théâtre - Scènes Magazine

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au forum meyrin
et à nuithonie :
utopia mia
photo © Philippe Weissbrodt
ISSN 1016-9415
268 / décembre 2014- janvier 2015
CHF. 10.-- 7 €
GROSCÂLIN
DE ROMAIN GARY
AVEC JEAN-QUENTIN CHÂTELAIN
MISE EN SCÈNE BÉRANGÈRE BONVOISIN
ADAPTATION THIERRY FORTINEAU
LUMIÈRE RICARDO ARONOVICH
SCÉNOGRAPHIE ARNAUD SEGONZAC
PRODUCTION THÉÂTRE DE L’ŒUVRE
THÉÂTRE LE POCHE
Jean-Quentin Châtelain, comédien
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
17 > 31 DÉCEMBRE 2014
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli en décembre / christian bernard
cinémathèque suisse en décembre / raymond scholer
sous la loupe : une nouvelle amie / christian bernard
les films du mois / christian bernard, serge lachat
annonce : black movie / christian bernard
sortie dvd : alexandre tharaud, le temps dérobé / chr.bernard
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portrait : patricia petibon / françois lesueur
grand théâtre : la grande duchesse de gérolstein / é. pousaz
bâtiment des forces motrices : le petit prince
grand théâtre : lukas hemleb & iphigénie / éric pousaz
opéra de lausanne : la veuve joyeuse / beata zakes
entretien : laurent gendre / anouk molendijk
vienne : fortunes diverses / éric pousaz
marseille : moïse et pharaon / françois jestin
nice : turandot / françois jestin
monte-carlo : roméo et juliette / françois jestin
barcelone : la traviata / françois lesueur
bruxelles : shell shock / pierre-rené serna
mémento opéra
madrid : saisons / pierre-rené serna
zurich et bâle : floraison d’opéras de chambre / éric pousaz
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entretien : hervé loichemol & le roi lear / laurent darbellay
la comédie de genève : hypérion
la comédie de genève : faust
entretien : yann reuzeau / jérôme zanetta
entretien : bérangère bonvoisin / laurence tièche chavier
entretien : raoul pastor / laurence tièche chavier
entretien : gianni schneider / frak dayen
bonlieu et en tournée : novecento / frank langlois
théâtre des marionnettes : la ligne de chance / l. tièche chavier
vidy-lausanne : das weisse vom ei / nancy bruchez
vidy-lausanne : baudriller, saison 2 / jérôme zanetta
théâtre des marionnettes : bartleby / laurence tièche chavier
théâtre du crève-cœur : héloïse / rosine schautz
théâtre le galpon : joséphine... / julie bauer
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lausanne : le presbytère / michel perret
en tournée : philippe saire & utopia mia / valérie vuille
opéra
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théâtre
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danse
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spectacles
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musique
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bonlieu annecy / jérôme zanetta
portrait : mischa maisky / yves allaz
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portrait : antje weithaas & camerata berne / yves allaz
portrait : vadim gluzman & angela yoffe / pierre jaquet
entretien : philippe béran / martine duruz
agenda romand / yves allaz
entretien : patrick peikert, éditions claves / éric pousaz
les diablerets : musique & neige 2015 / christian bernard
agenda genevois / martina diaz
ailleurs
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expositions
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chronique lyonnaise : génial pasolini / frank langlois
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fondation bodmer : sade, un athée en amour / é. gür
musée d’ethnographie : réouverture / françoise-hélène brou
mémento beaux-arts : france
lens : des animaux et des pharaons
mémento beaux-arts : ailleurs
venise : azimut/h, continuité et nouveauté
mémento beaux-arts : suisse romande
martigny : anker, hodler, vallotton, segantini...
mémento beaux-arts : suisse alémanique
évian : contes de fées, de la tradition à la modernité
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musée picasso : ouverture / régine kopp
fondation louis vuitton : frank gehry / régine kopp
centre pompidou : frank gehry / régine kopp
fondation luma, arles / régine kopp
centre pompidou : jacques-andré boiffard / christine pictet
musée du luxembourg : paul durand-ruel / régine kopp
théâtre des gémeaux : opus 14 / stéphanie nègre
théâtre de la ville : william forsythe / stéphanie nègre
opéra : chaste castor / pierre-rené serna
sélection musicale de novembre / françois lesueur
chronique des concerts / david verdier
mémento expositions
fondation custodia : entre goltzius et van gogh
mémento théâtre
théâtre de montparnasse : la colère du tigre
théâtre de la madeleine : deux hommes tout nus
paris
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les mémentos
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encarts - chaux-de-fonds : je suis / évian : nelson goerner /
genève : grigory sokolov / fribourg : yvan vaffan
encarts - am stram gram : l’histoire du soldat / onex : ballet bar / saint-gervais : noces de sang / crève-cœur : mon
père et moi
grand théâtre de genève : natalie dessay / laurent naouri
vevey et genève : beethoven
genève et environs : antigel 2015
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Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
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bimpage-communication
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Maïa Arnauld,
Philippe Baltzer, Julie Bauer,
Nancy Bruchez, Gabriele Bucchi,
Romeo Cini, Sarah Clar-Boson,
Gilles Costaz, Martina Diaz,
Catherine Graf, Emilien Gür,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat,
Frank Langlois, David Leroy,
François Lesueur, Anouk Molendijk,
Paola Mori, Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Christine Ramel, Serene Regard,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Monica Schütz, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, David Verdier, Valérie Vuille,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Extensions en sous-sol
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eux musées genevois ont été récemment agrandis, le Musée de la
Croix-Rouge en mai 2013 et le Musée d’ethnographie le 31 octobre dernier. Dans un cas comme dans l’autre, leur conception
répond aux critères de l’architecture ensevelie, des sortes d’icebergs non flottants, c’est dommage, dont on n’aperçoit que la structure supérieure, représentant comme chacun le sait la partie modeste de l’ensemble, c’est aussi
dommage.
Est-ce dû au hasard ou n’y a-t-il pas quelques bonnes raisons éclairant ce
type de construction touchant deux institutions muséales genevoises, réalisées quasi au même moment ? La foudre ne tombant jamais deux fois au
même endroit, nous sommes enclins à croire qu’il existe une explication.
Celle-ci nous a été suggérée par un bref commentaire du Magistrat chargé
des Constructions, Rémy Pagani, à l’occasion de la conférence de presse de
l’inauguration du MEG : «Il a fallu le compromis social qui a consisté à construire en sous-sol», répercuté bien naturellement dans la presse qui ajoute de
surcroît «Et c’est en effet un étrange paradoxe : les salles d’exposition ont été
totalement enterrées pour ne rien avoir à détruire du quartier, ce qui aurait
signifié se heurter aux défenseurs du patrimoine...»
Les choses sont claires, pour qu’un projet architectural moderniste, même
sans grande ambition, soit accepté à Genève, il faut qu’on ne le voie pas !
Presque pas ou, à la rigueur, vue du ciel, sur une photo aérienne. Mais pas
question qu’il se dresse fièrement en plein milieu de la cité de Calvin, il y a
déjà la cathédrale Saint-Pierre et le jet d’eau, ça suffit. Genève n’aime pas les
buildings, les tours, les ponts suspendus, bref tout ce qui serait un étalage vertical ou horizontal de deniers publics. Les défenseurs du patrimoine veillent
à ce que l’ambition des constructeurs ne dépasse pas le niveau des pierres du
Niton, sinon on s’oppose ou on enterre tout.
Bon, maintenant que le procédé est dévoilé, on pourrait proposer
quelques ensevelissements pour faire avancer des dossiers en souffrance, par
exemple pourquoi pas une maison des cultures alternatives enterrée sous le
cimetière de Saint-Georges, cela ne dérangerait personne, ou encore enfouir
l’extension urgente de Champ-Dollon sous le bois de la Bâtie, c’est presque
la campagne, il y a déjà un petit zoo et des cultures de champignons. Et l’idée d’un agrandissement du MAMCO sous le cyclotron du Cern, ne seraitce pas top contemporain ? Car l’important après tout est que ces projets aboutissent, ni vu ni connu.
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
33es Giornate del Cinema Muto
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Les comédies muettes de Yakov Protazanov
Quand on parle de cinéma muet russe, on pense d’abord aux mélos
décadents des années 1910, puis aux épopées soviétiques révolutionnaires
des années 1920. La comédie, tant russe que soviétique, est toujours considérée comme périphérique. Le festival de Pordenone a donc décidé d’ouvrir
une section « Rire Russe » pour faire redécouvrir la comédie muette soviétique. Or, quelle oeuvre se prêterait mieux pour lancer cette exploration que
celle de Yakov Protazanov, seul cinéaste de sa génération à avoir travaillé
avec succès dans la Russie prérévolutionnaire, puis en France et en
Allemagne, avant de revenir en Union Soviétique et faire des films tenant
tantôt de l’avant-garde, tantôt du réalisme socialiste. Comme il excellait
dans plein de styles différents, Protazanov était considéré par les férus de la
politique des auteurs comme l’antipode même d’auteur. Ce qui se retrouve
dans tous ses films, en dépit des différences de style et d’idéologie, c’est l’ironie. Dans ses films « sérieux » comme La Dame de pique (1916), Le 41e
(1927) ou Sans dot (1937), les moments les plus mélodramatiques sont soit
affublés de détails inappropriés, soit réduits à l’absurde par un excès de
pathos. Dans ses comédies, l’absurde n’est pas affaire de mise en scène,
mais résulte de l’accumulation des petites bêtises de la vie courante.
Gornitchnaya Djenni / Jenny, la bonne (1918) date de la période de
transition pendant laquelle compagnies étatisées et privées coexistaient. Les
dernières étaient centralisées à Yalta, en Crimée. Le climat se prêtait aux
tournages, et, en cas de coup dur, Constantinople et l’Europe n’étaient pas
trop loin. Dans le cinéma russe traditionnel, on ne mélangeait pas le drame
(genre noble) et la comédie (genre de bas étage). Avec Jenny, la bonne,
réalisé pour la firme Ermoliev, Protazanov pulvérise cette loi. Comme les
mélos tragiques de Evguéni Bauer commençaient d’ordinaire par un enterrement, Protazanov commence le sien par une parodie de Bauer : un cercueil
à l’arrière-plan, une combinaison de rideaux et de colonnes formant un
cadre dans le cadre au premier plan, beaucoup de fleurs et des personnages
groupés debout, immobiles comme des statues. Chez Bauer, une telle entrée
en matière annonce destin et désespoir, alors que le film de Protazanov va
se révéler léger et optimiste. La personne qu’on enterre est le père ruiné de
Jenny, une jeune comtesse. Après avoir rédigé une lettre de références sous
une identité d’emprunt, elle trouve un emploi de bonne chez des gens aisés,
dont le majordome s’empresse de lui enseigner les bonnes manières. Elle
joue le jeu et le jeune maître de la maison tombe amoureux : traditionnellement, la différence de classe devrait s’opposer à une telle union, à moins que
Jenny ne révèle son statut d’aristocrate. Elle n’aura pas besoin de le faire,
car son naturel la porte vers des relations amicales avec tout le monde (elle
s’entend comme larron en foire avec la femme de chambre) et le couple finira par avoir la bénédiction des parents du jeune homme. Une petite révolution dans le cinéma prérévolutionnaire donc.
Avec Zakroichtchik iz Torjka / Le Tailleur de Tarjok (1925),
Protazanov livre un des premiers exemples de la comédie soviétique. Le
film fut une commande à la gloire de la loterie d’Etat, qui donnait aux détenteurs d’obligations la possibilité de gagner une fortune, en guise de remerciement pour avoir prêté de l’argent à l’Etat. Autre signe des temps : la
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Nouvelle Politique Economique (NEP), mise en œuvre à partir de 1921, et
qui introduisit une relative libéralisation économique, permettant au petit
commerce de se développer et à des petits bourgeois d’exploiter des
employés ou de les faire passer pour des membres de la famille ou de les
épouser carrément pour rouler le fisc. Le récit se déroule dans une petite
ville de province, où un jovial tailleur du nom de Petya travaille dans l’atelier de couture de la rondouillarde veuve Shirinkina, que ses jacassantes
copines verraient bien en ménage avec son allègre employé. Mais Petya
aime la jolie servante Katya, lourdement exploitée par un oncle brutal qui
gère l’épicerie du coin. Heureusement qu’un représentant de l’Etat, à l’affût de toute exploitation domestique (sous couvert de liens familiaux), veille
au grain. Dans l’espoir d’amadouer sa patronne, Petya achète à une jeune
femme qui a perdu son porte-monnaie, un billet de loterie. Lorsqu’il gagne
le gros lot, 100 000 roubles, il se met à rêver de sa propre boutique, mais le
billet a disparu et passe de main en main dans un enchaînement d’aventures
comiques. Comme le happy end (des tourtereaux) est inscrit dans l’ADN du
film, le spectateur peut prendre plaisir aux déconvenues des profiteurs.
Petya est joué par Igor Iliinsky, et le filou élancé qui fait du plat à la veuve,
par Anatoli Ktorov. Ils tiendront aussi les rôles principaux dans Le Procès
des trois millions (1926), basé sur une pièce à succès de l’auteur italien futuriste, Umberto Notari, I tre ladri, les trois voleurs en question étant un gent-
A. Ktorov et I. Iliinsky dans «Le Tailleur de Tarjok»
leman cambrioleur, Cascarille (Anatoli Ktorov), un voleur popu, Tapioca
(Igor Illinsky) et … un banquier, Ornano (Mikhail Klimov). Ornano, profitant de la faim qui sévit dans les années de mauvaises récoltes en Italie du
Nord, entreprend une spéculation pour laquelle il a besoin d’une grosse
somme d’argent. Il vend sa maison pour trois millions à une communauté
religieuse, après avoir soudoyé les « saints pères » qui la dirigent. Cascarille,
ayant eu vent qu’Ornano cache trois millions chez lui, pénètre la nuit dans
la maison du banquier, où il rencontre à l’improviste son ami, le voleur
Tapioca, qui fait des repérages. L’apparition inopinée du banquier déclenche
la fuite de Tapioca, mais Cascarille se sauve dans la chambre de la femme
d’Ornano et la fait chanter pour qu’elle retienne son mari chez elle, laissant
à Cascarille le temps de fracturer le coffre-fort. Le lendemain, la police arrête Tapioca pour le vol des trois millions. Le jour du procès, Cascarille apparaît dans la salle du tribunal, revendique le cambriolage et jette dans le
public des paquets de faux billets. Profitant du remue-ménage, les deux larrons prennent le large.
Don Diego et Pélagie (1928) est une dévastatrice mise au pilori de la
machine bureaucratique. L’histoire se déroule dans une petite station ferro-
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«La mort d'un fonctionnaire» (Les grades et les hommes)
«Don Diego et Pelagie»
viaire, où il ne se passe jamais rien et où le papier des journaux est utilisé
pour rouler des cigarettes. Don Diego est le sobriquet du chef de gare, qui
s’ennuie à mort dans ce bled et s’imagine en hidalgo espagnol du 17e, grâce
à ses lectures. Pélagie est une vieille paysanne qui a la mauvaise idée de
prendre un raccourci illicite pour traverser les voies de chemins de fer. Don
Diego profite de l’occasion pour démontrer son pouvoir et envoie la pauvre
femme au tribunal. Elle se retrouve en prison après avoir été repassée
comme une patate chaude de guichet en guichet. L’absurdité de son arrestation et de la valse bureaucratique frappera quelques jeunes du Kosomol, qui
la feront libérer. Gogol a dû sourire dans sa tombe.
Tchiny i Lioudi / Les grades et les hommes (1929), d’après trois nouvelles de Tchekhov, est un pur chef-d’œuvre. Dans Anne au cou, l’actrice
Maria Strelkova est éblouissante. Au début, lorsqu’elle quitte son père
alcoolique et ses deux petits frères inconsolables pour épouser un vieux
fonctionnaire, de 35 ans son aîné, elle est triste et soumise, car, même si elle
ral assis devant lui, entraînant une succession de présentations d’excuses de
sa part qui agacent de plus en plus le général, à tel point qu’il finit par chasser l’importun. Rentré chez lui, le fonctionnaire (interprété par un des monstres sacrés du Théâtre d’Art de Moscou, Ivan Moskvine) meurt. Moskvine
joue également l’inspecteur de police Otchoumélov dans la dernière partie,
Caméléon : l’inspecteur doit s’occuper d’un chien qui aurait mordu un passant et qui pourrait appartenir à un général. Les affres de la conscience du
fonctionnaire se modulent au gré des informations contradictoires qui lui
parviennent : le chien serait errant, le chien appartiendrait au frère du général…Poilant.
La dernière comédie muette de Protazanov s’appelle La Fête de SaintJorgen (1930) et réunit à nouveau Ktorov (Korkis) et Illinsky (Schultz) dans
une des plus impitoyables charges anticléricales qui soient. La veille d’une
A. Ktorov dans «La Fête de Saint-Jorgen»
«Anne au cou» (Les grades et les hommes)
a pu échapper à la misère de sa famille, son mari ne lui donne pas d’argent.
Il lui alloue cependant cent roubles pour se faire une robe pour le bal de la
noblesse et lui indique les personnes qu’il faut y saluer pour qu’il puisse
monter en grade. C’est lors de cette séquence qu’Ania se rend compte de
l’effet de sa beauté sur les hommes et on assiste, en l’espace de quelques
danses, à une transformation de la jeune fille en femme fatale qui fait plaisir à voir. Dans La mort d’un fonctionnaire, un fonctionnaire de police éternue lors d’une représentation à l’opéra et asperge la tête chauve d’un géné-
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fête religieuse, le voleur et aventurier Korkis s’évade de prison. S’étant mêlé
à la foule des fidèles, il se trouve sur le parvis du temple avec son complice
Schultz. Au vu des richesses qui coulent dans les poches des serviteurs de
l’église, il profite de la nuit pour pénétrer dans le temple. Cependant,
Schultz, qui aurait dû lui rouvrir les portes du temple, ne peut le faire étant
poursuivi par la police. Au petit matin, Korkis endosse alors les vêtements
d’un saint et se présente à la foule comme Saint Jorgen descendu sur terre.
Le commissaire de police le reconnaît et le dénonce au supérieur du temple.
Pour confondre Korkis, le supérieur exige de lui un miracle qu’il effectue en
« guérissant » le pseudo-boiteux Schultz. Pour se débarrasser de l’encombrant « saint », les pères du temple donnent à Korkis une indemnité confortable pour qu’il se taise, et un passeport pour l’étranger. Qui veut encore
croire qu’Aelita (1924) est le meilleur film de Protazanov ?
Raymond Scholer
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cinémas du grütli
Abderrahmane Sissako,
Lauren Bacall
La sortie de Timbuktu, et un hommage à Lauren Bacall seront deux
moments marquants en décembre.
Timbuktu
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Bien accueilli à Cannes cette année où il
était en compétition, Timbuktu d'Abderrahmane
Sissako, qui n’avait plus fait de long-métrage
depuis Bamako en 2006, propose un tableau
choral de la vie à Tombouctou en 2012 quand
les milices djihadistes occupent la ville. Luimême Mauritanien, Sissako a tourné à la frontière du Mali dans une petite ville mauritanienne avec des acteurs maliens vivant en
Mauritanie ou venus de Bamako.
interdits des djihadistes. Etrangers à cette culture, les djihadistes ne parlent souvent pas la langue du pays, ce qui entraîne d’étonnants détours
par le français, voire l’anglais.
Si les représentants de cette culture - qu’ils
soient une famille d’éleveurs touaregs, un mollah (une très belle figure de sage), des étudiants
réunis pour chanter, ou une vendeuse de poissons - sont tous montrés comme capables d’opposer une résistance ferme et digne aux injonctions des djihadistes, Sissako présente ceux-ci
«Timbuktu» © Filmcoopi
Timbuktu est un film de résistance qui ne
cache rien de la tentative d’étouffement de toute
une culture par les djihadistes y compris par les
méthodes tant dénoncées dans les médias (lapidation, fouet), mais il le fait sans les diaboliser.
Prenant son temps, procédant par petites touches, refusant la dramatisation (le seul fil rouge,
ténu, est le sort d’une famille de Touaregs dont
la vache a été tuée), il montre la richesse et la
force d’une culture et de traditions tout imprégnées d’un Islam humaniste et tolérant qui ne
rejette ni le chant, ni la danse, bien éloigné des
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dans une diversité d’attitudes qui les humanise.
Certains savent écouter, ne pas insister et tourner les talons (celui qui visite une femme
mariée chaque fois qu’elle est seule), mais pas
tous (celui qui imposera un mariage forcé jugé
conforme à la loi par le tribunal).
“Quand on humanise le bourreau, on montre qu’on croit en l’homme malgré tout” déclare
Sissako. C’est peut-être là que le film montre sa
limite: son humanisme généreux le prive d’un
regard véritablement politique sur la situation
qu’il décrit, l’amenant à idéaliser les représen-
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tants du “bon bord”. Reste que Sissako est un
esthète sachant filmer comme peu personnages
et paysages, dont la vocation profonde semble
être de chanter la beauté du monde. Malgré tout.
Lauren Bacall
Pourquoi se refuser le plaisir de la voir ou
la revoir ? C’est dans Le Port de l'angoisse
(Howard Hawks, 1944) d'après En avoir ou pas,
qu’Ernest Hemingway considérait bien à tort
comme son plus mauvais roman, que Betty Joan
Perske, future Lauren Bacall, fait sa première
apparition au cinéma. Et rencontre pour la première fois un certain Humphrey Bogart. Effort
de guerre oblige, c’est, comme Casablanca, une
histoire de Résistance et de Nazis, mais en
Martinique en 1940, alors sous contrôle de
Vichy.
On retrouve Le Couple dans Le Grand
Sommeil (Howard Hawks, 1946) adapté du
roman éponyme de Raymond Chandler.
William Faulkner a contribué au scénario.
Bogart est Philip Marlowe. L’histoire est quand
même plus compréhensible que celle du
Faucon maltais.
Dark Passage (Les Passagers de la nuit)
(Delmer Daves, 1947)
d’après un roman de
David Goodis a la particularité d’être filmé en
caméra subjective si
bien que le visage du
personnage principal
(Bogart toujours) n’apparaît qu'aux deux tiers
du film. Moins radical
quand même que La
Dame du lac, autre film
en caméra subjective
sorti la même année, où
le héros n’est que furtivement aperçu dans les
miroirs.
Quant à Comment
épouser un millionnaire (Jean Negulesco,
1953) avec Marilyn Monroe, Betty Grable et
Lauren Bacall, ou les jeux de l’amour et du dollar façon Broadway, il montre que Lauren
Bacall pouvait aussi faire rire.
Christian Bernard
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décembre à la
Cinémathèque suisse
pendant les neuf ans précédant The Kid
(1921). Peut-être que l’ouverture du musée
Chaplin à Corsier-sur-Vevey en fournira l’occasion. En attendant, allez revoir The Kid
(1921), The Gold Rush (1925), The Circus
(1928), City Lights (1931), Modern Times
(1936), The Great Dictator (1940), Monsieur
Verdoux (1947), Limelight (1952) et A King in
New York (1957). Aucune œuvre de cinéaste
n’a probablement atteint un tel pourcentage de
chefs-d’œuvre.
Henry Daniell, C. Chaplin, Jack Oakie et Carter
DeHaven dans «The Great Dictator»
Chaplin
À l’occasion du centenaire de la
création du personnage de Charlot et en
marge de l’exposition au Musée de
l’Elysée consacrée à Charles Chaplin, la
Cinémathèque suisse propose une
rétrospective de ses films les plus illustres, dans une version numérique restaurée. Les seuls longs métrages qui manquent à l’appel sont The Countess from
Hongkong (1967, où une Sophia Loren
effarouchée, mais sexy en diable, envahit
la sphère privée d’un Marlon Brando
légèrement dépassé par les événements),
comédie que des esprits chagrins persistent à trouver indigne du maître (alors qu’à
l’âge de 78 ans, Chaplin fait preuve d’une verdeur réjouissante), et A Woman of Paris (1923),
seul véritable (mélo)drame de l’auteur (autour
de l’amour absolu - et contrarié par leurs
parents - que se vouent deux ados). Trois courts
métrages réalisés sous l’égide de la First
National - A Dog’s Life (1918), Shoulder Arms
(1918) et The Pilgrim (1923) - sont réunis sous
le titre The Chaplin Revue. Le biopic Chaplin
(1992) de Richard Attenborough, porté par l’interprétation époustouflante de Robert Downey
Jr , complète l’hommage à ce titan du 7e Art qui
avait choisi les bords du Léman comme ultime
résidence. Osons espérer que la Cinémathèque
montrera une fois les quelque 70 courts métrages de Chaplin par ordre chronologique pour
que les cinéphiles puissent se rendre compte de
son extraordinaire progression dans l’art du gag
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Bacall
On ne peut que souscrire au beau texte par
lequel Chicca Bergonzi exprime, dans le bulletin
de la Cinémathèque, son admiration pour Lauren
Lauren Bacall et Humphrey Bogart dans «The Big Sleep»
Bacall, disparue au mois d’août, icône hollywoodienne, femme de tête farouchement indépendante. Outre les quatre films (To have and have not
(Howard Hawks, 1944), The Big Sleep (Howard
Hawks, 1946), Dark Passage (Delmer Daves,
1947) et Key Largo (John Huston, 1948)) qu’elle tourna avec l’amour de sa vie, Humphrey
Bogart, l’hommage (trop succinct) qui lui est
consacré revient sur l’archiconnu How to Marry
a Millionaire (Jean Negulesco, 1953), le délectable Harper (Jack Smight, 1966) - où Paul
Newman, engagé pour enquêter sur la disparition
du mari de Bacall, qui lui demande : « What kind
of detective are you ? », rétorque : « New type ! »
- et le rare The Fan (Edward Bianchi, 1981).
Dans ce dernier film, un fan d’une actrice de
Broadway, se sentant ignoré par son idole, à
laquelle il n’arrête pas d’adresser des missives
enflammées, décide d’éliminer tous les obstacles
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qui se dressent entre lui et la belle. Ironie
conjoncturelle : quelques mois avant la sortie du
film, John Lennon avait été assassiné par un fan
obsessionnel devant un immeuble dans lequel
Lauren Bacall avait longtemps résidé. The
Shootist (Don Siegel, 1976), où John Wayne
joue un gunman de l’Ouest atteint du cancer
(maladie qui devait emporter l’acteur peu de
temps après), et Dogville de Lars von Trier
complètent la sélection.
Histoire permanente
du cinéma : 1965
Darling de John Schlesinger m’avait troublé à l’époque : on y voyait pour la première
fois un couple nu faire l’amour devant des spectateurs blasés, à l’occasion d’une réception privée dans la «jet set» londonienne. Trois ans plus
tard, les interdits étaient pulvérisés par les lancers de pavés parisiens. L’auteur de Billy Liar
(1963) allait devenir un de mes cinéastes favoris : Far from the Madding Crowd (1967), The
Day of the Locust (1974), Yanks (1979) et
Honky Tonk Freeway (1981) sont d’authentiques chefs-d’œuvre. Les Chevaux
de feu de Serguei Paradjanov, une très
colorée et baroque version transylvanienne de Roméo et Juliette, devait valoir à
son auteur bien des ennuis, car il se
situait à des années lumière des habitudes
stylistiques du cinéma soviétique officiel.
Jean-Loup Passek décrit le film comme
« un sabbat de formes et de couleurs où
la caméra exécute une sarabande insensée de travellings et de contre-plongées ». Mickey One d’Arthur Penn, un
«Les Chevaux de feu»
autre grand oublié, est en revanche un paradigme de sobriété austère. Les romantiques préféreront, à la fin du mois, revoir Doctor Zhivago
de David Lean.
Raymond Scholer
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sous la loupe
Une nouvelle amie
Subtil et lyrique, loin des modes, François Ozon s’expose avec la complicité
de Romain Duris, dans un film personnel qui est aussi un état des lieux
concernant les identités multiples.
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Dès l’ouverture nous sommes avertis qu’avec François Ozon l’habit ne fait pas le moine et
que les apparences peuvent être trompeuses :
sur fond de marche nuptiale, celle que l’on
habille de sa robe de mariée et que l’on maquille
est en réalité une morte que l’on va enterrer.
Laura (prénom dont Preminger fit un film dont
l’héroïne supposée morte se révèle bien vivante…) était l’amie d’enfance de
Claire. Un flash-back nous montre
les deux amies se jurer de veiller
l’une sur l’autre, promesse reconduite quelques vingt ans après alors
que Laura est atteinte par la maladie
et meurt, laissant un mari, David
(Romain Duris) et un bébé de
quelques mois.
Un jour, voulant rendre visite à
David, Claire (Anaïs Demoustier)
pousse la porte de la villa cossue,
son coup de sonnette étant resté
sans réponse, et découvre, abasourdie, que la femme blonde aperçue
de dos est David travesti, donnant le
biberon à sa fille. Et David de s’expliquer. Il n’est pas gay, les femmes
l’attirent au point qu’il aime à l’occasion en devenir une, Laura savait,
et puis mettre ses robes est une
manière de la garder en vie (allusion à Vertigo d’Hitchcock ?), et puis l’odeur de
ses vêtements calme le bébé… Claire, issue
d’un milieu bourgeois catholique traditionnel,
cachera sans trop y réfléchir la nouvelle à son
mari (Raphaël Personnaz) et à ses parents. Pas
pour longtemps toutefois, avec toutes les conséquences que cela entraînera (jalousie du mari
etc.). Mais chemin faisant, David aura accompli son destin en devenant Virginia, et Claire se
découvrira comme malgré elle, en compagnie
de sa nouvelle amie, une identité autre (mais
laquelle exactement ?), une liberté et de nouveaux désirs. La lente construction de ce couple
a
formé de deux identités complexes échappant à
toutes les catégories trop bien établies, est montrée au plus près des sentiments, des regards,
des corps, des tissus (l’apprentissage du shopping par David/Virginia en compagnie de Claire
est un grand moment). Tout cela filmé avec tendresse et sans prosélytisme.
formance à mille lieues de La Cage aux folles.
Mais le film est aussi une tentative réussie de
dire où nous en sommes collectivement aujourd’hui pour ce qui est des modèles (mariage;
famille, enfants) et des identités. En évacuant
tout drame, la seule figure d’opposition, pas
bien méchante, étant le le mari de Claire, beau
macho totalement dépassé. Cette absence de
drame peut paraître constituer la limite du film,
si l’on pense aux multiples obstacles que doivent franchir les travestis dans la vraie vie…
Entre hier et aujourd’hui
Si le film, on le voit, est bien d’aujourd’hui
par ces préoccupations, il a quelque chose de
délibérément inactuel qui lui donne toute sa
force. A l’opposé du cynisme ambiant, il ose
l’émotion, celle des grands mélos de Douglas
Sirk ou d’Almodovar (scène de la sortie du
coma grâce à une chanson…). Inactuel aussi,
son refus du naturalisme. Tiré d’une nouvelle de
Anaïs Demoustier et Romain Duris dans «Une Nouvelle Amie» © Filmcoopi
Traversée des lignes
Il faut la sûreté et l’élégance d’Ozon pour
pareillement traverser les lignes des identités et
jouer sur les ambiguités. Et du courage aussi
pour un film aussi personnel où il semble nous
parler de lui. L’émouvante scène de cabaret
(rappel d’Almodovar) où un travesti chante le
tube de Nicole Croisille Une Femme avec toi,
(« pour la première fois je me suis enfin sentie
femme ») est une déclaration d’amour aux
LGBT. Même courage de s’exposer chez
Romain Duris (comme chez Gaspard Ulliel et
Louis Garrel dans Saint-Laurent) dans une per-
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Ruth Rendell publiée en 1985, le film évoque
discrètement l’époque. La villa bourgeoise de
David, censée être en France aujourd’hui, paraît
curieusement située dans une banlieue chic de
série américaine (en fait au Canada). A la fois
ici et ailleurs. Comme les personnages d’Ozon,
comme son cinéma entre aujourd’hui et les maîtres d’hier.
Christian Bernard
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AU BFM
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C O P R O D U C T I O N E N T R E L’ O P É R A D E L A U S A N N E , L E G R A N D T H É Â T R E D E G E N È V E , L’ O P É R A D E L I L L E ,
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On suit également le parcours d’Ehsanulla
qui a fui l’Afghanistan en s’endettant de 6000
dollars pour payer les différents passeurs et qui
doit rembourser au plus vite pour éviter à ses
parents de se voir prendre leur terre. Lui aussi
devra renoncer, du moins provisoirement, à devenir agriculteur pour travailler comme manœuvre
dans une usine d’agro-alimentaire.
La cinéaste réussit en privilégiant deux ou
trois exemples à bien nous faire sentir les difficultés, les frustrations, le déracinement, les maladresses aussi de ces jeunes immigrés pourtant
pleins de bonne volonté et à nous faire ainsi entrer naturellement en empathie avec des jeunes
dont nous ne savons rien la plupart du temps.
Une réussite non négligeable pour un premier
long-métrage documentaire.
Les films du mois
Serge Lachat
iNTERSTELLAR
«Neuland» © Filmcoopi
NEULAND
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un film d’Anna Thommen
avec Christian Zingg et une classe de jeunes
immigrés (CH, 2014)
Pour son premier long-métrage (qui constitue aussi son travail de diplôme à la Haute Ecole
d’Art de Zürich), Anna Thommen a choisi la voie
du documentaire et a décidé de filmer pendant
deux ans les élèves d’une classe d’accueil de
Bâle. Ces classes doivent permettre une (meilleure) intégration de jeunes immigrants du monde
entier, le plus souvent encore sans papiers garantissant leur séjour en Suisse, en leur permettant
un apprentissage de l’allemand (et si possible du
suisse-allemand !) et en leur offrant une orientation professionnelle et la possibilité de stages sur
le terrain. On le voit : le film d’Anna Thommen
est une sorte de complément au film de Melgar
L’Abri en montrant en quelque sorte une deuxième étape sur le chemin de ces jeunes migrants
vers leur établissement en Suisse.
Le regard de la jeune cinéaste est relayé par
celui de l’enseignant Christian Zingg (et d’un
autre enseignant qui reste très en retrait) qui
explique son travail à la fois aux élèves et à la
caméra. Si elle est utile, cette partie de la démarche d’Anna Thommen est aussi la moins réussie :
le paternalisme et le narcissisme de l’enseignant
sont parfois à la limite du supportable.
Mais ce défaut reste mineur par rapport à la
qualité du regard porté sur quelques-uns des élèves qui vont peu à peu se dévoiler sous le regard
toujours à bonne distance de la cinéaste. Jamais
a
intrusive, jamais voyeuse, celle-ci laisse ses
« personnages » se dévoiler peu à peu, au gré de
leur possibilité de s’exprimer de mieux en mieux
en fonction de leurs progrès en allemand, mais
aussi de l’augmentation de leur confiance.
On suit ainsi plus particulièrement une jeune
Albano-serbe qui a quitté la Serbie après la guerre et la mort de sa mère. Pleine de charme et de
volonté, elle met tout en œuvre pour réussir à rester en Suisse et trouver un travail. Et le film montre avec pudeur et beaucoup de clarté aussi comment elle doit faire le deuil de son rêve de devenir institutrice (ce qui supposerait 8 ans d’études)
pour entreprendre un apprentissage d’aide-soignante en EMS.
un film réalisé par Christopher Nolan, avec
Anne Hathaway, Jessica Chastain, Matthew
McConaughev, Matt Damon, Michael Caine…
(USA, 2014)
Blockbuster de science-fiction, fortement
inspiré de Signs, Gravity et bien sûr 2001, Space
Odyssey, et devant bien sûr les dépasser tous,
Interstellar est surtout un film spectaculaire et
bavard dans son gloubi-boulga pseudo-scientifique supposé expliquer aux spectateurs à la fois
la relativité d’Einstein et les travaux du physicien
américain Kip Thorne sur la nature de l’espace,
du temps et de la gravité. Même les près de 3
heures de film n’y suffisent évidemment pas !
Située dans un futur proche, l’histoire du
film nous dit que l’humanité a épuisé presque
«Interstellar» © Fox Warner
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toutes ses ressources naturelles et est confrontée
à des catastrophes climatiques majeures. Pour
essayer de survivre, tous, même les plus brillants
intellectuels, doivent limiter leurs ambitions et
devenir cultivateurs de maïs. Ce qu’est le protagoniste, Cooper, qui veuf élève seul ses deux
enfants. Il essaie d’aider son fils dans ses études
d’agriculture et de rassurer sa fille qui croit sentir un fantôme dans sa chambre. Un jour, ayant
réussi à capturer un drone, Cooper, ancien pilote
de la NASA découvre une base secrète de celleci où des savants avec à leur tête le Professeur
Brand essaient de mettre au point un vaisseau
spatial capable de se glisser dans une faille spatio-temporelle pour atteindre d’autres galaxies et
trouver une ou des planètes identiques à la Terre
où l’humanité pourrait trouver son salut. Les
équipes des deux expéditions précédentes ne sont
jamais revenues. Si les talents de
pilote de Cooper en font un candidat rêvé pour la prochaine mission,
celui-ci doit d’abord persuader ses
enfants (sa fille surtout qui l’adore)
que le sauvetage de l’humanité est
prioritaire et l’oblige à les abandonner…
On le voit, le cinéaste prend
soin d’arrimer émotionnellement
les spectateurs à une histoire de
père et de fille (qui sera redoublée
par celle du savant de la base de la
NASA et de sa fille qui participe à
l’expédition Lazarus), avant de les
éblouir avec toute une série de théories scientifiques plus ou moins absconses pour
expliquer comment sortir de notre galaxie.
Ensuite l’expédition proprement dite peut
commencer, et là Christopher Nolan multiplie les
plans sidérants de voyage dans l’espace interstellaire et de découverte de ces nouvelles « Terres ».
Mais il ne laisse pas les spectateurs rêver trop
longtemps. Il joue sur un ressort dramaturgique
vieux comme le cinéma pour peindre la lutte
entre un scientifique d’une expédition précédente qui veut voler le vaisseau de Cooper et ce dernier qui veut poursuivre l’exploration ! Et pour
exciter encore plus les émotions du spectateur
(déjà sollicitées par la musique planante de Hans
Zimmer), Nolan n’oublie pas de faire dialoguer
par écrans interposés Cooper et sa fille (qui, relativité oblige, a atteint l’âge de son père !) dans
des scènes vraiment bouleversantes. Avant de
préparer le spectateur à comprendre que cette
expédition ressemble de plus en plus à un voyage vers l’Autre Monde, ce qu’annonçait déjà déjà
la litanie du Professeur Brand « N’entre pas doci-
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lement dans cette douce nuit… », premier vers
d’un poème qu’il dira dans son dernier souffle.
On le comprend, dans ce film Christopher
Nolan recourt à tous les ressorts psychologiques
du cinéma le plus classique ainsi qu’aux ficelles
dramaturgiques éprouvées, à peine dissimulées
derrière un discours pseudo-scientifique et
pseudo-philosophique dont le spectateur ne
retiendra vraisemblablement que l’aphorismeclef : l’Amour est la seule chose qui transcende le
Temps et l’Espace !
Serge Lachat
RESPiRE
un film réalisé par Mélanie Laurent, avec
Isabelle Carré, Joséphine Japy, Lou de Laâge,
Carole Franck, Roxane Duran,… (France,
2014)
filles. Ce qui intéresse la réalisatrice, c’est plutôt
de décrire la façon dont Charlie se met à vouer un
véritable culte à Sarah qui la fascine par son
expérience de la vie, par son apparente liberté et
par son indépendance d’esprit. Délaissant sa
confidente Roxane et ne tenant pas compte des
avis d’amis de sa classe, Charlie voit pourtant sa
vie peu à peu pourrie par Sarah, incarnée par une
Lou de Laâge réellement envoûtante, qui se révèle égoïste, hédoniste, mythomane et sadique,
exerçant un pouvoir qui fait de Charlie un reflet
de sa mère dans l’impuissance de celle-ci à
échapper à l’emprise du père. Enfermant sa proie
dans son rôle de victime et accusant ensuite
celle-ci de faire de ce rôle de victime un instrument de pouvoir, Sarah réussit presque à détruire
celle qu’elle manipule jusqu’à un sursaut final…
L’intérêt du film réside dans le glissement
de ce qui aurait pu être un film
« naturaliste » à la française vers ce
qui ressemble à un film de genre à
l’américaine, et finalement de
manipuler son spectateur avec pas
mal de réussite. Il faut dire aussi
que Mélanie Laurent est aidée par
deux jeunes actrices fort prometteuses qui mettent en valeur ses talents
dans la mise en scène !
Serge Lachat
LOVE iS STRANGE
un film d’Ira Sachs, avec John
Lithgow, Alfred Molina, Marisa
Tomei,… (USA, 2014)
«Respire» © Praesens films
Histoire d’une manipulation et chronique
adolescente, la seconde réalisation de Mélanie
Laurent a été fort bien reçue à la Semaine de la
Critique à Cannes. Respire est l’adaptation d’un
roman écrit à l’âge de 17 ans par Anne-Sophie
Brasme, paru en 2001.
Charlie, 17 ans, semble bien intégrée dans
son lycée, elle travaille et réussit bien sa vie scolaire, un peu perturbée pourtant par les rapports
de ses parents : un père volage, une mère victime
et qui pourtant pardonne toujours… Un jour
débarque dans la classe Sarah, belle, forte personnalité, au tempérament impressionnant, qui
choisit Charlie pour en faire sa meilleure amie. Et
exercer peu à peu un ascendant pervers sur celle
qui lui ouvre son cœur et sa famille.
Ce pitch peut faire penser à La Vie d’Adèle,
mais la démarche de Mélanie Laurent est différente : s’il y a bien relation passionnelle, celle-ci
ne prend jamais la dimension (homo)sexuelle
qu’elle a dans le film de Kechiche même s’il
existe une vraie tendresse entre les deux jeunes
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Voilà un titre bien peu prometteur, même s’il
sonne comme certains titres des comédies hollywoodiennes des années 30-40. D’ailleurs on
retrouve bien des souvenirs du film de Leo
McCarey Make Way for Tomorrow/Place aux
Jeunes (1937) dans le film d’Ira Sachs qui est
une très bonne surprise !
Porté par deux acteurs au sommet de leur
art, ce film raconte comment, après 39 ans de vie
commune, Ben et George décident de se marier.
Ben, la septantaine, est un peintre raté qui s’occupe de quelques galeries ; George est professeur
de musique dans un collège catholique. C’est surtout grâce à son salaire que tous deux ont réussi
à acheter un appartement dans Greenwich
Village où ils coulent des jours tranquilles.
Las, le mariage donnant une dimension officielle à leur homosexualité, George est licencié
illico par la hiérarchie catholique. Impossible
dans ces conditions de garder l’appartement. A
peine mariés, tous deux vont donc devoir vivre
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SERENA
un film de Suzanne Bier, avec
Jennifer Lawrence, Bradley
Cooper, Toby Jones,… (USAFrance, 2014)
«Love is strange» © Xenix films
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séparés, l’un chez un neveu cinéaste, sa femme
écrivain et leur fils ado, l’autre chez un couple de
policiers homosexuels dont les fêtes quotidiennes
l’épuisent !
Au gré d’une succession de scènes filmées
avec une justesse étonnante, nous allons découvrir la difficulté des protagonistes non seulement
à vivre séparés, mais à s’intégrer, même provisoirement à un nouveau milieu. Au gré des tensions
qui s’amplifient, leurs traits de caractères vont
s’accentuer, Ben apparaît de plus en plus léthargique et mélancolique, vieux, malade aussi et
blessé après une chute dans les escaliers ; George
se bat beaucoup plus, mais semble avoir perdu sa
joie de vivre. Plus rien ne sera donc comme
avant, même lorsque George aura retrouvé un
appartement…
Film très émouvant donc, dans sa retenue
même, dans sa peinture du quotidien et d’un New
York loin des clichés publicitaires, dans son art
du détail et de la suggestion… Une excellente
surprise, vraiment !
Serge Lachat
Dans Serena, Suzanne Bier
nous raconte le destin d’une femme
forte sur fond de Grande Dépression.
Au fin fond des forêts de Caroline,
deux amis essaient de faire prospérer
leur industrie du bois. L’arrivée de
Serena (seule survivante d’un incendie qui a détruit sa famille) va faire
naître un amour-passion chez l’un des associés et
provoquer le départ de l’autre, trop ouvert aux
idées d’écologistes avant l’heure de ceux qui
veulent transformer la région en parc national, et
qui se sent trahi dans son amitié.
Suzanne Bier le montre avec insistance : la
figure féminine est forte et dominatrice, elle
affronte tous les défis dans cette Amérique encore sauvage, sait dresser un aigle pour exterminer
les serpents venimeux
qui menacent les
bûcherons, sait faire
un garrot pour sauver
la vie d’un contremaître un peu sorcier.
Mais à quel prix ! En
emportant le blessé au
galop vers l’ambulance, elle perd l’enfant
qu’elle attendait. A
partir de là, l’histoire
de la réussite sentimentale et écono-
«Serena» avec Jennifer Lawrence (Serena) et Bradley Cooper (George) © Ascot-elite
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mique du couple des
protagonistes se métamorphose en tragédie
antique : Serena ayant
appris qu’elle ne
pourra plus avoir
d’enfant cherche à éliminer le fils que son
mari a fait avant son
mariage à une servante et qu’il cherche à
protéger de la misère… L’intention de
Suzanne Bier de dessiner un portrait de
femme forte est louable, mais la cinéaste
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finit par se perdre à trop vouloir étrein-dre :
dépression économique et psychologique, désertification et impossibilité d’engendrer, modernité
– par l’égalité homme-femme – et archaïsmes
culturels, … Pire : elle force tellement le trait que
la transformation de la blonde Amazone en Lady
Macbeth frise le ridicule et que la surcharge symbolique devient insupportable. Et alors que le
film semble au début proposer une critique du
capitalisme comme exploitation extrême de la
nature (volonté du protagoniste de couper tous
les arbres et de tuer le dernier puma aidé par un
chasseur à l’ancienne), la cinéaste s’éloigne de
cette perspective politique pour se focaliser sur
un drame psychologique mâtiné de fascination
pour les pouvoirs surnaturels qui conduit à une
fin plus grotesque que tragique !
Serge Lachat
ViE SAUVAGE
un film de Cédric Kahn, avec Matthieu
Kassovitz, Céline Sallette, David Gastou…
(France, 2014)
«Vie Sauvage» © Carole Bethuel
Inspiré d’un fait divers qui a déjà donné
naissance à un livre, Cédric Kahn raconte dans
Vie sauvage comment, après avoir rêvé d’une vie
hors des sentiers battus, un couple se déchire :
elle, Nora, n’en peut plus de cette vie complètement en marge et veut donner une éducation
« normale » à ses trois enfants, lui, Paco, veut
poursuivre avec ses enfants son utopie de vie
libre en marge de la société. La mère ayant obtenu la garde des enfants, il s’enfuit avec ses deux
fils (le plus grand qui n’est pas de lui voulant rester avec la mère) pour une cavale qui durera plus
de 10 ans malgré la police à leurs trousses…
Film qui mêle étrangement aspects documentaires et puissance romanesque, Vie sauvage
joue sur les oppositions : philosophiques (nature
vs civilisation, utopie libertaire vs principe de
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réalité, rites chamaniques pour souder le groupe
(le perçage des oreilles) vs rituels sociaux (la
coupe des cheveux), éducation vs scolarité…
Opposition aussi et magnifiquement incarnée par
Kassovitz et Céline Sallette, entre le masculin
tout en rigidité et passage en force et le féminin
tout en fébrilité.
Le cinéaste ne prend pas parti (même si la
mère est absente pendant les ¾ du film, ou présente seulement par ses appels dans des articles
de presse). Il montre comment les enfants souffrent dans leur conflit de loyauté, mais aussi
vivent, rient, apprennent (leur père est un ancien
prof) dans leur vie en marge. Il montre enfin
combien cette marginalité devient difficile à l’adolescence et au temps des premières amours,
combien la douloureuse révolte contre le père
devient inéluctable et révèle les contradictions de
celui-ci.
Un film fort et rugueux.
BLACk MOViE
Festival international de Films indépendants de Genève
16ème édition, 16 – 25 janvier 2015
Avec 28'000 festivaliers en 2014 (+25% par rapport à 2013), une cinquantaine de longs
métrages, auxquels s’ajoutent la trentaine de courts métrages d’animation du Petit Black Movie,
le Festival se porte bien.
Présentant une sélection consacrée pour plus de la moitié au cinéma asiatique contemporain,
il suit depuis plusieurs années ses réalisateurs fétiches : Hong Sang-soo, Brillante Mendoza, Im
Sang-soo, Tsai Ming-Liang, Jia Zhang Ke, mais aussi l’Argentin Lisandro Alonso ou le
Mexicain Carlos Reygadas.
Quelques grands noms sont déjà confirmés pour cette 16ème édition avec les nouveaux
films de Takashi Miike, Hong Sang-soo, Ryuchi Hiroki, Shinya Tsukamoto, Wang Bing…
Une rétrospective du cinéaste chinois Wang Bing (À L’OUEST DES RAILS), présent pour
l’occasion, sera organisée.
Les sections traditionnelles du festival seront au rendez-vous: La sélection de films
d’Afrique noire, « À suivre » (réalisateurs suivis depuis leurs débuts), La compétition officielle
récompensée du « Prix de la critique » attribué par un jury international de critiques.
Le Petit Black Movie, quant à lui, mettra l’accent cette année sur le cinéma d’animation brésilien.
Serge Lachat
Christian Bernard
Maison des Arts du Grütli, Cinéma Spoutnik
www.blackmovie.ch
NiGHTCRAWLER
un film de Dan Gilroy, avec Jake Gyllenhaal,
Bill Paxton, Rene Russo
Scandaleusement rebaptisé en « français »
Night Call (!!!), ce film de Dan Gilroy (Bourne
Legacy) raconte l’histoire d’un chômeur un peu
fou, Louis Bloom qui, las de ne pas se faire
engager, décide de créer sa propre société.
Littéralement modelé par Internet, il est persuadé d’avoir le sens des affaires et de pouvoir
créer sa propre entreprise. Il trouve le bon filon
lorsqu’un soir il découvre qu’un accident de
voiture sur l’autoroute est filmé par toutes les
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TV locales. Il achète un petit récepteur qui capte
les fréquences de la police de L.A. et une petite
caméra amateur (qui a pour effet que les autres
« filmeurs » ne le prennent pas au sérieux et
qu’il se fait moins remarquer par les policiers)
avec laquelle il filme accidents et faits divers
sanglants dans une proximité inégalée. Son
audace et son absence de tout scrupule lui permet de livrer des images de plus en plus sanglantes, d’une violence de plus en plus insoutenable, à une productrice dont l’audimat en
ciné-Nightcrawler - Lou Bloom (Jake Gyllenhaal) - copie
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panne prend assez rapidement l’ascenseur lorsqu’elle accepte de les diffuser. Avec des moyens
techniques de plus en plus perfectionnés, Lou
Bloom pourra livrer des images de plus en plus
« saignantes » au gré de courses poursuites en
voiture des plus spectaculaires.
L’intérêt du film de Gilroy est de dénoncer
le cynisme des médias prêts à tout pour faire de
l’audience (un peu comme Finch dans Gone
Girl) et le goût du sang des émissions d’information libres de tout scrupule éthique. Par
ailleurs, en même temps qu’il montre un personnage entraîné dans une dérive de plus en
plus folle (amaigri, le regard perdu, Jake
Gyllenhaal est vraiment inquiétant et véhicule
un véritable malaise), le cinéaste offre une véritable « leçon » de cinéma : le filmage de très
près de corps agonisants permet au protagoniste
une réflexion sur ce qu’est un plan et sa fonction
dans la captation du regard ! Le filmage d’une
scène de crime avant l’arrivée de la police avec
déplacement d’un cadavre est une leçon d’éclairage ! Belle leçon aussi de mise en scène que la
préparation de l’arrestation des deux tueurs
qu’il ne dénonce à la police qu’après s’être
assuré de pouvoir filmer intégralement la scène
avec deux caméras, assumant sans difficulté
qu’une telle arrestation ne peut faire que des
victimes et allant jusqu’à filmer l’agonie de son
« employé » touché par un des malfrats…
Images qui lui vaudront la consécration !
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C’est ce même cynisme qui lui permet d’éliminer un concurrent en sabotant son véhicule
et qui lui permet de re-négocier son salaire avec
sa « patronne » au gré de tentatives de séduction
et de chantages divers. Cette plongée dans un
Los Angeles nocturne et glauque a en plus l’originalité de ne se terminer ni par un happy end
sentimental, ni par la victoire de la loi : menacé
par une policière pour manquement à son devoir
civique, Lou s’en sortira sans problème et pourra même développer sa société en engageant du
personnel auquel il tiendra le discours patronal
habituel sur le fait que ses employés sont taillables et corvéables à merci pour la plus grande
gloire de l’entreprise!!!
Bruno Ganz dans «Refroidis» © XenixFilm
Serge Lachat
REFROiDiS – iN ORDER OF
DiSAPPEARANCE
de Hans Petter Moland (Norvège 2014)
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Venue du froid, cette parodie amusante des
films de mafia nous promène dans les neiges de
Norvège. Se situant délibérément entre Fargo
des frères Coen et Dirty Harry, elle nous fait suivre le parcours de Nils Dickman, bon père, bon
époux, conducteur de chasse-neige récompensé
du titre de Citoyen d’honneur (il est Danois) pour
ses bons et loyaux services. Sa vie bascule lorsqu’on lui apprend la mort de son fils par overdose. Convaincu que son fils ne se droguait pas, il
cherchera à connaître la vérité. Comprenant qu’il
n’y a rien à attendre de la police, après avoir hésité à se suicider, il se transforme en justicier. Son
fils ayant été tué par une mafia locale impliquée
dans le trafic de drogue, il aura du monde à liquider. Nils ayant dressé plus ou moins volontairement les unes contre les autres les différentes
mafias (norvégienne, suédoise, serbe) se partageant le marché, l’affaire tourne à la guerre des
gangs. Les typages sont réjouissants: à la tête des
Norvégiens, Finn, yuppie colérique et cruel terrorise les bras cassés qui l’entourent, tandis que
Bruno Ganz, impressionnant par sa seule présence, est parfait en patriarche/parrain serbe. Ce
mélange de nationalités donne l’occasion aux
scénaristes de placer tous les clichés et amalgames véhiculés par le débat médiatique, en
Norvège comme ailleurs, sur les étrangers. Ainsi
Finn confond Serbes et Albanais, tandis qu’un
truand serbe explique à son copain comment son
séjour dans une prison norvégienne lui a valu,
outre d’excellents repas chauds, la remise en état
complète et gratuite de ses dents… Et de lui
expliquer qu’une telle protection sociale n’est
pas nécessaire dans les pays chauds… Moins
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baroque et même raffinée apparaît la signature
d’un de leurs crimes par les Serbes ayant déposé
le cadavre sous un panneau routier indiquant
1389 m. d’altitude : comme le dit un policier, la
date de la bataille de Kosovo…
Si l’on ajoute à ce jeu de déplacement des
clichés, le choix de personnages secondaires
Sortie DVD
ALExANDRE THARAUD
LE TEMPS DéROBé
de Raphaëlle Aellig Régnier
DVD Erato/Warner Classics
A l’opposé de Bloody Daughter réalisé
par Stéphanie Argerich, troisième fille de
Martha, tout imprégné d’affect et du souci de
se situer en tant que “fille de…”, Alexandre
Tharaud, le temps dérobé est le portrait du
pianiste virtuose par une cinéaste qui s’efface
derrière son sujet. Son sujet ? Pas tant le portrait d’Alexandre Tharaud en tant que personne, que l’illustration très concrète de ce que le
décalés comme un policier ayant peur du sang ou
des gardes du corps homosexuels, on situe le
plaisir que procure ce qui est un peu plus qu’un
film d’action bien mené.
Christian Bernard
pianiste dit à un moment, “faire quelque
chose de beau suppose que tellement de
conditions soient réunies !”
Une plongée dans le quotidien de l’artiste, les partitions, la mise en condition physique, les voyages, les attentes, la solitude et,
toujours, le travail. Un film d’une grande
délicatesse, porté par un amour vrai de la
musique.
En bonus, le 23e Concerto de Mozart,
avec son sublime adagio, par Alexandre
Tharaud et Les Violons du Roy dirigés par
Bernard Labadie, filmés en concert à
Montréal. Une merveille d’alacrité.
Christian Bernard
«Alexandre Tharaud, le temps dérobé» © RaR Film
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grand théâtre de genève
Patricia Petibon
La « Belle excentrique » pourrait être le nom de scène de la soprano Patricia
Petibon. il s'agit seulement du titre donné à son tout nouvel album en hommage
à Satie qu'elle viendra présenter au Grand Théâtre le 20 décembre prochain,
après une longue tournée. Accompagnée par Susan Manoff, la cantatrice
française applaudie entre autre, in loco, dans Olympia des Contes d'Hoffmann
et Lulu de Berg, deux « créations scéniques » conçues par Olivier Py,
interprétera des pages originales et fantaisistes du répertoire français, allant
de la mélodie à la chanson, de Fauré à Ferré.
18
Patricia Petibon a toujours voulu surprendre,
aller là où l'on ne l'attendait pas, explorer, brasser les styles et les univers, sortir des sentiers
battus. L'ensemble de sa carrière pourrait sembler confus, brouillon, alors qu'il n'est que le
reflet d'une personnalité singulière et pourquoi
pas excentrique, voire loufoque
ou dadaïste, qualificatifs qui la
caractérisent finalement très
bien. Découverte à la fin des
années quatre vingt dix, cette
toute jeune musicienne a l'énergie débordante, native de
Montargis, dans le Gatinais
français, en 1970, est repérée
par William Christie qui lui
offre ses premiers rôles
baroques, dont Hippolyte et
Aricie de Rameau qui marquent
ses débuts à l'Opéra de Paris en
1996 (opéra gravé pour Erato en
1997). Sa voix flûtée et haut
perchée
travaillée
au
Conservatoire de Paris sous l'égide d'un professeur émérite,
Rachel Yakar, s'y épanouit naturellement, trouvant dans la
rigueur du style des couleurs et
des envolées qui seront bientôt
mises à profit dans d'autres
répertoires.
