’élévation de 3 anticorps antistreptococciques permet d’affirmer, avec une forte probabilité (≥ 95 %), que l’enfant n’a pas fait d’infection récente par le streptocoque A, ce qui remet en cause le diagnostic de RAA sauf dans deux circonstances : la chorée et la cardite de début insidieux et de diagnostic tardif. En pratique, il est indispensable d’effectuer un dosage d’au moins deux anticorps antistreptococciques, habituellement ASLO et anti-ADNase B, devant toute suspicion de RAA. En l’absence d’augmentation initiale, un nouveau dosage est nécessaire après 2 à 3 semaines (Fig. 1). Diagnostic Diagnostic positif Le diagnostic de RAA repose sur les critères diagnostiques de Jones révisés en 1992 (Tableau 3) [40] . En 2000, un groupe d’experts internationaux a validé les critères de Jones révisés en 1992 [37]. Si l’intérêt de l’échocardiographie a été démontré, il n’a pas été recommandé d’inclure cette donnée dans les critères de Jones. Il a été souligné que les critères de Jones pouvaient se révéler insuffisants pour le diagnostic de rechute de RAA, et particulièrement en cas de nouvelle cardite sur une cardiopathie Appareil locomoteur Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique ¶ 14-201-A-10 “ Conduite à tenir Examens complémentaires à pratiquer devant une polyarthrite aiguë fébrile suspecte de rhumatisme articulaire aigu Examens biologiques : • NFS-plaquettes, VS, CRP, fibrinogène, bilan hépatique, créatininémie, LDH, TP, TCA, ferritinémie ; • recherche et dosage des anticorps antistreptococciques : ASLO, antistreptodornase B, éventuellement antistreptokinase ; • facteurs antinucléaires, facteur rhumatoïde, anticorps anti-CCP ; • recherche de l’antigène HLA B27 ; • sérologies virales ; • protéinurie des 24 heures ; • ponction articulaire : analyse cytologique. Examens bactériologiques : • ponction articulaire : analyse bactériologique ; • prélèvement de gorge ; • hémoculture ; • uroculture. Radiographies articulaires. Examens cardiologiques : • radiographie thoracique ; • ECG ; • échocardiographie. rhumatismale préexistante, et que certains éléments sémiologiques (comme une monoarthrite aiguë) devaient être pris en compte pour le diagnostic de rechute en zone d’endémie [37]. Les différentes révisions des critères de Jones en ont augmenté la spécificité mais diminué la sensibilité. Ceci peut poser problème dans les pays en voie de développement où le RAA reste fréquent, ce qui a conduit l’OMS à proposer des critères en 2002-2003 [41], dans lesquels les critères diagnostiques sont les mêmes que ceux de Jones révisés pour un premier épisode, mais où il suffit de 2 critères mineurs et de la preuve de l’infection récente à streptocoque A pour diagnostiquer une rechute chez les patients ayant une cardiopathie rhumatismale. L’impression des cliniciens exerçant en zone d’endémie est que le diagnostic de RAA est difficile en raison de son grand polymorphisme clinique, de la fréquence de signes trompeurs et de la difficulté à prouver l’infection streptococcique récente [36]. Diagnostic différentiel Les diagnostics différentiels du RAA sont nombreux et variables en fonction du mode de présentation (Tableau 4) [2]. Devant une polyarthrite aiguë chez l’enfant, il faut savoir évoquer les arthrites juvéniles idiopathiques, notamment la forme systémique ou maladie de Still, le lupus érythémateux systémique, et les polyarthrites révélatrices des leucémies aiguës, ce qui peut nécessiter la pratique d’un myélogramme en cas de doute [1, 36]. Devant une atteinte cardiaque aiguë inflammatoire, les principaux diagnostics différentiels sont les myocardites et les péricardites d’origine virale et l’endocardite d’Osler sur cardiopathie congénitale. Devant une chorée, les principaux diagnostics différentiels sont la chorée de Huntington, le neurolupus et les encéphalites infectieuses. Évolution Évolution à court terme Un épisode ou une poussée de RAA est un phénomène inflammatoire spontanément limité dans le temps. Même non traitée, l’atteinte articulaire disparaît spontanément en 2 à 4 semaines. La fièvre et l’atteinte articulaire répondent rapidement au traitement anti-inflammatoire. La péricardite guérit rapidement sans séquelle, la myocardite régresse, mais l’évolution des atteintes valvulaires cardiaques est variable. L’évolution biologique tend vers la disparition du syndrome inflammatoire. L’atteinte articulaire guérit sans séquelles, à l’exception de très rares cas de rhumatisme de Jaccoud, arthropathie déformante et indolore des mains et des pieds survenant en l’absence de destruction articulaire radiologique. Tableau 3. Critères diagnostiques du rhumatisme articulaire aigu (RAA) : critères de Jones révisés en 1992 [40]. Critères majeurs Critères mineurs Preuve d’une infection à streptocoque A récente Cardite Fièvre Élévation des ASLO ou d’autres anticorps antistreptococciques Polyarthrite Arthralgies Chorée Antécédents de RAA ou cardiopathie rhumatismale Culture du prélèvement de gorge positive pour streptocoque hémolytique du groupe A Érythème marginé Syndrome inflammatoire biologique (VS, CRP) Scarlatine récente