Harnoncourt..) forgent cette artiste en devenir,
lui apportant confiance et discipline. L'étendue
de son registre, sa virtuosité et la facilité avec
laquelle elle évolue dans l'aigu, lui permettent
d'aborder très vite d'autres compositeurs et de se
faire remarquer dans de nouvelles partitions où
Virtuosité
Ce compagnonnage baroque qui s'étoffe grâce à de nombreuses expériences avec les
principaux chefs de file français
et
étrangers
(Rousset,
Minkowski, Biondi, plus tard
Patricia Petibon © Inge Prader / DG
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elle fait sensation : Mozart (Despina, Serpetta,
Blonde) et Haendel (Dalinda, Morgana) succèdent au baroque français et deviennent les
piliers de son édifice vocal, tandis que Lakmé,
Olympia, Ophélie, Zerbinetta, Sophie ou
Norina, ponctuent les premières années d'une
déjà riche carrière. Ivre de découvertes et de
sensations, Patricia Petibon prend des risques et
s’affirme très rapidement sur les planches, rousse incendiaire au tempérament impétueux, elle
avance, multiplie les rencontres musicales et
théâtrales. Si certains de ses disques publiés
chez Decca ont parfois bousculés une partie du
public et de la critique qui aiment mettre les
artistes dans des cases, la cantatrice a toujours
su rebondir. Assagie sans doute, la talentueuse
jeune femme a depuis corrigé certains aspects
excessifs de sa personnalité pour offrir, avec le
soutien de sa nouvelle maison de disque DG,
une série d'albums à thèmes particulièrement
réussis : « Amoureuse » airs de Gluck, Haydn et
Mozart dirigés par Daniel Harding, « Rosso »
airs baroques italiens, « Nouveau monde » airs
baroques d'Angleterre, de
France, d'Espagne et d'Amérique
latine dirigés par Andrea
Marcon, « Melancolia » et
aujourd'hui « La belle excentrique », ont tous été scrupuleusement imaginés pour proposer
aux auditeurs les mille et une
facettes de cette chanteusecaméléon. Le dernier opus rassemble des morceaux classiques
et populaires issus d'un large
répertoire, allant de la pure mélodie (Fauré, Hahn, Poulenc et
Satie) aux chansons de Ferré
(« Jolie Môme » et « On s'aimera »), accompagnées au piano
par la complice de toujours,
Susan Manoff, mais également
par David Levi (piano),
Christian-Pierre La Marca (violoncelle), Nemanja Radulovic
(violon), David Venitucci (accordéon) et François Verly (percussions), le fidèle Olivier Py luimême n'ayant pas hésité à prêter
sa voix gouailleuse pour « Jolie
Môme » et « Allons-y
Chochotte ! » de Satie et à apporter son concours amical pour
concevoir un mini-spectacle,
présenté un peu partout en
Europe, de Montargis, sa ville de
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naissance, à Paris (Salle Pleyel), ou à Inssbruck,
en passant par Copenhague, Arras et
Luxembourg.
Une passion pour Poulenc
Ces dernières années Patricia Petibon a
indiscutablement mûri sur le plan vocal, comme
le prouvent les rôles qu'elle a su intelligemment
aborder : Aspasia (Mitridate/Munich 2011) et
Giunia (Lucio Silla/Barcelone 2013), alternent
avec Susanna (Nozze di Figaro/Aix-enProvence 2012) et cette mémorable Donna
Anna (Don Giovanni/Haneke) entendue à la
Bastille en 2012, Haendel (Ginevra dans
Ariodante/Genève 2007, ou Morgana/ Alcina/
Milan 2009), côtoie désormais Lulu, rôle suprême dans lequel elle a triomphé à Salzbourg
(mise en scène signée Vera Nemirova), à
Barcelone et à Genève en 2010 sous le regard
expert et passionné d'Olivier Py, qui lui avait
confié Olympia des Contes d'Hoffmann
d'Offenbach en 2008 (2 dvd parus chez Bel Air
et DG), et Blanche de la Force, incandescente
prise de rôle dans laquelle on peut retrouver l'art
de Petibon grâce au dvd qui vient de paraître
sous étiquette Warner classics, label ERATO
Patricia Petibon est «Lulu» en 2010 au Grand Théâtre de Genève © Gregory Batardon
Zambello en 2004, n'a pas résisté à l'appel de
Blanche, jouée tout d'abord au Theater an der
Wien en 2011 sous la direction de Bertrand de
Billy, un spectacle réglé par Robert Carsen
Patricia Petibon lors de la création de «Au Monde» © Bernd Uhlig / La Monnaie
(Py/Rhorer TCE 2013). Vouant une véritable
passion à Poulenc dont elle connaît la famille
(elle a même été invitée à venir jouer sur le
piano du maître), la cantatrice qui a d'abord
incarné avec succès Sœur Constance notamment à Strasbourg en 1999 (mise en scène
Marthe Keller/dvd Bel Air), puis à l'Opéra de
Paris dans la mise en scène de Francesca
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avant l'impressionnante version montrée à Paris
(TCE). Elle a également enregistré le Stabat
Mater et Litanies à la Vierge Noire avec
l'Orchestre de Paris et Paavo Järvi (DG) et interprète régulièrement en récital les mélodies de ce
compositeur, qu'elle chéri depuis ses premières
années d'études au Conservatoire de Tours...
La saison passée, la cantatrice créait à La
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Monnaie de Bruxelles le nouvel opéra de
Philippe Boesmans intitulé Au monde, de et par
Joël Pommerat, une merveille que l'on pourra à
nouveau entendre à l'Opéra Comique en 2015
(du 22 au 27 février avec une distribution à peu
près identique à l'originale à l’exception de
Stéphane Degout remplacé par Philippe Sly),
retrouvait Ginevra au festival d'Aix-enProvence
pour
Ariodante
(Andrea
Marcon/Richard Jones), chantait à nouveau
Gilda (Rigoletto) à Munich (Schilling/
Armiliato), suivie il y a peu par la Manon de
Massenet à Vienne. Sur ses tablettes, Benvenuto
Cellini de Berlioz à Amsterdam en mai prochain, opéra mis en scène par Terry Gilliam
avec au pupitre Mark Elder en compagnie de
John Osborn, Laurent Naouri et Michèle Losier.
Pour celle qui a dit que « L'on ne naissait pas
chanteuse, mais qu'on le devenait chaque fois
que l'on entrait en scène », on comprend mieux
avec le recul, pourquoi l'intrépide et autrefois
insaisissable Patricia Petibon, est passée par
toutes ses étapes qui l'ont construites et rendues
chaque fois plus forte.
En attendant Traviata qui se profile à l'horizon, avec Py, sait-on jamais ? allez retrouver
cette « Belle excentrique » et n'ayez pas peur de
vous encanailler en sa compagnie. C'est si bon.
François Lesueur
Le 20 décembre : Récital PATRiCiA PETiBON, soprano,
Susan Manoff, piano. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie
en ligne sur le site du Grand Théâtre)
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Bénédicte Tauran :
Une légèreté solaire
grand théâtre de genève : deux débuts attendus
La Grande Duchesse
Le spectacle de fin d'année à Genève est cette année consacré à Offenbach et à sa
Grande Duchesse de Gerolstein. Le rôle titre brosse à traits à la fois caricaturaux et
terriblement humains le portrait d'une femme nymphomane à qui le pouvoir
monte à la tête au point de lui faire croire qu'elle peut tout se permettre. Derrière
les gros effets de la pochade, on découvre dans le livret de Henri Meilhac et
Ludovic Halévy une satire féroce du militarisme et de la corruption des mœurs du
Paris de Napoléon iii. inutile de dire que toute ressemblance avec les pratiques
d'une période postérieure serait purement fortuite...
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Pour s'imposer dans le rôle écrasant de
cette duchesse fofolle dont les plus grandes
artistes du passé ont endossé avec gourmandise
le costume chamarré, il convient de faire appel
à une interprète aux talents hors du commun
dans l'usage du 'double-entendre', alliant la solide technique d'une mezzo soprano qui n'a pas
froid aux yeux à un jeu scénique évitant avec
adresse les pièges de la charge trop caricaturale.
Ruxandra Donose :
Onctuosité et élégance
Le Grand Théâtre a trouvé la perle rare en la
personne du mezzo soprano roumain Ruxandra
Donose, une artiste qui a fait ses preuves dans les
répertoires les plus variés. Elle fut récemment
une Marguerite inoubliable dans La Damnation
de Faust donnée
dans le cadre du dernier Festival de
Verbier sous la direction de Charles
Dutoit. Par ailleurs,
le répertoire baroque
n'a pas de secret pour
celle qui fut, en plus
de ses nombreuses
incarnations de héros
haendéliens, une
Tamiri inoubliable
dans un Farnace
grandiose de Vivaldi
Ruxandra Donose
donné il y a quelques
photo J.Henry
années à Strasbourg
et à Mulhouse. La fréquentation régulière des
grands emplois mozartiens contribue bien sûr à
entretenir la souplesse impressionnante de cette
voix d'une incomparable égalité d'émission tandis que les dons comiques et le sens de la vocalité virtuose de cette interprète ont été, par exem-
a
ple, superbement exploités par le metteur en
scène Peter Hall dans une mise en scène qu'il a
montée pour elle au Festival de Glyndebourne au
cours de l'été 2005 (un DVD a été enregistré à
cette occasion).
La voix de Ruxandra Donose est un mélange subtil d'onctuosité légère et d'élégance stylée.
On ne saurait rêver mieux pour ce personnage de
Grande-Duchesse, dont le chant oscille constamment entre les accents gaillards propres aux filles
des halles et la grâce un brin pincée de la jeune
femme aux penchants vicelards qui veut faire
oublier ses fautes de goût. Le timbre est prenant,
admirablement modulé et conserve cette vivacité
de touche qui a même amené un critique anglais
à faire à son sujet une référence appuyée au chant
de Victoria de Los Angeles. Cela ne l'empêche
pas d'exceller dans l'opéra bouffe à la française :
il suffit de l'écouter interpréter certains extraits
de La belle Hélène pour comprendre tout le soin
qu'elle met à faire concorder texte et musique
afin que chaque pointe musicale ou textuelle ressorte avec le maximum d'efficacité. Or l'esprit
gaulois de la Grande Duchesse se déguste précisément par petites gorgées, comme si les plus
effarants sous-entendus lui échappaient sournoisement entre deux politesses exquises échangées
avec ses partenaires. On ne saurait donc, pour
cette nouvelle production genevoise, imaginer
meilleure interprète car elle excelle toujours dans
la recherche de ce délicat équilibrisme entre
parodie et romantisme où, comme a su le démontrer Felicity Lott d'ineffable façon, il importe de
mettre une distance entre le langage cru des phrases les plus banales et la bonhommie affable du
jeu scénique; l'art du mezzo-soprano roumain
devrait atteindre d'aussi hauts sommets, même si
le timbre, plus lourd mais modulé avec efficacité, donne à son chant une toute autre tournure.
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L'art de Bénédicte Tauran n'est pas inconnu
des 'lyricophiles' romands car elle a déjà incarné
près d'une demi-douzaine de personnages sur les
planches genevoises et vaudoises notamment.
Inoubliable Susanna dans les Noces de Figaro
données en fin de la saison 2012/2013 de l'Opéra
de Lausanne, elle fut aussi une Clairette mutine
dans La fille de Madame Angot au Théâtre
Métropole à Lausanne en décembre 2010 et, dans
un tout autre genre, une Reine Elisabeth fragile et
bouleversante dans le Richard III de Giorgio
Battistelli au Grand Théâtre. Dans la production
genevoise de l'opéra-bouffe d'Offenbach, elle
incarnera Wanda, la jeune femme amoureuse du
fusilier Fritz sur lequel la Grande Duchesse a jeté
son dévolu. On ne sait qu'admirer le plus chez
cette artiste qui occupe la scène avec un naturel
déconcertant mais n'essaie jamais de tirer la couverture à elle. Elle déploie des aigus magnifiques, purs, clairs et aériens qui se projettent
sans aucune difficulté dans les plus grandes salles. Par ailleurs, son amour du théâtre est tel
qu'elle semble aimer se glisser dans la peau des
personnages les plus improbables, comme ce fut
le cas dans cette Fille de Madame Angot où elle
parvenait à susciter l'émotion dans le costume
d'une héroïne un peu gourde car elle savait éviter
tout effet mignard. Wanda, chez Offenbach, est
un personnage de la même veine, mais les sousentendus y sont plus nombreux et la finesse de la
caractérisation y est incomparablement supérieure. Chez cette jeune soprano française, la franchise des accents dramatiques dans les situations les
plus convenues redonnent une fraîcheur bienvenue à tous les styles musicaux qu'elle aborde,
quels qu'ils soient : il suffisait, après l'avoir
entendue débiter les petites fadaises apprêtées
par Lecocq pour Clairette dans Madame Angot,
de l'entendre ensuite en Susanna dans les Noces
de Figaro de Mozart pour découvrir ce qui fait le
prix de ce style d'interprétation : un timbre d'une
parfaite cohérence sur tout le registre, une attention quasi maniaque portée à chaque nuance de la
musique et un art confondant d'envelopper les
fruits d'une technique imparable dans un emballage au charme duquel il est impossible de résister.
Eric Pousaz
Les 15, 17, 19, 21, 23, 26, 29, 31 décembre : La GrandeDuchesse de Gérolstein d’Offenbach, OSR, dir. Franck
Villard, m.e.s. Laurent Pelly. Grand Théâtre à 19h30, di
21 à 15h (billetterie en ligne sur le site du Grand
Théâtre)
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Grand Théâtre de Genève
« Le Petit Prince » de Michaël Levinas
Les 6, 7, 8, 9 et 10 janvier 2015 au Bâtiment des Forces Motrices
photos © Marc Vanappelghem
Billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre de Genève
ALICE
IN CHINA
CIRQUE NATIONAL DE CHINE
ACCESSIBLE DÈS 7 ANS
TOUT PUBLIC | CIRQUE
THÉÂTRE | EQUILIBRE
SA 17 JAN. 2015
À 15H ET 20H
Librement adapté d’Alice au pays
des merveilles, ce spectacle époustouflant
est transcendé par 24 acrobates virtuoses
du Cirque national de Chine.
WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH
RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME
ET RÉGION 026 350 11 00
UBU ROI
MISE EN SCÈNE DECLAN DONNELLAN
THÉÂTRE | EQUILIBRE
MARDI 3 FÉVRIER
2015 À 20H
Avec cette mise en scène aussi folle
qu’inspirée, Declan Donnellan offre une
des lectures les plus drôles et savoureuses
de cette pièce inépuisable qu’est «Ubu roi».
WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH
RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME
ET RÉGION 026 350 11 00
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grand théâtre de genève
Iphigénie en Tauride
Lukas Hemleb assure la mise en scène du chef-d'oeuvre de Gluck au Grand
Théâtre en janvier prochain. Ce metteur en scène, d'origine allemande, s'est
établi en France depuis une bonne vingtaine d'années et s'est fait un nom en
mettant en scène avec succès des ouvrages d'esthétiques complètement
différentes, voire opposées.
La force du geste
C'est ainsi que Lukas Hemleb s'est frotté
aux grands classiques allemands ou français (on
signalera un Nathan le Sage de Lessing remarqué
au Burgtheater de Vienne et un Misanthrope non
moins discuté à la Comédie-Française), à l'opéra
baroque (Telemaco de Scarlatti au Festival de
Schwetzingen), au grand répertoire lyrique
romantique (Lohengrin à Madrid) ou même à l'opéra chinois (La déesse de la rivière Luo à
Taipeh, puis en France lors d'une tournée remarquée en 2006. Il est difficile de définir le style de
cet artiste-caméléon, toujours à la recherche du
geste qui lui paraît le plus apte à rendre visible le
contenu du texte ou de la musique sans faire double emploi avec eux. « La particularité de Lukas
Hemleb est de ne pas se trouver là où on l'attend », a écrit un critique parisien au sortir d'un
de ses spectacles. Et il est vrai que chaque lever
de rideau sur une production qu'il a marquée de
son sceau interprétatif promet son lot de surprises.
Une lenteur calculée
Pour Lukas Hemleb, une réalisation scénique n'est pas d'abord une suite de mouvements.
Décors, éclairages et déplacements chorégraphiés au millimètre participent d'un rituel qui
cherche à établir des correspondances visuelles
complexes avec le texte ou la musique mise en
espace. Pour se limiter au domaine de l'opéra, il
est évident que la scène, pour lui, n'a pas à doubler les récitatifs et les airs en se contentant de les
inscrire dans un lieu scénique et à une époque
précis. On se souvient notamment d'un Ariodante
de Haendel donné en première au Théâtre des
Champs-Elysées en mars 2007 et vu au Theater
an der Wien en septembre 2008. Le décor, d'une
rigueur visuelle ascétique, était surtout remarquable par son absence d'ornements et de couleurs et servait de cadre aussi vague que vaporeux à une action théâtrale exécutée par les chanteurs avec une lenteur exaspérante pour le spec-
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Lukas Hemleb
tateur qui n'y était pas préparé. Peu à peu, la
magie opérait néanmoins lorsque l'auditoire prenait conscience que gestes et poses corporelles
tentaient de rendre visibles sans les caricaturer
les affects exprimés par la musique; l'ornement
virtuose dans les airs da capo devenait ainsi prétexte à une surcharge progressive du geste qui
correspondait à l'animation grandissante dont le
chant se faisait le traducteur fidèle. La passion ne
transparaissait jamais directement, mais trouvait
un écho inattendu dans tel mouvement mal assumé ou tel déplacement inattendu signalant un
dérèglement intérieur. Dans ce spectacle où la
rigueur régnait en maîtresse absolue, il n'y avait
pas place pour le clinquant ou le pur divertissement. Tout se passait comme si la scène distillait
elle aussi une musique puissante, mais aux
moyens expressifs totalement différents, qui restait en parfait accord avec les accents haendéliens
que le chef d'orchestre Christophe Rousset tirait
de ses instrumentistes des Talens lyriques.
Retrouver les racines de l'œuvre
Ce dépouillement systématique correspond
à la recherche des fibrilles les plus profondes qui
irriguent de leur sève les structures des grands
ouvrages dramatiques. La mise en place des
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détails et costumes historique exacts ne ferait que
détourner le spectateur de la signification profonde d'un ouvrage ancré dans le passé et c'est pourquoi il est impératif de débarrasser la scène de
tout élément purement esthétique pour retrouver
le jet artistique initial. Car nul ne peut prétendre
comprendre les prolongements d'une œuvre
baroque en adoptant le même état d'esprit que
celui des contemporains de l'auteur. Ecouter
Haendel ou Gluck en 2015, malgré l'exactitude
scrupuleuse des reconstitutions musicologiques
actuelles, ne peut rappeler l'expérience des premiers auditeurs tant il est impossible à l'amateur
lyrique du 21e siècle de faire l'impasse sur ce que
la France, l'Allemagne ou l'Italie ont produit dans
les siècles qui ont suivi. Qui donc peut écouter
une œuvre du passé en oubliant Debussy ou
Alban Berg ?...
Il en va de même pour le spectacle dramatique. C'est pourquoi Lukas Hemleb ne s'encombre généralement pas de décors trop pesants ou
de costumes riches en fanfreluches. Dans le dernier Lohengrin qu'il a monté à Madrid au printemps passé, il eût été vain de chercher un cygne
ou un cor, toute trace de mysticisme ayant disparu. Il s'agissait bien plutôt de souligner le caractère inacceptable de l'irruption d'un étranger dans
une communauté qui se découvrait soudain soudée face à un péril venu de l'extérieur (on n'était
pas très loin, par l'esprit, de certaines votations
récentes dans notre chère Helvétie!) Le décor,
lourd et presque complètement fermé, évoquait
un monde irrémédiablement clos dont l'atmosphère devenait de plus en plus irrespirable
jusqu'au coup de théâtre final qui marquait le
retour au point de départ et l'inanité de tout effort
d'ouverture. Le message de Wagner n'était pas
détourné de sa signification première, mais trouvait un écho inattendu dans l'actualité contemporaine qui en redynamisait les étapes dramatiques
sans jamais imposer au spectateur un seul mode
de lecture. Et c'est précisément par cette liberté
laissée au spectateur que ce type de mise en
scène reste grand : même lorsque l'on se voit
refuser toutes les clefs de compréhension qu'on
souhaiterait recevoir au théâtre, on ne peut simplement se carrer dans son siège et se laisser irriguer par la musique. Stimuler l'esprit de découverte et forcer la réflexion sont en effet autant
d'éléments qui caractérisent l'art de ce metteur en
scène, parfois abscons, mais toujours excitant.
éric Pousaz
Les 25, 27, 29, 31 janvier et 2, 4 février : Iphigénie en
Tauride de Gluck. OSR, dir. Hartmut Haenchen, m.e.s.
Lukas Hemleb. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie : site
du Grand Théâtre)
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avec la soprano Françoise Pollet et Les chansons de toujours, avec José van Dam. Son enregistrement des Noces de sang de Charlie
Chaynes, en création mondiale, est malheureusement épuisé. Il reste Berlioz, Meyerbeer ou
Gounod, pour se consoler en musique. Aux studios d’enregistrement, le musicien préfère de
loin les salles de concerts: c’est un homme de
terrain, de contact direct, de l’instant vécu.
opéra de lausanne
La Veuve joyeuse
A l’Opéra de Lausanne, l’année 2014 s’achève avec éclat. Le maestro
français Cyril Diederich mènera le bal dans un style tout à fait viennois.
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Il y a dans une vie des lieux et des noms
importants, qui marquent le vécu d’une personne et ont une influence déterminante sur sa carrière. C’est particulièrement vrai pour le maestro Cyril Diederich, né à Aix-en-Provence, dans
une famille de musiciens, à l’époque où le
fameux festival d’été venait d’y voir également
le jour. Depuis son plus jeune âge, Cyril baigne
dans l’univers musical : il joue du piano, se met
au cor et monte bientôt à Paris, afin d’obtenir le
patronage de professeurs de renom : Jean
Devemy et Georges Barboteu.
Très tôt, il a envie de prendre la baguette et
il fait ses gammes à l’Opéra de Paris. Le musicien se fait remarquer dans des concours et festivals. En 1970 - avec quelques amis chambristes - il crée “Les semaines musicales du
Luberon“. On le trouve ensuite assistant de
Jean-Claude Casadesus à Lille, puis dans les
années 80, il suit avec passion et intérêt le travail d’Herbert von Karajan; le maestro devient,
à côté de Georges Prêtre, un de ses grands
modèles. La carrière musicale de Cyril
Diederich prend son envol dans l’Hexagone:
Paris, Avignon, Lille, Bordeaux, Marseille,
Nice, Toulouse… En 2012, Cyril
Diederich accepte la direction du
Paris Symphonic Orchestra (PSO),
à ne pas confondre avec l’Orchestre
de Paris, puisque c’est une formation qui a une activité d’enregistrement de musique de films, de participation à des shows; le directeur
artistique confirme, de par ses multiples intérêts, sa solide réputation «
de maestro français par excellence
». Il tourne en Europe, en s’aventurant jusqu’au Brésil ou au Japon.
Cyril Diederich
Héritage karajanien
Le répertoire du chef Diederich se construit
autour de trois axes principaux : des grandes
compositions lyriques (Bizet, Gluck, Gounod,
Dionizetti), des pages symphoniques et de la
musique chorale. Beethoven y figure en principale place, suivi de Berlioz, Brahms, Bruckner,
Bach, Franck ou Fauré…
Sur le disque, il n’hésite pas à offrir des
pots-pourris, fort appréciés des mélomanes,
comme Les grands airs de l’opéra français,
Lehár porte le toast
Le maestro, déjà connu du public lausannois, sera fraîchement de retour de Lituanie, où
il aura dirigé Manon de Massenet en novembre.
Fin décembre, il offrira aux mélomanes lausannois la très festive Veuve joyeuse de Lehár, en
cadeau de Noël et Nouvel-An. Des cotillons et
du champagne, pour commencer 2015 en
musique... et en chantant ! A propos, vous cherchez un cadeau original de fin d’année ? pourquoi ne pas opter pour une version vintage de
l’opérette de Lehár, en double vinyle, enregistrée chez Deutsche Grammophon dans les
années 70 par le grand Herbert von Karajan en
personne ? Ce bijou est également disponible
sur Internet en format mp3.
Beata Zakes
Le 11 décembre : Forum Opéra – La veuve joyeuse,
Conférence de Delphine Vincent. Salon Alice Bailly de
l’Opéra de Lausanne à 18h15 (Billets en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
Les 21, 23, 28, 30, 31 décembre : La veuve joyeuse de
Franz Lehár, dir. Cyril Diederich, Sinfonietta de
Lausanne, m.e.s. Jérôme Savary. Avec Brigitte Hool
(Missia Palmieri). Opéra de Lausanne, le 21 à 17h, les 23,
30 et 31 à 19h, le 28 à 15h
Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / ou :
www.opera-lausanne.ch
«La Veuve joyeuse» en 2006 à l’Opéra de Lausanne photo Marc Vanappelghem
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entretien avec laurent gendre
L’Enlèvement au sérail
L’Opéra de Fribourg présentera fin décembre et début janvier une nouvelle
production de l’Enlèvement au Sérail de Mozart, à la salle Equilibre de
Fribourg et à l’Opéra de Lausanne. L’opéra, nouvellement mis en scène par
Tom Ryser sera dirigé par Laurent Gendre.
la musique et inversement, il faut voir les dialogues sous l’angle musical et la musique sous
l’aspect du théâtre. Le caractère de la musique
dépend toujours directement de la situation dramatique qui précède : la musique des mots, les
silences… L’intensité des passages parlés prépare la musique et inversement. Dans l'idéal, on
devrait glisser sans s'en rendre compte de la
parole à la musique.
Venons-en à la production même :
avez-vous déjà travaillé avec certains membres de l'équipe artistique du projet ?
En préambule, que pouvez-vous nous
dire sur votre relation à l’Enlèvement au
Sérail de Mozart ? Avez-vous déjà monté
cette œuvre ?
Cela fait assez longtemps que je côtoie
l'Enlèvement au Sérail : j'en avais déjà dirigé de
larges extraits à l'opéra studio de Zürich il y a
assez longtemps mais ne l’avais pourtant jamais
fait en entier.
Avez-vous des versions de référence
qui vous ont marqué ?
est en lien direct avec des opéras comme
l’Enlèvement au Sérail. Tout à coup on comprend pourquoi à tel moment de l’opéra il fallait
telle musique précisément.
Quelle est votre interprétation musicale sur cette œuvre ?
Comme dans d'autres opéras de Mozart, le tragique côtoie la comédie, et à la fin on s'élève
vers des idées nobles et universelles. Les éléments de musique allemande et italienne se succèdent et se combinent, c’est un condensé des
Pour les solistes et le metteur en scène Tom
Ryser ce sera la première fois. Je me réjouis
aussi de retravailler avec les chœurs et l'équipe
technique de l'opéra de Fribourg.
Connaissez-vous déjà les intentions
de mise en scène et comment cela influencet'il votre travail ?
J'assiste autant que possible aux répétitions de
mise en scène, ce qui permet de développer une
conception commune. C'est très bien de discuter
au préalable avec le metteur en scène, mais l’interprétation devient vraiment concrète lorsque
les chanteurs sont là. Ils sont les acteurs principaux, leur voix et la manière dont ils chantent,
ce qu'ils proposent, tout cela a une influence
déterminante. Inutile de forcer les chanteurs à
faire quelque chose qu’ils ne sentent pas.
Propos recueillis par Anouk Molendijk
Die Entführung aus dem serail, de Wolfgang Amadeus
Mozart, direction Laurent Gendre, mise en scène de Tom
Ryser avec Maria Rey-Joly, Joshua Stewart, Amelia
Scicolone, David Sitka, David Steffens, Tom Ryser.
- Le 29 décembre à 19h30, le 31 décembre à 19h, le 2 janvier à 19h30, le 4 janvier à 17h, le 9 janvier à 19h30 et le
11 janvier à 17h à Fribourg, Salle Equilibre et
- le 16 janvier à 20h et le 18 janvier à 17h à l’Opéra de
Lausanne. Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à
18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch
Laurent Gendre
Pas de version 'idéale' de bout en bout. En réalité à chaque fois que j’ai entendu et vu cet opéra,
j'en ai retenu des éléments : tel tempo dans un
air qui m’a semblé particulièrement efficace,
telle couleur vocale ou instrumentale, ou alors
une parfaite symbiose entre les idées musicales
et la mise en scène… Mais la source principale
est la partition elle-même, ainsi que d'autres
œuvres de Mozart ou les partitions de compositeurs plus anciens, dont le symbolisme musical
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opéras qui vont suivre : les opéras en italien et
la Flûte enchantée. C’est aussi une musique
d’une grande profondeur (certains airs sont
parmi les plus émouvants qui soient), avec un
sens de la comédie très efficace.
A propos de ce mélange de registres,
comment gérer et donner une homogénéité
au genre du Singspiel ?
informations www.operafribourg.ch et www.opera-lausanne.ch
Le 14 janvier : Forum Opéra – Die Entführung aus dem
Serail, Conférence de Pierre Michot. Salon Alice Bailly
de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (Billets en ligne et infos
: www.opera-lausanne.ch)
Pour passer naturellement des passages parlés à
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à vienne
Fortunes diverses
Depuis qu'il a pris la direction du Staatsoper de Vienne, Dominique Meyer a
commencé à concrétiser un de ses vieux rêves : reconstituer un ensemble
spécialisé dans l'interprétation des chefs-d'œuvre mozartiens comme ce fut le
cas dans l'immédiat après-guerre où les meilleurs spécialistes du genre se
passaient le témoin à une cadence accélérée. En trois ans, il a déjà renouvelé
les présentations scéniques de quatre opéras. Cet automne, une nouvelle
production d'Idomeneo marquait la cinquième étape de ce marathon. il ne
reste donc plus que Cosi fan tutte et L'Enlèvement au Sérail à rhabiller
prochainement avant de pouvoir mettre sur pied un véritable festival Mozart...
Idomeneo, une affaire plutôt tiède
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Idomeneo est un opéra problématique; la
musique est certes géniale de bout en bout, mais
la forme en reste aléatoire car Mozart lui-même
semblait indécis sur les choix esthétiques à opérer. Deux versions coexistent en effet avec, pour
le rôle d'Ilia, le choix entre un ténor et un
mezzo-soprano (ou éventuellement hautecontre). De plus, divers airs ont été récrits pour
les adapter aux caractéristiques vocales des
Michael Schade est «Idomeneo»
© Wiener Staatsoper / Michael Pohn
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chanteurs engagés à l'époque et les coupures
pratiquées notamment dans le dernier acte,
d'une durée de plus d'une heure, ont souvent été
réalisées sans ménagement pour l'équilibre des
morceaux musicaux.
Cet automne, à Vienne, on a opté pour la
version 'traditionnelle' avec un mezzo-soprano
dans le rôle d'Idamante; de plus, certaines pièces musicales ont été reprises d'autres moutures.
Quelques coupures gérées avec soin (la plus
douloureuse concerne l'air d'Arbace) permettent
même de réduire le temps de représentation à une durée de trois heures,
entractes compris... Cela n'a pourtant
pas suffi à assurer le succès de ce
spectacle; car s'il est superbe esthétiquement, sa mise en œuvre musicale
s'avère particulièrement soporifique
par la faute d'une direction d'orchestre qui ne se soucie pas assez du théâtre. A la tête d'un orchestre pourtant
bine disposé, Christoph Eschenbach
aborde en effet les divers airs et
ensembles avec un respect de la lettre
qui s'avère paralysant, même si un tel
parti pris interprétatif permet à l'auditeur attentif de détailler les nombreuses surprises heureuses qu'a ménagées le compositeur dans l'instrumentation et la ligne de chant des divers
personnages.
La distribution, constituée essentiellement de voix jeunes à l'orée
d'une belle carrière, ne parvient pas à
l'accompagnement
transcender
instrumental par le seul mérite du
chant et se contente d'effeuiller les
airs avec une minutie exemplaire.
Ainsi Chen Reiss en Ilia séduit-elle
par la pure beauté sonore de ses
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accents tragiques mais elle reste en-deçà d'un
rôle qui exigerait d'elle un engagement d'une
autre envergure. Margarita Gritskova parvient,
elle, à rendre sensible le conflit qui l'habite tant
la voix est riche de nuances mais la grande
scène du sacrifice, prise sur un rythme très lent,
la pousse au bout de ses possibilités. Maria
Bengtsson se démène avec ardeur en Elettra
sans parvenir à tirer de son soprano curieusement léger pour ce rôle les effets nécessaires à
rendre bouleversante sa grande scène de folie.
Michael Schade, le seul vétéran de la distribution, campe un Idomeneo magnifique, scéniquement crédible et musicalement impérial.
Excellents comme à son habitude, le chœur se
voit presque systématiquement relégué à l'arrière-plan et ne trouve pas dans ce spectacle une
tâche adaptée à ses réelles capacités. On pourrait en dire de même des artistes chargés d'emplois secondaires qui sont ici contraints de faire
de la pure figuration.
La mise en scène de Kasper Holten semble
avoir voulu se mettre au diapason de la direction d'orchestre. Dans un décor d'une beauté
fascinante, les personnages se meuvent au
ralenti, comme empêtrés dans des costumes qui
les privent de véritable liberté d'action. Le spectateur a beau lire dans le programme de la soirée que le décorateur et le metteur en scène ont
voulu dépoussiérer l'intrigue pour mettre en
exergue ses composantes psychologiques, il a
surtout l'impression d'assister à un concert
costumé... (Représentation du 16 octobre)
Une Alcina de rêve
Au Theater an der Wien, l'affiche proposait
une version de concert d'Alcina, sans conteste
un des plus grands chefs-d'œuvre lyriques de
Haendel. La qualité du jeu instrumental de
l'English Concert, placé sous la direction de son
chef attitré Harry Bicket et l'engagement sans
réserve d'une distribution composée avec soin
ont rapidement fait oublier l'absence de spectacle et suscité un tonnerre d'applaudissements
après une soirée longue de plus de quatre heures. Le projet artistique servait d'abord à présenter au public viennois la cantatrice américaine
Joyce DiDonato dans un de ses grands rôles.
Cette venue était d'autant plus attendue que la
chanteuse n'arpente pas fréquemment les planches de l'institution lyrique phare de la capitale
autrichienne. De fait, son interprétation vibrante mais admirablement contrôlée a subjugué dès
le premier air: la vocalise et l'ornementation
sont à la fois audacieuses et signifiantes, chaque
accent déplacé ou chaque note ajoutée donnant
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un relief soudain et inattendu à tel mouvement
de l'âme ou tel changement d'humeur. La voix
se déploie avec facilité dans l'aigu sans perdre
une once de sa carnation et le grave, comme on
s'y attendait, se révèle d'une rondeur quasi
voluptueuse. Face à cette interprétation d'une
noblesse olympienne, le reste de la distribution
n'a eu aucune peine à s'imposer à l'attention des
auditeurs, même dans les rôles sacrifiés que
sont ceux de Melisso (un Woitek Gierlach plein
d'une mâle assurance) et d'Oberto (confié au
soprano cristallin d'Anna Devin). En Ruggiero,
Alice Coote rappelle qu'elle est une des plus
grandes interprètes du rôle titre de Giulio
Cesare du même auteur: l'émission est claire et
tranchante, le phrasé d'une remarquable longueur pour affronter les interminables chaînes
de vocalises qui parsèment le profil de sa
musique alors que la fourchette de nuances
expressives semble insondable, comme renouvelée à chaque moment dramatique majeur.
Sonia Prina en Bradamante est à peine moins
spectaculaire en dépit d'un timbre plus ingrat
qui a tendance à s'assécher dans les passages
rapides; l'aplomb vocal dont elle fait preuve
reste néanmoins celui d'une toute grande interprète baroque!... Anna Christy, enfin, déploie
toute sa rouerie en Morgana, un personnage
auquel elle prête son timbre fruité et délicatement couronné d'un aigu sur le fil du souffle qui
emplit le théâtre et parvient à réduire au silence
les toux les plus acariâtres! Une soirée à marquer d'une pierre blanche... (Concert du 17
octobre)
Iphigénie en double
Après avoir présenté Iphigénie en Tauride
en 2010 et Iphigénie en Aulide en 2012 dans des
versions à peu près complètes, le théâtre a décidé de remettre à l'affiche une mouture condensée de ces deux ouvrages pour marquer le tricentenaire de la naissance d'un compositeur trop
souvent laissé de côté dans les programmes des
maisons d'opéras actuelles.
Les ciseaux des responsables de cette adaptation ont été très actifs dans la première partition, dont il ne reste qu'une petite heure de
musique, alors que celle d'Iphigénie en Tauride
est intégralement respectée, si l'on excepte le
rejet de quelques répétitions inutiles dans les
chœurs ou dans les airs da capo ainsi que l'émondage impitoyable de certains récitatifs
jugés inutilement longs.
Sceptique en entrant dans la salle, le spectateur se laisse vite gagner par la pertinence du
propos de Torsten Fischer dont la mise en scène
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« Iphigénie en Aulide et Tauride» avec Rainer Trost (Pylade), Christoph Pohl (Thoas), véronique Gens
(Iphigénie), Stéphane Degout (Oreste) & Arnold Schoenberg Choir © Armin Bardel
actualise le propos sans lui faire violence. Il faut
dire que l'actualité de cette fin d'année 2014 a
dramatiquement remis au goût du jour les sacrifices humains, les tortures cautionnées par la
politique et toutes sortes de barbaries atroces et
révoltantes perpétrées pour de 'nobles' motifs!...
Le spectacle ne se départit heureusement pas
d'une stylisation bienvenue, laissant au texte et
à la musique le soin d'exprimer les sentiments
que de telles orgies sanglantes ne doivent manquer de susciter. Les costumes évoquent en un
premier temps un monde où la convention règne
en maîtresse (costumes noirs et chemises blanches pour les hommes, robes amples et seyantes
pour les femmes) avant de sombrer dans les
horreurs de la guerre (T-shirts ensanglantés et
haillons souillés deviennent la règle pour tout le
monde). Meurtres et violences physiques autant
que psychologiques sont à peine esquissés par
une gestuelle d'une discrétion qui en renforce la
puissance évocatrice tout en sous-tendant avec
une troublante précision le discours musical du
compositeur.
La distribution est, une fois de plus, grandiose et nous régale même d'une prononciation
française du texte qui ferait honneur à un théâtre de l'Hexagone à quelques petites exceptions
près. Véronique Gens, dans le double rôle de
Diane (en Aulide) et d'Iphigénie (en Tauride)
déverse ses accents bouleversants sur un public
médusé qui découvre en elle à la fois une grande tragédienne par le jeu scénique et une incom-
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parable artiste lyrique par l'art qu'elle met à faire
un sort à chaque mot sans se départir d'un naturel confondant. Stéphane Degout en Oreste et
Rainer Trost en Pylade se hissent au même
niveau d'excellence et transforment leurs longs
lamentos en moments d'une rare intensité dramatique qui prend à la gorge. Dans les rôles
d'Iphigénie en Aulide et de Diane en Tauride,
Lenneke Ruiten peine par contre à s'imposer par
la faute d'une voix trop légère et trop prudemment conduite. Christoph Pohl, dans le double
rôle d'Agamemon et Thoas, évite le piège de la
surcharge : son chant admirablement différencié
rend admirablement sensible la fragilité psychologique de ces deux tyrans qui sont finalement
les premières victimes de l'arrogance qu'ils affichent face à leurs sujets. Michelle Breedt, une
Clytemnestre bouleversante de vérité dramatique, et Maxim Mironov, un Achille au chant
tendu mais toujours souple et charmeur, complètent ce plateau royal où les choristes de
l'Arnold Schœnberg Chor font également honneur à leur réputation : il faudrait en effet aller
loin pour entendre une formation entonner avec
une telle précision les dessins mélodiques subtilement imbriqués des séquences chorales ardues
que le compositeur leur a réservées.
(Représentation du 18 octobre)
Eric Pousaz
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à marseille
Moïse et Pharaon
il fallait oser et l’Opéra de Marseille l’a fait : monter
Moïse et Pharaon, cette merveille d’opéra trop rarement
proposé, en version de concert à défaut d’une mise en
scène. La représentation, certes imparfaite, reste toutefois
plus que réjouissante !
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Depuis 1983 et la mythique série au Palais Garnier à Paris (Ramey,
Gasdia, Verrett), on ne se souvient plus à vrai dire d’une scène hexagonale qui aurait repris le titre. C’est plus en Italie que les amateurs se sont
déplacés ces dernières années, par exemple à Pesaro en 1997 ou Milan en
2003 où Riccardo Muti tenait la baguette (il existe une captation en DVD
TDK). Déjà protagoniste de l’édition milanaise, la basse Ildar Abdrazakov
(Moïse) est vocalement tout aussi solide, et sa prononciation du français
est sensiblement meilleure. Avec son autorité naturelle, la projection des
aigus est impressionnante, tandis que l’extrême grave reste un peu moins
exprimé que chez un Samuel Ramey par exemple. Présente aussi à ses
côtés en 2003 et fréquentant depuis quelques rôles plus lourds (Amneris,
Eboli, …), Sonia Ganassi (Sinaïde) est une autre triomphatrice de la soirée, son chant large étant habité, engagé, souvent électrisant. En prise de
rôle ce soir, Annick Massis (Anaï) ne paraît pas au meilleur de sa forme :
en première partie les aigus filés sont exquis mais après l’entracte les traits
d’agilité ne passent pas toujours avec la fluidité qu’on lui connaît d’ordinaire. L’autre rôle-titre, Jean-François Lapointe (Pharaon) semble égaré
dans ce répertoire, sans style adéquat, et ce ne sont pas ses quelques aigus
énormes qui rattrapent l’inconfort récurrent du registre grave. Le ténor
Philippe Talbot (Aménophis) a la lourde tâche de défendre un emploi
d’une extrême difficulté, et il s’en tire bien plus qu’honorablement avec
ses moyens naturels très élégants, qui manquent cependant d’un peu d’épaisseur dans le medium et d’éclat dans l’aigu pour être totalement enthousiasmants. Le second ténor Julien Dran (Eliézer) est quant à lui complète-
Ildar Abdrazakov © Dresse
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ment convaincant, montrant une remarquable extension vers l’aigu, dans
un rôle certes beaucoup moins exposé. Les courtes et très sonores interventions de Nicolas Courjal (Osiride / Une voix mystérieuse) sont de
grands moments, on remarque également le style raffiné du troisième
ténor Rémy Mathieu (Aufide), tandis que la voix de Lucie Roche (Marie)
est volumineuse mais de placement et d’intonation perfectibles. Le chef
Paolo Arrivabeni dirige fermement et avec sérieux l’orchestre et le chœur,
tout en donnant vie à l’action… pourtant limitée dans cet ouvrage qui tire
vers l’oratorio ! Il faut souligner enfin l’excellence de la diction de l’ensemble des solistes, parfois un peu moins claire chez les choristes positionnés en fond de plateau, qualité absolument essentielle pour pénétrer et
vivre pleinement cet opéra.
François Jestin
Rossini : MOÏSE ET PHARAON – le 8 novembre 2014 à l’Opéra de Marseille
à nice
Turandot
Une salle archicomble pour cette première production
scénique de la saison, avec un public italien venu en voisin
et en force.
Le chef Roland Böer impulse une nuance très marquée – très « pesante » diraient les Transalpins – aux premières mesures, d'un tempo ralenti
en tout cas. Par la suite cette première impression s'estompe, il donne du
relief à la musique, avec une énergie décuplée sur les passages aux cuivres et percussions, et il semble s'épanouir pleinement après la mort de Liù
dans la version ici du finale composé par Luciano Berio en 2002. Les
chœurs sont sonores, mais on relève d'infimes décalages sur les attaques
entre les pupitres et par ailleurs le groupe d'enfants manque de cohésion.
Ce n'est pas le rôle-titre qui marque le plus, il est vrai que la soprano Irina
Rindzuner sort des aigus tranchants à pleine puissance, mais
elle se montre bien moins assurée voire plutôt absente dans
le medium et détimbre dans le grave lors des énigmes. Le
ténor Alfred Kim (Calaf) chante de manière nettement plus
homogène, lançant de glorieux aigus et suraigus (« No, no,
Principessa altera, ti voglio ardente d’amore ! »), même si
le bas medium sonne plus granuleux. Ilia Papandreou (Liù)
au vibrato déjà très développé est peu convaincante, émettant parfois des notes bien plus fixes que piani, et la basse
Mattia Denti (Timur) restera encore moins dans les mémoires, insuffisamment stable et sans grand charisme. Aux côtés
de Roberto Covatta (Pang) et Alexander Kravets (Pong),
c'est le baryton Alexandre Duhamel (Ping) qui remporte la
palme haut la main, le timbre le plus beau et le plus sain
entendu ce soir, tandis que Massimo La Guardia (Altoum)
possède la voix du rôle, vieillie et chevrotante jusqu'à la
bonne limite.
La mise en scène de Federico Grazzini s'appuie fortement sur les décors très géométriques et symétriques
d'Andrea Belli : un plateau tout noir et un niveau de balcon
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en demi-cercle où se positionnent Altoum et les choristes. Les vidéos de
Luca Scarzella projetées au fond et en hauteur (on imagine que de nombreux spectateurs n'ont pas vu grand-chose...) sont de belle qualité technique mais parfois attendues, comme la lune qui se transforme par un
Alfred Kim (Calaf) © Jaussein
fondu enchaîné en visage de Turandot. On apprécie l'entame du 2ème acte
lorsque Ping, Pang, Pong déplacent des boules figurant les visages aux
traits renfrognés des malheureux prétendants décapités, mais moins par
exemple les savants qui tournent sur eux-mêmes – façon derviches tourneurs en frisant le ridicule – à chaque énigme résolue par Calaf.
chef Laurent Campellone parvient à donner du caractère à la musique,
souvent sensuelle voire émouvante, même si certains passages sont moins
convaincants, comme la valse de Juliette « Je veux vivre », vraiment trop
peu tourbillonnante. Jeunes et parfaitement crédibles scéniquement, les
deux amoureux véronais laissent l’auditeur sur leur faim,
la plus grande frustration venant de Paolo Fanale
(Roméo), ténor délicat et élégant, mais en déficit important de volume sonore pour parvenir à produire un impact
significatif dans ce rôle qui demande des moyens bien
plus consistants. Anne-Catherine Gillet (Juliette) chante
avec agilité et une diction superbement ciselée, se montrant touchante malgré un vibratello dont il faut s’accommoder et deux ou trois aigus émis avec une curieuse brutalité. Les rôles secondaires apportent de nombreuses
satisfactions, comme Lionel Lhote (Mercutio) qui projette vaillamment, ou le ténor Christophe Berry (Tybalt)
dont le timbre clair porte sans problème, si bien qu’on
finit par se demander s’il ne défendrait pas mieux le premier rôle... Carine Séchaye (Stéphano) est une mezzo
énergique voire électrique, qualité beaucoup moins présente chez Marcel Vanaud (Comte Capulet) dont la voix
est de plus en plus usée et les aigus très précautionneux
voire souvent éteints. La basse Jean Teitgen (Frère
Laurent) sonne très autoritaire et c’est un vrai plaisir d’entendre la courte intervention de Philippe Rouillon (Duc de Vérone) en fin
du III. La mise en scène de Jean-Louis Grinda est extrêmement classique
dans les décors d’Eric Chevalier à dominante de briques dans les tons
rouge et blanc, sur fond de toiles peintes. Seule originalité, Juliette n’attend pas son amoureux sur son balcon au II, mais marche sur une plateforme inclinée au centre du plateau alors que se détachent au fond des arbres noirs au clair de lune.
François Jestin
Puccini : TURANDOT – le 14 novembre 2014 à l’Opéra de Nice
François Jestin
Gounod : ROMEO ET JULiETTE – le 16 novembre 2014 à Monte-Carlo – Forum
Grimaldi
à monte-carlo
Roméo
et Juliette
L’Opéra de Monte-Carlo propose le
Roméo et Juliette de Gounod dans une
mise en scène réglée par son directeur
Jean-Louis Grinda, en coproduction
avec l’Opéra de Gênes où le spectacle a
été monté en 2012.
Il faut reconnaitre à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo une qualité assez exceptionnelle, ne serait-ce qu’à l’écoute du sublime
petit ensemble de cordes qui ouvre l’acte IV. Le
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Paolo Fanale, Jean Teitgen et Anne-Catherine Gillet © Opéra de Monte-Carlo
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gran teatre del liceu, barcelona
à bruxelles
Le Teatro del Liceu n'avait pas encore accueilli la Traviata
de Verdi élaborée par David McVicar. Deux saisons après
les Genevois, les Barcelonais ont enfin pu apprécier cette
remarquable production portée le dimanche 26 octobre
par une distribution étincelante, conduite par le maestro
Evelino Pido qui faisait ses débuts sur la scène catalane.
La Monnaie de Bruxelles entend commémorer à sa
manière la Première Guerre mondiale, avec Shell Shock. il
s’agit d’une création mondiale, commande au compositeur
Nicholas Lens sur un livret de Nick Cave et une mise en
scène de Sidi Larbi Cherkaoui. Un opéra grave, comme le
veut le sujet, traité avec imagination.
Coproduite par plusieurs grandes maisons d'opéra (1), la Traviata signée
McVicar poursuit son chemin pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Respectueux comme il l'a rarement été, le metteur en scène écossais qui nous
a habitué à de décapantes relectures, a choisi de traiter le drame avec rigueur,
goût et dans le plus pure classicisme. Comme Visconti avant lui, McVicar a
repoussé l'action pour permettre à Violetta de porter des robes à tournures et
de montrer autour d'elle cette bourgeoisie fin de siècle avide de luxe et de
débauche. Si le noir domine au 1er acte, en écho à l'image d'Alfredo venu se
recueillir sur la tombe de sa bien aimée, sépulture qui s'avère être le sol sur
lequel va se rejouer l'histoire, le second est baigné de blanc, couleur du camélia, Violetta apparaissant en rouge chez Douphol, avant de rendre l'âme dans
son appartement plongé dans la pénombre. Avouons humblement que l'on a
rarement assisté à représentation plus élégante et cohérente depuis longtemps,
chaque personnage trouvant sa place dans un décor sobre et étudié, chaque
situation venant éclairer ou répondre à une scène ou à un élément évoqué précédemment. Patrizia Ciofi (en alternance avec Elena Mosuc) prouve une nouvelle fois que Traviata est le rôle de sa vie. Elle connait si bien le personnage
qu'elle se confond avec lui, offrant au public une prestation d'une intensité
inouïe. Sa Violetta qui
vient à l'amour alors
qu'elle n'y croyait plus,
qui accueille le fougueux
Alfredo comme une promesse de bonheur, voit
d'abord la maladie reculer. Mais l’amour fait
mal, surtout lorsque la
morale impitoyable d'un
homme, en l'occurrence
Patrizia Ciofi dans «La Traviata» © A Bofill
Germont père, vient y
mettre un terme. La courtisane retrouve alors son ancienne vie, avant d'être
conspuée et de s'en aller mourir comme une reine partant à l’échafaud.
Ahurissante tragédienne, Ciofi se donne sans limite, faisant de son apparente
fragilité une arme, habitant chaque mot, chaque expression, investissant toute
la gamme des émotions, transformant chacune de ses apparitions en véritables
moments de théâtre ; ses échanges avec Germont et ses adieux à Alfredo au
deuxième acte touchent au sublime, tandis que ses derniers instants donnent la
chair de poule, notamment l'Addio del passato, sommet absolu de la soirée.
Charles Castronovo lui donne une réplique de très haut niveau, le ténor aussi
beau que talentueux possédant une belle identité vocale et défendant avec
conviction son personnage trop souvent relégué au rang de faire-valoir.
La formule est déjà originale, qui fait se succéder une suite de « cantos », ou chants évocateurs, dévolus à des personnages typiques, pour ne pas
dire allégoriques, de la Grande Guerre. Soient : le Soldat, l’Infirmière, le
Déserteur, le Survivant, l’Ange de la Mort, le Soldat tombé à la guerre, les
Disparus, le Soldat inconnu, la Mère, les Orphelins. À travers douze « cantos », ou monologues lyriques soutenu par le chœur et l’orchestre. La ligne
de chant se veut ainsi individualisée, appropriée à chaque tessiture et chaque
personnage, entre arioso, semi-parlé et lyrisme. Sans « rebrousse-chant », et
sans prendre les voix à contre-emploi. Une sorte de vaste cantate, où les horreurs de la guerre sont dénoncées au-delà de tout parti-pris. Puisque pour ce
« Requiem de guerre » (A Requiem of War), sous-titre de l’opéra, l’évocation tient place de l’action (absente), sur un texte en anglais qui dit assez son
caractère transnational. Le titre lui-même, Shell Shock, vient d’un terme qui
désignait le syndrome des tranchées, état psychologique et physique des soldats soumis aux intenses bombardements, partagé de part et d’autre.
La musique de Lens joue de changements de climats, entre moments
doux et exacerbés, ostinatos, tenues de cordes et percussions, entre tonalité
et atonalité. La linéarité ou l’uniformité, qui pouvait gagner cette suite de
déclamations, est évitée. Pour autant, on ne saurait parler d’une inspiration
immanente, de celles propres à s’inscrire dans les mémoires et le temps. Du
beau travail, en quelque sorte, mais qui ne renouvelle pas le terrain lyrique
déjà surchargé de l’opéra contemporain.
Il fallait tout le talent de Cherkaoui pour tirer substance de ce qui n’est
pas une action théâtrale. Le chorégraphe et metteur en scène choisit pour
décor un praticable en paliers, qui se déplient, se replient ou s’occultent, sur
lequel se plaquent des images fortes. Celles-ci s’apparentent à des tableaux
vivants, assez statiques, pour les personnages et leurs évocations. Avec des
costumes et uniformes puisés à tout l’attirail de cette sinistre guerre ; où se
reconnaissent vêtures et parements français, britanniques, belges, portugais,
allemands, autrichiens… sans distinction et mêlés. Mais tout cela se complète de vifs mouvements dansés incessants et d’éclairages brusques et
changeants. Un magnifique spectacle, dans sa vision et son intention.
Le plateau vocal s’acquitte sans difficulté de sa tâche, au sein d’une
musique qui ne le met pas à mal, d’une animation qui le sert et de l’acoustique favorable de l’Opéra de la capitale belge. Claron McFadden, Sara
Fulgoni, Gerald Thompson, Ed Lyon et Mark S. Doss, dans les personnages
(on n’ose dire les rôles) principaux, sont parfaitement à leur place, vocalement comme scéniquement. Le Chœur et l’Orchestre de la Monnaie ne présentent aucune faille, sous la direction méticuleuse de Koen Kessels. Le
public qui s’écrase jusqu’au dernier strapontin, chose tout à fait remarquable pour un opéra contemporain, réserve un triomphe final mérité.
François Lesueur
Pierre-René Serna
La Traviata
30
Shell Shock
(1) Glasgow, Cardiff, Madrid
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GIUSEPPE VERDI
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TRAVIATA
LA
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
JANVIER
VE 9 – LÉO OU VOYAGE AU PESANT-PAYS de Gaëtan de Camaret
VE 16 – ORPHELINS de Dennis Kelly
ME 21 À DI 25 – OH ! FESTIVAL ART VIVANTS VALAIS WALLIS 2015
JE 29 & VE 30 – LE ZAPPING DE YANN LAMBIEL Humour
FÉVRIER
MA 3 – MACBETH de Shakespeare
SA 7 – COMME TOI-MÊME d’Olivia Seigne et Alexandre Vogel
à Sierre
MA 10 – L’AMI DES BELGES de Jean-Marie Piemme Comédie
DI 15 – NATHALIE STUTZMANN contralto
& INGER SÖDERGREN piano
MA 24 – 2H14 de David Paquet
o p é r a
genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s La Grande Duchesse de Gerolstein
(Villard-Pelly) – 15, 17, 19, 21, 23,26,
29, 31 déc.
s Le Petit prince (van Beek-Baur) – 6,
7, 8, 9, 10 janv. (au BFM)
s Iphigénie en Tauride (HaenchenHemleb) – 25, 27, 29, 31 janv.
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s La Veuve joyeuse (DiederichSavary) – 21, 23, 28, 30, 31 déc.
s Die Entführung auf dem Serail
(Gendre-Ryser) – 16, 18 janv,
zurich
32
Opernhaus (044.268.66.66)
s Die Zauberflöte (Meister-Gürbaca)
– 7, 10, 13, 18, 20, 23, 26, 28 déc., 3,
7, 11 janv,
s Robin Hood (Zlabinger-Brown) –
20, 28 déc., 1er, 2, 10, 30 janv.
s Die Frau ohne Schatten (LuisiPountney) – 6 déc.
s Luisa Miller (Rizzi-Michielotto) – 16,
19, 21, 27, 30 déc,
s La Cenerentola (Andretta-Lievi) –
31 déc., 4, 9, 11, 15 janv.
s Le Nozze di Figaro (NanasiBechtolf) – 10, 16, 18, 24 janv.
s Tristan und Isolde (Fiore-Guth) –
25, 29 janv.
s Norma (Luisi-Wilson) – 31 janv.
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s La Clemenza di Tito (RhorerPosalydes) – 10, 12, 14, 16, 18 déc.
s Niobe, Regina di Tebe (O'Dette) –
24 janv.
s Guillaume Tell (Gelmetti) – 31 janv.
Châtelet (01.40.28.28.40)
s An American in Paris (FischerWheeldan) – 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 23,
24, 26, 27, 28, 30, 31, déc. 1er, 2, 3,
4, janv.
Opéra Comique (0.825.01.01.23)
s La Chauve-souris (MinkowskiAlexandre) – 21, 23, 25, 28, 30 déc.,
1er janv.
s Les Fêtes vénitiennes (ChristieCarsen) – 26, 27, 29, 30 janv.
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s La Bohème (Elder-Miller) – 2, 4, 6,
9, 11, 13, 15, 18, 21, 23, 26, 28, 30
déc.
s Don Giovanni (Altinoglu-Haneke) –
15, 20, 23, 25, 28 janv.
s Ariadne auf Naxos (SchoenwandtPelly) – 22, 27, 31 janv.
Garnier :
s Hänsel und Gretel (Abel-Clément) –
1er, 4, 9, 11, 14, 16, 18 déc.
s Die Entführung aus dem Serail
(Jordan-Breitman) – 21, 24, 26, 29
janv.
avignon
Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40)
s Mireille (Guingal-Fortune) – 2 déc.
s La Belle Hélène (Trottein-Savary) –
27, 28, 31 déc.
s Don Pasquale (Fores-Veses- Cigni)
– 25, 27 janv.
dijon
Opéra (03.80.48.82,82)
s Katia Kabanova (Veselka-Joyeux) –
20, 22, 24 janv.
lyon
Opéra (0826.30.53.25)
s Rusalka (Chudowsky-Herheim) –
15, 17, 19, 21, 23, 27, 29 déc.
s Idomeneo (Karsten-Kusej) – 23, 25,
27, 29, 31 janv.
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s L'Elisir d'amore (Rizzi BrignoliBernard) – 23, 27, 31 janv., 2, 4 janv.
s Les Caprices de Marianne
(Schnitzler-Tomas) – 29, 30, 31 janv.
montpellier
Opéra National (04.67.60.19.99)
s Idomeneo (Rouland-Courrège-longue) – 26, 28 déc., 4, 6, 8 janv.
nice
Opéra (04.92.17.40.79)
s Peter Grimes (Ferrandis-Adam) –
18, 20, 22, 24 janv.
strasbourg
Opéra National du Rhin
(03.89.36.28.28)
s La Vie parisienne (SchnitzlerKoeken) – 13, 15, 21, 23, 26, 27, 30
déc. 17. 18 janv. à Mulhouse)
toulouse
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13)
s Dona Francisquite (Caballe-Sagi)
– 21, 23, 25, 26, 28, 30, 31 déc.
s Tristan und Isolde (Flor-Joel) – 28
janv
amsterdam
De nederlandse Opera
(31.20.62.55.456)
s La Bohème (Palumbo-Andrews) –
4, 10, 13, 16, 19, 22, 25, 28, 30 déc.
s Il Viaggio a Reims (MontanariMichieletto) – 20, 22, 25, 27, 29
janv.
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Don Giovanni (MorlotWarlikowski) – 2, 4, 7, 9, 11, 14, 16,
18, 20, 23, 26, 28 déc.
s Fierrabras (Fischer) – 21, 24 janv.
s Tamerlano (Rousset-Audi) – 27,
29, 31 janv.
s Alcina (Rousset-Audi) – 28, 30
janv.
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s I Puritani (Valton-Livermore) – 28,
barcelone
Liceu (34.934.85.99.13)
s Maria Stuarda (Benini-CaurierLeiser) - 19, 21, 23, 27, 29, 30 déc., 2,
3, 7, 8, 10 janv.
s Una voce in off/La Voix humaine
(Gonzalez-Azorin) – 18, 20, 22 janv.
madrid
30 janv.
milan
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
s Fidelio (Barenboim-Warner) – 7, 10,
13, 16, 20, 23 déc.
s Die Soldaten (MetzmacherHermanis) – 17, 20, 25, 27, 31 janv.
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s Death in Venice (Perez-Decker) – 4,
7, 11, 14, 17, 19, 23 déc.
s Roméo et Juliette (Plasson) – 16,
20, 26 déc.
s Hänsel und Gretel (Daniel-Pelly) –
20, 22, 24, 27, 30 janv.
rome
londres
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s Goyescas/Suor Angelica (RenzettiDe Rosa) – 15, 18, 20, 23, 25 janv,
ROH (0044/207.304.4000)
s L'Elisir d'amore (Rustioni-Pelly) – 4,
9, 13 déc.
s Tristan und Isolde (Pappano-Loy) –
5, 8, 11, 14, 17, 21 déc.
s Un Ballo in maschera (Oren-Thoma)
– 18, 22, 30 déc., 2, 6, 13 janv.
s Andrea Chénier (Pappano-McVicar)
– 20, 23, 26, 29, 31 janv.
bologne
Teatro Comunale (39/051.61.74.299)
s Lady Macbeth de Mzensk (PankinBerkman) – 4, 5, 6, 7, 9, 10 déc.
s Un Ballo in maschera (MariottiMichielotto) – 11, 13, 14, 15, 16, 17,
18 janv.
Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55)
s Rusalka (Gullbert Jensen-Krief) – 2,
4, 7, 10, 12, 14 déc.
s Werther (Lopez Cobos-Decker) –
18, 21, 23, 25, 27, 29 janv.
turin
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s Simon Boccanegra (Chung-De
Rosa) – 2, 4, 6 déc.
s La Traviata (Matheuz-Carsen) – 5, 7
déc.
s I Capuletti e I Montecchi (WellberBernard) – 14, 15, 16, 18, 20 janv.
s Il Signor Bruschino (Morassi) – 23,
25, 27, 29, 31 janv.
s L'Elisir d'amore (Wellber-Morassi) –
30 janvi.
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s La Traviata (Chung-Sivadier) – 5, 8,
Teatro del Maggio Musicale
12, 16 déc.
(39/056.27.79.350)
s La Cenerentola (Lopez Coboss Falstaff (Mehta-Ronconi) – 2, 4, 7, Bechtolf) – 6, 10, 14 déc.
9, 12 déc.
s Arabella (Schirmer-Bechtolf) – 9,
13, 18, 21 déc.
s Rigoletto (Chung-Audi) – 20,
23, 27, 30 déc., 2 janv
s Die Zauberflöte (FischerLeiser) – 25, 28 déc., 4, 7, 11
janv
s Die Fledermaus (LangeSchenk) – 31 déc., 1er, 3, 5
janv.
s Il Barbiere di Siviglia
(Güttler-Rennert) – 8, 12 janv.
s Tristan und Isolde (SchneierMcVicar) – 10, 14, 18 janv.
s Salome (Young-Barlog) – 15,
19, 23, 27 janv.
s La Dame de pique (LetonjaNemirova) – 16, 20, 24, 28 janv.
s Simon Boccanegra (AuguinStein) – 21, 25, 29 janv.
s Madama Butterfly (AuguinGielen) – 26, 30 janv.
s Tosca (Armiliato-Wallmann) –
Massimo Cavalletti sera Marcello de «La
31 janv.
Bohème» à l’Opéra d’Amsterdam en décem-
florence
bre © Giacomo Belluomini
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Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Rinaldo (Dubrowsky-Lutz) – 4, 6,
10, 12, 14, 16, 21, 22, 28, 30 déc.
s La Straniera (Arrivabeni-Loy) – 14,
16, 18, 20, 22, 24, 26, 28 janv.
s Cinq-Mars (Schirmer) – 27 janv.
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Carmen (Lacombe-Schuhmacher) –
2, 8 déc.
s Die Zauberflöte (Gnann-Krämer) –
6, 30 déc., 3, 17 janv.
s Falstaff (Solyom-Loy) – 4, 11 déc.
s Tannhäuser (Kober-Harms) – 7, 13
déc.
s Turandot (Repusic-Fioroni) – 12, 19
déc.
s Der Rosenkavalier (RunniclesFriedrich) - 14, 17, 20 déc.
s Lohengrin (Runnicles-Holten) - 21,
s Faust (Hussain-Wiegand) – 4, 6
déc.
s De la Maison des morts (RattleChéreau) – 7, 10, 13, 17, 21 déc.
s Candide (Marshall-Boussard) – 19,
26 déc.
s Die Zauberflöte (Soltesz-Everding)
– 23, 25, 27 déc., 4 janv.
s Tristan und Isolde (BarenbimKupfer) – 28 déc.
s Mahagony (Marshall-Boussard) –
16, 23, 25, 31 janv.
s Der Freiscütz (Weigle-Thalheimer)
– 18, 21, 24, 30 janv.
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s West side story (Shoots-Kosky) – 3,
12, 13, 20, 23, 28 déc., 9, 14, 15 janv.
s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – ,
19, 26 déc., 16, 22 janv.
s La Belle Hélène (Nanasi-Kosky) –
11, 31 déc., 2, 18, 23 janv.
s Das Gespenst von
Canterville
(PoskaHadziametovic) – 4, 7, 26
déc.
s Don Giovanni (NanasiFritsch) – 6, 14, 17, 25 déc.,
11 janv.
s Clivia (Tietje-Huber) – 27
janv.
new york
Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s La Bohème (FrizzaZeffirelli) – 1er, 5, 10, 13 déc.,
s Il Barbiere di Siviglia
(Mariotti-Sher) – 3, 6 déc.
s Die Meistersinger von
Nürnberg (Levine-Schenk) –
Sonya Yoncheva sera «La Traviata» au
2, 6, 9, 13, 17, 20, 23 déc.,
Metropolitan Opera les 14, 17, 21 et 24 jans Le Nozze di Figaro
vier © Javier del Real
(DeWaart-Eyre) – 4, 8, 12, 15,
20 déc.
s La Traviata (Armiliato-Decker) – 11,
25 déc.
16, 19, 22, 27, 30 déc., 7, 10, 14, 17,
s L'Elisir d'amore (Carter-Brook) - 22,
21, 24 janv.
29, 31 déc.
s Hänsel und Gretel (Davis-Jones) –
s La Traviata (Repusic-Friedrich) – 4,
18, 23, 27, 30 déc., 1er, 3, 8 janv.
8 janv.
s Aida (Armiliato-Frisell) – 26, 29
s Tosca (Runnicles-Barlog) – 15, 18
déc., 2, 5, 10 janv.
janv.
* Le Nozze di Figaro (Carter- s The Merry Widow (Davis-Stroman)
– 31 déc., 3, 6, 9, 13, 17, 20, 23, 28,
Friedrich) – 14, 24, 28 janv
s Lady Macbeth de Mzensk 31 janv.
(Runnicles-Tandberg) – 25, 29, 31 s Les Contes d'Hoffmann (Abel-Sher)
– 12, 16, 22, 27, 31 janv.
janv.
s Il Barbiere di Siviglia (Spaulding- s Iolantha /Le Château de BarbeBleue (Gergiev-Trelinski) – 26, 29
Thalbach) – 30 janv.
janv.
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Il Barbiere di Siviglia (HindoyanBerghaus) – 14, 18, 20, 30 déc., 2
janv.
s The Turn of the screw (BoltonGuth) – 5 déc.
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madrid
Saisons
Madrid, c’est essentiellement deux maisons lyriques :
le Teatro Real, ou l’Opéra à vocation internationale, et le
Teatro de la Zarzuela, ou l’art lyrique spécifique (avec
parfois d’autres incursions).
Teatro Real
Changements au Teatro Real, avec la nomination de Joan Matabosch
venu du Liceo de Barcelone, succédant à Gerard Mortier tristement disparu
récemment. La politique artistique risque de s’infléchir, moins audacieuse,
bien que cette saison affiche encore quelques créations contemporaines
(héritage certainement de la programmation conçue antérieurement).
Après la Fille du régiment en octobre/novembre, la saison se poursuit
avec : Death in Venice, de Britten (Decker/Pérez ; les 4, 7, 11, 14, 17, 19 et
23 décembre) ; Roméo et Juliette, de Gounod, en version de concert
(Plasson ; 16, 20 et 26 décembre) ; Hänsel un Gretel (Pelly/Daniel/Garcia
Rodriguez ; les 20, 22, 24, 27, 30 janvier, 1er, 3, 5 et 7 février) ; El publico,
opéra en création mondiale de Mauricio Sotelo (Castro/Heras-Casado ; les
24, 26 février, 1er, 4, 6, 9, 11 et 13 mars) ; La Traviata (McVicar/Palumbo ;
les 20, 21, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 avril, 2, 3, 5, 6, 7, 8 et 9 mai) ; Fidelio
(Fura dels Baus/Haenchen ; les 27, 30 mai, 2,
5, 7, 11, 14 et 17 juin) ; Goyescas/Gianni
Schicchi, un programme double certainement
conçu par Mortier, avec Woody Allen (!)
comme metteur en scène du Puccini (direction Carella) et Placido Domingo pour la
direction de l’opéra de Granados (mes
Gomez), les 30 juin, 3, 6, 9 et 12 juillet ; La
ciudad de los mentiros, création mondiale de
l’opéra d’Elena Mendoza (Rebstock/Engel ;
les 4, 5, 7, 8 et 10 juillet). Au sein de soirées
diverses, de petits spectacles, de concerts et
de ballets.
Teatro de la Zarzuela
Le baryton-basse Andreas
Wolf endossera le rôle du
Le Teatro de la Zarzuela conserve pour Directeur
lors de la création
de "El Público" en février
sa part son directeur, l’Italien Paolo
au Teatro Real
Pinamonti. Mais la programmation s’infléchit, plus internationale, même si les ouvrages lyriques sont offerts en espagnol. Un peu à l’image de l’ENO londonien. C’est ainsi qu’après Carmen
s’ensuivent : Los diamantes de la corona, classique zarzuela de Barbieri
(Plaza/Diaz ; jusqu’au 14 décembre) ; Lady be good, de Gershwin, couplé
avec Luna de miel en El Cairo, zarzuela fantaisiste de Francisco Alonso
(Sagi/Farell ; du 31 janvier au 15 février) ; la Grande Duchesse de
Gérolstein, d’Offenbach mais en espagnol (Pizzi/Soler ; du 13 au 28 mars) ;
Clementina, zarzuela baroque de Boccherini (Gas/Marcon ; du 6 au 16
mai) ; La dogaresa, zarzuela de Millan en version de concert (Soler ; 22 et
24 mai) ; La marchenera, zarzuela de Moreno Torroba également de concert
(Gomez Martinez ; 28, 29 et 31 mai). Entre différents autres spectacles, ballets, récitals et concerts.
Pierre-René Serna
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33
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saison lyrique en suisse alémanique
Floraison d'opéras
de chambre
Le hasard a voulu que trois ouvrages écrits pour des effectifs réduits se
trouvent à l'affiche des théâtres de Suisse allemande en cette fin d'automne.
Malgré l'apparente facilité de la tâche, aucune des productions proposées ne
sent pourtant l'économie, si bien que le succès public est au rendez-vous.
Zurich : Le mariage secret
34
Cimarosa a écrit bon nombre d'opéras
aujourd'hui tombés dans l'oubli. Mais ce n'est
pas le cas de ce Mariage secret, qui a su conserver une modeste place dans le répertoire des
théâtres lyriques du monde entier. Cet ouvrage
de ton léger a même permis au compositeur de
damer le pion à Mozart lui-même, dont les
Noces de Figaro, créées six ans plus tôt, n'ont
pas eu l'heur de plaire autant à l'empereur
d'Autriche Leopold II que cet dramma giocoso
au sujet bien innocent: ainsi, on raconte que le
soir de la première de ce Matrimonio segreto, la
troupe entière a été invitée à manger en compagnie des membres de la cour avant d'être priée
de bisser entièrement l'ouvrage en fin de soirée!
Un record pour le Guinness Book, en quelque
sorte...
La représentation zurichoise permet à l'institution de présenter quelques-uns de ses jeunes
chanteurs dans une mise en scène professionnelle avec le soutien des musiciens de
l'Orchestre de Chambre de Winterthur en fosse.
Elle se regarde comme une farce dont les traits
caricaturaux, grossis à l'envi, visent à susciter le
rire en évitant soigneusement de donner
quelque profondeur à des personnages fantoches qui peinent à nous intéresser vraiment. Une
fois admis le principe de base adopté par
Cordula Däuper dans sa mise en scène et par
Ralph Ziegler, son décorateur, le spectacle fonctionne comme une machine aux rouages bien
huilés. Sur le plateau tournant, une maison de
poupées occupe tout l'espace; ses diverses pièces et escaliers sont encombrés d'éléments
décoratifs issus de livres d'enfants, comme ces
peluches géantes qui se mêlent même directement à l'action. Les comportements des chanteurs obéissent eux aussi à une logique de théâtre guignol et ne laissent aucune chance aux
artistes d'exprimer un sentiment vrai: ils tombent, se poursuivent, se chamaillent, pleurnichent et se rabibochent sans qu'aucun sentiment
de continuité ou de logique interne ne se fasse
sentir. Le but ultime est néanmoins atteint : le
spectateur rit beaucoup.
Pietro Mianiti dirige les musiciens du
Musikkollegium Winterthur avec une verve
vivifiante tout en ménageant quelques plages de
calme d'autant plus appréciées qu'elles sont
rares et ne trouvent pas de contrepoint scénique.
Deanna Breiwick impose avec aplomb sa
Carolina désopilante dont les accès de colère
n'empêchent pas une certaine propension à la
poésie, comme l'attestent les moments où sa
voix pleine et suave emplit soudain la salle sans
se soucier outre mesure du charivari scénique
ambiant. De son côté, Sen Guo fait preuve d'un
abattage sans faille en Elisabetta, la sœur revêche, alors que la tante frustrée, incarnée par
Julia Riley, nous régale d'un chant puissant aux
tournures comiques savamment négociées.
Renato Girolami, un Geronimo barbon qui rappelle par les tournures soignées de ses interventions ce que bel canto veut dire, et Ruben Drole,
un Comte Robinson fanfaron au chant somptueusement nuancé, mettent facilement les
rieurs de leur côté tandis que le ténor trop larmoyant de Sunnyboy Dladla tend parfois à forcer la note pour remplir l'espace que le livret et
la musique lui réservent... (Représentation du
24 octobre)
Le Tour d'Ecrou
Changement radical d'atmosphère avec la
nouvelle production du Tour d'écrou de Britten,
ce génial opéra composé pour treize instrumentistes et six chanteurs, dont deux enfants. Le
compositeur s'y livre à une savante démonstration musicale construite sur une série de variations qui sont autant d'étapes vers l'irrésistible
chute dramatique qui clôt l'ouvrage au moment
de la mort du garçonnet dont la Gouvernante
avait la garde. Les musiciens en fosse voient
leur rôle égaler celui des solistes sur le plateau;
chacun d'eux obtient un solo destiné à accentuer
un trait dramatique ou une atmosphère bien particulière au point que de telles interventions
s'apparentent presque au rôle habituellement
réservé à l'instrumentiste solo d'un concerto.
Constantin Trinks obtient des membres du
Philharmonia Zurich un jeu d'une ductilité et
«Le mariage secret». Photo T+T fotografie / Tanja Dorendorf
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d'une intelligibilité admirables comme s'il s'agissait pour lui de faire 'parler' l'accompagnement orchestral. Sur scène, Layla Claire incarne
une Gouvernante à l'ambiguïté fascinante : s'agit-il d'une femme simplement frustrée ou estelle plutôt victime d'hallucinations liées aux
responsabilités trop lourdes qui lui incombent?
La réponse nous est refusée tant le chant reste à
la fois d'une parfaite clarté et d'une curieuse
ambivalence avec ses aigus tantôt claironnants
tantôt acides comme si le personnage était constamment guetté par une crise d'hystérie. Pavol
Breslik en Peter Quint est tout aussi inquiétant
avec son ténor aux angles arrondis et aux teintes doucereuses qui s'impriment d'autant mieux
dans la mémoire. Hedwig Fassbender, une Mrs
Gosse au chant nettement plus ordinaire comme
le veut le rôle, et Giselle Allen, une Miss Jessel
aux incantations ensorcelantes, complètent la
distribution adulte; quant aux deux enfants,
Emma Warner et James Dillon, ils tiennent la
scène avec une vaillance que rien ne semble
pouvoir entamer et s'imposent comme les vrais
héros de cette soirée.
«Le tour d’écrou» © Monika Rittershaus
La question reste posée au sortir de la salle et
hante l'esprit longtemps après la fin du spectacle... (Représentation du 2 novembre)
«Don Pasquale» © T+T Fotografie, Tanja Dorendorf
La mise en scène de Jan Esslinger ne cherche pas à créer artificiellement l'effroi par des
jeux d'ombres et de lumières équivoques: tout
se joue clairement devant nos yeux dans un
décor stylisé à l'extrême que baigne un éclairage a giorno. Le spectateur est ainsi amené à partager le malaise des acteurs car il ne sait jamais
si les gens qu'il voit sont des êtres réels ou s'ils
ne sont que le fruit d'une imagination déréglée.
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Bâle : Don Pasquale
Chef-d'œuvre de l'opéra comique italien, Don
Pasquale se joue à Bâle en habits modernes et
dans un décor alpin ressemblant fort à la coulisse d'esthétique plutôt kitsch d'un 'Heimatfilm'
suisse bon marché tourné par un cinéaste pressé. Massimo Rocchi, un humoriste fort connu
Outre-Sarine, a eu la curieuse idée de proposer
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une mise en scène qui se joue autour d'une piscine où sont enfouis les membres de l'Orchestre
du Basel Sinfonietta, fort bons au démeurant
sous la direction molle, mais soignée, de Martin
Baeza Rubio. Forcés de tourner le dos au chef
lorsqu'ils sont placés entre les bords du plan
d'eau et les premiers sièges du parterre, les
chanteurs peinent à garder le rythme et manquent souvent leurs entrées de quelques fractions de seconde; cela suffit à donner au spectacle une démarche musicale cahotante dommageable à la précision des ensembles tout en
compliquant inutilement la mise au point précise des jeux scéniques. Les voix sont certes belles mais le style bouffe leur fait défaut. Ainsi le
Malatesta d'Eung Kwang Lee paraît-il plus
appliqué que facétieux et pétulant comme l'exigerait l'écriture de son rôle. Noel Hernández en
Ernesto remplit correctement son rôle de ténor
de service, mais il ne fait jamais fondre les
cœurs, même dans sa délicieuse sérénade du 3e
acte. Andrew Murphy en Don Pasquale se bat
avec succès contre une tessiture un peu grave
qui l'oblige à forcer le ton pour passer la rampe
dans les ensembles où ses interventions sont
presque systématiquement noyées. Quant à la
Norina d'Agata Walewska, elle virevolte avec
aplomb en utilisant tous les atouts d'un soprano
léger sans parvenir, comme il se doit, à casser la
baraque: tout chez elle paraît trop scolaire et
étudié pour faire vraiment de l'effet.
(Représentation du 4 novembre)
Eric Pousaz
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Le Roi Lear
En janvier, le directeur de la Comédie Hervé Loichemol se confronte
pour la première fois à Shakespeare, en plongeant dans la noirceur
du Roi Lear.
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Représentée pour la première fois en 1606,
Le Roi Lear s'inspire de récits légendaires
autour du roi Leir, et s’ouvre sur la décision
prise par le monarque de se retirer du pouvoir et
de diviser son royaume entre ses trois filles :
Cordélia, Goneril et Régane. Cette décision originelle, a priori pleine de sagesse et de lucidité,
va déclencher la violence, la trahison, le reniement, les méprises, les tortures, les crimes. Lear
fait ainsi l’expérience d’une déchéance qui le
mène aux portes de la folie, dans un monde où
les certitudes et les filiations éclatent, où le vrai
et le faux s’entremêlent jusqu’au vertige.
Hervé Loichemol évoque son approche de
la pièce.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous
« attaquer » au Roi Lear ?
Avant tout, il y a dans cette pièce un processus
de chute, de putréfaction, de violence, qui est
évidemment fascinant, qui plus est parce que
l’on peut trouver des échos de la pièce dans l’époque contemporaine. De plus, c’est une œuvre
incroyablement riche : face au Roi Lear, il est
difficile de dire : « voilà ce que cela raconte »,
tant les pistes narratives et interprétatives sont
nombreuses.
Cette pièce me fascine aussi parce que j’ai vu il
y a de nombreuses années, ici même à Genève
– c’est la première fois que j’y venais -, à la
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« L’immensité » qui caractérise Le
Roi Lear doit être fascinante pour un metteur en scène ?
la comédie de genève
Mettre en scène le Roi Lear, c’est s’attaquer à une des tragédies les plus singulières et
sombres de Shakespeare, une œuvre tentaculaire, monstrueuse par son ampleur et sa complexité, une pièce que Jan Kott, grand théoricien du
théâtre, considérait comme « le sommet en face
duquel même Macbeth et Hamlet semblent timides et plats », ajoutant même : « On a coutume
de comparer Le Roi Lear à la Messe en si
mineur de J. S. Bach, à la Cinquième ou à la
Neuvième de Beethoven, à Parsifal de Wagner,
au Jugement Dernier de Michel-Ange, au
Purgatoire et à l’Enfer de Dante. » Excusez du
peu !
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Comédie, la mise en scène indépassable de
Giorgio Strehler. C’est une version qui vous
marque !
Enfin, il y a l’envie de travailler avec une équipe de comédiens que je connais bien.
Vous avez déjà approché plusieurs
auteurs - Sade, Heiner Müller - qui se
confrontent, comme Shakespeare dans Lear,
à la violence absolue et à la folie.
Ce que j’ai retenu du travail sur les Lumières,
c’est que l’on en a une compréhension biaisée :
les philosophes des Lumières ne croient pas
simplement à un horizon lumineux, la violence,
la noirceur ne sont jamais loin – que l’on songe
à Candide. Il y a dans les Lumières une dialectique très fine entre l’optimisme et la noirceur –
et évidemment Sade va pousser cette noirceur à
son intensité maximum.
C’est quelque chose que l’on voit bien à l’œuvre dans Lear : un processus de décomposition
généralisé, une traversée de la folie, et une véritable contamination de la violence.
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Quelle sera l’approche scénographique ?
Vis-à-vis du Roi Lear je pense qu’il faut essayer
d’éviter certains pièges : la tentation de reconstituer trop littéralement une bascule entre le
Moyen Age et l’époque moderne, celle de situer
la pièce dans un décor mythologique – ce n’est
pas le Seigneur des Anneaux –, ou encore celle
de la reconstitution historique de 1600.
Je souhaite essayer d’attraper l’esprit dans
lequel Shakespeare a élaboré son œuvre, et voir
comment cela peut résonner aujourd’hui. Il faut
montrer comment cette pièce nous parle, mais
aussi respecter les écarts entre les époques, et
faire en sorte que la mise en scène ne soit pas
simplement une sorte de constat général du
type : « l’époque de Shakespeare et aujourd’hui, c’est pareil, tout se vaut ! »
Ce qui est également fascinant du point scénographique avec cette pièce, c’est que le théâtre
y apparait tout le temps, à tous les niveaux.
C’est une œuvre sur le théâtre et sur la mise en
scène.
Hervé Loichemol © Marc Vannapelghem
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Oui, c’est bien sûr un challenge, mais en même
temps on se sent porté par quelque chose, et par
une dynamique d’équipe. On ne se lance pas
dans un tel projet 36 fois dans sa vie !
La collaboration avec Seth Tillet – nous avons
déjà travaillé ensemble sur Siegfried, nocturne
et L’Excursion des jeunes filles mortes – est très
importante. Il m’emmène ailleurs, il est très
savant, connaît très bien la culture française, et
d’un autre côté il est Américain et vient avec un
autre bagage, et c’est très stimulant.
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Propos recueillis par
Laurent Darbellay
Le Roi Lear de William Shakespeare, La Comédie, du 20
janvier au 7 février 2015. Mise en scène Hervé
Loichemol, traduction Jean-Michel Déprats.
Scénographie et lumière Seth Tillet, son Michel Zürcher,
réalisation costumes Trina Lobo et ingrid Moberg,
maquillage katrin Zingg, costumes Nicole Rauscher,
assistanat à la mise en scène: Hinde kaddour.
Avec: Frank Arnaudon, Ahmed Belbachir, Jean Aloïs
Belbachir, Laurent Deshusses, Anne Durand, Camille
Figuereo, Benjamin kraatz, Michel kullmann, Patrick
Le Mauff, Brigitte Rosset.
Renseignements et réservations : +41 22 320 50 01 ou
www.comedie.ch
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La Comédie de Genève
Du 2 au 6 décembre 2014 : « Hypérion »
mise en scène de Marie-José Malis
photo © Hervé Bellamy
Du 12 au 14 décembre 2014 : « Faust »
mise en scène de Nicolas Stemann
photo © Krafft Angerer
Location : 022 / 320.50.01 - [email protected]
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té de diriger, d’être en charge de toutes les
responsabilités et de ne plus pouvoir compter
que sur soi-même. Cependant, et je le redis, il
ne s’agit aucunement d’une solution idéale. Il
faut pour réussir dans ce modèle être capable de
s’adapter et de se réinventer sans cesse.
yann reuzeau au théâtre le poche genève
Mécanique Instable
Du 5 au 8 janvier prochain, l’auteur et metteur en scène Yann Reuzeau
proposera sa dernière production intitulée Mécanique Instable. Le
spectateur est immergé dans les tréfonds de l’entreprise, avec ce qu’elle
engendre de souffrance, d’espoirs, d’illusions et de frustrations. Troupe de
comédiens énergique et mécanique théâtrale drôlement subtile de
Reuzeau qui n’a rien perdu de son talent et de son acuité. Entretien.
Après Puissants et Miséreux ou Chute
d’une nation, qui évoquent déjà les imbrications du pouvoir, de la démocratie et de l’engagement personnel, il semble qu’avec
Mécanique instable vous confirmez ne pas vouloir vous en remettre au répertoire dramatique classique ou contemporain ? Pourquoi ?
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Yann Reuzeau : En effet, selon moi, l’auteur et le
metteur en scène ne font qu’un et j’ai toujours eu
cette volonté de créer des spectacles dans le vrai
sens du terme, de maîtriser toutes les étapes
d’une production théâtrale. De plus, je souhaite
vraiment pouvoir
réfléchir et écrire
sur le monde dans
lequel je vis et
d’en donner ma
propre vision. Je
considère les textes du grand répertoire dramatique,
mais je ne tiens
pas à monter
Molière pour traduire ma réflexion
sur la société dans
laquelle j’évolue.
Avec une
pièce
comme
Mécanique instable, de quel aspect de notre
société voulez-vous nous parler ?
Yann Reuzeau
Ce qui m’intéresse dans le cas précis, c’est le
monde du travail et les gens aux prises avec tous
les rouages de ce monde. Il s’agit de l’histoire
d’une PME classique, fonctionnant selon un
modèle type, hiérarchique et pyramidal, régie par
un patron dirigeant une équipe formatée. Un jour,
le patron décide de vendre et les employés décident de racheter l’entreprise pour en devenir à
leur tour les patrons. Or, cette décision va tout
changer, c’est un univers qui bascule et une
conception du monde du travail qui va transformer les principaux concernés. Comment redéfi-
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nir leur rapport à la hiérarchie, à l’autre, aux relations humaines internes à cette nouvelle forme
d’entreprise. Par exemple, lorsque l’un des membres de l’équipe dirigeante est confronté à un
drame, dans sa vie personnelle, son implication
professionnelle diminue sensiblement et les autres ne savent pas comment régler ce problème.
Ils ne peuvent se résoudre à se séparer de lui et
personne ne veut prendre la responsabilité d’une
décision logique face à ce drame humain. On
constate donc que lorsque tout va bien et que
l’entreprise fait des bénéfices encourageants, on
peut fermer les yeux sur de tels problèmes, mais
quand les résultats sont mauvais, la situation est
vite intenable, on cherche des responsables et on
se voit obliger de redéfinir son rapport au travail.
Chacun sera alors concernés par cette problématique, avec une conscience politique plus ou
moins développée, peu importe, mais il faudra se
poser la question de la répartition des bénéfices,
du salaire unique, des stratégies commerciales,
etc. Autant de questions qui leur semblaient
auparavant loin de leurs préoccupations de simples employés, mais qui deviennent désormais
l’affaire de chaque actionnaire. Leur implication
est par la force des choses plus personnelle et
intime. Certains vont donc vivre cette aventure
pleinement et se révèler à eux-mêmes, alors que
d’autres vont se crisper.
Vous souhaitez donc que chacun d’entre nous prenne conscience de sa capacité à
changer les choses et à vivre totalement son
engagement professionnel ?
Il y a cette volonté-là, bien entendu, mais je
constate surtout la rigidité du monde du travail
et cette idée reçue de la figure incontournable
du patron, cette croyance en un pouvoir décisionnel unique incarné par le chef d’entreprise.
Or, d’autres configurations sont possibles,
même si elles ne sont pas idéales. Mais le fait de
se retrouver au cœur des décisions redonne du
sens à leur travail. Bien vite, ils vont se rendre
compte du revers de la médaille et de la difficul-
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Ce n’est pas en effet le modèle entrepreneurial dominant actuellement. D’ailleurs,
vous employez souvent le terme
révolution pour qualifier le bouleversement
qui intervient dans cette entreprise...
Ce modèle est aujourd’hui révolutionnaire par le
seul fait qu’il n’est presque pas développé. Les
chiffres en France parlent d’eux-mêmes ! Et dans
la pièce, ce moment où le modèle hiérachisé de
l’entreprise vole en éclats est vécu comme une
révolution par chacun des protagonistes, car ils
ignorent totalement comment fonctionner autrement, selon un système de responsabilités partagées en coopérative et dont les employés sont
aussi des actionnaires. L’état de choc dans lequel
sont les différents acteurs du changement et la
façon dont chacun va réagir au quotidien m’intéresse donc au plus haut point.
Quelles sont les qualités que doit posséder un comédien qui joue à vos côtés ?
Dans les situations très concrètes que proposent
mes pièces, je cherche des comédiens capables
de faire apparaître le personnage et aussi de
disparaître en tant qu’acteur. J’aime les acteurs
qui savent transmettre des émotions, qui sont
créatifs et généreux, mais aussi qui soient dans
le rythme juste de la réalité et de la sincérité.
Comment parvenez-vous à mettre les
comédiens dans les meilleures dispositions
afin qu’ils soient en phase avec vos attentes ?
Je fais très attention au moment de l’écriture des
dialogues, à ce que chaque prise de parole corresponde au caractère intrinsèque du personnage,
mais aussi à la façon de jouer du comédien. C’est
un élément que je connais d’autant mieux que je
suis moi-même acteur. Il faut absolument restituer le langage parlé avec le plus de naturel possible pour rester crédible, mais tout en travaillant
la langue de sorte qu’elle donne l’illusion d’être
la nôtre. Et puis le comédien a toujours une
marge de manœuvre qui lui permet d’investir le
texte avec ses propres intentions, ses propres
intuitions. Le rythme, le ton, la façon d’interrompre l’autre ou de se réapproprier la parole, les
silences, tous ces aspects inhérents au dialogue
du comédien, je les travaille scrupuleusement. La
façon de dire le texte est déterminante afin de se
prémunir contre les écueils d’un propos somme
toute assez technique sur le monde de l’entreprise.
Propos recueillis par Jérôme Zanetta
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théâtre le poche genève
Gros-Câlin
“Je me suis toujours été un autre” écrit Romain Gary dans Vie et mort d’émile
Ajar. Monsieur Cousin, le personnage du roman, n’est pas tout à fait notre
frère, comme émile Ajar n’est pas tout à fait le fils de Romain Gary. On
s’égare dans un univers trouble, entre imaginaire et réalité, entre cauchemar et
tragi-comédie. Bérangère Bonvoisin met en scène ce texte-dédale et affirme que
pour elle, le python c’est Jean-Quentin Châtelain... Entretien.
Jean-Quentin Châtelain est une vraie
nature, dont on n'oublie pas la stature et le
charisme une fois qu'on l'a vu sur scène, surtout dans les monologues. Avez-vous choisi
de mettre en scène Gros-Câlin en pensant à
lui, ou le choix du comédien s'est-il imposé
par la suite?
C’est forcément un atout que ce soit JeanQuentin Châtelain qui joue ce texte, car il faut en
même temps l’histoire poétique et mélancolique
d’un homme vieillissant, dans sa solitude, sa
quête, son besoin de quelqu’un à aimer et dans le
même temps, une part importante d’enfance, et
même de farce, allant jusqu’à la folie. Il y a eu la
rencontre entre Jean-Quentin Châtelain et ce personnage. Je connais et apprécie Jean-Quentin
depuis longtemps ; nous avions même joué
ensemble en 1982, au Théâtre National de
Chaillot avec Antoine Vitez, dans une pièce écrite et mise en scène par Bruno Bayen,
Schliemann. Ici, il y a eu rencontre aussi avec
Frédéric Franck, producteur de Gros-Câlin et
directeur du Théâtre de L'Oeuvre, qui m'avait
demandé en 2006 de mettre en scène Fanny
Ardant, seule, dans le monologue de Marguerite
Duras, La Maladie de la Mort. La genèse du
spectacle Gros-Câlin, c'est d'abord en 2002 l'adaptation du roman de Ajar/ Gary par le grand
acteur Thierry Fortineau décédé en 2006. C'est
déjà Frédéric qui produisait le spectacle de
Thierry, dans une mise en scène de Patrice
Kerbrat et c'est encore Frédéric qui a eu l'idée
que cette adaptation soit reprise par un autre
grand acteur, en l'occurrence Jean-Quentin
Châtelain, dans une autre mise en scène et une
adaptation plus courte. Frédéric nous a demandé
à Jean-Quentin et à moi si cela nous plairait de
travailler ensemble là-dessus ; nous avons l'un et
l'autre accepté avec enthousiasme et Frédéric
nous a donné carte blanche. A partir de là, JeanQuentin et moi avons travaillé en complet accord
sur les choix des coupes à faire dans le texte, et
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roman, et c'est cette fin inédite que Fortineau ne
connaissait pas, puisque éditée seulement après
sa mort, qui m'a aidée pour la dramaturgie du
spectacle. Ça commence et ça finit dans un zoo,
mais est-ce nous qui regardons le python ou estce lui qui nous regarde ? Est-ce lui qui est en cage
ou est-ce nous ? Dès les premières lignes du
texte, il est question de deux compagnons de la
Libération, deux résistants, Jean Moulin et Pierre
Brossolette, de leur résistance mais aussi de leur
camouflage, de leur être aux aguets, puis plus
loin et sans jamais se départir d’un humour féroce, de l'Afrique, de la prostitution (le premier
projet de Romain Gary était d’écrire un roman
érotique), du besoin d'être aimé, d'être sans « étiquettes ». Et Ajar glisse, l’air de rien, sa haine du
racisme, son combat pour l'utopie, pour, comme
il le dit lui-même, la fin de l'impossible. Et la
question qu'il pose sur ce que serait ou non la
folie, sur ce que serait un devenir animal. Si on
ne raconte que l’histoire, ça a l’air d’être seulement une fable comique, un conte hilarant, mais
c’est beaucoup plus profond, c’est pour moi un
roman phislosophique d’une certaine manière,
non seulement sur la solitude dans une grande
sur le choix du costume, et Jean-Quentin a aimé
et accepté nos choix plutôt métaphysiques, à mes
collaborateurs et moi, du cadre, de la scénographie et des lumières, sans aucun problème d'aucune sorte. Nous avons fait un mois de répétition
ensemble dans le bonheur de l'invention, de la
recherche et de la complémentarité en confrontant nos points de vue parfois différents sur la
dramaturgie, pour les additionner sans frustration
réciproque. Un monologue, ou un soliloque, ne
peut se travailler comme une mise en scène d'une
pièce à plusieurs personnages et je ne
crois pas qu'on puisse employer le terme
de direction, plutôt celui d'échanges.
Dès le soir de la première représentation, il y a forcément appropriation du
comédien dans son rapport au public.
Alors oui, j'aime encore plus certaines
représentations que d'autres mais c'est
une liberté nécessaire, et c'est normal
que dans un tel texte qui oscille entre le
tragique et le comique, qui oscille entre
l'histoire de Monsieur Cousin, le narrateur, avec son python, et l'histoire de l'écrivain Gary se métamorphosant en
Jean-Quentin Châtelain dans «Gros-Calin» © Dunnara Meas
Ajar, il y ait parfois quelques différences d'une représentation à l'autre, comme pour un ville, mais sur ce que c’est que la liberté, pour les
funambule ou un musicien de jazz, certaines cou- hommes et pour les bêtes.
Vous êtes comédienne et metteure en
leurs plus comiques ou plus douloureuses sont
scène
:
trouvez-vous votre équilibre dans ces
plus ou moins accentuées.
Qu'est-ce qui vous touche et vous attire dans ce roman d’Ajar/Gary : la solitude,
la vulnérabilité, la part d'irréalité, le dédoublement de l'auteur et dans une certaine
mesure du personnage ?
Tout ça bien sûr et plein d'autres choses. Ce qui
me touche en premier c'est cette écriture flamboyante, cet incroyable langage inversé, inventé,
ajarien. La réussite de ce style d’écriture, épousant les mouvements d’un python, faisant des
nœuds, des anneaux sinueux, reptilien et tellement humain ! Il existe deux fins différentes au
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deux activités ? Y en a-t-il une que vous
affectionnez plus que l’autre ?
Je ne sais pas trop si j'y trouve un équilibre ou
un déséquilibre volontaire (rires). Parfois on
préfère regarder qu'être regardée. Mais oui, je
crois que c'est parce que je suis actrice au départ
que les actrices et acteurs me font confiance.
C'est comme de partager un secret.
Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
Gros-Câlin, du 17 au 31 décembre, réservations [email protected] et +41 22 310 37 59.
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théâtre de carouge / théâtre des amis
Silence en coulisses
Jean Liermier et Raoul Pastor ont eu la bonne idée de coproduire une
pièce à grand succès créée en 1982 et jouée depuis sans interruption –
actuellement septante-sept productions à travers le monde ! - mais jamais
en Suisse, Silence en coulisses de l’Anglais Michael Frayn.
Rencontre avec Raoul Pastor.
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Bel exemple de collaboration qui, comme
le clame Raoul Pastor, « prouve, s’il en était
encore besoin, que les théâtres et les artistes
doivent vivre les uns avec les autres et les uns
pour les autres ».
Initialement prévue au Théâtre des Amis
« plus grand que le petit théâtre du Globe de
Shakespeare », affirme son directeur, la pièce
Silence en coulisses se jouera finalement sur la
grande scène du Théâtre de Carouge pour des
raisons de hauteur de décor. Raoul Pastor y mettra en scène et y jouera… le metteur en scène
qui s’arrache les cheveux à vouloir limiter les
dégâts de représentations qui déraillent au fur et
à mesure de la tournée. Ainsi est né Silence en
coulisses, de l’observation de la représentation
d’une autre de ses pièces, Two of us, faite par
Michael Frayn depuis les coulisses et de l’évidence que « ce qui se passe dans les coulisses
est beaucoup plus drôle que ce qui se passe sur
scène ».
À l’approche des fêtes, nul doute que l’on
prendra un plaisir salutaire et tonifiant devant la
folie délirante de la « pièce la plus drôle de tous
les temps », selon le New York Times. Il y a
donc, admet humblement Raoul Pastor, une
grande responsabilité à relever le gant et à rivaliser de drôlerie avec les mises en scène qui courent le monde tant il est vrai que faire rire est
techniquement difficile et exige de la virtuosité
de la part de la mise en scène et des comédiens.
Délire
Petit rappel de l’histoire : acte I, c’est la
générale d’un mauvais vaudeville (des)servi par
de médiocres comédiens ; acte II, on est en coulisses pendant la tournée et ce ne sont que coups
bas, intrigues et mesquineries ; acte III, au dernier soir de la tournée, le désordre est à son
comble, la pagaille règne, les accessoires font
défaut et les comédiens ont perdu la tête quand
ils n’ont pas purement disparu. Ces péripéties
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désastreuses donnent à voir le théâtre dans le
théâtre, le vaudeville dans les coulisses, la farce
dans la farce. On est en plein délire, avec des
sauvages lâchés sur scène et plus rien ne peut
être sauvé des représentations qui sombrent
puis à Claudel, participe de son amour du théâtre, de tous les théâtres. Il reconnaît cependant
que faire rire et monter une chose faramineuse
comme Silence en coulisses est un exercice rare
qui relève du challenge technique mais que cela
satisfait ainsi un besoin d’air frais qui le
régénère.
20 ans « d’artisanat »
Créé de rien il y a vingt ans, le Théâtre des
Amis ne désemplit pas depuis, preuve que
« l’artisanat théâtral » dont se revendique son
fondateur et directeur peut allier qualité, exigence et diversité dans la toute petite salle carougeoise où les comédiens semblent se jouer de
l’exiguïté de la scène. Il reste cependant fragile
malgré la reconnaissance qui lui fait refuser des
abonnés chaque année.
Raoul Pastor © Isabelle Meister
corps et biens sous les yeux des spectateurs
médusés et du metteur en scène accablé.
Ajoutons à cela que Raoul Pastor a eu l’idée géniale de donner aux personnages le même
nom que les acteurs de la pièce, eux-mêmes
ayant le nom des comédiens de la troupe de
Raoul Pastor… On imagine la confusion troublante qui s’empare de Séverine (Bujart) la
comédienne quand Raoul Pastor le metteur en
scène de la pièce s’adresse à elle : qui parle à
qui ? le metteur en scène-acteur à l’actrice dans
la pièce ? le metteur en scène de Silence en coulisses à la comédienne de sa troupe ?
Raoul Pastor semble se délecter à évoquer
les possibles méprises et avoue son plaisir à
faire rire le public. Passer de Phèdre à une
comédie puis à Macbeth, d’Ibsen à Feydeau
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Pour fêter cette vingtième saison, le directeur et comédien a panaché comme à son habitude auteurs classiques et contemporains, tragédie et légèreté, y ajoutant quelques exceptionnelles Soirées inattendues de lectures et débats.
Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
Silence en coulisses, création au Théâtre de Carouge du 5
au 31 décembre. Réservations au 022 343 43 43 et renseignements sur www.tcag.ch
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de kléber-méleau au théâtre de carouge
Gianni Schneider
L’Avare
« L'Avare » de Gianni Schneider, une prise de risque assumée avec un parti
pris fort, un décor et une mise en scène que j'espère "couillue". Le metteur
en scène parle de lui à la troisième personne dans ce texto qu'il m'envoie
après notre entretien. il résume bien son intention de dépoussiérer la pièce
classique en en donnant une lecture résolument actuelle.
Aujourd'hui, Gianni Schneider vire de
bord. Après avoir monté Brecht (La résistible
Ascension d'Arturo Rui ; Le Cercle de craie
caucasien), Wedekind (Lulu), Tchekhov (Les
trois sœurs ; Platonov), proposé sa vision
d'Almodovar (La Vénus des lavabos) voire de
Shakespeare, défriché les textes de von
Mayenburg (La Pierre ; La Moche), de Thomas
Bernhard ou de Heiner Müller, le voilà qui s'attaque à un répertoire plus classique. Les explications d'un – à choix – a) enfant rebelle, b)
chien enragé, c) trublion franc-tireur de la scène
romande.
famille d'aujourd'hui qui m'intéresse. L'histoire
que je veux raconter est simple : argent ou pas,
veuf ou pas, Harpagon rêve d'une seconde jeunesse et projette d'épouser une jeunette. On voit
ça tous les jours en réalité. Pour cela, il doit se
débarrasser de ses enfants, sans les mettre à la rue
ni leur avancer leur héritage, mais en les casant
par des mariages arrangés. Enfin, mais ce n'est
pas le propos de ma mise en scène, il y a le thème
de l'argent. Dépensier et joueur, le fils d'Harpagon
pense ne pouvoir vivre une histoire d'amour qu'à
condition d'avoir suffisamment d'argent pour
continuer son train de vie de célibataire.
Alors, changement de cap, capitaine ?
Comment votre mise en scène articule-t-elle le thème de l'argent et celui de la
famille ?
Gianni Schneider : Jusqu'ici, j'ai plutôt monté
des pièces contemporaines parce que j'aime parler d'aujourd'hui et de maintenant. Or L'Avare
de Molière (1668) parle au gens d'aujourd'hui
autant qu'à ceux du 17e siècle parce que jamais
peut-être la collusion entre le monde des affaires et le politique n'a été si grande. Je ne trahis
pas le texte, mais le transpose. Et puis, ce qui
rapproche Molière des dramaturges autrichiens
du 20e siècle vers lesquels j'aime me tourner,
c'est l'immédiateté de son langage, ce qui est
rare dans le répertoire théâtral français.
De quelle réflexion est né votre projet
de monter L'Avare ?
D'un constat terrible. De nos jours, la qualité
d'écoute fout le camp, on galvaude les sentiments et l'économie fait du fric avec la charité –
notre éducation judéo-chrétienne n'y pas pour
rien. La solidarité est compromise de même : ce
n'est plus qu'une solidarité de bonne conscience.
Que vous raconte L'Avare ?
Molière décrit dans son siècle la relation entre la
noblesse et la bourgeoisie, entre le monde des
affaires et la politique. Il met aussi le doigt sur la
complexité des rapports familiaux. Tout tourne
autour d'un personnage qui est avare et usurier.
Son fils est un mauvais fils, sa fille est une mauvaise fille. Une mère est absente, l'autre est
morte. C'est cet écho à la décomposition de la
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Dès la première scène, Valère demande à son
amoureuse pourquoi elle est si triste. Tout part
de là. Vous avez deux jeunes gens dans un
même espace ; elle est présente mais n'est pas
avec lui, alors qu'ils s'aiment pourtant. On peut
y lire le déficit d'attention des adolescents, ou la
situation des couples d'aujourd'hui. Ensuite,
Elise est contente que son frère Cléante lui
adresse pour une fois la parole, parce qu'elle
aussi aime quelqu'un. Ils se mettent à parler d'un
thème commun, mais chacun pour soi, et sans
écouter l'autre. Molière met le doigt sur un problème contemporain : il n'y a plus d'attention
entre les hommes, alors que ce besoin de l'autre
est en chacun. Dans l'intrigue, pour concrétiser
leur amour respectif, Elise et Cléante n'ont d'autre choix que de tuer le père, ou de fuir. Vouloir
la mort du père revient à hériter, ce qui est plus
aisé que de fuir et se retrouver sans argent. De
son côté, le père, veuf et gauche dans l'éducation de ses enfants, craint qu'on sache qu'il est
riche. Obsédé par l'épargne, il cache sa fortune
à tout le monde. Qu'est-ce donc que ce comportement de nos jours si ce n'est de l'évasion fiscale ? Aucune pièce sur ce thème n'est plus
contemporaine que L'Avare.
La scénographie (Nina Wetzel), les
décors (l'arrière d'un bateau de plaisance),
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vos métaphores trouvent leur cohérence
dans la mer, le bateau.
L'avare Harpagon est un bourgeois plein de fric,
il peut bien se payer un yacht ! Et regardez ce
qui se passe autour de vous : l'évasion fiscale est
une fuite, et si possible par la mer. Où Mme
Bettencourt a-t-elle investi pour fuir le fisc ?
Dans des îles [selon la presse, la vente de l'île
seychelloise d'Arros lui aurait rapporté 60
millions; ndlr]. Début juin, Tapie a investi dans
un bateau qu'il vient de revendre pour 44
millions. Ma pièce est l'histoire d'un naufrage
au lendemain de la crise de 2007-8, un naufrage
physique (le père qui s'aperçoit qu'il vieillit) et
psychique (quand le bateau coule, il lui faut sauver tout ce qui peut l'être, c'est-à-dire sa cassette ; les valeurs flanchent).
Ça sent le théâtre engagé !
Schneider (enragé) : J'aime être engagé (sic!).
Toute action est à la fois poétique et politique.
Dans l'art, il faut que le public intervienne. Il sait
déjà toutes ces choses grâce aux informations.
Moi, je ne lui apprends rien, je le réveille.
Remarquez que je ne propose aucune solution,
mais je veux faire R-E-F-L-E-C-H-I-R. La mondialisation a introduit la clause du besoin ; personne ne peut vivre sans les produits Apple… On
tue la middle-class. Tout ça parce que les riches
ont trouvé le moyen de rendre les autres dépendants. Le fossé se creuse ; moi je le remplis d'eau,
et y fait dériver le bateau de L'Avare.
Propos recueilli par Frank Dayen
sur une terrasse glaciale de Malley, où le metteur
en scène de “L'Avare“ a tenu à lui offrir un café.
L'Avare de Molière par Gianni Schneider, avec JeanDamien Barbin, Hélène Cattin, Jean-Pierre Gos,
Valentin Rossier…,
- du 2 au 14 décembre à kléber-Méleau. Location. 021
625 84 29 ou en ligne sur vidy.ch
- du 9 janvier au 1er février au Théâtre de Carouge.
Billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]
puis en tournée en Suisse romande.
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en tournée
Novecento
DATES DE LA TOURNéE
Depuis longtemps, André Dussollier désirait adapter, à la scène, Novecento
d’Alessandro Baricco. C’est chose faite puisque la pièce a été créée au
Théâtre des Célestins de Lyon à fin octobre. Avant de partir en tournée,
elle a fait escale à Paris, au Théâtre du Rond-Point.
- Du 14 au 16 janvier : Bonlieu Scène Nationale, aux
Haras d’Annecy. Réservation : 04.50.33.44.11 / [email protected]
Novecento d’Alessandro Baricco, m.e.s. André Dussollier
et Pierre-François Limbosch
- Le 17 janvier : Maison des Arts, Espace Maurice
Novarina à 20h30, sauf mention contraire. Location :
04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org
Alliant pièce théâtre et conte littéraire, ce
monologue peint un certain Novecento qui, né
et abandonné vers 1900, est adopté par l’équipage du bateau où il a été découvert. Devenu un
pianiste exceptionnel et (tel le wagnérien
Hollandais) refusant de fouler d’autre sol que
celui de « son » paquebot, il affronte, un jour, un
autre pianiste virtuose, en un duel que le trompettiste de l’orchestre narre avec un gourmand
recul.
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présence scénique et vocale d’André Dussollier.
Baptisée à Lyon, cette production parcourra
toute la France et fera plusieurs haltes en Suisse.
Pistez-la !
- Le 10 mars : Théâtre de Beausobre, Morges. Location
en ligne
Frank Langlois
Qui en douterait, André Dussollier se fait
un subtil et empathique passeur. Délaissant
l’implicite (le comédien seul, sans autre
musique que celle que chaque spectateur se
fabriquerait mentalement) pour l’explicite (un
quatuor de jazz), il dit, avec gourmandise, ce
texte divertissant et drôle, qu’une pointe de
mélancolie larde ça-et-là.
Ce spectacle est à juste proportion : soixante-quinze minutes, un tempo scénique qui chemine plaisamment, un joli entrelacs de texte et
de musique, et, last but not least, la chaleureuse
théâtre des marionnettes
de genève
André Dussolier © Gilles Vidal
Laure-Isabelle Blanchet, conceptrice, metteure en scène et marionnettiste, par ailleurs
fidèle collaboratrice du Théâtre des
La Ligne de Chance
création
Chance est une petite fille qui justement n’en a pas, de chance. Sa mère
tombe malade, elle-même est rejetée
par le village. Malgré l’isolement et
l’injustice qui la frappent, la petite fille
va partir en quête de plantes médicinales et apprendra peu à peu, au fil de rencontres fantastiques, à maîtriser ses
peurs.
Marionnettes qui signe cette saison deux autres
spectacles, Mam’zelle Chapeau et Loulou,
s’inspire ici des papiers découpés de son enfance en les enrichissant d’éléments à trois
dimensions. Séduite par la dimension
graphique et la poésie de ces découpages, elle propose une jolie histoire à
découvrir dès 4 ans.
Laurence Tièche-Chavier
Un spectacle de 50 minutes, à voir au TMG du
3 au 21 décembre 2014. Réservations au 022
807 31 07 et renseignements sur www.marionnettes.ch
«La Ligne de chance». Photo de repetition Cedric Vincensini
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Une lenteur délibérée
théâtre de vidy
Marthaler penche plutôt pour Grüber et,
dans sa mise en scène, opte pour la progression
lente. Ainsi, dans Das Weisse vom Ei (Une Ile
flottante), seul le prologue polyglotte, prononcé
par la troupe à l'avant-scène, offre le rythme
soutenu des chassés-croisés du vaudeville et
anéantit de manière désopilante toute chance de
comprendre les liens de famille qui les unissent.
Christoph Marthaler revient pour la deuxième fois en invité au théâtre de
Cependant, à peine les personnages ont-ils franVidy, après les représentations de King Size en mai dernier. Cette fois, il
chi le rideau et sont-ils entrés dans le décor à
propose Das Weisse vom Ei (Une Ile flottante).
l’esthétique volontairement douteuse (Anna
Viebrock signe ici une formidable scénograNé en 1951 à Erlenbach, Christoph et Mme Ratinois se jettent mutuellement de la phie), qu’ils ralentissent. Les mouvements sur
Marthaler est formé à la mise en scène de théâ- « poudre aux yeux » en se faisant croire qu'elles le plateau, le débit de parole, tout semble mantre et d’opéra à l'école de Jacques Lecoq à Paris. sont riches. Finalement, l'oncle de Frédéric quer de vie et gagné par la lassitude. Une penIl travaille pendant les années 1970 au découvre que les mères ont organisé tous ces dule sonne obstinément une heure qui s’éterniNeumarkttheater de Zurich, aux côtés de Horst mensonges pour faire augmenter le montant de se, le temps des bourgeois qui n’en finit plus.