Nodules sous-cutanés Allongement de l’espace PR à l’ECG Le diagnostic de RAA (1er épisode) nécessite a - la preuve d’une infection récente à streptocoque A b - deux critères majeurs ou l’association d’un critère majeur et de deux critères mineurs a b En cas de rechute, il n’est exigé qu’un seul critère majeur ou plusieurs critères mineurs. Sauf en cas de chorée. Tableau 4. Principaux diagnostics différentiels du rhumatisme articulaire aigu selon le mode de présentation [2]. Mode de présentation Polyarthrite fébrile Cardite Chorée Arthrites septiques et gonococciques Souffle anorganique Lupus érythémateux systémique Maladies systémiques : connectivite, vascularite, sarcoïdose, arthrite juvénile idiopathique, maladie de Crohn, etc. Prolapsus de la valve mitrale Intoxication médicamenteuse Cardiopathies congénitales Maladie de Wilson Arthrites virales (mycoplasme, CMV, EBV, parvovirus B19) Endocardite infectieuse Encéphalite Arthrites réactionnelles (postdysentériques) Cardiomyopathie hypertrophique Chorées familiales (dont Huntington) Maladie de Lyme Myocardite virale ou idiopathique Tics Drépanocytose Péricardite virale ou idiopathique Tumeurs intracrâniennes Endocardite infectieuse avec arthrites aseptiques Maladie de Lyme Leucémie et lymphomes Endocrinopathies Appareil locomoteur 7 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique Évolution à moyen et long terme L’évolution du RAA est marquée par le risque de cardiopathie rhumatismale et de rechute du RAA. En effet, les lésions des valves cardiaques qui se sont produites au cours d’un premier épisode de RAA peuvent évoluer pour leur propre compte, devenir chroniques, s’aggraver (mais parfois s’améliorer) et entraîner une cardiopathie rhumatismale chronique. Cette cardiopathie rhumatismale est caractérisée par une valvulopathie soit simple (plus souvent mitrale qu’aortique) soit double (mitroaortique), évoluant pour son propre compte, toujours avec une insuffisance valvulaire (l’insuffisance aortique étant plus grave que l’insuffisance mitrale) et l’installation, après plusieurs années, d’un rétrécissement beaucoup plus souvent mitral (provoquant une maladie mitrale) qu’aortique (maladie aortique). Cette cardiopathie valvulaire est menacée par le risque de greffe bactérienne réalisant l’endocardite d’Osler. La cardiopathie rhumatismale expose à l’insuffisance cardiaque et peut nécessiter un traitement chirurgical, notamment en cas d’insuffisance aortique et de rétrécissement mitral. La cardite fait donc toute la gravité du RAA. En l’absence de traitement prophylactique, un sujet ayant déjà fait une première poussée de RAA est exposé au risque de rechute lors d’une nouvelle infection oropharyngée à streptocoque A. Le risque de rechute est beaucoup plus élevé au cours des premières années, mais persiste toute la vie, même s’il diminue avec l’âge [4]. Il est dix fois plus élevé chez les patients ayant déjà fait une première poussée de RAA que dans la population générale. Les rechutes constituent une cause importante d’aggravation des lésions valvulaires cardiaques et sont souvent de diagnostic plus difficile car les signes cliniques sont moins importants [2, 15]. La cardiopathie rhumatismale surviendrait chez presque la moitié des patients ayant des signes de cardite lors du diagnostic de RAA [15]. Dans une série brésilienne [35] de 258 enfants et adolescents faisant une première poussée de RAA et suivis sur une période moyenne de 5,4 ans (2 à 15 ans) avec des évaluations cardiaques systématiques par échodoppler, la fréquence de la cardiopathie rhumatismale chronique était de 72 %. Son degré de sévérité était, selon les cas, peu sévère (36 %), modérée (20 %) ou sévère (16 %). À la phase chronique, 1/3 des patients ayant une cardiopathie rhumatismale à l’échodoppler cardiaque ont présenté un examen physique normal [35] . Les facteurs prédictifs indépendants d’une cardiopathie valvulaire chronique sévère à moyen terme sont la sévérité initiale de la cardite, la survenue d’une rechute de RAA et le faible niveau d’éducation de la mère [35]. ■ Rhumatisme poststreptococcique Définition du rhumatisme poststreptococcique Le rhumatisme poststreptococcique (RPS), encore appelé arthrite réactionnelle poststreptococcique (poststreptococcal reactive arthritis) [15], a été individualisé en 1982 par Goldsmith et Long, qui ont décrit 12 enfants ayant une polyarthrite d’évolution prolongée et des signes d’infection récente à streptocoque A, mais ne répondant pas aux critères de Jones [22, 42]. Le RPS est une entité discutée dans son individualité, qui peut survenir chez l’enfant et chez l’adulte [1, 4, 15, 43, 44]. Il s’agit d’un syndrome articulaire inflammatoire aigu secondaire à une infection pharyngée à streptocoque et ne répondant pas, par définition, aux critères de Jones pour le RAA [15]. Les grandes différences entre RPS et RAA sont exposées dans le Tableau 5 [4, 43-45]. Le diagnostic de RPS ne devrait être porté qu’après avoir éliminé les autres hypothèses diagnostiques [37]. Le RPS n’est pas associé à l’antigène HLA B27 [44]. Une des grandes caractéristiques