Zanki, comme musicien de théâtre. De 2000 à la dot. Les pères, M. Malingear et M. Ratinois,
Le public s’amuse de ces esprits étriqués
2004, il dirige la Schauspielhaus de Zurich. reconnaissent leurs torts et font cesser cette gentiment ridicules. Pourtant, au-delà du
Pour Vincent Baudriller,
contexte historique de
directeur du Théâtre de
la bourgeoisie du
Vidy, Marthaler est un des
Second
Empire,
plus grands. Comme pour
Marthaler fournit une
lui donner raison, Christoph
critique sociale bien
Marthaler recevait l’Anneau
réelle et contemporaiReinhart en 2011, la plus
ne. Il condamne l’imhaute distinction pour une
mobilisme qui nous
personnalité du théâtre en
tient, le regard des
Suisse.
autres qui nous fige,
Invité par Baudriller en
nos faiblesses et nos
2010 comme artiste associé
peurs qu’on déguise.
au Festival d'Avignon,
Il nous confronte aux
Christoph Marthaler mettait
affres du conformisalors en scène, dans la cour
me. En cela, le metd’Honneur du Palais des
teur en scène, à l’insPapes, Papperlapapp, d’atar de Labiche, est un
près une interjection allefin observateur des
«Das Weisse vom Ei (Une Ile flottante)» © Simon Hallstrom
mœurs de son temps.
mande obsolète qu'on pour« Aujourd'hui, c'est la mode; on se jette de
rait traduire par « n'importe quoi » ou « blabla- supercherie pour le bonheur de leurs enfants.
bla ». Le Palais en avait été secoué.
Toute l’originalité réside dans le fait que la poudre aux yeux, on fait la roue… on se gonAprès un passage en mai dernier à Vidy, à les Malingear parlent français et les Ratinois fle… comme des ballons. Et quand on est tout
bouffi de vanité… plutôt que d'en convenir […]
la Salle Charles Apothéloz avec King size, véri- allemand…
table bijou musical où le metteur en scène pouAvec cette production du Theater Basel, on préfère sacrifier l'avenir, le bonheur de ses
vait déjà déployer ses astuces scéniques usuel- Christoph Marthaler met en scène un texte à la enfants. » (Acte II, scène 7)
les : lenteurs, répétitions, temps suspendus ; fois drolatique et moraliste. Labiche écrivait de
Das Weisse vom Ei (Une Ile flottante) s’apChristoph Marthaler revient en deuxième partie son propre théâtre: « Une pièce est une bête à
de saison avec Das Weisse vom Ei (Une Ile flot- mille pattes qui doit toujours être en route. Si parente à un intervalle fantaisiste qui permet à
tante). Il y propose sa vision rallongée de La elle se ralentit, le public baille ; si elle s’arrête, Marthaler de faire subtilement jouer les forces
Poudre aux yeux, pièce originellement en deux il siffle. » Alors que Klaus Michael Grüber, met- comiques d’un décor de vaudeville. Un spectaactes d’Eugène Labiche, jouée pour la première teur en scène allemand de L’Affaire de la rue cle mélancolique à pleurer de rire.
Nancy Bruchez
fois en 1861.
Lourcine en 1989, déclarait au contraire que « la
La trame en est assez banale : Emmeline règle pour de telles pièces : ralentir ou accéléMalingear et Frédéric Ratinois s’aiment, leurs rer. Ne pas entrer dans la psychologie des pro- Das Weisse vom Ei (Une Ile flottante), Théâtre de Vidy,
familles se rencontrent. Mme Malingear est une fondeurs. Avec ce principe tout devient lumi- jusqu’au 17 décembre
rés. 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch
femme orgueilleuse et vaniteuse. Elle neux. »
Une île flottante
bilingue
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théâtre vidy-lausanne
Baudriller, saison 2
Si la première partie de saison était partie tambours battants avec du
bruit et de la fureur, des cris et des larmes, et une intensité pour ainsi dire
synesthésique pour des mises en scènes dans tous leurs états, la seconde
partie du programme proposé par Vincent Baudriller réaffirme son parti
pris artistique fort qui ne souhaite pas nous laisser tranquilles.
44
Vincent Baudriller affirme que le risque de
la création est au cœur de sa démarche et que le
Théâtre de Vidy doit générer une réflexion et un
débat permanents afin de ne pas s’éteindre dans
le consensus ambiant.
Ambition salutaire et première partie de
contrat réussie, puisque le débat fait rage dans la
Kantine de Vidy et jusque dans les faubourgs
lémaniques les plus reculés. L’interrogation est
vive quand à savoir si nos sens de spectateurs
tenus en éveil et fort sollicités dès le début de saison sauront répondre à l’exigence scénique et
aux tendances esthétiques d’une nouvelle ère.
Mais il faudra tout de même veiller à accompagner les pélerins égarés et ne pas oublier que
les pages les plus brillantes de l’histoire de ce
théâtre ont aussi été écrite avec des metteurs en
scènes comme Bondy, Brook, Lassalle,
Jouanneau, Besson, Planchon, Françon,
Beaunesne, Thiérrée, Bartabas, Goebbels,
Novarina ou Nadj et des comédiens comme
Piccoli, Mikaël, Privat, Châtelain, Quester,
Lonsdale, Chattot, Merlin, Desarthe, Basler,
Reymond, Barbin, Bonnet, Garcia-Fogel, Lescot
ou Hesme pour ne citer qu’eux. Il ne s’agit pas là
d’un vain name-dropping, mais d’un certain
théâtre dramatique
fait de plaisirs du
texte, de mise en
scène et du jeu qui
doit pouvoir cohabiter avec les productions théâtrales
de demain pour
créer des échanges
vivants et des
réseaux de langages scéniques stimulants.
C’est
d’ailleurs dans ce
sens que le public
peut se réjouir du
programme annonDieudonné Niangouna dans «Le Kung-Fu» © Christophe Raynaud De Lage
cé pour la seconde
partie de saison
L’idée somme toute très « festivalière » de avec nombre d’artistes et d’auteurs à découvrir
spectacles de créations impulsés par une généra- pour élargir encore le spectre artistique de Vidy
tion d’artistes bousculant les héritages dramatur- et interroger avec pertinence notre société.
giques et scénographiques est en effet très stimuCôté danse, les chorégraphes Christian
lante. Quand cette idée est en outre portée par des Rizzo (février) et Maguy Marin (avril) présenteartistes de l’envergure de Romeo Castellucci ou ront entre autres des pièces décisives de la scène
de Vincent Macaigne, de Christoph Marthaler ou actuelle avec respectivement D’après une histoid’Alain Platel, l’affaire est entendue, la puissan- re vraie (2013) et Bit (2014) qui ont en commun
ce de frappe de ces géants de la scène contempo- une force visuelle alliant rythme et élégance.
raine nous offre des images et des sensations de
Les grands textes seront présents avec des
théâtre qui en écrivent l’Histoire.
auteurs comme Pasolini mis en scène par
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Stanislas Nordey (mars), Jon Fosse monté par
Guillaume Béguin (mai) qui s’adressera également au jeune public et l’auteur, metteur en scène
congolais Dieudonné Niangouna qui dira dans Le
Kung-Fu (février) comment il s’est aussi construit à Brazzaville à travers une expérience cinéphilique. Trois adaptations à ne pas manquer
avec Les Particules élémentaires de
Houellebecq par le prometteur et talentueux
Julien Gosselin (avril-mai), l’idée séduisante de
Mathieu Bertholet d’explorer l’univers fascinant
de Ramuz à travers le célèbre Derborence (mai)
et le génial projet d’Eric Didry et Nicolas
Bouchaud autour de l’adaptation d’Un métier
idéal, ouvrage de John Berger et Jean Mohr par
l’un des grands comédiens de notre temps. (mai)
Signalons aussi la venue de deux spectacles
du metteur en scène Joris Lacoste, issus de son
Encyclopédie de la parole, projet qui explore l’oralité sous toutes ses formes. Poésie, musique et
une comédienne à découvrir, Emmanuelle Lafon.
(mai-juin)
Collaboration
Et puis deux moments de vie théâtrale intense à noter dans vos agendas. Du 18 au 29 mars
2015, une belle initiative artistique des scènes
lausannoises intitulée Programme Commun et
qui voit la collaboration de Vidy, de l’Arsenic,
des Printemps de Sévelin et de la Grange de
Dorigny, pendant dix jours, pour attirer l’attention sur des productions contemporaines qui dialogueront dans un creuset créatif alimenté par
une version reserrée du sublime Giulio Cesare de
Castellucci, par une Epître de Saint-Paul et une
nouvelle de Sherwwod Anderson, points de
départ de la réflexion toujours vive d’Angélica
Lidell avec Carta de San Pablo a los
Corintios et Tandy ; mais aussi par le No
World de Winter Family, le Ion de la chorégraphe Cindy van Acker et par la performance des
Schick-Pavillon-Gremaud. Cerise sur le plateau
avec la découverte de l’irrésistible metteur en
scène zürichois, Thom Luz et son When I die (A
ghost story with music), petit manifeste de l’art
magnifique du décalage.
L’autre temps fort en fin de saison avec six
spectacles et une installation autour du travail
d’un couple d’artistes libanais Lina Saneh et
Rabih Mroué. Des pièces à forte charge critique,
en liens avec les contradictions et réalités du
Liban et qui remettent en cause les médias qu’ils
investissent. Du 11 au 14 juin, dans les différents
espaces scéniques de Vidy.
Jérôme Zanetta
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théâtre des marionnettes de genève
Bartleby
Dans l’œuvre de Melville on ne connaît pas cette courte nouvelle intrigante
qui n’est pas sans rappeler l’obstination forcenée du capitaine Achab à
poursuivre la baleine blanche. Bartleby, quant à lui, est un obstiné dans le
refus, un homme qui dit non. Non à la tyrannie de la rentabilité, non à
l’efficacité. Sa présence-absence investit l’espace, il devient un bloc de
refus. La compagnie rennaise le Bob Théâtre vient proposer un nouveau
spectacle qui confirme son attirance pour l’absurde, où l’inquiétant le
dispute au comique. Entretien avec Denis Athimon, metteur en scène
et interprète.
Comment avez-vous eu connaissance
de cette nouvelle de Melville ?
Ce spectacle est une collaboration avec Julien
Mellano avec qui j'ai déjà travaillé sur
Nosferatu et Démiurges. C'est lui qui m'a fait
découvrir ce texte de Melville, je ne connaissais
que Moby Dick. Avant de travailler
sur Bartleby, nous étions depuis
plus d'un an sur un projet avec
d'autres personnes qui n'a pas
abouti. Ce choix a bouleversé nos
calendriers et nos vies ! Lorsque
nous avons décidé de repartir sur
une création avec Julien, le thème
du choix s'est imposé naturellement et le personnage de Bartleby
a fait ce choix ultime.
compréhensible sans être désespérante ?
teur dans un univers de travail bien huilé, la
machine se dérègle... et lorsque cette perturbation est l'inaction, ça nous plaît...
Pour Deleuze, Bartleby est un texte violemment
comique !!! Nous ne chercherons pas à la rendre attractive, nous sommes certains qu'un
public jeune peut entendre cette histoire. Nous
ne faisons pas de pédagogie ; nous laissons ça
aux instituteurs et aux professeurs, et nous espérons qu'ils retravailleront avec leurs élèves sur
les questions soulevées par ce texte. À trop
édulcorer nos contes pour enfants, nous avons
oublié quelles atrocités ils renfermaient ! C'est
bon de relire Der Struwwelpeter de ce bon
vieux docteur Hoffmann !!!
Comment faire passer une histoire
sombre à l'issue tragique auprès d'un public
jeune ? Comment la rendre attractive et
Quelles options de mise en scène avezvous choisies ? Comment utilisez-vous les
infinies possibilités des marionnettes ?
Nous sommes plutôt attirés par le
théâtre d'objets mais pour ce spectacle, la marionnette va nous servir
à poser un univers. Melville place
son histoire dans un vieux bureau
d'huissier de justice avec des personnages hauts en couleurs : l'alcoolique et l'insatisfait aux problèmes de digestion. La première partie du texte est très enlevée, rapide
et les situations comiques se succèdent. La marionnette à gaine nous
a semblé le vecteur idéal. Puis petit
à petit les choses vont évoluer,
mais c'est une autre histoire...
Qu'est-ce qui vous a attiré ? L'attitude de refus ? La folie
auto-destructrice ? La solitude ?
L'absence de réponse ! Quand je
parle de choix ultime, en fait je ne
suis pas certain que Bartleby ait
fait un choix ! Selon nous,
Bartleby n'est ni heureux, ni malheureux, il ne refuse pas, ne s'élève pas contre. « Il préférerait ne
pas » : ce conditionnel nous
condamne au doute ! Les analyses
de ce texte font passer Bartleby
tantôt pour un héros de la désobéissance civile, tantôt pour une
figure de l'échec absolu. Ce dont
nous sommes sûrs, c'est que si
vous placez un élément perturba-
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Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
Bartleby, d’après Herman Melville, adaptation, mise en scène et interprétation de
Denis Athimon et Julien Mellano. Pour
adultes et adolescents.
Au Théâtre de Marionnettes de Genève,
du 24 janvier au 8 février 2015.
Réservations au +41 22 807 31 04
Denis Athimon
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théâtre du crève-cœur
théâtre du galpon
Martin, monsieur tout le monde un brin ‘personnel’,
est un homme sans histoire, au physique
presqu’anodin, vivant tranquillement aux côtés de sa
femme dans un quartier de Paris.
Le Théâtre du Galpon présentera une œuvre de Franz
kafka intitulée Joséphine, Cantatrice du peuple des
souris jusqu’au 14 décembre. Une fable parue en 1924
qui n’a assurément pas pris la moindre ride.
Un soir, à l’âge de trente-cinq ans, contre toute attente, il change de
sexe et devient… Héloïse ! "A l'âge de trente-cinq ans, qui n'est pas réputé
critique pour les hommes, il lui arriva une aventure troublante. Tous les
soirs, sur le coup de huit heures, Martin changeait de sexe pour, le lendemain matin à huit heures, revenir au masculin." Pas ‘réputé’ critique…
Au petit matin tout rentre donc dans l’ordre, Martin redevient ‘luimême’. Mais qu’est-ce que ‘rentrer dans l’ordre’ ? Quel ordre d’ailleurs ? Et
qu’est-ce qu’être soi-même ? Qui est-ce, ce soi niché au tréfonds de son
corps ? Problème d’actualité si l’on songe au nouveau film d’Ozon ou aux
récentes publications des études genre voire aux manifestations liées aux
questions relatives au Mariage pour tous. Les transformations physiques de
Martin deviennent subitement nécessaires et quotidiennes, s’installant de
facto sur le long terme. Homme le jour et femme la nuit, comment pourrat-il concilier ces deux identités ?
La cohabitation se corsera lorsque Martin et Héloïse tomberont surréalistiquement amoureux l'un de l'autre. Héloïse prendra ainsi l'habitude de
sortir la nuit et rencontrera d'autres hommes, à tel point que Martin himself
le lui reprochera et deviendra jaloux de lui-même en se réveillant un matin
dans le lit du nouvel amant d’Héloïse ! Vaudeville ? Certes, mais avec un
petit cran de plus ! S’ensuivent alors situations insolites, rapports schizophréniques et surtout toute une série d’effets comiques dès lors que Mme
Martin découvrira l’existence de cette rivale putative, gage de ressort théâtral efficace qui fait tout à fait ses preuves sur la petite scène du Crève-Cœur.
Au fait, petite question subsidiaire : comment tomber amoureux de soimême ? En se posant une fois encore l’antique question de l’amour, dont
Lacan disait : « l’amour est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en
veut pas » ? En se demandant ce qui nous ferait nous aimer si l’on se croisait soi-même un soir dans une fête, comme le proclamait Guy Bedos dans
un sketch de référence ? Ou alors, comme ici, en se transformant tellement
qu’on ne se reconnaît plus, ni tout à fait soi, ni tout à fait un(e) autre comme
qui dirait… « De fait, sa poitrine était importante et se tenait d'ailleurs très
bien. Entièrement nu pour mieux se repaître de son malheur, il arpentait la
chambre à coucher en se tenant les seins… ».
Et si cette pièce était la version postmoderne de Narcisse ? Pas de soeur
jumelle ici - Narcisse était amoureux de sa sœur jumelle morte trop tôt, nous
racontait jadis le géographe Pausanias -, mais une variante sur le mode ‘la
femme que tu veux est dedans’ ! Marcel Aymé est un auteur prolifique qui
a toujours eu à cœur d’analyser avec esprits les travers de l’homme et de la
société. Il reste incontestablement cet écrivain au « charme farfelu », comme
le souligne joliment Camille Giacobino, la metteure en scène de cet opus,
nous invitant à rire dans ce monde un peu tristoune et grisouille, à rire, peutêtre pas de tout avec n’importe qui, mais plus intéressant, à savoir rire de soi
avec impertinence, audace et distance critique.
Gabriel Alvarez, qui a déjà présenté de nombreuses créations sur les
différentes scènes du canton de Genève, est un habitué du Théâtre du
Galpon. Après M. L’hypocondriaque en 2010 et Marie Stuart en 2011, il
s’attaque cette fois-ci à l’univers très particulier de Kafka. Une ambiance
mêlant cirque, music-hall et théâtre populaire, dont les héros sont, dans cette
œuvre, perçus comme des bouffons. Ecrite dans un sanatorium de Vienne
quelques mois avant la mort de l’écrivain praguois, Joséphine, Cantatrice
du peuple des souris s’intéresse de près au pouvoir, à la musique et à la voix.
Un organe dont la protagoniste est pourtant dépourvue, puisque le chant de
souris qui sort de sa bouche est loin de rivaliser avec les envolées lyriques
d’une cantatrice. Pourtant, grâce au pouvoir qu’elle exerce sur les gens, elle
parvient à captiver son auditoire.
Pour incarner cette fascinante diva,
le metteur en scène colombien a choisi la
comédienne Clara Brancorsini, qui est
aussi co-fondatrice et membre permanente du Théâtre du Galpon. Chaque
soir, elle formera un duo avec le compositeur Bruno de Franceschi, qui l’accompagnera au piano dans ses couinements
et autres vocalises parfois improbables.
Un rôle essentiel puisque ces curieuses
interprétations permettent d’illustrer à
merveille comment Joséphine maîtrise
complètement l’art de la manipulation.
Elle sait, en effet, comme personne
embobiner son public en le convaincant
qu’il est en train de voir un spectacle
Joséphine et ses chaussures
fabuleux. Et l’emprise de la cantatrice
sur son auditoire ne s’arrête pas là : capricieuse, elle veut et exige qu’on
l’admire en se servant pour cela de toute l’armada d’une prima donna.
L’univers kafkaïen est souvent peuplé d’animaux. Cette œuvre n’échappe bien entendu pas à la règle. Pour mettre en valeur sa cantatrice-souris, Gabriel Alvarez a ainsi choisi d’utiliser dans sa mise en scène des
masques imaginés par Toni Texeira et complétés par des maquillages créés
par Arnaud Buchs.
Ce spectacle, qui se veut une gloria-parodica, a pour ambition de mettre en lumière la vacuité de l’art comme forme du paraître, comme une
forme d’extinction progressive du soi et comme le symptôme de la névrose
égotique actuelle. Une réflexion qui s’inscrit totalement dans le présent, au
vu des gros titres qui agitent la presse ces dernières semaines.
Héloïse
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Joséphine
Rosine Schautz
Jusqu’au 14 décembre 2014. Réservation : 022/786.86.00
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Julie Bauer
informations : 022 321 21 76 ; http://www.galpon.ch/
Jusqu’au 14 décembre 2014
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toria Hall
4/2015 au Vic
Mardi 27 janvier 2015 à 20 h
ORCHESTRE SYMPHONIQUE
DE GUANGZHOU
Lin Daye (direction), Mélodie Zhao* (piano)
Œuvres de Wenjing, Chengzong / Wanghua / Lihong / Zhuang, Tchaïkovski
*Soliste suisse
Lundi 16 février 2015 à 20 h
KREMERATA BALTICA
Daniil Trifonov (piano)
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
Œuvres de Penderecki, Chopin, Górecki
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
FRANZ LEHÁR
Saison 201
DEC.
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SICS
JOYEUSE
MIGROS-
L-CLAS
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L
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N
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POUR-C
LA VEUVE
WWW.BONLIEU-ANNECY.COM
UNE
SAISON
75
SPECTACLES
1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes © Jonathan Sirch
2-3 DÉC.
DE
REPRÉSENTATIONS
Azimut © Agnès Mellon
PROGRAMMATION
LIMB’S THEOREM
WILLIAM FORSYTHE
BALLET DE L’OPÉRA
DE LYON
NOVECENTO
ALESSANDRO
BARICCO
ANDRÉ DUSSOLLIER
•
LA DAME
DE LA MER
HENRIK IBSEN
OMAR PORRAS
17-19 DÉC.
14-16 JAN.
•
LA CHAMBRE
PHILHARMONIQUE
EMMANUEL KRIVINE
•
CARMEN
DADA MASILO
8-10 DÉC.
20 DÉC.
•
CIRKOPOLIS
CIRQUE ÉLOIZE
•
AZIMUT
AURÉLIEN BORY
GROUPE ACROBATIQUE
DE TANGER
9-10 DÉC.
180
Celui qui tombe © Géraldine Aresteanu
EXTRAIT
YVAN VAFFAN
JEAN-CLAUDE
GALLOTTA
•
D’OUVERTURE
9-10 JAN.
20-22 JAN.
•
1 HEURE 23’14”
ET 7 CENTIÈMES
JACQUES GAMBLIN
BASTIEN LEFÈVRE
31 JAN.-1
ER
FÉV.
ENFANT
BORIS CHARMATZ
5-6 FÉV.
•
LES LIMBES
ÉTIENNE SAGLIO
4-5 MARS
•
LE CAPITAL
ET SON SINGE
KARL MARX
SYLVAIN
CREUZEVAULT
11-14 MARS
LE MALADE
IMAGINAIRE
MOLIÈRE
MICHEL DIDYM
COUP FATAL
ALAIN PLATEL
5-6 MAI
•
LES MARCHANDS
JOËL POMMERAT
•
LES PARTICULES
ÉLÉMENTAIRES
MICHEL HOUELLEBECQ
JULIEN GOSSELIN
7-9 AVR.
12-13 MAI
23-25 MARS
•
CELUI QUI TOMBE
YOANN BOURGEOIS
•
SOLO
ROBERTO FONSECA
28-29 AVR.
21 MAI
•
ETC.
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béjart ballet lausanne
Revoilà Le Presbytère !
Après la reprise très attendue de la IXe Symphonie de Beethoven au NHk Hall
de Tokyo en novembre dernier (à Lausanne il faudra patienter jusqu’au mois
de juin 2015 !), c’est un autre must du répertoire béjartien que le public pourra
revoir au Théâtre de Beaulieu avant Noël : Le Presbytère.
48
Ce ballet n’a rien perdu de son charme, ni le
jardin de son éclat créé il y a presque 20 ans, en
1996 au Métropole. Ce titre un peu empoulé est
tiré du Mystère de la chambre jaune de Gaston
Leroux, auteur du célébrissime Fantôme de
l’Opéra.
Petite piqûre de rappel : Nous sommes dans
les années quatre-vingt-dix et le SIDA fait alors
encore d’énormes ravages. Des hommes jeunes
meurent et les espoirs de guérison sont minces.
Maurice Béjart perd son danseur fétiche Jorge
Donn quatre ans plus tôt. Le chanteur de Queen,
Freddie Mercury, disparaît à la même époque.
L’idée vient alors à Maurice Béjart de les associer dans un même ballet qui va rester jusqu’aujourd’hui au répertoire du BBL et rencontrer un
succès planétaire ! Tout le ballet est construit
autour des chansons de Queen et parfois ponctué
par des extraits de musiques de Mozart (compositeur mort aussi très jeune) qui permettent au
ballet de respirer.
Le Presbytère ne raconte pas vraiment une
histoire et c’est plutôt une suite de tableaux qui
se succèdent au gré de l’imagination du chorégraphe. Mais c’est là que commence le génie de
Béjart qui réussit à assembler et à rendre cohérent ce qui chez un autre ressemblerait à un bric
à brac… Tout fonctionne parfaitement même si
c’est parfois à la limite du mauvais goût et de la
redondance. Et finalement peu importe, Béjart
est un chorégraphe sincère et imaginatif et c’est
ce que le public retient avant tout.
Sur scène les tableaux s’enchaînent et des
moments grandioses côtoient des scènes plus
intimistes. Baignades sur la plage, jardin d’enfants, grand cube posé sur scène où les danseurs
e
s’étirent, s’allongent ou se couchent les uns sur
les autres ! Comme souvent chez Béjart le masculin l’emporte et il crée ses plus belles scènes
pour ses danseurs. Un court film projeté pendant
la représentation montre J.Donn comme s’il était
toujours vivant parmi les danseurs. Il semble
alors transmettre sa fantastique énergie aux interprètes présents pour dire qu’un danseur ne meurt
jamais vraiment si d’autres prennent la relève.
C’est ça la tradition, un flux perpétuel, qui, loin
de s’étioler, se renouvelle et va de l’avant.
Le final du Presbytère avec le célébrissime
Show must go on chanté par Mercury est un
grand moment d’optimisme. La vie semble alors
triompher de la mort, même si cette dernière aura
le dernier mot. Maurice Béjart dédiait alors cette
œuvre à la jeunesse et à l’espoir qu’elle peut susciter.
Une année avant sa fin tragique à Miami, le
couturier Gianni Versace avait créé et dessiné
pour la dernière fois les costumes d’un ballet de
Béjart. Il est fort probable qu’ils paraissent
aujourd’hui un peu datés ou démodés (mais
n’est-ce pas le propre de la mode ?) tout en gardant une certaine forme de somptuosité qui sied
parfaitement à la scène.
Michel Perret
Du 17 au 21 décembre au Théâtre de Beaulieu. Location
au BBL ou en ligne
« Le Presbytère » chorégraphie Maurice Béjart © Ilia Chkolnik
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Et la musique, quelle importance a-t-
en tournée
elle ?
Utopia Mia
Avec son nouveau spectacle, Utopia Mia, la compagnie Philippe Saire propose
un voyage à travers les utopies, sur fond de musique contestataire et d’univers
marin. interview du chorégraphe.
J’ai très vite choisi de travailler en lien étroit
avec la musique, qui a selon moi une place
importante lors des utopies. Les réunions de
musiciens remplaçaient en quelque sorte le discours politique, on parle par exemple toujours
de Woodstock. J’ai ainsi sélectionné des
musiques un peu contestataires, qui rêvent de
mondes différents et qui parlent d’un univers lié
aux drogues et de la construction d’un monde
imaginaire.
Comment avez-vous
travaillé la scénographie et les
lumières ?
Je travaille pour la première fois
avec une personne qui fait à la
fois la scénographie et les
lumières, Eric Soyer. C’est une
chance pour la danse, où la
lumière est souvent le décor
principal. Nous avons pris
« l’île », comme idée de départ.
La plupart des utopies ont été en
effet faites sur des îles ou sont
retranchées du monde. Nous
avons donc évoqué tout un univers marin et de déformation de
la réalité avec des projections et
la lumière.
Pour terminer, selon
vous, quelle place à l’art en
général et à la danse dans l’u-
«Utopia Mia» © Philippe Weissbrodt
«Un spectacle de danse, c’est déjà une forme
d’utopie». Philippe Saire
Comment vous est venue l’envie de
travailler sur les utopies ?
Philippe Saire : Tout a commencé avec le mouvement des Indignés à Madrid en 2011. J’ai été
très touché par cette forme d’opposition sans
violence et très construite. Ils encourageaient à
la fois à une vraie réflexion sur notre monde et
à un sentiment de collectivité. Je voyais la
population aller vers eux et leur amener à manger. Tout ça m’a ramené aux années 1970,
lorsque j’étais jeune adulte. Durant cette période, j’avais l’impression qu’un changement était
possible et que l’on avait envie de travailler sur
un collectif. Dans ce projet, il y a donc d’une
part de la nostalgie, mais aussi un questionnement sur le monde actuel et sur les préoccupations des jeunes adultes d’aujourd’hui.
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C’est donc un projet avec une forte
dimension personnelle ?
Oui, exactement. Ce mouvement des indignés a
réveillé en moi les souvenirs et la nostalgie de
cette période, que j’ai sûrement aussi fantasmée.
En fait, je me suis demandé ce que j’avais fait de
tout cela en vieillissant. C’est donc un regard très
personnel que je propose et pas un dictionnaire
des utopies ou un traitement politique.
Quelles sont les pistes que vous avez
explorées pour traduire l’utopie à travers la
danse ?
Nous avons réfléchi à des mises en situation,
par exemple comment et quand prendre parole
et lancer une idée. Des concepts plus larges se
retrouveront aussi dans la chorégraphie, comme
l’élan ou le chaos, qui sont tout deux des
moments distincts du processus. On doit en
effet s’y élancer, puis cet élan premier peut se
désordonner et se transformer en chaos.
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topie ?
A une certaine époque, il y a eu des spectacles
fortement politisés. Actuellement, ce travail est
tombé en désuétude. La politique s’introduit
dans les représentations à travers l’intime et le
personnel. En ce qui concerne la danse, je pense
qu’un spectacle de danse est déjà une utopie en
soi. Le spectateur y a une relation directe avec
des corps, qui transmettent de l’émotion et des
sensations. C’est donc se positionner en résistance aux nouveaux médias et moyens de communications.
Propos recueillis par Valérie Vuille
Le spectacle Utopia Mia se produira :
- les 4 et 5 décembre au Théâtre Forum Meyrin
- les 9 et 10 décembre au Théâtre Nuithonie, Fribourg
- les 11 et 12 décembre au Forum Saint-Georges,
Delémont.
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bonlieu scène nationale annecy
Feuilles de route
Cette fois c’est fait, la saison est lancée, Pitoiset, Boitel et Ouramdane ont
ouvert les feux de la rampe du nouvel écrin de Bonlieu. Le charme et l’élégance
des lieux ont opéré, les spectateurs sont ravis, ils ont redécouvert un espace
qu’ils croyaient connaître. Salvador Garcia est un capitaine confiant et heureux
à la tête de ce vaisseau amiral prêt à défier l’hiver théâtral.
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Et c’est tambours battants que s’ouvrira le
calendrier de décembre avec le retour très inspiré d’une chorégraphie mythique du grand JeanClaude Gallotta, Yvan Vaffan (1984). Ou comment un spectacle de trente ans qui n’a pas pris
une ride va vous mettre à l’épreuve de l’immobilité, afin de ne pas vous lever et ne pas danser
avec les onze protagonistes de cette épopée aux
rites étranges. Une bande de déjantés incroyablement séduisante, drôle et vivante qui vous donne
à voir un jalon incontournable de la danse
contemporaine qui revisite son histoire, sans
avoir l’air d’y toucher. Une heure trente de pur
bonheur communicatif. Les 2 et 3 décembre à
20h30.
Aux mêmes dates, un habitué des lieux,
Thierry Bedard revient titiller notre conscience
en interrogeant l’humour critique et les sarcasmes du discours omniprésents dans notre langage. Pour ce faire, Bedard choisit le compagnonage de l’auteur et philosophe Jean-Claude Curnier
et de deux comédiennes, Rébecca Finet et
Mélanie Menu qui donne corps à la causticité du
propos sur fond de rock et d’images montées,
pour mieux dénoncer la vanité dangereuse du
cynisme ambiant. Un rire capital. Petite salle à
20h30.
Et puis, avant de plonger dans l’univers de
Michel Houellebecq, en mai, dans la mise en
scène de Julien Gosselin, c’est le grand JeanLouis Aubert qui chante le poète et l’auteur
de Configuration du dernier rivage. Rencontre
heureuse entre le musicien et l’écrivain, intitulée
Les parages du vide et qui donne à entendre seize
poèmes choisis pour vibrer en écho du rock pulsé
d’Aubert. Le 2 décembre à 20h00. Arcadium.
Nocturnes au programme de l’Orchestre
des Pays de Savoie. Nicolas Chalvin accueille le
grand Nelson Goerner qui sait magnifier le piano
de Chopin, après une interprétation sensible des
Divertimenti de Mozart qui révèlent toute l’étendue du talent de Chalvin. Le 7 décembre dans
a
l’Espace Rencontre à 17h00. Annecy-le-Vieux.
Le nouveau spectacle du Cirque Eloize est
très attendu d’un public inconditionnel à juste
titre. Cirkopolis est une cité tentaculaire, froide
et impitoyable, mais le monde poétique et fantaisiste des artistes aériens et perchés de la grande
troupe pluridisciplinaire du monde d’Eloize aura
tôt fait de défier cette monotonie menaçante pour
redonner de l’éclat à la terne réalité. Les 9 et 10
décembre. Arcadium.
Dans le même temps, on pourra voir la dernière production du futur directeur du Théâtre
Le 12 décembre, Sacré Printemps !, spectacle malicieusement intitulé par Aicha M’Barek
et Hafiz Dhaou qui n’en ont pas fini avec la révolution tunisienne. On doit encore s’évertuer à
libérer les corps afin que la collectivité tunisienne clame d’une seule voix sa volonté de porter le
souffle de la révolution. Quoi de de plus éloquent
donc que la partition du Sacre du Printemps de
Stravinsky et la voix libératrice de la célèbre
Sonia M’Barek pour danser cette espérance.
Polices ! est le second spectacle de Rachid
Ouramdane à Bonlieu, après Tordre qui a fait
l’ouverture de saison en novembre. Pièce polyphonique qui réunit sur scène des danseurs, un
chœur de jeunes voix et des figurants, partant de
témoignages proposés par Sonia Chiambretto,
comme le récit d’une perquisition ou un rapport
de police. Mais comme toujours chez
Ouramdane c’est le mouvement et les gestes qui
semblent induire la scénographie et participent
d’une grande richesse visuelle, d’une intensité
d’ensemble qui marquent les esprits. Samedi 13
décembre à 20h30.
Autre univers chorégraphique que celui de
Thô Anothaï ou quand trois danseurs de hip-hop
contemporain explorent notre rapport à l’eau.
«La Dame de la mer» © M.Vanappelghem
Kléber-Méleau (Lausanne), Omar Porras qui
croise les pas du grand Ibsen. La Dame de la
Mer est ici investie avec un rythme et une gestuelle propres à l’impulsion théâtrale toute latine
et si profondément musicale de Porras. Le metteur en scène a une fois encore su dérouter le
matériau premier pour dissiper les brumes scandinaves et laisser éclater la puissance des sentiments. Projet audacieux et singulier. Faisons un
rêve. Grande salle à 20h30.
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Symbole de l’invocation et de l’expression des
émotions, Ô est un appel à l’aide, un cris douloureux et désespéré de l’humanité, accompagné par
un musicien et une chanteuse japonaise.
Naufrage, effondrement d’une vie, perdition de
l’être, c’est une marche lente et tendue qui
conduit à l’inéluctable et donne une idée intense
de l’esthétique de cette compagnie qui s’empare
du hip-hop pour lui insufflé une poésie et un sens
nouveaux. Elégance et respiration profonde des
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corps au cœur d’un univers original et salutaire.
Les 9 et 10 décembre, dans la Petite salle, à
20h30.
Les 17 et 18 décembre, Richard Brunel
adapte et met en scène l’étonnante auteure et
interprète Vanessa van Durme, dans un onewoman show intitulé Avant que j’oublie.
Dialogue fascinant entre une mère et sa fille que
tout oppose, ou presque. Maladie de la mémoire,
identité menacée et quête de reconnaissance. Une
œuvre bouleversante qui dit la beauté profonde
des marges et les combats croisés de deux femmes. Subtile et touchant. Petite salle.
Aux mêmes dates, trente deux danseurs du
Ballet de l’Opéra de Lyon vont rendre un hommage magnifique à l’un des maîtres de la danse
contemporaine, le grand William Forsythe.
Limb’s Theorem (1990) reste l’opus majeur de
ce chorégraphe de génie qui démontre ici magistralement comment les gestes et le mouvement
de la danse classique peuvent se tordre sous les
impulsions foudroyantes d’une écriture gestuelle
inventive et énergique. Les danseurs surgissent
de la nuit, âmes errantes sorties des limbes, pour
affronter en trois mouvements distincts des obstacles menaçants contre lesquels ils tentent de
s’affirmer. Rester en mouvement est alors la clé
de leur survie. Ils jouent avec les ombres et la
lumière qui scandent la scène pour mieux révèler
ces figures aveuglées, tour à tour en les surexposant ou en les occultant. Jeu d’apparences et de
disparitions coutumiers chez Forsythe, mais dont
l’instabilité permanente touche au sublime.
Moment d’exception ! Grande Salle.
Juste avant les Fêtes, Emmanuel Krivine
mettra son charisme et sa sensibilité au service
du répertoire romantique avec au programme
l’Ouverture tragique de Brahms, le Concerto
pour violoncelle et orchestre en la mineur de
Schumann et la Symphonie n°8 en sol majeur de
Dvoràk, pour laisser s’exprimer toute la délicatesse et le sens des contrastes de son orchestre sur
instruments d’époque. La Chambre
Philharmonique. Le 20 décembre. 20h30 dans
la Grande Salle.
C’est la chorégraphe et danseuse
Emmanuelle Huynh qui aura l’honneur d’ouvrir
la nouvelle année avec une récente création
Tozaï ! Cet intitulé n’est autre que le cri lancé par
l’accessoiriste avant que le rideau ne s’ouvre lors
des représentations de Bunraku, théâtre de
marionnettes japonaises du XVIIe siècle et spectacles interprétés par un seul récitant qui chante
tous les rôles, et trois manipulateurs pour chaque
marionnette qui opèrent à vue ! Bref, ici le
moment magique du lever de rideau, moment
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«Limb's theorem» © Michel Cavalca
d’avant l’événement et une façon pour
Emmanuelle Huynh de revisiter Mua, son solo
fondateur. Pièce pour six danseurs, inspirée du
bûto et célébration dansée du théâtre. Le 6 janvier. Grande Salle. 20h30.
Les 9 et 10 janvier, le génial Aurélien Bory
revient le Groupe Acrobatique de Tanger pour
concevoir un spectacle qui mêle habilement
cirque contemporain et tradition acrobatique tendance soufisme. Numéros de main à main,
grands portés, pyramides humaines et acrobaties
virevoltantes d’un peuple venu de nulle part.
Illusions du réel et défis à l’apesanteur, vous n’en
croirez pas vos yeux, toutes générations confondues ! Azimut, à 20h30. Grande salle.
Dans la petite salle, au même moment, cinq
femmes vont jouer, danser et chanter en confessant leurs secrets de filles de manière désopilante et cinglante à la fois. Dans Modèles la metteure en scène Pauline Bureau se demande ce qu’être une femme signifie en 2014. Interroger l’identité sexuelle de la femme, son intimité profonde
et son rôle social, au beau milieu du flot d’images quotidien, d’informations et de référents
hérités de leurs mères. Entre manifeste documenté et parodie jubilatoire, une revue musicale
décalée dont l’acuité en dit un peu plus sur le sort
des femmes. 20h30.
Le 14 janvier, la Compagnie Arcosm invente une variation dédiée aux ratés de la vie.
Ecriture à quatre mains qui fait se croiser les disciplines, multiplie les montages musicaux, chantés et dansés. Bounce ! a pour point de départ
l’accident, l’imprévu et, par extension, l’échec
dans ce qu’il peut avoir de plus stimulant. Quand
la chute incite notre imagination et notre créativité à prendre le relai pour retrouver une énergie
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salutaire dont ne se départit jamais ce spectacle.
Petite salle. 19h00.
Trois soirées durant , entouré de musiciens,
c’est l’incomparable comédien André Dussolier
qui donnera sa voix cendrée et profonde au trompettiste et ami de Novecento, Tim Tooney. Cet
homme va assisté, envoûté, au destin du jeune
pianiste hors norme. Protagoniste du magnifique
petit roman d’Alessandro Baricco, Lemon
Novecento naît sur un paquebot transatlantique,
abandonné sur le piano de la salle de bal. Il
devient un pianiste de génie et ne pose jamais le
pied à terre en 30 ans de traversées. Tous ceux
qui l’ont entendu disent qu’il est le plus grand,
jusqu’à son duel musical avec un certain Jelly
Roll Morton… Les 14, 15 et 16 janvier. Grande
salle.
Les 20 et 21 janvier, il faudra choisir entre
deux artistes majeurs du continent africain, la
danseuse et chorégraphe sud-africaine Dada
Masilo ou l’auteur et metteur en scène
Dieudonné Niangouna. Pour la première, c’est un
retour très attendu après l’inoubliable et doucement déjanté Swan Lake (2012). Dada Masilo se
réapproprie désormais le Carmen de Roland
Petit et le transcende de façon enthousiasmante
dans une interprétation à l’érotisme renversant.
Capacité unique à passer du rire aux larmes,
ancrage dans notre réel et plaisir visible de jouer
les mauvaises filles, la Carmen de Dada Masilo
est bien de notre temps, furieusement concernée
par les questions de sexualité, de tromperie et de
vengeance. Amples respirations ménagées en
alternant solos, duos et mouvement d’ensemble.
Malin, coloré et joyeux, comme un oiseau de
Bohème ! 20h30. Grande salle.
L’autre artiste à ne pas manquer, le
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«Tête Haute» © Caroline Bigret
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Congolais Niangouna nous plonge avec énergie
au cœur des années 80 avec la complicité de
films cultes et du kung-fu qui ont fabriqué le
comédien, metteur en scène et dramaturge qu’il
est aujourd’hui. Pour ce faire, il invente la forme
d’un solo participatif où il embarque le public.
En d’autres termes, il conçoit la scène comme
lieu d’échange et de résistance ! Cet opus intitulé Le Kung Fu résulte donc d’une écriture, mais
aussi d’un travail mené en amont dans chacune
des villes où le spectacle est présenté : habitants
de la ville, artistes et non artistes, jeunes ou
moins jeunes tournent dans les scènes « re-réalisées » par Dieudonné Niangouna. Le Kung Fu
est donc la rencontre entre le parcours d’un
homme et l’expérience cinéphilique des habitants
d’une ville. Ou comment l’on emprunte au cinéma pour recréer l’espérance au cœur de nos vies.
Passionnant projet. Salle de création. 20h30.
Encore pour les plus jeunes ( à partir de 6
ans), le texte léger et profond de Joël Jouanneau
Tête Haute est mis en scène par Cyril Teste qui a
plus d’un tour dans son sac. Magie des images,
jeu des acteurs soutenu par les technologies
numériques, bref une magnifique alchimie du
verbe et des images dont émane une poésie qui
touche chaque enfant. Une petite fille sans nom
qui connaissait tous les mots de la terre sans
connaître leur sens. Pour le découvrir, elle voyage à travers le monde et rencontre la peur au cœur
d’une forêt, un roi déchu et obtient les clefs du
royaume de sa naissance. Conte initiatique qui
fait confiance à la puissance des mots. Le 22 janvier à 19h00. Petite salle.
Le 23 janvier à 20h30 (Musée-Château), le
Quatuor Hermès fera entendre sa cohésion
d’ensemble, sa clairvoyance musicale et sa cou-
a
leur sonore en cheminant avec les quatuors de
Haydn, de Schumann et de Janacek. Omer
Bouchez et Elise Liu au violon, Yung-Hsin
Chang à l’alto et Anthony Kondo au violoncelle
sont tous dotés d’une grande virtuosité au service d’un engagement total dans les œuvres qu’ils
investissent avec délicatesse et élégance.
Enfin, les 27 et 28 janvier, on aura le choix
entre deux mise en scène très différentes. Pierre
Pradinas monte Oncle Vania de Tchekhov avec
la passion et la fougue nuancée qu’on lui connaît.
Tableau impressionniste des comportements et
de la condition humaine, Oncle Vania ne semble
rien avoir perdu de sa modernité quand elle met
en évidence ces micro-comportements et ces
détails incongrus, mais pourtant si décisifs. Tous
les personnages de cette « famille recomposée »
cherchent l’amour ou la compassion, sans jamais
véritablement y parvenir. Pradinas a su s’entourer de comédiens à la hauteur, et parmi eux,
Romane Bohringer, Scali Delpeyrat ou Gabor
Rassov. Grande salle. 20h30.
Dans la petite salle, au même moment,
Constance Larrieu et Didier Girauldon nous
révèlent toute la vitalité et la santé de l’écriture
de Wilhelm Reich, avec La Fonction de l’orgasme. Savant fou, précurseur des thérapies corporelles, sectaire paranoïaque et libérateur des
corps, victime du maccarthysme et exclu du parti
communiste, excellent élève de Freud et dissident de la psychanalyse, Reich est un agitateur
d’idées controversé et un paradoxe passionnant
et digne de l’intérêt que lui porte l’enquête de
Larrieu et Girauldon, sous forme d’une vraiefausse conférence scientifique et finalement,
d’un stimulant monologue théâtral. Expérience
filmée par Jonathan Michel à ne pas manquer.
20h30.
Jérôme Zanetta
Quatuor Hermès © Francois Sechet
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Théâtre des Marionnettes de Genève
DÉCEMBRE
JE 4 – MÉTALLOS ET DÉGRAISSEURS de Patrick Grégoire
ME 10 – PETITS CRIMES CONJUGAUX d’Eric-Emmanuel Schmitt
JE 18 – ALBUM DE FAMILLE Théâtre et chansons
JANVIER
VE 9 – LÉO OU VOYAGE AU PESANT-PAYS de Gaëtan de Camaret
VE 16 – ORPHELINS de Dennis Kelly
ME 21 À DI 25 – OH ! FESTIVAL ART VIVANTS VALAIS WALLIS 2015
JE 29 & VE 30 – LE ZAPPING DE YANN LAMBIEL Humour
LA LIGNE DE CHANCE
Dès 4 ans
3 au 21 décembre 2014
Une courageuse héroïne silhouettée
dans le monde des contes suisses.
BARTLEBY
Adultes, ados
8 au 20 janvier 2015
La résistance violemment comique
d’un petit employé.
tm
g
es
nnett
mario
LE DÉRATISEUR DE
HAMELIN
Dès 7 ans
24 janvier au 8 février 2015
Un artiste justicier face au règne
de l’argent.
Rue Rodo 3 – Genève
022 807 31 07
www.marionnettes.ch
CHRISTINE CÉLARIER
CÉCILE PERRA
ISABELLE RACINE & LAURA THIONG-TOYE
laFERME
de laCHAPELLE
A C C U E I L D U N E W Y O R K H A R L E M T H E AT E R
SACRÉ PROFANE
Porgy Bess
The Gershwins’®
10 janvier au 22 février 2015
laFERME
de laCHAPELLE
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
SM
and
A M E R I C A N F O L K O P E R A E N 3 PA R T I E S
DIRECTION ARTISTIQUE ET MUSICALE
WILLIAM BARKHYMER
MISE EN SCÈNE
B A AY O R K L E E
PORGY
A LV Y P O W E L L
L E S T E R LY N C H
BESS
M O R E N I K E FA D AY O M I
INDIRA MAHAJAN
C H ΠU R & O R C H E S T R SEM
D U N E W Y O R K H A R L E M T H E AT E R
13>24.02.2015
Ville de Lancy
République et canton de Genève
SAISON1415
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41(0)22 322 5050
SM
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q
portrait
Mischa Maisky
Le violoncelliste Mischa Maisky et l’Orchestre de Chambre Franz Liszt
seront en concert le lundi 8 décembre au Victoria Hall de Genève, dans le
cadre de la saison Migros-pour-cent-culturel. Au programme figurent des
pages de Marcello, de Corelli, le Divertimento de Bartok ainsi que le
Concerto pour violoncelle No 1 de Haydn et les Variations rococo de
Tchaïkovski.
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Né à Riga en 1948, Mischa Maisky
commence à l’âge de huit ans l’étude
du violoncelle. Entré en 1962 au
Conservatoire de Leningrad, il fait déjà
l’année suivante ses débuts avec
l’Orchestre Philharmonique de cette
ville. En 1966, lors du Concours
Tchaïkovski, où il obtient un 6e prix, il
est
remarqué
par
Mstislav
Rostropovitch, qui l’invite à étudier
avec lui au Conservatoire de Moscou.
Sa sœur ayant décidé d’émigrer en
Israël, Maisky devient suspect aux yeux
des autorités soviétiques en tant que
parent d’une personne ayant quitté le
pays. Arrêté pour avoir tenté d’acheter
un magnétophone au marché noir, il est
condamné à 18 mois de travail dans un
camp, près de Gorki, puis interné dans
un hôpital psychiatrique pour avoir
voulu échapper au service militaire.
Libéré, il rejoint sa sœur, acquiert la
nationalité israëlienne et reprend une
vie de concertiste qui l’amène à faire, à
Carnegie Hall en 1973, ses débuts américains avec l’Orchestre symphonique
de Pittsburgh, sous la direction de
William Steinberg. Un riche mécène le dote
alors d’un magnifique instrument du XVIIIe
siècle, un Montagnana, qui est aujourd’hui
encore son instrument de concert. Maisky bénéficie aussi aux USA de l’enseignement d’un
autre violoncelliste de légende, Gregor
Piatigorsky. Sa carrière prend dès lors un essor
international. En musique de chambre, il a pour
partenaires Radu Lupu, Yuri Bashmet ou Gidon
Kremer et avec Martha Argerich, il forme un
duo qui connaîtra la célébrité.
En 1982, Mischa Maisky enregistre le
Double concerto de Brahms, avec Kremer,
Bernstein et les Wiener Philharmoniker. C’est le
début d’une longue collaboration avec Deutsche
Grammophon, firme pour laquelle Maisky
a
Mischa Maisky
réalise plus d’une trentaine de CD : les Suites de
Bach, les Sonates de Bach et de Beethoven avec
Argerich, tous les grands concertos du répertoire, y compris ceux de Prokofiev et de
Miaskovski, les Trios de Tchaïkovski et de
Chostakovitch avec Argerich et Kremer. Pour
EMI, il enregistre le Triple Concerto de
Beethoven avec Argerich et Renaud Capuçon.
« Si je peux dire que la musique est ma religion, alors les six Suites pour violoncelle de
Bach sont ma Bible » confesse-t-il. Et si
Rostropovitch lui a appris à approfondir sa
conception de ces Suites, c’est Casals, à travers
ses enregistrements des années 30, qui a exercé
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sur lui, dit-il, une influence capitale. Maisky
considère que la musique de Bach ne doit pas
être abordée de manière solennelle, Bach n’étant pas un saint, mais un bon vivant aimant la
bonne chair et le vin. Et de fait, Maisky privilégie une approche très subjective de la musique,
s’autorisant des libertés dans des phrasés et des
tempi parfois très personnels, ce qui a fait dire à
un critique anglais que les disques des Suites de
Bach devraient porter la mention Suites pour
violoncelle de Bach-Maisky. S’agissant du premier enregistrement de ces Suites en 1985, ce
critique n’avait peut-être pas tort, car
on raconte qu’entendant un jour la
Bourrée de la Suite en do dans un
magasin de Zurich, Maisky s’est dit
consterné d’apprendre qu’il s’agissait
de sa propre interprétation. « On aurait
dit une parodie », se serait-il alors
exclamé. Il réenregistra les Suites en
2000, pour le 250e anniversaire de la
mort de Bach, avant d’entreprendre une
vaste tournée mondiale de plus de cent
concerts consacrés à l’œuvre du Cantor.
Mais pour lui, affirme-t-il, « c’est tous
les ans l’année Bach. » En 2007,
Maisky met une fois encore toute sa
musicalité au service des Suites pour
violoncelle filmées pour le DVD en
Italie dans une villa palladienne.
Mischa Maisky dit jouer comme il
se sent, s’efforçant de donner tout ce
qu’il a à son public. « La générosité
dans l’émotion et l’expression sont
pour moi les choses les plus importantes quand je joue. »
Rappelons enfin que c’est en 1995
que Mischa Maisky a fait son retour à
Moscou, après 23 ans d’absence, pour
un concert sous la direction de Mikhael
Pletnev, et qu’en 2011 à Lucerne, en compagnie de Martha Argerich et de l’orchestre symphonique de cette ville, il a créé, sous la conduite de Neeme Järvi, le Double concerto
« Romantic Offering » de Rodion Chédrine.
Yves Allaz
Le lundi 8 décembre : Migros-pour-cent-culturel-classics.
ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANZ LiSZT & MiSCHA
Bach et Maisky
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MAiSkY, violoncelle (Marcello, Corelli, Haydn, Bartók,
Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h
Location : www.culturel-migros-geneve.ch
Tél. 022 319 61 11
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Antje Weithaas a également enregistré des
pages d’Alfred Koerppen (né en 1926), de Louis
Spohr, et surtout, pour CPO, une intégrale très
remarquée de l’Oeuvre pour violon et orchestre
de Max Bruch, avec l’Orchestre philharmonique
de la NDR de Hanovre.
portrait
Antje Weithaas et la
Camerata Bern
La Camerata Bern
La Camerata Bern, dirigée du violon par Antje Weithaas, sera l’hôte du
Victoria Hall le dimanche 14 décembre à 17 heures, pour un concert
organisé par le Service culturel de la Ville de Genève, consacré à deux
grandes œuvres de Johannes Brahms : la Sérénade No 1 Op.11 et le
Concerto pour violon Op.77.
Directrice artistique de la Camerata Bern
depuis 2009, la violoniste allemande Antje
Weithaas, née à Cottbus, a commencé à l’âge de
4 ans et demi l’étude du violon. Elle a été élève à
la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin,
avant d’y occuper elle-même une chaire de professeur de violon depuis 2004. Cette brillante
violoniste a remporté plusieurs concours qui lui
ont ouvert les portes d’une carrière internationale, lui permettant de se produire comme soliste
avec les orchestres les plus renommés. Antje
où elle a consacré une soirée entière à des œuvres du compositeur munichois Jörg Widmann, en
compagnie du pianiste Florent Boffart et de JeanGuihen Queyras.
Antje Weithaas a enregistré plusieurs
albums de sonates avec la pianiste munichoise
Silke Avenhaus pour le label CAVI. Sa discographie témoigne aussi de son intérêt marqué pour la
musique contemporaine. A Paris, pour Harmonia
Mundi, elle a enregistré, avec Pascal Amoyel et
Emmanuelle Bertrand, le Trio avec piano
Antje Weithaas
Weithaas excelle aussi en musique de chambre,
avec des partenaires comme les pianistes
Christian Tetzlaff et Lars Vogt, la clarinettiste
Sharon Kam et d’autres encore. En 2002, elle a
fondé le Quatuor Arcanto avec Daniel Sepec,
Tabea Zimmermann et le violoncelliste JeanGuihen Queyras. Elle met aussi tout son talent à
défendre les œuvres des compositeurs d’aujourd’hui, comme en août dernier à Aix-en-Provence,
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d’Olivier Greif, un CD complété par la Sonate de
Requiem du compositeur parisien, mort prématurément en 2000 à l’âge de 50 ans. Avec
l’Orchestre symphonique de Stavanger, conduit
par Steven Sloane, Antje Weithaas vient de
publier un CD des Concertos pour violon de
Beethoven et de Berg salué par la presse spécialisée pour l’excellence de son interprétation,
toute de finesse et d’intériorité.
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Fondée en 1963, formée d’une quinzaine de
musiciens, tous actifs comme solistes, la
Camerata Bern, qui se produit dans le monde
entier, donne une série annuelle de concerts d’abonnement en ville de Berne, dont certains,
consacrés essentiellement à des compositeurs
actuels, ont lieu le dimanche matin au Centre
Paul Klee. Avec Antje Weithaas, la Camerata a
produit deux disques. L’un chez Claves d’œuvres de Mendelssohn comportant la version avec
vents et timbales du Concerto pour violon, piano
et cordes et une version pour ensemble à cordes
du Quintette No 2 Op. 87. L’autre, sous la label
CAVI, un CD comportant deux arrangements
pour orchestre à cordes d’œuvres de Beethoven :
le Onzième Quatuor et la Sonate « à Kreutzer ».
Avant son concert genevois, la Camerata
Bern aura entrepris en novembre une tournée en
Amérique centrale, avec notamment des concerts
à Panama City, Mexico, Morelia et San José. Elle
sera aussi l’invitée des Concerts Bach de Lutry
en février prochain et en mars dans la fosse du
Stadttheater de Bern pour six représentations de
l’Orfeo de Monteverdi, sous la direction de
George Petrou. Une activité rendue possible par
l’acquisition en 2013, grâce à divers dons, de
quatorze instruments spécialement conçus pour
l’exécution de la musique baroque. Ce qui a permis à la Camerata de développer sa pratique de la
musique ancienne, et de créer une nouvelle série
de concerts sur instruments d’époque, en marge
de son engagement toujours très actif en faveur
de la musique actuelle. Une heureuse collaboration s’est aussi établie avec le ballet du
Stadttheater. L’an dernier, la Camerata, sur
instruments anciens, a ainsi pris part à un spectacle chorégraphique basé sur un programme de
musique baroque italienne. Depuis quelques
années, la Camerata intervient aussi dans les écoles du canton de Berne, donnant plus de cent
concerts à près de 8000 enfants, spécialement
dans les régions rurales.
Yves Allaz
Le 14 décembre : Concert du dimanche de la ville de
Genève. CAMERATA BERN, dir. et violon ANTJE WEiTHAAS
(Brahms). Victoria Hall à 11h
Location : Espace Ville de Genève, Pont de la Machine,
Grütli / http://billetterie-culture.ville-ge.ch
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complices dans la vie comme dans la musique
Vadim Gluzman
et Angela Yoffe
En janvier, la série Temps & Musique accueille, à Nyon et à Genève, un
couple d’artistes dont le parcours a débuté dans l’ancienne URSS et
qui se poursuit dans le monde entier.
56
Né en 1973 en Ukraine, Vadim Gluzman
passe la plus grande partie de son enfance à
Riga, en Lettonie, puis étudie en Russie. Il
effectue alors une partie de sa formation en
compagnie de Maxim Vengerov et de Vadim
Repin. A l’âge de 16 ans,
avec sa famille, l’adolescent émigre en Israël,
pays dont il prend la
nationalité (il y séjourne
encore régulièrement
pour y donner des
cours); l’étudiant part
ensuite se perfectionner
à la Julliard School à
New York; puis ce sont
des voyages et des collaborations sur tous les
continents.
Au début de sa carrière, Gluzman reçoit le
soutien d’Isaac Stern. En
1994, Vadim Gluzman a
reçu un prix prestigieux,
le “Henryk Szeryng Foundation Career Award“;
la récompense l’a placé sur les devants des scènes du monde entier.
Au violon
L’interprète joue sur un Stradivarius de
1690, connu sous le nom d’Ex-Leopold Auer
(d’après un de ses précédents propriétaires du
tournant du XXe siècle, le Hongrois Leopold
Auer), lequel a fait l’objet d’un prêt à long
terme de la “Stradivari Society“ de Chicago.
Même s’il est devenu familier de cet instrument,
le concertiste avoue sa fascination devant ses
qualités, pour sa sonorité qu’il qualifie de sombre et de large. L’homme va a jusqu’à affirmer
que ce violon a influencé son jeu et qu’il est en
dialogue avec lui !
Ce personnage, à la solide stature, a dû
a
affronter la difficulté du trac. Il en a tiré une
morale et une philosophie de musicien, qu’il
explique ainsi dans une revue américaine: «
Présentez-vous sur scène le plus souvent possible, avec des partenaires, et vous réaliserez que,
Vadim Gluzman et Angela Yoffe
vous autant que les autres, êtes capable de produire un son magnifique. Un musicien ne fait
pas de la chirurgie, ni ne construit de buildings.
Il ne peut faire de mal à personne, même s’il
joue très mal. Mais s’il aime vraiment jouer, la
musique est un stimulant dont il ne peut plus se
passer, et l’accumulation des bonnes expériences va lui permettre de surmonter ses tensions
nerveuses. Qu’il trouve toutes les occasions de
jouer, qu’il ne pense pas à l’argent. Pour trouver son équilibre, qu’il fasse partie d’une communauté, d’une Eglise, d’une Synagogue, de ce
qui lui convient ! »
Ces déclarations se retrouvent dans le jeu;
le violoniste, au moment de monter sur scène,
paraît à la fois apaisé, décidé, mais ni placide ni
rigide. Chaque concert est vécu comme une
création, et visiblement le soliste prend plaisir à
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faire glisser son archet. Ces bonnes expériences
lui permettent de bâtir un discours savamment
référencé, où le romantisme affleure. (On n’est
pas né dans un pays slave pour rien !) Mais surtout il sait emmener son auditeur en voyage,
comme par empathie envers le mélomane.
Quand c’est possible, le musicien aime également expliquer, en début de concert, les caractéristiques des pièces et ses choix interprétatifs.
Cette chaleur humaine paraît comme le reflet du
besoin d’appartenance à un groupe, comme
mentionné plus haut; le besoin de communion
avec l’Autre ne surprend guère chez un artiste
qui a souvent changé de cadre; Vadim Gluzman
est devenu un vrai citoyen du monde !
Une pianiste attentive
Son parcours est moins illustre et fameux
que celui de son mari, mais Angela Yoffe mène
néanmoins une
carrière de qualité.
Certes elle sait
accompagner et
souligner avec
intelligence l’archet de son mari,
tout en conférant
au duo un équilibre raffiné. Mais
elle n’est pas que
la femme de....
La pianiste se
produit avec l’orchestre, donne
aussi régulièrement des récitals
et accompagne...
des spectacles de
ballet, notamment à Karlsruhe. Le dialogue à
venir entre ces deux concertistes se profile
comme passionnant.
Pierre Jaquet
Salle de la Colombière, Nyon, 11 janvier à 11h 15
Conservatoire de Genève, 12 janvier 2015 à 20 h
Vadim Gluzman, violon
Angela Yoffe, piano
Programme : Arvo Pärt, «Fratres» pour violon et piano
/ Serge Prokofiev, Sonate pour violon et piano N° 1 en fa
mineur, op. 80 / Ludwig van Beethoven, Sonate pour violon et piano N° 9 en la majeur «à kreutzer», op. 47
Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La
Combe, Stand info Balexert)
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entretien avec philippe béran
Un remède contre la
mélancolie
Connu pour son enthousiasme et son énergie inépuisable, Philippe Béran a
su conduire sa carrière en fonction de ses goûts. Son parcours musical suit
trois lignes directrices : la transmission du plaisir de la musique au jeune
public, l’accompagnement live de films à la tête d’un orchestre,
et le répertoire du ballet.
Enseignant de maths/physique et de
musique au Collège de Genève il a été pendant
dix ans en étroit contact avec les adolescents. A
l’époque peu de choses existaient dans le
domaine de la musique orchestrale présentée
aux jeunes. Dès 1997, Philippe Béran a donc
tenté de trouver une forme nouvelle de concerts
commentés, plus accessibles : près de 12.000
enfants y assistent annuellement. Il a aussi longtemps été responsable de l’action pédagogique
de l’OSR et de l’OCL. Bien qu’il ait aujourd’hui quitté l’enseignement et qu’il ait moins de
temps à consacrer aux manifestations pour
enfants, il reste proche des jeunes générations
puisqu’il tient à conserver son poste de chef de
l’Orchestre du Collège de Genève : une centaine de collégiens, avec qui il assure de nombreux
concerts en Suisse et à l’étranger.
Charlie Chaplin en a composé lui-même les
mélodies, orchestrées ensuite par des arrangeurs.
Une nouvelle tournée est prévue, cette fois avec
l’Orchestre de Chambre de Genève, qui jouera
sur les images du Cirque (en décembre à Villela-Grand et au Victoria Hall) et des Lumières de
la ville (16, 17 décembre à Meyrin).
Le grand problème est bien sûr la synchronisation. Cela demande une énorme préparation
personnelle, car il faut connaître à fond les
séquences du film, afin de faire coïncider l’action
et le déroulement musical. Pour les films de
Chaplin, des repères (par exemple : il tombe, il
entre etc.) sont indiqués dans la partition, mais ce
n’est pas le cas pour d’autres œuvres cinématographiques, ce qui augmente la difficulté. Et les
répétitions sont peu nombreuses !
Le 19 avril 2015 au Victoria Hall, la formule sera autre : à l’occasion de ce concert pédagoCiné-Concert
gique plusieurs questions seront posées : pourOn se souvient du succès remporté par la quoi le choix des réalisateurs s’est-il porté sur
projection des Temps modernes, dont Philippe telle œuvre classique ? Quelle place la musique
Béran a dirigé la musique originale en live. occupe-t-elle. Quel effet est-elle censée produire ? Quelles émotions fait-elle naître ?
L’OSR, qui va devenir parrain de
l’Orchestre
du
Collège, se joindra à
ce dernier pour le
plus grand enrichissement de chacun. Il
est essentiel de tout
faire pour retenir les
jeunes ou les attirer
vers la musique classique : elle doit être
défendue, car la
concurrence
est
Charlie Chaplin et Harry Myers dans «Les Lumières de la ville»
rude !
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Philippe Béran © Michel Blanc
Ballets
Chef associé à l’Opéra de Bordeaux de
1997 à 2000, Philippe Béran y a découvert le
vaste répertoire du ballet classique. Il travaille
régulièrement aujourd’hui avec le Ballet
National de Paris, le New York City Ballet, le
Ballet Royal de Suède et l’Opéra de Finlande. A
l’heure où nous écrivons il vient de diriger la
Première de Casse-Noisette au Grand Théâtre
de Genève. Le chef genevois parcourt donc le
monde plusieurs mois par année, car le ballet le
réclame. Il dit être l’un des rares chefs à apprécier l’accompagnement des danseurs et admet
que les contraintes dues à la priorité de la chorégraphie sont importantes : il faut trouver une
façon appropriée de diriger, avec élan, légèreté,
un sens aigu de la pulsation et donner une
impression de liberté. Souvent on peut dialoguer avec le chorégraphe mais lorsque la tradition est trop bien ancrée, comme dans Giselle, il
est impossible de changer quoi que ce soit.
Heureusement pour Casse-Noisette, Philippe
Béran et Jeroen Verbruggen sont parvenus à se
mettre d’accord.
D’après des propos recueillis par
Martine Duruz
Le 3 décembre : Concert de Noël. Ciné-Concert. L’OCG,
dir. Philippe Béran (Chaplin, Le Cirque). Victoria Hall à
20h (loc. : L'OCG +41 22 807 17 90 ~ [email protected])
Le 17 décembre : Les Lumières de la ville de Charles
Chaplin, avec l’Orchestre de Chambre de Genève, dir.
Ph. Béran. Théâtre Forum Meyrin (loc. 022/989.34.34)
n
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concerts Pour l’art sont à l’affiche, l’un par le
Quatuor Amar de Zurich, qui jouera des œuvres
de Mozart, de Hindemith et de Brahms, l’autre
par le Quatuor Sine Nomine, qui, avec l’altiste
Eli Karanfilova, présentera deux Quintettes,
celui de Bruckner et l’Opus 97 de Dvorak.
scènes de décembre et janvier
Agenda romand
En décembre 2014
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manqueront pas les traditionnels récitals
d’orgue de Jean-Christophe Geiser.
Le 5, à la Salle Paderewski, puis le
7 à Gland, au Théâtre du Grand Champ,
le Sinfonietta joue Ravel, Rota (Concerto
pour violoncelle), Roussel et Stravinski
(Pulcinella), avec Joël Marosi en soliste
et Marco Guigarini à la direction. Le 12,
aux Concerts de Montbenon, la mezzo
soprano Graziela Valceva et le pianiste
Maciej Pikulski présenteront un programme haut en couleur alliant Rossini,
Liszt, Chopin, Rimsky-Korsakov et
Offenbach.
Le 6, au BCV Concert Hall, conduit
par Leonardo Garcia Alarcon,
l’Orchestre de la HEMU présentera la
Sinfonia Buenos Aires (1953)
d’Astor Piazzolla, comportant un
A Lausanne, le pianiste Maciej Pikulski accompagnera la mezzo
soprano Graziela Valceva
large éventail de percussions et
deux bandonéons. Le 13, recréation de l’album mythique de Miles
Le 14, à Lutry, seront données les
Davis Sketches of Spain, par des étu- Cantates 1, 2, 5 et 6 de l’Oratorio de Noël de
diants de la HEMU, sous la direction de J.S. Bach, par d’éminents solistes, le Deutscher
Jean-Charles Richard. Le 8, à la HEMU, Kammerchor et le Kammerorchesterbasel, avec
le Nouvel Ensemble Contemporain et Julia Schröder au 1er violon.
l’Ensemble Vocal La Sestina interpréteLe 2, à Vevey, à la Salle del Castillo, le
ront une œuvre d’Isabel Mundry, datant Jerusalem Quartet se produira dans le cadre
de 2003, et une de Victor Cordero, écri- d’Arts et Lettres dans deux Quatuors de l’Opus
te en 2014.
18 de Beethoven ainsi que dans le Quatuor No
Le 12, à l’Eglise St-François, puis 2 Lettres intimes de Janacek. Le 9, au Théâtre,
le 13 au Sentier et le 14 à Rolle, concert unique représentation d’une version de poche
de Noël de l’Ensemble Vocal et de la Grande-Duchesse d’Offenbach, par la
Instrumental de Rolle, avec des œuvres Compagnie Les Brigands, dans une mise en
de Biber, Muffat et Haydn (un Concerto scène de Philippe Béziat.
Le 2 au Rosey Concert Hall de Rolle, cinépour violon et la Missa Sancti Nicolai)
concert
du Cirque de Chaplin, avec l’Orchestre de
Les 12, 13 et 14, au Théâtre 2.21,
A l’Opéra de Lausanne, Brigitte Hool sera Missia Palmeri de «La
Veuve joyeuse», photo Marc-André Guex
Chambre
de Genève conduit par Philippe Béran.
deux textes de Robert Walser bénéficieLe
8,
à Nyon, concert de l’Avent par
ront, l’un d’une improvisation mixte par un
Le 11, à la Cathédrale, le Chœur Pro Arte effectif vocal et instrumental de la HEMU, l’au- l’Ensemble vocal Accord d’Isabelle Jaermann,
et l’Ensemble Baroque du Léman interpréteront tre d’une mise en musique pour mezzo soprano avec notamment l’organiste Masayuki Kono
la Messe en si mineur de J.S. Bach. Le 19, et ensemble due à la compositrice japonaise dans les Litanies à la Vierge Noire de Francis
Poulenc.
concert de Noël, avec l’OCL qui jouera un Ezko Kikoutchi.
Le 14, à l’Abbatiale de Romainmôtier,
Concerto brandebourgeois de Bach et accomDu 17 au 21, au Théâtre de Beaulieu, le
l’Orchestre
Musica Poetica d’Annecy et la
pagnera les Voix de Lausanne de Dominique Béjart Ballet Lausanne reprend Le Presbytère,
Chapelle
Vocale
de Romainmôtier, conduits par
Tille dans Lux Aurumque d’Eric Whitacre, le une des œuvres fondamentales de Maurice
Michel
Jordan,
interpréteront la Messe en si
Gloria RV 589 de Vivaldi et le Dixit Dominus Béjart, sur des musiques de Mozart et de Queen.
mineur
de
J.S.
Bach.
de Haendel. Les 25 et 31, les mélomanes ne
Le 2 et le 16, à l’Octogone de Pully, deux
A Lausanne, la Veuve joyeuse de Franz
Lehar, avec Brigitte Hool en Missia Palmieri,
est à l’affiche de l’Opéra du 21 au 31 décembre,
dans une reprise de la mise en scène de Jérôme
Savary réalisée par Frédérique Lombart. Le
Sinfonietta et le Chœur de l’Opéra de Lausanne
sont placés sous la conduite de Cyrill Dietrich.
Les 8 et 9, sur la même scène, c’est l’Orchestre
de Chambre de Lausanne, dirigé par Heinz
Holliger, qui officiera, avec des œuvres de
Ligeti, de Mozart (soliste, le pianiste Till
Fellner) et de Schubert. Le 14, sous la baguette
de Raphaël Pichon, avec des solistes issus de
ses rangs, l’OCL présentera à son public dominical un délicieux cocktail de pages de
Telemann et de Rameau.
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Le 8, à Martigny, à la Fondation
Gianadda, concert du souvenir, hors abonnement. Musique spirituelle, avec Cecilia Bartoli,
mezzo soprano et I Barocchisti, conduits par
Diego Fasolis.
A Neuchâtel, les 21 et 25, à la Collégiale,
le Chœur Novantiqua de Sion et le Moment
Baroque présenteront Le Messie de Haendel,
sous la baguette de Bernard Héritier.
Le 2, à La Chaux-de-Fonds, à la Salle de
Musique, à l’enseigne de « Vivaldissimo »,
concert des Sonatori de la gioiosa Marca, dirigés du violon par Giuliano Carmignola. Le 6,
puis le 7 à Neuchâtel, concert d’œuvres de
Milhaud, T. Madsen, Villa-Lobos et Schumann,
par l’Ensemble Symphonique Neuchâtel.
Les 3,7, 23 et 31, à Bienne, reprises de
Viva la Mamma de Donizetti au Stadttheater et
le 28, de Rusalka de Dvorak. Les 12 et 14, au
Palace, premières représentations du musical
Man of La Mancha, avec Sébastien Soules en
Don Quichotte et la direction musicale de Beat
Ryser. Le 21, au Palais des Congrès, Kaspar
Zehner sera à la tête de l’Orchestre BienneSoleure et de l’Ensemble Vocal d’Erguël pour
l’Oratorio de Noël de Bach.
A Bienne, Sébastien Soules sera Don Quichotte dans le
musical «Man of Mancha»
A Fribourg, deux récitals de piano sont
annoncés, celui d’Olivier Cavé le 1er décembre
à l’Equilibre, et celui d’Alexei Volodin le 5 à
l’Aula Magna de l’Université. Le 11, puis le 12
à La Chaux-de-Fonds, l’Orchestre de
Chambre de Lausanne, conduit par Domingo
Hindoyan, jouera des œuvres de Mendelssohn
et Dvorak, avec le pianiste Francesco
Piemontesi en soliste. Les 29 et 31, à
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l’Equilibre, premières représentations de
L’Enlèvement au Sérail de Mozart, sous la
direction musicale de Laurent Gendre et une
mise en scène de Tom Ryser. Une coproduction
avec les opéras de Lausanne, de Tours et du
Capitole de Toulouse.
En janvier 2015
A Lausanne, le 8, à Beaulieu, concert de
l’OSR, sous la direction de Kazuki Yamada,
avec le pianiste Simon Trpceski. Au programme
figurent Star-Isle de Takemitsu, le 3e Concerto
de Prokofiev et la 7e Symphonie de Beethoven.
Les 12 et 12, à l’Opéra, Karl-Heinz
Steffens conduira l’OCL dans des œuvres de
Bartok, Brahms (2e Symphonie) et Ligeti
(Concerto pour violon), avec Michael
Barenboim en soliste. Les 16 et 18, l’Opéra de
Fribourg donne deux représentations de Die
Entführung aus dem Serail de Mozart.
Le 17, au BCV Concert Hall, l’OCL, dirigé
par Yu Lu, présente Le Retour du Loup (2011)
d’Alexandros Markéas, un conte musical pour
enfants. Le 19, à la HEMU, sera donné El
Cimarron de Hans Werner Henze, action dramatique en 15 tableaux pour baryton, flûte, guitare et percussion.
A Nyon, le 11, à la Colombière, le violoniste Vadim Gluzman et la pianiste Angela
Yoffe se produiront dans des pages de Pärt,
Prokofiev et Beethoven.
A l’Octogone de Pully, le 20, le Quatuor
Fauré avec piano (Karlsruhe) est l’invité de
Pour l’Art.
A Lutry, le 18, Maurice Steger, flûte
baroque, et I Barocchisti, joueront des œuvres
de Vivaldi, Geminiani et Albinoni.
A Montreux, le 21, à l’Auditorium
Stravinski, l’OCL et le Chœur d’oratorio de
Montreux présenteront Die Schöpfung (La
Création) de Haydn, sous la conduite d’Yves
Bugnon.
Aux Diablerets et à Vers-l’Eglise, le 45e
Festival Musique & Neige a lieu du 1er janvier
au 1er mars. Réservations : www.musique-etneige.ch
A Martigny, le 18, à la Fondation
Gianadda, récital du pianiste Olivier Cavé.
A La Chaux-de-Fonds, à la Salle de
Musique, se produiront : le 11, Antoine
Auberson au saxophone et Benjamin Righetti à
l’orgue ; le 16, le Trio Guarneri de Prague ; le
17, avant le 18 à Neuchâtel, l’Ensemble symphonique Neuchâtel, sous la baguette de Gabor
Takacs-Nagy, dans Haydn et Tchaïkovski ; le
25, le SWR Sinfonieorchester de Baden-Baden
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t
et Freiburg, sous la direction de FrançoisXavier Roth, avec le flûtiste Emmanuel Pahud
en soliste. A l’affiche : Mozart, Boulez
(Originel de Explosante) et Beethoven.
A Bienne, reprises, au Palace, les 6, 21, 25
et 31, du musical Man of La Mancha et au
Stadttheater, le 17, de Viva la Mamma de
Donizetti et le 29, de Rusalka de Dvorak. Le 21,
au Palais des Congrès, la jeune soprano Regula
Mühlemann interprétera des Arias de Mozart,
accompagnée par l’Argovia Philharmonie,
conduite par Douglas Bostock. La Symphonie
« Linz » de Mozart, une Suite de La Tempête de
Sibelius et le poème symphonique Pan et Syrinx
de Nielsen complètent ce captivant programme.
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A Bienne, la soprano Regula Mühlemann chantera des
airs de Mozart © Shirley Suarez Photography
A Fribourg, à l’Equilibre, les 1er, 2, 4, 9 et
11 janvier, puis les 16 et 18 à Lausanne, représentations de Die Entführung aus dem Serail de
Mozart. Le 25, l’OCL et l’Orchestre de la
HEMU de Lausanne, sous la conduite de
Kazushi Ono, présenteront une Ouverture de
Weber, le Concerto pour violon No 1 de Max
Bruch, avec Renaud Capuçon en soliste, et la 4e
Symphonie de Tchaïkovski. Le 30, musique de
chambre par le Quatuor Apollon Musagète, et le
31, l’Orchestre de Chambre fribourgeois et
Laurent Gendre rendront hommage à Aloÿs
Fornerod, disparu il y a 50 ans, en présentant
son Voyage de Printemps, qui précédera le
Carnaval des Animaux de Saint-Saëns et la
Sinfonietta de Poulenc.
Yves Allaz
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mensuelle d'un nouveau CD jusqu'en octobre
2015 en tous les cas...
éditions claves : entretien avec le directeur
Les petits labels font
de la résistance
Quels sont les moyens dont dispose
une marque romande qui n'a pas l'appui de
grands sponsors internationaux et dont les
budgets publicitaires restent plutôt confidentiels ?
Ce n'est un secret pour personne : le marché du CD va mal, les ventes
baissent année après année selon une courbe désespérément constante au
point que certaines Cassandre prévoient la mort de la galette argentée dans
un avenir tout proche. Pourtant, plusieurs marques continuent de publier
des enregistrements qui suscitent souvent l'enthousiasme des critiques
des revues spécialisées...
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La maison d'édition romande Claves compte au nombre de ces marques qui se maintiennent à flots contre vents et marées et parviennent même à étendre tranquillement leur rayon
d'action. Raison pour laquelle il paraissait intéresser de donner, pour une fois, la parole à son
directeur, M. Patrick Peikert, qui a accepté de
parler ouvertement des problèmes rencontrés
dans ce marché actuellement perturbé. Ma première question concernait précisément les perspectives de ventes futures du CD.
Les grandes marques, telles Universal
Music ou Sony, se plaignent de voir leurs
marges bénéficiaires se réduire dramatiquement et se contentent de plus en plus souvent
de puiser dans leur vaste répertoire au lieu
de prospecter le marché et d’offrir des nouvelles versions d'œuvres encore négligées
aujourd'hui. A voir votre catalogue, il semble que vous ayez décidé de suivre
d'autres voies...
Aucune maison de disques ne peut se
permettre le luxe de miser seulement
sur les plages négligées du répertoire.
Il est donc important, pour nous aussi,
de publier une nouvelle version de
sonates de Haydn ou de Schubert, ne
serait-ce que pour offrir à des interprètes suisses l'occasion de se mesurer à ces monuments universellement
admirés. Mais cela ne saurait suffire à
une maison d'édition qui entend aussi
remplir une mission culturelle. Pour
nous, le mélange de pages connues
avec des partitions au parcours public
plus discret semble capital, ne seraitce que pour éviter la routine, chez les
artistes comme chez l'auditeur!
le profil de Claves ?
Jusque dans les années 2000, le label s'enorgueillissait de posséder un répertoire d'un demimillier d'enregistrements qui étaient tous restés
au catalogue. Puis la situation a progressivement évolué vers un appauvrissement de l'offre,
plusieurs titres disparaissant sans laisser de
trace au point que Claves se positionnait essentiellement sur le marché avec ses nouvelles
parutions. Quand j'ai pris la direction de la maison de disques en 2010, ma première tâche a été
de redonner vie au catalogue, et nous sommes
quasiment arrivé au terme du 'repêchage' des titres anciens. Autrement dit, nous offrons de
nouveau un accès à presque tout notre catalogue
ancien. Parallèlement, il s'agissait d'établir un
rythme de productions qui assure à la marque
une présence régulière dans les médias.
Aujourd'hui, je puis confirmer la publication
Produire un CD coûte cher. En gros, en tenant
compte du travail graphique nécessaire à la présentation visuelle du CD et de la nécessité d'engager aussi un spécialiste pour les notices
concernant les ouvrages exécutés, je dirais qu'il
faut compter entre 20'000 et 25'000 francs par
publication. Pour aller plus avant dans le détail,
si vous tenez compte, avant même de commencer avec les séances d'enregistrement, des frais
qu'entraînent la location d'une salle ou du matériel d'exécution, vous atteignez déjà rapidement
un montant qui dépasse les 10'000 francs par
jour... En outre, il y a les droits à payer aux exécutants, aux compositeurs, s'ils sont encore
vivants ou couverts par les droits d'auteur voire
aux éditeurs des partitions. Il nous faut donc
faire preuve d'imagination pour trouver à
chaque fois des fonds...
C'est-à-dire ?
Certains musiciens trouvent des sources de
financement pour tel ou tel projet et viennent
vers nous avec une esquisse de budget qui nous
facilite la tâche. De notre côté, nous recherchons du côté des fondations privées ou
publiques lorsque un nouvel enregistrement
semble s'inscrire dans la politique poursuivie
par ces éventuels bailleurs de fonds. Il y a bien
sûr aussi la Radio qui s'intéresse parfois à nos
publications, ne serait-ce que pour donner une
vie plus longue à un enregistrement
de concert méritant de dépasser l'audience d'une soirée symphonique
inscrite dans les programmes d'une
soirée.
Et il y a internet !...
Bien sûr! Le streaming, autrement dit
la possibilité de consommer la
musique classique via un site internet
où l'on achète le droit d'écouter un
enregistrement sans le posséder physiquement, permet à nos disques d'atteindre des auditeurs potentiels dans
le monde entier. La synchronisation
est intéressante elle aussi : il existe en
effet des sites qui proposent à un
cinéaste, par exemple, une sorte de
catalogue où différents extraits musicaux sont classés en fonction d'étiquettes plus ou moins précises qui en
Quatuor Sine Nomine © Pierre-Antoine Grisoni - Strates
Quel est alors actuellement
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définissent l'atmosphère générale. Ainsi, si un
réalisateur cherche un fond sonore pour un plan
cinématographique qu'il souhaite enrichir d'une
pièce possédant une qualité précise destinée à
mettre en valeur ses images, il trouve sur un tel
site divers morceaux entre lesquels il peut choisir à loisir celui qui lui convient le mieux. Tout
notre catalogue est maintenant prêt à être
exploité de cette façon, et cela permet d'imaginer d'intéressants développements. Il y a encore, mais là je suis moins enthousiaste, les compilations : ce sont des séries de CDs destinées à
telle ou telle activité sportive ou à des moments
particuliers de la vie (mariages, deuil, relaxation...) où se trouvent réunis de courts extraits
dont on estime qu'ils mettent l'auditeur dans
l'ambiance souhaitée. Cela n'a plus grand chose
à voir avec la musique et le respect que l'on doit
aux œuvres, mais - reconnaissons-le humblement - 'ça' marche!...
Une dernière question : comment
voyez-vous l'avenir à court et moyen terme ?
Nous avons entrepris (et allons continuer) d'élargir le cercle de nos distributeurs. Il y a une
dizaine d'années, Claves n'en avait plus que
cinq. Maintenant, nous sommes parvenus à en
intéresser plus de vingt dans le monde entier et
nous devrions atteindre, dans l'idéal, une bonne
trentaine... Actuellement, nos CDs sont présents
sur le marché digital dans 195 territoires (sur les
247 que compte le monde). Je cherche également à intéresser à nos activités d'autres fondations, privées ou publiques, qui souvent se
déclarent prêtes à soutenir le livre mais peinent
à admettre que le disque possède également une
vocation culturelle! Les mécènes ou la fondation pro helvetia devraient, me semble-t-il plus
fréquemment soutenir de telles entreprises.
Quand nous remettons sur le marché, par exemple, l'enregistrement d'une partition totalement
oubliée comme celle du ballet Cendrillon de
Frank Martin jouée par un orchestre genevois,
ne serait-il pas légitime d'espérer un appui ?
joints pour l'occasion Nicolas Pache, altiste, et
François Guye, violoncelliste, des interprètes au
jeu chaleureux et ardent qui savent pourtant rester admirables de maîtrise dans la recherche des
délicats équilibres sonores des passages les plus
véhéments. Le fameux Adagio du Quatuor en si
bémol, connu pour avoir servi de musique de
fond entêtante à certaines scènes du film à scandale Les Amants de Louis Malle, frémit sous les
archets des six musiciens avec une immédiateté
qui en souligne la perfection formelle tout en
ouvrant des perspectives sonores inattendues à
l'auditeur le plus blasé.
Octuors à cordes de Bruch et Svendsen par les
Tharice Virtuosi.
Ces deux partitions totalement méconnues
du grand public trouvent ici une interprétation
qui met en valeur leur écriture dense et complexe par une lisibilité exemplaire de chacune
des voix solistes; pourtant, il ne s'agit pas là de
purs exercices de style mais de pages où les
mélodies abondent, comme dans le superbe et
étale Andante sostenuto de l'Octuor du compositeur norvégien. Si de telles pages peuvent
Quelques parutions récentes...
Sextuors à cordes no 1 & 2 de Brahms par le
quatuor Sine Nomine.
Ces deux partitions de grande ampleur trouvent dans le Quatuor Sine Nomine auquel se sont
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Symphonie concertante de Haydn et Concerto
pour hautbois de Mozart.
Ce rare document sonore d'un concert donné par
Claudio Abbado à Madrid en mars 2013 à la tête
de l'orchestre Mozart qu'il avait lui-même fondé
se révèlera irremplaçable pour tous les amateurs
du chef italien. On y retrouve son indicible élégance dans l'art de caresser les phrasés de la
Symphonie de Haydn sans qu'aucune impression de froideur ou de distance excessive ne
s'insinue entre l'orchestre et le jeu des solistes.
Dans le concerto mozartien, la suprême maîtrise des infimes rubatos qui anime le discours de
l'Adagio non troppo, par exemple, et le tonus
Tharice Virtuosi © zVg / Tharice Foundation
Propos recueillis par Eric Pousaz
Pour plus de détails sur les parutions de Claves, se référer au site http://www.claves.ch/
nante qu'en donnent ici les instrumentistes de
l'orchestre de la haute école de musique de
Genève rend incompréhensible une telle négligence. Le compositeur genevois essaie à la fois
de retrouver ici la grandeur du ballet à la russe
du début du XXe siècle tout en posant les fondations d'un langage musical plus intimiste,
moins enclin à l'emphase ou au spectaculaire.
La réussite, à en juger par ce CD, est totale et
laisse espérer une renaissance prochaine...
paraître ardues en concert, ce CD en facilite
grandement l'approche tant le jeu extraordinairement délié des musiciens sait mettre en valeur
chaque finesse de leur écriture.
Le conte de Cendrillon de Frank Martin.
Ce ballet d'une septantaine de minutes pour
voix et orchestre, créé avec succès à Bâle en
1942, a totalement disparu de l'affiche après une
création qui a pourtant remporté un vif succès.
L'interprétation à la fois pénétrante et bouillon-
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galvanisant qui caractérise aussi bien l'accompagnement orchestral que le jeu du soliste suffisent à placer cet enregistrement dans une catégorie à part... On en vient à regretter la relative
brièveté du programme qui eût permis d'ajouter
aisément l'interprétation d'une autre page de l'un
de ces deux compositeurs.
Eric Pousaz
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2001, qui a su se hisser au rang des meilleurs
sous l’aile protectrice de Gabor Takács-Nagy. Au
programme, le Quintette pour piano et cordes op
57 de Chostakovitch et le Quintette à cordes
D956 de Schubert.
On retrouve Louis Schwitzgebel et Lionel
Cottet le 14 février. Tous deux nés à Genève en
1987, ils ont reçu leur formation dans les
Conservatoires romands: Lausanne pour Louis,
auprès de Brigitte Meyer, Genève pour Lionel
auprès de François Guye. Lauréats de nombreux
concours internationaux (Genève en 2001 pour
Louis) les deux amis se sont perfectionnés à la
vers-l’église-les diablerets
Festival Musique
et Neige 2015
Du 1er janvier au 28 février le traditionnel rendez-vous musical de la
station des Ormons propose ses concerts du samedi dans l’écrin
intime du Temple de Vers-L’Eglise.
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Exception à la règle, c’est à la Maison des
Congrès des Diablerets que débutera la saison,
avec un concert du jour de l’an, jeudi 1er janvier
à 18h15, placé sous le signe du blues et du boogie-woogie, avec un spécialiste du genre, le pianiste suisse Sylvan Zingg. Vituose et showman
d’exception invité par Claude Nobs à Montreux,
il s’est produit au Etats-Unis avec Chuck Berry
et Ray Charles. Il est annoncé en trio avec un
couple de danseurs. On tapera certainement
dans les mains, comme, le matin, le public du
Musikverein de Vienne sur la Marche de
Radetsky !
Révélation Soliste
instrumental 2014
aux Victoires de la
Musique, et la pianiste Béatrice Berrut,
soliste et chambriste
formée
à
la
Hochschule “Hanns
Eisler” für Musik de
Berlin. L’histoire ne
dit pas si le Trio doit
son nom au fait que
Béatrice Berrut pilote
Camille Thomas © Arnaud Robert
Sylvan Zingg
Samedi 17 janvier, la violoniste française
Gaëtane Prouvost sera pour la troisième fois
l’invitée du Festival Musique et Neige. Elle
viendra accompagnée de son collègue et néanmoins ami au Conservatoire de Paris, le pianiste Laurent Cabasso. Ayant contribué par deux
enregistrements remarqués à mieux faire
connaître l’œuvre pour violon et piano de
Gabriel Pierné et de Louise Farrenc, c’est pourtant un programme russe qu’ils proposeront
avec la Sonate pour violon et piano no.1 de
Prokoviev et le Divertimento pour violon et
piano de Stravinski.
Samedi 24 janvier, place au Trio SaintExupéry, soit Francesco de Angelis, premier
violon solo de l’Orchestre de la Scala de Milan,
la violoncelliste Camille Thomas, nommée
a
des avions. On les
entendra dans des
Trios pour piano et
cordes, le no. 2 de
Schubert et le no. 1
de Mendelssohn.
Samedi 31 janvier, le Quatuor
Apollon Musagète,
formé à Vienne en 2006, joue pour la seconde
fois au Festival. Poursuivant une carrière
l’ayant mené sur les plus grandes scènes allemandes et européennes, il a effectué en 2014 sa
première tournée en Chine.
Passionné de musique contemporaine, il a
mis à son programme le Langsammer Satz
d’Anton Webern, précédé du Quatuor op 18
no.3 de Beethoven et suivi du Quatuor op 11
no.1 de Tchaïkovsky.
Samedi 7 février, le Quatuor
Terpsycordes, qui va fêter ses 15 ans d’existence, vient en compagnie de deux musiciens également basés à Genève, Louis SchwitzgebelWang et Lionel Cottet. On ne présente plus ce
Quatuor, premier prix du Concours de Genève en
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Juillard School of Music de New York. On les
entendra dans deux Sonates pour violoncelle et
piano toutes deux en sol mineur: la no.2 op 65
de Mendelssohn et l’op 65 de Chopin.
Soirée de Lieder le 21 février avec la soprano ukrainienne Tatiana Timchenko, premier
prix au Concours International de SaintPetersbourg en 2010, accompagnée par le pianiste allemand Daniel Heide. Programme franco-russe (Tchaïkovsky, Rimsky-Korsakov,
Bizet, Fauré, Debussy).
Le concert de clôture, le 28 février,
accueillera des habitués du Festival, le merveilleux Trio Wanderer conjuguant les talents
de Vincent Coq, piano, Jean-Marc PhilipsVarjabédian, violon, et Raphaël Pidoux, violoncelle. Une sensibilité et une écoute exceptionnelles, développées sur près de trente ans,
seront à coup sûr au rendez-vous, dans le Trio
pour piano et cordes op 120 de Fauré et l’op 67
no.2 de Chostakovitch.
Christian Bernard
Rens. www.musique-et-neige.ch
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en décembre et janvier
Agenda genevois
S’il est un seul concert incontournable en cet hiver, c’est bien le récital que
proposera le pianiste Grigory Sokolov le jeudi 4 décembre au Victoria Hall,
avec au programme une Partita de Bach, la Sonate No 3 de Chopin et la
Sonate No 7 de Beethoven. De quoi ouvrir avec talent cette saison hivernale
qui s’annonce agréablement chargée sur les scènes de la cité de Calvin.
Pour célébrer la fin de l’année, le Grand
Théâtre propose des soirées pétillantes en décembre avec un opéra d’Offenbach, La Grande
Duchesse de Gérolstein. Avec Franck Villard à la
tête de l’Orchestre de la Suisse Romande et une
mise en scène à charge de Laurent Pelly,
Ruxandra Donose sera le rôle éponyme et Fabio
Trümpy « Fritz ».
A ne pas manquer d’autre part la présence
de l’Orchestre de Chambre de Genève au Théâtre
Forum de Meyrin où, dirigé par Philippe Béran,
il orchestrera Les Lumières de la ville de Charlie
Chaplin les 16 et 17 décem-bre prochains.
L’Orchestre de Chambre Franz Liszt sera au
Victoria Hall le 8 décembre pour un programme
varié, accompagné par le violoncelliste Misha
Maisky. Des œuvres de Corelli, Haydn, Bartók
ou encore Tchaïkovski sont annoncées. Notons
par ailleurs que le 6 décembre, l’Orchestre des
Variations Symphoniques et le Chœur
Symphonique de Vevey proposent d’écouter la
trop rarement jouée Symphonie No 9 de
Beethoven, et ce au VH.
Le mercredi 10 décembre, le jeune Domingo
Hindoyan sera à la tête de l’Orchestre de
Chambre de Lausanne, accompagné par le pianiste Francesco Piemontesi, pour jouer le
Concerto pour piano de Dvorák, la Symphonie
No 3 ainsi que le Songe d’une nuit d’été de
Mendelssohn. La Camerata Bern jouera dans la
même salle le 14 décembre un programme consacré à Brahms, puisque la cheffe et violoniste
Antje Weithaas interprétera le Concerto pour
violon du compositeur allemand et une Sérénade.
L’Orchestre de la Suisse Romande donne rendezvous pour ses concerts de Noël les 16 et 18
décembre au VH, pour que les harmonies nordiques d’Edvard Grieg résonnent, grâce à la partition de Peter Gynt et à la baguette de Kazuki
Yamada.
L’on retrouvera cette formation au début de
l’année 2015 avec ce même chef les 7 et 9 janvier, pour entendre le Concerto pour piano No 3
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Dawn Upshaw © Dario Acosta
de Prokofiev, avec comme soliste Simon
Trpceski ; en deuxième partie de soirée, la
Symphonie No 7 de Beethoven résonnera. Le traditionnel concert des Amis de l’OSR donne cette
année rendez-vous le 13 janvier pour aller à New
York, avec des mélodies de Weill, Duke,
Bernstein, Gershwin et Sondheim qu’interprétera
la soprano Dawn Upshaw, placée sous la
baguette d’Osmo Vänskä.
Du 6 au 10 janvier, le Grand Théâtre sera au
Bâtiment des Forces Motrices pour un opéra de
Michaël Levinas d’après Le Petit Prince de
Saint-Exupéry ; l’OCL sera placé sous la baguette d’Arie van Beek, tandis que la mise en scène
est à charge de Lilo Baur. L’institution lyrique
propose ensuite, à partir du 25 janvier, une lecture d’Iphigénie en Tauride de Gluck, avec deux
sopranos dans le rôle-titre : car Anna Caterina
Antonacci et Mireille Delunsch alterneront.
Bruno Taddia sera quant à lui Oreste, tandis que
Hartmut Haenchen sera à la tête de l’OSR dans la
fosse et que la mise en scène sera signée par
Lukas Hemleb. A ne pas manquer aussi la venue
de Natalie Dessay et de Laurent Naroui, baryton,
pour un récital au Grand Théâtre le 28 janvier,
centré autour des mélodies françaises bien sûr.
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L’Orchestre de Chambre de Genève annonce un concert le 15 janvier au BFM placé sous la
baguette de Takács-Nagy, et intitulé « Martin et
ses maîtres » : en effet, la Petite Symphonie
concertante de Frank Martin sera l’œuvre maîtresse de la soirée, où seront aussi exécutées la 4e
Symphonie de Beethoven et la Suite No 3 de
Bach. Le 29 janvier, le Camerata Geneva donne
rendez-vous toujours au BFM pour une soirée
bariolée, dirigée par David Greilsammer : des
œuvres de Balter pour danseurs et orchestre
côtoieront le Concerto pour violon de Schumann,
interprété par Carolin Widmann.
L’Orchestre Symphonique de Guangzhou,
dirigé par Lin Daye, sera au VH pour un concert
le 27 janvier avec la jeune pianiste Mélodie
Zhao, qui exécutera le Concerto pour piano et
orchestre «Le Fleuve jaune», composé par Yin
Chengzong / Chu Wanghua / Sheng Lihong / Liu
Zhuang. La suite de la soirée sera plus classique,
avec la 5e Symphonie de Tchaïkovski. Côté récital, la venue d’Evgeny kissin le 16 janvier au
VH est immanquable. Il promet de jouer des
œuvres de Beethoven, Prokofiev, Chopin et
Liszt.
Les amateurs de musique contemporaine se
retrouveront le 7 décembre à 11h au
Conservatoire de Musique de la Place Neuve,
pour écouter des œuvres de Holliger, Beat Furrer
et un quintette à vent créé par Rusconi. Du 15
janvier au 3 février, l’ensemble sera au Théâtre
Am Stram Gram pour jouer l’Histoire du soldat
de Stravinski, avec un livret de Ramuz, dans une
mise d’Omar Porras et dirigé par Benoît
Willmann.
Le 25 janvier, les amateurs d’orgue pourront
écouter Wolfgang Seifen au Victoria Hall, qui
proposera des improvisations sur Faust de Fr.
Murnau.
Quant aux mélomanes chambristes, ils iront
le 23 janvier au Conservatoire de Musique de
Genève écouter le Quatuor Dissonances, qui fera
résonner du Dutilleux, du Schubert et du
Debussy. Le dimanche 25 janvier, ils défieront le
froid matinal pour aller vibrer au BFM grâce aux
accords de musique Klezmer et des partitions de
Mendelssohn, que l’Ensemble de musique de
chambre de l’OSR animera. Enfin, le 29 janvier,
ils retourneront au Conservatoire de musique
pour y entendre le Quatuor Apollon Musagère
dans un programme Beethoven, Webern et
Tchaïkovski.
Il reste à signaler la venue au Victoria Hall,
le 29 janvier, du jazzman Brad Mehldau pour un
récital en solo.
Martina Diaz
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chronique lyonnaise
À Lyon, ce mois de novembre fut italien, entre texte considérable
(Affabulazione de Pier-Paolo Pasolini) et divertissement nostalgique
(Novocento d’Alessandro Baricco au Théâtre des Célestins, puis en tournée).
état des lieux et des projets.
64
Le théâtre de Pasolini manque à nos scènes, comme si son urgent et autobiographique
alliage de poésie et de politique effrayait.
Directeur de la compagnie KastôrAgile, Gilles
Pastor a relevé le gant en montant Affabulazione
(1973), miroir du film Œdipe-roi.
Une différence : sur un identique fond
(questionner le complexe œdipien), la mythologie du film est remplacée par le capitalisme : le
père y est un accompli capitaine d’industrie (le
père de Pasolini était un officier de l’armée italienne), tandis que le fils, insouciant et amou-
turgique de cette famille milanaise et, sorte de
nouveau Tirésias, y acquiert une fonction d’oracle. L’accueil des spectateurs (des lycéens, pour
la moitié) atteste qu’Affabulazione et, au-delà,
tout le théâtre pasolinien sont indispensables à
notre époque.
D’autant que cette production est ardente et
belle. Première grande idée : Sophocle, qui
ouvre le spectacle, est joué par Jeanne Moreau ;
enregistrée, sa voix, granuleuse et ironique,
inscrit Pasolini dans
cette antiquité où l’oracle est un être qui,
« Affabulazione » crédit Michel Cavalca
reux d’une radieuse jeune femme, refuse tout
l’héritage (financier, familial et symbolique)
paternel. Le père se tord de douleur, à mesure
qu’il ne possède plus le destin de son fils.
Comme toujours chez Pasolini, cette auto-élucidation (quasi-psychanalytique) de soi s’obtient
par de rageurs arrachements dont nul (y compris
le spectateur) ne sort indemne.
Dans cette fulminante écriture, le génie
dramaturgique pasolinien crée un suspense,
comme dans un film policier. Un autre aspect
saille : outre ses usuels questionnements marxistes, Pasolini apporte son écot au chant du
cygne structuraliste qui hantait alors l’Europe,
donc l’Italie (Berio, Fellini ou Nono).
Parmi les beautés du texte, une originalité :
l’immémorial Sophocle coiffe le temps drama-
a
s
Théâtre des Célestins
Génial Pasolini
Théâtre National Populaire
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Les aiguilles et l’opium convie, à Paris, l’opiomane Jean Cocteau (et sa Lettre aux
Américains, écrite en 1949), l’héroïnomane
Miles Davis (en 1949, il croisait Juliette Gréco ;
en 1958, il enregistrait sa légendaire musique
pour Un ascenseur pour l’échafaud de Louis
Malle) et Robert Lepage lui-même qui, en 1989,
tâchait de guérir une rude souffrance amoureuse. Créée en 1991, une première mise en scène
avait fait le tour du monde, l’unique rôle parlé
étant joué par Robert Lepage puis par Marc
Labrèche. À la demande de ce dernier (désormais seul – et admirable – titulaire), Robert
Lepage a conçu une production entièrement
nouvelle et ô combien raffinée. Un cube ouvert,
que, avec une discrète virtuosité, un système
hydraulique fait pivoter annihile haut, bas, gauche et droite et offre des trappes tandis qu’il
accueille de multiples projections filmiques. Le
résultat saisit d’émotion et dévoile une poétique
«Les aiguilles et l’opium» © Nicolas Frank Vachon
hors d’âge, n’est pas androgyne mais quintessencie le masculin et le féminin, tels Tirésias ou
la wagnérienne Erda.
La distribution de chair et d’os est formidable. À commencer par Jean-Philippe Salério,
qui donne du père un portrait bouleversant et
palpitant, et par le couple juvénile (Alex
Crestey et Alizée Bingöllü). L’alerte rythme
dramaturgique concourt à la vertu cardinale de
cette production : le touffu feuilletage de symboles, d’allégories et de théâtre cru se déploie,
limpide mais sans répit. Se souvenant que,
jeune, Pasolini, pratiqua passionnément le sport
et, en particulier, le football, Gilles Pastor ajoute un chœur (cinq athlétiques footballeurs
jouent de brèves études gestuelles thématiques),
la présence onirique.
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toute de mélancolie. Du grand Lepage. En tournée en France, en région (Le Havre, Le Mans et
Nantes) mais pas à Paris. Cherchez l’erreur…
Frank Langlois
Les prochains spectacles du TNP :
- Du 11 au 21 décembre 2014 - Lancelot du Lac, de
Florence Delay - Jacques Roubaud / mise en scène Julie
Brochen - Christian Schiaretti
- Du 9 au 18 janvier 2015 - Les Nègres, de Jean Genet /
mise en scène, scénographie, lumière Robert Wilson
- Du 21 au 31 janvier 2015 - Terre rouge, de Aristide
Tarnagda / mise en scène Marie Pierre Bésanger
- Du 27 janvier au 6 février 2015 - Une nuit à la présidence. Mise en scène Jean-Louis Martinelli / écriture J-L.
Martinelli / musique Ray Léma
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fondation martin bodmer
Sade, un athée
en amour
Du 6 décembre au 15 avril, la Fondation Martin Bodmer rend hommage au
bicentenaire de la mort du marquis de Sade à travers une exposition consacrée
à l'auteur des Cent vingt journées de Sodome. Dirigée par Michel Delon,
professeur de littérature française à la Sorbonne, elle est la plus importante
jamais réalisée autour de l'œuvre du marquis et réunit des pièces entièrement
inédites, issues de collections privées. Rencontre avec Jacques Berchtold, qui
dirige depuis février l'institution.
Qu'est-ce qui a motivé ce projet d'exposition ?
La Fondation Martin Bodmer a conservé pendant plus de quinze ans le manuscrit des Cent
vingt journées de Sodome. Sade écrivit ce texte,
l'un des plus étonnants de la littérature mondiale, durant son incarcération à la Bastille. Cette
œuvre inachevée passe en revue les goûts divers
et extrêmes qui fondent le désir sexuel masculin. Ce document a été déposé à la Fondation
Bodmer pendant plus de quinze ans par la
famille du collectionneur Gérard Nordmann,
avant d'être vendu en avril 2014. Avoir eu en
dépôt ce manuscrit est une des raisons qui nous
a poussé à participer à la célébration du bicentenaire de la mort de Sade, que l'on fêtera ce 5
décembre. Un autre élément qui fait de la
Fondation un lieu propice à cette exposition est
l'importance qu'occupa l'emprisonnement dans
les vies respectives du marquis de Sade et de
Martin Bodmer. L'un passa vingt-sept ans de sa
vie en prison, tandis que l'autre, dans le cadre
son activité au CICR, porta une attention particulière à la condition des prisonniers de guerre.
En effet, Martin Bodmer lutta pour que ces derniers puissent avoir une vie intellectuelle durant
leur incarcération. Or, ce furent justement la
lecture et l'écriture qui permirent à Sade de supporter les années qu'il passa emprisonné.
lement consenti à nous prêter des objets, comme
des arbres généalogiques de la famille et des
manuscrits autographes. Une des pièces les plus
extraordinaires qui sera présentée est un modèle de la Bastille réalisé en 1790. Elément essentiel du catéchisme révolutionnaire, cette pièce
devait servir à montrer aux enfants pourquoi il
était bon d'avoir mis fin à l'Ancien Régime.
Pesant 500 kilos, il s'agit de l'objet le plus lourd
à être jamais entré au sein de la Fondation. Nous
présenterons également le buste de Sade réalisé
par Man Ray, qui est une pièce très rare. L'ironie
de l'histoire, c'est que le rouleau qui avait motivé l'organisation de l'événement ne fera pas partie de l'exposition. Toutefois, sa présence cho-
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t
r
quante et révoltante continue de hanter les murs
de la Fondation !
Qu'est-ce que l'exposition fait découvrir à propos du marquis de Sade ?
Ce qui nous a frappé, Michel Delon et moi, lors
de l'organisation de l'exposition, c'est la très
riche présence des allusions à l'Italie dans les
écrits du marquis. Or, Sade est un descendant
direct de la Laura de Pétrarque. Le titre de l'exposition, « Sade, un athée de l'amour » fait allusion à l'opposition entre l'amour spiritualisé du
poète italien pour Laura et le fonctionnement de
la sexualité telle qu'elle est analysée et décrite
par Sade. Un autre point d'antithèse qui a retenu
notre attention est le contraste entre la condition
d'incarcération de Sade et l'importance qu'il
accorde au voyage en Italie. Nous exposerons
une quarantaine de carnets du marquis rédigés
lors de son emprisonnement à la Bastille, dans
lesquels il ressuscite des souvenirs de ses voyages en terre italienne.
Avez-vous collaboré avec d'autres
institutions genevoises lors de l'élaboration
de cette exposition ?
Oui, j'essaie d'ailleurs de renforcer les liens
entre la Fondation et les autres musées du canton. Pour l'exposition sur Sade, nous avons travaillé avec le Mamco, qui accueillera une exposition ainsi qu'une performance associées à la
célébration du bicentenaire de la mort de Sade.
Le musée d'art moderne et contemporain présentera ainsi des œuvres d'Antoine Bernhart, un
artiste fortement influencé par les écrits du marquis.
Quelles pièces maîtresse l'exposition
permettra-t-elle de voir ?
Il faut savoir que l'essentiel des documents présentés vient de collections privées. La plupart
des pièces seront donc entièrement inédites.
Pierre Leroy et Pierre Bergé, les deux collectionneurs les plus importants de Sade, ont
accepté de prêter les plus beaux joyaux de leur
collection. Les descendants du marquis ont éga-
Jacques Berchtold
Propos recueillis par Emilien Gür
Man Ray, «Marquis de Sade», 1971, tête en bronze du
portrait imaginaire de Sade, d’après un dessin du
recueil de poèmes «Les Mains libres» de Paul Éluard
et Man Ray, 1937. Collection particulière. Photo
Naomi Wenger.
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Sade, un athée en amour, du 5 décembre au 12 avril,
Fondation Martin Bodmer, 19-21 route Martin Bodmer,
1223 Cologny
n
65
expos itions
le nouveau
Musée d’ethnographie
de Genève
Voilà c’est fait ! Genève a inauguré le nouveau Musée d’ethnographie (MEG).
On pourrait comparer cet événement à un accouchement difficile, tant il est
vrai que l’institution s’est heurtée à d’innombrables difficultés et opposition
pour voir le jour. Plusieurs projets ont échoué, avant que le peuple ne
plébiscite en 2010 sa construction, lors d'un référendum. Aujourd’hui la page
est tournée et le MEG commence une nouvelle existence.
66
Au-delà de ces péripéties qualifiées de :
« parcours du combattant, saga, épopée ou
feuilleton », la réouverture du musée a eu lieu le
31 octobre 2014, après quatre ans de travaux. Le
nouveau bâtiment, conçu par le bureau Graber
Pulver Architekten AG associé au bureau d’ingénieurs civils Weber+Brönnimann AG, est
implanté sur le site de l’ancien musée construit
en 1941 (désormais dévolu à l’administration). Il
offre aujourd’hui un ensemble intégré dans la
zone très dense et populaire de la Jonction, redessinant les axes et l’urbanisme de cet îlot dans une
prospective résolument moderne. La presse locale a abondamment couvert la réouverture du
MEG et décrit son architecture, ses nouveaux
espaces, les expositions et activités qui s’y développeront. C’est pourquoi nous abordons une
question moins traitées par les médias : pourquoi
avoir entrepris l’extension et la rénovation du
MEG, en quoi cette réalisation constituait-elle
une priorité, alors que d’autres institutions
muséales souffrent également de manque de
place et de fonctionnalité ?
1950) jusqu’à Lévi-Strauss (1908-2009), il n’en
demeure pas moins qu’elle reste centrée sur l’étude du primitif ou de l’exotique. C’est la dernière évolution de cette science qui va étendre son
champ d’application à toutes les sociétés humai-
nes, qu’elles soient primitives ou modernes.
Parallèlement, les différences entre ethnologie et
anthropologie s’estomperont progressivement,
par exemple l’ethnologie se dit également
anthropologie sociale et/ou culturelle et l'usage
tend à utiliser indifféremment « ethnologie » et
« anthropologie ». Enfin, dans une définition
moderne, l’ethnographie consiste à observer,
décrire, collecter et classer des faits alors que
l’ethnologie s’attache à analyser et théoriser les
observations résultant de l’enquête ethnographique, ces deux disciplines sont donc complémentaires.
Nouveau regard
Historiquement, l’ethnologie s’est développée en parfaite synchronie à l’expansion coloniale européenne alors « que s’étendait à une portion
de plus en plus vaste des terres habitées ce système qui se réduit essentiellement à l’asservissement d’un peuple par un autre peuple mieux
outillé, un voile vaguement humanitaire étant
Exotisme Bien qu’existant sous forme embryonnaire
dans des cabinets de curiosités dès la
Renaissance, puis dans des musées généralistes,
l’ethnologie est pourtant une discipline jeune qui
n’a cessé de remodeler les frontières de son territoire d’étude. Longtemps ethnographie, ethnologie et anthropologie ont été considérées comme
une seule et même discipline. Les naturalistes du
XIXème siècle les ont assimilées aux sciences
naturelles, et, jusqu’au milieu du XXème, les
chercheurs ne se sont consacrés qu’à l’étude des
sociétés dites primitives. Si le 20ème siècle
donne une filiation théorique à l’ethnologie,
allant de Durkheim (1858-1917) à Mauss (1872-
a
Masque blanc mukudj’ de la danse okuyi. Gabon meridional, vallee de la Ngounie
Bapunu, groupe linguistique Merye. 19e siecle
Bois, pigments. H 31 cm. Don du peintre Emile Chambon en 1981.
Ancienne collection Francois Coppier MEG Inv. ETHAF 044277
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expos itions
C’est pour ces raisons,
retracées schématiquement,
qu’il était urgent de transformer l’ancien Musée d’ethnographie en un outil moderne,
adapté et ouvert à la multiplicité des approches possibles
sur les collections rassemblées
à Genève, depuis plus de cent
ans. Qu’elles soient de nature
anthropologiques, ethnologiques, sociologiques, historiques, esthétiques ou artistiques, toutes célèbrent l’homme et sa créativité.
Françoise-Hélène Brou
Musée d’ethnographie de Genève
(MEG).
Boulevard Carl-Vogt 65-67, CH1205 Genève.
Tél. +41 (0)22 418 45 50
Exposition permanente : Le monde
«Nacelle de traineau» Suisse, Grisons, 18e siecle. Bois, metal, toile ciree, corne, verre. L 146 cm
Don de Marie Marguerite Ormond au Musee d’art et d’histoire en 1908; transferee au MEG en 1918. MEG Inv. ETHEU 007761
à portée de main ;
Exposition temporaire : Les rois mochica. Divinité et poujeté sur le but final de l’opération : assurer à leur l’Europe, jusque-là confinés dans des musées voir dans le Pérou ancien (jusqu’au 3 mai 2015).
profit à une minorité de privilégiés » (Michel
Leiris, «L’ethnographe devant le colonialisme»,
in : Les Temps modernes, n° 58, 1950 . Le texte
de Leiris est contemporain du Discours sur le
colonialisme d’Aimé Césaire, suivi en 1952 par
la publication de Peau noire, masques blancs de
Franz Fanon. C’est dire si la question de l’ethnologie s’est trouvée, à ce moment précis, confrontée à un nouveau regard sur les peuples et sociétés extra-européens. Il était donc urgent d’abandonner la rhétorique « primitive» et « indigène »
afin d’accompagner l’inéluctable mouvement de
décolonisation. A partir de là, on assiste à une
crise de l’anthropologie et à la remise en question
des musées d’ethnographie, ceux-ci ont alors
entrepris leur propre décolonisation et radicalement transformé leurs discours muséologique et
muséographique, une situation particulièrement
bien illustrée par le travail de Jacques Hainard,
au Musée de Neuchâtel. Grâce à cette évolution
fondamentale, les ethnologues ne s'intéressent
plus qu'aux sociétés lointaines ou passée, les
outils conceptuels et analytiques développés sur
les terrains « exotiques » se transposant aisément,
les objets d'observation se dirigent maintenant
sur la ville et ses banlieues, leurs populations,
leurs métiers et loisirs, sur les processus sociaux,
etc … Dans la même perspective, les peuples de
a
c
t
u
folkloriques de seconde zone, retrouvent place
dans l’espace muséal ethnographique.