du RPS est le risque très faible de cardite, mais il semblerait que 6 % des patients atteints de RPS développent une atteinte valvulaire mitrale [44]. Mackie et Keat ont effectué une revue de la littérature des cas de RPS de l’enfant et de l’adulte publiés de 1982 à 2002 [46]. Ils ont sélectionné les cas comportant une preuve sérologique d’infection récente à streptocoque et ne répondant pas aux 8 Tableau 5. Différences entre le rhumatisme poststreptococcique (RPS) et le rhumatisme articulaire aigu (RAA) a [4, 43-45]. RPS a b b RAA Délai pharyngite-arthrite < 14 jours 2-4 semaines Type des arthrites Arthrites non migratrices (additives) Arthrites migratrices Durée d’évolution spontanée des arthrites > 1 mois (2 mois en moyenne) < 1 mois Efficacité symptomatique de l’aspirine et AINS Faible Importante Risque de survenue d’une cardite Absente ou rare Fréquente Par définition, le RPS ne répond pas aux critères de Jones pour le RAA. Assimilables aux critères de Deighton. Tableau 6. Revue de la littérature de 188 cas de rhumatisme poststreptococcique rapportés entre 1982 et 2002 [46]. Âge - enfant (< 18 ans) - adulte (≥ 18 ans) 100 (53 %) 88 (47 %) Sexe masculin 50,5 % Intervalle pharyngite-arthrite (moyenne) - adultes - enfants 14 jours 15,6 jours 11,6 jours Streptocoque isolé dans le prélèvement de gorge (n = 69) - streptocoque A - streptocoque B - streptocoque C - streptocoque G 57 (82 %) 2 (3 %) 6 (9 %) 4 (6 %) Type des arthrites - arthrites non migratrices - arthrites symétriques - polyarthrite (> 4 arthrites) - oligoarthrite (2-4 arthrites) - monoarthrite 82 % 41 % 40 % 37 % 23 % Évolution des arthrites < 6 semaines - enfants - adultes 77 % 33 % Glomérulonéphrite 6 (3 %) critères de Jones. La majorité des cas ont été rapportés aux ÉtatsUnis, en Europe de l’Ouest et en Turquie. Les caractéristiques principales des 188 patients de cette revue sont présentées dans le Tableau 6. On constate deux pics d’âge de survenue : l’un chez l’enfant entre 8 et 14 ans et l’autre chez l’adulte entre 21 et 37 ans. Les articulations touchées sont le plus souvent les grosses articulations des membres : genoux, chevilles, poignets, hanches. Les arthrites sont symétriques chez 51 % des adultes et 32 % des enfants. L’évolution des arthrites est supérieure à 6 semaines dans la moitié des cas et apparaît plus longue chez l’adulte que chez l’enfant. La réponse aux anti-inflammatoires n’apparaît pas uniforme. Des rechutes de RPS sont survenues dans au moins 12 % des cas et semblent avoir été plus fréquentes en l’absence d’antibioprophylaxie (56 % des patients ont reçu une prévention secondaire). Les signes extra-articulaires classiques du RAA ont été très rares, ce qui peut s’expliquer par la définition excluant les critères de Jones. Un seul patient avait initialement une cardite, mais 3 autres ont développé une cardite 1 à 18 mois après le RPS. Toutefois, l’échocardiographie a rarement été pratiquée systématiquement chez ces patients. Une glomérulonéphrite était présente chez 6 % des adultes et 2 % des enfants. Cette revue de la littérature montre une Appareil locomoteur Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique ¶ 14-201-A-10 hétérogénéité des cas rapportés, tant sur le plan clinique que bactériologique (mise en évidence de streptocoques B, C et G). Rhumatisme poststreptococcique de l’adulte Les publications de RPS de l’adulte sont rares et les séries publiées récentes [42, 47-49]. La seule étude prospective, et la plus importante quantitativement, est celle des auteurs hollandais qui ont rapporté une série de 41 cas observés pendant 6 ans, et qui ont décrit les streptocoques C et G, à côté du streptocoque A, comme agents déclenchants du RPS [48, 49]. Les auteurs de la Mayo Clinic ont, quant à eux, rapporté seulement 6 cas avérés pour une période de 24 ans [42]. La durée de l’intervalle entre pharyngite et arthrite est diversement appréciée dans les séries et ne correspond finalement pas aux critères de Deighton repris dans le Tableau 5 [45], puisqu’elle était en moyenne de 3 semaines dans la série la plus importante [49]. L’atteinte articulaire du RPS est le plus souvent une oligoarthrite ou une polyarthrite non migratrice prédominant sur les grosses articulations des membres inférieurs. La monoarthrite est rare mais possible. Les polyarthrites sont bilatérales et symétriques dans la moitié des cas. Les articulations les plus souvent touchées sont, par ordre de fréquence décroissant : les genoux, les chevilles, les coudes, les poignets, les petites articulations des mains. Des ténosynovites sont possibles [47]. Les atteintes extra-articulaires sont diversement appréciées. Tous semblent s’accorder sur la rareté de la cardite dans les RPS de l’adulte. Néanmoins, des blocs auriculoventriculaires du 1er degré ont été observés [49]. Des signes cutanés très variés ont été rapportés : érythème noueux, érythème non spécifique [49], rash maculopapuleux avec une histologie de vascularite [47]. Les auteurs de la Mayo Clinic n’ont pas observé d’atteinte cutanée [42]. Dans une série de seulement 6 cas [47], 2 patients avaient