Les Rois mochica : «Bouteille, Être à crocs tenant une conque» Pérou, côte nord
Mochica. Phase III/IV, 5e-6e siècle . Céramique. H 23 cm . Linden-Museum, Stuttgart
Photo: MEG, S. Bourget / Linden-Museum, Stuttgart
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67
expos itions
en
FRANCE Evian
4 décembre au 4 mars
Annemasse
Villa du Parc : Saison
l
modernité. Rodin, Lam, Picasso,
Bacon. Jusqu’au 16 février.
Palais Lumière : Les Contes de
fées. Perrault, Grimm, Andersen,
Levis Carroll. Du 6 déc. au 6 avril
l
Iconographe 2014/2015 - Clément
Rodzielski & Pierre Leguillon.
Jusqu’au 20 décembre.
Grenoble
Musée de Grenoble : Giuseppe
l
Lens
Le Louvre : Des animaux et des
Baux-de-Provence
Carrières de lumières : Klimt et
Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier
Bourg-en-Bresse
Monastère royal de Brou : En noir
l
et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril
Cassel
Musée de Flandres : Le pouvoir
l
de l'image durant la Grande Guerre.
Jusqu‘au 1er février.
Chantilly
Château : Fra Angelico,
l
Botticelli… Chefs-d’œuvre retrouvés. Jusqu’au 5 janvier
68 Colmar
Musée Bartholdi : Exquises
esquisses (dessins de Bartholdi).
Jusqu’au 31 décembre.
l
Dijon
Musée Magnin : Bon Boullogne. Du
l
franc e
l
Penone. Jusqu’au 22 février.
l
pharaons. Le règne animal dans
l’Egypte ancienne. Du 4 décembre
au 9 mars
Lille
Palais des Beaux-Arts : Sésostris
l
III - pharaon de légende. Jusqu‘au
25 janvier
L’Isle-Adam
Musée d’art et d’histoire Louis
l
Senlecq : Jean-Baptiste Sécheret,
Paysages. Peintures, dessins, gravures.
Jusqu’au 15 mars
Lyon
Galerie Pallade
: Vladimir
Velickovic. Peintures et collages.
Jusqu’au 6 décembre
l Musée d'Art Contemporain :
Erró... Jusqu’au 22 février
l Musée des beaux-arts :
Jacqueline Delubac. Le choix de la
l
Marseille
MuCEM : Food. & Les chemins
l
d’Odessa. Jusqu‘au 23 février.
Raymond Depardon - Un moment si
doux. Jusqu‘au 2 mars.
Strasbourg
Musée d'Art Moderne et
l
Contemporain : Daniel Buren,
comme un jeu d’enfant. Jusqu’au 4
janvier. Perahim, la parade sauvage.
Du 15 novembre au 8 mars
Toulon
Metz
Musée Soulages : De Picasso à
Centre Pompidou-Metz : Hans
l
l
Richter. La traversée du siècle.
Jusqu’au 24 février.
Nancy
Musée des Beaux-Arts :
Les
Rouart. De l’impressionnisme au
réalisme magique. Jusqu’au 23 févr.
l
Quimper
Musée des beaux-arts : De
Jasper Johns. L’atelier d’Aldo
Crommelynck. Jusqu’au 8 mars.
Toulon
Hôtel des Arts : Enki Bilal.
l
Jusqu‘au 4 janvier
Toulouse
Musée des Augustins
Gainsborough à Turner, l’âge d’or
du paysage et du portrait anglais.
Jusqu‘au 26 janvier.
:
Benjamin-Constant (1845-1902) et
l’Orientalisme. Jusqu‘au 4 janvier
l Musée Saint-Raymond : L’Empire de
la couleur, de Pompéi au sud des
Gaules. Jusqu’au 22 mars.
l
l
l
l
Rodez
Wingen
Musée Soulages : De Picasso à
Musée Lalique : Happy cristal !
Jasper Johns. L’atelier d’Aldo
Crommelynck. Jusqu’au 8 mars.
Jusqu’au 4 janvier
St.GermainRoubaix
Musée d’Art et d’Industrie André en-Laye
Diligent : Camille Claudel (1864 –
Musée
départemental
l
1943). Au miroir d’un Art nouveau.
Jusqu’au 8 février.
l
Maurice Denis : Beautés du Ciel.
Décors religieux de Maurice Denis au
Vésinet. Jusqu’au 4 janvier
Louvre Lens
Des animaux et des pharaons
Le règne animal dans l’Egypte ancienne
Un singe embrasse son petit tandis qu’un âne joue de la harpe. Plus loin,
rugit un lion. Qu’il soit réel ou représenté, l’animal occupe une place essentielle
dans l’Égypte ancienne. Sauvage ou domestiqué, il est omniprésent dans la vie
quotidienne. À travers l’exposition « Des animaux et des pharaons », le LouvreLens s’intéresse à la place et au rôle de la figue animale dans la civilisation
pharaonique.
Les Égyptiens se sont emparés des animaux pour exploiter de diverses
manières les images symboliques que chacun d’entre eux véhicule. C’est ainsi
que la figure animale devient l’élément multiple d’un langage codé, qui peut être
rédigé ou représenté. Elle constitue à ce titre un pilier de la pensée religieuse
égyptienne. Elle est aussi une source infinie d’inspiration et suscite une production artistique d’une richesse et d’une variété exceptionnelles.
À la fois pédagogique et esthétique, l’exposition proposera au visiteur une
double approche : l’acquisition de connaissances et la délectation. Le parcours,
structuré en neuf sections thématiques, offrira une progression logique, depuis
la simple perception matérielle de créatures réelles évoluant dans leur milieu
naturel, jusqu’à la transposition de leurs multiples figures dans le langage codifié de la pensée égyptienne, qu’elle soit religieuse, funéraire ou politique.
«Peigne : bouquetin, un genou à terre» Nouvel Empire, 18e dynastie
(1550-1425 av. J.-C.) © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Christian Decamps
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. Du 4 décembre 2014 au 9 mars 2015
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d
a
expos itions
en
europe
Peggy Guggenheim Collection, Venise
Azimut/h - Continuité et nouveauté
Cette exposition se veut un hommage à la nouvelle avant-garde italienne de l’après deuxième
guerre mondiale - une période qui intéresse beaucoup actuellement les critiques, les conservateurs et
le grand public - et en particulier à Azimuth, la galerie et la revue fondées en 1959 à Milan par Enrico
Castellani (b. 1930) et Piero Manzoni (1933-1963). Elle révèle la position phare d’Azimuth dans le
panorama de l’art italien et international de ces années : comme un tremblement de terre créatif, c'était un des grands catalyseurs de la culture visuelle et conceptuelle italienne et européenne du temps
et un pont intellectuel entre une génération nouvelle, révolutionnaire et les développements les plus
contemporains dans l'art.
Comme un coup de foudre d'activité intense, entre septembre 1959 et juillet 1960, Azimut est toujours reconnu dans la conscience collective des critiques et des historiens comme un épisode critique,
marqué par l'expérimentation radicale, stimulé par ses liens à certaines des figures majeures de la
scène d'art dans ces années et par un vif dialogue international. Différents dans l'orthographe de leurs
titres, Azimut (la galerie) et Azimuth (la revue) ont ensemble formulé ' un nouveau concept d'art ', qui
a prospéré sur la dialectique de ' la continuité et le nouveau '.
L’exposition permet de voir des œuvres de Manzoni et Castellani, bien sûr, et aussi celles des
artistes de cette période comme Lucio Fontana, Alberto Burri, Jasper Johns, Robert Rauschenberg,
Yves Klein, Jean Tinguely, Heinz Mack, Otto Piene et Günther Uecker.
A noter que cette exposition précède une autre célébration de la nouvelle avant-garde
européenne de ce temps; intitulée «ZÉRO : Compte à rebours à Demain, les années 1950-1960, cette
exposition a débuté en octobre au Musée Solomon R. Guggenheim de New York.
Vue de l’exposition «Azimut/h»
© Peggy Guggenheim Collection, Venice.
Photo Andrea Sarti/CAST1466
. Jusqu’au 19 janvier 2015
Gogh... Jusqu’au 18 janvier
AiLLEURS Florence
Barcelone
Museu Nacional d’Art
de
Catalunya : Antoni Viladomat i
Manalt. Jusqu’au 31 déc.
l
l Palazzo Strozzi : Picasso et l’expé-
rience du modernisme espagnol.
Chefs-d’œuvre du musée national
Reina Sofia. Jusqu’au 20 janvier
Francfort
Bruxelles
Schirn Kunsthalle : Helene
Bozar : «Focus on Italy». Peinture
l
l
de Sienne. Ars Narrandi dans
l’Europe gothique. / The Yellow
Side of Sociality. Italian Artists in
Europe. / Michelangelo Pistoletto.
Love
Difference
Mar
Mediterraneo (2003-2005). Trois
expositions jusqu’au 18 janvier.
l Musées royaux des beaux-arts :
Rétrospective Constantin Meunier
(1831-1905). Jusqu’au 11 janvier
l Palais des Beaux-Arts : Sensation
et sensualité. Rubens et son héritage. Jusqu’au 4 janvier
Cologne
l Wallraf-Richartz-Museum : La
Cathédrale. Romantisme - Impressionnisme - Modernisme. Jusqu’au
18 janvier. Les mystères de Dürer.
Du 12 décembre au 22 mars
Essen
Folkwang Museum : Inspiration
l
japonaise. Monet, Gauguin, van
a
g
Schjerfbeck. Jusqu‘au 11 janvier
l Städelmuseum : Dessins de la
Renaissance italienne. Jusqu‘au 11
janvier. Royaumes de l’imagination.
Albrecht Altdorfer et l’art autour de
1500. Jusqu’au 8 février.
Hambourg
Kunsthalle : Max Beckmann. Les
l
natures mortes. Jusqu’au 18 janvier
Karlsruhe
Staatliche Kunsthalle : Degas.
l
Classicisme et Expérimentation.
Jusqu’au 1er février.
La
Haye
Gemeente Museum : Mark
l
Rothko. Jusqu’au 3 janvier
Schiele. Le nu radical. Jusqu‘au 18
janvier
l National Gallery : Rembrandt :
dernières œuvres. Jusqu‘au 11 janv.
l National Portrait Gallery :
William Morris et son héritage,
1860-1960. Jusqu‘au 11 janvier
l Royal Academy of Arts :
Giovanni Battista Moroni. Jusqu’au
25 janvier
l Tate Britain : Late Turner Painting set free. Jusqu’au 25 janvier
l Victoria & Albert Museum :
Constable. The Making of a Master.
Jusqu’au 11 janvier.
l Wallace Collection : Global city dans les rues du Lisbonne de la
Renaissance. Jusqu’au 15 févr.
Madrid
Fundación Mapfre : Sorolla et les
l
Etats-Unis. Jusqu’au 11 janvier
l Musée du Prado : Le Bernin et
l’Espagne. Jusqu‘au 8 février. Les
cartons de tapisserie de Goya dans le
contexte de la peinture de cours.
Jusqu‘au au 25 mai
l Musée Thyssen-Bornemisza :
L’Impressionnisme et les Américains. Jusqu’au 1er février.
Londres
British Museum : Ming - 50 ans qui Milan
Palazzo Reale : Segantini. Le
l
ont changé la Chine. Jusqu’au 5 janvier
Courtauld Gallery : Jack of
Diamonds. Jusqu’au 18 janvier. Egon
l
e
n
l
retour à Milan. Jusqu’au 18 janvier
d
a
Munich
Kunsthalle der Hypo-Kulturstifl
tung : Le corps et l’esprit. Le
Rococo munichois d’Asam à
Günther. Du 12 décembre au 12 avril
Rome
Musée de l’Ara Pacis : Henri
l
Cartier Bresson. Jusqu’au 6 janvier
Palazzo Venezia : Les tombes
légendaires de Mawangdui. Jusqu’au
16 février.
l Scuderie del Quirinal : Memling.
Jusqu‘au 18 janvier
l
San
Gimignano
Palazzo Comunale, Pinacoteca :
l
Pintoricchio. Jusqu’au 6 janvier.
Venise
Palazzo Grassi : Irving Penn &
l
L’illusion des lumières. Jusqu’au 31 déc..
Peggy Guggenheim Collection:
Azimut/h - continuité et nouveauté.
Jusqu’au 19 janvier
l
Vienne
Albertina (Albertinapl.) Arnulf
l
Rainer. Jusqu’au 6 janv. Miró - De
la terre au ciel. Jusqu’au 11 janv.
l Osterr. Galerie Belvedere :
Claude Monet. Jusqu‘au 8 février.
Josef Dobrowsky. Jusqu’au 18 janvier
69
expos itions
Genève
Andata / Ritorno (Stand 37) Eric
l
70
Winarto. Jusqu’au 20 décembre
l Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
1) Rudy Decelière. Jusqu’au 19 déc.
l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de
jeux.Quand les artistes entrent
dans la partie. Jusqu’au 30 mai.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Viktor
Kopp. Jusqu’au 20 décembre
l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Le geste suspendu.
Estampes Kabuki du Cabinet d'arts
graphiques. Jusqu’au 11 janvier
l Centre de la Photographie (Bains
28) Peter Piller. Du 11 décembre au
22 février.
l Espace Jörg Brockmann (Noirettes
32) Alisa Resnik. Du 4 décembre au
21 février.
l Espace L (rte des Jeunes 43) Terra,
œuvres de Christina Oiticica.
Jusqu’au 9 janvier.
l Fondation Baur (Munier-Romilly
8) Chine impériale - Splendeurs de
la dynastie Qing. Jusqu’au 4 janvier
l Fondation Bodmer (Cologny)
Sade, un athée en amour. Du 6
décembre au 12 avril
l Gagosian Gallery (Longemalle
19) Horror Vacui. Jusqu’au 20 déc.
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43)
Jim Shaw. Jusqu’au 13 mars
l Galerie de la Béraudière (E.-
en
Dumont 2) Germaine Richier.
Jusqu’au 20 février.
l Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Claude Caillol.
Jusqu’au 10 janvier.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Adrian Schiess. Jusqu’au 21 février
l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers)
Peter Kogler. Jusqu’au 20 déc.
l Galerie Mitterand + Cramer (Bains
52) Bird Song. Jusqu’au 20 déc.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Franz Gertsch. Jusqu’au 20
décembre.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Isa Barbier. Jusqu’au 13 déc.
l Interart (33, Grand-Rue) Oeuvres
choisies - Calder, Dalí, Ernst,
Metzinger, ... Jusqu’au 23 janv.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des histoires sans fin, automne-hiver 2014-2015 & Ulla von
Brandenburg & Sonia Kacem, Prix
Manor 2014. Jusqu’au 18 janvier
l Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain (Bains 34) Prendre la
parole. Jusqu’au 3 janvier.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Céline Peruzzo. Du 6
décembre au 18 janvier.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean
Marie Borgeaud, La terre au corps.
Jusqu’au 26 avril
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Rénover Agrandir.
Jusqu’au 31 décembre.
s uis s e
Musée d’ethnographie (Conches)
Les rois mochica. Divinité et pouvoir
dans le Pérou ancien. Jusqu’au 3 mai.
l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Nudités insolites. Jusqu’au 28
février.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Théodore Strawinsky (1907-1989).
Jusqu’au 22 mars.
l Musée international de la CroixRouge : Trop humain - Artistes des
XXe et XXIe siècles devant la souffrance. Jusqu’au 4 janvier
l Musée Rath (pl. Neuve) Gustave
Courbet - les années suisses.
Jusqu’au 4 janvier
l Studio Sandra Recio (Ports Francs,
Bâtiment A) Sandra Gamarra, artiste
péruvienne. Jusqu’au 5 décembre.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Herbert Hamak & Dan
Walsh. Jusqu’au 17 janvier
l
Charrière. Future Fossil Spaces. Prix
culturel Manor Vaud 2014. Jusqu’au
11 janvier.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Chaplin, entre guerres et paix (19141940) & Amos Gitai - Architecte de
la mémoire. Jusqu’au 4 janvier.
l Théâtre de Vidy : André Robillard.
Jusqu’au 18 décembre.
Chaux/Fonds
Musée des beaux-arts : Blaise
l
Cendrars. Jusqu’au 1er mars
Fribourg
Espace Jean Tinguely-Niki de
l
Saint Phalle : Paul Talman. Jusqu’au
11 janvier.
l Musée d’art et d’histoire :
Marcello. Adèle d’Affry (18361879). Duchesse de Castiglione
Colonna. Femme artiste entre cour
et bohème. Jusqu’au 22 février
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières Le Locle
Musée des beaux-arts
l
11) André Robillard. Jusqu’au 19
avril.
l Espace Richterbuxtorf (William
Fraisse 6) Anna Sommer Découpages. Jusqu’au 20 décembre
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Nirvana les étranges formes du plaisir.
Jusqu’au 26 avril
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Accrochage [Vaud 2014] &
Lukas Beyeler. Instant Win / Julian
:
Lermite - Perspectives jurassiennes. Jusqu’au 1er février
l
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud
:
l
Réalisme. Dès le 20 décembre
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Anker, Hodler, Vallotton... Chefs-
Fondation Gianadda, Martigny
Anker, Hodler, Vallotton, Segantini...
La Fondation Pierre Gianadda à Martigny a une nouvelle fois le
privilège d’être associée aux grandes expositions du musée des BeauxArts de Berne, en présentant lors de son exposition d’hiver les œuvres
d’artistes emblématiques de la Suisse avec la complicité et la générosité
de la Fondation pour l’art, la culture et l’histoire.
Exposées jusqu’à fin août au Musée des Beaux-Arts de Berne sous
l’intitulé « Sésame, ouvre-toi ! », quelques 150 peintures issues de la
prestigieuse collection de Bruno Stefanini - qui fêtera cette année son
90e anniversaire - seront montrées à la Fondation Gianadda, mettant
en lumière les principaux peintres suisses allant de 1762 au milieu du
XXe siècle.
Pour présenter avec efficacité les œuvres d’artistes différents, l’exposition se déploie à travers dix thèmes essentiels - peintures d’histoire,
de genre, de paysage, représentation d’animaux, natures mortes, le symbolisme dans l’art suisse, le nu, l’enfant en peinture, portraits et autoportraits ; les œuvres documentent de façon exhaustive les thèmes cités
et entraînent le visiteur dans une balade éclectique illustrée en grande
partie par des peintres suisses de grand renom. Albert Anker, Ferdinand
Hodler, Félix Vallotton, Giovanni Segantini, Cuno Amiet, Alice Bailly,
François Bocion, Alexandre Calame, Augusto et Giovanni Giacometti,
Jean-Etienne Liotard, Edouard Vallet, etc... feront de cette exposition un
événement exceptionnel !
Albert Anker, «Les sœurs Gugger tricotant», vers 1885
huile sur toile, 51.5 x 63 cm
. Du 5 décembre 2014 au 14 juin 2015
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expos itions
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Palais Lumière, Evian
Contes de fées - De la tradition à la modernité
Il était une fois...
Des paroles dont le charme et la puissance
ne se sont jamais édulcorés.
Qui n’a rêvé de les entendre !
Et de connaître la suite... !
Sous des dehors chatoyants ou cruels, le
conte est une initiation à la vie. Passé de l’oralité à l’écrit grâce à Perrault, aux frères Grimm,
à Andersen ou à Lewis Carroll, il entraîne les
lecteurs dans des mondes merveilleux où les
fées, les magiciens, les sorcières, les ogres, les
animaux protègent ou trompent les héros.
Ces histoires ne pouvaient qu’inspirer de
célèbres illustrateurs comme Gustave Doré,
Arthur Rackham, Edmond Dulac. A leur tour le
théâtre, les marionnettes, l’opéra et le cinéma –
Laura Csajagi, «Le Château», 2013
Méliès, Cocteau, Demy - ont fait vivre des perImpression sur plexiglas, 40 x 60 cm © Laura Csajagi
sonnages qui, avec le temps, sont entrés dans la
légende. Aujourd’hui, ils continuent de stimuler les créateurs contemporains : auteurs, peintres, sculpteurs, plasticiens, vidéastes, photographes...
A travers un parcours initiatique comprenant environ 350 œuvres anciennes et contemporaines et animé par de nombreuses projections et sonorisations, le Palais
Lumière propose de découvrir ou de revisiter cet univers « extra-ordinaire » et toujours d’actualité.
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. Du 6 décembre 2014 au 6 avril 2015
d’œuvre de la Fondation pour l’art,
la culture, l’histoire. Du 5 décembre au 14 juin
l Le Manoir de la Ville : Le Manoir
1964-2014. 50 ans d'expositions.
Jusqu’au 18 janvier.
Vevey
Alimentarium (quai Perdonnet)
:
Plonk & Replonk. Le truquage
était un FAUX ! Jusqu’au 10 janv.
OUTRE SARiNE
Morges
Maison du dessin de presse
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Detox. Jusqu’au 30 avril.
l Musée Jenisch : La passion
Dürer. Jusqu’au 1er février.
l
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
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74) The Hidden World - Jim Shaw
Didactic Art Collection with JeanFrédéric Schnyder & Friedrich
Dürrenmatt. Jusqu’au 7 décembre.
l Galerie 2016, Hauterive : Jean
Fontaine. Jusqu’au 21 décembre
l Laténium (Hauterive) Aux origines
des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai
l Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari
(1958-2014) Visions nomades.
Jusqu’au 20 avril.
l Musée d'ethnographie (St Nicolas
4 ) Imagine Japan. Jusqu’au 19 avril.
Sion
Ancien Pénitencier (Châteaux
l
24) Conversation galante Remise en lumière des toiles de
Courten. Jusqu’au 4 janvier.
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Ascona
Musée d’art moderne : Luigi
l
Russolo. Jusqu’au 7 décembre
Bâle
Cartoon Museum (St. Albanl
Vorstadt 28) Joost Swarte - dessinateur et designer. Jusqu’au 22
février.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Gustave Courbet. Jusqu’au 18 janvier. Peter Doig. Jusqu’au 22 mars.
Alexander Calder Gallery III.
Jusqu’au 6 septembre 2015.
l Kunsthalle : Zhana Ivanova.
Ongoing Retrospective. Du 30 janvier au 15 février.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Caspar Wolf (1735-1783) et la
conquête esthétique de la nature.
Jusqu’au 1er février. For Your Eyes
Only, œuvres du musée royal
d’Anvers et dans les collections suisses. Jusqu’au 4 janvier. Dürer et son
temps. Jusqu’au 1er février.
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Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes.
Jusqu’au 22 mars.
l Musée des jouets du monde
(Steinenvorstadt 1) Icônes de
Russie. Images sacrées et images
saintes de l'Eglise orientale.
Jusqu’au 8 février
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) One
Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) La Poésie de la métropole. Les affichistes. Jusqu’au 11 janvier.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
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Peter Piller - contrôle de documents. Du 13 déc. au 22 février.
Viviane Sassen - In and Out of
Fashion. Du 13 déc. au 15 févr.
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Rudy Burckhardt – Dans le
dédale de la grande ville. Jusqu’au
15 février
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Oranje ! Chefsd’œuvre de la peinture hollandaise. Jusqu’au 5 avril. The English
Face - Portraits miniatures. Du 18
janvier au 15 juillet.
Berne
Zurich
Centre Paul Klee (Monument im
Kunsthalle : Thomas MüllenFruchtland 3) Antony Gormley Expansion Field. Jusqu’au 11 janv.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) La couleur et moi - Augusto
Giacometti. Jusqu’au 8 février.
Bienne
PhotoforumPasqu’Art
: Prix
Photoforum & Sélection. Du 7
décembre au 18 janvier
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Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Alvar
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Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars
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bach & Avery Singer «Pictures
Punish Words». Jusqu’au 25 janvier.
l Kunsthaus (Heimpl.1) Egon
Schiele - Jenny Saville. Jusqu’au 18
janvier. Hodler / Schnyder.
Jusqu’au 26 avril.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Say it with Flowers.
Jusqu’au 29 mars.
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Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) 100 Years of
Swiss Design. Jusqu’au 8 février.
l Museum Rietberg (Gablerstr.
15) À cordes et à corps - Instruments
de musique de l'Inde. Jusqu’au 9
août 2015.
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musée picasso
Le Picasso nouveau
est arrivé !
C’est à un vrai psychodrame à la française que les visiteurs, impatients de
pouvoir retrouver le Musée Picasso, ont pu assister cet été. il était entendu que
la directrice Anne Baldassari, qui, depuis la fermeture du musée en 2009 n’avait en aucun cas démérité (elle a organisé vingt expositions itinérantes,
récoltant ainsi 31 millions d’euros pour financer les travaux), ferait l’ouverture
du musée. Son accrochage, elle y avait longuement réfléchi. La ministre de la
culture Aurélie Filipetti en décida autrement et la limogea le 13 mai 2014.
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Un mois plus tard, elle nomme le directeur
du centre Pompidou Metz, Laurent Le Bon à la
tête du musée. Claude Picasso, membre du
conseil d’administration s’en mêle à son tour.
Finalement, un accord est trouvé pour permettre à Anne Baldassari, qui avait suivi le chantier
de rénovation et surtout conçu l’accrochage, de
faire l’ouverture du musée. Une ouverture fixée
le 25 octobre, date anniversaire de la naissance
de Pablo Picasso.
Historique
Cinq ans de travaux conduits
par l’architecte Jean-François
Bodin, s’élevant à 43 millions d’euros, ont été nécessaires pour ren-dre
le musée non seulement aux normes
de sécurité et d’accessibilité mais
aussi étendre les espaces d’exposition, aménager des coulisses techniques et améliorer l’accueil du
public. Lorsque l’Etat français qui,
par ailleurs n’avait pratiquement
pas acheté de tableaux de l’artiste
de son vivant, reçoit en paiement
des droits de succession, une importante sélection d’œuvres, enrichie
en 1978 par la collection personnelle de l’artiste, à laquelle s’ajouteront en 1990 les œuvres données en
dation par les héritiers de
Jacqueline, la dernière épouse de
Picasso, la création d’un musée
Picasso s’imposait tout naturellement. Après six ans de travaux,
l’Hôtel Salé dans le Marais devint
donc le Musée Picasso qui ouvrit en
1985. Le tourisme culturel étant
devenu ce qu’il est, c’est-à-dire une manne
financière pour les institutions, et les expositions se transformant en événements, le Musée
Picasso n’avait d’autre choix que d’entreprendre un important lifting, doublant en même
temps les surfaces d’exposition de 1600 à 3800
mètres carrés.
Cinq mille œuvres constituent le fonds du
musée, ce qui fait de lui la plus grande collection publique au monde de Picasso. Près de quatre cents œuvres sont actuellement présentées
Pablo Picasso «La Lecture» [2 janvier 1932]
Huile sur toile 130 x 97,5 cm. Dation en 1979. Inv.: MP137
© RMN-GP/Rene-Gabriel Ojeda © Succession Picasso 2014
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dans un parcours muséographique, à la fois
chronologique et thématique. Anne Baldassari
a cherché à les regrouper en ensembles cohérents, relatifs aux différentes périodes de l’artiste. Elle n’a toutefois pas voulu d’un fil narratif
linéaire, ce qui donne parfois une impression
labyrinthique au parcours. Encore moins de
panneaux explicatifs, qui ne servent pas les
œuvres, dixit la commissaire : « ici, ce sont les
œuvres qui comptent, exposez-vous aux œuvres
ou sinon prenez un livre… ». L’architecte a dû
lui aussi se mettre au service des œuvres et a
imaginé un espace fluide, d’une grande ascèse,
privilégiant des murs blancs et de grands volumes de lumière.
Parcours
Du dernier étage, celui des combles avec
ses grandes charpentes, à la salle des boiseries
du XVII° siècle, aux salles du troisième étage
anciennement réservées aux bureaux, puis celles en enfilade donnant sur le jardin jusqu’aux
salles voûtées obtenues en excavant les soussol, le visiteur pourra choisir son circuit, aidé
d’un livret.
On peut choisir de commencer son parcours
en descendant dans les caves de l’hôtel Salé, qui
retracent l’histoire des différents ateliers, du
Bateau-Lavoir à La Californie en passant par les
Grands Augustins et Boisgeloup, par
une confrontation entre peinture, sculpture, photographie, céramique, arts graphiques. Ou alors au contraire, grimper
dans les combles, dédiés aux relations
de Picasso avec ses maîtres et pairs,
pour mieux comprendre la sensibilité
artistique de Picasso et voir la collection personnelle de l’artiste (Douanier
Rousseau, Cézanne, Matisse, Braque,
Van Dongen et Balthus), dans laquelle
on a inséré des œuvres du peintre.
Ou plus simplement commencer
par les salles du rez-de-chaussée, qui
nous introduisent dans les périodes
bleus et roses des années 1901 à 1906,
suivies par la période du primitivisme,
où il crée des figures qui intègre la règle
cézanienne de géométrisation des volumes. Viennent ensuite des salles consacrées aux différentes formes de cubisme, qui juxtaposent des toiles comme
Homme à la guitare et Homme à la
mandoline (1911-1913) à des œuvres
plus composite combinant toile imprimée en trompe-l’œil, peinture et cordage, Nature morte à la chaise cannée
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de découvrir combien cette dernière période fait
le lien avec l’art contemporain.
Chacun de nous a une œuvre de Picasso
qu’il aime et son regard sur cet artiste. Anne
Baldassari a voulu avant tout un « accrochage
sans concessions et d’une liberté absolue ».
Exposez-vous donc aux œuvres, comme le
souhaite la commissaire, pour découvrir ce
nouvel espace et vous en mettre plein les yeux.
Mais pour éviter des heures de queue, mieux
vaut réserver !
Régine Kopp
www.museepicassoparis.fr
Parmi la pléthore de livres sur Picasso, signalons tout
particulièrement celui que lui a consacré Pierre Daix. En
effet, s’il n’y a qu’un livre à lire sur l’œuvre de Picasso et
sur l’artiste, c’est bien celui-là :
Pierre Daix, Picasso Créateur. La vie intime et l’œuvre.
Editions du Seuil
Pablo Picasso «Nature morte a la chaise cannee» [Printemps 1912]
Huile et toile ciree sur toile encadree de corde 29 x 37 cm. Dation en 1979. Inv.: MP36
© RMN-GP/Rene-Gabriel Ojeda © Succession Picasso 2014
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(1912), premier collage de l’art moderne. La
sculpture occupe l’artiste dans ces années-là, s’émancipant de l’influence de Rodin, il « ouvre » la
sculpture, la creuse et cette nouvelle approche
culminera en 1912 avec ses Guitares. Sont aussi
évoquées les années de 1914 à 1923, définies par
la commissaire sous le thème de polymorphisme,
car il s’agit d’une époque où l’artiste croise sources photographiques et références à la tradition,
s’intéressant aussi bien à l’art gréco-romain
qu’aux maîtres anciens, Ingres ou Vélasquez.
Diversité
Les années trente correspondent à une période de création fondée sur la diversité des modes
stylistiques mais aussi d’intense vie amoureuse,
partagée entre trois femmes, Olga, MarieThérèse et Dora. Plus tard Françoise et
Jacqueline qui lui inspirent ses choix esthétiques
et qui sont d’importants repères dans cette présentation. Le parcours se poursuit à l’étage supérieur. Le thème de la guerre avec ses références à
son grand tableau républicain de Guernica
(1937) qu’il traite de manière plus intime et personnelle comme dans La femme qui pleure
(1937) ou Chat égorgeant un oiseau (1939) ou
plus universelle comme Le Charnier (1945) ou
Massacre en Corée (1951), reste pour lui un
moyen de faire de l’art une arme contre la violence. Les années 1946 à 1973 montrent les toiles
de sa dernière période de création, d’une incroyable liberté et puissance de vie. L’occasion aussi
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Pablo Picasso «La Chevre» [1950]
Platre original: panier d'osier, pots en ceramique, feuille de palmier, metal, bois, carton et platre
120,5 x 72 x 144 cm Dation en 1979. Inv.: MP339
© Musee Picasso Paris/Beatrice Hatala © Succession Picasso 2014
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fondation louis vuitton
Architecture, art et
argent : tiercé gagnant
C’est en 2006 que le public avait pu prendre connaissance pour la première fois
de la maquette réalisée par l’architecte-star Frank Gehry, pour concrétiser le
rêve de Bernard Arnaud. Dix ans plus tard, le capitaine d’industrie, mécène
et collectionneur, n’est pas peu fier de pouvoir dire que son rêve est
devenu réalité.
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Durant ces longues années de gestation,
peu d’informations sur le bâtiment, la collection, l’organisation de la fondation avaient filtré. La communication ayant été efficacement
verrouillée par les trois protagonistes, chargés
de mener à bien ce vaste projet : Jean-Paul
Claverie, le conseiller, appelé en 1991 par
Bernard Arnault dans le groupe pour développer le mécénat ; Susanne Pagé, recrutée en
2006, femme d’influence et poids lourd du
monde de l’art, emportant avec elle son bilan
positif de directrice au Musée d’art moderne de
la Ville de Paris ; last but not least Frank Gehry,
l’architecte, auquel le Musée Guggenheim de
Bilbao (construit en 1997) a apporté sa célébrité en Europe et que beaucoup découvrirent avec
ce bâtiment révolutionnaire. En revanche,
les Allemands et les Suisses avaient une
longueur d’avance car l’architecte visionnaire, qui avait construit en 1989 le Vitra
Design Museum à Weil am Rhein près de
Bâle, avait déjà acquis ses lettres de noblesse, obtenant la même année le fameux
Pritzker Prize. A tout seigneur, tout honneur, le Centre Pompidou a décidé d’accompagner cette ouverture de la Fondation
Louis Vuitton, d’une grande rétrospective
consacrée à l’architecte.
Seguin. Dans un entretien au Monde, Bernard
Arnault le soulignait clairement : « je ne suis
pas certain qu’une institution publique aurait
pu construire ce que Frank Gehry a réalisé : en
raison du coût sans doute mais aussi de la
détermination qui était nécessaire pour que le
projet soit mené à bien. La puissance publique
est plus contrainte, et le dialogue avec l’architecte aurait été plus difficile ».
L’idée de créer une fondation remonte à
1991 mais c’est après une visite au Guggenheim
à Bilbao il y a douze ans que Bernard Arnault
décide de rencontrer Frank Gehry. Entre le commanditaire, passionné d’architecture et l’architecte, toujours en quête de nouveauté, prêt à
relever des défis, le dialogue se noue. En 2002,
Gestation
La construction de la Fondation n’a
certes pas été un long fleuve tranquille mais
nous ne reviendrons pas sur les obstacles
rencontrés. Seul compte le résultat et ce que
vous verrez à la lisière de Paris, près du
Jardin d’Acclimatation, est une petite merveille. Un miracle dans un pays, où la puissance publique règne en maître et où les
initiatives privées sont souvent regardées
avec méfiance. Il n’y a qu’à se rappeler l’échec subi par François Pinault sur l’Ile
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Fondation Louis Vuitton - Maquette 1-100e
© Fondation Louis Vuitton Mazen Saggar
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Frank Gehry visite l’emplacement et fait aussitôt des associations avec les pavillons de verre
des grandes expositions universelles et pense à
Marcel Proust. Il raconte que durant tout le vol
de retour vers Los Angeles, il n’a pas dormi mais
rempli un carnet de dessins, se fiant à son intuition dont naîtra ce vaisseau de verre, d’acier et de
bois, de 11’000 mètres carré, dont 7000 réservés
aux artistes et au public. Frank Gehry reconnaît
que ce bâtiment dépasse tout ce qui a été fait jusqu’à présent, devenant ainsi un cas d’école. Il y a
surtout la prouesse technologique, car plus de
cent ingénieurs ont dû inventer de nouvelles
technologies et trente brevets d’innovation ont
été déposés, « ce qui est unique au monde » a
souligné Jean-Paul Claverie. Les formes complexes imaginées par Frank Gehry n’ont pu se
concrétiser que grâce à un logiciel développé
pour l’aéronautique. Les 3584 panneaux de verre
ont nécessité un four spécifique.
Un bâtiment révolutionnaire
Jamais, depuis la création du Centre
Pompidou, pris dans la tourmente d’une querelle des Anciens et des Modernes, un édifice
comme cette Fondation, tout aussi révolutionnaire que l’était le Centre Pompidou, n’avait
bénéficié d’une couverture médiatique aussi
élogieuse. Avec sa structure très forte tout en
baignant dans la légèreté, le bâtiment a été surnommé le nuage. D’autres le comparent à un
insecte géant, ou même une machine volante. Vu de l’extérieur, on penserait surtout à
un vaisseau, recouvert de 12 voiles de verre.
Cette architecture de verre n’est d’ailleurs
pas sans rappeler le Grand Palais. Un bâtiment qui s’inscrit harmonieusement dans
l‘environnement et dialogue avec la lumière
et la nature. La partie centrale, en béton
blanc, appelé l’iceberg, est posée sur un bassin créé de toute pièce.
Si l’on peut reprocher au Guggenheim
Bilbao sa complexité intérieure et des espaces mal conçus pour présenter des œuvres,
les commanditaires et la directrice artistique
en particulier ont veillé à ce qu’il y ait des
murs droits. Après avoir pénétré dans le
grand hall d’entrée, le visiteur pourra déambuler dans onze galeries blanches, closes ou
à éclairage zénithal, rejoindre d’autres lieux
ouverts au passage et sur l’extérieur, comptant de nombreuses terrasses offrant de
nombreux points de vue sur Paris. En soussol, ouvert sur l’escalier d’eau, un somptueux auditorium modulable a été installé,
proposant de 400 à 1000 places.
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C’est là que le Danois Olafur Eliasson,
maître de la lumière, y a imaginé une enfilade
de colonnes dont l’une des faces est un miroir,
l’autre une mosaïque de losanges de verres de
nuances de jaune, créant des jeux de reflets
autour des bassins. Son œuvre, Inside the
Horizon (2014), engage le visiteur dans des
surprises sensorielles inédites. Dans l’auditorium, c’est l’artiste Ellsworth Kelly qui a été
sollicité pour dialoguer en majesté avec l’architecture de Gehry mais aussi avec la musique,
qui ne sera pas seulement classique, puisque des
pionniers de la musique électro, Kraftwek
investiront l’auditorium. L’artiste intervient
avec cinq panneaux monochromes, jaune,
rouge, bleu, vert, violet et un rideau de scène
conçu sur le principe de l’arc-en-ciel, comprenant douze couleurs du spectre. Une fois de
plus, c’est une expérience unique, offerte au
visiteur.
A ces deux commandes passées à Olafur
Eliasson et Ellsworth Kelly s’en ajoutent cinq
autres, de diverses formes mais toutes en relation avec le bâtiment: Sarah Morris a conçu un
film sur le bâtiment en cours de réalisation,
Taryn Simon a réalisé un projet à caractère
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Collection
Pour l’instant, on n’en découvrira que
vingt-trois œuvres. L’essentiel de cette première présentation étant concentré sur Frank Gehry,
« C’est l’architecte qui est la priorité de cette
ouverture » a insisté la directrice artistique.
Aussi une exposition spécifique lui est consacrée dans un espace au niveau du hall d’entrée,
décortiquant les nombreuses étapes cette construction, visualisées par autant de maquettes
matérialisant le processus mental dans sa complexité évolutive.
C’est dans les galeries muséales que se
découvrent les œuvres de la collection. Gerhard
Richter occupe une salle avec des œuvres de
différentes périodes : Le Cerf (1963), Seestück
(1969), Wald (1990) ou Strip (2011). Un peu
plus loin, on tombe sur une sculpture monumentale de Thomas Schütte, de sa série des Hommes
dans la boue. Les artistes français Bertrand
Lavier, Christian Boltanski, Pierre Huyghe
complètent le parcours. Dans le hall, le visiteur
est accueilli par la spectaculaire Rose II d’Isa
Genzgen. Dans sa présentation, Suzanne Pagé
annonçait que la collection serait dévoilée à tra-
Olafur Eliasson «Inside the horizon2 © 2014 Olafur Eliasson © Iwan Baan
anthropologique avec les acteurs ayant participé
à la construction de la Fondation, Ceryth Wyn
Evans a composé une très poétique sculpture
sonore faite de vingt flûtes de verre transparentes, Adrian Villar Rojas a posé sur l’une des terrasses une sculpture monumentale, mystérieuse,
Janet Cardiff et George B.Miller proposent une
promenade audio-visuelle immersive.
Et la collection, celle que nous attendions
tous de voir ?
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vers quatre axes : contemplatif, popiste, expressionniste et musique/son. A partir du 17 décembre et jusqu’à fin mars 2015, d’autres artistes
seront présentés, regroupés autour de la thématique du malaise existentiel : Alberto
Giacometti, Sigmar Polke, Annette Messager,
Maurizio Cattelan, Giuseppe Penone, Mona
Hatoum. Mais malgré l’attrait de la nouveauté,
la collection ne suffit pas et des expositions
temporaires sont prévues. Après celle consacrée
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Adrian Villar Rojas «Where the slaves live»
© Fondation Louis Vuitton Martin Argyroglo
à l’architecture et à Frank Gehry, une exposition
monographique est dédiée à Olafur Eliasson, du
17 décembre 2014 au 16 février 2015, suivie par
une exposition à caractère historique Les Clefs
d’une passion, à partir du 3 mars 2015.
La Fondation se donne pour mission de
montrer les meilleurs artistes vivants avec la
volonté de montrer avant tout l’art qui se fait,
l’art contemporain. Mais pas de manière exclusive ! Susanne Pagé connaît trop bien l’importance du regard historique et la filiation de l’art
de notre temps avec l’art moderne. Dans ce
sens-là, elle entrevoit des collaborations avec
d’autres institutions. Et comme on ne prête
qu’aux riches, elle n’aura pas trop de mal à trouver de prestigieux partenariats. Que ce soit le
Moma de New York, la Tate Modern de
Londres ou la Fondation Beyeler, avec laquelle
la Fondation Louis Vuitton partage le goût pour
les mêmes artistes, dans l’air du temps mais
aussi les chouchous du marché de l’art contemporain. Sam Keller est passé maître dans ce jeu
qui consiste à promouvoir les artistes qui caracolent en tête du marché. Espérons que Susanne
Pagé ne se laissera pas trop séduire par ces dangereuses sirènes mais œuvrera avec intelligence
et discernement, comme elle avait su le faire à
la tête de l’établissement qu’elle avait quitté
pour rejoindre la Fondation !
Régine Kopp
Exposition Frank Gehry. Jusqu’au 16 mars
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centre pompidou
Le roi Gehry
Le centre Pompidou n’a pas voulu laisser échapper une si belle opportunité.
L’affluence qui règne dans la grande salle d’exposition au rez-de-chaussée du
musée semble donner raison aux deux commissaires Frédéric Migayrou et
Aurélien Lemonier d’avoir programmé, en contrepoint à l’ouverture de la
Fondation Louis Vuitton, la première grande exposition européenne du
Californien Frank Gehry. Environ 60 projets remontant pour partie à ses
premières réalisations, retracent le parcours de cet architecte, qui a su
repousser les limites, questionner les normes de la forme architecturale.
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Né en 1929, sous le nom d’Ephraïm
Goldberg, il changera de nom en 1952 pour éviter les remarques antisémites, dont il aura luimême souffert. En 1956, il va étudier à l’université de Californie Sud puis à l’Ecole de design
de l’université de Harvard. En 1961, il vient
faire un tour en France et se familiarise avec ce
maître de l’architecture qu’est Le Corbusier,
retourne l’année d’après à Los Angeles, où il
fonde son propre bureau.
C’est avec les années soixante-dix, lorsqu’il commence à construire des maisons de
particuliers, souvent d’amis, et surtout la sienne
propre, que l’exposition commence. Les commissaires articulent les principales étapes de sa
carrière autour de six axes, tels que élémentarisation/segmentation, fusion/interaction, tension/conflit, continuité/flux, singularité/unité.
Des concepts somme toute assez abstraits qui
sont heureusement rendus compréhensibles par
de nombreuses maquettes, une multitude de
dessins et plusieurs vidéos nous montrant les
bâtiments dehors et dedans, le tout relié par des
interviews de Frank Gehry.
Nouveau langage
Le champ expérimental de ses débuts le
conduit à trouver un nouveau langage architectural. Il choisit des matériaux industriels et économiques comme des grillages galvanisés, de la
tôle, du stuc, du carton, détourne les modes de
construction traditionnelle en bois, décompose
les géométries élémentaires du bâtiment et
exclut tout ornement. Plusieurs maquettes de
maisons individuelles ou d’ateliers d’artiste
rythment le début du parcours. Que ce soient
des projets de maisons non réalisées comme la
Wagner Residence (1978) à Malibu, avec son
assemblage de volumes cubiques en stuc blanc
et pare-soleils en treillis mécaniques ou des projets de maisons réalisées comme la Schnabel
a
dernier édifice, c’est l’exigence d’un orchestre
au centre du public et l’excellence de l’acoustique, qui ont déterminé l’expression formelle.
C’est aussi parce qu’il explore les potentiels de
nouvelles formes de modélisation assistée par
ordinateur qu’il peut produire une architecture
de la continuité, fusionnant la décomposition
des volumes en une enveloppe produite par un
seul matériau. Ce sera bien avec ces jeux géométriques sur l’enveloppe du bâtiment qu’il
poussera aux limites la disparition des notions
de façade, de couverture ou des repères liés à la
verticalité. En témoignent des édifices comme
l’hôtel Marquès de Riscal (1999-2006) ou le
Frank Gehry, Hôtel Marques de Riscal 1999 2006 Alava Espagne, photo Thomas Meyer
Residence (1986-1989) et son apparente désorganisation structurée toutefois selon des perspectives précises, ou celle de l’architecte luimême à Santa Monica, datant de 1977/78 et
revue en 1991/94, devenue une icône et marquant le début de sa reconnaissance internationale. Dans les années 1980, l’architecte signe
deux autres constructions tout aussi légendaires
en Californie : le California Aerospace Museum
and Theater (1982/84) surmonté du fuselage
d’un jet et le Chiat/Day Building dont l’entrée
est composée d’une paire de jumelles géantes,
créées par Claes Oldenburg.
Dans les années 1990, le Vitra Museum
près de Bâle, qui se présente comme une imbrication de différents volumes produisant une
géométrie contorsionnée, est une nouvelle étape
qui invente de nouveaux principes d’écriture
architecturale. Le Musée Guggenheim
(1991/97) à Bilbao reprendra ce principe de la
décomposition des volumes mais aussi le Walt
Disney Concert Hall (1989-2007) à Los
Angeles. A cette différence près, que pour ce
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Richard B. Fisher center for the Performing
Arts at Bard College (1997-2003).
Pour quelques projets non réalisés, comme
le National Art Museum of China ou un projet
urbain maritime sur six hectares à Monaco ou
encore le Musée national d’Andorre, l’architecte,
malgré son âge avancé, est plus demandé que
jamais et n’a de cesse d’innover, comme si le
projet une fois terminé, il fallait tout remettre en
question. Et les projets ne manquent pas : la tour
pour la Fondation Luma à Arles ou le
Guggenheim d’Abu Dhabi. Avec la Fondation
Louis Vuitton, son inventivité a nécessité deux
années d’études et de recherche pour mettre au
point la technologie apportée par un logiciel 3D
développé par Gehry technologies à partir de
l’outil CATIA de Dassault Systèmes. Prouesse
architecturale certes et au final un chef-d’œuvre
poétique !
Régine Kopp
Exposition Frank Gehry. Jusqu’au 26 janvier
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Fondation Luma, Arles
Début d’avril a été posée la première pierre
du chantier du parc des Ateliers, une friche industrielle de la SNCF, que la Fondation Luma, créée
par Maja Hoffmann, a pour but de réhabiliter. Son
choix s’est porté sur une star de l’architecture :
Frank Gehry (85 ans), qui y construira sa tour de
86 mètres avec une inauguration prévue en 2018.
Conquis par la topographie, les monuments
antiques, les paysages des Alpilles, Gehry a promis de tenir compte de tous ces paramètres.
L’ensemble devra être convivial, dit la fondatrice,
un lieu de production, de renouveau pour l’art. En
quelque sorte un campus expérimental, culturel et
scientifique. Pour l’instant, ce campus n’a pas
encore de nom. L’ensemble du chantier est financé par la Fondation, à hauteur de 150 millions
d’euros. Certains espaces seront déjà utilisables
comme l’atelier des forges, qui a accueilli les
Rencontres 2014. Maja Hoffmann est une femme
pressée et elle a déjà occupé les lieux de juillet à
septembre avec Solaris Chronicles, une exposition
en hommage à l’architecte. Une opération qui lui a
permis de mettre en piste son premier cercle de
curateurs et d’artistes, parmi lesquels Hans-Ulrich
Obrist, l’artiste anglais Liam Gillick, le français
Philippe Parreno, que rejoindront par la suite Tom
Eccles, directeur du Bard’s Center et la directrice
suisse Beatrix Ruf, en partance de la Kunsthalle de
Zurich pour le Stedelijk à Amsterdam.
L’exposition, qui explorait l’œuvre de l’architecte
Frank Gehry à travers une mise en relation avec
d’autres artistes, prenait la forme d’une chorégraphie, signée par l’artiste Tino Seghal. Des maquettes des projets, réalisées à grande échelle, posées
sur des tables roulantes, se déplacaient dans le hall
sur la musique de Rituel in memoriam Bruno
Maderna de Pierre Boulez, et des éclairages en
mouvement de Philippe Parreno.
On peut comprendre l’enthousiasme débordant de lyrisme du maire communiste Hervé
Schiaretti et de sa femme Rolande, syndicaliste,
évoquant le passé de ce lieu, où les cheminots
menaient leur lutte pour la survie. Une survie
qu’ils doivent aujourd’hui à de grands capitalistes
et en particulier, à celle qu’ils nomment la « princesse d’Arles ». Ainsi se tourne une page de ce
conte de fée moderne. Et comme dans tous les
contes de fée, il y a aussi les « méchants ». Son
nom n’a guère été cité en ces jours de réjouissances inaugurales. François Hebel, le directeur des
Rencontres, dont ce sera cet été la dernière édition
et qui laissera ensuite sa place à Sam Stourdzé, le
directeur du Musée de l’Elysée à Lausanne.
Régine Kopp
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centre pompidou
Jacques-André Boiffard
Située dans le forum au sous-sol du centre Pompidou, la galerie de
photographies a pour vocation de déployer toute la richesse des collections
photographiques du Musée national d'Art Moderne, soit plus de 40 000
épreuves et 50 000 négatifs représentant une histoire complète de la
photographie des 20e et 21e siècles. Trois expositions par an, thématiques ou
monographiques, y seront programmées.
C'est avec un photographe peu ou pas
connu que ce lieu ouvre ses portes : JacquesAndré Boiffard (1902-1961), au départ l'un des
membres fondateurs du mouvement surréaliste,
ami d'André Breton, plus tard complice de
Georges Bataille. Pourquoi avoir choisi cet
artiste dont la production est somme toute assez
modeste et la carrière relativement courte ? En
2011, l'acquisition de la collection de photographies de Christian Bouqueret venait accroître
les collections du Centre Pompidou, déjà riches
de vingt-six épreuves originales de l'artiste, de
cinquante tirages supplémentaires, d'où l’intérêt
de la recherche et de la découverte d'un personnage un peu oublié dans un contexte resté présent dans l'histoire de l'art.
A travers le travail de J-A. Boiffard, on
peut suivre l'évolution visuelle d'un scientifique (il commença des études de médecine, les
abandonnera le temps de sa carrière de photographe, pour les reprendre et les terminer à
presque 40 ans). Commencée dans le cadre et
l'influence intellectuelle d'un surréalisme absolu sa production photographique s'oriente vers
une identité plus visuelle suite à l'influence de
Man Ray dont il devient l'assistant. Ainsi, il
expérimente les possibilités offertes par les
outils du photographe, que ce soit au niveau des
objectifs ou des tirages (photogrammes, déformations, superpositions, montages.)
Le cheminement à travers les différents
pans de l'exposition nous montre tous ces stades : images prises dans un Paris volontairement anonyme pour Breton (Nadja, 1928),
montages et autres images travaillées d'inspiration surréalistes dans un but publicitaire et
d'illustration, étude du corps humain à travers
des portraits de sa compagne Renée Jacobi,
retour au réalisme à travers des plans serrés de
pieds de mains pour la revue Documents sponsorisée par Georges Bataille, série dans laquelle
il rompt avec la poétique de l'imaginaire au profit d'un message essentiellement documentaire
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voire clinique. Sa démarche réaliste continue
avec des gros plans de papiers tue-mouche, est
une réponse visuelle anti-esthétique et matérialiste de Bataille à l'idéalisme supposé des surréaliste guidés par Breton.
En 1931 il reprend ses études de médecine
et abandonne toute pratique artistique.
Cependant, il se spécialise en radiologie, d'où,
dans l'exposition, en fin de parcours, une série
de clichés géants au rayons-x réalisés par cet
inconditionnel des images...
Christine Pictet
Jacques-André Boiffard. La parenthèse surréaliste
Jusqwu’au 2 février 2015
Renee Jacobi, vers 1930
Epreuve gelatino-argentique, tirage d’epoque
Centre Pompidou, musee national d’art moderne,
Paris Photo : © Centre Pompidou, MNAM / CCI, Dist.
RMN-GP / image Centre Pompidou, MNAM / CCI ©
Mme Denise Boiffard
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paul durand-ruel au musée du luxembourg
Un galeriste visionnaire
On ne devient pas un grand galeriste sans stratégie. Cela est vrai aujourd’hui,
si nous pensons aux Gagosian, Hauser et Wirth, Ropac, Zwirner et autres
marchands globalisés. Mais cela a déjà été le cas à la fin du xix° siècle et son
plus éminent représentant n’était autre que Paul Durand-Ruel (1831-1922),
le défenseur des impressionnistes, auquel une intéressante exposition est
consacrée.
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Cette exposition nous montre un homme de
son temps, qui veut vivre avec les artistes de la
vie moderne et non ceux choisis par les Salons
et l’Académie. Une ambition qui demande au
galeriste de mettre au point une habile stratégie,
pour imposer des artistes dont la radicalité
esthétique n’était pas du goût de tous.
Galeriste au flair indiscutable, c’est dans
son appartement qu’il montre d’abord une collection personnelle de tableaux d’impressionnistes, dont plusieurs ont pu être réunis dans une
première salle : des œuvres de Claude Monet,
ayant pour sujet des fleurs ou des œuvres de
Renoir, datant des années 1883. Une parenthèse
est ouverte sur les années 1860, lorsqu’il travaille dans la galerie de son père, rue Laffite, et
achète en nombre afin de contrôler les prix, les
artistes de la « belle école »de 1830 : Théodore
Rousseau, Jean-François Millet, Eugène
Delacroix.
Peinture française
C’est à Londres, où il se réfugie pendant la
guerre franco-prussienne et la Commune, que
Durand-Ruel rencontre Claude Monet et
Camille Pissaro. Il ne perd pas de temps, loue
une galerie New Bond Street et décide d’organiser des expositions de peinture française. En
1872, il achète une trentaine de tableaux de
Manet, qu’il mettra des années à vendre mais
aussi des tableaux de Degas, Sisley, Renoir et
Morisot. Il enverra régulièrement ses tableaux
à Londres mais aussi Berlin. Son stock est tel
qu’il peut consacrer en 1883 des expositions
individuelles à Boudin, Monet, Pissaro ou
Sisley. Pour Monet, il choisit de montrer les
séries de son œuvre, comme celle des Peupliers,
montrée dans sa galerie en 1892 et saluée par la
critique « pour les jeux de rythme, de couleur et
de lumière ». Reconstituée le temps de cette
exposition avec trois œuvres de cette série de
quinze peupliers, dont une seule est au musée
d’Orsay, les deux autres dans les musées de
Philadelphie et de la Tate à Londres.
Le destin de l’impressionnisme
Dans les années 1880, alors que la banque
l’Union Générale, qui lui avançait les fonds
nécessaires, fait faillite, il décide de conquérir
de nouveaux marchés. En 1882, il vient d’acheter vingt-trois paysages normands à Monet et il
espère que son voyage à New York va lui ouvrir
des portes. Il y débarque en 1886 : une grande
exposition impressionniste se prépare, à laquelle il contribue largement, les deux tiers des 289
œuvres provenant de son stock. Un an plus tard,
il y ouvre sa galerie. L’enthousiasme des
Américains est inversement proportionnel à la
frilosité de la vieille Europe. Il rencontre ces
riches industriels, amateurs d’art, à New York,
Chicago, Boston, Philadelphie, qui vont acheter des centaines d’œuvres de ces artistes et
changer considérablement le destin de l’impressionnisme. L’Américaine Mary Cassatt, qui fréquente les milieux impressionnistes, est aussi
pour le galeriste une formidable ambassadrice.
A partir des années 1890, le succès commercial et la reconnaissance internationale sont
assurés, le galeriste Durand-Ruel devient le
marchand incontournable de l’impressionnisme. Il suffit de lire attentivement les cartels des
tableaux, qui mentionnent souvent les prix auxquels le galeriste les a achetés mais aussi revendus quelques années plus tard, pour comprendre que les marges des premières ventes étaient
bien modestes par rapport à celles des années
1890 à 1900. En 1906, Durand-Ruel acquiert
L’Eté de Monet, qu’il revendra un an après au
musée de Berlin, pour un prix deux cents fois
supérieur. Des pratiques spéculatives qui font
encore aujourd’hui les beaux jours du marché
de l’art. A une différence près, c’est que Paul
Durand-Ruel croyait en ses artistes, d’un engagement indéfectible pour leur esthétique. A
Monet, il écrit : « Vous croyez que je ne montre
pas assez vos tableaux… je ne montre qu’eux ;
je ne m’occupe que de cela depuis des années,
j’y ai mis tout mon cœur, tout mon temps, toute
ma fortune et celle des miens ».
Une profession de foi dans laquelle beaucoup de galeristes de notre temps auraient du
mal à se reconnaître !
Régine Kopp
www.museeduluxembourg.fr
ouvert tous les jours sauf le 25 décembre et jusqu’au 8
février 2015.
Claude Monet «Le Jardin de l’artiste» 1873
Huile sur toile, 61 x 82,5 cm Washington, National Gallery of Art © National Gallery of Art, Washington
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théâtre des gémeaux
théâtre de la ville
Les Gémeaux, scène nationale de Sceaux, fêtait du
6 au 9 novembre ses vingt ans avec Opus 14 de
kader Attou. il s’agit de la toute dernière création
du chorégraphe hip-hop qui dirige le centre
chorégraphique national de La Rochelle
depuis 2008.
Le festival d’Automne à Paris poursuit son portrait William
Forsythe avec un programme de trois ballets interprétés par le
Semperoper Ballett de Dresde. La compagnie est dirigée depuis
2006 par Aaron Sean Watkin, ancien soliste du Ballet de
Francfort alors dirigé par William Forsythe. Ainsi, le Semperoper
Ballett a-t-il plusieurs œuvres du chorégraphe américain
à son répertoire.
Opus 14
William Forsythe
Dans ce ballet pour 16 danseurs, Kader Attou explore la
place de l’individu dans le groupe et plus particulièrement, celle
de l’artiste dans un ensemble. En effet, la notion d’individualité
est très forte dans les danses urbaines où chaque danseur cherche à se singulariser par la performance physique.
Réglées au cordeau, les scènes d’Opus 14 montrent soit
l’ensemble des danseurs soit des petits groupes
qui forment des écrins pour des solos percutants. La musique de Régis Baillet passe du
registre contemporain à des sonorités classiques voire à la chanson populaire. La scénographie d’Olivier Borne crée des tableaux particulièrement enchanteurs. Quant à la chorégraphie, elle est à la fois extrêmement physique
avec la recherche de la rapidité et le défi de l’apesanteur mais aussi très sophistiquée, alternance d’énergie indomptable et de poésie.
Stéphanie Nègre
La danse en décembre et janvier :
Les 13 et 14 décembre, l’Opéra de Massy
invitera le Eifman Ballet avec Rodin et son éternelle idole, chorégraphie autour des amours du
sculpteur et de Camille Claudel. Le 15 janvier,
Julien Lestel présentera sa nouvelle création
Roméo et Juliette sur la musique de Serge
Prokofiev et le 29 janvier, le Yacobson ballet,
compagnie russe basée à Saint Petersbourg, sa
version de Casse-Noisette. A l’Opéra royal de Versailles, BlancheNeige d’Angelin Prejlocaj sera de retour du 17 au 21 décembre.
Dada Masilo présentera du 10 décembre au 10 janvier sa Carmen
au Théâtre du Rond-Point. Du 6 au 10 janvier, la scène du Plais
Garnier accueillera le Ballet royal de Suède avec Juliette et Roméo
de Mats Ek. Du 8 au 10 janvier, la Maison des Arts de Créteil
accueillera Aakash Odedra avec Murmur / Inked et Wayne
McGregor avec Atomos, interprété par sa compagnie Random.
Du 27 au 29 janvier, la Compagnie nationale de danse
d’Espagne, dirigée par José Martinez, sera au Théâtre des
Champs-Elysées avec Casi Casa de Mats Ek, Sub d’Itzik Galli et
Extremely Close d’Alejandro Cerrudo. Enfin, la Ballet de la Scala
de Milan sera à l’affiche du Palais des congrès avec Gisele du 31
janvier au 8 février.
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Pièce de 1985, Steptext est une des œuvres fondamentales de William Forsythe.
Sur une musique de Jean-Sébastien Bach, trois hommes en noir et une femme en
rouge se partagent la scène. Ils forment deux duos, apparaissant et disparaissant au
grès de la lumière qui s’éteint, plongeant subitement la scène dans l’obscurité complète, et de la musique qui s’interrompt. Confrontation physique, la chorégraphie est
faite de gestes
rapides et d’extensions extrêmes où
les corps désaxés
forment des combinaisons géométriques à la beauté
froide.
Plus qu’une
simple démonstration de virtuosité,
Steptext est une
plongée dans un
monde postmoderne où les personnages ont leur
propre langage de
communication.
Créée
en
2012 par le
Semperoper
«Steptext» - Photo Costin Radu
Ballett, Neue suite
est une déferlante
de pas de deux à la limite du déséquilibre. Les musiques sont des extraits de JeanSébastien Bach, Georges Frédéric Haendel, Luciano Berio, Gavin Bryars et Thom
Willems, compositeur de musiques électroniques de nombreux ballets de Forsythe.
Chaque morceau à sa couleur et donne à voir la palette des personnalités de la compagnie.
Si In the middle, somewath elevated a été créé en 1987 par le Ballet de l’Opéra
de Paris, il figure désormais au répertoire de nombreuses compagnies qui toutes, lui
donnent une couleur différente. Ici, les danseurs sont parfaitement ensemble, ce qui
donne une grande force aux scènes de groupe. Parmi les solistes, le « principal dancer » Jiri Bubenicek se distingue, puissant et athlétique mais aussi extrêmement raffiné quand il exécute des pas d’inspiration classique.
Stéphanie Nègre
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opéra
Chaste Castor
Première des productions lyriques de la saison du Théâtre des Champs-élysées,
Castor et Pollux réunit tout, ou presque, pour séduire : entre une mise en scène
esthétiquement belle et conceptuellement juste, et une restitution musicale
appropriée.
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«Castor et Pollux» © Vincent Pontet
Christian Schiaretti signe une réalisation
scénique d’une adéquation ardemment pensée et
menée. C’est la vision que l’on peut avoir, et
attendre, d’un chef d’œuvre éternel, en l’espèce
de l’opéra de Rameau, qui transcende son époque
et peut parler aujourd’hui à la nôtre. Foin donc de
perruques poudrées ! mais une intemporalité nue,
avec juste ce qu’il faut de références antiques
dans les vêtures (longs péplums sombres, rutilants casques, boucliers et cuirasses) et dans l’arrière-fond de décor ; ce dernier repris du décorum du théâtre champs-élyséen lui-même, avec
colonnes doriques dorées et panneaux de
fresques allégoriques à la façon de Maurice
Denis. Le tout, hiératique. Si ce n’est que l’animation revient à la chorégraphie éblouissante (et
très actuelle) conçue par Andonis Foniadakis,
pour les nombreux passages dansés et même audelà. Un ton sobrement évocateur, qui offre à la
musique de se déployer.
Celle-ci bénéficie d’un plateau vocal bien
choisi. Edwin Crossley-Mercer campe Pollux
avec l’assise et la prestance qu’on lui sait. Il se
retrouve parfaitement secondé par Michèle
Losier, Jean Teitgen, Marc Labonnette, Hasnaa
Bennani et Reinoud van Mechelen, pour des
rôles secondaires transmis avec un style des plus
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idoines (et particulièrement le dernier cité). Ce
serait moins vrai des deux autres rôles principaux : la Télaïre assez éteinte d’Omo Bello (son
sublime « Tristes apprêts », débité sèchement et
sans aura), que l’on a connue dans des jours
meilleurs ; et le Castor court de souffle de John
Tessier. Le Chœur du Concert spirituel délivre
pour sa part de beaux élans. Hervé Niquet surprend de prime abord, par des tempos endiablés,
mais soutenus et auxquels ses instruments de son
Concert spirituel répondent sans faillir. Mais le
chef sait rapidement trouver la mesure d’un viflent, entre moments allants et passages intériorisés, qui soutient la tension dramatique et renouvelle l’attention. Comme l’ouvrage le réclame.
Sérail suranné
La nouvelle production au Palais Garnier de
l’Enlèvement au sérail, absent de l’Opéra de
Paris depuis 1985, n’est pas de celles propres à
susciter les passions. Pour ses premiers pas dans
la mise en scène lyrique, Zabou Breitman s’affirme parfaitement sage, pour ne pas dire conformiste. La scène représente ainsi un Orient de
conventions, avec une imagerie puisée à celle des
peintres orientalistes du XIXe siècle : palais des
Mille et Une Nuits (conçu par Jean-Marc Stehlé,
tout récemment disparu, avec l’opulence qu’on
lui connaît), djellabas, voiles en tous genres et
danseuses du ventre. Le jeu du plateau, lui, se
contente de coller à l’action, sans guère plus. On
se frotte les yeux, à se croire ramené aux grosses
machines du Grand Opéra à la française, du
temps de L’Africaine de Meyerbeer ou de La
Juive d’Halévy ! Un peu surannée, sinon poussiéreux… Passons. Et retenons une jolie image finale : le vol d’une chouette blanche traversant la
scène, libérée de la cage qui la cloîtrait au début
du spectacle, métaphore du beau message de
tolérance du Singspiel de Mozart.
La restitution musicale est à l’image du destin scénique de ce volatile, quelque peu engoncée
puis épanouie. Notons, toutefois, que la partition
«L’Enlèvement au sérail» © Agathe Poupeney / Opera national de Paris
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Guy Van Waas dirige «le Temple de la Gloire» de Rameau © Jacques Verrees
est livrée intégralement, ou « quasi » (pour citer
Philippe Jordan). Effort méritoire, certes, mais
devenu courant, notamment du côté des baroqueux. Et justement, nos oreilles s’étant accoutumées à ces sonorités allègres et piquantes, les
premiers moments de l’orchestre rappellent un
autre âge (au temps du Grand Opéra ?) : ensemble massif, bruyant sans être toujours brillant.
Les timbres reprennent mieux leur individualité
au cours de la soirée, sous la direction sans cesse
vigilante de Jordan. À qui l’on ne peut demander,
comme à l’Orchestre de l’Opéra de Paris, la clarté d’attaque de l’instrumentarium et du style d’époque.
Le chant s’avère lui aussi traditionnel, avec
des hauts et des bas. Erin Morley l’emporte assurément : Konstanze d’un beau phrasé, constant
dans tout le registre, à son aise dans les ornements comme la couleur déliée. Bernard Richter
commence mal son air d’entrée de Belmonte,
mais réserve par la suite une réelle présence, avec
sa projection ferme. Lars Woldt constitue un
Osmin de caractère, d’une verve ténébreuse et
bougonne impayable. Alors qu’Anna Prohaska
tire son épingle du jeu pétulant de Blonde, et que
Paul Schweinester figure un Pedrillo pétillant de
légèreté. Chœurs sans histoires, malgré quelques
décalages dans une partie qui ne leur est pas si
difficile.
La gloire de Rameau
Rameau toujours, et décidément fêté
comme il ne l’a jamais été en cette année qui
marque le 250e anniversaire de sa disparition.
Cette fois, et encore, à l’Opéra royal de
Versailles. Et en majesté, si l’on peut dire, pour
une récréation : le Temple de la Gloire, unique
collaboration (hors la partition perdue de
Samson) avec Voltaire, dans sa seconde version,
de 1746. De cet opéra on ne connaissait jusqu’à
présent que des extraits, enregistrés au disque,
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Alcina de retour
Au théâtre des Champs-Élysées, Alcina fait
son grand retour. Avec un bouquet de voix d’exception, dans la meilleure tradition de cet opéra
de Haendel depuis sa redécouverte (en particulier grâce au gosier à Joan Sutherland). Joyce
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Joyce DiDonato © Simon Pauly
mais du premier état de 1745. C’est donc une
grande première que ce concert sous l’égide de
forces musicales venues de Belgique (de
Namur, plus précisément). L’opéra ne nous apprend rien que l’on ne savait déjà du génie de
Rameau : des airs et ensembles sublimes, des
passages instrumentaux et dansés qui le sont
autant (mais ici, pas toujours nécessairement),
appuyés sur une structure, elle, originale. C’est
ainsi qu’à un prologue obligé, succèdent pour
chacun des trois actes, une pastorale, un opéracomique et enfin une tragédie lyrique. Ou un
éventail de toutes les facettes de l’art lyrique
que Rameau avait su illustrer.
Guy Van Waas est le maître d’œuvre, à la
tête de son ensemble instrumental les Agrémens
et du Chœur de chambre de Namur. Ce dernier
est toujours aussi efficace, irréprochable pourrait-on même avancer, au firmament des chœurs
baroqueux. La distribution vocale serait du
même ordre : avec les excellentes Judith van
Wanroij (dramatique à souhait), Katia Velletaz
(dans une facture plus légère) et Chantal
Santon-Jeffery ; ainsi que le toujours resplendissant Mathias Vidal, ténor d’un phrasé et
d’une projection souverains. Oublions la voix
quelque peu usée d’Alain Buet, naguère un bon
baryton. Mais il est simplement regrettable que
les instruments, tout à fait compétents et bien
conduits, soient un peu en retrait, voire estompés, confinés dans leur fosse (qui n’est pas si
profonde). Défaut d’équilibre, imputable peutêtre au déplacement du concert à Versailles,
juste après celui à l’Opéra de Namur.
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DiDonato figure en vedette (américaine) du
concert, avec sa projection ardente, sa technique
assurée et sa présence qui crève les planches.
Mais Alice Coote lui donne une fière réplique,
alto comme il est peu, aux notes ténébreuses et
à l’ornementation coulée. Anna Christy,
Christine Rice et Anna Devin ne sont pas en
reste, rivalisant chacune dans son registre d’une
vocalité à toute épreuve. Le ténor Ben Johnson
ne dépare pas, avec sa bonne émission, en
retrait comme l’exige sa prestation. Harry
Bicket dirige cette fête vocale et les instruments
efficients de l’English Concert, avec la précision acérée dont savent témoigner les baroqueux britanniques.
Caprices lyrico-symphoniques
Toujours au théâtre de l’avenue Montaigne,
l’Orchestre national de France succède, pour un
programme alléchant, à la fois symphonique et
lyrique. La scène finale de Capriccio laisse un
peu sur sa fin, dépourvue de la sensualité que
l’on attend de cet immense lied qui conclut l’ultime opéra de Richard Strauss. Orla Boylan,
pourtant habituée de ce répertoire, livre une
voix étale, mal accordée aux charmes sinueux
de l’héroïne straussienne. Mais les couleurs et
les transports regagnent la « Fantaisie symphonique » Francesca da Rimini de Tchaïkovski et
la Deuxième Symphonie de Sibelius, avec un
orchestre survolté, envahissant l’espace dans
une rigueur scrupuleuse, déchaîné qu’il est par
la direction impériale de Leif Segerstam. Autres
musiques et autres répertoires, qui conviennent
idéalement, cette fois, au bouillant chef finlandais.
Fête de l’Opéra-Comique
L’Opéra-Comique ouvre en fête, et justement pour fêter son anniversaire. Puisque cette
saison marque les 300 ans de l’institution – de
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Anna Caterina Antonacci © Pierre Grosbois
l’institution, mais non pas du bâtiment, qui lui
au cours de son Histoire aura connu différents
lieux et différentes constructions. Cette soirée
d’ouverture et de gala distille donc des airs et
extrais tirés d’ouvrages célèbres, parmi ceux qui
ont égrené les riches heures du répertoire mai-
82
Sélection musicale
de décembre & janvier :
A partir du 15 janvier et ce jusqu'au 14
février, nouvelle reprise du Don Giovanni de
Mozart par Mickael Haneke, cette fois sans Peter
Mattei, pour qui la mise en scène avait été
conçue. Alain Altinoglu dirigera l'Orchestre et le
Chœur de l’Opéra national de Paris avec dans les
rôles principaux Erwin Schrott (Don Giovanni),
Liang Li (Il Commendatore), Adrian Sâmpetrean
(Leporello), Tatiana Lisnic (Donna Anna),
Marie-Adeline Henry (Donna Elvira), Alexandre
Duhamel (Masetto), Serena Malfi (Zerlina) et
Stefan Pop (Don Ottavio).
Toujours à la Bastille du 22 janvier au 17
février, retour de l'Ariadne auf Naxos de Strauss
par Laurent Pelly avec dans le rôle-titre Karita
Mattila, qui sort enfin du purgatoire dans lequel
elle a été trop longtemps confinée, entourée de
Sophie Koch (Der Komponist), Klaus Florian
Vogt (Der Tenor / Bacchus), Daniela Fally
La basse Erwin Schrott sera Don Giovanni lors de la
reprise de l’opéra de Mozart © Uli Webber
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son, de Dauvergne, Grétry, Berlioz,
Bizet, Offenbach, Massenet,
Debussy, Ravel jusqu’à Poulenc.
Servis par un parterre de
divas actuelles : Anna Caterina
Antonacci, immense tragédienne
s’il en est, Sabine Devieilhe, de
colorature irradiante, Julie Fuchs,
resplendissante comme jamais, et
Patricia Petibon, impressionnante
de présence. Vincent Le Texier,
Frédéric Antoun et Stéphane
Degout apportent la nécessaire
répartie masculine, avec le métier
qu’on leur sait. Comme aussi les
jeunes chanteurs de l’Académie de l’OpéraComique (Sandrine Buendia, Éléonore
Pancrazi, Ronan Debois, Vianney Guyonnet),
beaux espoirs à la technique déjà sûre.
L’ensemble, avec l’Orchestre les Siècles et le
Chœur Accentus, bénéficie de la direction sans
faille de François-Xavier Roth, passant avec
une aisance confondante du baroque au XXe
siècle, dans des textures miraculeusement
appropriées.
Pour ce spectacle d’une seule soirée d’exception, Michel Fau a tissé une mise en scène en
dentelles, avec quelques jolis costumes dérivés
d’une commedia dell’arte où Carmen s’immiscerait, des toiles peintes suggestives façon
époque, et des interventions parlées faisant lien.
Les comédiens (dont Fau et Jérôme Deschamps,
directeur de la maison) virevoltent entre la
musique, en donnant parfois eux aussi de la
voix chantée : comme dans une désopilante
caricature de la scène de la Tour de Pelléas et
Mélisande. Une fête disions-nous, d’humour
parfois, mais surtout toute de charme nostalgique.
(Zerbinetta) et de Franz Grundheber (Der
Haushofmeister) le tout dirigé par Michael
Schønwandt à la tête de l'Orchestre de l'Opéra de
Paris. Le cycle Convergences se poursuit les 17
et 18 janvier avec deux programmes consacrés
aux Canticles de Britten interprétés par Cyrille
Dubois, Xavier Sabata et Stéphane Degout avec
les instrumentistes Anne Le Bozec (piano),
Emmanuel Ceysson (harpe) et Vladimir Dubois
(cor). Le 30 janvier toujours à l'amphithéâtre ; le
ténor Norbert Ernst accompagné au piano par
Kristin Okerlund joueront les Mörike lieder de
Hugo Wolf.
A l’affiche du Châtelet du 22 au 30 janvier,
Il re Pastore de Mozart dirigé par JeanChristophe Spinosi et mis en scène par Nicolas
Buffe, avec Rainer Trost (Alexandre), Soraya
Mafi (Aminta), Raquel Camarinha (Elisa),
Marie-Sophie Pollak (Tamiri) et Krystian Adam
(Agenore), en fosse l'Ensemble Matheus.
L'Opéra Comique présente du 21 décembre
au 1er janvier, La Chauve-souris de Johann
Strauss (dans une version en français) dirigée par
Marc Minkowski et mise en scène par Ivan
Alexandre avec Stéphane Degout, Chiara
Skerath, Sabine Devieilhe, Frédéric Antoun,
Florian Sempey et Franck Leguérinel, Orchestre
et chœur, Musiciens du Louvre Grenoble. Du 26
janvier au 2 février 2015, place à l'opéra-ballet
Les Fêtes vénitiennes d'André Campra dirigé par
William Christie, mise en scène par Robert
Carsen avec Emmanuelle De Negri, Élodie
Fonnard, Rachel Redmond, Emilie Renard, Cyril
Auvity, Reinoud Van Mechelen, Marc Mauillon
et François Lis, les parties dansées étant assurées
par le Scapino Ballet Rotterdam, Orchestre et
chœur, Les Arts Florissants.
Au TCE, du 10 au 18 décembre, opéra, avec
La Clémence de Titus de Mozart réalisée par
Denis Podalydès et dirigée par Jérémie Rhorer
avec Kurt Streit (Titus), Karina Gauvin (Vitellia),
Julie Fuchs (Servilia), Kate Lindsey (Sextus),
Julie Boulianne (Annius) et Robert Gleadow
(Publius), Le Cercle de l’Harmonie. Concert des
Grandes Voix le 11 avec la soprano Olga
Peretyatko et le ténor Dmitry korchak accompagnés par l'Orchestre de chambre de Paris placé
sous la direction de Manuel López-Gómez
(Mozart, Donizetti et Rossini), concert suivi par
celui de Marie-Nicole Lemieux et du Venice
Baroque Orchestra « Viva Vivaldi » le 13. Le 15,
place au Messie de Haendel par Nathalie
Stutzmann à la direction en compagnie de Susan
Gritton, Sara Mingardo, Benjamin Bernheim et
Andrew Foster-Williams avec l'ensemble Orfeo
55 et le Chœur de Chambre de Namur. Le 19,
poursuite de la saison des Grandes Voix avec
Philippe Jaroussky et l'Ensemble Artaserse
pour un programme Vivaldi, le 20 Christophe
Rousset jouant l'Oratorio de Noël de Bach ainsi
que plusieurs cantates avec Katherine Watson,
Damien Guillon, Julien Prégardien et Matthew
Brook, Les Talens Lyriques et le Chœur du Palau
de la Música de Barcelone.
L'Orchestre de chambre de Paris dirigé par
Thomas Zehetmair interprétera le 13 janvier
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Pierre-René Serna
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Instants pluriels de Philippe Manoury, des Lieder
de Schubert avec la contralto Nathalie Stutzmann
et la symphonie La grande, du même Schubert.
Entre deux émissions de radio Natalie Dessay
accompagnée au piano par Shani Diluka chantera quelques lieder de Brahms (Mozart et
Schubert en complément) le 18. Le 21 Simone
kermes et Vivica Genaux feront revivre les
splendeurs musicales de deux divas célèbres,
Francesca Cuzzoni et Faustina Bordon avec La
Cappella Gabetta dirigée par Andrés Gabetta
(Vinci, Haendel, Hasse...).
Le 23 grand Concert-Concours Les Mozart
de l'Opéra avec une kyrielle de jeunes artistes
tels que Venera Gimadieva, Maren Favela
(sopranos), Giuseppina Bridelli, Yulia Mazurova
(mezzo-sopranos), Julien Dran, Bogdan Volkov
(ténors), Andrey Zhylikhovsky (baryton), Alexei
Botnarciuc, Erik Anstine (basses), l'Orchestre
Prométhée dirigé par Pierre-Michel Durand avec
la participation exceptionnelle de Julie Fuchs,
réunis pour chanter une sélection de grands airs
du répertoire lyrique. Le 24, place à une rareté de
Agostino Steffani, Niobe opéra en trois actes de
1688 sur une livret de Luigi Orlandi, d’après Les
Métamorphoses d’Ovide auquel Paul O’Dette et
Stephen Stubbs redonneront vie avec les voix de
Karina Gauvin (Niobe), Philippe Jaroussky
(Anfione) et Teresa Wakim (Manto), l'Orchestre
du Boston Early Music Festival.
Le 31 janvier, enfin, opéra en concert avec
Guillaume Tell de Rossini, confié au maestro
Gianluigi Gelmetti avec les artistes Nicola
Alaimo (Guillaume Tell), Celso Albelo (Arnold),
Annick Massis (Mathilde et Elodie Méchain
(Hedwige), l'Orchestre Philharmonique de
Monte-Carlo, le Chœur de l’Opéra de MonteCarlo, une production Les Grandes Voix.
La Salle Pleyel vivra ses derniers instants
classiques au mois de décembre puisqu'en janvier
sera ouverte la Philharmonie ; parmi les derniers
concerts, l'Orchestre de Paris placé sous la direction de Louis Langrée et entouré des solistes
Marita Solberg, Katija Dragojevic, Toby Spence
et Nahuel Di Pierro interprétera le 10 décembre
la Symphonie n°4 "Tragique"de Schubert et la
Messe en ut mineur de Mozart.
Le 14 janvier 2015 aura lieu l'inauguration
de la Philharmonie de Paris, nouvel auditorium
flambant neuf situé à la Villette (19ème) avec un
Gala d'ouverture donné par l'Orchestre de Paris
dirigé par Paavo Järvi avec Renaud Capucon,
Sabine Devieilhe, Hélène Grimaud, Matthias
Goerne réunis pour un grand concert où des
pages de Dutilleux, Escaïch, Ravel et Fauré
seront jouées, tandis que le lendemain Lang
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Karina Gauvin sera «Niobe» en janvier au Théâtre des
Champs-Elysées © Michael Slobodian
Lang sera en soliste pour jouer Borodine et
Tchaïkovski, Järvi dirigeant la Fantastique de
Berlioz toujours avec l'Orchestre de Paris. Nous
pourrons retrouver Les Arts Florissants et
Christie le 16 janvier, entourés de Danielle de
Niese, Marcel Beekmann, Elliot Madore et
Laurent Naouri interprètes de Charpentier,
Mondonville et Rameau. Le 23 La Création de
Haydn sera dirigée par Thomas Zehetmair à la
tête de l'Orchestre de chambre de Paris avec en
solistes Sunhae Inn, Florian Boesch et Werner
Güra avec le Choeur Accentus. La jeune soprano
Omo Bello sera en récital le 23 avec Clément
Mao-Takacs (Donizetti, Verdi, Respighi, Chopin,
Tosti...).
Le Théâtre de l'Athénée présentera pour la
fin de l'année Et le coq chanta, spectacle composé à partir de passions de Bach interprétées par
Théophile Alexandre, Aurore Bucher, Mathieu
Dubroca et Matthieu Lécroart, les musiciens
Alice Coquart, François Leyrit, Camille
Delaforge, Jon Olaberria, Patrick Oliva et
Sharman Plesner dans une mise en scène
d'Alexandra Lacroix, le tout étant placé sous la
direction de Christophe Grapperon (du 11 au 17
décembre). Puis du 23 décembre au 10 janvier,
La Grande Duchesse, d'après la grande-duchesse de Gérolstein d'Offenbach, direction musicale
Christophe Grapperon, mise en scène Philippe
Béziat, Compagnie Les Brigands, interprétée par
Isabelle Druet, David Ghilardi et Emmanuelle
Goizé.
A Gaveau le 3 décembre, récital de la soprano Rima Tawil (mélodies et airs d'opéras), le 6
concert Porpora (airs d'opéras) par le contreténor Franco Fagioli accompagné par l'Adademia
Montis Regalis dirigée par Alessandro de
Marchi. Le 15 Ute Lemper chantera des poèmes
d'amour de Neruda, le 14 janvier Karina Gauvin
et le Cercle de l'Harmonie conduit par Julien
Chauvin donneront un programme Haendel,
comprenant des extraits de Rodelinda, Ariodante,
Rinaldo, Alcina...
Au Musée d'Orsay le 18 décembre, récital
de la mezzo-soprano Janina Baechle avec
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Marcelo Amaral au piano (œuvres de
Mendelssohn, Bach, Cornelius, Reger et
Brahms).
Au Château de Versailles, une rareté en
concert le 13 décembre, avec Christophe
Colomb de Félicien David dirigé par François
Xavier Roth à la tête de l'ensemble Les Siècles
avec Josef Wagner (Christophe Colomb),
Chantal Santon (Elvire), Julien Behr (Fernand) et
Jean-Marie Winling (récitant). Le 20 Oratorio de
Noël de Bach par Hanna Zumstande, Elvira Bill,
Manuel König, Benoît Arnould, le Kölner
Kammercho, le Collegium Cartusianum dirigé
par Peter Neumann. Le 22 janvier place à Niobe
de Steffani (donné au TCE le 24) avec Philippe
Jaroussky, et Karina Gauvin et le Boston Early
Music Festival Orchestra conduit par Paul
O'Dette et Stephen Stubbs. Concert « Rokoko »
le 24 par Max Emanuel Cencic (contre-ténor),
Theodoros Ketitsos à la mandoline, l'ensemble
Armonia Atenea dirigé par George Petrou.
Evénement le 29 janvier avec Cinq-Mars de
Gounod, d'après Alfred de Vigny, opéra en 4
actes créé à l’Opéra-Comique de Paris, le 5 avril
1877, placé sous la direction de Ulf Schirmer,
Chœur de la Radio Bavaroise et Orchestre de la
Radio de Munich avec Charles Castronovo
(Marquis de Cinq-Mars), Véronique Gens
(Princesse Marie de Gonzague), Melody
Louledjian (Marion Delorme), Marie Lenormand
(Ninon de L'Enclos) et Tassis Christoyannis
(Conseiller de Thou) une production Palazzetto
Bru Zane – Centre de musique romantique française en coréalisation avec l'Opéra Royal/
Château de Versailles, une version de concert suivie par Nabucco de Michelangelo Falvetti chanté par Fernando Guimarães (Nabucco),
Alejandro Meerapfel (Daniele), Christopher
Lowrey (Arioco) et Caroline Weynants (Anania),
Chœur de Chambre de Namur Cappella
Mediterranéa avec au pupitre Leonardo García
Alarcón, le 31 janvier.
Vu et entendu : à Paris, consternant concert
de la soprano Angela Gheorghiu (TCE le 9
novembre) qui, pour se mettre en valeur, a imposé à ses côtés un effroyable ténor roumain pour
n'avoir à chanter que quelques pages sans vie,
sans âme, choisies pour ne pas froisser ce qui lui
reste de timbre. Amateurs d'opéra, passez votre
chemin.
Ailleurs en France : Nouvelle production
de Peter Grimmes de Britten à l'Opéra de Nice,
du 18 au 24 janvier 2015 ; au pupitre le chef
Bruno Ferrandis et à la régie Marc Adam.
François Lesueur
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chronique des concerts
Automne radieux
C'est à une véritable leçon de chant autour du lied
allemand que nous ont conviés Matthias Goerne et
Christoph Eschenbach. Jamais le baryton allemand
n'aura paru si maître de ses moyens, tandis que
l'accompagnement tout en retenue et en ombres portées
forme un écrin incomparable à l'écriture schumanienne.
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Le baryton propose au public de la salle Pleyel les deux cycles :
Frauenliebe und – leben (chanté d'ordinaire par une voix de femme),
Dichterliebe et les Kerner-Lieder. Après des débuts précautionneux, le
flux se libère progressivement tandis que les suspensions de l'accompagnement exposent davantage le chant, le contraignant à grossir la ligne et
creuser dans les soubassements. Les efflorescences du piano travaillent la
couleur au détriment de l'impact rythmique mais au fond, qui s'en plaindrait, car cet art de l'accompagnement touche au sublime et séduit par l'immédiateté des intentions qu'il parvient à rendre sensible. Un pur mauvais
esprit viendrait ici rappeler que Christoph Eschenbach réussit au piano ce
qu'il manque trop souvent au pupitre…
Dans les Kerner-Lieder, l'usage des tonalités bémol y est quasi généralisé (Wanderlust et Wanderung), si bien que les trouées d'espoir qui
ramènent à un do majeur apaisé finissent par surprendre tant on ne les
espérait plus. Matthias Goerne fait ici entendre la leçon qu'il donnait déjà
dans son Schwanengesang et sa Schöne Mullerin. La voix se fait paysage
et balaie d'un regard une nature parcourue à l'imitation d'un voyage sentimental. Erstes Grün est superbe d'énergie et d'élan, tandis que Stille
Tränen nous cloue littéralement sur notre fauteuil.
De passage à Paris pour deux soirées après plusieurs concerts donnés
lors de sa tournée européenne, le Chicago Symphony Orchestra est placé
sous la baguette de son directeur musical, Riccardo Muti. La prestation
impeccable confirme l'immense valeur de l'effectif mais peine à convaincre sur les intentions du chef italien. La Salle Pleyel a mis les petits plats
dans les grands et le public ne boude pas son plaisir en accueillant avec
enthousiasme un programme somme toute assez classique. Dans le très
mince Meerestille und Glucklische Fahrt de Mendelssohn, les violoncel-
Riccardo Muti
les font çà et là gronder quelques grains menaçants mais les voiles gonflent plutôt paisiblement et le navire sonore arrive à bon port, sans marquer durablement les esprits. A t-on jamais entendu lignes si molles et
indolentes dans La Mer de Debussy ? Les cordes quasi-visqueuses dessinent des contours paresseux qui font bailler d'ennui l'auditoire. L'ensemble
de l'œuvre est conduit à un rythme de sénateur, sans que la baguette ne
puisse dégager une vision cohérente. Dans la 4e Symphonie de
Tchaïkovski, le bruit et la fureur des pupitres de vents sont idéalement proportionnés au débordement sensuel et naïf de cette musique. La Seconde
Suite de l’Oiseau de feu ne donne qu'un aperçu fugitif et synthétique des
inventions stylistiques du jeune Stravinsky. Muti préfère séparer les épisodes que de les enchaîner, initiative funeste qui brise l'élan naturel de la
musique. L'Introduction est lénifiante et atone de bout en bout,
alors que l'apparition et la danse de l'Oiseau cherche apparemment à se dégager de cette glu préliminaire. Feu de paille,
hélas. Les tableaux se suivent, boutonnés dans un impeccable
corset expressif. Le Finale a beau jouer de décibels, la prestation étonne par la minceur des arrières plans et la sagesse des
intentions. Que dire de cette 3e Symphonie de Schumann en
seconde partie ? La puissance des cordes répond à la rutilance
des cuivres avec une belle énergie, surtout dans le Scherzo et
le dernier mouvement (Feierlich). En dehors de ces mouvements-là, on reste dubitatif sur les intentions (pour ne rien dire
des moyens) d'un chef à l'autorité souveraine mais si austère
dans la réalisation. Ce Schumann s'oublie sitôt la dernière note
éteinte, comme un beau voyage sans péripéties ni faits marquants. Un bis-Nabucco pour conclure. Les bonnes idées se
recyclent bien et le public ne boude pas son plaisir…
David Verdier
Matthias Goerne © Marco Borggreve
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Fondation Custodia
Entre Goltzius et Van Gogh
Dessins & Tableaux de la Fondation P. et N. de Boer
Piet de Boer (1894-1974) a d’abord fait des études de biologie avant de s’intéresser à l'histoire de l'art et d’y consacrer sa vie. En 1922, il ouvre une galerie qui depuis 1927 est toujours
restée établie sur le Herengracht à Amsterdam. Vers 1960, Piet se retire de l’affaire pour se consacrer à l'étude et à l'enrichissement de sa collection personnelle de peintures et de dessins qui
couvre une période allant de la fin du Moyen Âge à Vincent van Gogh. En 1964, il regroupe sa
collection d’art au sein de la Fondation P. et N. de Boer.
Pour célébrer le 50e anniversaire de cette fondation, la Fondation Custodia a pris l’initiative de présenter un large choix d’œuvres illustrant le goût très sûr du marchand-collectionneur
Piet de Boer – contemporain de Frits Lugt (1884-1970) – et sa formidable intuition. C'est un
véritable voyage à travers d’une vie entièrement tournée vers le marché de l’art.
Vingt tableaux seront présentés à cette occasion, parmi lesquels des œuvres de peintres
maniéristes comme Hendrick Goltzius (le célèbre “Portrait de Jan Govertsz van der Aar en collectionneur de coquillages“), Cornelis Cornelisz van Haarlem (“Neptune et Amphitrite“)... Ce
sera aussi l'occasion de découvrir les belles natures mortes de Balthasar van der Ast, Ambrosius
Bosschaert, Gottfried von Wedig et Frans Snijders, des paysages atmosphériques de Joos de
Momper, Roelandt Savery, Hendrick Avercamp et Arent Arentsz Cabel...
Parmi les 95 dessins exposés, les visiteurs pourront admirer une étourdissante “Adoration
des mages“ sur papier préparé rouge du Maître de l’Adoration du Liechtenstein, ou une ardente
représentation du Toucher de Hendrick Goltzius, entre autres.
Vincent van Gogh, «Le Moulin de Blute-fin», 1886
Craies noire, bleue et rouge, plume et encre noire,
aquarelle opaque, 310 x 240 mm
© Fondation P. et N. de Boer, Amsterdam
Bibliothèque Mazarine
l LA TOuR DE NESLE. DE PIERRE, D’ENCRE ET DE FICTION – jusqu’au 12 déc.
Bibliothèque-Musée
de l’Opéra Palais Garnier
l RAMEAu ET LA SCèNE – Du 16
décembre au 8 mars
Centre Pompidou
l MARCEL DuCHAMP. La peinture,
même – jusqu’au 5 janvier
l ROBERT DELAuNAy. Rythmes sans
fin – jusqu’au 12 janvier
l FRANK GEHRy – jusqu’au 26 janvier
l JACQuES ANDRé BOIFFARD – jusqu’au 2 février
Centre Wallonie-Bruxelles
l OMBILIC Du RêVE. Félicien Rops,
Max Klinger, Alfred Kubin, Armand
Simon – jusqu’au 5 janvier
Espace Dali
l DALI FAIT LE MuR – Dali et le
“street art“ - jusqu’au 15 mars
Fondation Custodia
l ENTRE GOLTzIuS ET VAN GOGH. Le
goût de Boer, marchand-collectionneur – Du 13 déc. au 11 mars
Fondation Louis Vuitton
l FRANK GEHRy - jusqu’au 16 mars
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. Du 13 décembre 2014 au 8 mars 2015
Grand Palais
l NIKI DE SAINT PHALLE – jusqu’au 2
février
l HOKuSAI – jusqu’au 18 janvier
l HAïTI, deux siècles de création
artistique – jusqu’au 15 février
Institut du Monde arabe
l LE MAROC CONTEMPORAIN – jusqu’au 25 janvier
Maison du Japon
l TISSER LES COuLEuRS - KIMONOS
D’uN TRéSOR NATIONAL VIVANT – jusqu’au 17 janvier
La Maison Rouge
l ART BRuT. COLLECTION ABCD / BRuNO
DECHARME – jusqu’au 18 janv.
Musée d’art du judaïsme
l ROMAN VISHNIAC. De Berlin à New
york, 1920-75 – jusqu’au 25 janvier
Musée d’art moderne
l DAVID ALTMEJD – jusqu’au 1er févr.
l SONIA DELAuNAy, les couleurs de
l’abstraction – jusqu’au 22 février
Musée Carnavalet
l PARIS LIBéRé, PARIS PHOTOGRAPHIé,
PARIS EXPOSé – jusqu’au 8 février
Musée Cernuschi
l LE JAPON Au FIL DES SAISONS – jusqu’au 11 janvier 2015
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n
Musée Eugène Delacroix
l OBJETS DANS LA PEINTuRE, SOuVENIRS Du MAROC – jusqu’au 2 février
Musée Guimet
l SPLENDEuRS DES HAN, ESSOR DE L’EMPIRE CéLESTE – jusqu’au 1er mars
Musée Jacquemart-André
l LE PéRuGIN, MAîTRE DE RAPHAëL –
jusqu’au 19 janvier
Musée Lettres & Manuscrits
l CORRESPONDANCES AMOuREuSES –
jusqu’au 15 février
Musée du Louvre
l MARK LEWIS, invention au
Louvre – jusqu’au 5 janvier
l LE MAROC MéDIéVAL, un empire
de l’Afrique à l’Espagne – jusqu’au 19 janvier
Musée du Luxembourg
l PAuL DuRAND-RuEL, LE PARI DE
L’IMPRESSIONNISME. Manet, Monet,
Renoir... – jusqu’au 8 février
Musée Maillol
l LES BORGIA ET LEuR TEMPS. De
Léonard de Vinci à Michel-Ange –
jusqu’au 15 février
Musée Marmottan-Monet
l IMPRESSION, SOLEIL LEVANT, l’aube
de l’impressionnisme – jusqu’au
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18 janvier
Musée de Montmartre
l L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART
MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25
septembre 2015
Musée de l’Orangerie
l EMILE BERNARD (1868-1941) – jusqu’au 5 janvier
Musée d’Orsay
l ATTAQuER LE SOLEIL. HOMMAGE Au
MARQuIS DE SADE – jusqu’au 25 janv.
Musée du Quai Branly
l LES MAyAS, un temps sans fin –
jusqu’au 8 mai
Musée de la Vie Romantique
l LA FABRIQuE Du ROMANTISME.
Charles Nodier et les voyages pittoresques – jusqu’au 18 janvier
Palais de Tokyo
l INSIDE CHINA & DAVID MALJKOVIC –
jusqu’au 11 janvier
Petit Palais
l DE INGRES à POLKE – jusqu’au 11
janvier
l BACCARAT – jusqu’au 4 janvier
Pinacothèque
l LE KAMA SuTRA : spiritualité et
érotisme dans l’art indien – jusqu’au 11 janvier
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Théâtre de Montparnasse
La colère du Tigre
Un géant de la politique, Clémenceau (interprété par Claude Brasseur) et un
géant des arts, Claude Monet (Michel Aumont), amis de longue date, passent quelques
jours ensemble au bord de l’Atlantique. Deux caractères bien trempés, deux hommes à
l’ironie célèbre, que l’âge n’a pas rendus plus sages. Monet a détruit des Nymphéas
promis à l’Orangerie, une occasion pour le Tigre de piquer l’une de ses plus
mémorables colères.
« Réunis pour quelques jours dans la modeste maison de pêcheur que
Clemenceau louait à l’année au bord de l’océan, les deux amis vont « vider leurs sacs
». Cette explication aussi orageuse que cocasse va se dérouler en présence de
Marguerite Baldensperger, l’éditrice de Clemenceau, une femme beaucoup plus jeune
que lui, à qui le vieux Tigre voue une passion dévorante et finira par se résoudre à
déclarer sa flamme…
Au-delà de l’anecdote,
j’ai vu dans ce huis clos
le moyen de faire s’affronter au soir de leurs
vies ces deux géants du
siècle dernier autour des
grands thèmes de l’amitié, de la morale, de
l’honneur, du sens de la
vie, de la vieillesse… et
de l’amour.»
«La colère du tigre» © J. Stey
Philippe Madral
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. jusqu’au 20 décembre 2014
Séances supplémentaires les 28 et 31 décembre, et le 4 janvier
Billetterie : 01.43.22.77.74
ANTOINE (01.43.38.74.62)
Inconnu à cette adresse de
Kressmann Taylor - m.e.s. Delphine
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ARTISTIC ATHéVAINS
(rés. 01.43.56.38.32)
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Feydeau - m.e.s. Anne-Marie
Lazarini - jusqu’au 31 décembre.
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Jacques Weber - jusqu’au 31 déc.
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u Le cercle des illusionnistes de et
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janvier
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Alain Sachs - jusqu’au 10 janvier
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veille ! de Corinne Berron, Hélène
u
Serres, Vanina Sicurani, Trinidad jusqu’au 3 janvier
COMéDIE DES CHAMPS ELySéES
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Emmanuel Schmitt - m.e.s. Steve
Suissa - jusqu’au 30 décembre
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u Dom Juan de Molière - m.e.s. JeanPierre Vincent - jusqu’au 16 déc.
u Un chapeau de paille d’Italie de
Labiche - m.e.s. Giorgio Barberio
Corsetti - jusqu’au 14 janvier
u Le Tartuffe de Molière - m.e.s.
Galin Stoev - jusqu’au 16 février
u La Double Inconstance de
Marivaux - m.e.s. Anne Kessler - jusqu’au 1er mars
u Le Misanthrope de Molière m.e.s. Clément Hervieu-Léger - du
17 décembre au 23 mars.
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u La Petite Fille aux allumettes de
H.C. Anderson - m.e.s. Olivier
Meyrou - jusqu’au 4 janvier
u La Dame aux jambes d’azur de
Labiche - m.e.s. Jean-Pierre Vincent
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- du 22 janvier au 8 mars
VIEuX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u George Dandin ou le mari confondu de Molière - m.e.s. Hervé Pierre jusqu’au 1er janvier
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Volodia Serre - du 9 au 25 janvier
EDOuARD VII (01.47.42.59.92)
u Un Dîner d’adieu d’A. de la
Patellière et M. Delaporte - m.e.s.
Bernard Murat - jusqu’au 4 janvier
GAîTé-MONTPARNASSE
(01.43.22.16.18)
u Coup de théâtre(s) de et m.e.s.
Sébastien Azzopardi et Sacha
Danino - jusqu’au 3 janvier
GyMNASE (01.42.46.79.79)
u Histoires Tombées d’un éventail adaptation et m.e.s. Sandrine
Garbuglia - jusqu’au 17 janvier
HéBERTOT (01.43.87.23.23)
u La Mère de Florian Zeller - m.e.s.
Marcial Di Fonzo Bo - jusqu’au 21 déc.
u Les Cartes du pouvoir de Beau
Willimon - m.e.s. Ladislas Chollat jusqu’au 31 décembre
LA BRuyèRE (01.48.74.76.99)
u Quatre Minutes de Chris Kraus m.e.s. Jean-Luc Revol - avec Andréa
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Ferreol - jusqu’au 3 janvier
MADELEINE (01.42.65.07.09)
u Deux hommes tout nus de
Sébastien Thiéry - m.e.s. Ladislas
Chollat - jusqu’au 31 janvier
MICHODIèRE (01.47.42.95.22)
u Le dîner de cons de Francis Veber m.e.s. Agnès Boury - jusqu’au 31 déc.
MONTPARNASSE
(01.43.22.77.74)
u La colère du tigre de Philippe
Madral - m.e.s. Christophe Lidon jusqu’au 20 déc. - Supplémentaires :
28, 31.12. + 4 .1.
ODéON EuROPE (01.44.85.40.40)
u You Are My Destiny (Lo stupro di
Lucrezia) de et m.e.s. Angélica
Liddell - du 3 au 14 décembre
ATELIERS BERTIER
u La Réunification des deux Corées
de Joël Pommerat - du 10 décembre
au 31 janvier
ROND-POINT (0.892.701.603)
u Novecento d'Alessandro Baricco m.e.s. André Dussollier, PierreFrançois Limbosch. Avec André
Dussollier - jusqu’au 10 janvier
Théâtre de la Madeleine
Deux hommes tout nus
Alain Kramer, avocat sérieux et mari fidèle, se réveille nu chez lui avec un de
ses collègues de bureau. L’incompréhension est totale, et aucun des deux hommes
n’arrive à expliquer comment ils ont pu se retrouver dans cette situation. Quand la
femme de l’avocat découvre les deux hommes dénudés dans son salon, Kramer
invente n’importe quoi pour sauver son couple. Il est prêt à tout pour rétablir une
vérité qui lui échappe. Où se trouve la vérité ? Dans le salon de Kramer, ou dans son
inconscient ? Quand on fouille au fond de soi, sait-on jamais ce qu’on va trouver ?
Ladislas Chollat signe la mise en scène de cette pièce de Sébastien Thiéry - l’un
des auteurs à succès des scènes parisiennes - un vaudeville contemporain qui
“louche“ du côté de Dubillard; le public
pourra constater que l’auteur n’a peur de
rien et que sa férocité de plume fait merveille sur scène. François Berléand et
Isabelle Gelinas sont irrésistibles de
cocasserie dans cette absurde histoire de
surdité, de même que Sébastien Thiéry
dans le rôle du collègue de bureau.
La pièce se présente comme un des
spectacles les plus déjantés de la rentrée... Ne la manquez pas !
. jusqu’au 31 janvier 2015
«Deux hommes tout nus» © LOT
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Billetterie : 01.42.65.07.09
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La Grange au Lac, Evian
Beau-Site, La Chaux-de-Fonds
Nelson Goerner
Je suis
L’Orchestre des Pays de Savoie est invité à la Grange au Lac, et offrira
une grandiose introduction avec un des Divertimenti de Mozart, avant
d’aborder le mystère d’un ouvrage mythique, cette «Nuit transfigurée» dans
laquelle Arnold Schönberg commence à édifier un système harmonique
révolutionnaire qui détruira progressivement le vieux système tonal que
Rameau avait imposé en son temps.
Spectacle en russe surtitré en français
«Je suis» © Smirnov
Le Théâtre KnAM dénonce l’omission des crimes de l’histoire recouverts, dans la Russie d’aujourd’hui, par le fantasme d’un passé héroïque.
Une mémoire collective frappée d’Alzheimer, conduisant à une amnésie
totalitaire. Théâtre documentaire mis en scène par Tatiana Frolova, «Je
suis» croise les témoignages. Les silences d’une histoire falsifiée font écho
au récit de la lente disparition des souvenirs d’une femme atteinte par la
maladie. Un parallèle entre mémoire individuelle et manipulation politique
pour un spectacle poignant, qui résonne comme un cri pour la liberté.
Nelson Goerner © Jean Baptiste Millot
Suivra la Sérénade pour cordes de Krzysztof Penderecki, tandis que le
1er Concerto en mi mineur du jeune Chopin exorcisera naturellement la
souffrance passée par son piano heureux, étincelant de joie de vivre, à peine
frôlée par la menace de quelque nuage passager et interprété par le magnifique Nelson Goerner.
. 13 décembre 2014
. 22 et 23 janvier 2014 à 20h15
Billetterie en ligne : http://mal-thonon.org/mal/orchestre-des-pays-de-savoie-3/
Billetterie : 032 /967.60.50, http://www.tpr.ch/
Victoria Hall de Genève
Théâtre Equilibre, Fribourg
Le pianiste russe déjà légendaire revient à Genève le 4 décembre à
20h au Victoria Hall dans la série des Grands Interprètes, avec la Partita
No 1 en mi-bémol majeur de J.S. Bach, La Sonate No7 en ré majeur de
Beethoven et la Sonate en si mineur de Chopin.
Qui n’a
pas eu la
chance de l’entendre cet été à
Verbier ou à La
Grange au Lac
d’Evian doit se
précipiter.
Sokolov
tient une place
à part parmi les
pianistes
fameux d’aujourd’hui. Il
vous entraînera
dans
un monde
Grigory Sokolov
inconnu, donnant des œuvres une interprétation parfaitement originale et d’une rare
profondeur, qui vous laissera aussi interloqués qu’émerveillés.
Martine Duruz
Le pétillant chorégraphe grenoblois JeanClaude Gallotta sera de
passage à Fribourg avec
«Yvan Vaffan», l’une de ses
créations les plus célèbres
qui a fait date dans l’histoire de la danse contemporaine.
Perplexe et ravi, le
public découvrira une tribu
de onze barbares aux
mœurs étranges, onze guerriers truculents et sautillants vêtus de loques et de
strass qui distribuent les
caresses et se lancent à
corps perdu dans des
courses échevelées.
«Yvan Vaffan» © Guy Delahaye
Frais, sensuel, ce
spectacle épique autant
qu’iconoclaste a brouillé les codes sexuels d’alors et marqué durablement la
scène française.
Grigory Sokolov
Yvan Vaffan
. Vendredi 5 décembre 2014 - 20h
. Jeudi 4 décembre 2014 - 20h
Billetterie :
Fribourg Tourisme, 026/350.11.00 / [email protected]
Billetterie : Service culturel Migros Genève, www.culturel-migros-geneve.ch, rue du
Prince 7, T +41 (0)22 319 61 11,
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Théâtre Am Stram Gram
Salle communale d'Onex
L’Histoire du soldat
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Ballet Bar
Sur le chemin qui le
ramène chez lui, son violon
sur le dos, le soldat Joseph
rencontre un mystérieux
chasseur de papillons. Il lui
propose un étrange troc :
son instrument contre un
livre magique prédisant
l’avenir. Charmé, le soldat
accepte l’échange. Son
voyage bascule alors dans
une quête illusoire.
L’homme qu’il a croisé,
c’est le Diable en personne...
La Compagnie Teatro
Malandro rejoue le mythe
faustien sur des airs de
valse, de tango, de ragtime,
d’opéra – interprétés en
«L’Histoire du soldat» © Marc Vanappelghem
live par les musiciens. La
griffe de Malandro est reconnaissable entre mille ; maîtrise du jeu et des
espaces, écriture scénique tonitruante, inventive, poétique, toujours surprenante ...
Laissez-vous séduire !
Les
Spectacles
Onésiens invitent la
Compagnie Pyramid à
venir présenter une pièce
plusieurs fois récompensée
lors de festivals internationaux.
Autour d'un comptoir
des années 1960, dans un
univers proche des clubs de
jazz new-yorkais, six personnages évoluent entre un
phonographe, quelques
vinyles et un transistor.
Danses, acrobaties et
mimes se mêlent dans un
rythme alternant force et
légèreté, douceur et virilité.
Mêlant habilement hip hop,
charleston, calypso, tango
ou électro, les principaux
styles musicaux du XXe siècle se succèdent au fil de multiples saynètes.
«Ballet Bar»
Un immense succès qui ne doit rien au hasard !
. Les 16, 17, 18, 20, 24, 25, 27, 31 janvier, 1er et 3 février 2015
. Du 21 au 22 janvier 2015 - 20h30
Billetterie : 022/735.79.24 et Service culturel Migros, 7 rue du Prince
Billetterie : 022/879.59.99 ou [email protected]
Théâtre Saint-Gervais
Théâtre du Crève-Cœur
Dans les villages de Federico García Lorca, rien ne résiste au poids
des traditions et de la fatalité, surtout pas les romances adolescentes : c’est
tout le drame de «Noces de sang». On y découvre une jeune fiancée enlevée
le matin de son mariage par un amant d’une communauté ennemie. La chasse à l’homme est lancée et le fiancé spolié retrouve les fugitifs dans la forêt.
La jeune fille rentrera au village recouverte par le sang de ses deux prétendants…
«Je me suis aperçue à quel point j’étais tissée de lui. C’est un amour
très fort, immense. Un amour plus grand que la mer.»
Noces de sang
Mon père et moi
«Noces de sang» credit Takis Diamandopoulos 8 - copie
Dans la bouche de la metteuse en scène Lena Kitsopoulou, la tragédie
andalouse de Lorca prend des allures de cri de révolte. Un théâtre de l’émancipation !
. Du 13 au 17 janvier 2015
La comédienne
et chanteuse Ariane
Dubillard rend hommage à son père,
l’écrivain,
dramaturge et comédien
français
Roland
Dubillard, avec une
pièce qu’elle a écrite
après la mort de ce
dernier, en 2011.
Cette création
sera mise en scène
par Anne Vaucher, et
interprétée
par
Ariane Dubillard
elle-même. Un musiAriane Dubillard
cien sera également
sur scène, histoire de
‘mettre en musique’ les propos de la comédienne.
Gageons que le public saura apprécier à sa juste valeur cet hommage
au grand Roland Dubillard.
. Du 13 au 18 janvier 2015
Billetterie : 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch
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Réservations : 022/786.86.00
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GENEVE
concerts
u 1.12. : Temps & Musique. QuATuOR
DE JÉRuSALEM (Beethoven, Janacek).
Conservatoire de Genève à 20h
(billetterie : Service culturel Migros)
u 1.12. : Finale avec orchestre Concours de flûte. CONCOuRS DE
GENèVE. L’OCG, dir. Nicolas Chalvin
(Mozart, Jolivet, Carter, Tower,
Dove). Victoria Hall à 20h ( billetterieculture.ville-ge.ch / sur place, une
heure avant le concert)
u 3.12. : Concert de Noël. CINÉCONCERT. L’OCG, dir. Philippe Béran
(Chaplin, Le Cirque). Victoria Hall à
20h (loc. : L'OCG +41 22 807 17 90 ~
[email protected])
u 4.12. : Prestige Artists. JAN
GARBAREK & THE HILLIARD ENSEMBLE.
Cathédrale Saint-Pierre à 20h30 (loc.
Fnac / Ticketcorner)
u 4.12. : Les Grands Interprètes.
GRIGORY SOKOLOV, piano. Victoria Hall
à 20h (loc. Service culturel Migros,
022 319 61 11, Stand Info Balexert)
u 7.12. : LE SANGuIN. Nataša Marić,
flûte, Béatrice Zawodnik, hautbois,
Laurent Bruttin, clarinette, Alberto
Guerra, basson, Delphine GauthierGuiche, cor, Stefan Wirth, piano
(Furrer, Holliger). Conservatoire de
Musique à 11h (rés. : www.contrechamps.ch/reserver)
u 7.12. : Série Musique sur Rhône.
Ensemble de musique de chambre de
l’OSR, YuMIKO AWANO & INES
LADEWING, violon, VERENA SCHWEIZER,
alto, HILMAR SCHWEIZER, violoncelle
(Strauss, Bloch, Dvorak). BFM, Salle
Théodore Turrettini, 11h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 8.12. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANZ
LISZT & MISCHA MAISKY, violoncelle
(Marcello, Corelli, Haydn, Bartók,
Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h (loc.
SCM 022/319.61.11)
u 8.12. : Les Grands Interprètes.
QuATuOR ARMIDA (Janácek, Schubert,
Haydn). Conservatoire de Musique à
20h (loc. Service culturel Migros,
Stand Info Balexert)
u 9.12. : Raconte-moi la Musique n°1.
CONTREBASSE ? CONTREBASSE !, présenté par David Greilsammer et
Massimo Pinca. Société de Lecture à
12h (billetterie : 022 311 45 90)
u 10.12. : Série Symphonie.
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAuSANNE,
dir. Domingo Hindoyan, FRANCESCO
PIEMONTESI, piano (Mendelssohn,
Dvorak). Victoria Hall à 20h (Tél.
a
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022/807.00.00 / [email protected])
u 14.12. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. CAMERATA BERN, dir.
et violon ANTJE WEITHAAS (Brahms).
Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville
de Genève ou en ligne : billetterieculture.ville-ge.ch)
u 16.12. : Concert de Noël. OSR, dir.
Kazuki Yamada, JuLIEN GEORGE, commentaires (Grieg). Victoria Hall à 19h
(Tél. 022/807.00.00 / [email protected])
u 18.12. : Série Prélude. OSR, dir.
Kazuki Yamada, JuLIEN GEORGE, commentaires (Grieg). Victoria Hall à 20h
(Tél. 022/807.00.00 / [email protected])
u 18.12. : FEMME DISANT ADIEu, récitrécital par Pascal Quignard et
Lorenda Ramou, d’après Villa Amalia
de Pascal Quignard (Beethoven,
Haydn, Bériot, Couperin, Purcell,
Reverdy, Gourzy, Skalkottas et Bach).
Conservatoire à 20h. Entrée libre / À
18h, conférence de Pascal Quignard
u Du 18 au 21.12. : TREMÉ par le
Fanfareduloup Orchestra. Théâtre du
Loup, jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à
17h (rés. 022/301.31.00)
u 6 et 7.1. : EKLEKTO, concerts. Le
Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus
tard 2 h avant l’événement - mail :
[email protected])
u 7.1. : Série Symphonie. OSR, dir.
Kazuki Yamada, SIMON TRPCESKI, piano
(Takemitsu, Prokofiev, Beethoven).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 9.1. : Série répertoire. OSR, dir.
Kazuki Yamada, SIMON TRPCESKI, piano
(Takemitsu, Prokofiev, Beethoven).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 12.1. : Temps & Musique. VADIM
GLuZMAN, violon, ANGELA YOFFE, piano
(Pärt, Prokofiev, Beethoven).
Conservatoire à 20h (billetterie :
Service culturel Migros, Migros NyonLa Combe, Stand Info Balexert)
u 15.1. : Concert de soirée No. 4.
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MARTIN & SES MAîTRES. L’OCG, dir.
Gábor Takács-Nagy, Geneviève
Chevallier, harpe, Patrick Ayrton, clavecin, Simon Savoy, piano (Bach,
Martin, Beethoven). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
ou www.ticketportal.com)
u Du 15.1. au 3.2. : HISTOIRE Du SOLDAT
de Ramuz. Ensemble Contrechamps,
dir. Benoît Willmann, m.e.s. Omar
Porras. Théâtre Am Stram Gram
(rens. Sarah Mouquod, 022 329 24 00)
u 16.1. : Les Grands Interprètes.
EVGENY KISSIN, piano (Beethoven,
Prokofiev, Chopin, Liszt). Victoria Hall
à 20h (loc. Service culturel Migros
Genève, 022 319 61 11)
u 18.1. : LE MÉLANCOLIQuE. Stephan
MacLeod, baryton, Laurent Bruttin,
clarinette, Gérard Métrailler, trompette, Vincent Thévenaz, orgue
(Glaus, Mundry, Alonso, Sylvestre,
Pintscher). Espace Fusterie à 11h (rés.
www.contrechamps.ch/)
u 23.1. : Les Grands Interprètes.
QuATuOR LES DISSONANCES (Dutilleux,
Debussy, Schubert). Conservatoire à
20h (loc. Service culturel Migros,
Stand Info Balexert)
u 25.1. : Série Musique sur Rhône.
Ensemble de musique de chambre de
l’OSR, FLORIN MOLDOVEANu, CAROLINE
BAERISWYL & LINDA BäRLuND, violon,
VERENA SCHWEIZER & HANNAH FRANKE,
alto
(Mendelssohn, Musiques
Klezmer). BFM, Salle Théodore
Turrettini, 11h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
u 25.1. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. WOLFGANG SEIFEN,
orgues (Impros sur Faust de Fr.
Murnau. Victoria Hall à 11h (loc.
Espace Ville de Genève ou en ligne :
billetterie-culture.ville-ge.ch)
u 27.1. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE SYMPHONIQuE DE
GuANGZHOu, dir. Lin Daye, MÉLODIE
ZHAO, piano (Wenjing, Tchaïkovski,
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Wanghua, Chengzong, Lihong).
Victoria Hall à 20h (loc. SCM
022/319.61.11)
u 29.1. : Les Grands Interprètes.
APOLLON
MuSAGèTE
QuATuOR
(Beethoven, Webern, Tchaïkovsky).
Conservatoire de Musique à 20h (loc.
Service culturel Migros, Stand Info
Balexert)
u 29.1. : Jazz Classics. BRAD MEHLDAu
SOLO. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac /
Ticketcorner)
u 29.1. : Concert Prestige n°3. LE VIOLON DANSE. Geneva Camerata, dir.
David
Greilsammer,
Carolin
Widmann, violon, Ballet Junior de
Genève, chor. Cindy Van Acker
(Haydn, Balter, Schumann). BFM à
20h (billetterie : Fnac)
opéra
u 15, 17, 19, 21, 23, 26, 29, 31.12. :
LA GRANDE-DuCHESSE DE GÉROLSTEIN
d’Offenbach, OSR, dir. Franck Villard,
m.e.s. Laurent Pelly. Grand Théâtre à
19h30, di 21 à 15h (billetterie en
ligne sur le site du Grand Théâtre)
u 20.12. : Récital PATRICIA PETIBON,
soprano, SuSAN MANOFF, piano. Grand
Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne
sur le site du Grand Théâtre)
u 6, 7, 8, 9, 10.1. : LE PETIT PRINCE de
Michaël Levinas, OSR, dir. Arie van
Beek, m.e.s. Lilo Baur. BFM à 19h30
(billetterie : site du Grand Théâtre)
u 25, 27, 29, 31.1. et 2, 4.2. : IPHIGÉNIE
EN TAuRIDE de Gluck. OSR, dir.
Hartmut Haenchen, m.e.s. Lukas
Hemleb. Grand Théâtre à 19h30
(billetterie : site du Grand Théâtre)
u 28.1. : Récital NATALIE DESSAY,
SOPRANO, LAuRENT NAOuRI, barytonbasse, MACIEJ PIKuLSKI, piano. Grand
Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne
sur le site du Grand Théâtre)
Grand Théâtre de Genève
Natalie Dessay / Laurent Naouri
Récital d’exception au Grand Théâtre de Genève, avec la prestation d’une
soprano à propos de laquelle les critiques ne tarissent pas d’éloges, et qui se
produira sur la scène de Neuve en compagnie de son mari, le baryton-basse
Laurent Naouri.
Tous deux soulèvent l’enthousiasme du public lors de chacune de leur
apparition, et ce sera sans aucun doute le cas lors de leur récital, dans lequel la
mélodie sera à l’honneur, avec des œuvres de Fauré, Duparc et Poulenc notamment. Et l’on nous promet même de très beaux moments musicaux grâce à
quelques duos inédits.
Notons encore que l’accompagnement musical sera assuré par le pianiste
Maciej Pikulski.
Natalie Dessay par Simon Fowler
. Mercredi 28 janvier 2015 à 19h30
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A Vevey et Genève
Beethoven
En décembre, Luc Baghdassarian sera à la tête du Chœur
Symphonique de Vevey et de l’Orchestre des Variations Symphoniques
pour deux concerts consacrés à Beethoven.
Il dirigera en effet l’exécution de la 9e Symphonie opus 125, aidé par
les voix de la soprano Karine Mkrtchyan, de la mezzo-soprano Varduhi
Khachatryan, du ténor Gilles Bersier et de la basse Claude Darbellay,
d’une part le 3 décembre à la Salle Del Castillo à Vevey, d’autre part le 6
décembre au Victoria Hall de Genève.
. Mercredi 3 décembre à 20h30 - Salle del Castillo, Vevey
. Samedi 6 décembre à 20h30 - Victoria Hall de Genève
Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch, Espace Ville de Genève,
Grütli, Genève Tourisme
Luc Baghdassarian
théâtre
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u Jusqu’au 14.12. : HÉLOïSE de Marcel
Aymé, m.e.s. Camille Giacobino.
Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth,
mar au sam à 20h00, dim à 18h00
(rés. 022/786.86.00)
u Jusqu’au 14.12. : JOSÉPHINE
CANTATRICE Du PEuPLE DES SOuRIS de
Kafka par le Studio d’action théâtrale,
création. Le Galpon (rés. au
022/321.21.76 - 2h avant le spectacle
- mail : [email protected])
u 1er, 2, 3.12. : Midi, théâtre ! INVENTAIRES de Philippe Minyana,
Compagnie L’Hydre Folle. Le Grütli,
Foyer du Théâtre à 12h ([email protected] ou 022 888 44 88)
u Du 2 au 6.12. : HYPÉRION de
Friedrich Hölderlin, m.e.s. Marie-José
Malis. La Comédie de Genève, marmer-jeu-sam à 19h, ven à 20h (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u Du 2 au 13.12. : NE PLuS RIEN DIRE de
et m.e.s. Joël Maillard. Théâtre SaintGervais, mar-jeu-sam à 20h30, merven à 19h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 2 au 14.12. : CHRONIQuES
ADRIATIQuES de Domenico Carli, m.e.s.
Anne-Cécile Moser. Le Grütli, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à
18h. Relâche lun (022/888.44.88 /
[email protected])
u Du 3 au 21.12. : LA LIGNE DE CHANCE
de et m.e.s. Laure-Isabelle Blanchet,
création, dès 4 ans. Théâtre des
Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h,
dim à 11h et 17h (rés. 022/807.31.07)
u Du 4 au 7.12. et du 11 au 13.12. :
ÇA SENT LE SAPIN de Simon Bolay,
Gabriel Goumaz et Valentine Paley,
création. Théâtre de l’usine (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
u Du 5 au 31.12. : SILENCE EN COuLISSES
(NOISES OFF) de Michel Frayn, m.e.s.
Raoul Pastor. Théâtre de Carouge,
salle François-Simon, mar-mer-jeu et
sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
u Du 9 au 21.12. : GuITOu de Fabrice
Melquiot, m.e.s. Sarah Marcuse.
Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30,
mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
u Du 10 au 14.12. : LES ARTISTES DE LA
CONTREFAÇON de Christian Geffroy
Schlittler, par L’agence LouisFrançois Pinagot. Théâtre du Loup,
jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à
17h (rés. 022/301.31.00)
u Du 12 au 14.12. : FAuST de Goethe,
m.e.s. Nicolas Stemann. La Comédie
de Genève. ven-samà 17h, dim à 17h
(loc. [email protected] /
022/320.50.01)
u Du 17 au 20.12. : MY DINNER WITH
ANDRÉ, par tg STAN. Théâtre SaintGervais, à 19h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 17 au 31.12. : GROS-CALIN de
Romain Gary, m.e.s. Berangère
Bonvoisin. Le Poche-Genève, merjeu+sam à 19h, lun+ven à 20h30, dim
à 17h / mer 31 à 20h (location 022
310 37 59, [email protected])
u Du 5 au 18.1. : MÉCANIQuE INSTABLE
de et m.e.s. Yann Reuzeau. Le PocheGenève, mer-jeu+sam à 19h, lun+ven
à 20h30, dim à 17h (loc.022 310 37
59, [email protected])
u Du 6 au 18.1. : ELLE A ÉPOuSÉ uN RAPPEuR de et m.e.s. Philippe Cohen.
Théâtre Pitoëff, mar-mer-ven à 20h,
jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés.
022/793.54.45 ou [email protected])
u Du 6.1. au 1.2. : MACBETH de
Shakespeare, m.e.s. Geoffrey Dyson.
Théâtre des Amis, Carouge, mar-ven
à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h
(rens. 022/342.28.74)
a
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u Du 8 au 20.1. : BARTLEBY d'après
Hermann Melville, m.e.s. Denis
Athimon et Julien Mellano, création,
adultes et ados. Théâtre des
Marionnettes, jeu-ven-sam à 19h, dim
à 17h, lun 19 + mar 20 à 19h (rés.
022/807.31.07)
u Du 8 au 25.1. : BARBE BLEuE, ESPOIR
DE FEMMES de Dea Loher, m.e.s. Lucia
Placidi, création. Théâtre Alchimic,
mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à
19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u Du 9 au 25.1. : HORACE de Corneille
par la Cie Classique. Théâtre du
Loup, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à
20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00)
u Du 9.1. au 1.2. : L'AVARE de
Molière, m.e.s. Gianni Schneider.
Théâtre de Carouge, salle FrançoisSimon, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven
à 20h, dim à 17 (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Du 13 au 18.1. : NOCES DE SANG de
Federico García Lorca, m.e.s. Léna
Kitsopoulou. Théâtre Saint-Gervais,
mar-jeu-sam à 29h, mer-ven à 20h30,
dim à 18h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 13 au 18.1. : MON PèRE ET MOI de
Ariane Dubillard, m.e.s. Anne
Vaucher. Théâtre du Crève-Cœur, ch.
de Ruth, mar au sam à 20h00, dim à
18h00 (rés. 022/786.86.00)
u Du 13 au 22.1. : CINÉMA APOLLO de
Matthias Langhoff, m.e.s. Michel
Deutsch. Hors les murs (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u 15.1. : Midi, théâtre ! - MENu
MCBETH (INCL. 3 FRITES & 1 KAFKA LIGHT)
du Spettatori Collectif. Le Grütli,
Foyer du Théâtre à 12h ([email protected] ou 022 888 44 88)
u 16, 17, 18, 20, 24, 25, 27, 31.1. et 1,
3.2. : L'HISTOIRE Du SOLDAT de Ramuz,
m.e.s. Omar Porras, création. Théâtre
Am Stram Gram, ven à 19h, sam+ dim
e
n
à 17h, mar à 19h (Loc. 022/735.79.24
et Service Culturel Migros)
u Du 17 au 21.1. : HOMMAGE À
FRANÇOIS SILVANT. Théâtre Pitoëff, sam
à 21h, dim-lun-mar à 20h, mer à 19h
(rés. 022/793.54.45 ou [email protected])
u Du 20 au 24.1. : BREL EN 1000 TEMPS
de et avec Alain Carré. Théâtre du
Crève-Cœur, ch. de Ruth, mar au sam
à 20h00, dim à 18h00 (rés.
022/786.86.00)
u Du 20.1. au 7.2. : LE ROI LEAR de
Shakespeare,
m.e.s.
Hervé
Loichemol, création. La Comédie de
Genève, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven
à 20h, dim à 17 (sauf dim 25.1. : relâche), lun relâche (loc. 022/320.50.01 /
[email protected])
u Du 20.1. au 8.2. : LA TRILOGIE DE
BELGRADE de Biljana Srbljanovic,
m.e.s. Véronique Ros de la Grange,
création. Le Grütli, mar-jeu-sam à
19h, mer-ven à 20h, dim à 18h.
Relâche lun ([email protected] /
022/888.44.88)
u Du 24.1. au 8.2. : LE DÉRATISEuR DE
HAMELIN de Nicolas Yazgi, m.e.s. Julie
Burnier et Frédéric Ozier, création.
Théâtre des Marionnettes, sam à 17h,
dim à 11h et 17h, mar à 19h (rés.
022/807.31.07)
u Du 28 au 31.1. : BALLADE EN ORAGE
de Julien Mages, par la Cie Julien
Mages. Théâtre du Loup, jeu-sam à
19h, mer-ven à 20h (rés.
022/301.31.00)
u Du 28.1. au 7.2. : MÉMOIRES BLESSÉES
7. Théâtre Saint-Gervais, sauf 3 et 4
février (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 29.1. au 8.2. : COCHONS D’INDE
de Sébastien Thiéry, m.e.s. Antony
Mettler. Théâtre Alchimic, mar+ven à
20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
danse
u Du 4 au 9.12. : PLExuS d’Aurélien
Bory. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r.
Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service
culturel Migros, Stand Info Balexert,
Migros Nyon La Combe)
u 13.12. : CASSE-NOISETTE de
Tchaïkovski. Grand Ballet de Théâtre
Municipal Académique de l’Opéra et
Ballet de Kiev & Solistes Etoiles du
ballet de Kiev. Théâtre du Léman à
20h (loc. www.theatreduleman.com)
u 19 et 20.12. : LES RENARDS DES SuRFACES de Perrine Valli et Francine
Jacob, chor. et m.e.s. Perrine Valli. Le
Grütli, sam à 19h, ven à 20h ([email protected] / 022/888.44.88)
u Du 7 au 18.1. : VARIATIONS GOLDBERG
d
a
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m
e
Antigel 2015
Transforme
Cinquième édition d’Antigel, le festival genevois qui force à être
curieux, à sortir des hibernations, à découvrir des lieux inconnus, à
savourer de la danse, de la musique, de la performance, en plein air et
en salle. Jamais Antigel n’aura été aussi proche de vous, puisque cette
année, cette programmation de deux semaines avance encore davantage
dans le canton, jusqu’aux coins les plus éloignés du centre, en exploration topographique et artistique.
Comme chaque année, Antigel a préparé une affiche de concerts et
de spectacles, avec des projets spéciaux. Parmi eux, «AH/AH», un spectacle de danse de la Cie Voetvolk, le 5 février à Plan-les-Ouates.
. du 23 janvier au 8 février 2015
Toutes les infos sur www.antigel.ch
« AH / AH » © Michel Petit
de Noemi Lapzeson, création. Salle
des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à
20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert)
u Du 15 au 17.1. : TAC.TAC., chor.
YoungSoon Cho Jaquet. Théâtre de
l’usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
u Du 21 au 25.1. : CARMEN/
SHAKESPEARE de Olga Mesa et
Francesco Ruiz de Infante. Salle des
Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à
20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert)
u 30.1. : M. ET MME RêVE par la
Compagnie Pietragalla-Derouault.
Théâtre du Léman à 20h30 (loc.
www.theatreduleman.com)
divers
u Jusqu’au 31.12. : LA R’VuE 2014 de
Philippe Cohen, Gaspard Boesch et
Gilles Rosset, m.e.s. Philippe Cohen.
Casino-Théâtre, mar-mer-ven à 20h,
jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés.
022/793.54.45 ou [email protected])
u 6 et 7.12. : Laboratoire spontané.
LES YEux BANDÉS de Rob Evans, m.e.s.
Julien George, dès 8 ans. Théâtre Am
Stram Gram, à 17 (Loc. 022/735.79.24
et Service Culturel Migros)
u 7.12 : La saison des P’tits Loups.
DuO N’IMPORTE QuOI, concert et atelier
musical. Théâtre du Loup, à 14h30
(rés. 022/301.31.00)
u 10.12. : TRONCHES DE VIE par le
Théâtre Jucada, Jeune public. La
Traverse à 14h30 (loc. Service culturel
Migros, 022/319.61.11)
u 19.12. : Laboratoire spontané.
LOTO POÉTIQuE, dès 6 ans. Théâtre Am
Stram Gram, à 19h (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u 11, 18, 21, 28.1. et 1.2. : Laboratoire
a
g
spontané. LA BRIOCHE DES MIOCHEs de
Pierre Gripari, par Mathias Demoulin
et Lionel Frésard, dès 3 ans. Théâtre
Am Stram Gram, dim à 10h, mer à 15h
(Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u 14.1. : LES CHAuDOuDOux par la
Compagnie Deux fois Rien, Jeune
public. La Traverse à 14h30 (loc.
Service
culturel
Migros,
022/319.61.11)
u 27.1. : JOuRNÉES DE LA MÉMOIRE.
Théâtre St-Gervais (loc. 022/908.20.20
ou www.saint-gervais.ch)
LAUSANNE
concerts
u 8 et 9.12. : O.C.L., dir. Heinz
Holliger, TILL FELLNER, piano (Ligeti,
Mozart, Schubert). Salle Métropole à
20h (Billetterie : 021/345.00.25)
u 9.12. : Les Entractes du mardi. Les
plus grands airs d’opéra par les violoncellistes de l’OCL, JOëL MAROSI,
CATHERINE MARIE TuNNELL, PHILIPPE
SCHILTKNECHT, CHRISTINE Hu et LIONEL
COTTET (Bizet, J. Strauss, Verdi). Salle
Métropole à 12h30 (Billetterie de
l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
u du 12 au 14.12. : ROBERT WALSER +,
par l’Ensemble Contemporain de
l’HEMu, dir. William Blank, Renaud
Renquin, Jonas Kocher. Théâtre 2.21,
ve, sa 21h – di 17h (billetterie :
www.theatre221.ch/)
u 14.12. : Concert du dimanche.
O.C.L., dir. Raphaël Pichon, ANNE
MOREAu ZARDINI, flûte, JuLIE
LAFONTAINE, violon, CATHERINE MARIE
TuNNELl, violoncelle (Telemann,
Rameau). Opéra de Lausanne à 11h15
(Billetterie OCL: Tél. 021 345 00 25)
u 14.12. : Les Concerts J.S. Bach de
e
n
Lutry. ORATORIO DE NOëL & CANTATES
1, 2, 5, 6 de J.S. Bach. Avec Werner
Güra, ténor, Christian Immler, baryton, Valer Barna-Sabadus & Terr Wey,
contre-ténor. Kammerorchesterbasel
& Deutscher Kammerchor, Julia
Schröder, violon solo. Temple de
Lutry à 17h (Billets : Hug Musique,
Grand-Pont 4, ou à l'entrée dès 16h le
jour du concert / rés. Point I, Quai G.
Doret, Lutry, Tél. 021 791 47 65)
u du 17 au 20.12. : SYLVIE COuRVOISIER
TRIO feat. Kenny Wollesen & Drew
Gress. Théâtre 2.21 à 21h (billetterie
: www.theatre221.ch/)
u 19.12. : Concert de Noël. OCL et
Ensemble Choral Voix de Lausanne,
dir. Dominique Tille, ANNE
MONTANDO, soprano, GYSLAINE
WAELCHLI, soprano. ANNINA HAuG,
alto, (Bach, Whitacre, Vivaldi,
Haendel). Cathédrale de Lausanne à
20h (Billetterie : Tél. 021 345 00 25)
u 21.12. : MIDI. 21 par Lee
Maddeeford et ses invités surprises.
Théâtre 2.21 (billetterie sur :
http://www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u 8.1. : OSR, dir. Kazuki Yamada,
SIMON TRPCESKI, piano (Takemitsu,
Prokofiev, Beethoven). Théâtre de
Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00
/ [email protected] ou chez Passion
Musique)
u 12 et 13.1. : O.C.L., dir. Karl-Heinz
Steffens, MICHAEL BARENBOIM, violon
(Bartók, Ligeti, Brahms). Salle
Métropole à 20h (Billetterie :
021/345.00.25)
u 17.1. : Concert Découvertes. LE
RETOuR Du LOuP de Nicolas Vanier,
OCL, dir. Yu Lu, Comédien/ne de La
Manufacture, musique de Alexandros
Markéas. BCV Concert Hall à 17h
(Billets sur place ou 021 345 00 25)
u 18.1. : Les Concerts J.S. Bach de
Lutry. MAuRICE STEGER, flûte baroque
d
a
n
t
o
& I BAROCHISTI (Vivaldi, Geminiani et
Albinoni). Temple de Lutry à 17h
(Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4,
ou à l'entrée dès 16h le jour du
concert / rés. Point I, Quai G. Doret,
Lutry, Tél. 021 791 47 65)
opéra
u 11.12. : Forum Opéra – LA VEuVE
JOYEuSE, Conférence de Delphine
Vincent. Salon Alice Bailly de l’Opéra
de Lausanne à 18h15 (Billets en ligne
et infos : www.opera-lausanne.ch)
u 21, 23, 28, 30, 31.12. : LA VEuVE
JOYEuSE de Franz Lehár, dir. Cyril
Diederich, Sinfonietta de Lausanne,
m.e.s. Jérôme Savary. Opéra de
Lausanne, le 21 à 17h, les 23, 30 et 31
à 19h, le 28 à 15h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h /
ou : www.opera-lausanne.ch)
u 14.1. : Forum Opéra – DIE
ENTFüHRuNG AuS DEM SERAIL,
Conférence de Pierre Michot. Salon
Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à
18h45 (Billets en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
u 16 et 18.1. : DIE ENTFüHRuNG AuS
DEM SERAIL de Mozart, dir. Laurent
Gendre, Orchestre de cham-bre fribourgeois, m.e.s. Tom Ryser. Opéra
de Lausanne, le 16 à 20h, le 18 à
17h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
u 27.1. : Forum Opéra – LA TRAVIATA.
Conférence de Gabriele Bucchi. Salon
Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à
18h45 (Billets en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
théâtre
u Jusqu’au 17.12. : DAS WEISSE VOM EI
(uNE îLE FLOTTANTE) de et m.e.s.
Christoph Marthaler. Vidy-Lausanne,
salle Charles Apothéloz, mar-mer-ven
à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 2 au 14.12. : L’AVARE de Molière,
m.e.s. Gianni Schneider. Théâtre
Kléber-Méleau, ma-me-je 19h00, ve
20h30, sa 19h00, di 17h30, lu relâche
(loc. 021 625 84 29 ou en ligne sur
vidy.ch)
u Du 2 au 17.12. : CHANGER LA VIE de
et avec Alexis Forestier et André
Robillard.
Vidy-Lausanne,
La
Passerelle, mar-mer-ven-sam à 19h30,
di à 17h30, di 14 à 15h / le 10 à 21h :
rencontre avec l'équipe artistique
d'Alexis Forestier et d'André
Robillard à l'issue de la représentation (loc. 021/619.45.45)
91
m
92
é
m
u 2 au 21.12. : MACBETH de William
Shakespeare, coproduction Théâtre
Claque/ Théâtre des Amis, m.e.s.
Geoffrey Dyson. Pulloff Théâtre,
Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à
19h et di à 18h (réservations sur :
www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22)
u Du 3 au 31.12. : SCROOGE ET LES FANTôMES d'après Charles Dickens, m.e.s.
Laurence Iseli, création. Le petithéâtre, me à 17h, sam+ dim à 14h et 17h
/ mar 23 + 30 et ven 26 à 19h, mer 24
à 14h, mer 31 à 21h (réservation en
ligne sur le site du théâtre)
u du 4 au 6.12. : ENCORE de et par
Eugénie Rebetez. La Grange de
Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h /
di 17h (rés. 021/692.21.24 + en ligne
sur la page du spectacle)
u Du 9 au 14.12. : FROST de
Antoinette Rychner, par la Cie
Antoinette Rychner, m.e.s. Ludovic
Chazazd. Théâtre 2.21, ma-ve à
20h30, me-je-sa à 19h, di à 18h (billetterie : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u Du 9 au 14.12. : BALLADE EN ORAGE
de Shakespeare, m.e.s. Julien Mages.
Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h /
me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne)
u Du 11 au 14.12. : IMPROVISATION
THÉâTRALe par diverses troupes. La
Grange de Dorigny
(rés.
021/692.21.24 + en ligne sur la page
de chaque spectacle)
u Du 12 au 14.12. : ATELIER LABO 1 théâtre / danse / performance et/ou
pluridisciplinaire. Théâtre de
L’Arsenic (rés. en ligne)
u 13.12. : DÉBAT - L'uTILITÉ POLITIQuE Du
GESTE ARTISTIQuE - le plasticien suisse
Thomas Hirschhorn est invité à présenter son travail. Vidy-Lausanne,
salle Charles Apothéloz, à 16h (rés. :
[email protected])
u du 6 au 18.1. : L’ÉCHAPPÉE de AnneFrédérique Rochat, par la Cie
Interlope, m.e.s. Olivier Périat.
Théâtre 2.21, ma, ve à 20h30, me, je,
sa à 19h, di à 18h / pas de représentation le 13 !
(loc.
www.theatre221.ch/)
u 6 au 18.1. : HuIT FEMMES de Robert
Thomas. Coproduction Théâtre
Montreux Riviera - Pulloff Théâtres Cie théâtre du Projecteur, m.e.s.
Jean-Gabriel Chobaz. Pulloff Théâtre,
Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à
19h et di à 18h (réservations :
www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22)
u du 8 au 11.1. : GRAVITY BLuES par la
Cie Ludion. Théâtre 2.21, je-sa à 21h,
di à 17h (billetterie : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
u Du 8.1. au 1.2. : LE THÉâTRE SAuVAGE, de et m.e.s. Guillaume Béguin.
Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez,
e
n
t
à 19h30, dim à 18h, sa 24 + 31 à 21h
/ le 22 à 21h30 : rencontre avec l'équipe artistique de Guillaume Béguin
à l'issue de la représentation (loc.
021/619.45.45)
u Du 9 au 11.1. : LE SPECTATEuR SPECTACuLAIRE de Martin Schick, création.
Théâtre de L’Arsenic, ve 20h30 / sa
19h / di 18h (rés. en ligne)
u Les 9, 16 et 23.1. : BLOCKBuSTER par
K7 Productions, m.e.s. Tomas
Gonzalez. Théâtre 2.21, ma-sa à 21h,
di à 17h (billetterie : www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
u Du 10 au 18.1. : SuPER ELLE de Fatna
Djahra, m.e.s. Fatna Djahra et
Titoune Krall, création, dès 2 ans. Le
petithéâtre, sam+dim à 11h, 15h et
17h, le 14 à 15h (réservation en ligne
sur le site du théâtre)
u 12, 14, 18, 21.12. : LA LÉGENDE Du
4èME ROI de Jean Naguel d'après
Edzard Schaper. Direction musicale:
Dominique Tille, par l’Ecole de cirque
de Lausanne, m.e.s. Jean Chollet.
Espace culturel des Terreaux, jeu à
19h, ven à 20h, dim à 17h (billetterie
021 320 00 46)
u Du 13 au 18.1. : LOVE AND HAPPINESS,
m.e.s. Phil Hayes et Christophe
Jaquet - création performance /
musique. Théâtre de L’Arsenic, je, sa
19h / ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne)
u Du 14.1. au 1.2. : LE BAISER ET LA
MORSuRE, de et m.e.s. Guillaume
Béguin. Vidy-Lausanne, salle René
Gonzalez, du 14 au 17 à 19h30, les 18
et 25.1. + le 1.2. à 15h, les 24 et 31 à
18h (loc. 021/619.45.45)
u Du 17.1. au 7.2. : CINÉMA APOLLO de
Matthias Langhoff. Vidy-Lausanne,
salle Charles Apothéloz, mar-jeu-ven
à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h / le
5.2. à 21h : rencontre avec l'équipe
artistique Matthias Langhoff à l'issue
du spectacle (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 20 au 25.1. : WILL’S WILL, m.e.s.
Vincent Brayer. Théâtre de L’Arsenic,
ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h
(rés. en ligne)
u Du 20 au 30.1. : LE CIRQuE INVISIBLE
de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste
Thierrée. Théâtre Kléber-Méleau, mame-je 19h00, ve 20h30, sa 19h00, di
17h30, lu relâche(loc. au 021 625 84
29 ou Achat en ligne sur vidy.ch)
u Du 27 au 31.1. : LA VOIx Du PEuPLE
par la Compagnie Les Débiteurs. La
Grange de Dorigny, ma 19h / me
20h30/ je 19h / ve 20h30 / sa 19h
(rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la
page de chaque spectacle)
u Du 29 au 31.1. : INVENTER DE NOuVELLES ERREuRS par Grand Magasin,
opéra. Théâtre de L’Arsenic, je, sa
19h / ve 20h30 (rés. en ligne)
a
g
o
danse
u Jusqu’au 4.12. : TAC. TAC, chor.
Youngsoon Cho Jaquet. Théâtre de
L’Arsenic, me, ve 20h30 / sa, je, ma
19h / di 18h (rés. en ligne)
u Du 20 au 31.1. : Au CONTRAIRE, chor.
Foofwa d'Imobilité. Chapiteau VidyL, à 20h30, sam à 17h, dim à 19h30
(loc. 021/619.45.45)
divers
u 15.12. : DIGGER BARNES. Théâtre
2.21, à 21h (billetterie sur :
http://www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u du 16 au 18.1. : PATATES D’uNE FRICHE, DES CHANTS COuSuS. Carte blanche
à Louis Schild. Théâtre 2.21, à 21h
(billetterie : www.theatre221.ch/)
u 19.1. : GRANDS DÉBATS PAYOT - BORIS
CYRuLNIK, à propos de son ouvrage
«Les âmes blessées»Vidy-Lausanne,
salle Charles Apothéloz, à 19h (rés. :
[email protected])
u 23 et 24.1. : CASTING par Lausanne
Impro. Théâtre 2.21, à 20h (billetterie
: www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
Vanessa Van Durme, m.e.s. R. Brunel
u 20.12. : LA CHAMBRE PHILHARMONIQuE, dir. Emmanuel Krivine
(Brahms, Schumann, Dvorák)
u 6.1. : TôZAI ! … chor. Emm. Huynh
u 9 et 10.1. : AZIMuT de et m.e.s.
Aurélien Bory et le Groupe acrobatique de Tanger
u 9 et 10.1. : MODèLES de et m.e.s.
Pauline Bureau
u Du 14 au 16.1. : NOVECENTO
d’Alessandro Baricco, m.e.s. André
Dussollier et P.François Limbosch
u 14.1. : BOuNCE, chor. et m.e.s.
Thomas Guerry et Camille Rocailleux,
Compagnie Arcosm
u 20 et 21.1. : CARMEN, chor. Dada
Masilo
u 20 et 21.1. : LE KuNG Fu de et par
Dieudonné Niangouna
u 22.1. : TêTE HAuTE de Joël
Jouanneau, m.e.s. Cyril Teste
u 23.1., Musée-Château : QuATuOR
HERMèS (Haydn, Janácek, Schumann)
u 27 et 28.1. : ONCLE VANIA de
Tchekhov, m.e.s. Pierre Pradinas
u 27 et 28.1. : LA FONCTION DE
L’ORGASME d’après W. Reich, m.e.s.
Constance Larrieu et Didier Girauldon
u 27.1. : MANGER, chor. Boris
Charmatz
u 31.1. et 1.2. : 1 HEuRE 23’14’’ de et
avec Jacques Gamblin et Bastien
Lefèvre
AiLLEURS annemasse
annecy
BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u 2 et 3.12. : YVAN VAFFAN, chor.
Jean-Claude Gallotta
u 2 et 3.12. : uN RIRE CAPITAL de JeanPaul Curnier, m.e.s. Thierry Bedard
u 2.12. : AuBERT CHANTE HOuELLEBECQ
u 7.12., Annecy-Le-Vieux :
NOCTuRNES, Orchestre des Pays de
Savoie, NESLON GOERNER, piano
(Mozart, Schönberg, Penderecki,
Chopin)
u 9 et 10.12. : LA DAME DE LA MER d’après Ibsen, m.e.s. Omar Porras
u 9 et 10.12.e : ô, chor. Thô Anothaï
u 9 et 10.12. : CIRKOPOLIS par le
Cirque Eloize
u 12.12. : SACRÉ PRINTEMPS ! chor.
Aicha M’Barek et Hafiz Dhaou
u 13.12. : POLICES ! de Sonia
Chiambretto,
m.e.s.
Rachid
Ouramdane
u 17 et 18.12. : LIMB’S THEOREM, chor.
William Forsythe, Ballet de l’Opéra
de Lyon
u 17 et 18.12. : AVANT QuE J’OuBLIE de
e
n
RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 2 et 3.12. : VIELLEICHT de Mélissa
Von Vépy
u 6.12. : TINARIWEN rock touareg
u 9 et 10.12. : OFF par la Compagnie
Kiaï, Cirque
u 12.12. : BALLADE EN ORAGE de et
m.e.s. Julien Mages
u 12.12. : LOu MARCO / FRANÇOIS &
THE ATLAS, Pop indie pop
u Du 17 au 19.12. : THIERRY
ROMANENS, chanson jazz
u 7, 10 et 14.1. : MOOOOOOOOSTRES
de et avec Laurent Fraunié
u 14.1. : LES âMES FLAMBOYANTES,
Laure-Anne Payot, mezzo-soprano,
Amandine Lecras-Paraire, violoncelle,
Aline Jaussi, piano (Borodine,
Moussorgsky, Dargomijsky, RimskyKorsakov)
u 15.1. : MORIARTY, folk
u 16 et 17.1. : SuR LES TRACES Du ITFO
de et m.e.s. Michel Laubu
u 21.1. : MASCuLINES, chor. de Héla
Fattoumi et Eric Lamoureux, CCN de
Caen Basse-Normandie
u 23.1. : LES DOIGTS DE L'HOMME, jazz
manouche
d
a
m
u 31.1. : LES PARTICuLIERS ÉLÉMENTAIRES
de Michel Houellebecq, m.e.s. Julien
Gosselin
bienne
Loc. : www.spectaclesfrancais.ch /
guichet du TOBS, Théâtre municipal /
Points de vente Ticketportal
u 10.12. : INVENTAIRES, de Philippe
Minyana, par la Cie L’Hydre folle.
Théâtre Palace à 12h15
u 12.12. : L’EMMERDEuR, de Francis
Veber, m.e.s. Anthony Mettler.
Théâtre Palace à 20h15
u Du 12 au 14.1. : MENu MCBETH, par
le Collectif Spettattori. Théâtre
Palace à 12h15
u 18 et 19.1. : ORPHELINS, de Dennis
Kelly, m.e.s. Arnaud Anckaert.
Théâtre Palace à 18h
u 23.1. : YOANNA, chansons. Théâtre
de Poche à 20h15
u 29.1. : LE JOuR Où MA MèRE A RENCONTRÉ JOHN WAYNE, de et avec Rachid
Bouali. Théâtre Palace à 20h15
u 2.2. : L’AVARE, de Molière, m.e.s.
Gianni Schneider. Théâtre Palace à
20h15
fribourg
THÉâTRE EQuILIBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
u 5.12. : YVAN VAFFAN, chor. JeanClaude Gallotta
u 17.1. : ALICE IN CHINA par le Cirque
National de Chine
u 20 et 21.1. : CASSE-NOISETTE de
Tchaïkovski, chor. Vasily Vainonen
u 31.1. : Concert 3. ORCHESTRE DE
CHAMBRE FRIBOuRGEOIS, dir. Laurent
Gendre, MARTINE PASCHOuD, récitante,
FLORENCE DESBIOLLES ET FRANÇOIS
BEFFA, pianos (Aloys Fornerod,
Camille Saint-Saëns, Francis Poulenc)
givisiez
THÉâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h
(loc. 026/469.70.00)
u Du 6.12. au 28.2. : PETITE SœuR de
Pierre Gripari, m.e.s. Geneviève
Pasquier, dès 6 ans.
u Du 6 au 14.12. : LES PETITS COMMENCEMENTS de et m.e.s. Guy Jutard
la chaux-fds
THÉâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE
NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS (loc.
032/967.60.50, www.tpr.ch)
u 2.12. : I SONATORI DE LA GIOIOSA
MARCA, dir. et violon GIuLIANO
CARMIGNOLA. Salle de musique à
20h15 (Billetterie Arc en scènes)
a
g
u 4 et 5.12. à 20h15 / Beau-Site :
CINQ JOuRS EN MARS de Toshiki Okada,
m.e.s. Yvan Rihs
u 7.12. : Série parallèles. TRIO STARK.
Salle Faller à 17h
u 12.12. : ORCHESTRE DE CHAMBRE DE
LAuSANNE, dir. Domingo Hindoyan.
FRANCESCO
PIEMONTESI,
piano
(Mendelssohn, Dvorak). Salle de
musique à 20h15 (loc. Arc en scènes)
u 17.12. : LES PETITS COMMENCEMENTS
de Guy Jutard. Beau-Site à 18h15
u 17.12. : ALAIN MORISOD & SWEET
PEOPLE. Salle de musique à 20h15
u 20.12. et 4.1., Cinéma ABC : LA
BELLE ET LA BêTE de Jean Cocteau
u 20.12. et 4.1., Cinéma ABC : LE
PèRE FRIMAS de Youri Tcherenkov
u 9 à 20h15 et 10.1. à 18h15 : VANIA !
d'après Anton Tchekhov, m.e.s.
Christophe Sermet. L’Heure bleue
u 11.1. : BENJAMIN RIGHETTI, orgue &
ANTOINE AuBERSON, saxophone. Salle
de musique à 20h15
u 16.1. : TRIO GuARNERI, Prague
(Haydn, Beethoven, Dvorak). Salle de
musique à 20h15 (loc. Arc en scènes)
u 17.1. : L'ARCHE PART À 8 HEuRES de
ulrich Hub, m.e.s Christian Denisart.
L’Heure bleue à 18h15
u 21 et 24.1. : MON ARBRE À SECRETS de
Ollivier Ka, m.e.s. Corinne Frimas.
Théâtre ABC, à 15h et 17h30
u 22 et 23.1. : JE SuIS de et m.e.s.
Tatiana Frolova. Beau-Site à 20h15
u 25.1. : SWR SINFONIEORCHESTER
BADEN-BADEN uND FREIBuRG, dir.
François-xavier Roth. EMMANuEL
PAHuD, flûte (Beethoven, Boulez,
Mozart). Salle de musique à 17h
(Billetterie Arc en scènes)
u 30 à 20h15 et 31.1. à 18h15 : LA
BêTE DANS LA JuNGLE de Henry James,
m.e.s. Célie Pauthe. Beau-Site
u 30.1. et 1.2. , Cinéma ABC : PETIT
BLACK MOVIE, dès 4 ans
martigny
FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à
17h sauf mention contraire (rés. +41
27 722 39 78)
u 8.12. : I BAROCCHISTI, dir. Diego
Fasolis, CECILIA BARTOLI, mezzo-soprano
u Du 15 au 17.1. : RING de Léonore
Confino, m.e.s. Sarah Marcuse.
Théâtre Alambic à 19h30 (rés. & loc.
au 027/722.94.22 ou [email protected])
u 18.1. : RÉTROSPECTIVE, 30 ans de
musique à la Fondation… (Mozart,
Scarlatti, Albeniz, Chopin, Clementi,
Schubert)
e
n
é
m
e
n
t
o
meyrin
Pierre Gripari, m.e.s. Geneviève
Pasquier et Nicolas Rossier
u 13 et 14.1. : LE TOMBEuR de Robert
Lamoureux, m.e.s. J.-Luc Moreau
u 15.1. : L’AFFRONTEMENT de Bill C.
Davis, m.e.s. Steve Suissa, Théâtre
u 17 à 19h et 18.1. à 17h : HENRI DèS
u 20 à 20h et 21.1. à 19h :
MOMENTuM, par la Cie Mayumana,
Percussion-danse
u 22.1. : THIERRY MEuRY
u 25.1. à 11h : NOS AMOuRS BêTES,
chor. et m.e.s. Ambra Senatore
u 27.1. : NICOLAS FRAISSINET
u 28.1. : LE PLACARD de et m.e.s.
Francis Veber
u 29.1. : GRAND CORPS MALADE
u 31.1. : NAWELL MADANI - C’EST MOI LA
PLuS BELGE !, Humour
monthey
neuchâtel
THÉâTRE FORuM MEYRIN
(loc. 022/989.34.34)
u 4 et 5.12. : uTOPIA MIA, chor. de
Philippe Saire.
u 11.12. : NATACHA ATLAS
u 17.12. : LES LuMIèRES DE LA VILLE de
Charles Chaplin, avec l’Orchestre de
Chambre de Genève, dir. Ph. Béran
u 17.12. : RENCONTRE AVEC GABRIELE
SOFIA. Rire, plaisir et neurosciencesAutour des «Lumières de la ville»
u 14.1. : ALICE IN CHINA de Lewis
Carroll, m.e.s. Fabrice Melquiot,
Nouveau Cirque national de Chine
u 21.1. : STANDARDS, chor. Pierre Rigal
u 28.1. : COuRT-MIRACLES par la
Compagnie Le Boustrophédon
THÉâTRE Du CROCHETAN à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u 11.12. : MAxIME LE FORESTIER
u 18.12. : KARIM SLAMA, humour
u 9 janvier : VOISARD, VOuS AVEZ DIT
VOISARD… de Thierry Romanens
u 16.1. : ORPHELINS de Dennis Kelly,
m.e.s. Arnaud Anckaert
u 17.1. : LA FOLLE JOuRNÉE Au
CROCHETAN, musique classique
u Du 21 au 25.1. : OH ! Festival Valais
Wallis Arts Vivants 2015
u 30.1. : JAY-JAY JOHANSON, musique
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u Du 4 au 8.12. : 25E MONTREux
COMEDY FESTIVAL
u 19 et 20.12. : TOuS EN CHœuR AVEC
BASTIAN BAKER
u 21.1. : LA CRÉATION de Haydn
u 31.1. : ANTHONY KAVANAGH
morges
THÉâTRE DE BEAuSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u 2.12. : LE TRAIN FANTôME de Gérald
Sibleyras et Eric Métayer, m.e.s. Eric
Métayer, Théâtre
u 4.12. : MuRIEL ROBIN, Humour
u 6.12. : ETIENNE DAHO, chanson
u 9.12. : JOSEPH GORGONI - DE A À
ZOuC, m.e.s. Pierre Naftule, Humour
u 10.12. : FABRICE EBOuÉ, Humour
u 14.12. à 17h : SAuTECROCHE Aux
PETITS OIGNONS, Chanson
u 16 et 17.12. : L’EMMERDEuR de
Francis Veber, m.e.s. Antony Mettler
u 9.1. : LA TROuPE À PALMADE L’ENTREPRISE, Théâtre
u 11.1. à 15h : PETITE SœuR d’après
d
a
THÉâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u Du 9 au 14.12. : FIGAROH !, humour
u 13.12. : POuR SE CHAuFFER L'HIVER de
et par Ariane Racine, conte
u 9.1. : uN CASSE-NOISETTE de
Tchaïkovski, chor. Bouba Landrille
Tchouda
u 12 et 13.1. : DOuZE HOMMES EN COLèRE de Reginald Rose, m.e.s. Julien
Schmutz
u Du 15 au 18.1. : CATCH-IMPRO,
Coupe du monde 2015
u 15, 16 et 18.1. : ECOuTONS JACQuES
CHESSExd'après Jacques Chessex
u Du 20 au 25.1. : PIERRE AuCAIGNE EN PLEINE CRISE, humour
u 22, 23 et 25.1. : LA VEuVE JOYEuSE
de Franz Lehár
u 25.1. : CONTES DE DERRIèRE L'ÉGLISE
de et par Ariane Racine, conte
u 30.1. : uBu ROI d'Alfred Jarry
THÉâTRE Du POMMIER (loc. 032 725 05
05 ou en ligne)
u 4 et 5.12. à 20h : ExCuSEZ-MOI de et
par Pierre Miserez
u 6 et 7.12 : Hiver de Danses. SOIRÉE
SuRPRISE. Espace Dance, sam à 20h30
et dim à 17h30 (Rés. conseillées 032
730 46 65 / [email protected])
u 11.12. à 20h : JuLIANE RICKENMANN
4TET & MARIE KRüTTLI TRIO.
u 13.12. à 17h / Temple du Bas :
SAuTECROCHE Aux PETITS OIGNONS de et
m.e.s. Benjamin Knobil
u 31.1. et 1.2. : DOuMA ET DOuMA, le
31 à 11h et 17h / ZEBRA, le 1er à 15h
et 17h; par la Cie Bubat (IL)
93
m
é
m
nyon
uSINE À GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
u 6.12. : DIFFERENT BEAT par We
spoke feat. Fritz Hauser, concert
u 11.12. : CINQ JOuRS EN MARS, par la
Cie Yvan Rihs pour le moment
u 12.12. : LOïC LANTOINE, concert
u 19.12. : MORIARTY, concert
u 11.1. : Les Matinales. VADIM
GLuZMAN, violon, ANGELA YOFFE, piano
(Pärt, Beethoven). Grande salle de la
Colombière, à 11h15 (loc. Service culturel Migros)
u 24.1. : YOANNA, concert
u 28.1. : PETITE SœuR par la Cie
Pasquier-Rossier, jeune public
u 30.1. : DES COuTEAux DANS LES POuLES
par la Compagnie Inka, spectacle
onex
94
SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou [email protected])
u 9 et 10.12. : ARNAuD TSAMèRE COMPLET !
u 21 et 22.1. : BALLET BAR par la
Compagnie Pyramid, danse
plan/ouates
ESPACE VÉLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
u 6 et 7.12. : SuPER ELLE de Fatna
Djahra, m.e.s. Fatna Djahra et
Titoune Krall, Théâtre
u 17.12., La Julienne : L’ODYSSÉE DE LA
MOuSTACHE de et avec Ali
Bougheraba, Humour
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u Mardi 2.12. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. QuATuOR AMAR. Octogone à
20h (loc. au 021/721.36.20)
u 4.12. : PLAZA FRANCIA. Catherine
Ringer (des Rita Mitsouko) chante
Müller & Makaroff (de Gotan Project)
u 6.12. : GAINSBOuRG, POêTE MAJEuR.
Lecture à trois voix. Avec Jane Birkin,
Michel Piccoli & Hervé Pierre
u 14.12. à 19h30 : SO BLuE, chor.
Louise Lecavalier
u Mardi 16.12. : Pour L’Art et le
Lutrin. QuATuOR SINE NOMINE & ELI
KARANFILOVA, alto
u Mardi 20.1. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. QuATuOR FAuRÉ (avec piano)
u 22.1. : SONATE D'AuTOMNE d'Ingmar
Bergman. Avec Françoise Fabian,
Rachida Brakni…
e
n
t
u 30.1. : En collaboration avec
Amdathtra. CE QuE LE JOuR DOIT À LA
NuIT, chor. Hervé Koubi.
sierre
THÉâTRE LES HALLE (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90)
u Du 9 au 13.12. à 19h30 : MANGER
SEuL par la Cie Jours Tranquilles
u Du 21 au 25.1. : OH! Festival Valais
Wallis 2015 / Journées de théâtre
suisse contemporain. Programme :
MÉDÉE/FuKuSHIMA - Cie Jours
Tranquilles, les 21 et 22.1. à 20.30 /
COuVRE-FEux - Cie Jeanne Föhn Ludovic Chazaud, les 21 et 22.1. à
22h / TRANSMISSION - Christophe
Jaquet - The national institute, le
23.1. à 22h / NE PLuS RIEN DIRE - Cie
SNAuT - Joël Maillard, le 24.1. à 16h
u 31.1. à 19h30 : C’EST uNE AFFAIRE
ENTRE LE CIEL ET MOI par l’Agence
Louis-François Pinagot et Christian
Geffroy Schlitter
sion
THÉâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 4.12. : MÉTALLOS ET DÉGRAISSEuRS de
et m.e.s. Patrick Grégoire, par la Cie
Taxi-Brousse (F)
u 10.12. : PETITS CRIMES CONJuGAux
d'Eric-Emmanuel Schmitt, m.e.s. JeanClaude et Marie-Françoise Broche, par
Originavre/Cie Roseau Théâtre
u 18.12. : ALBuM DE FAMILLE, m.e.s.
Isabelle Turschwell et Lauri Lupi, par
la Cie du sans souci (F)
u 9.1. : LÉO Ou VOYAGE Au PESANT-PAYS
de Gaëtan de Camaret, m.e.s. Fred
Mudry, par L’Aérienne Cie (CH).
Musique : Vincent Métrailler
u 16.1. : ORPHELINS de Dennis Kelly,
par le Théâtre du Prisme (F), m.e.s.
Arnaud Anckaert
u Du 21 au 25.1. : OH! Festival Valais
Wallis Arts Vivants 2015
u 29 et 30.1. : LE ZAPPING DE YANN
LAMBIEL, m.e.s. Yann Lambiel et JeanLuc Barbezat
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 6.12., Evian : DuBÉ Du BOuT Du BIC de
et avec Jasmine Dubé, chanson
u 6.12., Evian : MICHEL FuGAIN &
PLuRIBuS, chanson
u 9.12., Evian : SILENCE de Isabelle
Darras, Julie Tenret, Bernard Senny,
m.e.s. Bernard Senny
a
g
o
u 13.12., Evian : ORCHESTRE DES PAYS
DE SAVOIE, dir. Walter Weller. NELSON
GOERNER, piano (Mozart, Schönberg,
Penderecki, Chopin)
u 18 et 19.12., Evian : YANNICK JAuLIN
u 9.1., Evian : KLô PELGAG, chanson
u 14.1. : LE PRÉAMBuLE DES ÉTOuRDIS
d’après Isabelle Carrier, m.e.s. Estelle
Savasta
u 15 et 16.1. : BOxE BOxE, chor.
Mourad Merzouki, Compagnie Käfig
u 17.1. : NOVECENTO de Alessandro
Baricco, m.e.s. André Dussollier et
Pierre-François Limbosch
u 20.1. : JuAN CARLOS CáCERES,
musique du monde
u 24.1. : SONATE D’AuTOMNE d’Ingmar
Bergman, m.e.s. Marie-Louise
Bischofberger
u 31.1. : ô par la Cie En Attendant…,
m.e.s. Jean-Philippe Naas
u 29 et 30.1. : SuR LE SENTIER
D’ANTIGONE d’après Sophocle, m.e.s.
Philippe Car
vevey
LE REFLET - THÉâTRE DE VEVEY. À
19h30, dim à 17h sauf mention
contraire (rés. 021/925.94.94 ou
L@billetterie)
u 5.12. : INVENTAIRES par la
Compagnie de L'Hydre Folle
u 7.12. : SAuTECROCHE Aux PETITS
OIGNONS, dir. Dalibor Hrebec
u 9.12. : LA GRANDE-DuCHESSE
d’Offenbach, Cie des Brigands
u 12 et 13.12. : PLAN B d'Aurélien
Bory, m.e.s. Phil Soltanoff, cirque
u 31.12. : HôTEL PARADISO par la
Familie Flöz
u 13.1. : GROS-CâLIN de Romain Gary
avec Jean-Quentin Châtelain
u 20.1. : ORPHELINS de Dennis Kelly,
m.e.s. Arnaud Anckaert
u 23.1. : MENu MCBETH de et par le
Collectif Spettatori
u 23.1. : CIRCuS INCOGNITuS de et avec
Jamie Adkins, cirque
u 25.1. : LOuLOu de Grégoire
Solotareff, m.e.s. L.-I. Blanchet
ORIENTAL-VEVEY, rue d’Italie 22 (rés.
021/925.35.90, www.orientalvevey.ch)
u 3 au 7.12. : I-PETROLuS, Cie Divisar.
Mer-jeu-ven à 20h, sam à 19h, dim à
17h30
u 7 au 11.1. : GuLLIVER, Ou L’OMBRE DE
L’HOMME-MONTAGNE, théâtre d’ombres
musical. Cie Controluce, Boulouris 5
et Francesco Biamonte. Mer et dim à
17h30, jeu-ven-sam à 19h
u 21.1. au 1.2. : LE PROCèS DE
MALAPARTE de Jens-Martin Eriksen,
par Théâtre K. Mer-jeu-ven à 20h,
sam à 19h, dim à 17h30
e
n
villars s/gl.
ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected], ou
Nuithonie: 026 407 51 51)
u Du 2 au 5.12. : DON QuIJOTE d'après
Dale Wassermann, m.e.s. N. Talman
u 9 et 10.12. : uTOPIA MIA, chor.
Philippe Saire
u 13.12. : LAuRENCE REVEY
u Du 18 au 20.12. : MIRAVELLA, chor.
et m.e.s. Catherine Dreyfus
u Du 8 au 17.1. : TA MAIN de et m.e.s.
Joëlle Richard
u Du 16 au 25.1. : MARCEAu ET LE
GRAND RASANT de Mélanie Richoz,
m.e.s. Mathieu Kyriakidis
u 30 et 31.1. : COuRT-MIRACLES de
Lucie Boulay, Loïc Apard, Johanna
Ehlert, Matthieu Siefridt et Christian
Coumin, m.e.s. Christian Coumin
u Du 31.1. au 1.2. : SCROOGE ET LES
FANTôMES d'après Charles Dickens,
m.e.s. Laurence Isel et David
Deppierraz
yverdon
THÉâTRE BENNO BESSON
(loc. 024/423.65.84)
u 3.12. : 12 HOMMES EN COLèRE de
Réginald Rose, m.e.s. Julien Schmutz
u 4.12. : INVENTAIRES par la
Compagnie L'Hydre Folle
u 11.12. : uNE JOuRNÉE PARTICuLIèRE de
Ruggero Maccari et d'Ettore Scola,
m.e.s. Christophe Lidon
u 18.12. : L'EMMERDEuR de Francis
Veber, m.e.s. Antony Mettler
u 31.12. : Concert de la SaintSylvestre par l'ENSEMBLE TIFFANY
(Strauss, Waldteufel, Verdi)
u 15.1. : MOTuS ANIMA de et m.e.s.
Jean-Paul Padovani et Claudia Miazzo
u 21.1. : MENu MCBETH (INCL. 3 FRITES
& 1 KAFKA LIGHT) par Spettatori
Collectif
u 22.1. : ORPHELINS de Dennis Kelly,
m.e.s. Arnaud Anckaert
u 30.1. et 1.2. : DE A À ZOuC de
Joseph Gorgoni, m.e.s. P. Naftule
THÉâTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle
u Du 10 au 12.12. : L’IMPROBABLE EST
POSSIBLE… J’EN SuIS LA PREuVE VIVANTE
de Latifa Djerbi, humour
u 18.12. : GASANDJI, chanson
u 15.1. : SÉRIE SHAKESPEARE par Les
arTpenteurs
u Du 21 au 23.1. : CENDRILLON par le
Quatuor Bocal, m.e.s. Thierry Crozat
u 29 et 30.1. : 3 + 3 autour de
Chostakovich, jazz et classique
d
a
Danse
Musique
Danse
Théâtre
Utopia Mia
Natacha Atlas
Standards
Court-Miracles
Cie Philippe Saire
11 déc. à 20h30
Pierre Rigal
Cie Le Boustrophédon
21 janv. à 20h30
28 janv. à 19h
4 et 5 déc. à 20h30
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
Standards © Pierre Grosbois
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
N
NO
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Iphigénie
enTauride
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HARTMUT HAENCHEN
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MIREILLE DELUNSCH
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ANDREA SCHMIDT-FUTTERER
CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE
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ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
25.01>04.02.2015
SAISON1415
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