une glomérulonéphrite, mais ce type d’atteinte n’a pas été retrouvé dans les autres séries. Un nouveau cas d’association RPS et glomérulonéphrite poststreptococcique a été rapporté récemment [50], avec une évolution favorable sous corticothérapie. Dans l’étude hollandaise [49], le prélèvement de gorge était positif chez 50 % des patients n’ayant pas reçu d’antibiothérapie préalable et chez 10 % de ceux ayant été traités par une antibiothérapie. Ces auteurs ont distingué 3 sous-groupes de RPS selon l’identification d’un streptocoque A (RPS-A), d’un streptocoque C ou G (RPS-NA) ou la négativité des cultures (RPS-NI). Leur étude montre qu’il y a peu de différence clinique entre les sous-groupes et que les taux d’anticorps antistreptodornase B sont plus faibles dans le sous-groupe RPS-NA que dans les autres sous-groupes. Des auteurs grecs ont rapporté [51] le cas d’une femme âgée de 60 ans ayant développé, après une pharyngite streptococcique, un tableau associant une oligoarthrite périphérique et une spondylodiscite inflammatoire T7-T8, sans atteinte cardiaque et d’évolution favorable en 2 mois. Finalement, le RPS de l’adulte n’apparaît pas plus homogène que celui de l’enfant et sa fréquence réelle reste très difficile à apprécier. “ Points forts Caractéristiques classiques du rhumatisme poststreptococcique Tableau articulaire aigu ne répondant pas aux critères de Jones (révisés en 1992) pour le rhumatisme articulaire aigu. Délai entre la pharyngite et les arthrites inférieur à 2 semaines. Arthrites non migratrices (mais additives). Efficacité inconstante/incomplète de l’aspirine et des AINS. Durée d’évolution supérieure à un mois (en moyenne 2 mois). Risque de survenue d’une cardite : rare. Appareil locomoteur ■ Traitement Traitement curatif Traitement de l’infection streptococcique L’éradication du streptocoque, toujours nécessaire même si le prélèvement de gorge est négatif, constitue le prélude à la mise en route de l’antibioprophylaxie [1, 4, 36]. Elle repose le plus souvent sur un traitement par Oracilline® per os à la posologie de 1 à 2 millions d’unités par jour, en 2 prises quotidiennes, pendant une durée de 10 jours. Les céphalosporines pourraient remplacer l’Oracilline®, sauf le Céfaclor® et le Loracarbef®, et seraient même plus efficaces d’après une méta-analyse [15]. Mais ceci n’est pas à recommander en pratique. En cas d’allergie à la pénicilline, on propose un traitement par érythromycine à la posologie de 40 mg/kg/j en 3 prises quotidiennes. Cette antibiothérapie n’a aucune influence ni sur les signes, ni sur l’évolution du RAA. Il est recommandé de réaliser un prélèvement de gorge chez tous les sujets contacts de la famille et de traiter ceux ayant une culture positive. Mesures symptomatiques Le traitement de l’épisode aigu nécessite l’hospitalisation et une période de repos au lit généralement de 2 semaines en l’absence de cardite, et de 4 à 6 semaines en présence d’une cardite [1]. Toutefois, depuis l’avènement de l’antibiothérapie, l’intérêt du repos n’a pas été prouvé et certains recommandent une reprise progressive de l’activité dès que les symptômes initiaux ont commencé à diminuer [2]. Une cardiopathie sévère avec insuffisance cardiaque nécessite les traitements symptomatiques adéquats. Le traitement de la chorée est mal codifié et la majorité des formes non sévères ne nécessiterait pas de traitement spécifique. On peut utiliser des médicaments sédatifs (phénobarbital, benzodiazépine), l’acide valproïque ou la carbamazépine [2]. Traitement anti-inflammatoire Le traitement anti-inflammatoire du RAA reste controversé [52]. Le choix existe entre d’une part l’aspirine ou un AINS, et d’autre part une corticothérapie initiale. L’intérêt des immunoglobulines polyvalentes intraveineuses n’a pas été démontré [52] . Le but du traitement anti-inflammatoire est double : diminuer et faire disparaître les signes inflammatoires généraux, articulaires et cardiaques de la poussée de RAA ; réduire le risque évolutif vers une cardiopathie rhumatismale chronique. L’aspirine et les AINS, notamment le naproxène, sont habituellement très efficaces pour traiter les signes généraux et articulaires du RAA [2, 4]. Les doses d’aspirine sont de 80 à 100 mg/kg/j chez l’enfant, réparties en 4 prises sur 24 heures. On peut doser la salicylémie dont le taux thérapeutique se situe entre 20 et 30 mg/dl [4]. La durée du traitement est de 4 à 8 semaines. En cas de cardite sévère (cardiomégalie, bloc auriculoventriculaire du 3er degré, insuffisance cardiaque), il est habituel [4] de recommander la mise en route d’une corticothérapie à la posologie de 2 mg/kg/j de prednisone en traitement d’attaque pendant 2 à 4 semaines, suivie d’une diminution progressive de la posologie par paliers, pour une durée totale de traitement de 4 à 8 semaines. On peut débuter l’aspirine une semaine avant la fin prévue de la corticothérapie. L’attitude préconisée en cas de cardite non sévère est variable. Certains ouvrages de référence recommandent l’utilisation des corticoïdes dans le RAA avec cardite. Mais d’autres auteurs font remarquer que l’insuffisance cardiaque de la cardite du RAA est la conséquence hémodynamique d’une atteinte valvulaire sévère et que seule la chirurgie est susceptible de l’améliorer. L’efficacité des traitements anti-inflammatoires sur l’évolution de la cardite à moyen et à long terme n’est pas démontrée, que ce soit pour les salicylés ou pour les corticostéroïdes [2]. Cilliers [52] a effectué une méta-analyse de 8 essais randomisés comparant différents traitements anti-inflammatoires entre eux ou versus placebo dans leur capacité à diminuer la survenue d’une cardiopathie rhumatismale lors d’une évaluation réalisée au moins un an après l’épisode de RAA. Cette méta-analyse ne montre pas de différence entre les corticostéroïdes et l’aspirine. 9 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique Tableau 7. Modalités des traitements antibiotiques pour la prévention primaire et secondaire du rhumatisme articulaire aigu [2]. Dose unitaire Fréquence d’administration Durée du traitement - enfant : 250 mg 2 à 3 fois/j 10 jours Prévention primaire Pénicilline V (phénoxyméthylpénicilline, Oracilline®) ou amoxicilline Érythromycine * - adolescent et adulte : 500 mg 40 mg/kg/j Benzathine benzylpénicilline G - si poids < 27 kg : 600 000 unités (Extencilline®) i.m. - si poids ≥ 27 kg : 1,2 million d’unités En 3 prises quotidiennes Dose unique Dose unique 1 fois toutes les 3 à 4 semaines - pas de cardite : pendant 5 ans ou jusqu’à l’âge de 18 ans Prévention secondaire Benzathine benzylpénicilline G - si poids < 27 kg : 600 000 unités (Extencilline®) i.m. - si poids ≥ 27 kg : 1,2 million d’unités * Pénicilline V (phénoxyméthylpénicilline, Oracilline®) 250 mg Érythromycine* 250 mg - cardite peu sévère : pendant 10 ans ou jusqu’à l’âge de 25 ans 2 fois/j - cardite sévère et/ou chirurgie valvulaire : traitement à vie 2 fois/j En cas d’allergie à la pénicilline. De plus, il n’apparaît pas de différence entre le placebo et la prednisone dans la capacité à réduire le risque valvulaire cardiaque. Aucun essai n’a comparé l’aspirine et le placebo. L’auteur souligne que ces essais ont été effectués pour la plupart il y a 40 ou 50 ans et qu’il serait nécessaire de disposer d’essais thérapeutiques plus récents. Traitement prophylactique secondaire La prévention secondaire est la seule thérapeutique dont l’intérêt est formellement démontré dans le RAA, tant pour le patient que pour la société en termes de coûts de santé [2]. Elle doit être débutée dès la fin de l’épisode aigu. Cette prévention des rechutes repose sur une antibiothérapie prolongée, habituellement effectuée par voie intramusculaire sous la forme de benzathine benzylpénicilline (Extencilline®) à une posologie unitaire en fonction du poids : 600 000 unités si l’enfant pèse moins de 27 kg, 1 200 000 unités si le poids dépasse 27 kg [2, 36] (Tableau 7). Une étude néo-zélandaise préconise une dose unitaire de 1,2 million d’unités dès que le poids dépasse 20 kg [12]. Le rythme des injections proposé par l’American Heart Association est mensuel. Mais des études françaises semblent montrer une perte d’efficacité après 15 jours. En France on recommande des injections toutes les 3 semaines [1]. Les injections sont douloureuses et tous les moyens permettant de diminuer ces douleurs (addition d’un anesthésique, injections lentes pendant plus de 3 minutes, etc.) sont utiles pour améliorer l’observance thérapeutique [2]. Dans certains cas, le traitement intramusculaire est mal accepté et la prise quotidienne d’Oracilline® s’avère plus adaptée (Tableau 7). Mais l’observance thérapeutique doit faire préférer la forme intramusculaire dans les pays d’endémie. Un schéma de prévention par une dose quotidienne unique d’amoxicilline (1 à 2 grammes chez l’adulte) serait efficace [2]. En cas d’allergie à la pénicilline, on utilise l’érythromycine (Tableau 7). La durée de l’antibioprophylaxie est au minimum de 5 ans en l’absence d’endocardite, et de toute façon jusqu’à l’âge de 15 ans [1]. En cas de cardite, cette prophylaxie est nécessaire soit à vie en cas de cardite sévère ou quelle que soit la sévérité de la cardite pour nombre d’auteurs [1, 4], soit éventuellement moins longtemps (10 ans et au minimum jusqu’à l’âge de 25 ans) en cas de cardite peu sévère [2]. Les caries dentaires doivent être dépistées et traitées. La prévention de l’endocardite d’Osler par une antibiothérapie adaptée au type de geste est fondamentale en cas de cardiopathie valvulaire. Une prévention secondaire de masse du RAA nécessite d’identifier dans la population les cas de RAA et de cardiopathie rhumatismale et d’effectuer une antibioprophylaxie au long cours [53]. Cette prophylaxie secondaire devrait s’appuyer sur un système de registres de patients ayant eu un RAA ou une cardiopathie rhumatismale, l’intérêt de tels registres et d’une organisation adéquate pour délivrer effectivement la prophylaxie secondaire ayant été démontré dans plusieurs pays comme 10 la Nouvelle-Zélande, l’Inde, Cuba ou l’Egypte [2, 53]. Mais ces registres nécessitent des organisations et des moyens financiers spécifiques, ce qui explique leur déploiement insuffisant dans les pays sous-développés et ce qui justifie des aides internationales et des stratégies adaptées à chaque contexte local [53]. Mais en Afrique du Sud, la mise en place en 1999 de recommandations sur la prévention secondaire ne semble pas avoir atteint ses objectifs sur la connaissance de la maladie par l’entourage de l’enfant, la connaissance des recommandations par les soignants et les déclarations des cas diagnostiqués par les médecins [54]. “ Conduite à tenir Durée de la prévention secondaire par antibioprophylaxie Rhumatisme articulaire aigu : • pas de cardite : au minimum 5 ans et de toute façon jusqu’à l’âge de 15 ou 18 ans ; • cardite peu sévère : pour certains, traitement prophylactique à vie, pour d’autres, au minimum 10 ans et de toute façon jusqu’à l’âge de 25 ans ; • cardite sévère : traitement prophylactique à vie. Rhumatisme poststreptococcique : • enfant et adulte avec cardite : même attitude que dans le RAA ; • adulte sans cardite initiale : discussion au cas par cas (si prophylaxie mise en route, intérêt possible d’une échocardiographie à 1 an). Traitement prophylactique primaire Une méta-analyse des essais randomisés effectués avec la pénicilline, essais effectués pendant les années 1950-1961 et le plus souvent chez de jeunes recrues américaines, montre que le traitement antibiotique par la pénicilline administré devant une pharyngite suspectée d’origine streptococcique permet de diminuer de 80 % le risque de survenue d’un RAA [55] . Le traitement antibiotique doit commencer dans les 9 jours suivant le début de la pharyngite/angine [2]. En pratique, cette prévention primaire du RAA repose sur le traitement de toutes les angines par Oracilline® pendant 10 jours (Tableau 7). Ceci est d’autant plus important dans les pays à forte incidence de RAA, dans les familles défavorisées et de faible niveau socioéconomique. Une seule injection intramusculaire de benzathine benzylpénicilline peut constituer une alternative efficace au traitement oral [55]. Appareil locomoteur Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique ¶ 14-201-A-10 Traitement du rhumatisme poststreptococcique [5] Les traitements antibiotiques (10 jours) et anti-inflammatoires du RPS sont nécessaires. L’aspirine est peu efficace. L’efficacité des AINS est diversement appréciée notamment chez l’adulte : très bonne dans l’expérience des auteurs hollandais [49], inconstante dans celle de la Mayo Clinic [42], médiocre dans celle de l’équipe de la Nouvelle-Orléans [47]. Chez l’adulte, la durée d’évolution vers la guérison est variable selon les études : pour certains le RPS guérit en moins de 2 mois [49] et pour d’autres il dure plus de 2 mois dans la quasi-totalité des cas [42, 47]. La question de l’antibiothérapie prophylactique après un RPS doit être envisagée de manière différente selon qu’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte. Chez l’enfant, tous les auteurs [34, 45] ont insisté sur le grand polymorphisme clinique, notamment de l’atteinte extra-articulaire, avec possibilité de survenue de cardite. L’antibiothérapie prophylactique est donc souvent recommandée chez l’enfant selon les mêmes modalités que dans le RAA. Chez l’adulte, l’antibiothérapie prophylactique ne doit pas être systématique mais discutée au cas par cas. Pour les auteurs hollandais, elle est inutile si un streptocoque C ou G est responsable [49]. D’autres recommandent une antibioprophylaxie antistreptococcique systématique pendant 1 an puis une évaluation cardiaque par échographie : l’antibioprophylaxie pourrait alors être arrêtée en l’absence d’atteinte valvulaire cardiaque [44]. [6] La question de la vaccination Même si des essais thérapeutiques sont en cours aux ÉtatsUnis [2], il n’existe pas actuellement de vaccin disponible contre le streptocoque A et un tel vaccin n’est pas attendu avant 2015 [2, 53]. La première difficulté de la vaccination antistreptococcique est la réactivité croisée entre les antigènes streptococciques et des antigènes tissulaires des mammifères [4]. L’autre difficulté est la diversité antigénique de la protéine M, les anticorps spécifiques ne protégeant pas contre les autres sérotypes [15]. La diversité des sérotypes responsables semble particulièrement vraie dans les pays d’endémie, ce qui limite d’autant plus l’efficacité théorique de la vaccination dans ce contexte [2]. ■ Conclusion Le RAA demeure un problème de santé publique dans les régions où vivent les 2/3 de la population mondiale [4]. Même dans les pays développés où les conditions de vie et de nutrition sont meilleures, la résurgence récente d’épidémies doit rendre vigilants les médecins et les autorités de santé dans la prévention et le diagnostic du RAA. Le RAA reste donc une des grandes maladies planétaires à contrôler et ce contrôle passe avant tout par la prévention primaire et secondaire. Le RAA est une des seules maladies humaines connues de type auto-immun pour laquelle l’étiologie est un agent infectieux déterminé et reconnu. Néanmoins les mécanismes physiopathologiques précis restent à déterminer avec certitude : antigènes tissulaires cibles, mécanismes de rupture de la tolérance, gènes favorisants. Chez l’adulte, le clinicien ne doit pas oublier le RAA et le RPS comme causes d’une polyarthrite aiguë, mais aussi d’une oligoarthrite ou d’une monoarthrite aiguë. [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] . ■ Références [1] [2] [3] [4] Stephan JL, Mourrieras P. Rhumatisme articulaire aigu. In: Prieur AM, editor. Rhumatologie pédiatrique. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 1999. p. 307-13. Carapetis JR, McDonald M, Wilson NJ. Acute rheumatic fever. Lancet 2005;366:155-68. Carapetis JR, Steer AC, Mulolland EK, Weber M. The global burden of group A streptococcal diseases. Lancet Infect Dis 2005;5:685-94. Gibofsky A, Zabriskie J. In: Acute rheumatic fever and poststreptococcal arthritis (pp. In: Kelley’s Textbook of rheumatology. New York: Elsevier-WB Saunders; 2005. p. 1684-96. Appareil locomoteur [27] [28] [29] Carapetis JR, Currie BL, Mathews JD. Cumulative incidence of rheumatic fever in an endemic region: a guide to the susceptibility of the population? Epidemiol Infect 2000;124:239-44. Carp C. In: WHO/WHF/UNESCO joint consultation on RF/HD prevention: a progress report of activities for Romania. Bucharest: Illescu Institute of Cardiology; 1999. p. 1-2. Cernay J, Rusnak M, Raisova A. Incidence of rheumatic fever in Slovakia during the last 20 years. Cesk Pediatr 1993;48:79-83. Eshel G, Lahat E, Azizi E, Gross B, Aladjem M. Chorea as a manifestation of rheumatic fever: a 30-year survey (1960-1990). Eur J Pediatr 1993;152:645-6. Kayemba, Kay’s, Kabangu S, Dupuis E. Acute rheumatic fever is still active in Martinique: epidemiological and clinical study of 34 cases observed during the 1987-1991 period. Pediatrie 1993;48:823-7. Kechrid A, Kharrat H, Bousnina S, Kriz P, Kaplan EL. Acute rheumatic fever in Tunisia: serotypes of group A streptococci associated with rheumatic fever. Adv Exp Med Biol 1997;418:121-3. Kermani S, Berah H. La situation épidémiologique du RAA en Algérie depuis 1990. Algers: Algerian Ministry of Health, Department of Epidemiology; 2001 (National Program for the prevention and control of RF). Lennon D. Rheumatic fever, a preventable disase? The New Zealand experience. In: Martin DR, Tagg JR, editors. Streptococci and streptococcal diseases: entering the new millennium. Porirua: Institute of environmental Science and Research. 2000. p. 503-12. Lopez ES. Fiebre reumatica en el quinquenio 1994-1999 en dos hospitals en San luis Potosi y en Mexico DF. Arch Cardiol Mex 2001; 71:127-35. Meira ZMA. Prevalence of rheumatic fever in children from a public high school in Belo Horizonte, Brazil. Arch Brasilian Cardiol 1995;65: 331-4. Hahn RG, Knox LM, Forman TA. Evaluation of poststreptococcal illness. Am Fam Physician 2005;71:1949-54. Cunningham MW. Pathogenesis of group A streptococcal infections. Clin Microbiol Rev 2000;13:470-511. McDonald M, Currie BJ, Carapetis JR. Acute rheumatic fever: a chink in the chain that links the heart to the throat? Lancet Infect Dis 2004;4: 240-5. HaidanA, Talay SR, Rohde M, Sriprakash KS, Currie BJ, Chhatwal GS. Pharyngeal carriage of group C and group G streptococci and acute rheumatic fever in an Aboriginal population. Lancet 2000;356:1167-9. Bisno AL, Brito MO, Collins CM. Molecular basis of group A streptococcal virulence. Lancet Infect Dis 2003;3:191-200. Beall B, Facklam R, Thompson T. Sequencing emm-specific PCR products for routine and accurate typing of group A streptococci. J Clin Microbiol 1996;34:953-8. Miner LJ, Petheram SJ, Daly JA, Korgenski EK, Selin KS, Firth SD, et al. Molecular characterization of Sreptococcus pyogenes isolates collected during periods of increased acute rheumatic fever activity in Utah. Pediatr Infect Dis J 2004;23:56-61. Ahmed S, Ayoub EM, Scornik JC, Wang CY, She J-X. Poststreptococcal reactive arthritis. Clinical characteristics and association with HLA-DR alleles. Arthritis Rheum 1998;41:1096-102. Simonini G, Porfirio B, Cimaz R, Calabri GB, Giani T, Falcini F. Lack of association between the HLA-DRB1 locus and post-streptococcal reactive arthritis and acute rheumatic fever in Italian children. Semin Arthritis Rheum 2004;34:553-8. Khanna AK, Buskirk DR, Williams Jr. RCJ, Gibofsky A, Crow MK, Menon A, et al. Presence of a non-HLA B cell antigen in rheumatic fever patients and their families as defined by a monoclonal antibody. J Clin Invest 1989;83:1710-6. Weisz JL, McMahon WM, Moore JC, Augustine NH, Bohnsack JF, Bale JF, et al. B8/D17 and CD19 expression on lymphocytes of patients with acute rheumatic fever and Tourette’s disorder. Clin Diagn Lab Immunol 2004;11:330-6. Kumar D, Paul P, Grover A, Ganguly NK. Distribution of cells bearing B-cell alloantigen(s) in North Indian rheumatic fever / rheumatic heart disease patients. Mol Cell Biochem 2001;218:21-6. Galvin JE, Hemric ME, Kosanke SD, Factor SM, Quinn A, Cuningham MW. Induction of myocarditis and valvulitis in lewis rats by different epitopes of cardiac myosin and its implications in rheumatic carditis. Am J Pathol 2002;160:297-306. Lymbury RS, Olive C, Powell KA, Good MF, Hirst RG, LaBrooy JT, et al. Induction of autoimmune valvulitis in Lewis rats following immunization with peptides from the conserved region of group A streptococcal M protein. J Autoimun 2003;20:211-7. Cunningham MW. T cell mimicry in inflammatory heart disease. Mol Immunol 2004;40:1121-7. 11 14-201-A-10 ¶ Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique [30] Bhatnagar A, Grover A, Ganguly NK. Superantigen-induced T cell response in acute rheumatic fever and chronic rheumatic heart disease patients. Clin Exp Immunol 1999;116:100-6. [31] Galvin JE, Hemric ME, Ward K, Cuningham MW. Cytotoxic mAb from rheumatic carditis recognizes heart valves and laminin. J Clin Invest 2000;106:217-24. [32] Roberts S, Kosanke S, Terrence Dunn S, Jankelow D, Duran CM, Cunningham MW. Pathogenic mechanisms in rheumatic carditis: focus on valvular endothelium. J Infect Dis 2001;183:507-11. [33] Smoot LM, McCormick JK, Smoot JC, Hoe NP, Strickland I, Cole RL, et al. Characterization of two novel pyrogenic toxin superantigens made by an Acute Rheumatic Fever clone of streptococcus pyogenes associated with multiple disease outbreaks. Infect Immun 2002;70: 7095-104. [34] Li EK. Rheumatic disorders associated with streptococcal infections. Baillieres Best Pract Res Clin Rheumatol 2000;14:559-78. [35] Meira ZM, Goulart EM, Colosimo EA, Mota CC. Long-term follow-up of rheumatic fever and predictors of severe valvar disease in Brazilian children and adolescents. Heart 2005;91:1019-22. [36] Prieur A-M. Rhumatisme articulaire aigu. In: Godeau P, Herson S, Piette JC, editors. Traité de médecine. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2004. p. 209-11. [37] Ferrieri P. Jones Criteria Working Group. Proceedings of the Jones Criteria workshop. Circulation 2002;106:2521-3. [38] Kamblock J, Payot L, Lung B, Costes P, Gillet T, le Goanvic C, et al. Does rheumatic myocarditis really exist? Systematic study with echocardiography and cardiac troponin I blood levels. Eur Heart J 2003;24:855-62. [39] Alehan D, Ayabakan C, Hallioglu O. Role of serum cardiac troponin in the diagnosis of acute rheumatic fever and rheumatic carditis. Heart 2004;90:689-90. [40] Special writing group of the committee on rheumatic fever. Guidelines for the diagnosis of acute rheumatic fever: Jones criteria, 1992 update. JAMA 1992;268:2069-73. [41] WHO. Rheumatic fever and rheumatic hear disease: a report of a WHO Expert Consultation Geneva, 29 October-1 November 2001. Geneva: World Health Organization; 2004. [42] Aviles RJ, Ramakrishna G, Mohr DN, Michet CJ. Poststreptococcal reactive arthritis in adults : a case series. Mayo Clin Proc 2000;75: 144-7. [43] Ayoub EM, Ahmed S. Update on complications of group A streptococcal infections. Curr Prob Pediatr 1997;27:90-101. [44] Shulman ST,Ayoub EM. Poststreptococcal reactive arthritis. Curr Opin Rheumatol 2002;14:562-5. [45] Deighton C. b haemolytic streptococci and reactive arthritis in adults. Ann Rheum Dis 1993;52:475-82. [46] Mackie SL, Keat A. Poststreptococcal reactive arthritis: what is it and how do we know? Rheumatol 2004;43:949-54. [47] Gutierrez-Urena S, Molina J, Molina JF, Garcia CO, Cuellar ML, Espinoza LR. Poststreptococcal reactive arthritis, clinical course, and outcome in 6 adult patients. J Rheumatol 1995;22:1710-3. [48] Jansen TL, Janssen M, Traksel R, de Jong AJ. Reactive arthritis associated with group C and group G b-hemolytic streptococci. J Rheumatol 1998;25:1126-30. [49] Jansen TL, Janssen M, Traksel R, de Jong AJ. A clinical and serological comparison of group A versus non-group A streptococcal reactive arthritis and throat culture negative cases of post-streptococcal reactive arthritis. Ann Rheum Dis 1999;58:410-4. [50] Niewold TB, Ghosh AK. Post-streptococcal reactive arthritis and glomerulonephritis in an adult. Clin Rheumatol 2003;22:350-2. [51] Alexoupou A, Dourakis SP, Stamoulis ND, Vassipoulos D, Archimandritis AJ. Poststreptococcal reactive arthritis with thoracic spine involvement in an adult. J Rheumatol 2005;32:2002-5. [52] Cilliers A. Treating acute rheumatic fever. BMJ 2003;327:631-2. [53] McDonald M, Brown A, Noonan S, Carapetis JR. Preventing recurrent rheumatic fever: the role of register based programmes. Heart 2005; 91:1131-3. [54] Robertson KA, Volmink JA, Mayosi BM. Lack of adherence to the national guidelines on the prevention of rheumatic fever. S Afr Med J 2005;95:52-6. [55] Robertson KA, Volmink JA, Mayosi BM. Antibiotics for the primary prevention of acute rheumatic fever: a meta-analysis. BMC Cardiovasc Disord 2005;5:11. E. Pertuiset ([email protected]). Service de rhumatologie, Centre hospitalier René Dubos, 6, avenue de l’Île-de-France, B.P. 79, 95303 Cergy-Pontoise cedex, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Pertuiset E. Rhumatisme articulaire aigu et rhumatisme poststreptococcique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-201-A-10, 2007. Disponibles sur www.emc-consulte.com Arbres décisionnels 12 Iconographies supplémentaires Vidéos / Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations Appareil locomoteur